La Zone
La Zone - Un peu de brute dans un monde de finesse
Publication de textes sombres, débiles, violents.
 
 

Tri selectif : Putsch

Démarré par Aelez, Octobre 27, 2008, 16:16:38

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Putsch

« - Tu vois, Laurent, tout le monde à besoin d'aide. Je pense être bien placé pour te le dire. »
    En effet, ce connard est bien placé pour ça, ça fait vingt ans que les paumés, c'est son boulot. Dans sa discipline, c'est même une sorte d'icone, de pionnier dans le "coaching". Il a été le premier à faire de la réussite et du bien être brut des produits marketings. Parfois, quand je regarde sa gueule, je vois les slogans de sa société, du genre "Le contrôle de soi, la clé de la réussite", et ça me donne envie de lui vomir dessus, histoire de voir si le contrôle de soi marche avec un smoking dégueulasse.
    Ca faisait bien une heure qu'il me ressassait les histoires minables des types qu'il avait pu rencontrer dans son boulot, comme si le fait de me retrouver confronté à d'autres échecs me feraient oublier les miens. Il n'y a vraiment que les gens heureux qui sont capables de penser ça. J'en avait marre de tourner au jus d'orange sur ses recommandations, et lorsqu'une serveuse passa, je me commandais une bière.
« -Tu ne devrais pas boire, Laurent, tu sais ce qui arrive quand tu bois.
    -Mêle toi de ce qui te regarde, j'ai soif. Et c'est juste une bière.
    -Ne me parle pas comme ça, je reste ton grand frère, tu me dois le respect.
    -Ah merde! C'est pas comme si je me mettais à danser à poil sur la table, à montrer ma bite à tout le monde!
     -Laurent... »
    Il avait ce genre de regard que ma mère avait eu quand j'étais gosse, et que je faisais une connerie particulièrement stupide.
« -Tu veux que je te dise franchement? Je t'en veux pour ce que tu as fait.
   -Je ne vois pas en quoi ça te concerne.
   -Mais bordel, tu aurais pu me le dire que tu allais si mal. Je voyais bien qu'il y avait quelque chose, mais je ne pensais pas que c'était aussi grave.
   -Si tu veux t'occuper de quelqu'un, va plutôt voir la pauvre fille que j'ai dû traumatiser. Je n'ai pas franchement besoin de pitié. »
    A vrai dire, il me cassait vraiment les couilles. Il y a un mois, j'avais pris une grosse cuite dans un bar quelconque, et une nana était venue me raconter ses malheurs, et son plaisir à elle était de me prouver qu'elle était plus malheureuse que moi. Et du coup, j'ai pété mon verre, et me suis tranché le poignet gauche avec, pour lui gueuler « TU N'AS PAS LE MONOPOLE DE LA MALCHANCE, CONNASSE!!! », comme l'abruti que je suis. Du coup, j'ai fait un séjour en hôpital psy, pendant trois semaines. Et depuis, il me harcelait avec sa solution miracle, et je sentais qu'on allait y venir.
    « -Réfléchis à ma proposition. Vraiment. Ca ne peux que te faire du bien. »
     Gagné. J'en avais marre des gens prévisibles. Lui comme les autres. Marre des gens, en fait. Marre de moi, aussi. De mes conneries, de mon caractère. Putain de vie. Depuis tout gamin, je fonce vers un mur.
    « -Ouais ok. J'irai. »
    Sur ce coup là, j'ai vraiment été con. Je n'avais pas eu le temps de fermer ma gueule, et lui semblait rayonnant de gratitude.
    « Tu as vraiment fait le bon choix. Je te note l'adresse tout de suite. Ne t'inquiète pas, ça va bien se passer. J'y veillerai personnellement. Et puis, on a le même sang, le gène de la réussite coule aussi en toi! »
    J'ai eu envie de vomir.


    Le surlendemain, je me suis pointé à l'adresse d'une de ses salles de conférence. C'était beau et propre, et ça sentait le vieux bois. Il m'a fallu une heure pour trouver la salle, si bien que je suis arrivé à la bourre.
    «-Bonjour. Vous êtes?
      - Laurent K., je me suis inscrit pour la séance de ce soir.
      - Ah oui, très bien. Eh bien, venez vous placer au milieu du cercle, et expliquez nous, vous qui êtes nouveau, pourquoi vous êtes venu. »
    J'ai fait ce qu'il m'a dit. C'était un pauvre quadragénaire suant et poisseux, et il paraissait aussi minable que moi. Pourtant, il me regardait avec bienveillance. Tous me fixaient, et je pouvais deviner à leurs tronches depuis combien de temps ils venaient ici.
    « - Bonjour, je m'appelle Laurent, et si je viens ce soir... »
    C'est pour essayer de remonter du cratère que je me suis creusé. Je sais comment ça finira, mais bon. Le monde en marche! Et merde.

MantaalF4ct0re

PUTAIN MAIS TAGGLKE PUTRRE PUTE
Tu m'ennuies, importun, te conchie, dans ton bain.

Putsch

Chute en soi

Un soleil plein, écrasant, darde ses rayons puissants dans un ciel nu et profondément bleu. Je sors de chez moi, étouffé par la chaleur, en nage déjà, et la foule estivale m'emporte.
Je marche difficilement, croisant mille visages à la minute, tous bouffis et rouges, accablés de chaleur. Leurs regards transpercent mon corps, semblent voir au delà. La ville et ses us.
Marcher est difficile, mes pieds visent des espaces que d'autres s'approprient.
Je n'ai pour eux aucune consistance, pourtant ils me gênent. Je suffoque. Ils ne voient rien. Je pourrai fondre devant eux, ils ne verraient rien non plus.
Je marche de moins en moins vite. Je bute contre tous ces corps en mouvement, frénésie sans fin. J'aimerai m'arrêter, mais je n'y arrive pas; ce serait pire. Le soleil, multiple sur les vitres des voitures innombrables, m'aveugle, et je ne vois plus que des bribes de corps sombres, toujours plus nombreux,  passer fugitivement devant moi.
J'ai envie de vomir, ma tête brûle. Mes membres m'envoient des messages de supplice que je ne comprends pas.
Je ne sais plus si je marche, je ne sens plus mes jambes. Le ciel s'assombrit, je ne vois plus que des ombres, et je fouille cette masse informe de mes bras. Rien n'a de consistance, mes mains butent sur des masses souples qui se dérobent rapidement. Je hurle, mais je n'entends rien.
Plus rien ne bouge, les ombres se soudent, forment un mur que je ne pourrai franchir. Je ne vois rien. Je ne sens rien. Ma tête flotte seule dans l'espace froid et noir, je n'ai aucun poids. Suis-je endormi? Je ne ressens plus; béatitude.
Des lances transpercent mon corps, mes jambes de nouveau tangibles, et je sens le macadam dur et cuit par la chaleur contre ma peau. Douleur.

J'existe à nouveau; je vois.
Des visages flous, partout autour de moi. Je suis à terre, je n'entends toujours rien. Ils semblent tous me fixer, mais je ne parviens pas à distinguer leurs yeux. Certains bougent, d'autres restent figés au dessus de moi. Je me sens flotter au ras du sol, retenu par la voûte des corps penchés. Je panique; que me veulent ils? Je tente de me débattre, de sortir du carcan de la foule cimentée autour de moi, mais mes membres endoloris ne parviennent qu'à ébaucher de faibles gestes.
Des ombres blanches, lumineuses, se détachent alors de la geôle qui est mienne, et me plaquent au sol avec force. Ils s'affairent. Suis je mort, enfin? Je suppose, à la douleur des épées que l'on m'enfonce dans les bras, que non. Le ciel s'éclaircit, et nous sommes seuls, les anges et moi.
Je parviens à relever la tête. En vain.
Les anges m'envoient, miséricordieux, des rêves de pluies, de solitude dans les bras. Béatitude

Das

Celui là m'a beaucoup moins fais chier que les précédents. Même si l'écriture semble trop forcée ("darde ses rayons puissants" par exemple), on a un style valable et un peu travaillé. C'est bien.
Par contre, beaucoup trop métaphorique. Plus précisément, j'ai pas réussi à trouver une métaphore filée porteuse de sens (le soleil, puis les nuages, etc.)
Bref, ça ressemble trop à un poème en prose d'un élève de première L pour que j'apprécie, mais on a déjà un langue réfléchie et cohérente, ce qui distingue ce texte des précédents à mon sens.

Putsch

Je m'explique.
Ce texte là, il n'a rien de métaphorique, dans le sens où il est écrit au tout premier degré, à savoir les perceptions du personnage, qui fait une crise d'agoraphobie en pleine rue.
C'est aussi un court extrait, j'avais juste besoin d'un avis.
Peut être qu'une fois fini, je le balancerais ici.

nihil

Moi j'aime bien, en tous cas le principe et les images, mais en l'absence de vraie intrigue et de vrais personnages, ça repose beaucoup sur la qualité de l'écriture. Et j'aime pas ton style, à chaque fois. Je trouve que les phrases sonnent mal, qu'elles sont mal tournées, souvent trop molles. Je sais pas si c'est une question de préférence personnelle ou si c'est qu'il te faut encore progresser, mais y a plein de trucs qui me chagrinent (enfin, au moins t'as un style). Quelques exemples pour être plus précis : rayons puissants, des regards qui transpercent des corps, "marcher est difficile", une répétition assez insistance de "ombres" et "sombre", la litanie incessante des phrases construites autour de "je" ou "me/moi/mon" qui finit par saouler, des jambes tangibles, un truc "cuit par la chaleur", des ombres lumineuses etc... Ca fait beaucoup d'imprécisions et d'extrapolations hasardeuses à mon gout.
Sinon, c'est bien gaulé, de la bonne taille et sympa, et j'aime bien la fin.
Trafiquant d'organes
[www.nihil.fr]

Putsch

Disons que j'essaie de ne pas pasticher ce que j'ai déjà lu ici (ou ailleurs), donc du coup je pense que c'est une question de progression (finalement je lis bien plus que je n'écris).
C'est justement pour ce genre de critiques que j'ai posté ça, j'aimerai en faire quelque chose de valable.
Je pourrai toujours t'envoyer ça par mail (une fois fini, relu, corrigé), histoire de ne pas obstruer les textes en attentes.

Das

Citation de: Putsch le Février 09, 2009, 10:50:39
Je m'explique.
Ce texte là, il n'a rien de métaphorique, dans le sens où il est écrit au tout premier degré, à savoir les perceptions du personnage, qui fait une crise d'agoraphobie en pleine rue.
C'est aussi un court extrait, j'avais juste besoin d'un avis.
Peut être qu'une fois fini, je le balancerais ici.

Dans ce cas, je trouve que c'est un peu léger, je veux dire, le style est trop au dessus du texte, mais pas dans un sens positif. Trop d'hyperboles peut-être. M'enfin, si suite il y a, ça peut être carrément valable.