Je n'en sais pas plus, je ne connais rien de la vie intra-muros, je suis de l’extérieur, là ou les humains se tuent entre eux, là ou la vie n'est que pénitence. Le cannibalisme est une obligation, les rares races animales vivent loin en mer ou sous terre, inaccessibles. Personne ne croit en Dieu dans ce monde.
Mon nom est Nakor, j'ai 27 ans depuis cinq semaines. J'ai eu deux enfants, la nourriture sort du ventre des femmes, ils ont été mangés il y a déjà quelques années. Ma femme, je l'ai partagée avec mon seul ami lorsqu'elle était enceinte de 6 mois. Elle nous dura 3 semaines. Ses dents se balançaient au bout du collier de Manik, mon ami de toujours.
Nous sommes nés le même jour, nous nous suivons depuis toujours. Nous avons réussi à échapper à nos parents, à l'époque ou les enfants n'étaient attachés que par un doigt. J'y laissai mon pouce droit, Manik son index gauche. Nous avons grandi ensemble, nous aidant mutuellement. Nous réussîmes à voler une femme de 34 ans alors que nous n'en avions que 14. Nous connaissions l'importance des femmes dans notre monde. Seules capables de produire de la viande grâce à un minimum de semence et de surplus de nourriture. Je lui tirais deux enfants, Malik réussit à en avoir 6, mais il les partageait volontiers avec moi. Nous réussîmes à survivre entre deux naissances grâce à l'alliance que nous avions formée. Lorsque la femme arrive en période ménopausique elle devient inutile, toutefois, le moment où elle enfante pour la dernière fois est autant tragique que festif. Tragique de par les conséquences d'une telle disparition, notamment la production de viande, et les plaisirs sexuels (par ailleurs moins importants car souvent substitué par l’homosexualité). Festif car la quantité de viande ainsi créée grâce à l'ensemble femme-enfant peut servir pendant plusieurs semaines une fois séché. Ma femme morte, la vie future nous semblait bien plus difficile.
La chance voulut que nous rencontrions, quelques jours plus tard, une troupe de personnes munie de deux jeunes femmes fécondables. Après bien des périples, nous réussîmes à les emmener toutes les deux. Nous ne gardions les deux que neufs mois, le temps, pour celle que nous préférions, de mettre bas. Malheureusement pour moi, je tombai amoureux de celles que nous décidions de garder. Malik s'en rendit compte, ce qui engendra un conflit entre nous, le premier de toute une vie, le dernier aussi.
Cette brouille ne m’empêcha pas de partager l'enfant qu'elle nous donna. Mais il savait que ma plus grande envie, comme toutes celles des personnes sous l'emprise de l'amour (devenue une véritable maladie affreusement redoutée), était d'avoir un enfant, le dernier, celui qui me succéderait. Il me vola Tooniae.
Pendant plusieurs jours je ne les vis plus. Puis, quelques semaines plus tard, il revint, seul. Il l'avait tué, ayant trop peur de me perdre et de me laisser sombrer dans l'amour. Après mûres réflexions, je l'en remerciais, me rendant compte de l'absurdité de mon rêve. Il me présenta la viande ainsi récoltée et me dit que nous avions besoin d'un peu de séparation, que nous ne devions plus rester ensemble aussi souvent qu'avant par peur qu'un nouveau conflit ne se déclare. Cette période dura deux semaines pendant lesquelles je mangeais la femme que j'avais aimé, que j'avais désiré. Je n’eus que ses membres. Il en avait mangé le reste, du moins ce fut sa version.
Aujourd'hui je l'ai suivi pendant plus de trois heures à travers le désert. Je suis arrivé à une caverne taillée à même le flanc d'une falaise. A l’intérieur, les cris de Tooniae, des cris horribles de douleur. Je me suis avancé, timidement, entre les rocks saillants. Je suis arrivé dans une grande salle presque vide, le sol était recouvert d'herbes sèches et une couche constituée d'herbes fraîches se trouvait contre un mur. Dans un coin, soutenue par un tréteau en bois, Tooniae, du moins ce qu'il en restait. Ce monstre lui avait tranché les jambes, les bras et quelques morceaux de son généreux ventre, qu'il m'avait donné. Il avait réussi, par je ne sais quel procédé, à la maintenir en vie tout en se nourrissant lui-même. Quand j'arrivais dans la salle, Manik lui faisait l'amour, debout, dos à moi. Il y mettait toute sa concentration, toute son énergie. Lui briser la nuque fut une délivrance. L'enterrer sans même le manger fut une libération.
Les dents de Manik ornent maintenant ma poitrine. Depuis cet après midi, j'ai réussi à parcourir plusieurs kilomètres avec le tronc de Tooniae hurlant sur mon dos. Son état est critique, il me faut de la nourriture...
LA ZONE -
Les temps sont durs... Voilà plus de trois siècles que la famine touche la Terre, les espèces animales s'éteignent peu à peu... La race humaine est l'une des dernières.
Trois mégalopoles se sont formées aux emplacements des anciennes capitales, Paris, Berlin et Berne, les villes les plus riches au centre de l'Europe. De hauts murs entourent ces immenses amas de bâtiments. Aucun gouvernement entre les trois, chacune est un petit pays indépendant ne faisant aucun commerce avec l'une des deux autres. Trois dialectes, dérivés du français et de l'allemand, se sont développés dans ces monstrueuses villes.
Trois mégalopoles se sont formées aux emplacements des anciennes capitales, Paris, Berlin et Berne, les villes les plus riches au centre de l'Europe. De hauts murs entourent ces immenses amas de bâtiments. Aucun gouvernement entre les trois, chacune est un petit pays indépendant ne faisant aucun commerce avec l'une des deux autres. Trois dialectes, dérivés du français et de l'allemand, se sont développés dans ces monstrueuses villes.
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Et maintenant #Mode commentaire subjectif ON#
Pas trop accroché.
L’intro est sympa, ça plante le décor en vitesse, on est plongé en plein bordel. Le problème c’est plutôt que l’histoire n’utilise pas ce décor. A quoi bon parler de ces métropoles, de leur langue et autres détails alors qu’il n’en sera plus question plus loin ?
Bon le cannibalisme, puisque c’est le thème, ok c’est bien expliqué, ça insiste lourdement mais sans excès d'émotion inutile, comme une étude scientifique sur une peuplade primitive, pas de souci, sauf que bon on arrive à la moitié du texte et l’histoire décolle pas. J’ai eu peur une seconde qu’il n’y ait que les bases de jetées et pas d’histoire greffée dessus.
Après ça démarre, mais c’est trop rapide, on a pas droit aux détails croustillants. Du coup ça switche des fois dans les mêmes phrases d’un contexte à un autre, d’une époque à une autre, c’est le bordel, on doit relire deux fois les phrases pour bien saisir.
C’est bien écrit mais trop à l’arrache à mon goût, ça speede trop. Du coup ça s’avale comme un fait divers en fin de JT, quand on s’est pris sa dose d’hémoglobine et qu’on est blasé, aucun impact. Ce qui veut être choquant passe tout seul. L’atmosphère est quand même plaisante, quand même sympa ce cadre où le cannibalisme est l’unique truc digne d’être mentionné, la seule règle qui régit un monde.
La fin est bourrin à souhait, pas de souci, en plus je l’avais pas trop vu venir, ça fait un peu concours de celui qui balance le truc le plus atroce, ça fait un peu je-vais-vous-en-foutre-plein-la-poire-avec-mon-necropornocannibalsex. En clair, ça fait un peu Vassago-style en version sérieuse. Pas de bol, en ce qui me concerne, ça me fait marrer ce genre de trucs, donc quand ça tombe dans un texte marrant, nickel, sinon…
Mais bon ça sent pas le texte qui a réclamé des dizaines d’heures d’efforts, et vu que t’as l’air d’avoir l’habitude d’écrire je suis sur que t’as d’autres trucs plus aboutis sous le coude, nan ?
Et maintenant je laisse le micro à Lapinchien, pour quelques digressions humoristiques sur le cannibalisme.
Bingo ! J'ai eu des quintuplés !
Personnellement j'ai bien aimé l'histoire même si le style est à chier (ouais jme la joue grave maintenant que j'ai un fanclub et que j'ai remporté la St Con)J'ai adoré la fin, mais c'est vrai qu çà fait un peu brouillon dans l'ensemble, limite storyboard de film pour lancer les grandes lignes. APrès Tout j'ai un credo, " Y a que les idées qui comptent", le style on s'en bat et du coup rien que pour la fin je lève mes deux pouces gauches et te gracie... par contre çà manque un peu de condiments tout çà... çà se rapproche presque du regime hyperprotéiné et çà c'est carrément regretable
***mode pas se faire chier avec un commentaire***
D'accord avec nihil. Gore et même risible par contre, comme peut l'être un bon vieux "Vendredi 13" ou un film de Dario Argento par exemple.
D'accord avec LC (c'est le storyboard de "Cannibal Holocaust" en fait).
Et franchement, pour la dernière scène, ça sent l'abus de poppers.
Allonge-toi sur ce divan mon p'tit... n'ai pas peur, ce n'est rien... rien de méchant, un simple bloc de papier et un crayon, tu vois, tu n'as rien à craindre... maintenant je t'écoute, raconte-moi, n'hésite pas à te confier... je suis là pour toi, rien que pour toi... rien que pour toi... je t'écoute... tu ne crains rien, je suis là...
Putain mais tu parles à qui, connard d'hérétique ?
Tiens en parlant de ça, il est passé où Dourak ?
Commentaire édité par nihil.
La femme serait donc vraiment l'avenir de l'homme ? Difficle à croire. Sinon, j'ai les mots 'soleil vert' qui me viennent à l'esprit. De toute manière, je n'accroche pas au texte parce que je ne crois pas du tout que la Terre sera surpeuplée dans un siècle ou deux. En tous cas, pas l'Europe - ou alors elle ne parlera pas de dialectes dérivés des langues européennes. Quant au corps du récit, comme dit Nihil, ça relève de la course au ‘toujours plus saignant’, mais il n’y plus guère que les premiers communiants et les défenseurs de bébés phoques pour froncer les sourcils devant ce genre de charcuterie.
Appelez, et l'on vous répondra. Je me tenais à distance raisonnable le temps de vos célébrations païennes, auxquelles je ne puis décemment pas me prêter. J’en ai profité pour travailler à mon ‘Retapissage de Ste Geneviève et Ste Jeanne d’Arc’, suite de 77 ballades à disparaître prochainement sur la Zone.
C'est mauvais joueur d'insulter les hérétiques avant de les brûler.
Ouais excuse-moi, je connais pas toutes les traditions...
N'empêche, manger... boire... dormir... baiser... C'est le retour à tous les petits plaisirs de la vie la situation décrite ici, ça donne presque envie.
Sinon, niquer un truc qui a plus de jambes et des bouts de ventre en moins, c'est limite chevaleresque ça... C'est un peu comme enculer un paraplégique pour lui faire connaitre une dernière fois les joies de l'amour non ?
Chacun ses traditions, et elles seront bien gardées. Tu es tout excusé, surtout que tout le monde s'en contrefout, de nos jours, des traditions. Parfois, je me demande si une tradition païenne ne vaut pas mieux que pas de tradition du tout. Je n'arrive pas à réprouver totalement la St Con.
En ce qui concerne les plaisirs, indépendamment de toute considération éthique, je ne sais pas, c'est subjectif. Je peux tout au plus imaginer que sentir la proie se débattre est moins excitant quand elle n'a plus ni bras ni jambes.
Mais quant à savoir si ce ne serait pas une action charitable que de flatter la concupiscence de l'être amputé, je répond franchement par la négative. Les joies de l'amour ne peuvent être que spirituelles, et l'être en question devrait au contraire se réjouir de voir minimisés pour lui les risques de tentation. La chair est faible ; moins on en a, mieux on se porte.
C'est vrai que c'est devenu une tradition, mais à l'origine c'était calculé comme une parodie de tradition uniquement, il va sans dire
Moi ça m'a bien plu dans l'ensemble. Je trouve que ça se lit sans réfléchir et contrairement à nihil, j'ai pas tiqué sur les temps. Dis-moi, mon petit nihil, t'aurais pas un problème relationnel avec les temps, toi ?
Par contre effectivement, c'est squelettique. Dommage.
J'ai du mal me faire comprendre, c'est avec les tanches que j'ai un problème relationnel, pas avec les temps... Je vois pas où je parlais de temps, mais c'est vrai qu'en même temps on s'en bat un peu les nougats
Je viens de remarquer que le pote s'appelle un coup Manik et un coup Malik... Encore une affaire de double personnalité, ça, avec possibilité que le texte puisse être lu par sous-couches initiatiques en focntion des symbolismes ok j'abrège je ne sais pas ce que je dit.
Et merde, une faute qu'est passée à travers la correction... C'est "Malik" le bon, ça veut rien dire, ça vient de rien en particulier, mais c'est comme ça.
Presque tous les commentaires me plaisent, c'est la folie, j'prends des notes de partout. (sauf le poppers. C'est venu aprés ça, le poppers)
Juste un truc, j'tente pas d'me justifier, mais le coup de "la course au plus sanglant" ça veut dire quoi ? qu'on a plus le droit d'écrire du gore sous peine de se faire taxer de démago ? Vous ecrivez pour choquer vous ? Moi pas...
J'avoue que ma critique tient un peu du procès d'intention. Je ne peux pas savoir pour quoi tu écris ce texte plutôt qu'un autre, pourquoi tel thème, tel style, etc... Je suppose qu'on ne le sait jamais exactement soi-même. Par exemple, je pense qu'à son insu Nihil, au travers de sa rubrique 'Bible du néant' et articles connexes, hurle à son Créateur son sentiment de déréliction.
D'ailleurs, je relis ton texte et je me rends compte que j'avais raté une phrase clef. Tu précises au début : " Personne ne croit en Dieu dans ce monde." Nous sommes d'accords qu'un monde sans Dieu mène à la situation cynique et amorale que tu décris. C'est seulement maintenant que je me rends compte de ce que tu voulais réellement dire dans ce texte. Je comprends vite, mais je dois toujours relire plusieurs fois.
Bon pour le popers c'était qu'une private joke à la con (et qui en plus était mauvaise, j'avoue).
Pour ce que tu dis sur le gore, je suis complètement d'accord avec toi. Du gore pour du gore, sans arrière pensée pour choquer et fait dans un cadre humoristique moi je trouve ça très agréable.
Le seul petit bémol que j'ai à mettre c'est que le début de ton texte était peut-être un peu trop sérieux dans le ton pour finir par du gore gratos. Parce que franchement, en relisant juste le dernier paragraphe je me suis bien marrée, et si c'était le cas pour tous les textes ça serait carrément pas mal. Je te ferais donc comme unique reproche celui qu'on m'a souvent fait ici (frustration quand tu nous tiens !) : celui de peut-être avoir écrit une histoire un peu superflue pour enrober une scène qui te tenait plus à coeur. Enfin du moins c'est l'effet que ça fait.
La réponse à propos du poppers était en fait une private answer
Vouais, ce texte n'est ni assez développé, ni assez homogène, c'est clair...
J'vais pas m'amuser à expliquer ma façon de penser et d'écrire un texte, c'est ultra-top-secret, mais quand même, c'est assez rare que j'ecrive un texte simplement pour y mettre une scène que j'aime bien, ça n'est même jamais arrivé...
Cette scène est juste venue comme ça, pouf, je l'avais pas spécialement en tête au début...
D'accord avec Nihil sauf sur:
[quote]ça fait un peu Vassago-style en version sérieuse[/quote]
Hey mais j'étais sérieux moi!!!
"humour" morbide, scénario je dirais post apocaliptique, le plus beau à mon gout c'est l'ami .. bref j'aime. mais c'est claire que sa fait scénar pour film disjoncté. daccord avec nihil pour le manque de détails croustillants, mais bon j'ai pas la prétention de dire que je ferai mieu ... enfin pour l'instant
AHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHA.
Mouarf.
..
On dit : "s'il vous plaît".
Je suis profondément amoureux de l'Institut Benjamenta de Walser, par contre, le foutre en anglais, ça mérite une sodomie au gravier de dix.
Tu suces, à part ça ? T'avales ?
Remarque préliminaire : Nakor, anagramme de Konar? A part ça, le côté gore grotesque est plaisant. Mais tout ça est expédié un peu vite.
"Nakor", c'est "d'accord" prononcé par un gogol, ou un breton, ce qui revient au même.
C'est construit sur le modèle de "anorak" => "Narak".
Heu, c'était juste une boutade extrêmement stupide de ma part, Master Glaux.