La Zone
La Zone - Un peu de brute dans un monde de finesse
Publication de textes sombres, débiles, violents.
 
 

Où l'on nous fait croire que les gadgets sont de l'innovation

Démarré par lapinchien, Août 22, 2015, 09:48:37

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lapinchien

Il y a clairement eu : la révolution industrielle, les révolutions technologiques liées aux guerres mondiales dont l'aboutissement fut l'avènement de l'atome, les révolutions scientifiques liées à la guerre froide avec la course vers l'espace qu'elle instilla. Pendant ces périodes, il y a eu l'émergence de sciences et technologies dérivées, disruptives. On ne se foutait pas de la gueule de l'Humain. Il y avait des camps, certes. En compétition, certes. Mais ce mot que je n'aime vraiment pas, l'innovation, n'était pas galvaudé. Et puisqu'il faut bien l'employer, on traversait des ères de vraie innovation, celle qui s'inscrivait dans de véritables projets sociétaux pour des groupes d'Hommes, des projets en compétition à flux tendu puisqu'il en allait à chaque seconde de la survie même des utopies idéologiques locomotives de toute l'émulation conduisant aux conditions de l'émergence du disruptif.

Ce n'est plus le cas aujourd'hui, nous sommes dirigés par plusieurs générations d'escrocs et de voyous sans la moindre once d'imagination et pire sans la moindre volonté d'offrir un avenir à l'Humanité. Ces fils de pute aux commandes ont embourbé la machinerie qui sublimait l'Homme dans son évolution non plus Darwinienne mais idéologique, et donc scientifique et culturelle, et donc technologique. Chers copains, on ne tend plus vers rien, personne n'anticipe plus de projet sociétal digne de ce nom. Cette formidable machinerie qui générait les rêves les plus fous, eux même générant les disruptions les plus étonnantes inattendues et ce dans des délais de temps très courts, disruptions générant enthousiasme et prospérité au sein de toute la population inscrite dans des aspirations collectives, certes un tantinet gâchées par des peurs et préoccupations survivalistes comme la peur de la guerre nucléaire et du conflit global. On avait tout de même foi en l'Homme et son avenir, inscrit dans cet instinct de conquête sans lequel l'Humanité depuis longtemps n'existerait plus, un avenir qui forcément se trouve dans la colonisation du système solaire et dans la maitrise de l'infiniment petit.

Depuis la chute du mur de Berlin, de la mort du communisme, de l'avènement du capitalisme et du libéralisme roi, nous avons assisté au plus grand holdup de l'Histoire dont les conséquences semblent déjà catastrophiques à très court terme pour notre espèce. Nous sommes entré dans l'ère du financiarisme pur, et l'Humain à notre époque n'a plus qu'une seule utilité, celle de consommer, consommer jusqu'à la nausée et dans une boulimie désespérée, sans la moindre perspective, vision, visibilité même et ligne d'horizon, tous ces gadgets à la con qu'on nous présente comme de l'innovation mais qui en réalité ne sont que des prétextes, les quanta de la spéculation à vide.

Nous sommes devenus les boules de pachinko d'un improbable système nihiliste que même les lois complexes de l'automatisme n'arrivent plus à modéliser pour pondre des patterns prédictifs permettant d'agir sur notre devenir. Les dirigeants sont devenus inutiles, ils n'ont pas prise sur la mécanique qui régule le système et en sont réduit à se ridiculiser dans d'improbables chorégraphies de la gesticulation. Mais c'est bien pire que cela, puisque l'Homme réduit à l'état de consommateur, asservi par le système, ne rêve et n'aspire plus à rien sinon à sublimer son égo, la seule et unique frontière personnelle qu'il puisse encore un tantinet défendre face à cette altérité absurde.

Certains rétorquerons que je trace un portrait sombre et dépressif sur notre contemporanéité, qu'en réalité nous somme dans l'ère de la révolution de la communication entre les Hommes, celle des réseaux, celles des liens que l'on tisse pour réduire les durées et les distances, faire de la Terre une énorme pelote de laine dont chacun de nous tisserait les fils à son niveau, fils sur lesquels nous tirerions tous simultanément pour tasser, compresser la pelote, réduire le rayon de la sphère à son extremum, celui qui fait qu'elle se fait point et qu'à ce moment singulier l'Humanité entière fusionne. Ceux qui défendent cette idée ce voilent la face, l'hyper dialogue est bien plus stérile, avilissant et vecteur d'addiction qu'utile à quoi que ce soit. Effectivement ce modèle a un rêve, celui de tendre vers la perche à selfie qui permettra de prendre sur une seule et même photo l'ensemble de l'Humanité dans son ultime agonie.


David

je comprend la déception technologique, les pseudo-innovations, le gavage de communication communicante pour communiquer mais sans rien dedans. Le "financiarisme" me semble un faux-semblant, c'était drôle de voir les amoureux de l'entreprise boudaient son coeur, son ventre et ses couilles, la banque, comme  si les unes pouvaient exister sans les autres, ce n'est pas plus pourri et pas spécialement au coeur du problème à mon goût. La "mort du communisme" est à péter de rire aussi, mais bon, si c'est pour la fête aux concepts... l'image contribue un peu à comparer la vie avec un match de foot, à inverser la métaphore, le réel vient décrire l'abstrait au lieu de l'inverse.

et au moins, t'as pas fait une vidéo avec ta voix de crécelles pute

lapinchien

La finance était et devrait redevenir un outil au service d'un projet de société et non un projet de société en soi. La finance était et devrait redevenir un outil au service du pouvoir et non le pouvoir en soi, c'est peut-être évident comme constat mais je ne vois pas en quoi il est faux. Et oui, je t'assure c'est le cœur du problème. L'innovation existe mais derrière les concepts de startup à gadgets débile se cache exclusivement de l'innovation financière, des montages innovant pour écouler de la merde et se faire du fric sur de la spéculation pure via des cession/acquisitions opportunistes et le gangrénage du pouvoir des société par les banques qui placent leurs hommes à la présidence des conseils de surveillance et d'administration verrouillant les actions de l'entrepreneur et par ailleurs prenant le pouvoir capitalistique dans la structure par le biais de fonds commun de placement à l'innovation et autres.

David

par "faux-semblant" je voulais dire que "c'est l'arbre qui cache la forêt", le concept a sa métaphore, je ne suis pas  emballé par l'idée de trainer un spéculateur au gibet, avec Madoff, j'avais l'impression d'un voleur de poule tombé sur un poulailler bien cossu, c'est pas le  spectre des james bond, il avait même pas de base secrète.

lapinchien

mais quand on accède au pouvoir, on n'a pas besoin de se cacher pour institutionnaliser sa mafia. On n'est plus à un exemple près même si je n'assimile pas tous les acteurs de la haute finance à Madoff. Je parle ici contrairement à ce que tu dis de la réalité et non de fantasmagorie. Et je parle de légitimité démocratique de l'obtention et de l'usage du pouvoir. La haute finance à le pouvoir et n'offre aucune perspective à l'Humanité sinon l'embourbement et c'est ce qui est insoutenable. Dans la modèle capitaliste, il est légitime que la haute finance ait le pouvoir. Je ne parle pas des actionnaires de PME là. Le volume total des sommes générées par la spéculation est de 100 à 1000 fois supérieur à celui que génère le chiffre d'affaire des sociétés et donc le travail et la marchandisation. Il est évident que le rapport de force dans le modèle capitaliste offre le pouvoir sur un plateau à la haute finance. Cela dit est ce légitime d'un point de vue démocratique ? non. Mais pourquoi pas... Ils ont le pouvoir, on n'est plus en démocratie mais en casinocratie. Ils pourraient au moins se servir de tout ce pouvoir pour être dans autre chose que la gangrène totale de l'Humanité jusqu'à son extinction, autre chose que la consommation de la totalité des ressources jusqu'à épuisement, agir en gestionnaire responsable si ce n'est légitime. Et bien même pas. Concrètement, si le travail ne génère plus d'argent, qu'on ne peut pas s'en passer mais qu'on peut réduire son importance dans la vie à une activité basée sur la passion des gens, du partage, du collaboratif, du participatif, de l'associatif et le bénévolat désintéressé, pourquoi mettre en compétition ceux qui n'ont plus d'utilité réelle exclusivement qu'en tant que consommateurs et bien parce que les individus sont aussi contributeurs au chaos ambiant générant la fluctuation des marchés générant par la spéculation plus de gains. Personnellement je pense que le travail est une valeur saine mais dans un contexte de plein emploi et ou la finance serait replacée à sa place, celle d'un outil au service de la démocratie et non un substitut.

Dourak Smerdiakov

Pour le débat citoyen et convivial dans le respect indivisiblement démocratique de la diversité multi-culturelle des valeurs républicaines oecuméniques.

lapinchien

c'est une invitation indécente à poster ce truc en tant que texte sur la Zone ?

lapinchien

en fait avec ce combo des sujets #TDM2014 et #TDM2015, soit l'innovation et l'homo selficus, peut être est ce plutôt une sorte d'introduction à la prochaine semaine textes de merde dont la thématique rêvée pourrait être "la haute finance"

Dourak Smerdiakov

oui, même si je l'ai lu assez vite et que je pense qu'il devrait être au moins un peu retravaillé.

Mais il y a de de vieux articles dans ces sous-thèmes-là qui ne sont pas plus intéressants que ça. Donc je pense que ça aurait sa place, pourquoi pas.

Et sans lancer un grand débat pour savoir si on doit transformer le site en un concurrent de Rue89 ou Agoravox.
Pour le débat citoyen et convivial dans le respect indivisiblement démocratique de la diversité multi-culturelle des valeurs républicaines oecuméniques.

Dourak Smerdiakov

Citation de: Dourak Smerdiakov le Août 22, 2015, 14:07:06
Mais il y a de de vieux articles dans ces sous-thèmes-là qui ne sont pas plus intéressants que ça. Donc je pense que ça aurait sa place, pourquoi pas.

Je me rends compte que cette phrase est maladroite. Je ne voulais pas dire que c'est peu intéressant mais qu'il y a pire. Ou alors juste en toute généralité, dans la mesure où les textes puissants et originaux sont une extrême minorité, même dans le Monde diplo ou dans Métro, et donc dans la mesure où je pourrais le dire encore plus de tous les éditos du Monde.

Je voulais juste dire que ça a sa place, donc. Tant qu'à écrire un texte comme celui-là, autant le travailler jusqu'au bout et le publier en article, ça me semble avoir plus d'intérêt que le forum.
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lapinchien

Le sujet forcément m'intéresse. Tu as raison je vais retravailler ce qui pourrait être un article et le faire basculer dans la fiction ou le journalisme gonzo, à la façon du texte que j'ai posté ce matin.

En réalité, c'est l'image que je poste qui a généré mon commentaire et le commentaire est parti en vrille et s'est transformé en dissertation. Et ce sont tous ces exemples de technologies-gadget énumérés et sur les rails du prototypage à l'industrialisation dont j'aurais bien aimé discuter. Ce graph est si beau avec sa belle érection précoce en enthousiasme généré puis vient si lucidement se conclure dans une belle demie-mole.

Dourak Smerdiakov

Tiens, je n'avais pas encore vu l'article du matin.

Sinon, ce n'est pas nécessairement dans ce sens-là que je parlais de retravailler. Du premier degré sans enjoliveurs, ça peut avoir ses avantages aussi, notamment la concision.

J'ai notamment pensé à la phrase "Depuis la chute du mur de Berlin, de la mort du communisme, de"... où il y a des "de" à supprimer (ça te sautera aux yeux maintenant que je te le signale).

Et ton graphe, justement. Il a l'air intéressant, mais il faudrait peut-être le gloser un peu pour les nuls, ou les mal réveillés, ou les réfractaires à l'anglais.
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