« Ouvrez-moi ! »
Nul ne lui répondit. Il entendait du bruit au dehors, la petite vie dans l’asile psychiatrique continuait son cours malgré lui. A chacun des bruits de pas devant sa porte, il espérait la délivrance, en vain ; tout le service, personnel comme pensionnaires savaient quel sort lui avait été réservé, et personne d’autres que le médecin psychiatre pouvait lever la décision de sa mise en chambre d’isolement.
« Laissez-moi sortir ! » cria-t-il encore.
Il avait tant hurlé que sa gorge lui était douloureuse. Les mains meurtries a force de taper comme un forcené contre le bois de la lourde porte blanche, il se ravisa et s’assit au centre de la pièce. D’au-dehors, il distinguait des bribes de conversation, mais les mots dans sons esprit avaient fini par perdre leur sens.
Il ne se souvenait plus des raisons pour lesquelles il avait été enfermé ici. Il avait du y avoir une crise d’ultra-violence, un de ces accès de rage incontrôlable durant lesquels il démolissait tout ce qui se trouvait à sa portée. Etait-ce bien lui ? Rien n’était moins certain à présent dans son esprit. Lors de ces spectaculaires épisodes, il avait fait preuve d’une monstruosité sans limites, lui avait-il été rapporté. Toutefois, tout ceci était incohérent. Il ne se souvenait pas avoir voulu faire de mal à qui que ce soit. Aussi loin que remontait sa mémoire, le médecin-chef lui avait annoncé qu’il resterait certainement quelques jours de plus, et l’annonce de cette légère prolongation de son séjour lui était apparu comme une terrible nouvelle, suite à laquelle il s’était senti abattu bien plus que furieux. Lui qui avait tant espéré sortir bientôt.
Et maintenant, il était là, dans cette salle d’isolement qu’il ne connaissait que trop.
Avait-il blessé, éborgné ou même tué quelqu’un cette fois-ci encore ? Que s’était-il vraiment passé ? Il passe d’interminables minutes à scruter en vain ses souvenirs. Une fois de plus, il se ne souvenait de rien. Un rire dément se déplaça devant la porte. Encore le patient de la chambre trois. Pourquoi était-il en liberté, lui ? Son rire était celui de la folie, son regard vide donnait la chair de poule. « Bon sang, ce type là fait peur et il se ballade dans les couloirs sans la moindre inquiétude… je suppose que les médecins nazis avaient le même rictus lorsqu’il faisaient leurs expérimentations sur des cobayes humains » pensa-t-il, aigri. L’énergumène en question était en effet peu rassurant. Promenant ses yeux hagards à travers l’étage, en claudiquant misérablement, il avait des accès de démence durant lesquels il riait à gorge déployée, comme une hyène, un singe ou un démon - mais certainement pas comme un être humain ! Le reste du temps, il errait dans un état d’hébétude avancée, proférant ici et la des mots sans rapport entre eux, et quelques sons articulés indéfinissables. Le patient de la chambre trois… « Lui était fou à lier, oui, mais pas moi ! »
Georges attendait de nouveau. Les rumeurs de l’extérieur avaient cessé, et un angoissant silence s’était installé dans la pièce dénudée. Une porte blanche, quatre murs blancs. Une minuscule grille d’aération, hors de sa portée, près du plafond. Sa vision se troubla. Les parois de la pièce devenaient floues, le sol semblait perdre de sa consistance. En peu de temps, ilm se trouva assis au milieu d’une immensité blanche. Seule demeurait, inexplicable, cette porte sans poignée au milieu de ce décor vaporeux. Il était seul - du moins apparamment. Il ne pouvait en avoir la certitude ; il y avait cette présence. Comme une paire d’yeux qui l’observaient avec minutie ; comme un souffle imperceptible sur sa nuque, calqué sur sa respiration. « C’est impossible » se dit-il,voulant se rassurer . Je ne suis pas fou, et suis bel et bien seul ici . Il fit un effort de concentration, et la pièce réaparut - elle semblait se matérialiser depuis ce néant incolore . Il fit une fois de plus l’amer constat de sa solitude, et distingua quelques bruits au-dehors . Las, il s’allongea à même le sol, et finit par s’assoupir.
A son réveil, il se trouvait de nouveau dans cette grande étendue blanche ; comme perdu dans un immense espace enneigé . Et puis, la présence était revenue, plus palpable, plus présente. Il la sentait désormais partout autour de lui, et les yeux qui l’observaient semblaient par le biais d’un abject processus de reproduction se multiplier rapidement autour de lui. Georges commença à paniquer sous la pression de ces regards indiscret et inquisiteurs . En observant le sol, il apparût que celui-ci était parcouru d’imperceptibles ondes. Tout autout de lui, le décor cmmençait à se liquéfier. Il surnageait dans une sorte de boue d’un blanc éclatant - on eut dit du plâtre visqueux en cours de solidification - terrorisé tandis qu’un rire sardonique résnnait à ses oreilles.
« Mais enfin, ou suis-je ?? » cria-t-il sans espoir ; Il ne lui fut répondu que ce sinistre ricanement, chargé d’une aliénation indicible. Il aperçut la porte, mes ses pieds englués étaient incapables d’avancer. Tout autour de lui, des parois vaporeuses d’un blanc laiteux l’observaient en bavant, suintant un liquide de l’odeur lui brulait narines et sinus. « Al’aide !! » Toujours le même rire. Sur les murs de nuages, un miller de pares d’yeux s’ouvrirent et le fixèrent avec gravité . Il voulut crier, mais aucun son ne sortir de sa gorge. Caque regard avait une expression particulièrement effrayante, un mélange de reproche, de menace et de haine . Et surtout, il y avait cette folie sans nom qui brillait dans les pupilles et qui palpitait au rythme de ce rire insensé…
Dans un immense effort, georges parvint à se dépêtrer de la bouillie platreuse qui l’engluait. Rampant jusqu’à la porte, il se hissa et martela du poing en criant de toutes ses forces. Le rire avait disparu. « Laissez-moi sortir ! Ouvre-moi ! Bordel de dieu, AIDEZ-MOI !! ». La voix de Georges n’était plus qu’un hurlement suraigu et hystérique. Il tambourina de nouveau la porte malgré ses poings endoloris, mais la tête commençait à lui tourner. Sa voix lui parut déformée, comme sur une lecteur cassette de mauvaise qualité. L’horreur fut à son comble quand il regarda sa seule issue se briser devant ses yeux comme du verre blanc, l’abandonnant dans cet océan cotonneux aux intentions manifestement malveillantes. Les yeux sur les murs se mirent à tournoyer à une vitesse folle et, encerclé par ces regards diaboliques, il finit par perdre conscience.
Quand il ouvrit les yeux, il se trouvait sur un siège. Tout ceci n’avait été qu’un mauvais rêve, un fantasme, ou peut-être une hallucination. Tout semblait pourtant si réel… Ses membres lui faisaient atrocement mal, et il était incapable de bouger ne serait-ce que le petit doigt. Tout mouvement lui était interdit, mais il n’aurait de toute façon pas su quoi faire en de pareilles circonstances. Ses yeux s’habituèrent peu à peu à la pénombre. Il ne comprenait toujours pas ce qui se passait - fantasme ou réalité ? Quoi qu’il en soit, ce qu’il voyait ne laissait rien présager de bon pour son futur. Et encore… Il ignorait que le pire était à venir, et que d’indescriptibles événements le mèneraient aux bords de sa folie puis le pousseraient à commettre l’indicible.
La pièce était vide. Georges n’y trouva pas même une chaise, ni même une couverture ou un coussin. Hormis lui-même, il n’y avait rien. Sauf ses cris qui résonnaient, le martèlement de ses poings contre la porte.
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Ca fait pirouette malhabile, le personnage est complètement à l'opposé de ce qu'il était dans le texte précédent. C'est dommage, ce texte aurait été très sympa s'il n'avait pas été à la suite de Felix.
Commentaire édité par nihil.
ouais j'aurais pas du en faire la suite de félix, ce n'etait pas le cas a l'origine.
Explications détaillées après le III.
je trouve la trame assez fade, mais en meme temps j'ai pas lu le 1.
il restera pas dans mes annales.
Et dans ton anus il aurait il une place ?
Moi j'aimerai bien savoir le genre de texte qu'il y a dans les annales (ou le cul on s'en fout) de Cadarn juste par curiosité. A la vision de ses deux textes, je me dis que c'est le meilleur compliment que nrz ait eu sur ce texte.
Sinon, vous appréciez la photo de ma mère en illustration de cet article ? Hein ? Et encore là elle était contente, y a eu pire.
nihil elle fait du buto ta mère ? (j'aime bien cette photo)
bref, le texte, les descriptions trainent en longueur, c lourd, pour moi c le brouillon de l'histoire, j'aime bien ce blanc obsessionnel, ça change du noir... mais j'aimerai aussi que ce ne soit pas Félix et que l'histoire passe à la première personne par exemple
Quand je cherche une image pour illustrer un texte qui parle de maladie mentale, je me tourne souvent vers Sopor Aeternus (autre exemple : http://zone.apinc.org/article.php?id=841) : un de mes groupes favoris qui fait la musique la plus mélancolique et la plus funèbre que je connaisse. Et l'esthétique est assez inspirée du butoh c'est vrai.
en fait
c'est un texte que j'ai rajouté à la trame "félix" bien après sa rédaction.
A l'origine, je l'ai écrit aux urgences psy ; en fond sonore, il y avait cet individu en chambre d'isolement qui ne cessait de crier.
Et puis, je venais d'achever "le dieu venu du centaure" de P.K.Dick...
ce ne sont pas des excuses hein, mais des explications.
Autant le dire tout de suite : il en est de même pour félix 3 - c'est à dire que quand je l'ai commencé, je ne pensais pas faire une suite à félix. L'idée ne m'est apparue qu'une fois rendu à la moitié...
Enfin, vous verrez bien plus tard, de toute façon, je ne sais pas pourquoi je dis cela. ON dirait mon blog.
Sinon, ce matin, je me suis levé avec un vilain mal de tête, houlala.
Moi j'ai les couilles qui me grattent, je peux faire un blog ?
joue plutôt au morpion
Je vois vraiment pas le rapport avec le premier... Ce texte est interessant par lui même, je pense que c'etait une erreur de le coller à Felix (qui n'a pas besoin de suite).
Juste une question, tu t'es pas relu ou c'est Def qui est entré dans ton cerveau ?
rech.exorciste.cause poss.Def.URGT