LA ZONE -

Lise

Le 10/06/2004
par Arkanya
[illustration] Lise a six ans.
Je déteste les week-ends en famille, je hais cette habitude détestable de rester à table tout l’après-midi, à regarder les enfants courir comme des dératés sans jamais oser les rejoindre, guindés que nous sommes dans nos rôles d’adultes bien-pensants, à échanger des banalités sur le cours de nos vies, comme si on en avait quelque chose à foutre, prendre des nouvelles de gens qu’on ne recroisera que pour reprendre de nouvelles nouvelles, un autre week-end en famille, une autre fois. Je hais cette façon détestable qu’ont les week-ends en famille de séparer irrémédiablement les hommes à la pétanque ou au barbecue des femmes à la cuisine ou au jardin, je hais les balades en forêt à faire comme s’il était plaisant de traîner ses guêtres dans la bouillasse et revenir les cheveux et la langue pleins de poussière, à s’extasier comme des veaux tout juste nés du chant ridicule d’un oiseau, de l’empreinte inutile d’un cerf, ou de l’existence éphémère d’une fleur qui ne sent même pas bon. Je hais les week-ends qui ne se déroulent pas lascivement entre les draps, je hais la campagne, et surtout je hais ma famille.

Lise. Lise est ma sœur, elle a six ans.

Ma mère est morte quand j’avais six ans. Elle est tombée dans un escalier et s’est bêtement tordu le cou. Pendant mes troubles années adolescentes, j’ai voulu croire que mon père l’avait poussée, je le racontais à qui voulait l’entendre en arborant un air à la fois mélancolique et vaguement mystérieux, ça donnait un air intrigant à mon passé et me conférait une attention toute spéciale dans les yeux de mon interlocuteur, mais je n’étais pas dupe de mon propre mensonge, elle a été assez conne pour faire ça toute seule, comme une grande. De toutes façons mon paternel aurait été bien incapable de faire une chose pareille, le type même de l’homme qui se fait mener par le bout du nez, pas de personnalité, pas de dignité, pas de couilles. Toutes les femmes avec lesquelles je l’ai vu s’afficher étaient sorties du même moule, castratrices et autoritaires, toujours après lui à l’assener de leurs piaillements de désapprobation, comme des volailles enragées, toutes les mêmes, et d’après ce que j’ai pu en deviner dans les récits embrumés sous le voile valorisant du deuil, ma mère était de celles-là aussi. Eleanore aussi est comme toutes les autres, elle a juste pris soin de ne pas trop le montrer, pas avant que mon père ne l’épouse et qu’elle se soit fait engrosser, et à l’âge qu’elle avait, elle a eu intérêt de faire vite si elle voulait espérer mettre bas dans cette vie.
Lise est donc plutôt ma demi-sœur, génétiquement parlant. Dans la pratique, je peux considérer que je ne la connais pas. Quand elle est née, ça faisait quelques années déjà que j’avais quitté le foyer en claquant la porte, le baluchon jeté sur la plage arrière, prête à affronter n’importe quel inconnu pour fuir l’enfer de cette vie, le spectacle de mon géniteur amorphe qui subissait ses journées comme autant de kilos de caillasses en travers de la gueule, à supporter les remarques constantes de sa sorcière d’épouse, dans une maison coupée du monde, un monde à part, un monde de fous furieux.

Je hais les week-ends en famille. Quand Eleanore m’a appelée la semaine précédente pour m’inviter à passer celui-ci avec eux, “à la campagne, ça te fera du bien, et puis c’est pour l’anniversaire de Lise, elle a six ans”, je l’aurais bien envoyée bouler, et puis bon, entre supporter les gémissements de chienne en chaleur de ma colocataire et de son nouveau jules dans la pièce à côté ou aller me farcir ma pseudo famille pendant deux jours, la seconde solution bénéficiait de l’avantage de changer de la routine. Mon père est venu me chercher à la gare en fin de matinée. Après les questions rituelles - ça va ? fait un bon voyage ? pas trop fatiguée ? - il sembla avoir épuisé sa réserve de mots pour les heures suivantes, et le trajet en voiture fut reposant de silence et de calme. Mon père et moi nous sommes rencontrés pour la première fois il y a vingt-cinq ans, moi recouverte de sang et de viscosités, lui tout tremblant et pâlichon, mais du plus loin que je me souvienne, je crois que nous n’avons jamais rien eu à nous dire. Même le fameux complexe d’Œdipe dont on nous a rabâché les oreilles à la fac me semble complètement fantasque au vu de notre relation. Une de mes compagnes de classe m’a une fois soutenu mordicus que c’était à cause de ce manque que je n’arrivais pas à m’engager avec quelqu’un, et que si j’avais eu une enfance équilibrée, je saurais trouver dans le couple ce qui manque à ma vie, enfin en gros, mais bon je n’ai pas écouté toutes les conneries qu’elle me sortait non plus. Et puis de quel droit elle se permettait d’affirmer que je n’étais pas bien comme j’étais d’ailleurs ? Est-ce qu’elle était plus heureuse que moi avec ses talons aiguilles, son maquillage plaqué sur la gueule et ses bijoux de pacotille qui n’étaient qu’autant de tentatives pitoyables de se déguiser en espèce de clown social ? Est-ce que son bellâtre la faisait grimper aux rideaux tous les soirs ou juste les jours de paye ? Et puis ça m’énerve ce genre de nanas, qui savent tout sur tout et sont persuadées qu’une vie qui sort du cadre est forcément une vie ratée. J’espère qu’elle s’est étouffée avec sa morale cette conne.

Eleanore est un peu comme ça. D’ailleurs, à peine j’ai franchi le pas de la porte qu’elle me harcelait de question sur ma vie sentimentale, professionnelle, sociale et j’en passe. Le truc pratique avec cette harpie, c’est qu’elle fait les réponses en même temps, il suffit de grommeler plus ou moins pour qu’elle en tire ses propres conclusions et qu’elle me foute la paix pour un temps.
Je me suis empressée de gagner l’étage avant que les autres invités n’arrivent pour y déposer mes affaires. Ma chambre est presque inchangée depuis que je suis partie, si ce n’est les quelques bricoles entassées dans un coin inutilisé. Elle est juste à côté de celle de Lise, qui bizarrement n’a jamais demandé à investir cet espace disponible. Je ne sais pas quelle vision elle a de moi, à vrai dire personne n’en connaît beaucoup sur elle. Cette gamine ne parle pas, ne sourit jamais, et aucun sentiment ne se lit sur son visage. Elle a toujours été comme ça. Eleanore lui a fait passer une batterie de tests, craignant l’autisme ou la débilité profonde, mais aucun n’a été concluant. Les psychiatres restent sceptiques et sont surtout vexés d’être impuissants, aussi ont-ils inventé les uns après les autres qui de la dépression, qui du mal être, qui un détachement résultant du mutisme de l’enfant, mais aucun n’a vraiment eu de théorie convaincante. D’ailleurs on est même pas sûrs qu’elle soit vraiment muette. Elle est juste comme ça Lise, elle est à la fois présente et absente, elle vient s’asseoir en face de vous, sans un bruit, et vous transperce de ses yeux clairs jusqu’à ce que vous détourniez le regard, elle peut rester une heure à la fenêtre à juste contempler le vent dans les arbres, comme si elle cherchait à se fondre dans le décor pour mieux écouter la conversation. Parce qu’elle est loin d’être imbécile Lise, même sa préceptrice s’en est bien rendu compte. Je crois que la majorité des gens ont peur d’elle, à commencer par sa mère. Elle s’inquiète en permanence de savoir où elle est, mais elle a l’air bien plus serein quand la fillette n’est pas trop près d’elle. Mon père a l’air de s’en foutre, le contraire aurait été étonnant remarquez bien. Lise déambule dans cette maison comme si elle était d’une autre dimension parallèle à la leur.
En jetant un œil par la porte de sa chambre, je la vis assise sur son lit, elle jetait un minuscule morceau de liège à une souris blanche qui le lui ramenait en le faisant rouler sous ses pattes. L’animal s’arrêta soudain et huma l’air, sûrement qu’il sentait mon odeur. Lise pencha légèrement la tête, comme à l’écoute de ma présence. Ça ne dura que quelques secondes, puis elle se remit à jouer, avec le même geste lancinant et répétitif. C’est vrai qu’elle est étrange cette gosse.

Une fois mes quelques affaires disséminées dans ma chambre, je redescendis à la cuisine. Eleanore y préparait l’entrée du dîner, des œufs mimosa agrémentés de quelques toasts à la mousse de saumon harmonieusement disposés sur un plat ovale sur des feuilles de laitues. Elle a le goût de l’esthétisme cette femme, elle est une sorte d’adepte de la merde enrubannée de fils dorés. Tout en elle n’est qu’un reflet qui dissimule un néant, ses tailleurs achetés en supermarchés, sa maison isolée aux murs moisis sous le papier peint, sa conversation grandiloquente aux arguments vides de sens et ses bijoux plaqués or, rien d’autre que du tape à l’œil, une sorte de fard, mais dessous tout est mort et pourrissant. Comme pour confirmer mes pensées, Eleanore entreprit de transvaser le contenu de bouteilles de vin douteux dans une carafe à décanter en verre blanc. Tout en la regardant faire, je pris place à la table de la cuisine, laissai courir mes doigts sur la coupelle de fruits posée devant moi, et demandai nonchalamment :
- Lise a une souris ?
Eleanore se tourna vivement vers moi, et une goutte de vin en profita pour sauter de la bouteille et venir s’écraser sur le sol. Elle posa ce qu’elle avait dans les mains en grommelant et saisit une éponge.
- Oh oui, cette souris ! prononça-t-elle d’un air agacé. Ce n’est pas une idée de moi ça.
Elle donnait des petits coups d’avant-bras saccadés, et je crus bien qu’elle essayait de faire un trou dans le pavé de carrelage qu’elle briquait. Elle continuait à râler.
- Je voulais pas de cette bestiole ! C’est le dernier charlatan qu’on a vu aussi, soi-disant que la proximité d’un animal pourrait ouvrir Lise sur le monde, ils ne savent plus quoi raconter pour gagner leur croûte ceux-là. Enfin de toutes façons (elle a toujours cette façon de scander le “de toutes façons” d’un plat de main agacé) il était hors de question de prendre un chat ou un chien, avec les allergies de ton père. En fait c’est Anthony qui lui a ramenée…
- Anthony ?
- Son nouveau petit camarade, le fils des voisins.
J’étais sincèrement surprise. Lise n’a jamais eu d’amis, elle ne va pas à l’école car Eleanore a peur du regard de la maîtresse ou des autres parents sur l’ “anormalité” de sa fille, et la maison est isolée du monde extérieur par une forêt épaisse d’un côté et un ruisseau boueux de l’autre. Apparemment Anthony a huit ans, et il habite à un ou deux kilomètres, son passe-temps préféré étant le vélo, il est venu se perdre par ici il y a quelques temps et est tombé sur Lise qui jouait dans le jardin. Dieu sait ce qu’il trouve à ce contact, mais il ne semble pas s’en lasser et revient sans relâche tous ses jours de congé.
- J’ai appelé sa mère, mais cette dame laisse son fils faire tout et n’importe quoi. Il paraîtrait qu’il aurait plusieurs de ces bestioles dans sa propre chambre ! De toutes façons, elle n’avait pas la voix très claire, et si tu veux mon avis, je crois qu’elle abuse un peu de la bouteille, une vraie traînée. J’ai bien essayé de lui enlever sa souris, mais…
Eleanore se retourna et finit de vider le vin dans la carafe. Lise a piqué une de ces crises qui lui font tellement peur, c’est pour ça qu’elle s’est laissé convaincre. C’est plutôt comique d’imaginer que ce petit bout de bonne femme arrive à faire fermer son clapet à cette grande pimbêche acariâtre.
Une voiture faisait chanter les gravillons de l’allée, et par la fenêtre je vis mon père se diriger nonchalamment à la rencontre des nouveaux arrivants pour les accueillir. La sœur de ma belle-mère, Danielle, extirpa difficilement son corps obèse de l’habitacle, tandis que son mari Pierre ouvrait les portières des jumeaux en les invitant à sortir. Les deux enfants, un garçon et une fille d’une dizaine d’années dont j’avais beaucoup de peine à me souvenir des prénoms, jaillirent en se bousculant sous les remontrances de leur père. Je gagnai le salon pour les saluer.
Finalement je ne les connaissais presque pas, et je crois qu’ils avaient aussi peu envie que moi que cela change. A ma dégaine de jeunette attardée, avec mes jeans ternes et mon pull large, ils devaient me juger comme étant de la même engeance que les racailles qui faisaient la fête tous les soirs dans l’appartement du dessus et les ennuyaient avec leur musique et leurs rires. Quelque part ils n’avaient pas tort en plus. Après quelques politesses, tout le monde s’installa sur les fauteuils inconfortables et mon père proposa un apéritif “pour faire venir les retardataires”. Nous avions à peine trinqué qu’ils arrivaient, la seconde sœur d’Eleanore et son dernier petit ami en date, dans le vacarme assourdissant du moteur d’une moto.
Décidément l’hypocrisie et les faux-semblants me donnaient envie de vomir, tout le monde se souriait, s’accueillait bras ouverts et sourire forcé, comme dans un gala mondain, mais on sentait les remontrances sous-jacentes, les regards réprobateurs et les non-dits accusateurs. Ce qui me dégoûtait le plus était de voir mon père évoluer au milieu de ses gens qui n’étaient pas les siens, se prêter à leurs jeux pervers sans même les comprendre, avec toute la naïveté d’un gosse au cerveau de limace. Je restais prostrée dans un fauteuil proche de la fenêtre, le plus en retrait possible de leurs conversations qui de toutes façons prenaient soin de ne surtout pas m’inclure.
La sœur obèse vantait les mérites de ses deux monstres de gamins qui se pavanaient comme des paons au milieu du salon. Le garçon était apparemment un “gardien de but né”, du moins c’est ainsi que l’appelait sa mère, et la fille une “nouvelle Georges Sand”. Leur père opinait du chef à tout ce que disait son épouse, tentant une surenchère vaine de temps à autre. La jeune sœur écoutait d’une oreille distraite tout en roulant des pelles à son ami. Mais soudain elle releva la tête en écarquillant les yeux et sa bouche prit une drôle de forme en O - assez ridicule d’ailleurs. Tous les regards se tournèrent dans la même direction. Lise était debout au pied de l’escalier et nous dévisageait avec insistance les uns après les autres, suffisamment froidement pour que pas un seul n’ait idée de rompre le silence. On voyait dépasser le bout de la queue de sa souris qui était lovée dans un pli de la manche bouffante de sa belle robe jaune. Voilà qui devait exaspérer Eleanore, mais certes pas au point de la faire réagir en cet instant. Le petit garçon pointa alors du doigt ses chaussures en marmonnant une esquisse de phrase. Une flaque d’urine grandissait autour des pieds de Lise, et les éclaboussures maculaient ses chaussettes impeccablement blanches et ses souliers vernis. Elle regardait sa mère droit dans les yeux, la tête haute et un air de défi sur les traits. Quand sa vessie fut vidée, la petite fille tourna les talons et monta lentement l’escalier en laissant des empreintes humides sur les marches. Mon père stoïque se leva et gagna la cuisine pour en revenir peu après avec une serpillière.
- Et si on passait à table ? proposa Eleanore sur un ton un peu trop enjoué.
Sa jeune sœur sursauta, puis se leva, aussitôt suivie par les autres, et on s’installa à table. Ce déjeuner fut aussi barbant que je l’avais imaginé, et la conversation ne différa pas beaucoup de celle de l’apéritif. Personne ne fit allusion à Lise, même pas au moment où l’on mangea le gâteau qui aurait dû être orné des bougies de son anniversaire. Alors que la commande de cafés et de tisanes était passée, un jeune garçon arriva à vélo et entra par la porte fenêtre ouverte du salon. Il lança un bonjour poli à la cantonade et interrogea ma belle-mère du regard.
- Elle est à l’étage, informa Eleanore.
Elle lui attrapa le bras quand il passa près d’elle.
- Anthony, dis-moi, pourquoi persistes-tu à venir voir Lise ?
Le gamin eut l’air sincèrement surpris. Elle ajouta :
- Je veux dire, quel intérêt trouves-tu à passer autant de temps avec une petite fille qui ne parle pas ?
- Mais elle me parle à moi, répondit-il en ouvrant de grands yeux ronds. Elle me parle dans ma tête.
Eleanore leva les yeux au ciel et libéra son étreinte. Anthony courut vers l’escalier et avant de monter, se retourna pour ajouter :
- A Mutine aussi, elle lui parle dans sa tête.
- Mutine ?
- Sa souris, répondit le petit garçon avec un haussement d’épaule signifiant l’évidence.
Puis il disparut à l’étage.
La nièce d’Eleanore grimpa sur les genoux de sa mère comme pour attirer son attention, tandis que son frère en profitait pour chiper un morceau de chocolat dans le sucrier et l’enfourner d’un geste rapide. Le tableau grotesque de ces gens liquéfiés dans le canapé et les fauteuils me semblait digne d’une croûte de la renaissance, au détail près que la chemise de Danielle présentait de larges auréoles de sueur acide au niveau des aisselles, et que ce détail était bien trop trivial pour avoir place dans quelque art que ce soit. Ils me donnaient tous envie de vomir, je me levai pour aller fumer une cigarette dans le jardin, sans un mot.
La plus jeune sœur d’Eleanore ne tarda pas à partir avec son abruti de copain, prétextant un dîner quelconque dans la belle-famille. A ce moment-là, je dois avouer que j’aurais rêvé d’avoir moi aussi un petit ami pour pouvoir m’éclipser, il faudrait que je pense une autre fois à embaucher l’un de mes potes pour cette tâche ingrate. De façon aussi prévisible qu’inévitable, Eleanore avait proposé une balade en forêt, et la joyeuse petite famille se préparait à partir. Mon père préféra le confort du hamac derrière la maison, et personne ne prit soin d’appeler Lise et Anthony pour les convier à la promenade. Je déclinai l’invitation aussi et montai au premier m’allonger un peu.
Je m’étendis sur mon lit et laissai courir mon regard sur les murs froids et nus. De la pièce contiguë venaient les paroles enjouées d’Anthony et les rires des deux enfants. Un rayon de soleil perçait entre les rideaux et réchauffait la peau de mon visage. Je ne tardai pas à sombrer.

Quand je m’éveillai, je jugeai au jour déclinant et à ma nuque endolorie qu’il devait être une heure déjà bien avancée dans l’après-midi. J’enfilai mes baskets, m’étirai en gémissant et me frottai les yeux, histoire de bien émerger. En passant devant la chambre de Lise, je trouvai la gamine assise sur son lit, les yeux dans le vague, le pied se balançant légèrement d’avant en arrière. Sa souris était endormie en boule sur ses genoux, petite masse blanche à peine parcourue d’un léger tressaillement. Les yeux de Lise ne cillèrent même pas comme je passai devant elle, absorbée qu’elle était dans ses pensées secrètes et mystérieuses. La porte de la pièce suivante était entrouverte, mon père était allongé de tout son long sur le lit conjugal, les bras en croix et la bouche grande ouverte, produisant un ronflement sonore et écoeurant ponctué de borborygmes glaireux. Il avait dû préférer la fraîcheur de sa chambre aux attaques des insectes du jardin.
Au rez-de-chaussée Eleanore et sa sœur s’activaient en caquetant comme des poules pour préparer le dîner. Pierre au salon feuilletait un magazine automobile, et leurs deux chiards s’attardaient à l’extérieur, se disputant un ballon crevé à grands cris. J’attrapai un stylo et un recueil de mots fléchés qui traînait, activité bien préférable à une discussion avec n’importe lequel d’entre eux. J’avais déjà rempli deux grilles et épuisais mes neurones sur la troisième quand on commença à mettre la table. Lise surgit soudain et vint s’asseoir à côté de moi. Elle me fixait de ses grands yeux bleus, je ne savais trop quoi dire. Elle me prit le stylo des mains et entreprit de colorier les cases restées blanches. Je la pris sur mes genoux, elle se laissa faire mais ne fit preuve d’aucune marque d’affection. Eleanore se posta à la porte-fenêtre et appela les enfants afin qu’ils se lavent les mains avant de passer à table.
- Lise, où est ton père ? demanda-t-elle en se tournant vers nous.
Les doigts de la fillette se crispèrent sur le stylo et elle perça presque le papier à force de griffonner. Eleanore haussa les épaules.
- Il doit être encore en train de dormir.
Et elle monta l’escalier. Son hurlement quelques minutes plus tard figea l’air et le temps, tout s’arrêta et les regards convergèrent instinctivement vers Lise qui imperturbable s’escrimait sur son œuvre.

Il fallut plus d’une heure à la police pour venir, accompagnée d’une ambulance. Ils emmenèrent le corps de mon père, guidés par Eleanore dont le teint cireux la rendait paradoxalement presque jolie. Lise ne me lâchait pas la main. Elle la serra encore plus fort quand un infirmier s’approcha de moi en me tendant quelque chose. Je reconnus la souris, presque sans surprise.
- Vous savez ce que c’est ? demanda-t-il tout bas.
- Une souris, lui répondis-je en me demandant s’il ne me prenait pas pour une imbécile.
- Oui, bien sûr, une souris, mais je veux dire…
Il marqua une hésitation et baissa davantage la voix.
- On l’a retrouvée dans la gorge de la victime, vous n’avez pas idée de…
Lise me faisait mal à force d’écrabouiller mes doigts dans sa minuscule main. Je regardai l’infirmier et haussai les épaules, trop choquée pour sortir un mot de toutes façons. J’attendis qu’il se fut suffisamment éloigné pour entrer dans la maison, entraînant Lise à ma suite. Elle rechignait un peu, sûrement avait-elle peur que je ne l’interroge ou je ne sais quoi. Mais j’avais les idées suffisamment embrouillées comme ça pour même y penser. Mon père était mort, quelque chose me disait que ma demi-sœur l’avait tué, dieu sait comment, et pour je ne sais quelle raison. Mon père était mort. Je ne le verrai plus. Pas que ça me fasse réellement mal, je me demande si j’ai jamais aimé mon père, mais quand même, c’était un peu étrange comme sensation. Je n’avais plus de parents. J’étais une orpheline sur le tard.
Je restai une semaine de plus chez Eleanore, non par envie mais parce que je n’avais pas trop envie de déranger son deuil naissant en revendiquant qu’elle m’emmène à la gare, et puis j’en profitai pour récupérer quelques bricoles qui avaient appartenu à mon père et qu’il me tenait à cœur de garder. Et puis dans le fond, je crois que je restai pour Lise, parce qu’elle semblait soudain me faire confiance, parce qu’elle avait presque besoin de moi, parce que dans ses grands yeux je voyais pour la première fois qu’elle avait peur, et qu’elle se sentait seule.
Quand je finis par partir, j’y vis même une ombre de reproche, et je sentis un pincement au cœur et comme une envie de l’emmener avec moi, pour lui faire partager ma vie et prendre soin d’elle à tout jamais, pour veiller sur cette gamine tellement étrange mais dans le fond si identique à tous les autres enfants, ma sœur, ma Lise.

Je suis revenue dans mes habitudes, dans mon quotidien, au point de presque en oublier le drame qui aurait dû pourtant me marquer. Ma vie ne me passionne pas particulièrement, mais j’aime ma tranquillité, et je ne suis pas du genre à m’attarder longtemps sur des remords.
Je faisais couler l’eau de mon bain, bien décidée à m’offrir une heure rien qu’à moi, quand le téléphone sonna. Je ne reconnus pas tout de suite la voix d’Eleanore, elle semblait épuisée et déprimée, elle avait perdu de sa verve de grande bavarde.
- Tout va bien ?
L’inquiétude dans ma voix était sincère, si j’avais cru un jour pouvoir m’en faire pour cette femme…
- Pas vraiment, répondit-elle.
- C’est Lise ?
Ma peau se contracta tout autour de ma chair en un frisson d’angoisse.
- Qu’est-ce qui se passe ? Mais dis-moi !
- Non ce n’est pas Lise. Lise va très bien. Enfin aussi bien qu’elle puisse aller, soupira-t-elle. C’est… c’est Anthony.
Anthony, le petit garçon, je l’avais oublié celui-là.
- On l’a retrouvé la semaine dernière dans le ruisseau derrière la maison. Sa mère n’a pas vu tout de suite qu’il avait disparu, elle était trop saoule.
- Oh mon dieu, murmurais-je. Et Lise va bien ? Comment elle le prend ?
- Il ne s’agit pas de Lise, répéta Eleanore. Il y a eu des analyses sur le corps.
- Des analyses ?
- Ton père a violé cet enfant. Il l’a probablement tué aussi.
Sa voix s’était cassée sur les derniers mots. Nous écourtâmes la conversation. Un relent acide remonta sur ma langue. Le dégoût que m’avait toujours inspiré mon père n’était jamais arrivé au point qu’il franchit à cet instant. Je ne regrettai pas de ne pas m’être rendue à son enterrement. J’étais emplie d’un sentiment de honte d’avoir un pareil géniteur, je m’en voulais d’avoir son sang dans les veines, et si j’avais pu m’en vider, je l’aurais fait sur-le-champ.

Eleanore vendit la maison, et d’après ce que j’ai pu entendre envoya Lise dans un institut pour enfants autistes. A ce jour je ne l’ai jamais revue. Je pense à elle de temps en temps, à ma petite sœur, à sa souris, à ce qu’elle a pu voir en cet après-midi d’été, mon père, le pantalon sur les chevilles, violant son seul ami, à son geste désespéré de vengeance, son sacrifice, ses appels à l’aide. Je n’y pense pas trop longtemps, pour ne pas trop me sentir coupable.

= commentaires =

nihil

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void
    le 10/06/2004 à 20:12:50
... et le pire c'est que je suis bien persuadé que tous ces trucs qui me sont revenus en tête au cours de la lecture ne t'ont en aucun cas inspiré consciemment, ou même que tu les ai eu sous les yeux, mais bon... Y a rien de plus crétin comme défaut que de rappeler des trucs déjà existents, c'est vraiment pas un jugement de valeur, mais y a rien qui gâche plus la lecture non plus.

En vrac je pense au texte de Darkside (Arka a envoyé le sien à peu près en même, juste pour ceux qui imagineraient un genre de plagiat)
Festen (repas de famille insoutenables et inceste)
Charlie (la petite fille de Stephen King qui fait brûler des trucs par la pensée)
la célébrissime scène de l'exorciste où la petite fille urine sur le tapis devant 2000 invités (là faudra juste m'expliquer si c'est un plagiat délibéré et sans scrupules ou une superbe coïncidence... Vu la grosseur de la référence, la deuxième hypothèse me semble plus probable)plus deux trois autres trucs, mais c'est mineur...


C'est vraiment bien vu et bien écrit, c'est souvent agréablement agressif, l'intrigue est excellente, super bien montée, on voit pas trop la fin arriver, le coté malsain et flippant est là, même si il arrive assez tard, y a quelques petits défauts de rien (genre la mère qui alpague un copain de sa fille de 8 ans devant toute la famille...), bref c'est un chouette texte, mais rien à faire, je l'aime pas parce que j'ai aimé d'autres trucs auxquel il ressemble...
gwenwyfhar
...    le 10/06/2004 à 21:36:05
25 ans, une demie-soeur de 6 ans... Arkanya t'es gentille... t'arrêtes d'écrire sur ma vie...
pouf
    le 10/06/2004 à 23:17:51
Merde alors Arka serait aussi ma demi soeur ou serais je la demi soeur de Lise ?
Sinon je me suis etonnée à tout lire d'une traite sans même imprimer, donc vive les souris !
*    le 10/06/2004 à 23:18:37
e
Max
Que dire...    le 11/06/2004 à 00:23:39
J'ai vraiment beaucoup aimé...

Je ne connaissais pas ce talent à notre Arka (mais j'en connais d'autre rassurez vous) :p

(chtèmeuh)
Super-Pétasse

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Clap ! Clap ! Clap !    le 11/06/2004 à 19:33:19
J’ai lu ce texte hier soir…un peu rapidement. Non trop rapidement en fait, parce que pressée par le temps. Difficile de me faire ensuite une idée précise et d’exprimer le ressenti que j’ai éprouvé au fur et à mesure de la lecture… Pour essayer quand-même, je dirais que le terme malaise résume assez bien mon sentiment d’hier soir (même si c’est incomplet). Mais très curieusement, j’étais infoutue de dire si ce texte me plaisait ou pas.

Je n’ai pas pour habitude de commenter les textes ici (ni même de poster d’ailleurs)…je me contente souvent de lire et n’aime pas trop donner mon avis, à plus forte raison s’il est négatif, ça je préfère toujours le garder pour moi. Pourquoi ?

Je suis probablement la plus incurable bisounours que vous rencontrerez jamais…je n’aime pas blesser (ou prendre le risque de blesser) les gens lorsqu’ils s’exposent. Et de plus, les critiques négatives me gonflent car elles sont très peu souvent argumentées honnêtement et donc faites dans le but d’apporter quelque chose à « l’auteur ».

Pourquoi je vous raconte ça, alors même que vous vous en tapez ? Simplement pour en arriver là (si vous me laissiez finir vous le sauriez) : il m’est très rarement arrivé de ne pas pouvoir me dire d’un texte lu, si je l’aimais ou pas. Et cela m’a paru une raison suffisante pour pousser l’introspection un peu plus avant. J’ai donc imprimé et emporté le texte chez moi (ouais j’ai pas le net chez moi…et alors ?) pour pouvoir le relire.

Et bien après relecture (plusieurs fois même) j’ai toujours ce même sentiment de malaise…et toujours autant de mal à trancher !

Pour résumer…je n’ai absolument pas, comme nihil, pensé eu texte de Darkside, ni au repas de Festen…ni à quoi que ce soit d’autre d’ailleurs ! J’ai lu ce texte avec cette sensation de malaise grandissant au fur et à mesure, un peu difficilement au départ du fait des longues phrases, pour en arriver au milieu à dévorer ce qui suivait sans jamais décrocher. Envie…ou plutôt besoin de savoir comment cela finissait, pour me sortir de ce ressenti troublant. Et bien peine perdue…c’est resté.

En cela, je ne suis toujours pas plus avancée, même après relecture, mais ce que je peux dire toutefois, c’est qu’au vu de ce que j’attend d’un texte, à savoir qu’il me touche, me procure une émotion…ben là, Arkanya, c’est gagné…pile poil ! Chapeau bas et merci pour cela…
Super-Pétasse

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Faute de frappe    le 11/06/2004 à 19:35:28
*pensé AU texte de Darkside
Bizontin

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    le 11/06/2004 à 20:32:27
Une unique impression de narration, appliquée et austère.
Oui je sais, ce n'est pas très flatteur, du moins dans mon esprit étriqué dans sa soif effrénée de stylisme despotique.
Un peu comme un bon "rapport de gendarmerie" en quelque sorte, un très bon rapport certes, mais un rapport avec ce qu'il impose de froideur et de descriptif.
Rien à redire sur la syntaxe, la construction et la linguistique qui ne pêchent d'aucune faiblesse, une idée de départ intéressante, mais un manque d'âme, de flamme et surtout d'intimité, qui m'ont laissé sur le seuil de l'histoire. J'aurais aimé y rentrer pleinement, y frémir, mais non.
Hélas.
nihil

Pute : 1
void
    le 11/06/2004 à 20:51:00
C'est toujours assez propret le style d'Arka, des fois ça manque un peu de disjoncte... C'est du coup dans les textes les plus glacés que ça passe le mieux. Et aussi dans les textes les plus désaxés étonnament, surement l'effet de contraste... Les délires et hallucinations répertoriés cliniquement ça fait vraiment mouche et c'est ça la patte Arka. Dans ce texte le style est impeccable mais un poil "professionnel" ptêt ?
Bizontin

Pute : 0
    le 11/06/2004 à 21:43:24
L'émotion je l'ai senti, là, tout proche, prête à bondir au détours d'une virgule... vainement.
Frustration, c'est ça frustration.
Il manquait un poil de rien, un millitruc de pas grand chose pour que j'oublie enfin l'acte de lecture qui me poussait. Je ne me suis pas forcé, non, loin de là, ce ne fût certes pas une épreuve, mais je n'ai pu me détacher du coté rédactionnel et narratif (au détriment de l'émotionnel).
Très très bien écrit, je confirme, talentueux, manque simplement ce petit-je-ne-sais-quoi qui aurait pu faire basculer...
... j'ai un peu l'impression de me répéter, mais bon !
nihil

Pute : 1
void
    le 11/06/2004 à 22:59:46
manquait ptêt un bout de nichon qui pointe pour ton gout personnel, en gros, c'est ça hein ?
Nagash

Pute : -2
    le 12/06/2004 à 20:23:10
Je ne suis pas tout à fait d'accord avec Bizontin.
Le style est en effet très académique.Mais l'émotion tient t-elle toute entière dans le style?
Même si je concède que l'emballage puisse accentuer ou ammoindrir la force d'un contenu..je ne pense pas qu'il puisse l'anéantir.
D'après ce que j'ai lu d'elle,le style d'Arkanya est carré,limite dérangeant et glacial dans sa quasi perfection littéraire..mais c'est son style,et c'est justement ça qui est plaisant et qui donne l'atmosphère,après selon sa sensibilité propre à chacun d'y adhérer ou non,là on rentre dans le domaine purement subjectif.
Pour en revenir au texte,la fin m'a foutu une bonne(ou mauvaise devrais-je dire?)claque..on s'y attend vraiment pas.Au fur et à mesure du texte ma vision de la fillette s'est transformée,d'abord autiste,ensuite diablesse..et pour finir seulement une enfant hypra sensible devenue spectatrice de la connerie ultime de l'humain et devenue du même coup une sorte de Némésis.
Toutes les considérations sur la famille et les normes sociales et relationnelles m'ont particulièrement accroché dans la mesure où il m'est arrivé d'avoir, en ce qui concerne certaines,exactement les mêmes pensées.
Au sujet de ce qu' dit Nihil, il est vrai que la scène du pissou dans le salon est méga ultra rodé..du fait de la référence cinématique..D'ailleurs je trouve que ce passage n'est pas nécessaire.En ce qui concerne les autres références que cite Nihil je les trouve un peu tirées par les cheveux..encore heureux qu'il n'ait pas une connaissance encyclopédique,sinon tous les textes seraient grillés.J'suis sûr que c'est parceque mon texte lui faisait penser à Arch Némésis qu'il l'a pas mis dans le guide cet enfoiré..




nihil

Pute : 1
void
    le 12/06/2004 à 20:42:17
Hé mais ferme ta gueule toi, si tu veux faire ton entrée dans le guide, j'ai 171 autres textes que tu peux plagier, connard !

A noter que pour la pleine cohérence de ce message, je vais mettre ton texte dans le guide.
pouf
*    le 12/06/2004 à 22:29:32
Oui et bizontin ferme taggle auusi car ce texte est top et viens pas me faire chier pour demander justement pourquoi je le trouve bien, tu n'auras aucune reponse et même pas tu devrais t'en poser.
nihil

Pute : 1
void
    le 12/06/2004 à 22:34:30
pouf, t'es conne
Aka

Pute : 2
    le 13/06/2004 à 03:01:09
Quitte à plagier mon idole, je me suis sentie frustrée. Non pas par le style que je trouve toujours aussi agréable (mais de là à parler de "quasi perfection littéraire", il faut arrêter de se branler la bite Nagash), ni par le manque de sentiment. C'est juste que je pense que le texte mériterait d'être plus long. Les passages avec la gamine sont de vrais merveilles, il y aurait vraiment eu matière, et sans passer par des scènes de remake américain, à en faire un truc beaucoup plus poussé Et franchement la fin, j'ai eu l'impression que tu devais avoir un rendez-vous important au moment où tu l'as écris.

J'ai la sensation d'un texte juste effleuré et pas creusé.

Perso, c'est loin d'être mon préféré d'Arka.
Nagash

Pute : -2
    le 13/06/2004 à 12:24:29
C'est pas ma bite que je branle, ce sont les chevilles d'Arka.
Quand les imperfections linguistiques se comptent sur les doigts d'une main, pour moi la perfection n'est pas loin.Logique non?Surtout quand on compare aux textes d'El Défoncer ou de Pourridelamoelle.
Mais c'est secondaire puisque c'est pas non plus ça qui fait naître le frisson,ca reste de l'emballage.La perfection syntaxique est une frontière ouverte à beaucoup,l'intérêt d'un texte réside au contraire dans les imperfections qui roucoulent entre ses lignes.Aller sois pas jalouse,à ton prochain texte je dirais aussi que tu es dôtée d'une "quasi perfection littéraire",promis.
Bizontin

Pute : 0
Subjectif ?    le 13/06/2004 à 17:24:30
Justement Naggash, lorsque je donne mon avis sur un texte d'Arkania, une toile de Beksinski, le moelleux d'un slip kangourou ou le design d'un sac poubelle... j'entre généralement des deux pieds dans la subjectivité et le reste ne manque pas de suivre. Je n'y peux rien, je suis ainsi.
L'émotion ne tient pas entièrement dans le style, certes, mais un alignement de mots choisis peut délivrer un malaise ou suggérer une secousse complètement différents selon leur rythme ou leur mise en relief. Que l'on ai pas la même approche de l'écriture n'est pas nouveau et je maintiens que si le travail d'Arka est remarquable par de nombreux points, certain passages clés et forts de ce texte auraient mérités (à mes yeux, j'insiste) d'être propulsés en avant pour casser le rythme de l'ensemble. Le passage relatif à l'incontinence de la gamine, par exemple, traverse le contexte avec guère plus de relief que la goutte de vin douteux répandu par la mère au début de l'histoire. Signifiants monochromatiques (et toc!), l'un semblant aussi banal, ou important, que l'autre.
Tout ceci est on ne peut plus SUBJECTIF, je tiens encore une fois à le préciser. Sinon je me serais contenté de fermer ma gueule.

nihil

Pute : 1
void
    le 13/06/2004 à 17:26:22
Beksinski ?? Y a quelqu'un d'autre sur Terre que moi qui connait Beksinski ?? Aaaargh dans mes bras !
Bizontin

Pute : 0
    le 13/06/2004 à 18:41:56
Beksinski... «Ainsi soit-il...» Peindre les songes... sans idéologie.
Si tu me laisses conserver mon slip kangourou... je veux bien me blottir dans tes bras !
Nagash

Pute : -2
    le 13/06/2004 à 19:40:16
Nous sommes d'accord.
Aka

Pute : 2
    le 13/06/2004 à 22:33:19
Nagash : ça ne sera pas nécessaire et au contraire inportunt. Je trouve juste qu'il y a des expressions à utiliser avec soin... et qu'on arrête de se prendre pour de grands critiques littéraires parlant de chefs d'oeuvre.
Enfin, c'est mon avis.
nihil

Pute : 1
void
    le 13/06/2004 à 22:43:16
Peut-être que se prendre pour un grand critique littéraire, c'est pas hurler au chef d'oeuvre, mais plutôt pondre des paragraphes entiers sur, par exemple, le style qu'il est vivant et qu'il est bien ou qu'il est pas vivant et qu'il est pas bien ?
Peut-être que se prendre pour un grand critique littéraire c'est tomber sur les autres pour un mot employé de traviole ?
Daria

Pute : 0
    le 13/06/2004 à 23:06:56
Moi j'aime bien ... comme tout ce qu'écrit Arkanya
je trouve que vous cherchez la petite bete pour y trouver des défauts
pouf
    le 14/06/2004 à 11:34:52
Applaudissons tous Nihil pour son sens d'analyse !
Lapinchien

tw
Pute : 6
à mort
    le 14/06/2004 à 14:49:18
Aujourd hui c'est mon anniversaire et la lecture de ce texte est un de mes plus beaux cadeaux... de toutes façons je l'avais deja lu dans la rubrique des articles en attente depuis un bail.. çà à du bon d'avoir des pouvoirs d'admin... Sinon j'ai vingt neuf ans... plus qu'un an avant de sombrer dans une profonde depression abyssale et destructice...

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Commentaire édité par Lapinchien.
Le Petit Prince
    le 15/06/2004 à 11:23:02
En lisant les commentaires et en relisant le texte, j'ai enfin compris ce qui me chiffonne parfois dans les textes d'Arka (ce qui ne m'empêche nullement d'être fan) : la froideur apparente du narrateur. Les sentiments ne s'expriment pas pleinement ; en tous cas, pas ceux qui traduiraient une certaine vulnérabilité. Du coup, le personnage principal de cette nouvelle ne m'est pas particulièrement sympathique. Trop égocentrique. Avec cette façon faussement détachée de se poser en spectateur, d'observer et d'analyser les autres, sans complaisance... Je crois que c'est surtout le fait qu'elle abandonne sa petite soeur que je ne digère pas.
Mais peut-être que j'ai tendance à me projeter. Quoiqu'il en soit et malgré cette critique très subjective, j'aime beaucoup ce texte.
Kirunaa

Pute : 1
    le 16/06/2004 à 17:28:28
J'aime bien aussi, mais j'ai pas envie d'argumenter.
Monsieur Maurice.
    le 17/06/2004 à 20:52:40
Et si ça avait été un kangourou à la place de la souris, est-ce que ça aurait changé quelque chose?
nihil

Pute : 1
void
    le 17/06/2004 à 23:03:24
Peut-être que ce serait pas passé dans la gorge... Il aurait fallu administrer le kangourou par voie anale, j'imagine. Bonjour l'occlusion intestinale, je comrpends que le mec soit mort hein...
Salinger

Pute : 0
    le 18/06/2004 à 15:34:28
le texte m'a ennuié, a comprendre ds le sens géné, ms de la a savoir pourquoi c'est autre chose. Enfin j'ai quand meme bien aimé.
Salinger

Pute : 0
erratum    le 18/06/2004 à 15:35:19
euh ouais ms c'est pas Salinger, c'est Gawhell j'ai oublié de changer de session...
euh ouais ben vla c'est tout

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