La Zone
La Zone - Un peu de brute dans un monde de finesse
Publication de textes sombres, débiles, violents.
 
 

En manque de culture

Démarré par nihil, Janvier 30, 2005, 13:54:52

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Hyenne

Hag, ton probleme de 'Z' est un scandale.

Tu te dois d'avoir un dossier contenant de la musique de John Zorn.
Avec le plus de Zorn possible en fait.

(Son myspace http://www.myspace.com/johnzorn n'est qu'une ebauche de la variete et de la richesse absolue de son oeuvre)

Hag

Ça m'a par l'air mal. Mais le truc, c'est que je suis quelqu'un de primaire, et que John Zorn, pour moi, ça va rejoindre les J. Hé oui.

400asa


Le Duc

Où bien les ZZ top (et oui j'ose.)
"Celui qui se transforme en bête se délivre de la douleur d'être un homme."

400asa

Allez voir le Tsar de Lounguine. Une beauté graphique digne d'Eisenstein. Un film qui arrive à sortir de belles couleurs en filmant de l'art orthodoxe. L'atmosphère est tellement lourde qu'on souffre pour ceux que l'on voit se faire écarteler. Je me suis pas pris une telle baffe depuis quelques temps.


Glaüx

Spin, de Robert Charles Wilson, est un livre aussi fameux que maladroitement traduit (mais on peut s'y faire, avec une moue dédaigneuse de lecteur qui a beaucoup vécu et un ou deux verres dans le nez).

J'ai eu l'impression initiale (à voir la quatrième de couverture) d'entendre un mec bourré qui découvre une idée débile en fin de soirée. "EeEeEEeh les meEcs, et si on dirait comme quoi que, t'vois, le temps sur la terre, ben il irait ACHMENT MOINS VITE que dans l'espace, hein, hein ? Les mecs ?".

Des idées comme ça, y en a des flots. Et si les castors avaient eu des pouces opposables. Et si on voyait le temps comme on voit la matière. Et si on abaissait soudain le niveau minimal de la conscience à beaucoup moins et qu'on pouvait sentir les interactions forte et faible avec nos sens corporels. Et si les électrons étaient en fait des pacman. Et si ma bite était bleue.
Mais là, le mec développe, construit, et fait un récit de six cent pages dessus.

A titre indicatif, j'ai lu 400 des 600 pages en un jour, et j'ai pas senti la fatigue. Ca coule de source. Pas de conneries de prétentions littéraires mis à part un traitement du temps débile à base de sauts dans le temps mais bah. Pas grave.

Pour résumer sans trahir, donc : une nuit, dans notre présent immédiat (le bouquin date de 2005) et réaliste, les étoiles disparaissent. Tous les satellites s'écrasent, en quelques minutes. La lune disparaît aussi. Le soleil se lève, mais différent, lisse, sans protubérances, comme artificiel. Lorsqu'on envoie des sondes vers l'espace pour comprendre, elles tombent instantanément. Mais leur contenu, les mesures qu'elles ont pris, couvrent des jours ou des semaines ; alors qu'elles sont tombées instantanément. On finit par comprendre que le temps, à l'extérieur, s'écoule beaucoup plus vite que sous le "spin". Une seconde intérieure vaut 3,7 années extérieures. Une journée, 300 000 ans. De là, des recherches (Lapinchien, tu vas aimer, ça brasse de la nanotechnologie, de la robotique, de la biologie et de la philosophie, avec des bribes de théologie millénariste ou non), des événements politiques, historiques, scientifiques, personnels, un peu de tout.

Pas un chef d'oeuvre, au sens où j'irai pas le relire et où c'est, globalement, assez prévisible, mais c'est vraiment bien foutu.

Glaüx

Je sais pas pourquoi. Mais quand je me sens mal, la scène finale de Electra Glide In Blue, qui est un chef d'oeuvre en tous points, me ressort à la gueule. A voir.

Hyenne

Le film Nine Lives, dont j'avais tres peur, se revele en fait etre une merveille a tout niveaux.


400asa

Très honnêtement hésité à foutre ça dans "trucs qu'on aimerait se foutre au cul" : http://www.yatzer.com/2164_sofi_zezmer_loses_control_at_mike_weiss_gallery

Glaüx





Vanishing Point.

Putain de merde.
et on ne se renseigne pas sur l'intrigue avant de le voir, ce serait rédhibitoire.


Parfois tu rencontres "ton" film. Moi c'était ce soir. Y a suffisamment de trous pour que j'y mette presque tout ce que je suis, et jamais j'écrirai comme ça. C'est triste (surtout considérant que c'est pas un film de génie, pourtant), mais c'est comme ça.



Lecture-indic' : Speed Queen, de Stuart O'Nan, bon comme un O'Nan, aussi débile que soit cette formule et le concept de marque appliquée à la littérature ; néanmoins, ce mec sait raconter des histoires, et poser des ambiances merdiques et glauques de sud profond ou de Middle West crasseux des USA, aussi bien que Springsteen. Hautement recommandé, même si le style oral pourri est très très chiant (je le relirai en anglais pour voir).

Glaüx

Citation de: Glaüx le Avril 02, 2010, 23:37:54
Vanishing Point.


Celui de 1971, s'entend. Parce que je viens de voir quelques bouts du remake de 91, et j'ai vomi.

Narak

Moi, j'en ai des souvenirs comme d'un film assez plat, avec de bonnes idées mais je sais pas il manquait quelque chose pour que ça prenne vraiment. Dans le genre road-movie, j'avais par contre beaucoup aimé " Macadam à deux voies."
L'amour c'est fort, l'envie de chier c'est pire...

Glaüx

Je l'avais chopé en même temps que Vanishing Point, en voyant qu'il était de la même année et que des gens les mettaient en parallèle. Comme tu en parlais aussi je viens de le voir, et moi en fait c'est Two-Lane Blacktop qui m'a fait chier.

Ce que j'adore dans Vanishing Point (et dans Easy Rider, et dans Electra Glide In Blue dont j'avais parlé jadis, entre autres), c'est ce que je retrouve aussi dans les romans américains de l'époque que j'ai pu lire : un sens de l'épique à te faire péter toutes les alvéoles des poumons, et le lâcher-prise technique le plus total chez les personnages(au lieu des putain de coincés du fion de Two-Lane Blacktop), et chez l'auteur aussi, avec du coup une impression de film ou de roman tourné ou écrit à l'arrachée - ce qui est d'ailleurs le cas pour Vanishing Point - mais rien à foutre, y a une urgence de création dans ces trucs-là. Et j'aime ça, quand je sens une urgence. Une impression d'ébauche à grands traits gerbés vite fait parce qu'on n'avait pas le temps avant que ce soit trop tard. Et dans Vanishing Point, je vois une naïveté et un enthousiasme désespéré qui me font excuser tous les énormes défauts du film, les grosses ficelles techniques du flashback géant, les scènes ridicules au bord de la plage qui ressemblent à des pubs Hollywood, l'intrigue presque vide et terriblement prévisible. Tout est justifié par la fin, et une fin comme celle-là, j'en ai rien à foutre, elle pourrait arriver après deux heures de Oui-Oui Fait Ses Courses Chez Casino, si elle fonctionne comme ça, je peux tout accepter. Tandis que la fin de Two-Lane Blacktop sent l'étudiant en école de cinéma (j'ignore totalement si c'est le cas, mais le procédé me déplaît, comme me déplaisent toutes les intentions techniques et le formalisme), et que le film tout entier manque d'élan, à mon goût.

Par ailleurs je peux me reconnaître dans Kowalski ; dans "the driver" de Two-Lane Blacktop, pas moyen. J'ai envie de lui dire de laisser passer cinq ans et de grandir un peu, voilà tout. La fin du premier, c'est une fin justifiée par des motifs existentiels et par une somme considérable de non-dits. La fin du second, c'est "ouiiiiin gnaaaan c'est trop injuste ma caupine elle est partie". Un suicide véritable, contre un petit con qui fait sa crise. Le choix est vite fait.

Et puis, la musique, quoi. Merde. Et l'animateur radio et sa putain de voix. Dans Vanishing Point.