Nous étions en pleine guerre froide. Les blocs s’affrontaient. J’avais été promu directeur sept ans auparavant par le nouveau premier secrétaire du parti à la mort de Staline.
A ma nomination, je m’étais résigné à arrêter mes activités. Mais très vite, je ressentis un manque. Exécuter froidement les noms sur mes listes, avait rythmé ma vie pendant de si nombreuses années, que je n’arrivais pas à vivre correctement sans l’odeur de l’hémoglobine et la trouille de mes victimes. Il m’avait donc été accordé le privilège, par le grand chef du K.G.B., de faire appel à mes services dès qu’il y avait du gros gibier à abattre. Pendant mes expéditions nocturnes, je devenais un parfait anonyme, je pouvais ainsi assouvir ma passion en toute tranquillité.
Je n’avais peur de rien, ni de personne. J’étais froid et sans aucun sentiment pour mes victimes. J’étais un des seuls agents à accepter les missions à risque. Je préparais minutieusement les exécutions qui m’étaient confié. Je ne me contentais pas seulement de suivre et d’observer ma victime, j’avais la faculté de lire dans ses pensées. Ce don me permettait de m’imbiber de la personnalité de mon client et d’anticiper sur la méthode à suivre. Au moment de la tuer, je ressentais sa douleur et sa terreur et ça, c’est ce qui m’excitait et me comblait.
Je finissais de taper mon rapport sur le dernier cadavre que je venais d’abandonner dans un hôtel, avec un verre de vodka retourné sur le front, quand ma secrétaire frappa à la porte. Une très jolie caucasienne qui n’avait pas compris qu’elle ne m’intéresserait jamais. Elle me remit une enveloppe. Je reconnus tout de suite l’écriture de ma mère que je n’avais pas vue depuis six mois. Elle me priait de la rejoindre à Odessa, où elle logeait dans une vieille datcha, laisser à l’abandon par son propriétaire lors des purges Staliniennes. Je n’oublierais jamais les trois derniers mots : « urgent. Ta mère, si tu en as encore une. ».
Quand on connaît la Russie, on sait combien il est difficile de traverser un bout du pays en peu de temps, surtout en plein hiver.
Je décidais donc de prévenir les camarades de mon absence pendant au moins quinze jours. Je n’avais aucune autre personne à prévenir. C’était l’avantage de ne posséder ni femme, ni chien. Je répondrais à l’appel de ma mère le plus rapidement possible le temps de mettre de l’ordre dans mes petites affaires.
Je suis sorti du grand bâtiment et me suis dirigé vers la place rouge à la recherche d’un taxi ou d’un bus, au milieu des passants engoncés dans des vêtements chauds. J’ai toujours refusé d’avoir une voiture avec chauffeur. Je ne voulais pas dépendre de quelqu’un. J’aime être seul. Il faisait très froid et la neige n’avait cessé de tomber toute la journée. Elle recouvrait tous les immeubles et les rues d’un duvet blanc qui m’avait toujours écœuré, même enfant. J’ai finalement décidé de rentrer à pied.
Quand je suis arrivé à mon appartement, j’ai rangé mes armes dans leurs étuis, j’ai verrouillé mes fenêtres et tiré les rideaux. J’ai sorti ma valise. J’ai étalé sur mon lit mes deux costumes noirs, le gris si ma mère m’oblige à assister à la messe et un petit pistolet d’appoint en cas de nécessité. J’ai enveloppé le pain dans un linge avec de la vodka et une boite de sprats. J’ai arrosé mon cactus et mis la radio en marche. J’ai bouclé ma valise et je suis parti pour la gare. Je n’aurais jamais entrepris ce voyage si j’en avais connu l’issue.
Après plusieurs heures d’attente, un train fut annoncé pour Odessa. Je regardais les gens s’activer sur le quai. Les enfants hurlaient de tous les côtés, les femmes avec leurs baluchons et les hommes qui portaient les panières de légumes. Je hais les enfants. Je regardais défilé le paysage. Juste une immensité blanche qui me donnait le cafard. Des arbres à perte de vue qui s’alignaient aussi bien que mon amour étroit pour ce pays qui ne laissait de place à rien d’autre dans ma vie.
Un long voyage d’une journée et demie. Voilà ce qu’était l’union soviétique en ce temps-là. On sait qu’en on part, jamais quand on arrive, si on arrive...
Ma mère m’attendait enroulée dans une multitude de châles. Elle était seule, les mains croisées sur son tablier maculé. Son visage pâle et buriné me rappelait combien d’années elle avait passé à travailler la terre. Quelques boucles blanches sortaient de son foulard noir et orange qu’elle ne quittait jamais. Je lisais dans ses yeux son impatience. Elle semblait inquiète. Elle savait quel était mon rôle au K.G.B. mais elle avait toujours refusé d’y faire allusion. Elle ne connaissait donc rien à ma vie.
Elle me pria de la suivre. Elle était venue à pied, nous rentrerions donc à pied. J’ai remonté le col de mon manteau et enfoncé ma chapka sur ma tête. Pendant que nous marchions le long de la route, elle ne prononça pas un mot, marchant devant moi avec encore de la vigueur pour son âge. Je ne sais même pas l’âge de ma mère.
Pendant le voyage, je m’étais demandé ce qu’elle avait à me dire. Elle ne mit pas longtemps à m’expliquer ce qu‘elle attendait de moi. Elle voulait passer à l’ouest. Je reçu la nouvelle de plein fouet, tel un tatouage au fer rouge. Ma mère, ma propre mère qui voulait se comporter comme tous ses ingrats qui fuyaient et que j’abattais. Ma mère, probablement la seule personne que je supportais. J’étais mortifié.
Tout a basculé très vite. Je ne sais pas quel sentiment m’a animé à cet instant, mais mon bras n’a pas ployé. Je l’ai regardé droit dans les yeux, j’ai sorti l’arme et j’ai tiré en lui susurrant à l’oreille, «adieu maman». Je n’ai eu aucun remords. J’ai retourné un verre de vodka sur son front. Je suis reparti comme j’étais arrivé. J’ai laissé derrière moi un travail propre, comme à mon habitude. Personne ne m’a vu. Je suis rentré à Moscou très serein et presque soulagé. Elle voulait mon aide pour passer de l’autre côté, elle l’a eu.
Mais depuis ce jour, elle me hante sans cesse avec ses amis, tous ceux que j’ai éliminés, pendant toutes ces années et qui se sont ligués contre moi. Ils se sont installés chez moi et me rendent la vie impossible. Je ne dors plus, je ne vis plus. J’ai fini par démissionner et je me suis enfermé dans cet appartement. L’ombre de leurs corps en sang essaye de me tuer. J’entends leurs cris stridents qui résonnent dans mon crâne. Leurs lames me touchent de temps en temps. Je n’arrive plus à anticiper. Les drogues m’ont fait perdre toutes mes facultés. Je crois que je deviens fou. C’est l’hiver tous les jours. Je ne vois plus le soleil. Un jour, elles m’auront. Je ne regrette rien.
LA ZONE -
Je m’appelle Igor Ivanovitch DOBROVITCHENKO. Je suis né à Odessa, en Ukraine, en 1905. Je n’ai ni femme, ni enfants. J’ai travaillé durant trente années au service du K.G.B. J’ai terminé ma carrière en qualité de directeur de la sécurité du territoire.
Aujourd’hui, je vis dans un minuscule appartement rue Kalinina, à Moscou, où j’affronte nuit et jour mon passé depuis cet hiver 1960....
Aujourd’hui, je vis dans un minuscule appartement rue Kalinina, à Moscou, où j’affronte nuit et jour mon passé depuis cet hiver 1960....
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En tous cas, ça devrait plaire à Lueur de Vertu et Maltchik...
Commentaire édité par nihil.
Pourquoi ? Ils aiment la propagande capitaliste, ces koulaks ?
Sérieux, on dirait un remake de "Léon". Pas convaincue du tout là.
J'ai du mal à voir le rapport avec Leon.Il était communiste Léon?Sacré saligaud va!
J'ai bien aimé(putain à force de dire ça je vais finir par me faire bannir de la Zone)..
Mais il manque un truc, je pense que tu aurais dû insister sur ce qui liait cette machine à tuer à sa mère,parceque le "ta mère si tu en as encore une" donne l'impression qu'il s'en tappe un peu de cette grognasse qui l'a enfanté.Tu aurais dû créer un amour fusionnel avec sa mère, la seule personne qu'il aurait respecté,une nostalgie de son enfance,et insister sur la dualité,amour maternel d'un côté et idéologie de l'autre.Tu aurais dû le déchirer en mille morceaux cet Ivanovitch..les petits fantômes qui le hantent c'est pas assez.
J'ai pas demandé qu'on voit le rapport, j'ai dit ce que j'en pensais.
Ben euh... ouais. Voila quoi.
Kirunaa obtient une autorisation exceptionnelle spéciale pour utiliser des smileys sur la Zone pour au moins faire semblant de donner un peu de consistance à ses commentaires
La subjectivité,autorise une liberté de goût,mais n'est pas non plus prétexte à toutes les conneries chère Aka.
C'est un peu comme "Confessions of a dangerous Mind" que je conseil à tous, de l'autre coté, et en moins mytho... Après dans l'ensemble c'est vrai que çà fait tirage de polaroïde de touriste... J'imagine qu'en fait arka voulais parler de Nikita, histoire qui n'a encore plus rien à voir avec celle-ci, mais au moins le nom sonne Roscof.
Paradoxalement n'empeche tous ces connards étaient ceux qui permettaient le plus à tous ces gens pleins de rêves de passer de l'autre coté..
Lapinchien, continue comme ça et c'est le goulag direct, sale kapitalistas-traître
Nagash > parce que c'est toi qui détermine ce qu'est la connerie ou pas maintenant ?
Ouais, ben ton autorisation spéciale, tu peux te la... quoique non en fait, ça peut toujours servir. C'est valable pour le forum aussi ?
J'ai dit que je faisais l'effort de commenter tous les textes que je lisais, j'ai jamais dis que lesdits commentaires devaient en plus vouloir dire quelque chose.
Aka > Tout à fait, beauté.
Ah... apparemment on devient intime.
Hum, ce ne serait pas pour me déranger... mais je ne voudrais pas être responsable d'une scène de ménage.
C'est trop mignon
Ouais t'as raison, évitons les embrouilles: ferme ta gueule donc, c'est bien ça.
euh...y'a un probleme le personnage principal a ete élu directeur en 1960 par Staline ? mais Staline est mort en 1953 donc voila. Mais sinon j'ai bien aimé le début et pas la fin, la fin est trop bannalle: le tueur à gage qui a des remorts,il voit les personnes qu'il a tué tout ca trop classique enfin sinon c'est bien j'aimerai bien une suite
excusez moi je me suis trompé : "J’avais été promu directeur sept ans auparavant par le nouveau premier secrétaire du parti à la mort de Staline." je retire la connerie que j'ai dit
pas grave çà ne décrédibilise que toi et en plus j'imagine que çà t'aura bien préparé pour la session de ratrapage du brevet des collèges en septembre( ouais tu vas tous les niquer !!!)... pour l'histoire t'es blindé par contre fais gaffe aux maths
Commentaire édité par Lapinchien.
Houlà, LdV, qu'est que tu fout ici?
Ils t'ont laissé un modem dans ton Goulag?
et oui Narak je l'ai eut en couchant avec le 1er secrétaire du parti
ça m'ettonne pas de toi, t'as déjà dû coucher pour avoir ton brevet...
que veux tu je veux réussir dans la vie...et j'ai eut pas mal de point en plus !
ton examinateur etait communiste ?
et gay
bonsoir c'est quoi la politique de contrainment dans l'histoire de la guerre froide merci si on c me repondre
donc un bloc c la division du monde en é deux partie alors c pour l'ecole
la politique de con-trainment, c'est une politique qui visait à rendre tout plein de gens tres débiles en les faisant danser sur du "Veronique et Davina" face à leur televiseurs de salon.
Un bloc, c'est la traduction de blog en austrohongrois.
en fait je deconnais, la politique de containment est un terme équivalent pour parler de la fameuse politique de l'autruche.
Il y avait un grand gouverneur des autruches, le grand Autruchemuche Ier. Avant lui les autruches n'avaient eu que des chefs de tribu peu influents sur le devant de la scène internationale. Mais Autruchemuche Ier avait un bon reseau de connaissances haut-placées dans les cercles décisionnels très fermés de Wall Street aussi, ses amis financèrent sa campagne électorale en échange de plein de promesses de trucages d'appels d'offres. Autruchemuche Ier une fois élu arrosant les chefs de tribu reussit à obtenir une coallition forte. Le parlement autruchien était à sa botte. Il mena une guerre acharnée contre les humains, formant une grande armée d'Autruches d'Afrique et d'Autruches de Somalie, il s'acharna particulièrement à botter les couilles à ces connards d'americains lors de leur tentive ratée de débarquer à Mogadiscio (cf. le grand film raté aussi de Ridley Scott, Black Hawk down (SFX pourris : on voit tres bien qu'il y a des humains dans les costumes d'autruches))
voila, j'espere que t'auras une bonne note à ton exposé.
LC tu devrais écrire des contes pour enfants.
nihil, tu devrais écrire des textes érotiques.
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