Citation de: Dourak Smerdiakov le Août 01, 2010, 21:11:56
Mâm, la Cendrillon du trottoir.
Posté le 14/06/2010
par JojolepeloCitationTrente piges d'amours torrides, déjantés, adultérins et magiques avec...
La Thaïlande.
Entre autres.
J'accompagnais un très bon pote dans ces pérégrinations : il voulait faire du biz en envoyant des produits artisanaux thaïs , en France.
J'faisais tout :
Chauffeur, traducteur, garde du corps, fournisseur de capotes, de gonzesses... Je lui avait déniché un tas de trucs, au tiers du prix de Chiang Mai donc, au quart des tarifs de Bangkok.
Souvent, tout le temps, après le boulot, il me fallait récréationner le "gamin".
Bangkok, le Nana Inn, Soi Nana, " le bar du mateur ".
Ouais! Je sais J'ai mes habitudes !
On était installé dans nôt' position favorite, assis au comptoir surplombant le début de la soi ???.
Biquet ( Appelons-le : Biquet!), était déjà chaud. Un p'tit joint dans la chambre d'hôtel, beaucoup d'alcool, et toutes ces meufs!
MAMAN !!!.
Il me faisait son sketch habituel, le mec "in", qui connait, qu'est "hyper cool", celui qu'a vu l'homme qu'a vu l'ours, qu'a vu sa mère. Et, il avait surtout aussi sec dégotté son casse-dalle nocturne!
Un boudin avec des percings sur la tronche... Un sandwich au boudin à la ferraille! Vraiment pas pour moi.
Moi?
Trois semaines que j'me coltinais le larron.
Mon foie et mes poumons atteignaient la côte d'alerte .J'étais blasé, ( hè oui ! ma chêêêre ! ) , de ces coups tirés vite-fait moyennant pognon.
Mais, j'avais surtout le blues : Bobonne, le môme, les clebs et le bled me manquaient...
Alors, nonchalant, je sirotais mon sky en matant le décor et le spectacle de la RUE DES PUTES! Tout en jetant de temps en temps, un œil sur l'ôt narvaloh.
Trop occupé à me délecter du cirque, les mecs qui vendaient de tout et n'importe quoi sur leur petites boutiques à roulettes, les poupées qui partaient à la châsse, les farangs endimanchés pour la même, les couples hétéroclites, le raton laveur, les néons omniprésents de toutes les couleurs, la zique à fond la caisse, les taxis ( rose, bleus, verts, jaunes....) et les tuk-tuks qui déversaient leur flots de fêtards ( et j'te cause pas des odeurs de bouffe!) .
Trop occupé à rêver, je n'avais pas vu le tas de gravats qui était assis au pied des escaliers, à gauche du bar, en bas du 7/11.
Ça avait l'air d'une fille, enfagottée dans des fringues récupérées dans les poubelles du Tati de Barbès Rochechouard.
Les mains encerclant ses genoux, elle levait la tête de temps en temps pour voir passer un farang.
Vu le nombre de canons au mètre carré de la rue, bien sûr, pas un étranger ne daignait jeter un cil à ce tas d'immondices...
Putain, y'a vraiment de tout dans cet'rue!
Biquet était en pleine effervescence : il se levait, esquissait un pas de danse, mettait la main au cul de sa meuf, rhabillait les orphelins, roulait une pelle à sa dulcinée, et que c'est terra!
Ça roulait pour lui.
Je retourne à mes occupations et, enfin, la petite fille aux allumettes ( Si! Si! Andersen, le petit souillon malheureux qui vendait des alloufs!), se retourne et me regarde.
J 'me la pète le mec dédaigneux, je tourne la teuté dans un autre direction, tire une taffe sur mon clope mais...
J'y retourne d'un coup de tronche à me faire un torticolis!
Putain de bordel de merde!
Cette gadjie est belle!
Cette gonzesse, derrière les quelques couches de crasses qui lui servent de maquillage, a un charme torride à faire fondre la banquise polaire, en envoyant la couche d'ozone se rhabiller!
C'est quoi s'délire?
J'ai trop mèff? J'suis pilos?
Je la décortique derrière sa misèritude .
Elle baisse les yeux devant le regard insistant de ce gros porc de farang qui la met à poil.
Ben! même pas!
Je suis scotché sur son visage , moitié Madonne, moitié cocker... Qu'aurait oublié ce que les mots " Ap Nam" (douche en thaï) , voulaient dire.
Coup de Trafalgar, je lui fait un signe l'invitant à venir prendre un verre.
Elle tourne la tête, regarde à gauche, à droite, devant-derrière pour vérifier que je m'adresse bien à elle.
Oui! Ma biche! Que j'lui mime, toi, c'est à toi que j'cause !
Pour plus de sureté, elle pointe son index vers sa poitrine et me demande avec ses grands yeux aveuglants ( yeux- aveuglant, faut l'faire, non?)
-Pom? ( moi en noich!).
Bon, on va pas faire la soirée la-dessus, tu viens ou tu viens pas?
Elle se lève de son trottoir d'un mouvement chelou : cassé, flagada, mais majestueux...
Cette gonzesse doit être un fantôme!
Les gens de la rue s'écartent devant la pestiférée, les meufs du bar lui jettent des regards désapprobateurs : " qu'ess'tu viens foutre ici?".
Merde! J'espère qu'elle r'naude pas!
Je lui montre un tabouret, de bar, et lui demande en thaï ce qu'elle veut boire.
Elle est merveilleuse...
Mais, j'ai vraiment l'impression qu'il y a que moi dans l'coup:
Biquet fait la moue, la tronche et me demande :
- T 'es défoncé, mon pôv'? Tu vas t'taper une cloche?
- Va t'faire bouillave et occupe toi de ton bout d'férraille!
Je suis subjugué : de près, elle dégage une aura électrique-nique.
Elle enquille son Coca d'un coup sec, et, se cogne en deux coup d'mâchoire les cacahuètes de Biquet. Qui en recommande!
Je lui raconte deux-trois de mes conneries usuelles.
C'est zarbi!
Cinq minutes qu'elle est là, mais, elle doit pas savoir qu'on est au pays du sourire. Elle écoute, mange les cacahuètes, répond très court mais, elle ne sourit pas !
Triste.
Je lui sors alors un " meung ala". En gros, c'est une façon très malpolie de dire toi-même en thaï.
La poignée de peanuts reste en suspend devant sa bouche, elle la repose dans la soucoupe, commence à pleurer et se casse!
Je la rattrape et lui dit dix fois :
Koo tot ! ( Pardon....).
Alors , elle revient et attaque : Elle me raconte sa vie de misère...
Vendue à dix ans, violée par le vieux chinois qui l'employait, mise à la lourde de sa soi-disant "sœur" deux jours auparavant car elle ne rapportait pas de thune. Alors, elle essayait de se taper un farang.
Mal barrée!
Avec tous ces canons en vadrouille qui trainaient dans l'coin!
Et, pourquoi moi?
J'ai surtout pigé qu'elle avait les crocs.
On sort, fait vingt mètres et je lui propose un kou tio ( soupe thai) dans un boui-boui sur le trottoir.
-Deux kou tio s'il vous plait madame.
Que j'commande.
Pas le temps d'enquiller une béquée, qu'elle, elle a finit sa soupe.
-Une autre, madame s'il vous plait....
Elle s'en est mis quatre , 4 ! dans l'gorgeon!!! Elle a même pas roté car, elle voulait surement garder les effluves de la soupe dans un coin de son estomac, en cas de fringale. Ou en souvenir!
Bien! Bien!
Le bon samaritain avait encore fait sa BA. Mais, il avait une idée derrière la tête : j'allais me fabriquer une Princesse !
Thaïlande, pays du sourire et de tous les fantasmes...
Dont les miens!
-Hey! Mâm! Paa ! ( On s'casse)
On quitte la rue pour aller sur Sukhumvit.
L'avenue avec le trome aérien , plein de boutiques. Elle me suit avec sa démarche chelou : à la fois caniche, zombie et tigresse.
Premier arrêt : une boutique de pompes.
Elle vire ses tongues en plastiques et je lui fait essayer des baskets basses, blanches.
Nickel!
Un p'tit jean bleu, un p'tit débardeur blanc. Pas de soutif : ses beaux seins en forme de poire aux tétons eux, en forme de cerises. On allait faire de la confiture...
Sa poitrine était ferme, pointant fièrement vers l'avant. Parfaite, vraiment pas besoin de fioriture pour améliorer cette septième merveille du monde. Enfin, arrêt chez le merlan.
Une boutique où Biquet, dans l'après-midi, avait passé une plombe pour se faire couper les cheveux.
Elle était heureuse ma Biquette, une dizaine de gonzesses qui lui cisaillaient le citron, lui manucuraient les doigts, même des pieds, lui massaient les épaules et le cou, lui enlevaient les gros poils de son gros nez, le tout avec des sourires et des fou-rires genre basse-cour.
Cela semblait OK pour ma princesse, cela allait surement la débrider.
Les filles m'ont reconnu, je leur ai expliqué le topo :
-Révision des cent mille, ravalement de façade, une douche si possible mais, tout en douceur, pas du rococco, pas du criard, pas besoin.
J 'ai allongé un bifton de mille, je reviendrai dans une heure pour récupérer le colis : ma princesse!
J'me suis baladé un peu, puis, je me suis assis un peu plus loin, à une table en pierre devant une épicerie ou j'avais acheté un Coke.
J'ai attendu une éternité quand enfin, les lumières et néons de la rue se sont éteins.
La porte du coiffeur s'est ouverte dans le halo éblouissant de ma princesse qui en sortait.
Elle me cherchais. Des farangs qui passaient se la jouaient loup de Tex Avery: leur mentons et langues tombaient sur le trottoir dans un halètement furieux et saccadé, les yeux sortant de leur orbites.
Test : Mâm ne les voyait pas, elle me cherchait.
Je l'ai rejoint, fébrile mais, émerveillé. Elle était sublime, ma princesse sapée rock and roll! Manquait plus que le cuir.
Elle tenait deux billets de cent bahts dans la main, la monnaie et me les tendait. Le boulot était ´plus que réussi, je lui ai dit de les donner aux meufs de la boutique en pourliche.
On a pris le premier nuage qui passait, direction le parking de mon hôtel.
J'ai filé dix keusses à l'ange qui conduisait le cumulo-nimbus , on s'est dirigé vers mon fidèle coursier. Mon vieux Nissan Frontier qui m'avait trimballé sur les routes profondes de l'Isan...
Mais non! Pas pour la sauter dedans ! Non! J'allais finir le boulot , fignoler l'travail : j'avais dans la caisse une chemise en jean. Je la sors, elle la met. Je lui retrousse les manches jusqu'au coudes, la noue par le bas au niveau du nombril.
Je recule...
Dans la nuit bangkokienne, éclairée par les lumières de l'hôtel, avec en toile de fond, loin, très loin, le bordel explosif de Soi Nana, je la regarde.
Mâm, elle bouge pas. Elle est scotchée le dos appuyé sur ma caisse, elle attend la suite.
Récapitulation :
des baskets basses, blanches.
un jean moulant, bleu.
un débardeur qui laisse deviner sa poitrine de rêve.
Blanc. Le débardeur!
une chemise en jean portée à la cool. Bleue. La chemise!
ses cheveux coiffés mi-longs lui tombant sur les épaules. Noirs. Les...?
Et enfin et surtout :
sa sublime, merveilleuse, extraordinaire et, je sais plus, sa face de lune, son visage parfait...
Pour la première fois, je la prend par la main.
J'crois bien que j'ai jamais fais cela de ma vie : prendre une meuf par la main. Même Bobonne, en près de trente piges, je marche deux-trois mètres devant ou derrière quand on est ensemble...
On glisse jusqu'à l'hôtel, jusqu'à la réception. Des conversations se sont arrêtées, des regards se sont tournés vers nous, plutôt vers elle. Je prend ma clef, on fait quelques pas vers les ascenseurs, je m'arrête au milieu du hall.
Je la regarde encore. Et encore. Je ne m'en lasse pas.
Je lui pose mes mains sur les épaules. Je suis traversé par une putain de décharge thermo-nuclèaire. Je fais un effort surhumain pour ne pas être désintégré.
Je l'attire doucement vers moi.
J'approche ma bouche de ses lèvres de rosée.
Elle me les tend lentement et ferme les yeux.
J'y dépose un baiser et c'est parti.
Je traverse le système solaire, passant d'une planète à une autre en un seul bond. Je sers la pogne aux étoiles, caresse en passant une mini-nova, met un coup d'boule à un trou noir, met la main au cul d'la lune...
Et, je décroche.
Je recule et la lâche.
J'viens d'me prendre une série de high kicks dans la tronche qui me laissent KO debout!
Elle a toujours les yeux fermés, la bouche tendrement avancée en attente d'un autre baiser.
Puis elle ouvre ses paupières et, pour la première fois, son regard exprime autre chose que le vide, la tristesse ou la faim!
Ses yeux sourient, rêvent et chantent.
Seulement voilà. Mâm, tu es la plus belle fille du monde, ma princesse rock and roll, ma Cendrillon...
Mais, t'es une très grosse embrouille !
J'veux pas finaliser et tomber amoureux de toi.
Si ce n'est déjà fait.
Je met ma main dans ma fouille, sors un bifton de mille et lui donne.
-Mâm, Mâm, tong yen chan nonne koun'dio ( ce soir je dors tout seul).
Mal au coeur : ses yeux baissent le rideau.
Elle prend la thune, se retourne et se dirige vers la lourde de l'hôtel sans un merci, sans un dernier regard, sans un "wai", sans me dire au revoir.
Elle ouvre la porte et se fond dans la nuit.
Ah! Si!
Y'a eu un dernier regard, un en coin, vicieux et vite-fait : celui de ce farang qui s'est levé précipitamment pour lui courir après...
Un regard genre : " Ducon, si t'en veux pas, moi j'chu preneur".
Va t'faire enculer , bâtard et bonne chance à toi, Mâm.
Je suis monté me coucher, seul.
Une douche, une dernière bibinne, une dernière béda, j'me suis même pas paluché.
Mais je me suis endormi avec le sourire béat et abruti, du mec qu'a embrassé une étoile.
Message complémentaire : Koi?
Comme je suis par moments fort scrupuleux, ça fait une heure que je me demande si c'est pas zonard quand même.
Par ailleurs, et à titre tout à fait personnel, je n'aime pas ce style et ce ton.
Zonard, je sais pas. Ce qui est sur en revanche, c'est que ça mérite davantage d'être publié que bon nombre de merdes qui polluent la page d'accueil. Certes, le ton est pourri et refoule carrément, et le style oral ne prend pas, bref, on ne rentre jamais vraiment dans le texte. On y ajoute les traductions thaï-français et les registres peu maitrisés, c'est vrai qu'on a envie que ça se termine. Mais faut aussi souligner l'abondance des idées et des images bien vues, qui tapent juste, genre l'histoire de la confiture ou le bout de ferraille.Le rythme n'est pas désagréable non plus par ailleurs. En gros, y'a de très bonnes idées très mal formulées. Au final, c'est lourd et frustrant à lire.