Cyber-addiction 4

Il ne fait pas spécialement beau dehors. Un temps à rester tranquillement chez soi à boire un thé et bouquiner. Mais je n’ai plus de thé et j’ai lu tout ce qui traînait ici. A vrai dire, il ne traîne plus entre ces murs que mon ennui. De quoi parle t’on lorsqu’on s’ennuie à longueur de temps ? De son ennui ? C’est ce que je fais remarquez bien. Et c’est assez ennuyant. On tourne en rond, ça ne va pas. Peut-être pourrais-je vous faire la conversation, vous, cher ami, qui vous êtes immiscé dans ma vie sans trop me demander la permission. Non, ne vous sentez pas gêné maintenant voyons. Nous sommes ensemble, autant le rester. Je ne suis pas rancunière. Et je vous ai déjà donné du cher ami. Tic de famille…

Mais, puisque nous sommes dans le sujet, me permettrez-vous de vous poser la question qui me brûle maintenant les lèvres ? Oui ? Non ? Vous ne répondez pas. Je vous sens sur la défensive. C’est fou comme les gens se replient sur eux-mêmes dès lors qu’ils se trouvent dans une situation qu’ils ne sentent pas contrôler totalement. Mais je m’égare dans mes élucubrations. Revenons à nos moutons. Je voulais donc vous demander s’il vous arrivait souvent de vous introduire ainsi dans les pensées des autres ? Non pas que je m’en offusque, cela m’amuse au contraire de discuter avec vous ; mais vous me voyez perplexe. J’étais gentiment en train de réfléchir, à pas grand chose je vous le concède, et vous voilà ! C’est assez cavalier comme manière ne croyez vous pas ?

Je vous sens encore sur la défensive ! Ne baissez vous donc jamais votre garde ? Pour ma part, je le fais bien trop souvent, ce qui, malheureusement, n’est pas la meilleure stratégie à adopter à notre époque. Je ne vous agresse nullement, je ne fais que poser quelques questions bien légères. Il faut bien que l’un de nous entretienne le feu de la discussion et vous n’êtes guère du genre bavard. Ce ne sera que très peu palpitant pour moi de faire et les questions et les réponses. Vous souriez. Vous ne savez pas d’où je veux en venir n’est-ce pas. Je vous prends au dépourvu à vous apostropher ainsi alors que, je le sais, vous ne faisiez que passer rapidement près de moi, habitué que vous êtes au silence des mots. J’en ai eu assez de vous regarder ainsi vous évader, après m’avoir rendu courte visite. J’ai une confession à vous faire : je me sens seule. J’ai besoin de parler et plus seulement d’être entraperçue, observée. J’aimerais entendre l’écho de vos mots aux miens et ne plus jouer mon aparté. Alors je me suis permise de vous interpeller pendant que vous vous immisciez quelques instants dans ma vie. Je réagis pour une fois. Mais je vous sens déjà fatigué. Il est vrai que vous êtes impatient et friand de nouveauté. Je n’ai déjà plus de goût à vos yeux, je suis pâle et insipide.

Peut-être qu’une autre fois, lorsque vous m’apercevrez, aurez-vous alors l’envie de venir causer avec moi en souvenir de ce moment étrange. Je serai là à attendre qu’enfin quelqu’un me parle… à bientôt.