Vive la technologie

Le 13/04/2005
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par Ordia
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Thèmes / Polémique / 2005
La vengeance est un plat qui se mange bien crâmé : la preuve avec Ordia qui se défoule sur son patron des petites brimades qu'il lui inflige à longueur d'année. Décidemment, les gens du Bar-ric font dans la vie quotidienne cette année, et crament pour leur confort personnel plutôt que pour l'avancée de la civilisation. Enfin bon, un patron de moins sur Terre, c'est toujours ça de gagné.
Et le voilà devant moi pour la énième fois de la journée. Après avoir copieusement traité de courge une de mes collègues (et encore je suis polie), il vient d'ouvrir la porte de communication entre nos deux bureaux comme si l'entr-aperçevoir entre les persiennes du store qui obstrue en partie la vitre "cloison" ne suffisait pas !
Economiste de formation, créateur de son entreprise, ce monsieur "tout voir tout entendre tout savoir et rien donner en échange" est le parfait petit patron paternaliste qui prend ses employés pour du bétail et les salariés en général pour des cons,… mais si il savait ! D'ailleurs, histoire d'éclairer mon propos, voici une réflexion puissante qu'il a sortie à l'occasion d'un rendez-vous un peu foireux qu'il a eu, je cite : "Ah ce petit personnel ! que des femmes en plus et ça volait pas haut, dire qu'elles voulaient se mettre en grève !!!! Elles ne regardent vraiment que leur nombril ces connes !"

Et oui le droit de grève ne rentre pas dans son vocabulaire de même que "enfant malade" "vacances" et encore moins "horaires de travail" ben tient lui il vient bosser le dimanche ! Il peut toujours courir pour qu'on vienne lui tenir compagnie,…

En tout état de cause, il était là ce grand sifflet d'1 mètre quatre vingt dix avec son costume trois pièces cuisine dont il avait dénié tomber la veste, les lunettes sur le nez, la moustache contrariée, en fait la tronche des mauvais jours,… il tenait à la main un cordon électrique au bout duquel pendouillait un téléphone portable. D'une voix excédée il me dit "ça marche pas! j'ai mis le bidule, tout installé et ça marche pas, c'est vraiment de la merde j'en étais sûr !" C'est vrai que lorsque on n'est pas foutu de lire le mode d'emploi forcément ça marche pas ! Mais quel con !!!!
Il n'empêche qu'il a balancé le tout sur mon bureau et démerdes toi,… Y en a, y'en faut paraît-il,…

C'est alors que j'ai eu l'idée, j'en riais sous cape,… je commençais donc à dénuder les fils, à éventrer le téléphone (de toute façon il ne servirait qu'une fois) et à inverser les masses,… Un bon court circuit, une décharge de courant qui allait lui secouer les neurones et enfin l'étincelle tant attendue,… Je voyais déjà la scène,… un délice : il n'entendrait plus rien ne verrait plus sa misère et aurait enfin le mérite de finir en beauté ! Tout en pensant à ce moment si jouissif je terminais mon travail !

Après deux heures de bidouillage, je venais de réussir,… le micro-ordinateur reconnaissait le téléphone portable, les logiciels et driver étaient correctement installés : The Boss allait pouvoir faire joujou !!!

Je rentrai donc dans son bureau l'air candide en lui tendant son appareil. Comme je m'y attendais, tel un enfant gâté, il voulut tester son jouet,… Il se déplia de son fauteuil, se mit devant l'écran et se tournant vers moi me dit en guise de merci : "Tu te rends compte du temps perdu !"

Voilà que le spectacle commence !

Je reculai vers la porte de communication et regardais les images défiler au ralenti :
- Il Connecta son téléphone portable à son micro-ordinateur
- Brancha l'alimentation électrique
- Mit sous tension son ordinateur
- Mit sous tension son portable et le porta à l'oreille
- Entra codes et mots de passe

Un grésillement se fit entendre devenant de plus en plus fort pour finir par la suprême décharge électrique qui lui brûla l'oreille droite avant que l'étincelle occasionnée par la surtension ne lui enflamme les cheveux et très vite la moustache,… une autre petite étincelle (pas programmée celle-là mais bienvenue) avait parallèlement enflammé le haut de la chemise. Je regardais le spectacle avec prédilection, il était torche humaine maintenant et à force de se rouler par terre la moquette de son bureau s'était elle aussi enflammée.

Il était temps pour moi de tirer ma révérence.

Décidément sa connerie le consume !