Je viens de finir l'excellent bouquin de Cesare Battisti "Dernières cartouches". Pas sans mal, car depuis le début de l'été le métro est envahi de soit-disant musiciens qui se trimballent avec leurs sonos à roulettes et t'imposent leurs rengaines à fond les décibels, sans chercher à savoir si leur bruit te dérange dans tes pensées profondes ou dans ta lecture!
J'ai horreur qu'on m'impose de la "musique", bordel!!!
Comme d'hab, je les regarde passer bovinement avec un léger rictus de dédain sur la tronche, la main bien à plat sur le sac, sans sortir le moindre kopec quand ils brandissent sous mon nez leur gobelet à fric, leurs doigts bien crades m'extirpant un haut le coeur matinal.
Comme d'hab...mais ce matin, j'ai fini ce sacré putain de bouquin...
"Dernières cartouches"...roman qui traite de toute l'époque obscure des Brigades Rouges italiennes. Roman écrit de l'intérieur, du coeur même de ces brigades terroristes, car l'auteur est l'un de ces anciens activistes de l'époque, aujourd'hui exilé au Mexique.
...juste un superbe roman qui retrace le contexte politico-social d'une Italie corrompue et d'une jeunesse d'espoirs utopistes. Les réunions, les idées, la préparation des attentats, les fuites, les planques, la répression, les prisons, les exils...
Coin de l'avenue George V et des Champs Elysées...comme d'hab, les petites japonnaises par grappe de 10 ou 20, lèchent la vitrine de chez Vuitton avant de s'empresser d'aller exploser leurs porte-yen à la caisse.
Tiens...je me marre! J'imagine...d'un coup de bombe, les vitrines voler en éclats...les yens qui flottent dans l'air au milieu des gouttes de sang...les ptites japonnaises en puzzles vivants...les murs qui dégueulent de fringues et accessoires luxueux, là, sur le trottoir, à la merci des pilleurs...les alarmes déclanchées en trombes de sirènes hurlantes...plus de musique, des cris!...et un mélange de verre sécurit pilé, de cheveux, de chair, de sang, de fringues, de fric, de morceaux d'os...tout bien coagulés ensembles en un tas de Luxe à la dérive sur le trottoir...
Un balayeur qui passe avec son joli balai vert fluo en plastique...la benne à ordures...on lave le trottoir à grandes eaux. L'incident est clos. Tout redevient calme.
Je continue de descendre la luxueuse avenue.
Hôtel Prince de Galles...impossible de passer car les riches clients attendent leurs limousines sous l'oeil protecteur des grooms et chasseurs en livrées vert foncé. Malles en cuir et valises gigantesques encombrent le trottoir. Je me fraye un passage en jouant des coudes et du coup de pied sournois...je grogne...
Mais les hôtels luxueux se succèdent sur cette putain d'avenue.
Hôtel George V...même populace à fric qui étale son lard sur le trottoir.
Je continue ma route droit devant moi, les yeux dans le vague, regard au loin sur les nuages...un pied écrasé au passage...un coup de sac dans les côtes de la grosse et riche mémère...un coup de tatane négligent dans le chien-chien-rôti-à-pattes-ambulant tenu au bout d'une laisse Armani...je traine mes godasses et j'essuie nonchalament mes semelles sur les gros tapis-brosse qui prennent toute la place devant l'entrée.
Mais putain! Ils l'ont acheté ce bout de trottoir ???!!!
Je croise les autochtonnes du buisness quartier...jeunes hommes d'affaires qui se la jouent...costards branchés, chemises ouvertes sur le bronzage, lunettes de soleil dernier cri, portable vissé à l'oreille...et ça cause et ça cause actions et Bourse!
Tiens....et si l'on créait un petit réseau de vente de portables piégés...
Le jeune loup qui compose le numéro...se colle une fois de plus le portable à l'oreille.....et plaf!!!BANG!!!! sa tête qui explose...l'oreille qui fait un vol plané sur les morceaux de plastique du téléphone, avant d'attérir dans la tasse de café de son voisin. Le sang qui coule à flot par l'orifice laissé par la déflagration...les yeux exhorbités, se tordant de douleur, il hurle! Le jeune loup appelle à l'aide mais personne ne le voit...et il crève sur le trottoir, recroquevillé comme une merde de cabot.
Une moto-crotte passe...ramasse l'étron, arrose d'un peu d'eau, frotte le bitume, et...plus de traces. Silence.
Je descend toujours l'avenue George V.
Je passe devant le coiffeur Machin-Chose, spécialiste de la coupe à sec...à prix d'or!!! Clair que ça doit couper sec dans le budget que de se faire coiffer les douilles par chez eux! Moi je dirais plutôt : coiffeur Machin-Chose, spécialiste de l'enculade à sec de votre porte-monnaie.
Une vieille chose qui ressemble à une madame du 8è, attend son chauffeur devant l'entrée. Bien droite et tailleur tiré à quatre épingles, escarpins brillants neufs, sans rides, liftée 6 fois, bijoux et diamants scintillants de façon provocante au soleil, sous l'oeil torve de la Rom en guenilles qui fait la manche assise 1 mètres plus loin sur le trottoir...
Je suis sûre que si je lui demandais de sourire, à la viocque, elle aurait le trou du fion serré à bloc! Bah oui, c'est bien connu, en cas de lifting intensifs, ya des choix à faire : soit tu souris en serrant les fesses, soit tu serres les fesses et là, tu souris malgré toi!
Tiens...je la bouscule un peu...et j'entends déjà la peau qui se craquèle...Elle est entrain de se déssècher sous ce soleil, et son chauffeur qui n'arrive toujours pas. Je reste un instant à observer...la peau craque encore sous la soie du tailleur...ça crépite...ça commence à tomber en lambeaux.
ça commence par se fendre au niveau du bout du nez. La peau se retrousse,
frise en copeaux sur les joues, le fond de teint coule au soleil en faisant des flic-flac sur le trottoir, la perruque tombe, le dentier tremble sur la gencive soudain incertaine, ahah! ça fait même des claquettes dans sa mâchoire!
Je la regarde. Face épluchée à vif, les mouches qui tournaient autour de la Rom viennent se coller sur la chair soudain découverte, elle retient désespérément ses lambeaux de peau, mais tout se barre!
ouf! le chauffeur arrive, ouvre la portière, fourre sur le siège en cuir le vieux débris de Luxe, Clac! Portière refermée...roulez jeunesse...Il ne reste sur le trottoir qu'un petit diamant au milieu d'un flaque de sang sèché.
Un peu plus bas, passage des Ambassades en enfilades...
Arrière de l'Ambassade d'Espagne, flics en conserve dans les guérites de verre...je rêve de mini grenades à retardement que je leur jette négligeament en passant près d'eux...Splachhhhhhhhh! Un flic en conserve...mais en morceaux.
Certes, c'est plus digeste qu'en entier.
Ambassade de Chine...lugubre. Les volets sont fermés sur la façade, depuis que les Tibétains viennent régulièrement assiéger pacifiquement les proches environs. Domage.....une petite raffale de kalachnikof aurait animé un peu tout ça! Faire des ptis trous dans les ventres jaunes...plus facile ensuite de les ranger dans un classeur et de les envoyer en souvenir au Dalaï Lama.
Assemblée Permanente des Chambres d'Agriculture...pas de meuglements...tout est calme...pas de foin sur le trottoir non plus...Moi j'aime bien quand c'est de fouttoir devant et qu'on nous distribue des pommes dans la rue!
Arrivée au taf...devant le porche, j'hésite....je me souviens que le garde du corps du créateur pour qui je taffe, aime écrire des lettres de délation sur les gardiens de nuit ou les femmes de ménage qui lui "ont manqué de respect", idest pas lèché ses pompes suffisamment...
Mégalo ambiante et galopante ici...relents de fascisme...univers lisse, froid, fric, gris, noir...chic, Luxe quoi!...je les adore...!
Ma bouche se tord en rictus, j'hésite encore...je fais un pas de plus sous le porche d'entrée....
Merde! Bordel ! Où est-ce que j'ai foutu ma bombe ???!!!
LA ZONE -
Comme d'hab, je sort du métro, je vais au taf, en retard...comme d'hab aussi.
Il fait chaud, et ça pue le fric sur cette putain d'avenue George V !
Il fait chaud, et ça pue le fric sur cette putain d'avenue George V !
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J'ai juste écris un petit texte et je cherche des vraies critiques savoir si je vis ou si j'écris .
Commence par le poster via la page d'accueil (http://zone.apinc.org). Ensuite on verra.