La Zone
La Zone - Un peu de brute dans un monde de finesse
Publication de textes sombres, débiles, violents.
 
 

MDLC3 - sujet 4 - Walou, nada, peanuts, que tchi

Démarré par lapinchien, Février 10, 2024, 02:57:16

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lapinchien

4ème Sujet - Walou, nada, peanuts, que tchi - contribution à poster sur ce topic avant 04h. Si vous ne pouvez pas vous inscrire sur le forum, vous pouvez m'envoyer votre texte par email sur LaRevueQuiTeParle@gmail.com

Dourak Smerdiakov

Vite, passez,
Cela n'est rien :
Les gens, les chiens,
L'humanité.

La vérité,
Le genre humain,
Vite, passez,
Cela n'est rien.

Moralité :
Le mal, le bien,
Honneur, maintien,
C'est vanité.
Vite, passez.

Pour le débat citoyen et convivial dans le respect indivisiblement démocratique de la diversité multi-culturelle des valeurs républicaines oecuméniques.

Charogne

« PAS un texte de Saint-Con »

Walou. Il n'y avait au fond pas de vraie raison pour laquelle j'ai eu cette impulsion soudaine. C'est venu très naturellement. On était un vendredi soir, ou plutôt un samedi matin, aux alentours de trois heures. Beaucoup de gens s'étaient réunis pour l'occasion. Notre victime était là, à notre merci, mais elle souriait, cette petite enflure. Elle se foutait de notre gueule ! Ça avait le don de nous foutre en rogne. Tout ce que je souhaitais, c'était de faire des gants avec sa peau, vous savez, le genre de gants qui relaxe et qui réchauffe à force d'écrire.

Nada, des moyens. On y est allés à la bonne franquette, on va pas se mentir. On a vraiment juste prit ce qu'on avait sous la main- des stylos, pour la plupart, des machines à écrire pour les plus atypiques, et on a commencé à frapper. On a planté, griffé, écrasé, je peux vous assurer que très rapidement la créature n'était plus. Quelques poils jaunes au sol, au plus, dans une marre de sang absorbée par la terre. Mais on s'est dit que c'était pas assez, encore. Il en fallait plus.

Peanuts, alors. On a jeté ce qu'il restait de notre cervelle dans les poubelles du temps. La purification d'une colère pareille, ça ne peut passer que par le feu. Alors on a jeté une allumette sur la bête. Bon, il faut dire que le temps ne s'y prêtait pas... curieusement, quand on essaye de faire cramer un truc, ça prends bien plus en avril, en mai, ou en juin... mais là, mi-février, c'était pas bien ouf. On a eu une petite flamme avec les poils, certes, mais ça a cramé pendant trois minutes puis ça s'est éteint, juste assez longtemps pour roussir les poils jaunes du mammifère en une sorte de cendre brune. Mais on voulait le cramer, on l'a cramé l'animal ! On était satisfait.

Que tchi. On avait plus rien à faire ici. Alors on s'est regardé tous ensemble, on s'est serré la main, on s'est remercié, en se disant qu'on avait fait du bon boulot, que la Bête n'était plus, que le monde était désormais un monde meilleur, débarrassé de cette vermine. On s'est retourné sur nos pas. On s'est dit que peut-être une fois dans notre existence, on pouvait ressentir ce sentiment qu'était la plénitude, le contentement de soi, le bonheur... avant que le destin ne nous rattrape dans un « plop ». On s'est retournés. Puis on l'a vu, avec son grand sourire, couché par terre dans une pose tendancieuse, comme s'il venait de reprendre vie. Les mots « à mort » ont beau retentir sur terre, scandés comme une prière, mais le grand parchemin là-haut en a décidé autrement. Ce concept ne s'applique pas à lui, qui transcende la vie, la mort, l'espace et le temps.


lapinchien

VOID par Zbooba

Enter the void,
Y a plus de Nutella.
Excuses, avoid,
Y a des choses qui s'font pas.

Oui, t'aurais pu l'acheter
Ce putain de Nutella
C'est dur à avaler
T'avais bien vu qu'en restait pas

Alors comment j'fais maintenant moi
Sans cette saloperie de Nutella ?
J'fais des tartines de rien, moi ?
Des tartines nature, quoi ?

Comment ça j'ai rien entre mes deux oreilles et j'vais pas en racheter pourtant ?
Tu te fous de ma gueule en plus ?
ET TOI T4AS RIEN DANS LA SCHNECK? CONNASSE §
Et oui je me fais tout un délire sur un pot de Nutella vide si je veux.
Rien à foutre des rimes même s'il vaut que dalle mon rap.
N'en mais je vais pas faire un putain de sketch à la Pierre Palmade.
Et comment ça baisse d'un ton baisse d'un ton toi d'abord.
Entre nous déjà c'est pas un peu chem sex qui ferait de mal à notre couple.
Mais non je digresse pas sur Palmade pour occulter le fait que je fais jamais les courses.
D2J0 ON FAIT MËME PAS DE PARTIES DE SCRABBLE ALORS Tu arrêtes avec Palmade mais non je gueule pas.
C'est pas de ma faute s'il tient pas la MDMA et qu'il sait pas conduire ce couillon.
OUAIS BEN Moi j'ai pas fait un avortement aux pare-chocs à une tchétchène alors me juge pas.
NON KAWAKS ça veut rien dire.
Et GROGNASSE C4EST UN MOT COMPTE TRIPLE ?
J4VAIS TE L4CARRER DANS TON CUL MON POT DE NUTELLA VIDE.
J4VAIS TE FAIRE ROTER DE L4HUILE DE PALME.
Bordel où j'en étais avec mon rap dans tout ça ?
POM TCHAK§ POM POM TCHAK§
comment ça mou du gland ?
frigide, sale pute !


Clacker

- Comment ça, rien ?
- Rien, je te dis.
- Mais t'as tapé dessus ?
- J'y ai mis un grand coup d'épaule, en prenant de l'élan.
- Et ça n'a rien donné ?
- Ben non, le truc est coincé.
- Coincé comment ?
- Il y a une espèce de tige, et ça retient le tout.
- On fait quoi, alors ?
- Il faudrait trouver une tringle, je sais pas.
- On n'est pas en train de procéder à un avortement. Tu le sais, ça ?
- Je suis pas aveugle.
- Très drôle.
- C'est toi qui fait de l'humour. De mauvais goût, en plus. Parle pas de buter des gosses, tu me fais flipper.
- Détends-toi. D'après la loi, c'est pas encore des gosses, à cet âge-là.
- Et c'est quoi, alors ?
- Je sais pas. Un ramassis de cellules pas encore vivantes.
- Comme un oeuf de poule qui serait pas fécondé ?
- Ouais. Non. J'en sais rien. On s'en fout.
- OK. Essayons autrement. Je vais tenter de le faire valdinguer un peu.
- Valdinguer ?
- Ben ouais. Je le prends à bras-le-corps, et puis je le secoue comme un prunier.
- Haha.
- Quoi ?
- Ben, c'est qu'avec ta stature, ça va être compliqué de le «prendre à bras-le-corps».
- Qu'est-ce qu'elle a, ma stature ?
- T'es pas vraiment The Rock, quoi.
- Oh, sans blague ? Et toi, tu t'es regardé ?
- Arrête. C'est méchant.
- Quand c'est toi qui m'insultes, c'est de la vanne, mais quand c'est moi, c'est méchant ?
- C'est même mesquin.
- Tu sais ce que c'est, ton problème ?
- ...
- Eh, tu sais ce que c'est ?
- Quoi ? Tu vas encore blaguer sur mon physique ?
- Non, mec. Ton problème c'est que t'es hyper susceptible.
- On le serait à moins.
- Tu vois ?
- Quoi, encore ?
- Là, t'es susceptible.
- Je te jure que non.
- T'as l'oeil qui frise.
- Et ça veut dire quoi ?
- Ben. C'est simple. Quand t'es susceptible, et frustré, et que t'as de la colère rentrée, t'as l'oeil qui frise.
- Comment veux-tu que ça frise, un oeil ? Et puis ça veut dire quoi, bordel de merde ?
- Les deux, maintenant.
- Quoi ?
- T'as les deux yeux qui frisent.
- Tu m'emmerdes. Fais quelque chose. J'ai payé pour cette merde.
- «Fais quelque chose», «fais quelque chose». Pourquoi c'est toujours à moi de résoudre tes problèmes ?
- Tu veux vraiment que je te réponde ?
- Non. Je vais donc le PRENDRE A BRAS-LE-CORPS, n'est-ce pas. Même si je ne suis pas The Rock.
- Je te regarde.
- Et si j'y arrive pas, tu vas te moquer ?
- Promis que non.
- Bon. J'y vais.
- Je t'en prie.
- Nnnnnngghhhh...
- Essaye peut-être de...
-...rrrrrgh...
-...l'attraper plutôt par le haut...
-...GAH !
-...non, pas comme ça.
- Putain de merde. Impossible de le faire bouger.
- Quoi, c'est tout ?
- Qu'est-ce que tu veux que je fasse de plus ? Je suis pas The Rock.
- Je confirme, t'es pas The Rock.
- JE SUIS PAS THE ROCK ! C'EST VRAI ! Alors démerde-toi, enfoiré !

Et il laissa son ami cul-de-jatte, seul devant le distributeur de barres chocolatées.

Lunatik

Une idée du tonnerre

Entre les deux belles gueules, mon coeur balançait. Entre le beagle et le berger allemand, entre le petit rondouillard et le grand costaud, entre la blague et l'ordre, entre la flemme et l'efficience. Entre la chasse et l'attaque. À l'un la salle de billard au fond à gauche de la niche, à l'autre les petits pains à la saucisse. Décidément, avec Snoopy et Rex, on aurait pu tourner le buddy movie du siècle. C'était une idée du tonnerre. Je l'avais dit à mon père, un matin, au petit déjeuner :
— C'est une idée du tonnerre !
— Termine tes chocapics, Scorsese, tu vas être en retard pour ton contrôle de maths.

Je veux devenir réalisateur, plus tard. Papa n'est pas enthousiaste. Maman n'a pas d'avis, elle est morte. Magalie trouve ça débile, mais elle trouve tout débile, à commencer par moi. C'est le boulot des grandes soeurs, paraît il. Des fois, je rêve de la mettre au chômage, on verra si elle rigole encore, après ça.
Sinon, j'aime les chiens, aussi. Enfin, ça dépend lesquels. Celui des voisins était une teigne. Il a eu un accident et je ne l'ai pas pleuré. Et puis, il avait un nom à rallonge à la noix, d'un écrivain russe, imprononçable. Il aurait pu s'appeler Gogol, ça j'aurais retenu. Snoopy et Rex, ça c'est des noms qui claquent. J'ai plein d'albums des Peanuts et de K7 de Rex chien flic. J'ai demandé deux chiens comme eux, à Noël, mais je n'ai eu que de bêtes peluches, même pas ressemblantes.
Un autre chien absolument génial, c'est Sparky, le chien de Frankenweenie. C'est un chien qui est mort et qui est ressuscité par son maître petit garçon. Il a des boulons dans la tête, comme la créature du Dr Frankenstein, et des coutures de peau rapiécée sur le dos, et des cicatrices partout, et sur le museau.

Et justement, une nuit, alors que je réfléchissais au scénario de mon buddy movie, et à mes acteurs, je me suis rappelé Caramel, le chien de ma grand mère, avec ses belles oreilles comme celles de Snoopy, et Sonda, le chien du facteur avec ses yeux à la Rex, et Princesse, de la vieille madame d'en face, avec sa magnifique fourrure. Et en fait, tous les chiens du quartier, que je croise chaque jour, et qui viennent me lécher les mains parce qu'ils sentent à quel point je les aime.
Et j'ai encore eu une idée du tonnerre : « Si avec toute cette matière je ne suis pas fichu de fabriquer un Rex et un Snoopy crédibles, je suis vraiment un naze », j'ai pensé. Alors, je me suis mis au boulot. Chaque nuit, dans la cabane au fond du jardin, l'ancien atelier de menuiserie de Maman (elle est morte, je vous ai déjà dit ça ?), je travaille. Je travaille dur. D'abord, il faut endormir les chiens ; avec un marteau, c'est salissant mais ça marche bien. Ensuite il faut les découper, et ça, c'est plus difficile, les tendons c'est costaud, et il y a des trucs qui giclent (les yeux sont un calvaire à décapsuler), et des fois l'anesthésie n'a pas bien marché et les chiens se réveillent, et bon, ça devient compliqué. Et puis ensuite, il faut les recoudre dans le bon ordre, en remettant bien tout à sa place à l'intérieur (les intestins, quelle galère : ça pue et ça coule de partout !).
J'ai dû faire pas mal d'essais, et je commence à manquer de chiens, mais à force, mes prototypes ressemblent enfin à quelque chose. J'ai plus qu'a attendre un orage, avec de la foudre, pour les ressusciter. Ça va être grandiose.

Et puis, aussi, j'ai eu une autre idée du tonnerre : maintenant que je suis bien entrainé, je vais pouvoir essayer de faire la même chose avec Maman. J'ai remarqué que ma cousine avait les mêmes yeux qu'elle, et mon ancienne maîtresse de la grande section de maternelle, elle a les mêmes mains.
Je sens que ça va être plus difficile encore qu'avec les chiens, et que je vais devoir beaucoup beaucoup m'entraîner.







Le Thaumaturge

Le sacre de Printemps

Nous étions le lendemain de la civilisation. Une triste lumière berçait la ville en ruines. Les derniers à rester debout étaient les bâtiments les plus bruts, comme quoi. De ces immeubles, celui qui concentrait le reste de l'activité humaine était le parking à quatre étages; On ne pouvait qu'à peine discerner l'enseigne PRINTEMPS car recouverte par les branches de lierre qui zébraient sa façade. C'était l'état de toute la ville. La végétation avait envahie les rues, des arbres sans fruits crevaient le sol par endroits et même dans les plus larges cratère, on voyait des pousses apparaître.

"Les Dieux Nissan et Tesla sont indulgents, ils ont levé le soleil un jour de plus et nous ont épargnés les radiations! Aimez les car ils sont bons, ils sont les seuls à pouvoir encore répondre à nos espoirs"

Espoirs ? Quels espoirs ? Ils sont morts dans l'œuf. Il n'y a jamais eu d'espoir. Le sévère moustachu qui se tenait devant son assemblée continuait à prêcher mais je ne l'écoutais pas. Je préférais garder ma raison intacte, mon fatalisme valait mieux que leur obstinée doctrine. J'étais trop fier pour m'abandonner à la l'aliénation ambiante.
Voir la Nature renaître aurait été sûrement un motif d'espoir, une motivation pour relancer l'humanité, mais le savoir de l'agriculture était depuis trop longtemps oublié. Aucun de nous n'était capable de travailler la terre, nous étions condamnés à la famine. La faim jouait du tambour sur leur ventre décharné, invitant la folie à s'insinuer plus profondément dans leurs esprits, entendre cet ancien président d'un club de moto psalmodiait matin et soir était leur unique source de réconfort. Ce parking était leur nef, la Suzuki réduite en pièces à côté du pilier servait de tabernacle et son pot d'échappement, droit, saillant, représentait leur ciboire.

"Walou, nada, peanuts, que tchi!"

Telle était leur prière. Il la reprenait tous en chœur.

"Walou, nada, peanuts, que tchi! Walou, nada, peanuts, que tchi!"

Répétée jusqu'à avoir gaspillé leurs réserves de salive.

"Rien, zéro, que de dalle, peau d'zob!"

Conclua Didier dans un silence de cathédrale. Un regard ému lancé à l'horizon, c'est ainsi qu'ils s'éteindront.