Assez rapidement une lueur artificielle qui émanait du centre de l’édifice guida mes pas, la chapelle n’était pas immense. Je débouchai dans la rotonde encerclée de colonnes qui formait le chœur de l’église de plomb. Au moins deux étages me surplombaient, j’apercevais des balcons noirs aux limites de mon champ de vision. Je passais devant des statues de plomb sans forme, des candélabres noirs sans bougies.
La luminosité grise provenait des écrans de contrôle des appareils de veille et d’anesthésie qui entouraient le cœur de la chapelle blindée. Ils jetaient un voile de lumière mortuaire sur l’autel de plomb massif sur lequel reposait le Technochrist. Je m’avançais lentement, détaillant la scène. Il était grand et très mince, un tatouage récent apposé à l’arrière de son crâne rasé. Ses avant-bras étaient amputés juste au dessous du coude, mais n’avaient pas été remplacés par des prothèses. Deux hauts pieds à perfusions en plomb surplombaient l’autel opératoire, des poches y étaient pendues et branchées aux cathéters des veines du pli du coude et de la cuisse. Des électrodes noires étaient posées aux chevilles et à la poitrine, le câblage les reliait aux appareils de veille. L’appareil respiratoire pompait silencieusement de l’oxygène et l’injectait au Christ via le masque à gaz. Une haute croix de métal se dressait derrière la couche du Messie, au fond du cœur.
Lorsque j’arrivai à hauteur de l’autel, je m’aperçus que le Technochrist était mort, probablement depuis plusieurs heures.
Les vaisseaux sanguins superficiels bien visibles étaient gonflés et sombres au travers de la peau couleur craie. Les muscles longs et minces étaient contractés, même les moignons au niveau du coude ne reposaient pas complètement sur la couche, le spasme final les avait maintenu légèrement élevés. La tête était rejetée vers l’arrière, les yeux grands ouverts, totalement blancs.
J’arrachai les câbles et les tuyaux des perfusions sans me poser de questions. Je pointai une lame vers la poitrine maigre du Technochrist. J’enfonçai le scalpel dans un espace intercostal, juste à coté du sternum, dans le muscle durci par la rigidité cadavérique. Puis je me mis à cisailler laborieusement vers le bas, traçant sur la côte un sillon qui me permettrait de la casser. Je poursuivis l’incision parallèle au sternum sur toute la longueur de la cage thoracique, endommageant ma lame sur l’os. Puis je montai sur l’autel de plomb et posai un genou sur la poitrine. Il n’était plus temps de faire dans la délicatesse, il fallait parer au plus pressé, et tant pis pour les lésions irréversibles que j’allais provoquer. Je pesai de tout mon poids sur l’ossature robuste du thorax, et les côtes se cassèrent avec des craquements sourds.
Puis je sautai en hâte au sol et j’entrai de force mes deux prothèses dans l’ouverture sommaire, jusqu’aux poignets. J’écartai brutalement, et en grand, les bords hérissés d’esquilles d’os. Il me fallait de l’espace pour travailler, l’enveloppe n’avait plus d’utilité, elle pouvait être détruite. Je poussai les poumons dans les renfoncements de la cage thoracique et dilacérai les tissus qui entouraient la crosse aortique. Je dégageai les artères sur plusieurs centimètres, clampai sans ménagement le tronc brachial. J’éventrai d’un coup de scalpel la veine cave, rendue énorme par le ralentissement de la circulation, et un sang noir coagulé s’écoula paresseusement de l’ouverture, tapissant le fond de la cage thoracique. Mes ciseaux coupèrent l’aorte, plate et grise, et j’entrepris de suturer la section du vaisseau sur l’ouverture de la veine cave.
Je travaillais vite, sans précautions, passant au travers des tissus qui me barraient le passage, déchirant les fibres musculaires à la volée, arrachant vaisseaux sanguins secondaires et nerfs.
J’appuyai du poing sur le cœur, inerte et froid, pour le vider de son sang et le pousser dans le nouveau réseau sanguin que je créais. Je fracassais du cartilage, tout au fond, pour faire passer un vaisseau que je reliai au système pulmonaire.
Ce n’était plus le Christ, ce n’était plus un homme, mais un simple assemblage d’organes, de vaisseaux noircis, de muscle rigide. Un réseau de tuyaux, une nasse nerveuse couplée aux os, des articulations maintenues par des tendons. Le dysfonctionnement pouvait être réparé, la machinerie relancée. Plus de souvenirs ou d’émotions, juste un tas de viande et d’os, de la tuyauterie défectueuse qu’on pouvait réarranger. J’allais relancer la machine, coûte que coûte. Le Messie ne pouvait disparaître ainsi.
Je ne baissais pas les yeux, mon regard était toujours dirigé vers le haut. J’étais fasciné par l’opacité de l’obscurité. Mon regard suivait les aspérités dures de l’architecture antique.
J’avais maintenant les deux poings plongés dans le sang noir et huileux, il ne m’était plus possible de voir où mes instruments de chirurgie travaillaient, mais je n’en étais plus là. J’en appelais au silence et au vide, à l’imposante présence du Dieu-néant. Je demandai l’appui de toutes les entités souterraines en serrant les dents. Je ne savais plus ce que je faisais, je tranchai à tort et à travers, suturant au gré du hasard. Une lourde traînée de sang coula de la poitrine, le long de l’autel.
Je donnais des grands coups dans le cœur pour faire redémarrer le système hybride et absurde qui se créait. Non, il fallait aller plus vite, plus fort. J’étendis l’ouverture jusqu’aux clavicules, que je démolis de mes lames ébréchées. Je découpai la peau de la gorge de mes ciseaux, déchirait la sous-couche musculaire d’un geste pour trouver les carotides. Je ligaturai la trachée, qui ne servirait plus à rien et dégageai les carotides sans prendre le temps d’éliminer les tissus qui s’y accrochaient.
Je commençais à haleter, la noirceur du plomb contaminait mon champ de vision, je ne me contrôlais plus. Mes prothèses chirurgicales tremblaient. Je n’entendais plus rien qu’un sourd sifflement dans mes oreilles, et je me sentais donner des coups violents contre la chair cadavérique.
Brusquement, je vis la carcasse du Messie se tendre d’un spasme interminable, sa poitrine ouverte se soulever. En une seconde mille images déchirèrent mes pensées. Il y a quelque chose. C’est foutu. Nous nous relèverons. Mais non. Atrophie et duplication. Il est ici.
Alors une déferlante de chaleur atomique passa sur moi et le choc me terrassa, me jeta au sol. Nous n’arrêterons pas la pourriture. Déclin, nécrose, démolition, démolition. Des machines, nous ne sommes que des machines. Extinction. Il ne nous entend pas, soulevez-le doucement. Ablation, amputation. Il est vivant, mais il n’a pas l’air de nous voir. Nécrose, démolition.
Je glissai doucement dans les eaux noires du Néant. Tout est terminé. Pas encore. Tout est terminé. Pas encore.
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Mes yeux s’ouvrirent avec difficulté et une douleur brutale me déchira le bras gauche. J’avais du me casser le coude en tombant. Je remuais difficilement, tous mes membres étaient affreusement engourdis. Je poussai d’un revers du poing les câbles et les tuyaux sous ma tête et me redressai. J’étais toujours dans la chapelle blindée, je ne voyais presque rien.
Devant moi, sur l’autel, le cadavre du Technochrist n’avait pas bougé, le thorax et la gorge démolis. Les chairs ouvertes étaient grisâtres, le muscle compact et les vaisseaux noirs. Les moignons des coudes, que j’avais repoussés sans ménagement au cours de l’opération, étaient bizarrement croisés sur le ventre.
Mais la faible luminosité avait changé. Je jetai un coup d’œil sur les écrans de contrôle et je ne vis que de la neige cathodique, et c’était la même chose sur tous les appareils. Je portais mes prothèses devant mes yeux et restai longtemps dans cette position.
Puis je pris la direction de la sortie. L’énorme sas refusait de jouer comme à mon arrivée, et je dus mobiliser mes forces encore disponibles pour le faire reculer de quelques dizaines de centimètres. Un flot de lumière sinistre rampa sur le dallage de plomb du mausolée violé. Je me glissai dans l’ouverture, aveuglé.
Les parages étaient déserts, il n’y avait plus de bruit ni le moindre signe d’une présence humaine. Les corps des fossoyeurs-traqueurs avaient disparu et je n’en voyais plus trace. Plus de dormeurs, plus de brancards poussés par des chirurgiens, plus rien. Autour des escaliers qui menaient à la chapelle blindée, il n’y avait plus que des nuées de mouches qui voletaient et glissaient sur les hauts murs. Je me mis à avancer droit devant moi.
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Je coinçai la pointe d’un de mes scalpels dans l’interstice entre deux blocs de béton, et, d’un coup sec, la brisai. Je procédai de la même manière pour la suivante, et pour toutes les autres, puis pour les ciseaux, les aiguilles, les pinces. Je n’aurai plus besoin de ça.
Plus tard, lorsque je voulus revenir à la chapelle blindée pour accomplir les rites funéraires, je fus incapable de retrouver le chemin. Je ne vis plus jamais personne dans l’Hôpital-Prison, et mon errance absurde dura des siècles. Et des siècles. Et des siècles. Et des siècles.
Même le vrombissement viscéral de l’Hôpital-Prison avait cessé.
= commentaires =
excellent l'autopsie du Christ, bien plus efficace que deux doigts dans la gorge ou du café salé !
Si vous êtes sympas je ferai ptêt un genre de mini-making-of avec un peu de pourquoi et un peu de comment.
Déjà premier truc : c'est un travail de cinq mois et assez intensif, y a plusieurs de mes autres activités qui ont sauté à cause de ça. Pas du boulot de branleur de gnou.
Commentaire édité par nihil.
Tu peux nous donner l'adresse de l'hosto où tu bosses que j'evite à jamais l'arrondissement ? On sait jamais un malaise est si vite arrivé... Vous faites boucherie chevaline aussi ? C'est vous qu'avez le record de France des morts par maladies leusocomyales hein ? rassure moi ste plait, rassure moi ...
en fait on a du changer de raison sociale. Maintenant c'est "temple-abattoir du Val d'Yerres". Ca sonne pas mal je trouve. On fait pareil qu'avant et ça donne impeccable. Sinon on dit "nosocomiales"
Commençons par le commencement:
Dès le début, nihil nous fait plonger direct dans son trip, l'atmosphère est tout de suite trés bien rendue. L'auteur, nous fait rentrer dans son monde, avec des citations d'inspirations plus ou moins biblio/psycho/techno/prophétiques et de flash-backs qui certe cassent le rythme , parfois aux moments ou la lecture se fluidifie et devient agréable.
Bon, comme d'habitude nihil balance tout les mots médicaux qu'il connait, ce qui donne un texte relativement...comment dire...compact. On se bouffe une sorte de mur de mot, enfin là je parle des premières impressions de lecture des deux premiers textes surtout. Mais en fait, je me suis habitué sur les textes suivant.
Pour l'histoire, j'attendais pas vraiment le dénouement avec impatience, je me suis en quelque sorte laissé porter par le texte, qui ressemble autant à de la poésie en prose qu'a une histoire construite (enfin c'est mon avis) Les paragraphes en italiques qui me faisaient un peu chier au début finissent par bien s'integrer au reste du texte. Au début je m'attendais à un scénario vachement moins ambitieux, mais plus ça avançait, plus je me disais : " Mais putain, jusqu'ou il va aller ce con ? ".
Vers le 4eme tome, il y a une déscription d' Intra-cathédrale qui m'a particulièrement plus. En fait ça m'a rappelé ma Cathédrale de chair avec moins de trash et de gore gratuit. Plus "soft" et plus...justifiée que mon texte. J'ai bien aimé les images qui me sont venues en tête en lisant le passage de la maternité.
j'ai senti un relachement à partir du milieu du 5eme texte,(peut être à cause des passages en italiques que j'ai trouvé bien denses dans ce texte...m'enfin c'est pas une certitude.) sur lequel je commençais à lire sans lire, de façon automatique.
Le 6eme opus m'a vraiment plus, parce qu'il apporte enfin une vraie baston et donc un peu d'action sans quoi un débile d'ado attardé, élevé aux clips à 50 images secondes comme moi, ne pourrait s'interresser à une telle rubrique nécrosée.
Le dernier texte, m'a comment dire...mmmh...reposé. c'est une fin "cool", pleine de désespoir distant. On quitte ce monde en douceur laissant le "héros" mariner dans sa merde, mais curieusement on ne s'inquiète pas pour lui...
Une trés bonne histoire.
Nan je connais d'autres mots médicaux, que j'ai pas placés, tels que "spasmophile", "mycose génitale" ou "enculade de pingouin".
... Ben dit donc !!!
Robocop decouvre le technochrist mort alors il l'opère et répare ses organes pour le ramener à la vie. Il se remet petit à petit de ses blessures et quand enfin il est guéri:
David Guetta (technoChrist): Merci Robocop !
Robocop : Enculé ! Tu croyais echapper à ma vengence en etant mort connard ? Crève charogne ! Tu nous fait chier avec ta musique pourrie à la con !
*tuerie sauvage au fil de suture et à l'agrapheuse*
D'un point de vue strictement subjectif, je n'adore pas l'ambiance générale de tes textes mêlant hôpitaux futuristes, techno-inquisition, etc... Du coup, j'ai une désagréable impression de répétition, même si je comprends que tu veuilles améliorer et poursuivre ce que tu cherches à faire dans cette direction-là. En fait, je viens de tout lire à la suite en diagonale, et ceci est ma première impression. J'essaierai de relire un de ces jours, avec plus de concentration et une humeur plus réceptive.
De toute façon, la dernière fois que j'ai tenté d'extraire la substantifique moëlle d'un des textes de cette veine, tu m'as rapidement contredit dans mes conclusions qui, si je me souviens bien, étaient qu'il s'agissait d'une mise en garde contre les tentations alchimiques inspirées par l'orgueil satanique.
Quoi qu'il en soit, ça manque de ragondins, tout ça.
C'est ça, et c'était sur les Révélations apocryphes, que j'ai a posteriori classé dans la rubrique Néo-Inquisition en tant qu'annexe. Ca explique la répétition : la série n'est qu'une sorte d'approfondissement des révélations, le monde reste le même. Je n'ai pas cherché à faire original vis-à-vis de cet univers, je voulais juste aller au bout de ce délire-là.
Il existe un paragraphe quelque part dans la série, qui t'es quasiment adressé, et je crois que tu es le seul lecteur à avoir bénéficié d'une quelconque attention de ma part dans ce texte, le reste je n'ai cherché qu'à me faire plaisir à moi. Lis moins en diagonale et tu trouveras ce paragraphe facilement.
Les interprétations sont diverses et variées et je n'aime pas émettre un jugment précis et définitif sur une oeuvre, quand bien même j'en suis l'auteur. Ce qui tu as pris pour une réfutation formelle de ton hypothèse n'était que l'apport de mon propre point de vue sur les Révélations... Je ne prétendais pas vraiment avoir raison, je donnais juste mon intention. A vrai dire, de tous les lecteurs tu étais celui, et de loin, qui s'était approché le plus près de ce que j'avais imaginé. Après qui a raison, qui a tort ? Je crois pas que cette question est une pertinence en soi.
C'est beau quand les gens se parlent entre eux.
Là c'est spécial, c'est Dourak, faut lui parler en médiéval commun pour qu'il comprenne quelque chose.
alors les 7 épisodes étaient en fait une immense private joke destinés uniquement à Dourak... Bordel les gars, y a le forum et les mini-messages pour çà...
Un paragraphe, ça fait la taille d'un paragraphe, pas d'une méga-série de trente pages, bordel qu'est-ce que tu comprends pas là-dedans ?
Et puis je suis tout éploré, il l'a même pas lu ce connard.
Je développerais peut être ce commentaire quand j'aurai relu le texte, pour rentrer un peu plus dans les détails.
Le fruit est ici arrivé à maturité.
Les Révélations apocryphes(prophète,rebellion,doute et sommeil artificiel,difformité) et Arch nemesis(solitude,hôpital prison, expansion tumorale et chirurgie machinale) se rejoignent ici avec brio. Je dirais que c'est Seth qui suit sa quête au sein de l'hôpital prison d'Arch némésis étendu et projeté à une époque indéfinie.
Il y a des longueurs, ce qui peut être dû au fait que le décor reste assez homogène et que le tout semble très dense à la lecture. Il y a également quelques légères maladresses.
L'ambiance de cet structure en perpétuelle mutation et les ressentis du personnage sont particulièrement bien restranscrits, par moment on ressent vraiment sa douleur psychique et ses mutilations physiques.
Mais par dessus tout je vois là une gigantesque métaphore de la société,telle qu'elle fût,telle qu'elle est et telle qu' elle sera et peut être finira..
Ouais putain... Sur ce coup-là je me la suis bien pété, rien à dire. Durant les six prochains mois je pondrai que des mini-articles stupides de moins de dix lignes et des éditos merdiques, ça me détendra.
Ah tiens un petit rappel amusant à propos de cette rubrique... Je rappelle que j'ai du réécrire quasiment la moitié du texte, parce que je l'ai perdu à cause d'un copier-coller foireux.
J'avais tout écrit, il me restait qu'à corriger et j'ai commencer à séparer mon gros fichier de trente pages en sept chapitres... Et là je sais pas ce que je fous, les chapitres quatre à sept disparaissent, et j'arrive plus à les récupérer. Assez énervé j'étais... Après avoir fouillé tout mon disque avec des programmes de récup de données, j'ai pu remettre la main sur pas mal de passages en italique (ceux de la Néo-Inquisition), mais tout le reste j'ai du réecrire... Les articles 4, 5, 6, 7 ont donc été écrits deux fois. Je crois que pour la plupart la deuxième version est mieux, mais y a des grands passages que j'avais vraiment réussi et qui sont pas aussi bien dans cette version.
C'est donc un petit peu un texte hanté par sa première version morte et oubliée, c'est la classe non ?
c'est toujours dans ces moments là, apres avoir passé 3 plombes à tout refaire qu'on retrouve dans un coin la version initiale qui n'a jamais été effacée en réalité... Et tu sais que Jean Claude Briali peut faire un best seller rien que de ton anecdote ?
Brialy c'est un putain d'ancien tortionnaire nazi en fuite caché sous un pseudonyme ridicule, il ne trompe personne.
Et j'ai pas passé trois plombes, j'y ai passé trois semaines.
C'est pas pasqu'on couche avec l'ennemi qu'on merite d'être tondu sur la place publique
Ca fait un mois que je relis les 7 épisodes dans tous les sens, je serais prêt à soutenir une thèse dessus, mais je n'ai pourtant pas la moindre foutue idée de quel paragraphe peut bien contenir une allusion personnelle à mon intention. Ni boudin, ni pape Sylvestre. Et je n'y ai retrouvé mon chien nulle part. Depuis quelque jour je me réveille la nuit en me demandant si ce n'était pas une plaisanterie. J'abandonne, j'ai besoin de sommeil, pauvre dormeur que je suis.
Pour le reste, disons que je patauge comme tout le monde (enfin, je crois) quant à l'interprétation métaphysique du machin. Mais je suppose que tu vomis toute métaphysique, ô nihiliste. Les allusions alchimistes me semblent ici anecdotiques et n'être là que pour assurer le lien avec le texte précédent, de même qu'Hécate et ses caniches, dont mon chien ne voudrait pas comme petit-déjeûner, soit dit en passant. On ne comprend rien à tous ces Christs et ces Messies oints par des boeufs. C'est affreux, on dirait de la poésie. Tout de même, on ne peut s'empêcher de s'étonner qu'un athée écrive autant sur de tels sujets.
Ce qui me rassure, c'est qu'on comprend très vite que ça ne peut pas être le christianisme qui est ici visé. Une religion qui n'est qu'un gigantesque appel à l'Eveil n'a bien sûr rien à voir avec cette néo-inquisition qui cherche à maintenir la léthargie. Une fois qu'on a compris ça, on respire mieux, et on peut poursuivre la lecture sans dégoût.
Bien sûr, c'est bien écrit, on sent que tout cela t'a pris du temps, même si certains passages donnent l'impression d'un relâchement. Mais j'ai surtout cru sentir ça dans les rapports des inquisiteurs, et une telle évolution peut refléter la désagrégation du système et la panique des auteurs de ces rapports. Pour le plaisir de pinailler, signalons qu'au début du texte j'ai relevé que 'machine impersonnelle' me semble relever du pléonasme, et que 'relié à un relais' sonne peu agréablement. D'autres ne seraient sans doute pas d'accord. Ensuite, je n'ai plus rien relevé de semblable, mais j'y étais peut-être moins attentif. On aime ou pas l'omniprésence de vocabulaire médical, mais il faut bien reconnaître que ça se justifie parfaitement.
"Si vous êtes sympas je ferai ptêt un genre de mini-making-of avec un peu de pourquoi et un peu de comment."...
C'est surtout le 'pourquoi' qui me tracasse. Parce qu'on se contrefiche que ce soit le colonel Moutarde dans la cuisine avec le chandelier vers 4 heures du matin, n'est-ce pas ? Toute l'arnaque fondamentale de 'cluedo' c'est cette absence de 'pourquoi' du début à la fin.
Putain en plus il faut lire !
étonnant comme sujet, vu que j'ai pas lu les précédents épisodes, mais là le narrateur on dirait un étudiant en médecine, est-ce lui ou l'auteur qui tente de réanimer le coeur d'un judéo-crétinisme moribond... en le détournant, évidemment... intéressant...
Technochrist ? c quoi ce concept ? et pourquoi il est mort ? réponds pas si mes questions t'emmerde, de toute façon tu écris pour toi non ?
"imposante présence du dieu néant" c'est un pléonasme aussi non ?
très imprégné de judéo crétinisme donc ce texte je me répète... mais pourquoi pas ! plutôt bien écrit en plus.
Citation 1 :
"Technochrist ? c quoi ce concept ? et pourquoi il est mort ?"
Citation 2 :
"j'ai pas lu les précédents épisodes"
Tente de conclure par toi-même, ma petite mongolienne.
tss tss pas bien ça de se moquer des défavorisés de la nature
la différence entre moi et toi ?
c'est que moi ça se voit c'est tout...
bon allez je va aller te lire comme ça je poserai plus de questions mais je ferai pire j'y répondrai ...
Dourak, un texte à propos du sommeil permanent qui t'empêche de dormir, je trouve ça plutôt pas mal moi...
Voici un extrait du paragraphe en question :
"Ma vie avait un sens. Je devais en être convaincu. Ce n’était pas parce que je n’entendais plus le Christ qu’il n’existait pas. J’avais la foi et elle me maintiendrait en vie. Je ne me laisserais pas ainsi exclure de la bataille qui germait sous l’exode des contaminés, je tâtonnerais dans l’obscurité jusqu’à trouver ma voie. Je ne comprenais pas ce qui se passait, je n’étais qu’un pion jeté dans un jeu qui le dépassait, un pantin dans la tourmente de l’Histoire, mais tant que je vivrais, mon bras serait au service du Technochrist."
Ce genre de réflexions n'a normallement rien à faire dans un de mes textes, car franchement antithétique à ma pensée... Mais l'histoire avait besoin de ça, et même si ça m'a fait mal au cul, je l'ai écris... Je me suis dit que quand tu le lirais, tu me le citerais en six exemplaires et que tu le trouverais formidable... Alors où est le bug, putain de ta mère ? T'as renié Dieu c'est ça fils de pute ? T'as rejoint le rang de ces infidèles et athées gangrénés par le doute et le jmenfoutisme ? Hein gros gland ?
Pour le reste en vrac : les allusions alchimiques ne sont effectivement qu'anedcdotiques pour faire le lien avec les révélations apocryphes, sur ça t'as raison. Le christianisme est directement visé, l'ensemble des religions et des systèmes aussi, et même les vélléités de révolutions et renversements. Quand au pourquoi de ce texte... Si quelqu'un a une idée, je suis preneur.
Commentaire édité par nihil.
Si ça peut te rassurer, je suis intimement convaincu que certains lecteurs, même sur la zone, sont capables de comprendre que tous les personnages n'expriment pas nécessairement la pensée de l'auteur, a fortiori quand les personnages se contredisent.
De manière générale, si quelqu'un a une idée, je suis preneur aussi. Je prends un ticket.
00h32
!
Putain, je suis enfin arrivé à tout lire !
Bon, je ne te ferai pas un commentaire composé comme ceux d'aka car j'en suis bien incapable. J'ai lu les sept épisodes sur deux jours, et je vais te faire part de mes impressions sur le tout.
Tout d'abord, mes félicitations sur l'univers dans lequel se déroule l'histoire. Il est cohérent, fouillé, crédible. Il m'a fait moi aussi penser à celui d'arch-némésis (par contre je n'ai pas encore lu les révélations apocryphes). Comme disait je ne sais plus qui, l'hôpital-prison est un personnage à part entière du récit et ça, c'est très bien trouvé.
Je n'ai pas été gêné par les nombreuses descriptions, au contraire : ce texte est très expressif visuellement parlant, on a une multitude d'images qui se forment au fur et à mesure de la lecture. Moi qui suis très réceptif à cet aspect, j'ai été plus que satisfait. Et en effet, In Slaughter Natives est une très bonne musique d'ambiance ^^
Je n'ai pas cherché durant ma lecture à trouver les implications philosophiques/métaphysiques/sociologiques/religieuses, c'est le genre de choses qui m'échappent totalement dans un texte. De plus, dans ce genre d'interprétations, je considère que chacun voit midi à sa porte : je ne vois pas d'intérêt à apporter une interprétation supplémentaire.
Rien à dire au niveau du style ou de l'écriture : l'histoire est tellement originale et bien décrite que j'en deviens beaucoup moins pointilleux sur les fautes de style. L'usage de vocabulaire médical n'a rien de gênant et est même nécessaire à la compréhension du texte.
Bravo à toi, c'est pour le moment ce que j'ai lu de plus captivant sur la zone. Je crois que je vais utiliser mon temps libre à parcourir les différentes rubriques de la zone, héhé.
merci à toi pour ce grand moment de lecture.
De rien, de rien... En fait, plutôt qu'une critique directe de la société, c'est surtout un genre de délire paranoïaque grandeur nature. Comme si le dernier des fous furieux victime d'un complexe de persécution était finalement un putain de visionnaire.
Commentaire édité par nihil.
Suite à la perte facheuse du commentaire fleuve que j'avais tapé sur feu mon disque dur, je t'en fais un nouveau, A CAPELLA, en zoom progressif.
Le style, d'abord. Pas besoin d'ergoter à ce sujet, c'est du nihil, le seul mec qui parvient à me faire visualiser complétement des décors apocalyptiques un tant soit peu crédibles pendant 40 pages, sans que je trouve ça outrancier et ridicule. Le passage dans l'Intra-Cathédrale m'a carrément botté, ainsi que, par exemple, l'image de la tête de gnou qui déforme le mur. Cette idée de mélanger à la fois fixité (murale) et mouvement (organique), c'est génial.
Le contexte, ensuite. Là je me couche. T'as réussi à créer un univers à la fois dense et cohérent, sans toutefois te laisser entraîner dans des délires de justifications. Tout se tient sans que tu aies à approfondir à fond l'histoire de l'Hopitâl-Prison et de ses habitants, et pour ça respect éternel et cunilingus auriculaire.
(En même temps, on pourrait penser qu'un développement complet aurait pu alourdir un texte de taille déjà conséquente, faire chier le lecteur, et être à l'origine d'incohérences dues à l'inattention, mais un développement ultra-fouillé, point n'y en a, donc je me tais).
Un reproche néanmoins que je pourrais te faire, et qui, je crois, a déjà été mentionné par Aka, concerne tes velléités de développer certains points avant de t'en détourner brusquement.
J'explique : le narrateur remarque un détail, le décrit, fatalement le lecteur s'attend à une explication, et puis non en fait, le héros repart. On reste avec cette interrogation : "mais c'est quoi ce truc ?", puis on se dit : "bôf, tant pis, ce sera développé plus loin", mais arrivé à la fin, toujours pas d'explication. Frustration. Pendaison avec un cintre. Mort du lecteur.
J'ai pas d'exemple précis.
On comprend aisément que tu n'aies pas envie d'encombrer le récit de "détails" pas forcément essentiels à l'avancement du récit, mais quand même. Il y a que.
TROIZIEMME POUAINT : DU PERSO QUI FAIT DE LA NATATION, DIT AUSSI "DU PERSONNAGE".
C'est sans doute à ce niveau que la rubrique péche le plus, m'est d'avis. J'ai trouvé certains revirements un peu brusques, dans la psychologie du héros, un peu inexpliqués aussi. Ce qui m'a le plus frappé, c'est le moment où le héros se met en quête du Technochrist. Cette sorte de fanatisme soudain, ça m'a fait me demander "euh". C'est jamais bon, ça.
Alors, je peux comprendre, (il pense que) le Technochrist lui a en quelque sorte sauvé la vie, mais de là à mener une djihad contre les régisseurs de la société de l'Hôpital-Prison et les prêtres-chirurgiens... Je sais pas, je suis tout empli de septiscime. Il faut arranger ça, avec un scalpel par exemple, ou alors avec une explication.
En revanche, j'ai trouvé tous les personnages secondaires très réussis, avec un petit bémol pour l'Inquisiteur déchu. Je sais pas, il m'était pas sympathique, ce gros con. Les mille martyrs et leur histoire, j'ai adoré. Les prêtres chirurgiens, inaptes ou non, c'est pareil. Les dormeurs, endormis ou marcheurs, qui cherchent à démolir les murailles qui s'opposent à leur exode, c'était jouissif ça.
Enfin, toutes les scènes marquantes, super visuelles, comme susdit. Je vais pas toutes les citer, mais c'était génial. Tellement génial que j'ai pas envie de lui chercher un sens, à cette rubrique. Enfin c'est beau, c'est vaste, MERDE, même malgré les tout petits bémols.
Bravo.
N'insiste pas, tu n'auras pas de 10 sur 10.
Ok, on comprends pourquoi c'est le boss.
Je ne sais trop pas quoi dire de cette fin. Très étrange en elle-même. Très directe à mon goût, aussi, tout demeure encore quelque peu mystérieux, j'aurais aimé savoir ce qu'étaient les manipulateurs dans l'ombre, les réels enjeux qui les poussèrent à créer un technoChrist. Il y a aussi comme une sorte de critique implicite envers le fanatisme religieux, cet endoctrinement inconscient (de ce que je peux en juger, ça n'engage que moi).
La description de l'opération est parfaitement réussie, malgré mes faibles connaissances en ce domaine, il y a vraiment de fortes images renforcées par cette aspérité noire, tuméfiée. C'est une totale réussite, ce mélange entre religion, science, et paranormal. Jouissif et vraiment agréable à lire.
Tout ça se finit de manière très spéciale, brutale et floue. c'est toutefois très cohérent depuis le début, malgré quelques détails que j'aurais aimé connaitre, c'est néanmoins une rubrique qui m'aura marqué, vraiment captivé, ce fut une de mes meilleures lectures.
Tiens : http://zone.apinc.org/forum/index.php?topic=2583.0
Et merci pour les commentaires, j'ai un peu du mal à être d'accord avec les louanges vu que ça fait genre deux ans que je bosse sur une version nettement améliorée, mais merci.
Pas de quoi, vraiment, merci pour le lien.