Je suis Abel, je suis mythique, je suis le premier et le dernier, toute l’histoire de l’humanité passera par moi ou ne sera pas. Je suis le favori de Dieu, il est mon salut et ma récompense. Je dois tuer mon frère car Dieu l’a voulu, je dois…
Je dois…
Je dois absolument me réveiller…
Caïn doit mourir car Dieu l’a décidé.
NON !!!
Dieu n’existe pas, tout ceci n’existe pas, je dois me réveiller, je dois je dois je dois
La lame du couteau brille sur la gorge de Caïn, ma main portera son châtiment.
STOP !
Je me jette en arrière, essoufflé. J’ai compris, juste avant le voyage, j’ai compris toute la logique de notre Histoire. Il est toujours temps de revenir en arrière.
“L’Ordinateur a besoin de notre chaos pour exister, c’est notre détresse et nos souffrances qui nous ont poussés à le créer. On peut rejeter les dés, c’est possible ! Je suis prêt à commettre le premier acte de violence de l’humanité, celui qui engendrera tellement d’autres.”
Caïn me regarde d’un œil suspicieux, il ne comprend pas ce que je raconte, évidemment. Comment lui expliquer avec ses mots ?
“Ce que nous nous apprêtons à faire, la crime que je m’apprête à commettre, a été inventé de toutes pièces par une entité qui n’existera que dans plusieurs centaines d’années, à une autre époque. Elle a besoin de ton sang pour exister, elle a besoin que nous mettions en scène notre propre misère. Nous devons arrêter maintenant, tant qu’il est encore temps.”
En preuve de bonne foi, je pose mon couteau à terre. Caïn a l’air méfiant, il essuie lentement la commissure de ses lèvres et commence à parler d’une voix rauque.
“C’est le démon qui t’a mis sur ma route, tu n’es qu’un tentateur, comment oses-tu nier l’existence de notre Dieu ? Comment peux-tu ainsi parler de ses actes alors qu’il n’est que miséricorde ?”
Ça va être plus compliqué que prévu. Il va falloir que je lui explique lentement le concept, je ne suis même pas certain que son cerveau puisse le concevoir. Je ramasse une branche et commence à dessiner un large rond dans la poussière.
“Regarde, ça c’est le temps tel que je le connais, il tourne en boucle à l’infini, nous nous sommes nous-mêmes condamnés à vivre dans un cercle éternel, mais toi et moi nous avons le pouvoir de…”
Je ne finis pas ma phrase, une douleur fulgurante vient de m’irradier la colonne vertébrale. D’un seul coup, je me souviens que l’Histoire veut que Caïn ait tué Abel, j’aurais plutôt juré que c’était l’inverse il n’y a pas deux minutes. Mais tout ceci n’a plus guère d’importance, quel que soit le jet de dés, nous avancerons du même nombre de cases…
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Je suis le dernier, je suis celui par lequel tout peut encore être sauvé.
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Arkanya je t'aimeuh!
excellent!
J'aimais bien le ton des premiers épisodes, je trouve qu'il manque ici. Je me demande si ça n'aurait pas dû être un peu plus développé, prendre le temps de créer une ambiance, je ne sais pas.
Sinon, beaucoup de temps s'est écoulé entre les épisodes, et on se demande si la fin était déjà plus ou moins prévue telle quelle au début, ou si ça ne tourne pas un peu court. Impression personnelle. A la limite, la série gagnait à ne pas trouver de conclusion et à rester dans une espèce de flou et de sentiment d'étrangeté et de surréalisme. C'est comme ça que je sentais les choses au début, en tous cas.
je ne me souviens pas trop des épisodes précédents mais j'aime bien celui-ci.
Rien à dire sur le style, juste que l'histoire est encore une fois trop courte ; le coup de théatre final aurait gagné en intensité si le texte avait été plus conséquent.
Sinon, du bon boulot, bravo.
Une rubrique qui me plait bien en général. La fin à la "serpent qui se mort la queue" était exactement ce qu'il fallait, d'après moi.
Il y a comme un desir d'univerversalité qui me tracasse. c'est trop antropocentrique... (mais bon çà se refere à un mythe religieux donc finalement pourquoi pas ?) Ce qui me derange c'est la justification de la violence humaine en soustrayant l'humain à l'animal, à la violence ordinaire inhérente à la vie.
prof lapinchien est en forme!