Nous sommes le 11 janvier 1966. Il est dix heures du matin. Il attend, dans le froid, au bord de la vingt-sixième division. Le conservateur le rejoint, et lui désigne une tombe : « c’est celle-là ! ». Son regard parcourt la pierre tombale : A la mémoire Dime Sophie Degrès-Lefras, décédée le 26 Novembre 1960.
Cinq ans ! Cinq ans que le cadavre est là, dessous, dans un état encore inconnu. « Reprise de concession » : personne n’a renouvelé la concession le corps va donc être exhumé ce matin et la place sera cédée à une autre famille.
Les deux hommes se mettent au travail. Pioche en main, ils creusent avec peine le sol congelé. De temps à autres, ils s’arrêtent pour reprendre des forces et se réchauffer les mains. Puis ils reprennent le travail. La terre est à présent plus tendre, la croûte durcie par le froid a été entièrement traversée.
Vers la fin de la matinée, ils ont presque atteint leur but. Un coup de pioche plus fort que les autres découvre une vielle planche pourrie : le cercueil ! Pascal appréhende depuis longtemps ce moment : aujourd’hui, il va voir la mort de près. Il se baisse, et gratte à l’aide d’une petite pelle la terre qui recouvre le cercueil.
Le conservateur le regarde, et lui dit :
- Vas-y ! Ouvre !
- Moi ?
- Ben oui, il faut bien que tu apprennes ton métier ! Moi, ça ne m’apportera plus rien, des comme ça, j’en ai fait des dizaines !
- Comment j’ouvre ?
- A la pioche ; on va enlever le dessus d’abord ; ensuite on enlèvera le cadavre et on pourra facilement sortir le reste du cercueil.
Pascal prit la pioche à deux mains, la leva et la rabaissa puissamment sur le bord du cercueil. Le métal s’enfonça aisément dans le bois pourri ; il se servit de l’outil comme d’un levier, et tira jusqu’à ce que la planche céda.
Il redonna quelques derniers coups sur le contour du couvercle. Celui-ci était à présent entièrement détaché. Il n’osait pas le retirer.
- Vas-y ! Soulève-le
Pascal se baissa, tremblant. Il saisit la planche à deux mains, puis tira un coup sec. Le couvercle vint d’une pièce.
Il regarda dans le cercueil : le corps était entièrement emballé dans un grand plastique noir. Le conservateur s’approcha :
- Merde ! Ils l’ont mise dans une housse en plastique !
- Quel est le problème ?
- Ben, la housse est étanche et non biodégradable : le corps doit baigner dans son jus !
Pascal regarda ce sac, écoeuré par la pensée de son contenu ; le conservateur et lui saisirent la housse et redressèrent le corps. Pascal recula sous le poids du fardeau ; il buta sur une pierre qui se trouvait derrière lui, perdant l’équilibre. Il tomba à la renverse.
Le sac, en équilibre instable, s’effondra sur lui en se déchirant ; le contenu visqueux s’épancha sur le ventre et les jambes de Pascal, l’engluant d’une bouillie visqueuse et nauséabonde.Pascal hurla ; il sortit précipitamment de la tombe et se regarda : son abdomen et ses jambes étaient couvertes d’un jus noir sirupeux, qui exhalait une odeur pire que tout ce qu’il avait pu imaginer jusqu’alors. Du just de mort ! De la pourriture humaine, a l’état liquide… Il ne vomit pas ; il retira ses vêtements puis alla se laver et se changer. au chaud.
Le conservateur vint le réconforter puis ils se remirent à l’ouvrage : il fallait maintenant ranger le corps.
A proximité du cimetière se trouvait une carrière à laquelle on accédait par un puits à échelle. Un autre puits, non muni d’échelons, servait à jeter les corps. Ils posèrent le cadavre dans une brouette qu’ils apportèrent jusqu’au puits. Le conservateur retira la grille qui fermait ce puits en maintenant une aération suffisante. Puis ils vidèrent la brouette dans l’orifice. Ils descendirent ensuite dans la carrière afin de ranger le corps.
Ce corps qu’ils retrouvèrent s’était dépecé à l’intérieur du sac. Ils le transportèrent tant bien que mal jusqu’au charnier.
Pascal regarda l’empilement d’ossements et de débris humains : certains crânes portaient encore des cheveux, et même parfois de yeux demi séchés. Il avait déjà vu les catacombes de Denfert-Rochereau, là où les ossements séchés étaient soigneusement empilés. Mais là, les ossements n’étaient pas nus ; à la chair pourrie s’ajoutaient des lambeaux de vêtements, des cheveux, des objets personnels.
Il regarda cet amas morbide avec dégoût, mais aussi avec une certaine… fascination ; fascination, c’était bien le mot qui caractérisait son attitude lorsqu’il regardait ce must de l’horreur. Il était écoeuré par tant de macabre, mais il n’arrivait pas à détacher son regard de toutes ces atrocités.
Le conservateur avait ouvert le sac ; il commençait à transporter les débris morceau par morceau :
- Le bras droit, on le met là Tiens, aide moi à transporter les reste, on va essayer de ne pas tout détacher.
Ils saisirent le corps, mais lorsqu’ils le soulevèrent la tête se détacha et s’écrasa mollement sur le sol. Ils jetèrent le corps sur le tas, puis revinrent ramasser la tête.
- Ça va ? questionna le conservateur.
- Oui oui ; maintenant, ça va mieux.
- Tu verras ; la première fois, c’est infect ; après on s’y fait ; il y en a même qui y prennent goût.
Pascal hocha la tête. Il regarda l’amoncellement funéraire le plus longtemps possible, puis rejoignit le conservateur à la sortie du puits.
Le soir, il ne parvint pas à trouver le sommeil. Il ne pouvait s’empêcher de penser à ce qu’il avait vu. Jamais il n’aurait soupçonné qu’une telle chose puisse exister. Jamais!
Il se leva, s’habilla, puis partit prendre l’air. Au cours de sa promenade il passa devant le mur du cimetière. C’était tentant Il avait la clé sur lui ; il rentra, prit une lampe dans le bureau puis descendit dans la carrière, prenant bien soin de refermer la trappe derrière lui. Il alla retrouver les cadavres.
Cette fois ci, il n’avait pas de gants : il effleura du bout des doigts la tête de la femme qui était posée là. Il appuya légèrement ; son doigt s’enfonçait dans la chair molle, glissant sur l’os. Il regarda son doigt couvert de chair putréfiée : cela l ‘excitait ! Il porta, tremblant, son doigt à ses narines, humant l’odeur abominable ; puis il le porta lentement à ses
lèvres, sortit timidement la langue, et goûta. C’était infect, mais tellement excitant. Désirant ne reculer devant rien, il ferma les yeux et introduisit tout son doigt dans la bouche. Il suça la couche gluante qui le recouvrait. Il avait réussi ! Réussi à faire reculer toutes les limites de l ‘immonde.
Il regarda de nouveau la tête, s’en approcha puis l’embrassa sur ce qu’il restait de lèvres. Il serra les mâchoires entre ses doigts afin d’écarter les deux maxillaires et de faire pénétrer sa langue dans cette bouche putride. Il l’embrassa ainsi à pleine langue, jusqu’à ce que le palais et la langue de la morte, entièrement détachés de l’os, lui remplirent la bouche. Il mâchonna le morceau de viande puis l’avala.
Il retrouva le tronc, le remit à terre. Il se déshabilla entièrement, s’allongea sur la dépouille. Il la viola avec une violence inouïe. A chaque mouvement de va et vient, il détachait encore davantage les articulations de sa victime, il étrangla le morceau de cou qui restait, arracha les cervicales avec les mains. Ils saisit le bras restant, l’arracha sauvagement ; il porta la main sous son ventre, creusa avec les ongles dans l’abdomen qui creva dans un bruit humide. Il fouillait, de sa main droite, dans les tripes suintantes de jus marron dont il se recouvrait le visage.
Après l’acte, son excitation ne laissait même pas la place au dégoût, mais à une véritable folie qui s’emparait de lui. Il se mit à arracher délibérément tout ce qui dépassait du tas de cadavres. Puis il retira un crâne et profita du trou créé dans le tas pour y enfouir sa tête. Il s’enfonça tel un ver, dans l’amoncellement collant. Il avait pu pénétrer entièrement sous le tas, noyant son corps nu dans la masse boueuse.
Il désirait à présent les rejoindre, conscient du fait qu’il était allé trop loin dans sa folie pour pouvoir un jour revenir en arrière et retrouver une vie saine. Il ouvrit la bouche en continuant à avancer, respirant péniblement. Ses dents se heurtèrent à une échine qui se fragmenta facilement. Il détacha, comme un charognard, un morceau : une vertèbre, qui se désolidarisa de la colonne et des côtes. Il la rogna de façon à pouvoir l’introduire entièrement dans sa bouche. Puis il l’avala, s’étranglant irrémédiablement. Il mourût étouffé, laissant entrevoir deux pieds qui dépassaient d’un tas de corps mal rangés. Comme il aurait aimé être mutilé, dépecé, violé et mangé à son tour !
A vous qui travestissez la mort pour en faire un thème de tracts,
voyez ce que c’est...
Texte anonyme trouvé dans les catacombes de Paris XIVeme
Pascal travaille depuis deux mois au cimetière.
Il ne sait pas encore en quoi exactement consiste son travail. Entretien des plantes, des allées, creusement des tombes… Il ne pensait qu’à cela lorsqu’il s’est engagé. Il ne pensait pas au reste. Mais aujourd’hui, le reste, il va le connaître.
Il ne sait pas encore en quoi exactement consiste son travail. Entretien des plantes, des allées, creusement des tombes… Il ne pensait qu’à cela lorsqu’il s’est engagé. Il ne pensait pas au reste. Mais aujourd’hui, le reste, il va le connaître.
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"A vous qui travestissez la mort pour en faire un thème de tracts, voyez ce que c’est..."
Ca par contre, c'est vraiment très con... Le reste, que du bonheur !
c'est bien, mes commentaires font partie intégrante du texte :
c'est un "must de l’horreur" et l'auteur a "réussi ! Réussi à faire reculer toutes les limites de l ‘immonde"
bien juteux
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C'est con, la fin est franchement grotesque, on dirait du Taliesin en plus dégueulasse.
Se suicider !!!
Surtout qu'il doit y avoir quelques dents en or à récupérer .
C'est tout à fait très bien. On saisit le drame de ce travailleur aliéné par ses conditions de travail. Par contre, on ne comprend pas (en tout cas, moi) cette histoire de tract.
Elle se réfugie souvent dans les catacombes, Emilie, El Defoncer ?
Fais-moi une place dans ton linceul,
Quand y'en a pour un , y'en a pour deux,
Fais-moi une place dans ton linceul...
Mis-à-part cette curieuse transition de l'indicatif présent au passé simple, c'est bien écrit et agréable à lire. Une excellente mise en bouche au moment de l'apéro...
Emilie elle est incrustrer dans le mur d'une ancienne discotheque (ca fais tendance), ou peut-etre bien que effectivement elle est dans les catacombes .. qui sait ?
J'ai lu et j'ai adoré !!! Franchement style percutant net et sans bavure. Bravo ...
personne n'a souligné l'éternel problème du texte zonard de base : l'impossibilité technique et physique de chaque élément du récit.
oui, je suis un peu psycho-maniaque mais je préfère les histoires plus ou moins vraisemblables.
Peut-être mais franchement c'est tellement détaillé que moi ça ma limite foutu la gerbe c'est ça qui est bon non ?
T'es pas psycho-maniaque Tyler, t'es complètement psychorigide.
psychorigide... c'est un euphémisme pour la formidable pathologie existentialo-névropsychotique qui s'est emparée de mon cerveau maladif aux neurones en décomposition strichninale.
Sympa mais bon, je voit pas ce qu'il a de génial,c'est zonard, ça c'est sur.C'est pas pour faire le mec blasé, mais je le trouve pas gerbant, pourtant je l'ai lu plusieurs fois.
ya des mots qui casse l'ambiance "Must de l'horreur"
La putrification d'un corps c'est bien pire encore.. Je trouve que c'est soft dans la description. çà manque de pupes et de vermines. La transformation du personnage n'est pas credible par ailleurs, certaines transitions sont rop abruptes, on s'attend à ce qu'il y ait un passage de suspense et tout se devoile d'un coup donc l'emotion retombe de suite. En gros c'est inégal.
Ah ouais, j'ai oublié de me foutre de sa gueule... Mais bon peut être qu'on va reussir à deterrer cet anonyme en le titillant un peu ?
Nan mais attendez, personne a parlé de chef d'oeuvre... Du point de vue juste de l'histoire c'est pas terrible... Mais n'empêche c'est quand même marrant merde. Putain si vous aimez tant les bons textes, pourquoi vous essaieriez pas un jour d'en écrire, pour changer ?
Bah, moi, j'essaye, Nihil, je t'assure. Mais, au bout de 2 phrases, mes propositions deviennent octo- ou décasyllabes, et je me retrouve avec une ballade foireuse sur les bras. En plus, j'y prends du plaisir.
Peut-être que le grand virtuose Eshalmarakti daignera nous offrir une perle ? Ou bien il a disparu comme il était venu ? On ne l'a peut-être pas assez remercié de nous honorer de sa présence publiante. ESt-ce que quelqu'un a pensé a lui demandé s'il suçait ?
bien qu'il n'ait pas daigné répondre à cette question fondamentale ; cependant, Aka a déduit de ses interférences avec lui que c'était le cas
euh
bien qu'il n'ait pas daigné répondre à cette question fondamentale, Aka a déduit de ses interférences avec lui que ce devait être le cas
Tu dois me confondre avec quelqu'un, surement Vrine pour changer. Laissez moi tranquile les gens un peu silvousplait.
tu commences à radoter, Tyler, allez hop, ds la housse en plastique !
Bah non même pas je t'assure je connais pas Eshalmarakti (à tes souhaits) je me souviens de qui je suce quand même.
C'est comme Caligula, qui n'est même pas intervenu pour défendre son texte. De plus, Tyler D et El defoncer font déjà mine de migrer vers un bar mal famé. Semblerait qu'on ne délivre plus que des visas touristiques de quelques jours sur la Zone. S'en plaindre ou pas ?
Plaçons tous nos espoirs en Cosette. Je commence à radoter aussi d'ailleurs. Et tu vas nous chanter, quoi, Cosette ?
rêve pas, le prêtre russe, j'sais lire mais je chante pas, je lèche pas, j'écris pas, je suce parfois, ça ira ?
Dommage, mais ça ira. En tout cas, t'es quand même interactive. C'était juste pour savoir si tu venais uniquement pour te foutre de notre tronche.
Pourquoi tout le monde veut-il que je sois prêtre ? Je suis un laïque.
En tout cas au moins maintenant on sait comment faire de la confiture d'humain
Miam miam
Putain mais tu penses qu'à manger toi !
J'ai adoré le début, j'ai trouvé la fin un peu grotesque.
Je trouve ça très bon. C'est très beau. On sent que ce n'est pas de la simple provoq.
Une fois il m'est arrivé de bouffer de la viande pourrie "par erreur".
cela donne une dimention, probablement differente à ce texte...souvenirs, souvenirs
commentaire édité par Mill le 2008-6-7 15:23:30
Rigolo, mais pas à ce point, et très très mal écrit (avec les orteils du pied gauche). L'image est magnifique.
Je me dois aujourd'hui d'avouer qu'à l'époque j'ai soupçonné El defoncer / le Duc d'être au moins coauteur de ce texte.
Je faisais des recherches sur le travail pénible des fossoyeurs (dossier sur lequel je travail actuellement) et je suis restée sans voix devant ce texte. même Peter Jackson n'a jamais réussi à me dégouter autant!!
En tout cas une fois qu'on commence à lire le texte, difficile de ne pas aller jusqu'à la fin!
Ca se lit sans les mains.
Et c'est pas commun dans le coin.
Donc,OUI.
Ouha,
un "must de l’horreur"!
sacrilege, le Duc! nonnnnn!
il y a du konsstruct la dessous!
j'y mettrais presque ma bite a couper!
Non, aujourd'hui je sais que c'est une goth qui a écrit ce texte.