Je vagabondais au hasard des coursives plombées d’un dédale inhumain. Cette métropole tentaculaire allait s’ouvrir devant moi comme un fruit trop mur. J’allais la traverser de part en part sans me soucier d’obstacles, et je rejoindrai le Messie qui me hurlait ses incantations. J’allais venir à cette entité nucléaire qui régnait sur l’inconscient de tous les esclaves du monde. Je serai son bras armé dans la lutte implacable qui l’opposerait à l’ordre ancien, moi le Prophète-Monstre des légendes interdites.
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J’avançais sans pouvoir croire ce que mes yeux voyaient.
Je venais de pénétrer dans l’immense sanctuaire malade Sainte-Hypnocodéine, la titanesque intra-cathédrale agonisante. Mon exode aveugle m’avait porté dans les ruines tumorales de ce qui avait été le plus grand centre religieux de l’histoire de l’Hôpital-Prison, aujourd’hui désaffecté et abandonné. Je déambulais dans ses décombres cancéreux encore agités de vie convulsive.
Par endroits, le pavé ou les arcades s’enflaient de boursouflures anormales. Des piliers s’atrophiaient, des escaliers s’arasaient et c’était comme si des bâtiments entiers se vidaient de toute substance pour laisser place aux empilements anarchiques de structures. La plupart des endroits étaient rendus inaccessibles par la prolifération absurde et je devais circuler entre des pans d’édifices indéterminés qui avaient poussé à tort et à travers.
Je passais dans des nefs imbriquées les unes dans les autres sans la moindre symétrie, aux ramifications vertigineuses et aux voûtes démultipliées à l’infini. Des transepts en coupe s’étaient implantés dans tous les sens, des demi-chapelles naissaient à mi-hauteur dans le dallage ou entre les arcades cancéreuses. Les rosaces étaient murées de fragments de dallage ou de statues atrophiées. Au détour d’escaliers mycéliens, ma course était brisée par des façades terriblement chargées, et mes lames glissaient sur les visages sans traits de multiples statues de saints coagulées en foule effrayante.
C’était comme si l’Hôpital-Prison avait décidé de construire encore et encore sur ce même site, agglomérant des structures là où il trouvait de la place, sans attendre que les bâtiments d’origine soient effacés par la ruine. Les hernies architecturales atteignaient par endroits des proportions titanesques, c’étaient des tumeurs irréductibles qui se développaient d’heure en heure, lançant des alignements de colonnes brutes et de voûtes à l’assaut des environs, vomissant des pans de chapelles boursouflées pour englober les structures saines.
Les restes de l’intra-cathédrale avaient débordé sur les quartiers alentours, les incluant bizarrement dans des nasses de structures religieuses. L’ensemble du sanctuaire déserté prenait désormais les proportions d’une ville, on pouvait y errer des heures durant sans jamais trouver d’issue.
Ici le fracas de salle des machines de l’Hôpital-Prison était plus terrible qu’ailleurs, accompagnant l’activité forcenée de renouvellement et de construction. Des tremblements souterrains faisaient pleuvoir des traînées de scories des murs. Parfois le vrombissement atteignait une intensité qui me mettait à genoux et manquait me jeter dans l’inconscience.
Sainte-Hypnocodéine était une exception dans les quartiers centraux de l’Hôpital-Prison, elle devenait par endroits aussi hostile que la lointaine périphérie, là où les structures s’aggloméraient en tentacules qui réordonnaient le milieu externe en nouveaux quartiers.
Lors de ma rééducation, on m’avait inculqué quelques notions sur ces zones légendaires extraordinairement lointaines. Là-bas les édifices se dupliquaient à l’infini autour d’avenues vastes comme des plaines. Les parois secrétaient une toxine corrosive pour attaquer la roche du milieu externe et les immeubles cyclopéens s’entre-dévoraient. Rien n’était à l’échelle humaine, les structures verticales étaient immenses et percées d’aucune porte. Personne ne pouvait revenir vivant de là-bas, ces lieux étaient possédés, pris d’une frénésie d’auto-évolution. Des quartiers entiers s’enfonçaient comme des lames dans le milieu externe et se ramifiaient.
Tout être vivant succombait en quelques jours à l’intensité du fracas, s’abattait les tympans crevés, du sang coulant des oreilles. Il y avait aussi le danger des cloisons qui s’abattaient, des bâtiments qui naissaient sans prévenir, on risquait à tout instant de se voir englouti dans une faille qui s’ouvrait sous vous. La périphérie de l’Hôpital-Prison était invivable et le resterait pour des siècles. Elle ne serait colonisée par des humains que dans un lointain futur, quand la ruine aurait réduit les structures centrales de l’Hôpital-Prison en un gigantesque noyau de poussière.
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Voici nos dernières conclusions. La maladie du rêve est en réalité un cas de possession fantomatique classique. Des spectres pathogènes envahissent (physiquement et mentalement) le patient et prennent le contrôle de son organisme et de son psychisme. Nous cherchons de toute urgence une procédure d’exorcisme pour venir à bout de cette infection fantomatique.
Au détour d’une nef colonisée par des statues sans visage, je tombai sur les préparatifs d’un chantier de grande envergure. La Néo-Inquisition avait semble-t-il décidé de réhabiliter une partie de l’antique intra-cathédrale pour construire un nouveau centre religieux. Au cours des âges les intra-cathédrales avaient toujours été bâties sur les mêmes sites, empilant encore et encore des structures sur des ruines anciennes. Ici le travail allait être compliqué par la nature cancéreuse des lieux. Les chirurgiens de la Néo-Inquisition allaient devoir assainir les environs sous peine de voir leur travail systématiquement altéré par des percées tumorales. Je passais entre des échafaudages vertigineux dressés contre des façades pathologiques.
Dans l’ombre, des nuées de chirurgiens attendaient leurs ordres. Ils ne manifestèrent aucune réaction à ma présence, comme toujours.
Tout était immobile le long de ma route, les travaux semblaient arrêtés depuis longtemps. Je passais devant des parois encore vierges de bas-reliefs, des demi-pylônes dont émergeaient des poutrelles métalliques, rien n’était achevé. Le chantier semblait même se laisser déborder par des structures anormales, des hernies de béton pointant sous le pavé, des murs se déformant sous la poussée d’éléments cancéreux.
Je contournais le squelette métallique d’une chapelle pour tomber sur le centre névralgique de la future intra-cathédrale, ce qui serait le cœur de Sainte-Hypnocodéïne. Des chirurgiens dressaient des rangées symétriques de hautes statues. Ils sculptaient le béton brut de leurs scalpels, avec une vitesse inouïe, levant des volutes de poussière blanche. L’édification des statues commençait par une simple armature de plomb, reproduisant à la perfection un squelette humain. Puis les chirurgiens ajoutaient des muscles et des tendons sculptés dans le béton, les suturaient un à un à l’ossature noire. Ils implantaient des viscères délicatement ajourés dans la cage thoracique et dans l’abdomen. Puis ils recouvraient la statue d’une mince couche grise pour la peau et la sculptaient. Ensuite ils rajoutaient les vêtements, selon la même méthode. On aurait ainsi pu déshabiller chaque statue, une couche après l’autre, jusqu’au squelette.
Pour une raison indéterminée, aucune statue n’était achevée, les chirurgiens n’attendaient pas d’avoir totalement terminé une épaisseur avant de commencer la suivante. Je passais devant une statue dont les membres inférieurs étaient terminés, déjà recouverts de vêtements de béton. Plus haut le ventre montrait un amas d’intestins gris et granuleux, reproduits à la perfection, et la cage thoracique noire était exposée. On ne voyait que l’ossature des membres supérieurs et la tête manquait.
Les statues faisaient trois à quatre mètres de haut, elles étaient toutes dans la même position : de face et les mains de chaque coté de la tête. Les avant-bras de toutes les statues étaient remplacés par des reproductions de prothèses chirurgicales, identiques aux miennes. Les traits du visage étaient toujours laissés à l’état brut pour symboliser la dépersonnalisation et l’attrait du néant.
Je passai devant un chirurgien en train d’implanter délicatement une sculpture de fœtus difforme, hallucinante de réalisme, dans l’utérus de béton d’une Sainte-Mère des Douleurs inachevée.
Les rangées de statues convergeaient vers un immense cratère, au centre du sanctuaire. C’est là qu’allait être implanté un relais la conscience collective de l’Hôpital-Prison, le plus important qu’on n’ait jamais conçu. C’était ces monstrueuses machines-usines qui recueillaient toutes les informations des appareils de contrôle des dormeurs et réglaient les injections, modulant ainsi le statut religieux et physiologique de toute une population.
Elles n’étaient pas que de simples mécanismes, la vie et la mort de l’Hôpital-Prison dépendaient de leur intangible volonté. Elles étaient les consciences mécaniques de Dieu sur terre et servaient de conscience collective pour l’Hôpital-Prison. C’était finalement elles, plus que le Seigneur lui-même, que l’on révérait.
Les chirurgiens allaient diriger la greffe de la Déité-machine comme une opération chirurgicale. Les pinces et les scalpels seraient remplacés par des engins et des treuils, mais les méthodes seraient identiques, la procédure était la même. Puis durant quelques semaines ils surveilleraient la bonne cicatrisation du dallage autour de la Déité-machine, vérifieraient que la greffe prenait bien.
Enfin le sanctuaire blindé serait refermé et scellé à tout jamais. La Déité-machine gronderait dans la pénombre, veillée par des légions de statues sans visage. Plus personne n’aurait le droit de pénétrer dans le sanctuaire jusqu’à ce qu’il soit désaffecté, dans des siècles.
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Inquisiteur Hagarash Rougeroche, le Rêve - récapitulatif de l’état de nos connaissances.
Dans un premier temps, les symptômes du Rêve sont presque indiscernables : légers mouvements, sommeil fébrile, roulement des yeux sous les paupières. C’est pourtant lors de cette première phase que le psychisme est infecté et que nous perdons le contact avec le malade. Le conditionnement de la Sainte-Inquisition est brisé, il devient insensible aux injonctions chimiques. Il devient à proprement parler un rêveur : les fantômes qui le possèdent parasitent son psychisme de leurs propres souvenirs et de leurs émotions. Ils instillent ainsi dans l’inconscient du malade des visions hérétiques, emplies de vérités contraires aux enseignements de la Sainte-Inquisition.
A un stade plus avancé les fantômes se répandent dans l’ensemble de l’organisme par septicémie (propagation par le sang). A bien des égards, le patient n’est plus simplement un rêveur mais un somnambule. Il tire sur ses sangles, tente de se libérer, se débat, gémit beaucoup et crie parfois. Il est également victime d’atroces crises de convulsions, qui semble être le signe que l’emprise des fantômes se resserre. C’est durant cette phase que les virus prennent le contrôle du Rêveur.
Comme nous l’avons précisé précédemment, le seul traitement connu à ce jour était la lobotomie. Son application rend au patient l’inconscience totale, il cesse de rêver, mais l’infection n’est pas réduite et le dormeur reste contagieux : précisons une nouvelle fois que les fantômes sont bel et bien des virus qui se répandent dans l’organisme comme n’importe quel autre pathogène et sont transmissibles d’un dormeur à l’autre. Cette contagion n’est pas abolie par la lobotomie.
Nous sommes actuellement en train de mettre au point une procédure d’exorcisme chirurgical qui devrait guérir entièrement le rêveur et empêcher la contagion. Le mode opératoire de l’exorcisme chirurgical sera transmis aux Déités-Machines qui l’inculqueront aux prêtres-chirurgiens dès que possible. Ceux-ci entreprendront immédiatement d’exorciser les populations de rêveurs. Nous espérons qu’il n’est pas trop tard et que les prêtres-chirurgiens ne seront pas débordés par le nombre de rêveurs, qui croit de façon exponentielle.
Nous vous tiendrons au courant des implications de ces découvertes dès que possible...
A nouveau je les sentis m’appeler, et les chocs convulsifs me mirent à genoux. Les mille martyrs se rappelaient à mon souvenir et je me plongeais dans un recueillement intense. Je priais tous les saints pendant qu’ils me bombardaient d’anathèmes. Rapidement leurs voix multiples firent voler en éclats ma béatitude et les convulsions me soulevèrent de terre.
Je m’avançai douloureusement jusqu’à la paroi massive qui me faisait face, poussé, aiguillonné comme une tête de bétail. Je caressai le visage informe de la statue qui me faisait face, greffée dans le béton, et elle me communiquait une terreur bestiale par simple contact. Je la voyais auréolée d’écarlate, et c’était comme si toute la paroi se mettait brutalement à ruisseler d’un sang brûlant. Je sentais la colère monter en moi au même rythme, une colère infernale. Mes lames s’enfonçaient par à-coups dans les yeux à peine esquissés du saint de béton. La paroi irradiait d’une rage sanctifiée déchirante.
Des gravats de béton pleuvaient sur moi tandis que je broyais la tête de la statue, dévoilant un hideux crâne de plomb informe. Et les mugissements primaires résonnaient en moi et tout autour de moi, je sentais mes articulations se tendre et mon cœur se serrer, et durant quelques instants mon champ de vision se referma comme un diaphragme. Une nouvelle convulsion interminable me jeta à terre.
Il fallait que je trouve l’origine de cette chaleur nucléaire, de ces voix inhumaines qui me harcelaient. Je me mis à glisser le long de la paroi ouvragée, cet enfer vertical hanté de statues de béton. Elles étaient trop nombreuses, fondues les unes dans les autres. Elles émergeaient de la paroi, tendant leurs doigts de béton vers moi. Le sang battait à mes tempes et des incantations animales s’élevaient dans tout mon être, m’emplissant de vagues de panique. Je commençais à avoir l’impression que les statues n’étaient pas tout à fait humaines, elles avaient des bras en trop, des articulations multiples, des sabots au bout des poignets, je me heurtais à des troupeaux compacts de personnages modifiés, de plus en plus difformes. Je les saisissais par le cou et les arrachais de leur logement, je creusais à coups de griffes dans le béton désagrégé, mais ma furie aveugle ne menait à rien, la paroi était trop épaisse et je me perdais dans des nœuds de poutrelles métalliques saillantes. Je ne pourrais traverser l’obstacle, il me fallait le contourner. J’encaissais les convulsions les unes après les autres, mais je refusais de me laisser abattre.
Il y avait quelque chose de monstrueux là derrière, une présence sainte hors de contrôle qui enflait chaque seconde un peu plus. Ils m’appelaient, ils m’appelaient.
J’avais suivi la paroi jusqu’à trouver une brèche, un éboulement qui donnait sur les cryptes de Sainte-Hypnocodéine. Je suivais la voie que mon organisme me dictait, et c’était comme si tout mon être se ruait de l’avant. Les Lois de la Dissection résonnaient à mes oreilles alors que je m’enfonçais dans la pénombre. Je me récitais en boucle le nom de chaque muscle, de chaque nerf, je visualisais les embranchements des vaisseaux sanguins et l’agencement des articulations les plus complexes… Mais rien n’y faisait, la rage des mille martyrs couvrait tout, mes pensées étaient réduites à l’état de bruit de fond insignifiant. Ici les pièces devenaient encaissées, basses de plafond. Des issues étaient murées, des piliers effondrés. Les voûtes se faisaient menaçantes, la stabilité des lieux était douteuse.
J’étais en train de remonter les âges, la manie de la Néo-Inquisition de construire ses sanctuaires sur les ruines d’anciens m’entraînait dans l’histoire. Plus j’avançais, plus les ruines obscures me dévoilaient des traits primaires, une architecture étrange et inquiétante. Je débouchai rapidement sur une série de cryptes encaissées entièrement en plomb, piliers, parois, voûtes. J’étais dans un vrai bunker à vocation religieuse, un monastère-forteresse. Je me laissais porter par le courant, je me sentais au centre d’une foule bruissante et vindicative alors que j’étais seul.
Je m’arrêtai à l’entrée d’une pièce plus vaste que les précédentes, et ils étaient là. Il y avait quelque chose d’anormal dans cette salle, les piliers étaient bizarrement érodés, le plomb avait un aspect fondu et les parois semblaient avoir reculé sous l’effet d’une poussée monumentale. Tout était trop lisse, et les angles s’étaient quelque peu estompés. C’est comme si ce lieu avait subi une explosion atomique, en avait retenu toute la puissance entre ses murs.
Il faisait presque totalement noir, mais ça n’avait pas d’importance, je connaissais les lieux mieux que si j’avais toujours vécu ici, et j’avançais dans la pénombre sans hésitation, je circulais librement entre les obstacles sans avoir besoin de les discerner. Les statues que je croisais n’avaient plus rien d’humain, elles n’étaient plus que des masses informes, tourmentées, aux postures bizarres et aux traits effacés.
Entre les piliers érodés s’alignaient des dizaines d’énormes tombeaux de plomb, ceux des martyrs. Ils étaient dans un très mauvais état, des couvercles avaient disparu, des pans entiers des cercueils étaient arrachés, mais bizarrement leur contenu, que j’entrevoyais au détour d’une brèche, d’un couvercle décalé, semblaient intacts.
Les Saint-martyrs reposaient entourés d’antiques instruments chirurgie sacrés dont le fonctionnement m’était obscur. Les corps des Saints étaient grands et massifs, les membres puissants terminés par de lourds sabots. L’échine s’élevait haut et se poursuivait jusqu’à l’encolure puissante. Les traits squelettiques étaient vides d’expression, les cornes étaient épaisses et recourbées. Ils avaient été embaumés avec beaucoup de soin, en posture de repos, les pattes sous le corps. Le cuir glabre, grisâtre, était déposé comme une tenture sur la carcasse. C’étaient des bœufs, des bœufs qui avaient été sacrifiés et canonisés. Ces momies saintes attendaient ici depuis des millénaires, fragiles comme des chrysalides vides, mais toujours vivaces d’une haine atroce et sanguinaire, qui m’avait attiré jusqu’à elles.
Puisque le rêve est une forme de possession fantomatique, que pouvons-nous apprendre sur l’existence et la nature virale de ces fantômes. Nous ne savons rien. Le simple concept de possession présuppose l’existence de consciences contaminantes, il n’existe pas de possession sans revenant. Cela semble évident. Nous avons donc bien affaire à des âmes suffisamment puissantes pour littéralement hanter des milliers de dormeurs. En effet. Existe-t-il des âmes à notre connaissance capables d’une telle puissance. Serait-il possible qu’il s’agisse des mille martyrs. Les mille martyrs ne sont que des animaux. C’est pourtant sur ces animaux que la Sainte-Inquisition a expérimenté les différentes configurations messianiques au cours des siècles passés. Les mille martyrs étaient d’ailleurs sacrifiés immédiatement, à cause du danger potentiel représenté par des bœufs dotés de pouvoirs christiques. Le sacrifice est même la raison de la canonisation des boeufs. Mais les mille martyrs sont morts et enterrés depuis des siècles, rien ne peut survivre au-delà du néant, quelle qu’en soit la forme. Les fantômes existent pourtant bel et bien, puisqu’ils sont à l’origine de cette épidémie. Oui les fantômes existent, mais ils ne sont que des souvenirs qui persistent au-delà des âges, des réminiscences portées par la mémoire des murs, pas des âmes différenciées à proprement parler. Oui, ce mystère doit être élucidé.
Leur présence faisait de moi une foule hurlante, un champ de bataille organique, un charnier intime. Ils s’implantaient directement dans ma chair, je leur servais de milieu pour croître et se multiplier, je n’étais qu’un substrat sans importance. En moi c’était un chaos d’intentions contraires, je ne m’appartenais plus, j’étais emporté dans des furies d’incantations exsangues et d’envolées mystiques qui couvraient tout, des beuglements de terreur et de détresse animale. Les bœufs blancs avaient souffert le martyre, ils avaient été détruits pour le bien de tous, leur martyre s’était perpétuée à travers les âges, et me dévorait. Destins brisés, vies perdues et oubliées. Des désirs de vengeance entrecoupés de bruit blanc montaient en moi, des pulsions d’holocauste global, mettre le monde à feu et à sang au nom de tous les Saints.
On les avait mis à mort. Au fond des temples-abattoirs des ères passées ils avaient été sacrifiés et dépecés par d’obscurs équarrisseurs. La lame d’acier chirurgical était entrée dans leur gorge aux muscles contractés, cisaillant les tendons, traversant les couches musculaires pour atteindre les carotides et les éventrer. Mais je savais qu’avant l’abattage on les avait opérés. Je sentais encore l’ombre de mes frères chirurgiens s’incliner au-dessus de la table, leurs scalpels et leurs pinces jouer. Et c’était cette opération qui avait valu aux animaux blancs d’être canonisés et de reposer dans les plus saints des sanctuaires auprès des Déités-Machines. Qu’est-ce qu’ils leur avaient fait ?
Où en sommes-nous du traitement de l’épidémie. Une première procédure correcte d’exorcisme chirurgical a été inoculée dans la conscience collective des prêtres-chirurgiens. Nous ne pouvons certifier son efficacité, mais l’urgence de la situation ne nous laisse pas la possibilité d’attendre encore. Bien.
Il fallait que je me purge, que je sois lavé de ces présences saintes qui me hantaient. Ma rééducation chimique me fournirait la volonté nécessaire pour m’extraire quelques instants du contrôle parasitaire et suivre la procédure sans flancher. J’étais possédé, je devais m’auto-exorciser pour me libérer de cette invasion spectrale. Personne ne le ferait pour moi, j’étais perdu au fin fond d’un dédale de cryptes et de catacombes condamnées depuis des millénaires, je ne m’en sortirai pas sans me débarrasser des Saints pathogènes. J’avais été attiré ici contre mon gré par des âmes hérétiques, des martyrs revanchards revenus des âges enfouis. Mais je refusais de tomber dans l’hérésie, je devais me débarrasser de ces âmes impies.
Je passais en revue les détails du rituel chirurgical en me tordant de douleur.
Des troupeaux écumants de folie obscure grondaient en moi, je devais les oublier quelques instants. Laisser passer la crise, reprendre le contrôle. Les effacer de moi. J’étais seul au cœur d’un océan d’obscurité et je me laissais envahir par la puissance du silence.
J’étais à genoux entre les alignements de tombeaux, prêt à commencer. Je faisais le vide pour contenir la marée animale qui me submergeait. J’élevai lentement un de mes scalpels à hauteur de mon nombril, et traçai le signe de croix. Puis je perçais la peau de la pointe acérée. La souffrance physique était atroce et salvatrice, elle ne compliquait en rien mon chaos interne, elle le couvrait. Je fis glisser ma lame de bas en haut, ouvrant la peau. Je commençai à réciter la techno-incantation des morts, les mâchoires serrées.
Seigneur, épargne-moi le cancer de la souvenance. Accorde-moi l’oubli et le vide.
Mais ce n’était qu’un gémissement sans fin, une litanie informe. Je ne saurai jamais parler.
Ma lame remonta jusqu’au sternum sans trembler. L’incision était nette et propre, à part pour quelques gouttes de sang que j’essuyai prestement. J’écartai doucement la peau de mes clamps et j’hydratai les tissus d’eau physiologique bénite. Sous la peau, la couche musculaire frémissante était séparée en son milieu par un sillon fibreux blanchâtre. Je le suivis lentement de la pointe du scalpel, sans appuyer. Je me répétai les étapes de la procédure sacrée, je simulai leur énonciation par des gémissements. Je sentais à nouveau les Saints se presser autour de moi et en moi, me frôlant de leur chaleur animale. Leur présence pathogène, couverte par la douleur, n’était pas encore gênante, mais menaçait de le devenir si j’attendais trop longtemps. Je sentais la présence du Christ près de moi, je plaçai ma foi en lui, je savais qu’il me soutiendrait et ne laisserait pas ma volonté être mise en pièces par les mille martyrs.
J’enfonçai le scalpel et une décharge d’adrénaline me foudroya. Je gémis doucement entre mes dents serrées et poursuivis l’incision. Je m’inclinai doucement vers l’arrière pour éviter que mes viscères ne roulent dans la poussière. La pénombre était maintenant peuplée d’une foule de présences indiscernables. On m’observait, et on chuchotait. Mon regard glissait nerveusement le long des voûtes encaissées, trop lisses, des piliers rongés. Le scalpel remontait peu à peu. Il le fallait. Je devais le faire. Acte de foi, soumission. Je gémissais de mon mieux les prières du Rituel pour chasser la foule cachée.
A nouveau j’ouvris les bords de l’incision de mes écarteurs. Durant une minute qui me sembla durer des siècles, je contemplai mes entrailles qui palpitaient et se tordaient doucement. Je frémis horriblement, les battements de mon cœur s’accélérèrent d’un coup, et mes tempes vrombirent. J’ouvris sans délicatesse le péritoine en retenant mes intestins. Je devais faire vite, le temps m’était compté, déjà je me sentais assailli de pulsions meurtrières que je refoulai en priant plus fort.
Procédure de sacrifice des boeufs opérés. Préparation du matériel et de l’espace de travail.
L’animal est sacrifié au cours de la phase de réveil par égorgement : une ouverture d’environ quinze centimètres est pratiquée perpendiculairement à l’axe de la gorge, les carotides sont ouvertes. Le sang est évacué du réseau artériel. L’animal est ensuite porté sur un croc de boucher, tête vers le bas. Une incision parentérale est pratiquée, puis le diaphragme est percé pour rejoindre le thorax. Les intestins et les organes centraux sont retirés par l’ouverture, et les cavités abdominale et thoracique sont nettoyées jusqu’à exposition de la colonne vertébrale. Les membres antérieurs et postérieurs sont brisés au niveau de genoux et des coudes. Les avant-bras et les tibias sont retirés. Le corps est dépecé et vidé, puis stocké en chambre-froide.
Nettoyage de l’espace de travail.
Je fouillai maladroitement dans la cavité, brisé par des lames de fond de douleur sans précédent, je poussai les lobes du foie sans précaution. Paix et harmonie, à feu et à sang. Les équarrisseurs et les couteaux. Les animaux saints murmuraient des blasphèmes impies à mes oreilles et je sentais déjà mes muscles se contracter des spasmes de la crise. Paix et harmonie. A feu et à sang.
Au fond des temples-abattoirs immenses nous sommes morts.
Au fond des temples-abattoirs immenses nous renaîtrons.
Rien à faire. Rien à faire. Crevé, éventré sur le sol boueux d’une crypte plongée dans l’obscurité, condamnée depuis des millénaires. La faiblesse, mon sang déversé, la douleur infinie me laissaient sur le carreau et je ne pouvais plus rien faire. J’étais en train d’échouer. Amour nucléaire, des chants de rage. L’obscurité m’emporte. Je commence à paniquer, mes mains tremblent. Mes mains n’existent plus, elles n’ont jamais existé.
Alors je vis les mille martyrs se lever de leur tombe tout autour de moi, une de mes mains passa accidentellement au travers du diaphragme, me faisant immédiatement suffoquer. Les animaux s’ébrouaient, donnaient de la corne contre les parois de plomb qui les retenaient encore. Leurs yeux cachés sous des couches de cuir coagulé, me cherchaient, les Saints se tournaient vers moi, portés par leurs membres squelettiques. Et ils irradiaient d’une colère insoutenable. Mon champ de vision s’obscurcit par à-coups alors que ma bouche grande ouverte cherchait de l’air.
Je basculai, m’effondrai de coté en vomissant du sang, les deux avant-bras plongés dans mes entrailles.
Et j’étais seul à nouveau. Le silence m’accompagna dans les limbes de l’inconscience. C’est l’aura chaude et rassurante du Christ qui m’accueillit, alors que même les mille martyrs s’étaient tus. Et je m’endormis doucement, bercé par la voix chaude du Messie.
J’avais passé mon existence entière sous les scialytiques aveuglants, inconscient et prisonnier. On m’avait maintenu enfermé entre ces murs maudits. On m’avait élevé en batterie auprès des miens, des machines à forme humaine avaient pris soin de moi. Des sondes et des perfusions m’avaient maintenu en vie jusqu’à l’âge adulte. On m’avait alors entraîné sur un brancard vers une blasphématoire manufacture d’animaux saints où s’alignaient des centaines de tables d’opération. On avait modifié des choses en moi et j’avais accédé à d’autres champs de réalité, où on n’existait moins sur le plan somatique qu’en esprit. Mon âme s’était élevée vers des hauteurs inconnues. Et puis on m’avait emmené vers un tentaculaire temple-abattoir où m’attendaient les équarisseurs aveugles. On avait placé mon brancard dans la file. Quand on m’avait poussé jusque dans l’enceinte du temple, on avait passé un scalpel sous ma gorge et mon sang sacré avait jailli. Incapable de me débattre et pris d’une détresse sans nom, je m’étais laissé porter jusqu’aux alignement de carcasses déjà évidées. Au centre rouge d’un semi-chaos de meuglements étouffés et de convulsions ralenties par l’anesthésie on m’avait suspendu à un croc de boucher, et j’étais resté là, à me balancer dans le vide en attendant le coup de grâce.
Le temple-abattoir s’est éteint et les formes noires des équarrisseurs se sont fondues dans la pénombre. J’ai continué à attendre ma fin et à gronder ma détresse. Les siècles ont passés. Les siècles des siècles. Ma rage n’a plus de bornes et contamine les alentours. Je continue à me balancer lourdement dans le vide en essayant de me décrocher.
Nous descendons d’une longue lignée, qui a un jour connu la Surface. Notre peau n’a pas toujours été si glabre et blanche, nos membres n’ont pas toujours été fragiles ni nos yeux aveugles. Nous étions fiers et dominants, jusqu’à ce qu’on nous enferme dans cette fourmilière cyclopéenne et que notre échine ploie sous le joug des hommes.
Notre colère n’a plus de bornes.
Mais le miracle s’était produit. Le Christ Tout-Puissant m’avait rappelé d’entre les morts, et j’étais désormais guéri. Sur mon abdomen s’alignaient des points de suture récents, encore un peu douloureux.
Les mille martyrs semblent effectivement être les âmes pathogènes impliquées dans le Rêve. Comment expliquer que l’épidémie ne se déclenche que maintenant, des siècles après leur mort. Et comment expliquer que la mort n’ait pas plongé ces âmes dans le néant. Rien n’échappe au néant.
Une hypothèse plausible est la suivante. Notre hypothèse est que le Christ 0257-01 a ressenti la souffrance viscérale des mille martyrs par-delà les âges. Il s’est imprégné d’un point de vue strictement somatique de leur colère et de leur douleur endémique, et d’une manière ou d’une autre, a ramené leurs âmes dans notre monde Ces âmes ont contaminé les dormeurs, les ont hantés et possédés. Cela signifie que le Technochrist est à l’origine de l’épidémie. C’est une hypothèse crédible. Mon Dieu. Qu’avons-nous fait. Pourquoi cette catastrophe ne s’était jamais produite avant. Ca vient sans doute des nodules d’empathie, c’est la première fois que nous testons leur implantation en conditions réelles. Si c’est le cas le Christ 0257-01 doit être considéré comme neurotoxique. Il faut réagir.
= commentaires =
Boeuf Strogonoff (extrait de la lithurgie bovidocannibalosacrificielle (ouais je me prends pour un boeuf reincarné cannibal, enculé !))
Pour 4 cyborgs ayant prononcé le saint serment d'hypocrate
1 - Aplatissez la viande avec un maillet ou un rouleau à pâte, puis découpez-la en petites lanières de 2 po (5 cm) de longueur en suivant le sens de la diagonale des fibres et en retirant la graisse. Versez 1 cuillerée à soupe de farine et 1/2 cuillerée à café de sel dans un sac en plastique alimentaire, secouez pour mélanger ces ingrédients, puis ajoutez les morceaux de viande. Fermez soigneusement le sachet en nouant éventuellement l'ouverture, puis agitez-le dans tous les sens, jusqu'à ce que tous les morceaux de viande soient enrobés de farine. Sortez ensuite ceux-ci du sachet en les secouant pour faire tomber l'excédent de farine.
2 - Faites fondre la moitié du beurre dans une cocotte en fonte et faites-y sauter les morceaux de boeuf sur toutes les faces pendant 1 ou 2 mn à feu vif, en veillant à ce qu'ils restent roses à l'intérieur. Égouttez-les avec une écumoire et tenez-les au chaud. Faites dorer les oignons dans la cocotte, puis ajoutez 1 cuil. à soupe de beurre et les champignons. Faites revenir le tout pendant 3 ou 4 mn en mélangeant. Retirez oignons et champignons de la cocotte et ajoutez-les à la viande.
3 - Faites fondre le reste du beurre dans la cocotte et jetez-y le reste de la farine en pluie. Laissez cuire pendant 3 mn environ à feu doux en mélangeant et en grattant le fond de la cocotte pour décoller tous les sucs. Délayez la pâte de tomates avec 2 cuillerées à soupe de bouillon et versez-la dans la cocotte ainsi que le reste du bouillon. Portez à ébullition en mélangeant jusqu'à ce que la sauce soit lisse et onctueuse, puis laissez épaissir pendant encore 2 ou 3 mn en remuant de temps à autre.
4 - Remettez viande et légumes dans la cocotte et mélangez. Ajoutez les deux tiers de la crème sure et le cognac. Vérifiez l'assaisonnement. Faites réchauffer le tout pendant 1 ou 2 mn, puis ajoutez le reste de la crème. Servez très chaud avec du riz.
5 - injectez vous le tout par voie intraveneuse apres avoir rendu grâce au Seigneur (piquouse de neurotransmetteurs benis extraits directement de l'hypophyse du Pape)
(il va sans dire que l'animal doit rester en vie jusqu'a la fin du rituel)
Commentaire édité par Lapinchien.
Lapinchien dans avatar tu me ferais grand plaisir de corriger ta faute sur les ukrainiens, merci pour eux.
et pourquoi je ferais plaisir à un parfait inconnu ? si çà avait été mon trip, j'aurais fais le tapin au bois de boulogne
L'un n'empêche pas l'autre Lapinou.
Ben de toutes façons je viens de le faire... Je parle du tapin bien sûr pasque pour les ukrainiens tu peux toujours allez te faire Staliniser.
Pas de probleme, j'ai vu que tu avais édité cher Lapinou !
Serais tu obeissant depuis ton mariage ?
damned, c'est le jeu du kicéti ? Bon ben on va se faire une petite partie de Pyramide... allez me déterrer Patrice Laffond... Alors moi, je propose des briques (comme pour construire une barraque mais en fait non), et toi tu me donnes un indice sous forme de mot, d'onomatopée, de lappement, enfin un truc qui peut s'ecrire (et facultativement se lire), un truc en tout cas qui n'a pas de racine orthographique commune avec le nom que je dois deviner de qui que t'es vraiment, ok ? Je vais chercher la bétonneuse et ma truelle et on peut commencer
Ok prout et blurp, en 3 ?
on dirait la version "il était une fois la vie" d'arch-nemesis
Quoi ! Avec le groupe pourrave des années 80 ?
les chroniques de l'hôpital-prison en fait c'est l'histoire du narrateur d'arch-nemesis qui s'est incarné à l'intérieur de sa propre tumeur
non?
Texte 04 :
Dès le départ, on reparle des neuf chiens blancs d’Hécate qui avaient été mentionné plus tôt. La Néo-Inquisition prend la peine de dire qu’ils n’existent pas. Pourquoi ? Quelle place ont-ils dans ton histoire ? Est-ce quelque chose que tu as enlevée à une correction ? Sinon qui sont ils ?
Ce paragraphe est tout de même très intéressant. Il met le doigt sur le paradoxe de ce qui se dit et de ce qui est cru.
Comment sait-il déjà que c’est le Messie qui l’appelle ? Ca doit être aussi con que mes questions sur l’inconscience collective, mais je trouve que le perso change facilement de « but » (hop après les martyrs, le Christ).
Le passage de description de la cathédrale très sympa, meilleur que toutes les autres descriptions pour décrire l’idée-même de ce qu’est l’Hôpital-Prison.
Par contre le phénomène de transformation est trop visible. On n’est pourtant pas à la périphérie. Pourquoi reconstruire encore et encore à cet endroit alors ?
Ah bah merde tu le dis après. Bon c’est bien, t’as conscience que c’est une exception. Mais pourquoi ? Ca fait un peu tour de passe-passe.
En tous cas, malgré le fait qu’on soit dans la description pure, c’est un passage bien jouissif.
Le coup des fantômes est assez déroutant. On est dans un texte très « réaliste » dans le sens qu’il est très scientifique. Rien n’est absurde. Et là d’un coup, on a une histoire de fantômes. Surtout que c’est carrément la Néo-Inquisition qui en parle. S’il y a bien pourtant une instance non superstitieuse dans ton texte c’est celle-ci.
Même choc à la découverte des travaux. Ca donne quelque chose de palpable à quelque chose qui ne l’est pas. La néo-Inquisition n’a pas l’air des masses humaine, et l’Hôpital-Prison pas des masses habités. Pourquoi des travaux alors ? Et par qui ?
J’aime bien la manière de sculpter. Certains peintres à la Renaissance travaillaient aisni pour être certains d’avoir les bonnes proportions.
Bon passage sur la Déité-machine même si il y a une sensation de « bâclé ». Tu insistes sur certaines choses et mets de côté d’autres qui sont autant voire plus importantes.
L’explication en italique sur le rêve est très intéressante, mais elle fait poser pas mal de questions. Bon déjà les fantômes j’ai du mal. Mon esprit étriqué a aussi du mal à assimiler qu’un Dormeur ne doive pas Rêver. Surtout que dans le texte tu parles aussi parfois des rêves « normaux ». Je ne comprends pas aussi qu’ils se fassent chier à les lobotomiser alors qu’ils seront encore infectés et contagieux. Pour qu’ils ne soient pas sous un autre contrôle que le leur ? Ca me semble beaucoup de boulot pour des brebis qui sont au final perdues.
J’aime bien le passage du délire avec les statuts. Je le trouve bien écrit et communicatif d’une certaine angoisse.
Même remarque pour les paragraphes descriptifs suivants.
Putain on est heureux d’enfin savoir qui sont ces martyrs, on est pas déçus à l’arrivée en plus. On a même le droit à une explication de la Néo-Inquisition elle-même. Par contre, à ce stade de la lecture, on prie silencieusement qu’une nouvelle salve d’explications viennent plus tard, parce que des phrases comme « Le sacrifice est même la raison de la canonisation des Le sacrifice est même la raison de la canonisation des boeufs », ça nous aide pas des masses.
Et bien effectivement les explications arrivent presque tout de suite après. Si on veut être pointilleux, on peut dire d’ailleurs que le perso a vachement conscience des choses pour quelqu’un de possédé. Mais c’est si on veut être pointilleux…
L’exorcisme chirurgical ça a un côté marrant, mais perso ça me fait le même effet que les fantômes-virus. Pas mon truc le mélange, à ce point, de la science et du paranormal, même si je le répète, l’idée est plaisante.
Par contre comment le perso a pu apprendre à le faire s’il n’est plus branché ? Comment marche la conscience collective ? Tout devient plus compliqué d’un coup. Ca fait 15 pages qu’il les cherche ces martyrs et maintenant il veut s’en débarrasser parce qu’ils sont synonyme d’hérésie. Ce mec est pourtant dans l’hérésie depuis qu’il a quitté sa table d’opération. Bref, là c’est vraiment flou. Les martyrs semblent opposés à la figure du Christ, pourtant par l’utilisation même du mot « martyr », ça ne devrait pas être le cas.
Le passage sur l’auto-exorcisme mis en parallèle avec le sacrifice des bœufs blancs est tout simplement jouissif (mettre le paragraphe où les martyrs s’expriment en italique n’arrange pas la compréhension par contre)
L’explication qui relie le Christ aux martyrs arrive au bon moment. Elle semble clair et logique et là, ça veut bien dire que ton lecteur est complètement dans la mythologie de ton histoire.
putain Aka,t'as un sacré retard de lecture à rattrapper ! Enfin moi j'm'y connais en retard c'est pour çà que j'en parle...pourquoi tu publies pas tes commentaires en tant que mini articles qu'on puisse aussi les commenter ?
Attends c'est pas fini, j'ai une Bible du Néant à commenter derrière.
Quant à la publication des commentaires, c'est exactement ce que je me disais hier en les écrivant.
Les intros sont toujours efficaces, c'est important à mon sens une bonne introduction.
Le héros de l'histoire est maintenant conscient de son état unique en de tels lieux, il à créé sa propre destinée, entre folie et raison. J'aime la manière dont sont abordées les choses du point de vue psychologie de cet être. La dualité de ses débuts est devenue moindre.
Par contre, et je n'avais pas vraiment percuté, comment se fait il qu'il n'ait plus besoin de ses branchements pour survivre ?
On n'en sait pas plus sur son état physique, c'est un détail minime mais qui à retenu mon attention.
j'aime aussi beaucoup le fait que l'hôpital soit traité lui-même comme un malade, un endroit vivant, ou plutôt agonisant, très sombre, avec depuis le début cette sorte de cancer que l'on peut ressentir à la lecture de ces textes. Cette personnalisation est très bien traitée.
La description de l'auto-chirurgie est vraiment très réussie, jouissive, mêlée de folie. Le passage suivant, celui où les pensées des bœufs et leur histoire est relatée, est tout aussi génial.
Le rythme est fluide, prenant, encore une très bonne suite.