LA ZONE -

Saint Louis Vuicon

Le 13/04/2004
par Bizontin
[illustration] Inévitable, fatidique, il est là... boursouflure obligée et rituelle. Sac déclamatoire balançant aux hanches... aux fesses... indispensable à la bourgeoise... incontournable de suffisance, fatidique... consacré jusqu'au sacrement processionnel, il déploie comme un appel au fondement de l'orgueil son apparat de merde et d'or... LV. C'est chic, c'est cher... et ça se voit. La toile marron d'un Louis Vuitton accoutre l'arrogance la plus suffisante d'une supériorité indéniable.
- Ouaaaah !... Marie-Agnès, j'ai une idée géniâaaale.
- Ah ! Ouais... dis-moi Carole-Anne-Virginie.
- C'est trop top... si cette année pour Pâques, nous prenions un charter pour fêter ça dignement sur les ruines de Manhattan... trop cool, non !...
Aussi vitale que son tampon, pierre philosophale de la bourge, la bâche millésimée et armoiriée d'excréments contrebalance la puanteur confortable... marron caca... or pipi... tout est là, alchimie Louis Vuitton.
... ILS SONT LA
TOUS PETEUX
INSTALLES DANS LEURS PETS
AU MILIEU
DE CE MONDE SANS JOIE..
J'écarte un écouteur... ne pas perdre un lambeau de leur dialogue... de connes.
... SANS SAVEUR
SANS RIEN DE RIEN
QUI VAILLE LA PEINE DE RESPIRER
MONDE DE THEATRE
DE CINEMA
DE CULTURE A LA CON...
Je baisse le son... surtout ne rien perdre... pas une miette.
- J'ai une idée encore plus trash et vachement moins... triviâaale, si nous allions à Toulouse sur les ruines de l'usine... aide-moi, l'usine machin sais plus quoi... tu vois ?
... MONDE A LA CON
SUPERFICIEL
VIDE DE SENS
AVEC DES CONS QUI TRONENT
SUR LE DOS VOUTE
DES EXTENUES DE LA VIE...
«SniPer CondOm» c'est sympa, leurs paroles me font marrer, mais maintenant je voudrais surtout ne rien perdre de leur causette... à ces connes.
... QUI NOUS REFILENT
EN GAGE
LEUR SCLEROSE
EN PLAQUE
A LA CON
LA CON
CON...
Out le baladeur. Silence.
- J'sais pas... faut que je demande à mes vieux s'il peuvent m'avancer un peu de fric... avec tout ce qu'ils gagnent, ils peuvent bien m'en filer un peu.
- Tu sais quoi encore Marie-Agnès, attends, c'est trop top... j'emessenne avec un type aux States, un super pote... il va partir avec les Rangers en Irak... tu te rends comte le bol !...
LV est posé, là, bien en évidence, Louis d'or Vuitton merdâtre... enveloppe génitale avachie.
- Ouais... Pâques en Irak... cool must Caro.
- Tu t'imagines... la fête des morts dans le désert... géant.
Leur babillage me berce, mollement je m'enfonce... manque de sommeil. Les petits éclairs qui papillonnent autour de mes yeux suscitent en moi une inexplicable désinvolture... une émotion en suspens.
- Arrête, c'est trop fun... la tête de mes vieux sur la tombe du grand-père... sans moi !...
Quelques tables de café fixent la mesure de notre complicité naissante...Je bande. Je bande pour des connes.
Par instants, leur voix me décroche de la touffeur du sommeil qui me dévaste et aussitôt une paire de mains fantomatiques se séparent du bout de mes bras pour trouver refuge sous le pull de laine de la brune... la plus bombée. La plus conne aussi. Carole-Anne-Virginie, si j'ai bonne mémoire. Je passe et repasse dans ma tête engourdie un déchaînement de pelotages qui s'élève de ses hanches, se profile au contour de ses seins lourds et boudinés et regagne la lumière aux plissements de son cou de conne. Ô Lucifer, prends donc la peine de m'encourager, puis damne-moi pour pareil encolure malmenée, conspuée, molle et abandonnée à la fois. J'y devine un écrin pour mes dents... pour mes cuisses qui inconsciemment se referment comme un étau rouillé et besogneux... pour tant de mots insolents doucement éructés.
Leur discours convenu me parvient encore hachuré, quelconque et désuet... éclaboussure verbale impersonnelle.
- Pâques... la fête des morts ? Tu es sûre ?...
Vuitton se regonfle soudain, déployant ses lettres d'or comme autant de bravades condescendantes... LV scintille et moi je bande toujours, irresponsable. Fouiller dans son sac LV semble lui procurer une débauche de satisfactions salaces.
Ne bouge pas... j'arrive.
Chacun de ses gestes est emprunt d'une lascivité qui berce les plus profonds de mes fantasmes de manant. Le temps s'épuise, se diffuse et j'en arrive à désirer éjaculer sur son ventre... son ventre de conne. Je l'imagine singeant du bassin la marche d'un Barbapapas... L'idée de jouir sur son corps empesé de conne n'est plus qu'un acte de mépris et de vulgarité. Je crois entendre son ultime miaulement et expulse droit devant un rayonnement d'urbanité marxiste. Lorsque j'ouvre les yeux, un trait de populisme en gelée relie son pubis à sa paupière droite pour terminer sa course faubourienne sur sa Vuittonnerie arrogante. Je regarde médusé, ce chemin poisseux, fasciné par la beauté du parcours, transporté par le plaisir encanaillé enfin matérialisé.
Le temps se décompose. Le temps que mes paupières se rejoignent dans une ultime rêverie.
Ainsi, dans cette obscurité qui s'évanouit, ma main rejoint au fond de ma poche ce briquet qui ne me quitte jamais. L'épaule précède le geste. L'instant du contact relève de la magie. Ma peau s'approchant à quelques millimètres de cette peau inconnue s'éblouit d'abord de la chaleur... l'articulation du pouce en mouvement produit un échauffement qui rayonne dans la chair et irradie ma main... Plus près... toujours plus près. Les flammes prennent, en épousant la courbe de la besace charnue une accélération frénétique. L'irruption fanatique au bout de mes doigts produit des turbulences spectaculaires. Encore... encore plus près. Une première fibre de cette seconde peau s'enflamme, léchant, dérisoire, l'empreinte de mon doigt crispé sur le brasier. Une deuxième, une troisième, bientôt une multitude constitue une fourmilière incandescente. Chaque LV semble se tordre de douleur repentie sous l'assaut des ces morsures inépuisables. La caresse ardente se propage.
Enserrant en un désespoir protecteur le sac en flamme, la conne s'illumine soudain... rayonnante comme jamais elle n'osa l'espérer.
C'est beau.
C'est chaud.
C'est la saint Con et son cortège d'effluves cramoisies.
Mes paupière humectées de plaisir émergent d'un clignement d'yeux et semblent, telles des lèvres obscènes articuler un langoureux «Putain... c'était vraiment bon».
Minable, foireux, il est là... boursouflure cramoisie. Sac Louis Vuitton jadis grandiloquent qui balançait aux hanches... aux fesses... indispensable à la bourgeoise... à la conne.

= commentaires =

Aka

Pute : 2
    le 12/04/2004 à 19:49:19
Mon avis ne compte presque plus vu que je reste ta fan numéro 1. C'est peut-être un manque d'objectivité qui me faitdire que j'ai vraiment beaucoup aimé ce texte. Je le trouve subtil, drole, engagé. Bref, ce n'est pas encore aujourd'hui que je vais gagner en objectivité.

Commentaire édité par nihil.
Arkanya

Pute : 0
    le 13/04/2004 à 15:26:48
Je trouve toujours le style hyper lourd, rien à faire, j'accroche pas, décidément les goûts et les couleurs hein...
Lapinchien

tw
Pute : 8
à mort
    le 14/04/2004 à 18:59:37
çà me rappelle l'histoire du sac de Bernadette Chirac (Bonnie Tyller Durden) dans les Guignols de l'info... en même temps quand j'y repense ben en fait pas tant que çà... Sinon à quand une ôde sur les foulards Hermes ? non pasque le foulard hermes en acrylique quand il te fond sur la gueule ben reste plus qu'a se degotter un mec comme Freddy Kruger apres... Sinon la en se moment je me fais une super collec de pelottes de rejection en lisant ton texte... Comment çà je suis argneux et vindicatif ? quand on me frappe sur la joue droite ben moi je tend ma joue gauche... très fort et en travers de la gueule... non non en fait j'ai bien aimé ton texte même si je me suis tricotté 1 paire de chausses que j'ai ensuite cousu à un bonnet pour me faire une superbe cagoule en le lisant...
Le Petit Prince
.    le 20/04/2004 à 09:53:05
Vu que c'est ce genre de radasses qui traîne ses fesses siliconées dans la brasserie du père Bocuse, vu que certains membres actifs du Medef un peu gras du bide y traînent également, on va vachement gagner en efficacité, je crois...

Sinon, j'accroche bien au style de Bizontin. On dirait un peu du Goût-Bulgare, en plus féminin...

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