L’opération « cathodic rescue », c’est çà ! Un nom débile pour une action du même acabit…. Lapinchien en était le coordinateur… Il nous en a fallu du temps pour la mettre en place, pas moins de 3 années de préparation et d’infiltration. C’est à ce moment qu’il a dû prendre ses aises et m’entuber sur la durée… Faut dire qu’on s’attaquait à du gros gibier, l’émission « Le jour du Seigneur »… Notre but avoué était de foutre le Bronx durant une messe retransmise en direct à la télévision. Tout cela nous demanda beaucoup de délicatesse et d’efforts, même si d’une semaine sur l’autre, la paroisse où avait lieu l’émission suivante était gracieusement dévoilée au téléspectateur avant de le livrer en pâture a l’œuvre satanique de Pascal Sevran (Peut-être était-ce une bouée de sauvetage pour les pauvres âmes en sursis des grabataires séniles qui se levaient à l’aube le dimanche pour se prosterner devant leur téléviseur). C’était pratiquement mission impossible si on souhaitait faire partie du public, surtout en déboulant à l’improviste. Il fallait montrer patte blanche. Seuls les ouailles de haut vol, des niqués de la tronche de longue date étaient acceptés dans l’auditoire. Il fallait donc ruser, les videurs à l’entrée de l’église n’avaient pas l’air du genre à se laisser soudoyer facilement aussi nous fallu-t-il miser sur le long terme… Bien sûr, en 3 ans nous ne fîmes pas que cela, ce fût à l’occasion… C’est sans doute pour cette raison que je ne vis rien venir. Le dimanche, levé à l’aube, direction trouducland-en-Yvelines, un petit sacrifice… un jour ou l’autre « Le jour du Seigneur » finirait bien par tomber sur leur paroisse à la con… Impossible de se procurer le planning de toutes manières, tout était verrouillé, sous contrôle, aussi réussîmes-nous l’exploit de nous mêler aux ploucs en nous faisant passer pour des paumés de la capitale en quête de spiritualité. C’était stupide comme plan, qu’attendre de plus brillant de la part de Lapinchien, mais il n’y avait rien d’autre à faire. Au début, les pecs étaient réticents accueillir notre petit groupe de djeun’z, mais au bout d’un certain temps ils finirent par s’habituer à notre odeur sans doute et ils nous tolérèrent. En semaine, çà ne nous prenait pas autant de temps que cela, tous les soirs avant de se pieuter, on enfilait les écouteurs et on se passait en boucle des heures de lectures de la bible enregistrés en MP3 par Dourak Smerdiakov, un des zonards les plus éclairés sur le sujet, pas d’autre moyen de s’infiltrer, il fallait bûcher ferme, on avait tous redoublé notre catéchisme voir même séché les cours dans notre prime jeunesse… Mais attention…Notre action n’était pas purement gratuite, nous souhaitions réparer une injustice flagrante, restaurer un équilibre indispensable, reprendre par la farce le temps de parole de connerie dominicale matinale honteusement volé par le service public aux oubliés de l’œcuménisme hertzien, aux interdits d’antenne, une religion alternative curieusement occultée, celle des athées et agnostiques abrutis associés.
Mais non, en fait là, je raconte n’importe quoi… Le mal est bien plus vieux que cela… beaucoup plus ancien…. J’habitais encore à Strasbourg à l’époque… Je souffrais d’horribles troubles du sommeil… « Je vous en prie Docteur», Implorai-je à genoux mon praticien improvisé, « je n’arrive pas à fermer l’œil de la nuit… Vous n’auriez pas du Valium pour cachalots, j’ai déjà tenté de me faire sauter la gueule avec un fusil à seringues hypodermiques pour capturer les ours somnambules des Pyrénées mais y a rien à faire… » Il resta sourd à mon appel au secours. « Des infusions de sauge et de gentiane, mais vous vous foutez de ma gueule ? », J’étais au comble du désespoir, « Vous croyez que je consulte un vétérinaire par hasard ? » « Ce qu’il vous faut Monsieur nihil, c’est un bon sommeil réparateur naturel », Me lâcha-t-il feignant d’avoir plus intéressant à faire, « On n’a jamais vu personne mourir par manque de sommeil… » « Mais vous ne comprenez pas », Insistai-je désespéré, « Je souffre… » Alors qu’il me traînait comme je m’accrochais avec insistance à sa jambe, le vétérinaire s’arrêta net et comme outré par mes propos me concéda un dernier « Vous voulez voir des gens qui souffrent réellement ? Et bien vous n’avez qu’à faire un tour du coté du canal Sciences de Multimania tous les soirs sur le net… », Puis il me fila un grand coup de pied dans les burnes.
Il n’y avait plus rien à attendre de la médecine, aussi, un peu par curiosité, décidai-je de suivre le conseil du vétérinaire. Mais je n’y connaissais rien à Internet, j’avais toujours pensé que c’était une perte monumentale de temps… Il y avait une connexion au labo où je travaillais. Ce soir là, je fis croire à ma supérieure hiérarchique qu’une soudaine illumination divine m’avait frappé et que je voulais faire du zèle en pratiquant des tests nocturnes. « Il y a tout un pool de cobayes auxquels on a inoculé le SRAS, il faut que quelqu’un se dévoue pour leur injecter notre dernier super antibiotique du futur de nuit», Tentais-je de la tromper perfidement, « Tous les quarts d’heures je prendrais la température rectale des gerbilles, et mesurerais leur volume et variation de masse sèche… Je pense que d’ici demain grâce aux extrapolations de mes relevés, nous saurons enfin pourquoi elles explosent 12 heures après le début du traitement… » « Comme vous voudrez Monsieur nihil, c’est gentil de mettre vos insomnies bénévolement à contribution pour que la recherche avance… », Lança-t-elle pas surprise le moins du monde de mon attitude inhabituelle puis en se retournant, « Et pis, éclatez-vous bien sur le net… Après tout votre vie sexuelle ne regarde que vous… » Elle laissa traîner un rire diabolique dans le couloir en s’en allant. « Wouaf wouaf wouaf point multimania point comme … », Me permis-je cet écart de langage comme personne n’était plus là, « On va bien voir ce qu’il y a de si insupportable sur le canal Sciences …»
Ce fut comme une mégatonne de claques dans la gueule, l’équivalent de 80 tours de stade en jogging de fonte, de 120 mille pompes sur les petits doigts, il y avait là réunie sur le net toute une faune insoupçonné de loosers en tous genre, des branques mégalos de première qui déballaient tour à tour à de parfaits inconnus des vannes dignes des recalés les plus notoires du théâtre de Bouvard pour occulter de toute évidence leur pitoyable quotidien solitaire à la con… C’est vrai que ces connards avaient l’air de souffrir atrocement bien planqués derrière des pseudonymes pathétiques… Je lisais toute leur prose minable sans jamais intervenir. Curieusement, çà me fit un bien fou… Je me sentis vidé au bout de 4 heures et rentrai directement chez moi. Ce soir là je dormis comme un nourrisson biberonné aux narcotiques… Le lendemain j’étais en pleine forme et je renouvelais donc l’expérience depuis un cybercafé de Strasbourg… Idem ! Aussi le jour suivant je décidais d’investir dans du matériel informatique et une connexion téléphonique bas débit… Très rapidement j’étais devenu accro, il me fallait ma dose quotidienne de simleys, mdr, et autres lol pour pérenniser ma sérénité intérieure retrouvée…
J’en avais bien profité deux bonnes semaines au moins, çà m’avais requinqué… Puis un soir, « il » fit son apparition… C’est là, à ce moment précis, je pense que se trouve le vrai début de la fin… « il » au départ, çà n’était qu’un pseudonyme parmi tant d’autres, perdu dans la liste des personnes connectées, un nickname pas très finaud à la limite du 163eme degré ou du dernier stade de la dégénérescence spongiforme … « Lapinchien ?», Eclatai-je de rire à sa première connexion, « N’importe quoi comme nom… Vas-y golmon ! Montre au grand absent de quoi t’es capable ! » J’attendis pendant 4 heures que le phénomène prometteur ne se mette à déblatérer d’apaisantes conneries mais il ne se manifesta pas le moins du monde… Au bout d’un moment, énervé, je finis par éteindre ma machine de rage et partis me coucher… Bien trop intrigué, je ne fermai pas l’œil de la nuit… Tout était à recommencer…. Le lendemain après une journée harassante, je me connectais avec une petite appréhension… Et effectivement, Lapinchien ne tarda pas à apparaître de nouveau. Je ne lisais plus le moindre message posté sur le chat, j’étais obnubilé par la non participation du nouveau venu… pas moyen de me dégager de cette pensée « Mais pourquoi cette merde ne raconte-t-elle rien ? Pas le moindre LO, pas le plus petit ASV…» Je me sentais observé, pris à mon propre jeu, et çà c’était intolérable… J’attendis une semaine pour voir s’il n’allait pas se lasser de lui-même mais rien n’y fit… Mes troubles du sommeil prirent à nouveau le dessus…
Vous ne pouvez pas imaginer à quel point c’est gênant de faire le boulot que je fais avec des marshmallows à la place des cernes sous les yeux… « Je suis sensé trouver de nouvelles molécules que j’extrais d’insectes récoltés dans la forêt amazonienne… », Parfois je parle à mon rétroviseur pour me distraire quand je suis sur la route du boulot, « Vous savez les antibiotiques actuels finiront par ne plus avoir aucun effet… L’industrie pharmaceutique mène une guerre démesurée contre des bactéries responsables de certaines infections en apparence graves mais qui sont bien plus bénignes que celles qui viendront dans un avenir proche… Et ce à cause de la sélection naturelle vous savez… Les antibiotiques qu’on utilise aujourd’hui ne pourront pas exterminer les bactéries qui auront su s’adapter… » D’autres fois, à la pause de midi, je me surprends en pleine discussion avec les pigeons que je nourris assis sur un banc dans le parc : « On pourrait très bien vivre dans l’harmonie avec ces connasses de bactéries… Ben non, faut qu’on les pilonne en permanence… du coup çà les rend carrément plus dangereuses et faut trouver de nouvelles substances pour pouvoir les zigouiller… Et à qui qu’on fait appel, hein, pour trouver de nouvelles armes de destruction massive, hein ? Et qui c’est qui doit se taper tout le sal boulot pour que la war-economy ne se casse pas la gueule ? Hein ? What’s my name ? What’s my name ? What’s my fucking name ? » On en arrive à ne plus trop distinguer ce qui est réel de ce qui ne l’est pas. J’ai commencé par faire de grands lâchés de gerbilles par la fenêtre en criant « Freedom for every one! », des employés de Mc Do les décollaient du trottoir 20 mètres plus bas pour en faire de succulents happy-meals…J’en libérais d’autres dans les conduits de ventilation du labo en chantonnant la Marseillaise, elles se sont mises à proliférer. Certaines avaient déjà reçu des injections de substances actives. Çà facilita le boulot des dératiseurs comme elles étaient phosphorescentes dans l’obscurité… par contre, ils appréciaient moyennement quand la mort-aux-rats les faisait doubler de volume, qu’elles criaient extended bonus, avant de se jeter sur leurs mollets potelés et de les mordre goulûment.
Je me connectais tout de même chaque soir avec l’espoir de ne plus revoir Lapinchien. Mais il était toujours là. Le défilement de messages dont je n’arrivais plus à soustraire la substance nutritive me refilait la gerbe… « Non ! Non ! Et non ! S’en est assez ! Je ne laisserais pas un taré fraîchement débarqué me chourer mon créneau et foutre ma vie en l’air! C’est ma putain de thérapie ! Ce canal Science de multimania c’est mon Eldorado à moi, pas question de le partager… » Pour la première fois, je transgressais un de mes interdits fondamentaux : ne jamais participer, pour la première fois je souillais longuement les touches alphanumériques de mon clavier pratiquement vierge…J’envoyais un message privé à l’intrus « Je sais que tu n’es qu’un putain de touriste à la con ! Tu crois que je ne t’ai pas remarqué ? Tu n’as rien à foutre ici !» La réponse ne tarda pas « Tu es un putain de touriste aussi ! Tu n’es pas un de ces loosers mégalos qui fait de l’humour à deux balles…Qu’est ce qu’y a de mal à çà ? » Je donnais de grands smashs sur ma touche ENTER qui ne survivrait sûrement pas à la discussion… « Ce qu’y a de mal, c’est que j’étais là le premier ! Ta présence ou plutôt ton absence me perturbe ! Il n’y a de place ici que pour un unique grand vide et c’est moi ! », Répliquai-je hors de moi puis de reprendre « Et pour quelle foutue raison tu te poses là à rien raconter ? T’es insomniaque aussi ? » « Je me fais chier, je suis allergique à la TV depuis que je capte plus ARTE et le prix des places de ciné à explosé avec l’avènement des multiplexes…Ici c’est aussi captivant que ces merdes d’ABprod, la redevance en moins… », Riposta-t-il… Ceci eut pour effet immédiat de me calmer… Venir sur ce canal n’était pas quelque chose de vital pour ce connard. Après une habile négociation, Lapinchien accepta d’aller glander ailleurs…
Dès qu’il disparut, je retrouvai le calme, l’appétit de me nourrir de vide formalisé me revint, les berceuses improvisées des Internautes firent leur effet de nouveau. Je m’écroulais comme une masse chaque soir, parfois même je m’endormais devant ma machine, affalé sur le clavier. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais cela, hélas, ô grand hélas, ne dura qu’un temps. Les autres connectés du canal Sciences, les chateurs actifs, finirent par remarquer le type qui venait chaque soir se poster là sous le pseudo intriguant de nihil, et qui les espionnait sans mot dire. Ils tentèrent de communiquer avec moi, m’assaillirent d’ « ASV ? » insistants, de messages privés, de floods débiles, mais ne réussirent pas à me décrocher un caractère de réponse. C’est alors qu’ils changèrent d’attitude à mon égard, je devins le centre de toutes leurs conversations, ils s’amusaient à répondre à ma place de manière plate, sans la moindre once d’inventivité dans leur propos. Çà devenait carrément sans intérêt… J’étais là pour m’abreuver de leurs histoires personnelles, de leurs anecdotes pourries, çà me vidait le cerveau… Le fait qu’ils se mettent à délirer sur ma personne ôtait toute innocence, toute crédibilité à leur discours… c’était pitoyablement stérile et çà avait plutôt tendance à m’agacer fortement, du coup le sommeil ne venait pas…Je changeais bien de pseudo pour les tromper mais très rapidement ils finirent par saluer tous les nouveaux connectés, ceux qui ne répondaient pas, forcément, ne pouvaient être que mes avatars… J’étais piégé… « A croire que la connerie renferme une forme d’intelligence intrinsèque, un mécanisme de défense qui se met en place aléatoirement, fortuitement, mais qui se révèle aussi efficace que s’il avait été intentionnellement déclanché ? », Des circonvolutions idiotes, des hypothèses aussi envoûtantes et prenantes qu’inutiles se mirent à polluer ma quiétude, du coup je ne pouvais plus dormir… « Saloperies de bactéries à la con ! Je cohabite avec vous, je vous ignore ! Comment pouvez vous muter ? Pourquoi m’attaquer moi, qui ne vous veut pas le moindre mal ? Je ne vous mène pas de guerre économique… Faut-il en déduire que l’inaction est une forme hautement dangereuse de l’action ? Car on n’a d’influence sur les choses qu’en agissant sur elles… C’est comme si le fait d’être, de vivre, suffisait à ce que les autres veuillent ma déchéance et ma mort ?» J’étais sur le point de péter un casque… Je tentais alors vainement de me trouver un autre Eldorado, une autre source de Lazare, ailleurs… Le net était vaste mais la singularité hypnotique du canal Science ne pouvait se retrouver ailleurs… Je renonçais rapidement à une quête insensée, une entreprise monumentale exténuante qui m’aurait vraisemblablement ôté plus d’énergie qu’elle ne m’aurait guéri de mes turpitudes mentales…
C’est à ce moment précis que naquit la Zone… La seule alternative logique qui s’imposa à ma raison… Puisque tous ces nases d’Internautes à la mords moi le nœud ne voulaient plus collaborer paisiblement dans la symbiose, il me fallait pervertir leur nature, détourner leur oisiveté pour qu’ils oeuvrent pour mon confort personnel, pour la paix de mon âme… Ils s’attendaient tous à ce que je craque, aussi, un soir, je leur fis ce plaisir. Je délestais toute cette rage, toute cette frustration qu’ils imaginaient accumulées en moi, suite à leurs sarcasmes d’une si brillante justesse. J’explosai : « Chatter, çà n’est pas discuter… Chatter, çà n’est pas communiquer … On ne peut pas couper la parole à quelqu’un qui chatte, à moins d’être admin, de le kicker ou de le bannir… Quelqu’un qui chatte, écrit ses 255 caractères et vous les balance en travers de la gueule… Un dialogue de sourd s’instaure inévitablement dans un canal… On devient une unité dans une assemblée de dictateurs… de Dieux en puissance… seule l’imagination est maîtresse en ces lieux… Rien n’est démontrable, rien n’est quantifiable, tout est ductile et malléable… Tout cela est vide au bout du compte malgré cette extraordinaire sensation d’omnipuissance résiduelle… Ce matériau que l’on façonne collégialement est poreux, friable et ne sert à rien, à rien sinon à s’embourber soit même en son antre… Tout cet empilement de messages mal fichus, n’est en fin de compte qu’un gigantesque étron collectif… On le pond tous en chœur et on tire la chasse quand on se déconnecte ! » J’étais intimement convaincu qu’au fond tout n’était que vide, que ces touts ou ces riens synonymes soient virtuels ou réels, mais mon objectif n’était pas de confesser mes doutes les plus intimes… il me fallait dompter ces connards, leur bourrer le crâne et le mou… « Vous méritez mieux… Vous ne vous rendez pas compte de cet immense gâchis ? Car que reste-t-il après tout, si on supprime tout ce vide brassé et généré ? Que reste-t-il, si on isole ces conglomérats de néant ? Il demeure l’écriture, la fossilisation de vos êtres…la quintessence de vos vies intérieures bouillonnantes… » J’allais me faire chialer… « Ce que je tente de vous dire, mes amis, c’est que vous faites fausse route… Non vous n’êtes pas des mythomanes diarrhéiques verbaux, non vous n’êtes pas des loosers trop loquaces ayant la bougeotte des doigts, vous brûlez d’impatience de créer, c’est votre moteur, vous exultez quand un auditoire inespéré vous écoute avec attention, arrive à vous cerner… Vous n’êtes pas là pour dialoguer entre vous, il y a ici une audience, un lectorat providentiel, une manne…Vous vous exposez vos arts les uns les autres… En définitive, vous êtes des écrivains maudits et vous ne le savez même pas… » Clap ! Clap ! Je leur en avais mis plein les yeux… « Je viens de créer un site grâce à un générateur de webzines, Webzinemaker. Ce site s’appelle la Zone, … Au lieu de perdre votre temps à écrire des chef-d’œuvres qui vont au bout de deux minutes passez au sanibroyeur, bouffés par les tampons de vos navigateurs respectifs, utilisez ces mêmes instants égarés à construire et à travailler ces récits qui vous hantent… formalisez vos angoisses… scénarisez vos joies et vos peines… Je serais ravi de publier vos textes sur la Zone. » Ils se mirent à m’idolâtrer comme si j’étais un néo-Andy Warhol de mes couilles qui permettait à leur conscience de mon gland d’accéder à un néo-pop art de mon cul.
Que dalle, ouais ! J’allais me jouer de ces cons… Ils allaient se remettre à pondre leur tambouille anesthésiante à la chaîne, et en plus substantielle et nourricière encore ! Pour tromper ces blaireaux je décidais de participer avec eux à l’ouvrage avec le plus d’entrain possible pour les motiver. Dans la semaine, une quinzaine de membres avait adhéré à mon write-club… Ils pilonnaient ma boîte email de leurs infusions de sauge et de gentiane littéraires… Je lisais, j’écrivais, je publiais et je dormais… Malheureusement, sans m’en rendre compte, insidieusement, une mutation s’opérerait déjà en moi… j’allais encaisser, petit à petit, le backdraft de ma supercherie. Çà allait me transformer à tout jamais. Au tout début, je ne commentais « les œuvres » des chatteurs anonymes reconvertis, que pour faire bonne figure, je jouais la mère maquerelle entremetteuse entre l’écriture et de jeunes puceaux de la plume comme ils me payaient chèrement à grandes doses de fatigue bien méritée… Puis je me laissai prendre au jeu… Je me mis à penser que tous ces textes volaient peut-être bien plus haut que la profondeur record qu’avait atteint le Koursk en sombrant… Je les considérais sous un angle nouveau : la subversion. Moi qui, jusqu’à présent, ne daignais les avaler qu’avec empressement comme de banals somnifères pour qu’il fassent rapidement leur effet, je me surpris à m’en délecter comme s’il s’agissait de mets délicats et raffinés… Quand j’en pris conscience, je me mis à vomir abondamment. C’est au moment où j’entrepris de collectionner ces perles rares que Lapinchien fit son come-back. Beach, un Zonard de la première heure, un ex du canal Sciences de Multimania, l’avait rencardé. Il devînt assez rapidement un des membres les plus prolifiques.
Depuis notre première rencontre, il avait trouvé d’autres sources de distraction. Lapinchien aimait à se rendre sur les chatrooms de caramail… Il choisissait les topics les plus radicaux juste exprès pour construire des argumentaires contre tous les bornés et obtus qui les peuplaient… S’il allait sur le canal OM c’était bien sûr pour défendre le PSG, quoiqu’il se foute royalement du foutchebaule… S’il allait sur un canal religion c’était en missionnaire pour vendre sa camelote « Croyez en la réincarnation de Monsieur Potatoe… Il fût démembré par les infidèles qui dispersèrent ses saintes reliques en polyester dans tout le coffre à jouets… J’ai assisté à sa résurrection… il est en chacun de nous sous de multiples visages tantôt avec un gros nez et des sourcils foisonnants…tantôt avec une perruque blonde et de belles lunettes… et chacun de nous est en lui tantôt avec un gros nez et des sourcils foisonnants…tantôt avec une perruque blonde et de belles lunettes… » S’il allait sur un canal de cybersexe s’était pour camper un représentant du conseil de surveillance de Familles de France… En résumé, il se faisait l’avocat de la défense dans les palais de justice de dictatures totalitaires juste pour abattre quelques murs communautaristes… Enfin il allait finir par virer super héro, ce con, s’il n’avait pas atterri un beau soir sur la Zone…
Pour moi, le site fût soudain comme une obsession de plus en plus dévorante. Il obnubilait mes pensées jour et nuit. Je me laissais aller. Je prenais de moins en moins soin de tout ce qui me semblait dès lors superflu, c'est-à-dire à peu près tout ce qui ne gravitait pas autour de mon webzine. Ma supérieure hiérarchique au boulot retrouva un jour un texte que je préparais pour la Zone, un extrait de la Bible du Néant… « Vous ne savez pas à qui appartient cette sombre connerie ? », Me demanda-t-elle bien entendu convaincue qu’elle ne pouvait provenir que de moi, « Que feriez-vous à ma place dans de telles circonstances ? » « Moi ? Si j’étais à votre place ?», Repris-je en prenant un ton menaçant, « Ce que je ferais ? » Elle me reluqua de haut en bas comme si mon peignoir rose et ma barbe de vingt jours ne lui revenaient pas… »Je vais vous dire moi ce que je ferais… Tout d’abord je prendrais bien soin de ne pas ébruiter l’affaire… de ne pas en souffler mot à qui que se soit… Le type qui a écrit çà est sûrement un malade, un timbré en puissance… On ne sait jamais… Il pourrait débarquer un de ces quatre affublé d’un costume de Pokémon équipé d’un flashball dont il aurait remplacé les munitions en caoutchouc par des gerbilles qu’il aurait pris un malin plaisir à rendre cocaïnomanes avant de les sevrer brutalement au point de leur faire péter un plomb et de leur apprendre à bouffer de la chaire humaine par hectolitres, puis il pourrait se balader ensuite d’étage en étage, pour carrer consciencieusement son attirail dans le fion de tous les collègues qu’il croiserait sur sa route, leur expédiant d’une décharge, un cobaye dans leurs fondements… » Je lui retirai sèchement ma copie des mains : « On n’est jamais trop prudent, on vit dans un vrai monde de dingues… » Je me mis alors à me piquer le bras avec toutes les seringues que je trouvais dans le labo, m’injectant antibiotiques du futur divers et variés ainsi que tout ce que je pouvais chopper avec le sigle Biohazaard … Je titubai en m’avançant vers ma supérieure qui avait appelé la sécurité… « Espèce de pute ! », lui susurrai-je à l’oreille, « J’embarque tous ces produits plus ou moins légaux dans mon corps, salope ! Tes gorilles vont me virer maintenant et t’y peux rien… Je vais retourner à Paris loin de cette ville de merde avec sa bière de merde et sa choucroute de merde… Je vais passer ma vie à glander, à m’occuper de mon Webzine… Quant à toi, t’as intérêt à me verser mon salaire tous les mois, sinon je vais me livrer à l’OMS ou la Croix Rouge et des tas de scandales finiront de démolir ta sale gueule d’œuvre abstraite inachevée de la nature ! » Je lui fis un bras d’honneur alors que deux grands blacks me tirèrent hors des lieux par la peau des burnes et qu’un de mes yeux commençait à pouvoir discerner les couleurs dans le spectre de l’ultraviolet.
« Tu sais, nihil », Me fit remarquer Lapinchien sur le forum, un soir qu’il était bourré, « Je crois que ton expérience va bien au-delà de la simple thérapie de groupe… Depuis combien de temps dis-tu avoir retrouvé un sommeil de comateux ? Depuis combien de temps penses-tu que tous les pauvres êtres paumés que nous étions ont enfin pu trouver une espèce de maîtrise de tous leurs déséquilibres innés, une aisance à s’en accommoder, à les assumer avec fierté, depuis combien de temps penses-tu qu’ils ont acquis une espèce d’acceptation de leur irrationalité bordélique et qu’ils ne tentent plus de la corriger pour tendre vers cette connerie qu’on appelle la normalité, et ce, grâce aux articles qu’ils publient sur la Zone ? Ce site, c’est comme un espèce de témoignage d’une génération sacrifiée… Nous n’avons pas connu de grande guerre… Nous n’avons pas connu de grande dépression… » « Ta gueule ducon », L’arrêtai-je net, « Tu vas pas nous refaire ton trip Tyler Durden ? » « Et pourquoi pas ? », Reprit-il, « Il y a un formidable espoir dans la Zone… un gigantesque potentiel… La Zone a bien changé nos vies alors pourquoi pas celles des autres ? » « Sur la Zone, rien n’est planifié, aucun discours n’est ressassé, il n’y a aucun but à atteindre, pas de leader à suivre… », Insistai-je, « Rien à voir avec toutes ces conneries de courants philosophiques à la con, tu me prieras d’aller te faire foutre connard… » « Mais c’est bien là sa principale qualité, la Zone reproduit de par son absence totale de ligne éditoriale, les lois fondamentales de la sélection naturelle rapportées aux idées… », Insista le mutant, « Elles y maturent librement…On se les choppe les uns aux autres… certaines survivent, la plupart périclite… » « Et alors tu veux récupérer tout le cheptel de Zonards, leur tondre la boule à zéro, leur faire porter des treillis et des rangers pour en faire des merdes de Space Monkeys suceurs de teub d’une hiérarchie dont tu serais le meneur ? », Le narguai-je. « Le fine Tuning… », Laissa-t-il seulement planer un instant en guise de seule réponse. « Le Fine Tuning… », Répéta-t-il, « La réalité émanerait du chaos le plus complet et pourtant preuve est faite que la variation de la valeur de la moindre petite constante universelle comme la masse de l’électron, les constantes de PLANCK, de BOLTZMANN, d'AVOGADRO, de FARADAY, la vitesse de la lumière dans le vide ou que sais-je encore, la taille de mes testiboules, peut-être, remettrais tout en cause… Plus rien de notre réalité n’existerait, des simulations en attestent, car notre univers ne serait plus stable selon les lois que nous connaissons… plus viable… » « T’en as déjà parlé sur le forum, tu souffrirais pas d’un Alzheimer précoce ? Et pis c’est quoi le rapport avec la Zone ? » « Le Fine Tuning est un argument en apparence qui accréditerait la thèse de l’existence de Dieu, car sans une intervention intelligente calibrant les paramètres de l’Univers pour en assurer la cohérence nous ne serions même pas là… seulement voilà, si on envisage le cosmos comme étant lui aussi le résultat d’une sélection naturelle… un vainqueur d’une espèce de compétition d’univers en quelques sortes et bien la théorie du Fine Tuning s’écroule et là, plus besoin de Dieu à la con… Je sais cette hypothèse alternative est très peu coûteuse en Dieux mais très coûteuse en Univers comme le disais je ne sais plus quel comique…m’enfin, ce que j’veux dire c’est que la Zone émane du chaos de cette putain de virtualité du net, et que bordel, une espèce de Fine Tuning s’opère et rend tout le bousin hyper stable et viable et... qu’y a pas de raisons pour que cette simulation fruit de quelques supers calculateurs connectés à une poignée de neurones ne puisse pas être applicable par symétrie dans le monde réel… On a assez fait joujou avec le simulateur… Il est temps que notre univers virtuel fighte un peu sa race à notre univers réel… » Tout cela avait plutôt l’air de tenir la route toute considération faite comme Lapinchien était bien torché ce soir là…
Ce qui était autrefois une soirée Zonarde occasionnelle devint rapidement une sorte de meeting hebdomadaire à thèmes à géométrie variable, une espèce d’extension de la section Initiatives du forum. Tout s’enchaîna très vite, on se servit beaucoup du chat de la Zone et des SMS pour lancer des Flash-Mobs tout en évitant minutieusement la récup des médias, écueils dans lesquels d’autres avant nous s’étaient totalement décrédibilisés… Un Flash-Mob c’est un rendez-vous éphémère que le plus grand nombre d’inconnus se donnent à un endroit tenu secret jusqu’à la dernière minute, un peu comme une déclinaison de la Rave Party mais pas du tout dans le but de danser comme des cons ou s'enfiler des cachetons... plutôt pour réaliser des sortes de happenings éclairs à haute connotation politique, une sorte de néo-manifestation décalée et sainement démocratique qui échappe à tout type d’endoctrinement lobbyiste puisque personne n’est fiché, personne ne représente personne d’autre que sa gueule, personne n’est adhérent ni caution, seuls viennent et participent ceux qui le souhaitent par conviction ou autres raisons qui ne peuvent leur être que personnelles… Ce regroupement se disperse aussi rapidement qu’il s’est rassemblé justement pour ne pas tisser de liens réels entre les participants qui doivent demeurer et c’est extrêmement important, de parfaits « plus ou moins » anonymes les uns pour les autres justement pour que l’évènement soit clairement dissocié de tous ceux organisés par des groupes de pressions, c'est-à-dire par tous ces connards de délégués de minorités dictant la loi et rivalisant avec tous les connards de délégués élus par la pseudo majorité décadente, toutes ces poubelles syndicales et associatives, gangrènes et chancres de notre société… Le plan de Lapinchien semblait maintenant clair…La Zone qui fut jadis une communauté de potes virtuels muta suite à cette nouvelle impulsion en regroupement d'individus de passage, non fichés, non désireux de l'être, ayant simplement l'envie de défendre leurs idées par l'action sur le terrain, leurs idées et seulement les leurs, loin de devoir se plier à un consensus liberticide... Les outils que nous avions conçu le leur autorisaient... Dès les premières actions menées, il y eu un raz-de-marée de membres. Au travers de nos forums et nos chats, de parfaits inconnus de tous bords prenaient l'initiative d'organiser tout un tas d'happenings que Lapinchien et moi continuâmes à modérer pour respecter un minimum de règles que nous avion fixé. Nos photos furent retirées du site pour ne pas attirer l'attention des autres participants sur nous. Pas question de devenir des gurus...
La première règle de la Zone- Il est interdit de parler de la Zone et de recruter.
La deuxième règle de la Zone- Il est interdit de parler de la Zone et de recruter.
La troisième règle de la Zone- Il est interdit de former des petits corpuscules ou courrants, ou d'aller boire un pot après un flash-mob.
La quatrième règle de la Zone- Tous les meneurs à deux balles qui compteraient faire carrière au travers d'actions Zonardes, en tirer tout le bénéfice, seront bannis.
La cinquième règle de la Zone- Si vous pensez tirer un quelconque profit pécuniaire au travers d'actions Zonardes... Tirez-vous tout de suite !
La sixième règle de la Zone- En cas de casse, chacun assume ses responsabilités.
La septième règle de la Zone- Pas d'actes violents ou purement gratuits, pas de racisme, pas de fascisme
La huitième règle de la Zone- Si c'est votre premier soir, alors vous devez poster un article.
Nous nous éloignâmes intentionnellement les uns des autres pour crédibiliser la cause, ce qui ne fût qu'un tout petit sacrifice finalement. On ne se côtoyait pas tant que çà déjà avant. Nous continuions tout de même à livrer nos horreurs littéraires à l'humanité. De temps à autres, on se croisait brièvement lors de Flash-Mobs sans vraiment s'adresser la parole. Les actions étaient diverses, variées et nous émergions toujours à l'heure prévue au milieu d'une foule de quidams à laquelle nous appartenions avant et après le happening : Dans les registres plutôt sérieux, rendez-vous sur le champs de Mars pour s'y allonger 10 minutes, tous au même moment, pour honorer les mémoires de vieux tombés sous la canicule... Entomatage spontané de l'ambassade des Etats-Unis en France pour condamner les exactions et le sang versé en Irak... Invasion de Neuilly par des membres sapés comme des clodos, avec des cartons où l'on pouvait lire des trucs du genre :"Qui faut que j'butte pour avoir enfin un toit et un couvert ce soir ?" Tout n'était pas du meilleur goût, d'ailleurs nous même ne participions pas à tous les happenings... çà arrivait à l'occasion en fonction des disponibilités et surtout des croyances personnelles de chacun. Des franchises apparurent inévitablement un peu partout sur la toile, et dans le monde entier. Nous devînmes les troublions d'une démocratie malade. Bien entendu, il y eu des débordements... Nous ne pouvions pas tout contrôler, d'ailleurs çà n'était pas notre but... Nous, tout ce qu'on voulait, c'était que le gens puissent exprimer leurs opinions sans avoir à déléguer leur parole à des bonimenteurs professionnels. D'ailleurs, je ne m'identifiais personnellement pas en la plupart des Flash-Mobs auxquelles je ne participais pas. Des Zonards furent capturé, certains furent incarcérés, condamnés à payer des amandes... Cela n'engageait qu'eux et je m'en foutais royalement, je ne me sentais en aucun cas responsable de leurs actes, pas le moins du monde commanditaire de leur connerie. Les choses sont plus claires quand tu ne milites que pour ta tronche, personne pour te couvrir, peronne pour te planquer si tu fais une connerie...
L'opération "Cathodic Rescue" était bien entendu une espèce de campagne publicitaire. C'était une action quelque part un peu suicide, puisqu'on était pour le coup tous à peu près sûr de se faire gauler. De toutes façons, récemment des types un peu bizarres avaient commencé à nous suivre partout et épier le moindre de nos gestes. Comme si toutes les libertés nouvelles qu'on avait données aux gens, irritaient un système bien rodé qui voulait décapiter notre mouvement...3 ans de préparation pour aboutir en fin de compte à un foirage mégatotal... La messe eut étonnamment lieu, personne ne nous empêcha de mener notre action à son terme. Nous avions dérogé à certaines règles ce coup-ci... nous nous étions retrouvés entre Zonards de la première heure car les enjeux étaient importants pour notre entreprise et il n'y avait rien de pire que les taupes pour casser l'ambiance de nos petites manifestations... L'office avait commencé depuis dix minutes, nous étions à l'antenne... On connaissait la chorégraphie et les paroles par coeur, tout se déroulait sans accros. Soudain, Lapinchien se leva de son banc dans un boucan pas possible avec un poil d'avance par rapport au timing... Rien d'inquiétant, ce mec était un angoissé par nature... Infoutu de poser son cul sur une chaise plus de dix minutes sans que çà le démange. Il se mit à parcourir la nef se dirigeant avec empressement en sautillant vers le transept où se trouvaient les guignols en costume. Comme prévu, on s'attendait tous à ce qu'il s'empare d'un micro, repousse les curetons d'un gros coup de karaté et se mette à déblatérer la bonne parole de Monsieur Potatoe, mort et ressuscité, rédempteur de tous nos pêchés... On déballait alors tous nos banderoles dans l'assemblée marquées du sigle "Cathodic Rescue", on les ballottait de droite à gauche, en les faisant tournebouler devant les caméras puisqu'on avait eu le temps de repérer les meilleurs emplacements pour des prises de vues nickelles chrome. Dès que le mutant ouvrit la bouche, je remarquais tout de suite que quelque chose clochait... "Mes biens chers frères, mes bien chères soeurs", Entonna-t-il promptement en agrippant un des curés par les aisselles et le serrant très fort contre son torse, "L'heure de la libération est enfin arrivée..." Tous les cadreurs braquèrent leurs caméras dans la direction du fou furieux en jouant du zoom... La foule paniquée se leva d'un seul coup et comme pour rendre grâce à Lapinchien, ils se mirent à hurler et à déambuler dans tous les sens, renversant tout sur leur passage... "Everybody keep cool !", Hurla LC dans le micro de son otage tout en sortant une serpette qu'il s'était scotshé dans le dos. "Abigaïl Abigaïl pauvre con", Cria-t-il avant de bloquer la faucille sous la gorge de l'orateur. Mais la panique générale ne fit qu'amplifier... Les gens nous bousculaient dans tous les sens, piétinaient nos banderoles, on ne savait plus qui était qui... La sécurité tentait une incursion à l'entrée mais la foule immanquablement les repoussait vers l'extérieur de l'Eglise. "Il y a parmi nous aujourd'hui des entités serviles qui méritent toute notre considération", Lapinchien soulevait la soutane et défroquait le curé. "Coupez- l'antenne, Coupez l’antenne !", Entendait-on au sein du staff technique... Lapinchien empoigna alors fermement le sexe du pauvre curé qui valdinguait de gauche à droite... Il tira dessus comme sur un élastique et en s'époumonant "Sainte Misère sexuelle pardonnez-nous ! Aujourd'hui votre fin est proche ! Aujourd'hui sonne le glas de la libération de la bitte de curé !" Un grand son flasque et sourd s'en suivit... LC venait d'émasculer le prêtre d'un grand coup de serpette... Il brandit le sexe qui déversait sang et bourses vers la caméra dont la loupiotte rouge s'allumait au cri de "Victory ! Victory ! Operation Catho Dick Rescue OVER !" Une mire à la con dans toutes les petites lucarnes vînt soudainement se substituer à cette belle grosse queue encore toute neuve, ayant à peine servi.
Cette merde de Lapinchien avait tout fait foiré… Ce connard nous avait bien manipulé… N’empêche que la taule, çà m’a fait un bien fou quant même… C’est calme une cellule de prison, c’est apaisant, il n’y a pas de bruit dans les quartiers d’isolement… Bien sûr comme vous le saviez déjà, j’ai fini par apprendre que Lapinchien n’était qu’une putain de voix intérieure dans ma tronche de schizophrène à la con… une saloperie de maladie qu’avait foutu ma vie en l’air… Je n’ai jamais aussi bien dormi que dans le coin d’une cellule capitonnée…. Et tous les petits cachetons qu’on me donne sont géniaux … Top efficaces ! N’empêche, ce Lapinchien, pour une voix intérieure dans ma tête, il était quant même pas mal réaliste, j’aurais du bosser dans les effets spéciaux 3D à Hollywood, j’ai une putain d’imagination… perfectionniste jusque dans le moindre détail… Tiens mais au fait, si ce Lapinchien n’était qu’une de mes multiples personnalités dissociées mais alors comment ce fait-il qu’en ce moment on se trouve en pleine nuit au 28eme étage de cette tour de la Défense, moi ligoté sur un rocking-chair, les membres endoloris suite à une séance de torture harassante, lui en face de moi à m’emparapluiter à glotte ? « Arrête de penser espèce de saloperie de camé ! Tu croyais m’avoir avec ta putain d’auto- lobotomie frontale ? Et tes putains d’électrochocs à la con sur ce rocking-chair, tu crois qu’ils me font souffrir ? Hein ? », Me fait judicieusement remarquer le mutant, « File moi vite les mots de passe de l’accès FTP des archives de la Zone qu’on en finisse de manière propre… On ne s’est pas fait la belle pour rien… » Lapinchien voulait formater toute la Zone, je m’en rappelle maintenant ! « Arrête de m’ignorer ! C’est moi qui t’ai sorti de la maison de cinoques ! Arrête de t’automutiler comme un con pour me dégager de ton cerveau çà ne sert à rien ! Ecoute nihil ! Au point où on en est il n’y a plus qu’une seule solution… Le Fine Tuning, c’est juste la petite impulsion de départ, l’étalonnage de l’Univers, la pichenette avant le big-bang… Tu sais que çà fait vingt ans qu’on moisit tous les deux dans cet hôpital à la con ? Ils s’en sont passés des trucs en 20 putains d’année tu sais ? Notre univers virtuel en compétition avec l’univers réel et ben tu sais quoi ? Il a fini par lui foutre une grosse branlée ! Il n’y a plus que des fils de Zonards là au dehors… Tu sais ce que Dieu a fait de mieux pour l’univers ? » J’enlève le parapluie de ma bouche, après tout il n’y a que moi ici… « Ce que Dieu a fait de mieux pour l’univers », Reprend le mutant, « c’est qu’il a effacé toutes traces de sa création ! Et tu sais pas pourquoi ? Parce que si on connaissait nos putains d’origines et ben on ne se serait jamais posé toutes ces questions débiles qui ont inévitablement conduit à la création et au règne de la Zone … Donne moi les mots de passe et login qu’on efface proprement toutes les preuves de l’origine de notre Univers à nous…» Non seulement j’ai une double personnalité au nom ridicule mais en plus çà n’est qu’un sal con… « Tu crois vraiment que je vais te laisser détruire toute mon œuvre ? Espèce de taré ? Tu sens cette bonne odeur de kérosène ? », Je me souvins alors des raisons pour lesquelles je m’étais aspergé d’essence et j’avais pris position dans ce rocking-chair dont la bascule venait buter sur un interrupteur… Lapinchien n’aurait jamais la Zone… Il me suffit alors d’un petit déhanchement du cul pour faire basculer le rocking-chair qui m’injecta 20 milles volts dans le corps… Je me mis à ressentir mon explosion au ralenti… » Lapinchien en disparaissant à tout jamais eut juste le temps de me souffler en rigolant : « Espèce de con, tu sais qu’on se trouve dans le local serveur de l’Apinc en ce moment ? Tu crois vraiment que toi et moi ne faisons pas partie des preuves de l’origine de notre univers virtuel, tu crois encore que Dieu ne s’est pas fait sauter le caisson ? » Le néant happa le tout et conclut cette histoire qui par on se sait quel miracle en réchappa…
(O______O) LAPINCHIEN
« Tu n’es qu’un traître à la cause», me secoue Lapinchien, « Tu ne peux pas savoir à quel point tu me déçois ». J’émerge lentement, là, dans cette salle obscure, enguirlandé de fils électriques et solidement harnaché à un rocking-chair. Tous mes membres sont endoloris. J’ai envie d’envoyer le mutant se faire foutre mais je n’arrive à tousser qu’un pitoyable « Vhh Thh fhrr fhtrhh ! ». On a du mal à prononcer les voyelles quand les baleines rouillées d’un parapluie vous chatouillent le fond de la glotte et qu’un hystérique s’amuse à en titiller le système d’ouverture sur le manche en gesticulant à l’autre extrémité. « nihil, tu n’es plus que l’ombre de toi-même. Mais comment as-tu pu tomber aussi bas ? », Lapinchien commence à me les briser mais je prends soudainement conscience que mon œsophage n’est ni autoreverse ni umbrella-proof aussi je l’écoute gentiment, « Je ne peux pas croire que celui qui fut l’instigateur de tout ce qui a conduit inexorablement à l’opération de ce soir, le créateur de la Zone, Dieu tout puissant, soit devenu la loque chétive et amorphe qui se trouve en face de moi. Tu vas te décider à cracher le morceau ? » Je respire, j’avais commencé à douter de moi. Avant de perdre connaissance je pensais avoir révélé les login et mot de passe du dernier rempart qui se dressait devant le fou furieux, ceux qui protégeaient encore l’accès via FTP à toutes les sources et archives de la Zone. J’ai encore une once de volonté, il y a toujours un peu d’espoir, même si les effluves de kérosène dont je suis trempé commencent à sérieusement m’incommoder les neurones. Mais à quel moment, bon sang, ai-je donc perdu le contrôle du déroulement des évènements ? A quel moment ai-je relâché ma vigilance ? Où est donc l’origine du mal ?
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Euh désolée j'accroche pas du tout, à part quelques vannes du début. Le reste ça devient sans doute beaucoup trop proche de fight klub et ça gache un peu le coté "n'importe quoi" des premiers paragraphes. J'avouerais même avoir sauté une bonne partie du texte.
Merci LC, je pensais même que tu n'étais plus un être humain à force de nous pondre des trucs merveilleux. Je n'en apprécierai que plus le prochain.
J'ajouterais aussi que le résumé n'est pas en ta faveur. Ce n'est pas toute la Zone qui est retracée, mais ses débuts. Un peu déçue du coup de ne pas trouver plus de carricatures de zonards connus. Par contre je suis d'accord avec le lien ténu à la Saint con.
Bref pas convaincue, du moins pas en période de Saint-Con, où on s'attend à des articles seulement déconnants (à tort peut-être).
Commentaire édité par nihil.
J'ai tout lu.
Je n'ai aucun mérite particulier, vu que j'adore lire les articles de Lapinchien.
Ce sont les seuls instants durant lesquels je peux, l'âme sereine, récolter d'un index expert le mastic noirâtre qui s'accumule,au fil des semaines, entre mes doigts de pied. Je joins ainsi l'utile à l'agréable. Ses textes sont effectivement très utiles.
Si je dénombre les boulettes ainsi laborieusement façonnées et collées avec minutie entre les pages 832 et 833 du Robert 1973, j'atteins le nombre respectable de 37.
Qui peux se vanter d'avoir lu entièrement 37 articles de LapinChien ?... Hein !
Méthodiquement classées entre «Hélianthème» et «Hémolyse», ces instants privilégiés me rappellent régulièrement que l'ironie est la mort de la métaphysique. Je ne sais pas pourquoi, mais c'est ainsi.
Aujourd'hui, le hasard a voulu que je marque ainsi d'une boulette respectable : «hémione».
On a frôlé »hémiplégie».
Non, sérieusement, j'aime beaucoup.
Et puis, l'hygiène corporelle c'est important !
Bordel de... nihil a écrit mon texte de la St Con ! çà tombe bien il est en tête des charts ! youpi votez pour nihil !
Y a pas une catégorie "Hors compétition" pour la St -Con..; pasque là jme sens en plein dedans quant même...
"Je remercie mes parents sans qui je ne serais jamais venu au monde...", heu, çà sert vraiment à quelque chose que je répète mon speech de remise de la Xbox en bois ? Bordil ! L'an prochain je ferais dans le consci,dense, granguignolesque avec de supers effets speciaux, de bons acteurs comiques... J'aurais jamais du miser sur un petit producteur Roumain pour me la jouer...; Je recommencerais plus
"ouais de toutes façons j'ecris que pour me faire plaisir j'en ai rien a battre de l'avis des autres. "
j'imagine que tu fais des sitations de ce que j'ecris pour te faire plaisir et que t'en a rien à battre de l'avis des autres non ?
Euh, juste en relisant cet article pour le plaisir je suis tombée sur 2-3 trucs qui m'avaient pas choquée au début... Enfin venant de LC quand même ! Notre expert scientifique pur jus de fond de couille sans addition de conservateurs... Le kérosène, c'est comme le gazole, c'est lourd, c'est dense, et ça brûle pas. Un peu comme l'huile de vidange ou le jus de bananes.
J'avais envie de dire du mal pour changer.
et je t'en remercie, fouète moi aussi ! C'est pas de ma faute j'ai pas lu un seul article sur le kerosène dans science et vie junior
balleux
Bâle ? Tu cherches à remettre en cause la paix perpétuelle, c'est ça ? Fais gaffe, enfoiré de bouffeur d'emmenthal, on a la bomba atomique, nous. Et s'il y a des retombées dans le Rhin, c'en sera autant pour ces crétins d'Alsaciens umpistes.
Ou alors tu veux une ballade ?
je vote pour "une ballade à Bâle" de Dourak !
contrainte : "faire son trou à Bâle"
Ce genre de sujets légers ne sont plus de mon âge. Désormais, je souhaite me consacrer à des thématiques nobles et élevées. Je pense au retour à la terre, au poney et aux jouets en bois après le pic pétrolier, par exemple.
Encore que, en partant sur "des trous à Bâle réels".
Retrospective St-Con :
Lapinchien a remporté 3 fois la Saint-Con. Comme quoi, tout est possible. Alors, n'hésitez plus et envoyez vos textes avant le 10 avril !