Il aimait cet instant quotidien où ses pensées pouvaient librement filer en se noyant dans cet infini d’obscurité. Il ne savait pas non plus combien de temps il restait ainsi, mais ça lui importait peu. Personne ne l’attendait, il ne travaillait pas : aucun impératif hormis tous ses rituels journaliers.
Il s’éveillait en écoutant les bruits de sa maison. Intérieurement, il dessinait toutes les pièces, replaçant chaque meuble, chaque bibelot. Il n’arrivait pas à se lever sans cette gymnastique mentale. Visualiser toutes ces pièces vides qu’il connaissait par cœur le rassurait. En effet, qui pouvait prouver que ces endroits existaient sans sa présence à l’intérieur ? Cette question l’angoissait énormément… Il la chassa immédiatement de ses pensées et continua à imaginer le salon.
Il connaissait vraiment les moindres recoins des douze pièces qui composaient cette maison. Chaque objet y trouvait harmonieusement sa place. Les mêmes depuis quarante-six ans qu’il y vivait, et sans doute depuis plus longtemps encore vu que ses grands-parents avaient du acquérir cet endroit aux alentours de 1950. C’est eux qui l’avaient élevé depuis toujours. Ils lui avaient expliqué que sa mère n’avait été qu’une petite traînée, perdue dans les méandres de péchés divers et variés. Elle avait fauté et c’est ainsi qu’il était venu au monde. Ses grands-parents avaient corrigé ce mauvais départ en lui donnant la meilleure éducation qu’il soit, et ce sous le regard de Dieu. Ils avaient continué à l’aimer même quand tout le monde avait commencé à juger qu’il était « différent ».
Il avait vu son premier médecin à l’age de quinze ans. Les institutrices ne cessaient de se plaindre années après années de son comportement. Puis on avait finit par refuser de l’accepter dans les établissements publics. C’était pour cette raison que ses grands-parents lui avaient imposé de voir un médecin. Il avait employé des mots dont il ne se rappelait plus après toutes ces années. Ses grands-parents avaient eu l’air exaspéré et il ne revit plus de médecins avant un bout de temps. Ils devinrent alors aussi ses maîtres d’école et ses amis, les seules personnes qu’il côtoyait. Encore aujourd’hui, il ne comprenait pas pourquoi on le jugeait malade. Il appliquait à la lettre l’enseignement qu’on lui avait inculqué et restait discret la plupart du temps. Non, vraiment il ne comprenait pas. Et c’est bien pour cela qu’il fut vexé lorsque plusieurs années après sa première visite, ses grands-parents l’envoyèrent à nouveau chez un médecin. C’était plus exactement un psychiatre. La colère qu’il avait ressenti ce jour-là en entendant les mots « psychose », « internement » et « traitement » lui avait fait inscrire à jamais ces termes dans sa mémoire cette fois-ci. En rentrant, papy lui avait expliqué que s’il ne prenait pas des cachets qui lui changeraient ce qu’il avait dans le cerveau, il devrait quitter la maison pour aller dans un hôpital de fous. Il était apparemment désespéré en disant ces mots et les larmes de mamie le convainquirent d’accepter cette demande.
Il monta dans sa chambre, tenant fermement les cachets dans son poing serré. Il était en proie à un cruel dilemme. Mentir était un péché d’une part, surtout quand il s’agissait des deux personnes qu’il aimait le plus au monde. Mais Dieu l’avait fait à Son image et ces cachets allaient le changer d’une manière qui n’était pas naturelle. Peut-être qu’il allait perdre la mémoire ? Peut-être qu’il allait oublier son amour pour Dieu ? Il savait qu’il n’était pas fou. Il avait déjà vu des fous. C’était des hommes hagards, bougeant d’avant en arrière emmitouflés dans des camisoles, sans aucune conscience de l’extérieur ou d’eux-mêmes. Ceux qui l’avaient jugé ainsi étaient dans l’erreur. Ils étaient aveuglés par la vantardise que leur procurait leur pseudo statut de médecin. Et ses grands-parents ne voulant que son bien et dépassés par le jargon médical n’avaient pu que croire à ces boniments. Faire semblant de prendre les cachets n’était donc pas un mensonge. Rassuré, il les avait placés dans une boite à chaussure qu’il avait cachée sous une latte du plancher. Il répéterait ce geste à chaque fois qu’on lui demanderait de prendre des médicaments, et il le faisait encore aujourd’hui. Il s’était ensuite allongé sur son lit, apaisé par cette idée, un sourire radieux aux lèvres.
Jamais personne n’a été abandonné de Dieu, après avoir mis son espérance en Lui.
Jésus Christ est mort pour nous obtenir le pardon de nos péchés.
Comment ce Dieu qui nous a donné Son Fils unique pourrait-il refuser de nous pardonner ?
Le Seigneur est ma lumière et mon salut ; qui craindrai-je ?
Je remets mon âme entre Vos mains.
Vous m’avez racheté Seigneur, Dieu de vérité !
Il avait fini de matérialiser en esprit cette maison qui était désormais la sienne et la remémoration de ce souvenir de parfaite complicité avec son Créateur avait achevé de le rassurer. C’était le moment de se lever et de vaquer à ses différentes occupations journalières.
19h00. L’heure fatidique à partir de laquelle les ombres commençaient à métamorphoser la maison. Il n’avait pas peur du noir et le trouvait au contraire apaisant, mais l’arrivée de la nuit était la porte ouverte à tous les mauvais esprits. Il voyait les ombres engloutir petit à petit chaque parcelle du sol, puis les murs commençaient à rétrécir et la pièce où il se trouvait finissait toujours par être beaucoup trop étroite pour lui. C’était le moment où il devait aller au café qui se trouvait dans la rue d’en face. Il avait conscience que c’était un lieu de perdition, mais c’était le seul endroit ouvert avec de la lumière et des gens à cette heure-ci de la journée. Et puis ce commerce était suffisamment proche pour pouvoir regagner sa maison dès que la nuit était totalement tombée.
Comme à son habitude, il se mettait à un bout du bar, tournant ainsi le dos à la foule des consommateurs, assez à l’écart pour que personne ne s’intéresse à lui. Il se perdait toujours dans la contemplation de la tasse de chocolat chaud posée devant lui pendant que les clients et le poste de télévision se donnaient beaucoup de mal pour faire le plus de bruit possible. Il prêtait toujours un peu d’attention d’une oreille distraite aux informations nationales qui passaient tous les soirs à ce moment-là : leur fin annonçait le moment où il pouvait rentrer chez lui.
Il comprenait vaguement que le présentateur parlait alors d’un naufrage qu’il y avait eu dans un océan quelconque. Il n’y avait pas eu assez de bateaux de sauvetage et les passagers avaient donc appliqué la loi ancestrale des « femmes et des enfants d’abord ». On craignait de retrouver de nombreux corps…
« Ils ont rien compris ces crétins ! »
La voix était traitante et une forte dose d’alcool l’avait rendue pâteuse.
« Vous ne vous rendez pas compte qu’ils ont détruit le travail de Dieu avec leurs idées à la con !»
A la mention de Dieu, il prêta toute son attention au discours de l’ivrogne, sans néanmoins se retourner. Celui-ci grommelait que Dieu essayait vainement de détruire une nouvelle fois le monde comme Il l’avait fait au temps de Noé. Dieu voulait tout reconstruire devant l’incapacité des Hommes à profiter de ce qui leur avait été offert. Mais l’Homme avait beaucoup trop de puissance désormais. Il détournait les dogmes, détruisait le travail de Dieu avant qu’Il n’ait pu l’achever. La preuve : ce n’était pas en sauvant les femmes et les enfants, générateurs de tous les futurs humains de cette planète, que Dieu arriverait à faire son apocalypse et à éradiquer l’espèce humaine…
Il cessa d’écouter l’ivrogne, plongé soudainement dans une profonde réflexion. La plupart des arguments de cet homme ne tenaient pas debout, mais il y avait un semblant de vérité dans ses dires. Il était vrai que dernièrement, les catastrophes diverses et les guerres s’étaient enchaînées à un rythme inhabituel. Les informations ne cessaient de dresser des listes de centaines de morts par jour. On en devenait insensibilisé. Dieu ne laisserait pas Ses enfants souffrir ainsi, c’était certain… à moins qu’Il ait décidé lui-même de ce chaos ?
Il se retourna brusquement pour questionner le vieil homme sur son discours incohérent. Il y avait un sens caché derrière, il le sentait. Mais il n’y avait personne à l’endroit d’où provenait la voix quelques secondes auparavant. Tout ceci bien trop important et il décida d’apostropher le serveur malgré ses réticences :
- « Excusez-moi ? Le monsieur qui était assis à cette table est sorti ?
- Quel monsieur ? »
- Celui qui parlait de Dieu à l’instant…
- Si je devais faire gaffe à tous les pochetrons qui déblatèrent sur Dieu ici, je serai pas sorti… Donc non, désolé, mais j’ai rien vu. »
Un grand trouble l’envahit. Après avoir vérifié que les informations à la télévision étaient bien terminées et qu’il était donc en sécurité, il s’empressa de quitter la café afin d’aller s’enfermer à nouveau dans sa maison. Il avait besoin de réfléchir et surtout de prier.
Il arpentait sa chambre d’un pas nerveux, incapable de tenir en place. Il ne savait pas depuis combien de temps il tournait ainsi en rond. Il avait la sensation que quelque chose de très important venait de se jouer dans sa vie, mais il n’arrivait pas à cerner la totalité de la chose. L’homme du bar ne pouvait être qu’un ange messager de Dieu : les humains ne se volatilisent pas comme ça en une fraction de seconde. Il avait ressenti le sens caché de ses phrases comme une vérité absolue qui s’était insinuée dans son esprit. Une sorte de télépathie. L’ange savait à ce moment qu’il était écouté de lui et faisait suffisamment confiance en sa foi pour qu’il décrypte ce message que nul autre ne devait percevoir.
Il se perdait entre ses prières, ses cent pas incessants et les moments où, désespéré, il s’effondrait sur son lit. Il se maudissait : sa foi ne devait pas être assez intense pour que le message lui soit révélé entièrement. Il avait commis une erreur quelque part et Dieu le mettait à l’épreuve. La faim commençait à se faire ressentir, insidieuse. Il avait du passer plusieurs jours dans cet état à se torturer pour trouver la réponse. Même les ombres n’avaient pas pu le déconcentrer.
La faim. Il lui semblait entrevoir un début de solution. Il devait se rapprocher encore plus de son Seigneur Jésus Christ. Le rejoindre dans Ses souffrances. Il avait fait preuve d’une grande vanité en vivant si longtemps dans ce confort inutile et vil. Et de plus, il avait quotidiennement montré à quel point il était lâche en fuyant comme il l’avait fait les ombres sans les combattre. Il n’était pas digne de Dieu.
Nous vous supplions, secourez vos serviteurs que vous avez rachetés de votre précieux sang.
Il ne vivrait désormais que dans cette seule pièce, et encore fallait-il l’aménager afin qu’elle soit révélatrice de sa foi. Il entreprit alors aussitôt de vider la chambre de ses meubles, ne souhaitant garder uniquement que son matelas et une vieille couverture. Il commençait à sortir les meubles lorsqu’il remarqua que ceux-ci le défiaient ouvertement. Ils étaient la preuve de son incompétence et ils le savaient. Ils irradiaient pour lui rappeler à quel point il avait été vaniteux. La colère monta en lui, sourde, violente, incontrôlable. Plus rien ne comptait plus que la Destruction. Détruire les preuves. Détruire ainsi ce qu’il avait osé être. Cacher tout ceci de sa vue ne suffisait pas, au contraire. Il lui fallait assumer sa honte et tout détruire, ici, maintenant. Détruire. Détruire. Détruire. Détruire. Détruire.
J’ai mis mon espérance en vous, Seigneur, ne permettez pas que je sois confondu pour jamais.
Il s’écroula, terrassé par la violence de sa colère, affaibli par la faim. Allongé au milieu de la chambre, il ne pouvait que constater les dégâts. Il ne restait rien des meubles et des bibelots. Le tout était éparpillé dans toute la pièce. Il avait encore échoué. La colère était un péché. Il devait se montrer encore plus décidé, transcender ce qu’il était. Il se fit violence pour se relever. Son estomac ne serait certainement pas plus fort que sa volonté. Il allait même transformer sa faiblesse en arme et commencer une période de jeun. Cette seule idée lui redonna une énergie qu’il n’aurait jamais pu soupçonner quelques secondes auparavant. Il ne fallait pas s’arrêter en si bon chemin. Il parcourut la pièce des yeux et fixa un pied de chaise cassé : le pieu dépassait dangereusement du tas d’immondices.
O bon Jésus ! Cachez-moi dans Vos saintes plaies. Vos plaies sont mes mérites.
Il du s’y reprendre une bonne vingtaine de fois afin de pouvoir transpercer de part en part ses pieds. Le bois était cassant, les échardes se plantaient tout au long de ses plaies. Il manqua de s’évanouir, mais les éclairs de douleurs le ramenaient aux frontières de la conscience.
Mon Jésus, Vous ne me refuserez pas le pardon de mes fautes, puisque Vous ne m’avez pas refusé Votre sang et Votre vie.
Ce qu’il ressentit au moment où il détruisait ses mains était proche de l’extase. Il exultait. Il comprenait. Il savait. Dieu lui avait pardonné. Dieu lui avait parlé, lui confiant son message sacré, sa divine mission. La vue de son propre sang, de ses chairs déchirées le firent pleurer de joie. Le Grand Jour était proche.
Passion de Jésus, vous êtes mon espérance.
Mérites de Jésus, vous êtes mon espérance.
Plaies de Jésus, vous êtes mon espérance.
Sang de Jésus, vous êtes mon espérance.
Mort de Jésus, vous êtes mon espérance.
Il ne ressentait plus la souffrance. Il était la Souffrance. La douleur de ses extrémités, la faim qui le terrassait et la honte qu’il ressentait face à son impuissance ne laissaient place à rien d’autre. Mis à part la Passion. Il vivait ce que son Seigneur Jésus Christ avait vécu sur la croix. Il acceptait humblement les douleurs de l’esprit et du corps en l’honneur de Dieu. Il se rapprochait de Lui à chaque seconde, liés de plus en plus étroitement par un ressenti commun.
Et c’est pour toutes ces raisons que Dieu lui parla et lui divulgua ainsi le message que l’ange avait essayé de lui transmettre à un moment où il n’était pas encore prêt à l’entendre.
Il ne voulait pas l’apocalypse car Il aimait Ses enfants. Mais comme n’importe quel père pouvait l’être, Il était en colère après eux. Et n’importe quel enfant qui faisait une bêtise se devait d’être puni. Tous les actes insensés dont les Hommes étaient témoins étaient là pour leur mettre sous les yeux toute la violence, la cruauté et la folie dont ils étaient capables. Ils avaient été pervertis par le Mal, guidés par L’Ange des Ténèbres qui avait profité de leur faiblesse. Mais ces punitions étaient faites à une échelle beaucoup trop grande. L’Homme était foncièrement égoïste et insensible. Il fallait donc le toucher d’une manière beaucoup plus personnelle. « Le Mal n’est ressenti comme tel que lorsqu’il vous touche personnellement. Qu’il va à l’encontre de votre notion simpliste de perfection de vie ».
Il devait donc aider Dieu dans son travail. Il avait une Mission. Il allait faire à sa pauvre échelle misérable ce que Dieu faisait à la Sienne.
Il s’était levé de bonne heure : c’était le Grand Jour. Il se devait de se préparer convenablement afin de faire honneur à sa mission et surtout à son Créateur. Il savait que ce qu’il devait faire ne semblerait pas bon aux yeux du monde, mais il ne devait pas hésiter. Il devait appliquer les ordres et s’empêcher de penser comme un être primaire ne s’arrêtant qu’à l’apparence des choses. Il devait aller au-delà de tout cela et appliquer le Message. Il ne devait plus être faible. Chaque cause entraîne des pertes. Tout combat pour la religion amène ses martyrs. La barbarie amènera la prise de conscience, jusqu’à la paix finale et absolue. Il devait frapper juste et faire preuve de plus de cruauté que Satan ne pouvait le faire lui-même. Il devait attirer l’attention et susciter la réaction au nom du Seigneur Tout Puissant.
O Dieu, dont la bonté et la puissance sont infinies, excitez dans mon cœur des larmes amères de repentir ; faites que, connaissant mes péchés, je les pleure dans l’amertume de mon âme et j’en obtienne le pardon.
Il avait bandé ses stigmates mais le sang et le pus continuaient à suinter à travers le tissu. La vue des taches rouges s’étalant petit à petit sur les pansements blancs le comblait. Il s’observa dans le miroir. Il était prêt.
Dieu éternel et puissant, vous êtes notre Père dans les cieux ! Je confesserai à vous et à votre Prêtre sur Terre mes infidélités.
Il se dirigea dans le bureau de son grand-père et saisit le fusil à pompe qui était caché dans un faux-fond de l’armoire. Ce n’était pas les armes qui manquaient à cet endroit. Le fusil caché sous son long manteau, il sortit au petit jour dans la rue.
Il marchait la tête baissée. Il n’avait pas besoin de regarder où il allait : la Mission guidait ses pas.
Manifestez en moi la grandeur de votre bonté, afin que, purifié de toutes souillures, et jouissant de la paix du cœur, je sois délivré non seulement des peines éternelles, mais encore des peines temporelles méritées par mes fautes.
Il était arrivé : certains mots que l’ange avait prononcés dans le bar l’avait aidé à choisir ce lieu de miséricorde. Il eut un pincement au cœur pour ceux qui allait périr dans cette guerre contre le Mal. Il se ressaisit : il savait ce qu’il avait à faire et se fondit dans cette petite foule devant lui.
Venez, Esprit-Sain, et remplissez de vos grâces les cœurs de vos fidèles.
Il n’avait même plus conscience à cet instant d’être devant l’école maternelle du centre ville à 8h30 du matin. Il ne voyait que les cibles de Sa divine colère.
Illuminez les replis les plus secrets de mon cœur
Coup de feu.
afin que la vue de mes péchés et de mes imperfections
Coup de feu.
me les fasse regretter,
Coup de feu.
m’en fasse demander humblement pardon,
Coup de feu.
à la plus grande gloire de Dieu
Coup de feu.
et pour le salut de mon âme.
C’était fini. Il le savait. La panique était généralisée. Des corps étaient éparpillés dans toute la cour. Sa mission était accomplie et Dieu lui demandait de partir. Il rebroussa chemin et déposa son fusil dans les buissons. Il fendit la masse de badauds qui avait commencée à s’amonceler. Au loin, des sirènes retentissaient. Personne ne l’accosta. Personne ne l’arrêta. La foule était hystérique, elle ne prêtait attention qu’à ses morts. Des femmes hurlaient des prénoms d’enfants. Un bambin abasourdi essayait de réveiller sa maman allongée sur le sol : une partie de son visage avait disparu. Les gens tombaient à genoux, pleuraient. Tout n’était plus que sang, larme et incompréhension. La Douleur ne cherche pas de coupable lorsqu’elle est si intense.
Il arriva chez lui vidé mais heureux. Il n’avait pas faillit. Dieu était fier de lui et l’avait récompensé en lui offrant sa protection divine.
Reconnaissance éternelle vous soit rendue, ô Dieu de bonté et de miséricorde ! Vous n’avez pas voulu la mort du Pécheur, vous n’avez pas rejeté son repentir ; comme un bon Père vous lui avez pardonné ses péchés et l’avez reçu dans Votre amour.
Cela voulait dire que Dieu avait des projets pour lui. Il n’avait pas voulu en faire un martyr, mais bien La Main de sa volonté. Il n’y aurait pas un Grand Jour, mais des Grands Jours. Il était désormais tout entier au service du Seigneur et il recevait cet honneur dans la plus pure humilité dont il pouvait faire preuve. Il débordait d’amour et d’espoir. Il remerciait de tout son saoul chacune de ces âmes qui s’étaient élevées au nom de Dieu. Il avait à nouveau confiance en ce monde, et surtout, il avait à nouveau confiance en lui et en sa foi. La vie ne lui avait jamais parue aussi belle qu’à cette seconde. Plus rien ne comptait que ce lien unique qui le reliait avec Dieu.
Vous avez brisé mes liens, ô Jésus, Vous m’avez appelé de nouveau au nombre de Vos enfants, et, la paix céleste, que Vous seul pouvez dispenser, est descendue dans mon âme. Cette liberté, cette paix, ô Jésus, je veux désormais les conserver. Dès ce moment, je Vous donne mon cœur. Avec le secours de Votre Sainte Grâce, je Vous serai fidèle.
Des jours, des semaines ou des mois avaient pu passer depuis le Grand Jour. Il n’en savait rien. La pièce devait s’être atrocement agrandie car il avait de plus en plus de mal à aller d’un bout à l’autre. Cette chambre devenait insalubre. Il était sans doute malade suite à son jeun et il se vidait continuellement. Il espérait que Dieu comprenait la difficulté de cet acte de foi et qu’il appréciait le fait qu’il n’avait pas attendu Ses ordres pour manifester sa dévotion. Il l’espérait de tout son cœur tout en sachant que ce n’était pas une pensée de bon chrétien. Etait-il en train de perdre la foi? Il était inquiet.
Aucune autre mission n’était venue donner suite à la première. Il se demandait si le Seigneur se désintéressait de lui et s’Il ne confierait pas ses missions à quelqu’un d’autre à cause de la faiblesse physique qui l’handicaperait peut-être dans ses actes. Il était désespéré. Sa tristesse était un fardeau beaucoup plus lourd à porter que sa faim qui s’était désormais transformée en une bête infâme se nourrissant de son estomac devenu inutile. Bientôt les ombres pourraient se saisir de lui s’il continuait à s’affaiblir. Les larmes coulaient le long de ses joues. Il était seul.
Acceptez, Seigneur, cette résolution, et que la vue de ma faiblesse, loin de me décourager, me soit un motif de plus de me mettre en Vous toute ma confiance ; Vous pouvez et Vous voulez me venir en aide. Vous avez déjà fait naître en mon cœur ces bons propos, donnez-moi la force de les accomplir. Soutenez-moi dans ma lutte contre le péché, donnez-moi la force dans les tentations, la constance contre les entraînements de mon cœur, Votre protection contre les ennemis de mon salut et de ma persévérance finale.
Il avait du s’endormir mais il savait que Dieu lui avait parlé pendant son inconscience. Il avait répondu à son appel lui indiquant la voie à suivre. Il devait sortir à nouveau et surveiller les signes. L’Apocalypse devait suivre son cours. La colère divine était ravivée.
Il se mit difficilement debout. Ses pieds et ses mains le faisaient atrocement souffrir. Il manquait d’air et le sol menaçait de céder sous ses pas à chaque seconde. Il passa outre ces manifestations physiques et se traîna jusqu’au bureau de son grand-père. Il prit une nouvelle arme qu’il cacha comme la première fois sous son manteau et sortit se fondre dans la foule.
Cette fois-ci, les gens le remarquaient. Il devait avoir l’air vraiment malade. Mais cela ne l’inquiétait pas outre mesure car il les remarquait aussi. Les cibles. Elles irradiaient, auréolées dans une grande lumière dorée. Dieu lui désignait directement les personnes qu’il devait exécuter. Ils agiraient ensemble aujourd’hui, tous les deux réunis par un amour infini et une confiance éternelle réciproque en eux-mêmes, en la Création, en l’avenir. Un jour, le monde comprendrait leurs actes. Il saurait la portée de leur Message.
Une cible s’approchait à grands pas vers lui. Il dégagea le fusil de son manteau et épaula…
Sainte Vierge Marie !
Vous qui avez ramené sur le droit chemin,
des milliers de pécheurs
et leur octroyez la grâce
de la persévérance,
je Vous demande humblement pour moi,
cette même faveur.
Obtenez-la-moi de Votre divin Fils,
afin que cette confession
soit le commencement d’une vie nouvelle,
la source d’une inébranlable fidélité.
LA ZONE -
Il ne savait pas depuis combien de temps il fixait ce qui devait être le plafond. Le noir total se dressait devant lui, mais il avait tout de même conscience que ses yeux étaient ouverts. Il ne parvenait jamais à savoir à quel moment il émergeait du sommeil pour se retrouver ainsi, parfaitement immobile, à fixer le plafond dans la pénombre.
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"Car plusieurs viendront sous mon nom ; disant c'est moi le Christ, et le temps approche. Ne les suivez pas." Luc 21.8
"Des faux prophètes surgiront en foule et égareront beaucoup d'hommes." Mathieu 24.11
Ah oui mais forcément... pas besoin de continuer à citer la Bible pour argumenter contre ce texte hein... Il le fait lui même tout seul je pense.
J'espère quand même que ces citations prônent un second degré des plus logique face à ce genre d'écrit. Ca fait peur sinon...
Dans mon esprit peu géomètre, s'exprimer en parabole et parler au second degré sont deux choses très différentes.
Je n'argumentais ni contre ni pour le texte, mais je ne vois pas pourquoi tu affirmes que celui-ci le fait tout seul(argumenter contre lui-même). Au fond, j'aime bien le texte. Au premier degré. Mais tu n'aurais pas tort d'avoir peur. Moi, j'ai peur. Ils sont redoutables.
"A la tombée de la nuit des puissances malfaisantes rôdent autour de la maison. J'aboie pour que le maître averti les chassent. [...] Le monde est plein de choses hostiles et redoutables."
Anatole France, Pensées de Riquet.
Personne d'autre a d'avis sur ce texte ? Ca fait léger là... Juste pour faire avancer le débat je fais ici une remarque qui ne reflète pas l'intégralité de mes sentiments sur ce texte : on sent que l'article est notamment un gros prétexte pour se défouler un max en détruisant une école maternelle au fusil à pompe... C'est vrai que ça fait du bien !
Par contre c'est quoi la couille avec la religion, ça intervient sans arrêt dans tes textes en ce moment à un niveau ou un autre, presque encore plus souvent que dans les miens !
Commentaire édité par nihil.
c'est dommage de te barrer de la zone en laissant un dangereux psychodingue dézinguer tout le monde dans les rues de notre univers onirique commun...
çà fait légerement désordre, aussi çà serait bien que tu fasses un peu le ménage avant de te casser.
Un bon conseil pour les autres zonnards. Biturez vous un bon gros coup la gueule... Murgez vous bien le citron... Le crowd-shooter m'a l'air d'aimer les pochetrons... d'ailleurs moi j sens que ce soir j'vais rentrer chez moi avec des ailes dans le dos...
Un psychopathe de plus. Bon texte de mon avis. Le coté obsessionnel de la religion est sympa aussi. On voit bien le probleme poser par les religions sur les esprits faibles. Incapables d'analyser et de se faire une opinion conformistes, ils tournent ça à leur maniere et ne voient plus la difference entre le bien et le mal.
Evidement, le Bien et le Mal... ca fait partie des valeurs sans substance dont on doit trouver soi meme la limite. Ca varie d'un individu à l'autre.
Toute la question reste de savoir si ce n'est pas notre cher ami, au final, qui est dans le vrai ? Et si c'etait lui, notre Neo ?
ch'suis sur que c'est encore de la faute de Marylin Manson !
Moi comme messager, si jetais dieu, jaurais plutot pris quelqu'un qui a sous son doigt le gros bouton rouge, on aurait parlé beaucoup plus longtemps de 6 milliard de mort que de 5 gosses braillard qui se sont fait liquifier le cerveau sur le trotoir ( ce qui en fait, j'en suis convaincus, a soulagé les familles ). Enfin pas nous vu qu'il n'y aurait plus personne mais l'espèce qui serait devenu dominante à la place de l'homme.
En même temps, ça sert à quoi d'avoir fait évoluer une espèce petit à petit, à coups d'infimes progrès individuels qui se répandent doucement et ce pendant des milliers d'années si c'est pour la détruire en une seule fois avec une guerre nucléaire de trois jours ?
C'est pas marrant.
Nan, individu par individu c'est rigolo, faut toujours avoir l'occasion de souffrir avant de crever, l'euthanasie c'est de la merde, on profite pas pleinement de sa mort, et c'est valable pour les espèces aussi.
J'ai une appréciation hyper mitigée sur cet article, à savoir que tout le début, à peu près jusqu'à l'épisode dans le bar, me parait un tantinet flou et bancal. J'ai l'impression que la psychologie du personnage se tient moyennement, et c'est tellement blindé de répétitions et de phrases longues que ça en est presque chiant à la lecture pour certains paragraphes. Par exemple, le coup du mec qui sort TOUS LES JOURS à la même heure pour échapper aux ombres de la nuit et du jour au lendemain oublie cette habitude me fait penser à une pirouette facile et à un faux prétexte pour placer le perso là où il doit être. Maintenant, pour ce qui est de l'épisode de l'école maternelle, ça me semble quand même étrange que le mec il vienne, qu'il bute des gamins, pis qu'il reparte comme si de rien et que personne ne vienne le chercher. Y'a comme ça deux trois trucs qui me paraissent carrément incohérents. De plus je vois pas bien l'intérêt ni de rendre le mec simple d'esprit, ni de parler de ses grands-parents, dans la mesure où comme ça n'est pas plus développé ça n'apporte rien à l'intrigue. Ce qui me surprend encore plus, et ce sur quoi je serais presque d'accord avec nihil, c'est que tout le passage où le mec s'enferme chez lui pour partir dans son délire est carrément génial, et le reste me fait l'effet de n'être qu'un prétexte pour enrober une bonne idée dans un semblant d'histoire. Peut-être que finalement ça aurait gagné à être développé complètement plutôt qu'éludé pour mettre rapidement en situation, à mon avis ça pourrait être un article génial s'il était bien plus long.
Désolé j'ai pas accès au message perso .
A bientôt mon amour .
Tiens, CRDP, tu ne pourrais pas aller faire un tour par là...
www.lettres.net/troll.htm
... ça t'occuperait et nous ferait des vacances.
Affirmation gratuite , moi je te préconise une vaccination contre la vérole qui infeste ton cervelet .lol
Combien ?... 2450 ! Joli score.