Une réceptionniste à l’air revêche composait des numéros de téléphone à toute vitesse en rajustant machinalement sa coiffe. Maria posa ses mains gantées sur le comptoir en attendant qu’on lui accorde de l’attention et moi j’observais les lieux. Des étagères en verre vides, des palmiers en plastique flanquant l’entrée. Des chaises en métal de part et d’autre du hall faisaient office de salle d’attente, mais il n’y avait personne, on se serait cru dans un grand entrepôt impeccablement entretenu mais inutilisé. Je n’entendais aucun bruit hormis le tapotement sur le clavier du téléphone, mais je n’avais plus l’ouïe aussi fine que dans ma prime jeunesse.
La réceptionniste leva les yeux vers Maria et la salua sans sourire. Elle avait l’air fatigué et sa voix claquait désagréablement dans le silence du hall. Les deux femmes s’engagèrent dans un dialogue administratif obscur que je ne suivis que d’une oreille peu attentive. J’étais fasciné par l’affolante propreté de l’endroit et par sa nudité ascétique. Pas un grain de poussière sur les étagères, pas une trace d’humidité sur le joint du carrelage, pas de rouille sur les barreaux des chaises ou de mégot dans les cendriers étincelants. C’était comme si on venait de mettre en place un décor à la hâte, à notre seule intention, sans prendre le temps de finir de l’aménager et d’y ajouter tous ces menus détails qui recréent une sensation d’activité.
- Papa ?
Surpris, je levai la tête vers Maria, un peu honteux de m’être laissé aller à la rêverie en ce moment important. Je m’approchai sous l’œil sévère des deux femmes dont j’avais une seconde oublié la présence.
- Tu as bien apporté ta carte de Sécurité Sociale pour la demande de prise en charge ?
- Je… Je crois que je l’ai oubliée…
Pris en faute, je fouillai ma maigre valise, sachant par avance que je ne trouverais rien. La réceptionniste n’attendit pas que j’aie fini de chercher pour m’ordonner de me faire envoyer ce papier par la Poste. Sèchement, elle me récita une incompréhensible procédure administrative et entreprit de me faire remplir des formulaires. Après quelques essais laborieux, Maria me prit le stylo des mains et emplit pour moi les cases blanches à toute vitesse. J’admirai sa compétence et son sérieux. Moi je ne comprenais jamais rien à toutes ces formalités.
Une fois les papiers dûment remplis, ma fille me donna quelques dernières recommandations et fit claquer une bise sur ma joue.
- A bientôt. Je passerai te voir dans le courant de la semaine.
- Veuillez attendre une infirmière, Monsieur. Vous pouvez vous asseoir.
Ni l’une ni l’autre ne me laissa le temps de répondre.
Les portes métalliques de l’ascenseur s’ouvrirent en un chuintement agréable et l’infirmière qui me tenait le bras m’entraîna doucement mais fermement vers la cabine. Elle se mit à énoncer le règlement interne d’un ton traînant, mais je ne l’écoutais pas, fasciné par le revêtement neuf imitation bois à l’intérieur de l’ascenseur, le boîtier de commande sophistiqué et, comble de raffinement, la moquette bleue sans un grain de poussière. Arrivés à notre étage, l’infirmière me tira vers le bureau des aides-soignantes du service en continuant à marmotter son interminable monologue. Quelques minutes après son départ ses traits s’étaient effacés de ma mémoire.
Les locaux étaient déjà nettement moins bien entretenus, je souris amèrement. L’accueil était une bien belle façade pour les visiteurs, les résidents étaient logés à une autre enseigne. L’image de ma petite maison coincée entre deux commerces de mon village entra en moi et je songeai nostalgiquement à sa modeste cheminée, à son escalier de bois verni soigneusement entretenu, à ma parcelle de jardin et aux fleurs que je tentais d’y faire pousser. Chez moi. Un sentiment d’abattement et de fatigue morale m’assaillit.
La chambre que j’allais occuper était plutôt vaste, six lits, elle était toute en longueur. Je suivis l’aide-soignante vers mon lit, le plus éloigné de la fenêtre. Elle me désigna mon placard et se mit à me débiter les consignes de sécurité en m’agitant mon dossier sous le nez. J’en avais marre, j’avais envie qu’elle s’en aille et me laisse me familiariser seul avec ce nouvel environnement, qui me semblait bien peu accueillant.
Je saluais mon voisin de lit d’un hochement de tête et fit mine de suivre les mises en garde de l’infirmière d’un air attentif. Tandis qu’elle cherchait mon pyjama dans le placard je m’installais sur le lit. Il était trop dur et je savais que je mettrais des jours à y dormir confortablement. L’infirmière me mit la commande d’appel d’urgence entre les mains en me parlant comme à un enfant. Qu’elle parte, vite.
Le lendemain je fus invité à me rendre à l’intendance du service. Après une courte attente dans une antichambre aux dimensions de placard, on m’invita à entrer dans un bureau peu aéré et mal ordonné. L’homme qui m’avait convoqué avait l’air épuisé, sa blouse blanche était jaunie sous les bras et il compulsait mon dossier en pensant visiblement à tout autre chose.
- Asseyez-vous.
Je le remerciai d’un geste de tête.
- Bien, nous avons un cas courant, d’après les analyses ordonnées par votre médecin traitant. Asthénie, affaiblissement, perte d’appétit, insomnie…
Il s’arrêta pour se gratter le front, l’air ailleurs…
- Vous avez encore perdu du poids ces derniers jours ?
- Euh… Trois kilos la semaine dernière.
Il mit plusieurs minutes à reprendre, cherchant péniblement à se concentrer sur mon cas malgré une foule d’autres soucis en tête.
- On va y remédier, vous serez nourri par perfusion, au moins les premiers temps. Vous souffrez beaucoup ?
- Pas vraiment… Après les repas et des fois les nuits, mais je suppose qu’avec les perfusions…
- On vous passera de la morphine par l’autre veine, pas de problème. Et je note aussi des anti-coagulants et des anti-inflammatoires… Bon pour l’opération, on va attendre la disponibilité du chirurgien, d’ici une ou deux semaines je pense. Je lui demanderai de passer vous voir quand il aura un moment. Ca ira ?
- Pour la prise en charge…
Il fit le même geste que pour chasser une mouche agaçante.
- Il faut voir ça avec le service administratif, ce n’est pas moi qui m’en occupe. Vous avez rempli les formulaires d’accueil ?
- Oui mais il me manquait ma carte de Sécurité Sociale.
- Ah en effet. Il faudra régler ça. Faites-la vous envoyer et demandez à une infirmière, elle vous expliquera les démarches nécessaires. Vous avez d’autres questions ?
- Euh non, je verrai ça avec le chirurgien je pense…
- Parfait. Alors bon séjour.
Il posa mon dossier sur une pile de papiers divers et concentra son attention sur l’écran de son ordinateur.
___
Mon voisin de lit était un ancien fonctionnaire de province très maigre, son cou et ses bras étaient parcourus de lignes de veines déformées. Il ne recevait jamais aucune visite, se déplaçait peu et avec beaucoup de difficultés. Il passait ses journées à lire et relire le journal.
- Et vous, c’est quoi votre maladie ?
Sa voix était cassée et désagréable.
- Euh… Je ne sais pas encore…
Encore pris en faute. Devant ses sourcils qui se fronçaient petit à petit je me repris en hâte :
- Le chirurgien doit venir me confirmer ça bientôt. Quelque chose au niveau de l’intestin grêle.
Il s’esclaffa sans se départir de son regard un peu suspicieux :
- Ah bon, vous ne savez pas ce que vous avez, vous. Vous êtes bien le seul dans ce cas ici.
Il désigna les autres patients de la chambre :
- Ces types-là sont de véritables encyclopédies médicales. Ils en connaissent plus sur le cancer que pas mal de médecins, vous savez. Ils passent leur temps à ressasser leur problème, à se renseigner dessus, à méditer sur les trucs que leur sort le personnel médical, à contester les soins qu’on leur donne. Ils ne pensent plus qu’à ça toute la journée. Leur maladie est devenue leur seule raison d’être.
Je souris poliment et m’abîmai dans la lecture de mon roman en hochant machinalement la tête à l’attention de mon voisin qui continuait de radoter.
Mon pansement me démangeait, mais je n’osais pas y toucher de peur de déloger les deux aiguilles glissées dans les veines de mon poignet. Tout mon avant-bras gauche me faisait souffrir, l’infirmière m’avait dit que c’était normal, le temps que les vaisseaux s’adaptent au flux de liquide distribué par les perfusions. Mais elle m’avait à peine écouté et n’avait même pas jeté un œil à mon bras. Je passais des heures à fermer et ouvrir la main dans une tentative stupide pour faire passer la douleur.
Le téléphone ne sonnait jamais. Je m’ennuyais. La vie de la chambre était régie par le programme des émissions de télévisions et rythmée par la lumière du jour qui croissait et décroissait régulièrement dans le fond de la pièce. Je passais parfois l’après-midi entière à observer la lente déformation du cadre de lumière grise sur le plancher au cours des heures. Jamais il n’atteignait mon lit, trop éloigné de la fenêtre.
Des infirmières passaient irrégulièrement, rarement les mêmes. Soucieuses, revêches, elles nous saluaient à peine, donnaient les soins sans parler, hormis pour faire des reproches. Elles nous donnaient nos médicaments, changeaient les draps, les bassins, donnaient leur toilette aux patients impotents. Leurs gestes étaient efficaces, mais secs, mécaniques.
Un jour, pendant qu’une aide-soignante venait distribuer les repas à mes voisins de chambre, je lui demandai quand le chirurgien passerait me voir, et elle monta sur ses grands chevaux, grinçant qu’elle n’était pas la secrétaire du chirurgien et qu’elle ne pouvait pas satisfaire à toutes les exigences. Plus tard mon voisin de lit me souffla qu’on ne voyait pas beaucoup les médecins dans les chambres, qu’il valait mieux aller voir l’intendant du service pour prendre rendez-vous et il avait fait suivre cette recommandation de toute une série de conseils ennuyeux.
Je me demandais comment allaient Maria et son mari. Je n’avais pas eu de nouvelles depuis que j’étais arrivé ici. Je n’étais pas vraiment inquiet, mais j’avais besoin de m’occuper et de palper l’existence du monde extérieur, de moins en moins évidente ici. On s’enfonçait vite dans cet univers parallèle et on perdait la jonction avec la réalité externe, on apprenait les règles de l’Hôpital et on oubliait doucement celles de dehors.
Je commençais à avoir très mal au ventre et à la tête et je demandais tous les jours qu’on augmente le dosage de la morphine, mais on ne m’écoutait pas. La douleur s’irradiait dans l’ensemble de mon corps par déferlantes, incendie accalmie incendie, pulsations irradiantes. Je la sentais remonter dans mes membres et s’effacer comme une vague sur la grève dans mes mains, et mes doigts se crispaient en sursauts de panique involontaire. Parfois elle contaminait les perfusions et les draps de mon lit comme une sanie, une âme parasitaire qui tentait de se détacher de son organisme-hôte pour coloniser les environs.
Une infirmière avait consenti, en se moquant ouvertement de moi, à placer mes sacs de perfusion sur un pied à roulettes rouillé, pour que je puisse me déplacer dans les couloirs.
- Et où voudriez-vous aller ? ricana mon voisin de lit. Il n’y a pas d’issues ici, tout est fermé, ils ont bien trop peur que des légions de cancéreux se déversent dans les rues !
Je claquai la porte derrière moi.
Le couloir me parut immense et pas très propre. C’était la première fois que je sortais de la chambre depuis des jours et je n’avais gardé aucun souvenir de l’agencement du service. Je perdais la tête, décidément.
Des scories de plâtre traînaient en bas des murs, la peinture des plinthes et de l’encadrement des portes avait viré au grisâtre, le joint du carrelage au noir. Tout était poussiéreux et tombait en poussière. Le long des parois erraient quelques patients en robe de chambre à l’air hagard et au regard vidé. Ils butaient contre des bancs renversés et des brancards de fortune à la ferraille oxydée. A mon arrivée je n’avais pas remarqué une telle vieillesse des locaux. C’était comme si l’usure des lieux s’était brutalement accélérée, érodant les parois et même les patients.
A la suite d’une interminable rangée de portes de chambres se trouvait le bureau des infirmières, mais je n’était plus très sur si c’était celui où on m’avait admis ou non. Je n’osai m’y risquer de peur d’essuyer une nouvelle brimade, mais j’y sentis en m’approchant les signes d’une activité morne. Au fond, l’entrée de l’escalier était condamnée pour des travaux qui visiblement n’avaient jamais commencé, probablement une tentative de mise en conformité des locaux trop chère pour être menée à terme. Nul panneau n’indiquait quel chemin prendre pour descendre.
Je fis machine arrière, suivis le couloir aux proportions de nef de cathédrale vers son autre extrémité et me heurtai à trois portes noircies de monte-charges. Les boutons d’appel de deux d’entre eux ne répondaient pas et le troisième ascenseur n’arrivait jamais malgré le voyant allumé en rouge. Je haussai les épaules et m’aventurai dans une série de couloirs tous semblables. Les mêmes proportions titanesques, le même carrelage souillé, les mêmes rangées de portes. Cet hôpital avait-il les proportions d’une ville pour abriter un service de cancérologie si vaste ? De ci de là je passais devant les cuisines du service ou devant des salles de soins à demi-vides, qui semblaient presque abandonnées.
En face d’une de ces pièces à peine aménagées et encore emplies de colis poussiéreux je rencontrai une patiente au regard éteint qui cherchait visiblement quelque chose.
- Vous essayez de trouver un médecin, vous aussi ? me lança-t-elle.
- Pas vraiment, je faisais juste un tour… Mais si j’en voyais un je suppose que j’aurais des questions pour lui…
- Comme nous tous, soupira-t-elle en s’affalant sur un banc.
Elle devait avoir au moins soixante-cinq ans, ce qui était le cas de la totalité des patients que j’avais vu ici. Les couleurs de sa robe de chambre étaient passées et les manches s’effilochaient. Elle aussi traînait derrière elle un porte-perfusion comme un chien en laisse.
- Je m’appelle Louise, enchantée.
Elle n’attendit même pas de connaître mon nom et poursuivit :
- Je ne comprends rien à ce service, chuinta-t-elle d’une voix pâteuse. Deux mois que je suis ici, et impossible de voir un médecin. C’est franchement agaçant. Parfois on change mon traitement, alors même que personne n’est venu vérifier mon état. Je me demande…
Sa voix baissait petit à petit, je n’entendis bientôt plus rien d’autre qu’un murmure incompréhensible. Lorsque je lui demandai de parler plus fort, elle s’excusa de son état de fatigue généralisé :
- C’est ce traitement qui m’assomme. J’ai du faire un gros effort tout à l’heure pour me lever et venir chercher quelqu’un pour m’aider. Je ne sais pas ce qu’ils nous donnent, mais si je m’écoutais, je passerais mon temps à dormir, je ne bougerais plus du lit. Ca vous fait ça, à vous aussi ?
Je dus m’avouer que je me refusais inconsciemment à m’asseoir à ses cotés de peur de m’assoupir. Je commençais à avoir mal aux jambes et j’en avais marre de déambuler. J’avais envie de retrouver mon lit, aussi inconfortable soit-il.
- Les autres patients ne se gênent pas pour ronfler, vous savez. Dans les chambres, c’est dur de trouver quelqu’un qui ne dorme pas profondément. A croire qu’on nous donne tous le même traitement, bizarre, non ? De là à penser que cette somnolence est un effet secondaire qui arrange bien le corps médical… J’essaie de ne pas me laisser faire, ce serait trop facile de me laisser aller au sommeil, puis au coma. Il faut qu’on m’aide, moi, je suis en train de mourir !
La fin de sa phrase fut noyée dans une quinte de toux qui ne cessa qu’après plusieurs minutes. Ce dialogue commençait à me mettre sérieusement mal à l’aise. Cette femme n’avait pas l’air bien dans sa tête. Elle semblait soupçonner le personnel.
- Vous avez remarqué ces salles d’opération là, fit-elle après un long silence, désignant la pièce derrière nous. Vides. Inutilisées. Même les respirateurs pour l’anesthésie sont encore emballés dans leurs cartons. Personne n’opère personne ici, c’est une évidence.
- C’est une pièce en cours d’aménagement, les patients sont opérés ailleurs, je suppose.
Elle ricana.
- Si ça vous amuse de le croire… Et vous connaissez quelqu’un qui a été opéré, vous ?
Je devais bien admettre que non, mais ça ne faisait que peu de temps que j’étais hospitalisé. Les lourdeurs administratives et la surcharge du service avaient repoussé ma rencontre avec le chirurgien, voilà tout.
Louise secouait doucement la tête, l’air résigné :
- Je vais demander à être transférée vers une clinique privée. Mes enfants m’aideront, j’en suis persuadée.
- A propos, vous savez comment on sort de ce service ? Pour aller à l’accueil par exemple ?
- Euh oui, je… Il y avait un escalier de service quelque part… Pardonnez-moi, j’ai oublié où exactement… Il faudrait demander aux infirmières. Vous avez essayé les ascenseurs ?
- Oui mais ils n’ont pas l’air de fonctionner.
- Tout tombe en ruine, ici, c’est totalement insalubre… Ecoutez, je suis vraiment fatiguée, je vais aller au lit, mais si vous voulez, rejoignez-moi ici demain à seize heures, nous chercherons ensemble cette sortie. Vous saurez retrouver le chemin ?
- Je… Je pense.
- Alors à demain.
En rôdant pour retrouver mon couloir, je finis par tomber sur des bureaux ou des administratifs à l’air austère classaient des piles de dossiers usés. Une dame d’apparence très stricte m’aperçut et vint sèchement m’expliquer que là n’était pas ma place. Elle me raccompagna courtoisement mais fermement jusqu’au dédale de couloirs, sans écouter une seconde ma requête pour voir l’intendant du service. Je me tus et me laissai conduire comme une bête vers les coursives glacées d’un abattoir labyrinthique.
Je tombai comme une masse sur mon lit et passai de la veille au sommeil en quelques secondes.
___
Je maigrissais chaque jour un peu plus. Je passais des heures à suivre le contour de mes côtes, des os de mon bassin qui saillaient comme des monuments barbares dans des plaines de chairs livides et vieillies, mon ventre creux, des replis de peau flétrie hérissés de poils blancs, des vaisseaux variqueux qui noircissaient juste sous l’épiderme ridé. Là où il y avait eu un corps ferme, musclé et plein d’énergie brute ne restait plus qu’un champ de ruines organiques destinées à l’anéantissement prochain. Comment l’accepter ?
Bientôt il ne resterait plus de moi que l’insidieuse tumeur, le reste s’effaçait peu à peu.
Une après-midi où l’encadrement de lumière grise semblait refuser de s’étirer plus loin que le bord de la fenêtre et me défiait ouvertement, Maria entra dans notre chambre. J’étais complètement assommé d’antalgiques et d’hypnotiques et mis plusieurs minutes à constater que ce n’était pas une de ces austères figures féminines anonymes qui nous servaient d’infirmières, puis à la reconnaître.
Je ne pus manifester correctement mon émotion, je me contentai de saisir son poignet d’une serre qui me semblait d’autant moins vivante posée sur la peau rose et douce de ma fille. Je marmonnai un bonjour pendant qu’elle faisait claquer une bise sur ma joue sans sourire. Je ne savais que ressentir, mais je m’aperçus avec un certain effroi que j’étais moins heureux de la voir que surpris de la présence d’une personne du monde extérieur dans notre enclave d’agonie clinique solitaire.
Elle était impeccable, comme toujours, ses jambes galbées par des bas clairs me renvoyaient à mes pauvres membres antérieurs de moins en moins capables de me porter longtemps le long des couloirs. Ses genoux croisés enserrés par la lisière d’une jupe convenable, sa veste de tailleur stricte, sa coiffure impeccable, son maquillage soigné et dessiné sans ostentation, toute son image me frappait au plexus par sa noblesse et sa grâce. Comment un être devenu difforme et impotent tel que moi pouvait avoir un quelconque lien de parenté avec une si magnifique jeune femme ?
Elle commença à me parler, mais j’avais du mal à suivre sa conversation, je ne répondais que par à-coups douloureux, malgré toute ma bonne volonté. Ca ne semblait pas déranger Maria, qui poursuivait sa litanie de petites nouvelles en regardant inconsciemment ailleurs. Je m’en voulais de ne pas pouvoir accrocher plus son attention, de la sentir si… indifférente. C’était comme si elle n’était là que pour la convenance, cette pensée me fit mal au plus profond de moi.
Tandis qu’elle égrenait consciencieusement son chapelet d’anecdotes de circonstance comme on récite un discours appris par cœur, rajustant machinalement ses mèches blondes, je me renfermai dans ma douleur et attendit son départ, résigné.
Lorsqu’elle se leva, elle déposa ma carte de Sécurité Sociale sur la table de chevet boiteuse.
- Ainsi, tout est en règle maintenant.
Je n’eus pas la force de lui rendre son au-revoir.
Les patients de ma chambre avaient accepté de mauvaise grâce de me prêter des livres sur le cancer et des revues médicales, et je passais mes journées à tenter de comprendre quelque chose au jargon scientifique employé. J’avais pris conscience de l’importance des choses, mon échelle de valeurs s’en était retrouvée bouleversée. Ici c’était une lutte à mort contre la maladie, et je me devais de m’armer de mon mieux. Il me fallait connaître l’ennemi. Peu à peu, l’incessant discours de mes voisins de chambre s’éclaircissait à mes yeux, je comprenais non seulement mieux les mots et les concepts qui régissaient le traitement des différentes formes de cancer, mais aussi les enjeux. Nos cellules s’entretuaient sans qu’on puisse les freiner autrement que par des chimies absurdement violentes, qui entraînaient dans leur sillage la perte de toutes les cellules fragiles, mêmes saines, de l’organisme. Personne n’avait le loisir de penser à autre chose.
C’était une question de vie ou de mort, littéralement, il n’y avait plus que ça qui comptait vraiment pour nous. Le reste n’était qu’agitation stérile pour nous distraire de notre intime combat contre nous-mêmes.
Jusqu’ici personne n’avait remarqué le changement, mais il fallut bientôt se rendre à l’évidence : il y avait quelque chose dans l’air qui ne tournait pas rond. Une modification subtile qui changeait la donne, établissait de nouvelles règles. L’aggravation de l’érosion devenait manifeste. Au début ce n’était rien de plus que d’habitude. Mais dans les chambres, la poussière commençait à s’accumuler trop vite, la peinture s’effritait et les appareils de contrôle médical tombaient en panne les uns après les autres. Les infirmières refusaient de répondre aux questions et nous nous étions aperçus que personne ne faisait plus le ménage depuis longtemps.
___
Je voyais Louise tous les jours à la même heure, mais le lien amical qui nous avait réunis lors de notre première conversation semblait s’être insensiblement détaché. La pauvre femme souffrait et passait souvent l’heure que nous nous accordions en commun à réfléchir en silence ou à monologuer. Nous n’avions en vérité rien de particulier à nous dire. Nous parlions de notre passé, images vieillies et sans substance, comme si nos souvenirs avaient été implantés en nous a posteriori. Nous n’avions pas réellement l’impression d’avoir vécu ce dont nous parlions, plutôt d’avoir vu tout ça dans un film à la télévision. Je n’arrivais plus qu’à grand-peine à me souvenir de la disposition de ma maison, des notables de mon village, et je m’énervais contre moi-même.
Louise avait réussi à accéder au bureau du superviseur du service, mais il ne l’avait pas écoutée, totalement indifférent, répondant des phrases toutes faites débitées mécaniquement à coté de ses questions. Lorsqu’elle avait fait mine de s’énerver, il l’avait reconduite à la sortie de la partie administration du service.
Les jours passaient et se ressemblaient. Nos rencontres s’espaçaient peu à peu sans qu’aucun de nous ne chercha à y remédier. Nous n’avions pas vraiment besoin l’un de l’autre, les contacts humains que nous regrettions semblaient finalement nous répugner dès lors qu’ils se présentaient. Nous n’avions jamais eu le courage d’entreprendre de vraies recherches pour trouver une issue.
Ces escapades terminées, je replongeais béatement dans l’inconscience.
Dans les chambres, plus personne ne parlait, plus personne ne remuait vraiment et j’avais l’impression de ne pas y avoir vu d’infirmière depuis des lustres. L’évidence commençait à s’imposer dans mon esprit comme dans celui de mes voisins de chambre. On nous avait enfermés ici et on nous laissait mourir.
Souvent je n’entendais rien d’autre au creux de la nuit que les gémissements des malades en phase terminale. Autour de moi, dans notre chambre vaste et vide comme lors de mes escapades dans les couloirs du service des cancéreux, j’avais l’impression que l’état de tous se détériorait sensiblement. Les colonnes vertébrales se voûtaient, les démarches se ralentissaient, les regards s’éteignaient. Chaque jour dans l’encadrement des portes de chambre ouvertes j’apercevais plus de ces misérables qui n’avaient plus grand-chose d’humain, leurs traits vidés, leur crâne rendu chauve par la chimiothérapie, leur cage thoracique saillant pitoyablement sous les draps. Qu’est-ce qui nous restait au juste ? Quel espoir imbécile nous maintenait encore en vie dans cette immense morgue à peine aménagée qui commençait partiellement à s’effondrer sur elle-même ? Quel reste d’animalité nous poussait encore à nous accrocher à la vie au mépris des lois de la nature, à nous retenir en perdant chaque jour nos ongles et nos dents ? Quelle étrange et incompréhensible fatalité que l’instinct de survie ? Nous n’avions plus lieu d’être, nous avions dépassé notre quota d’années, et nous maintenir en vie artificiellement grâce relevait de la farce abominable.
Le genre humain avait complètement ignoré cette élémentaire loi de la nature qui permettait à l’espèce d’évoluer par l’élimination des individus faibles, vieux, malades. En tentant de combattre à tout prix les anomalies de la nature, en laissant survivre les moins aptes à la survie, il s’était corrompu lui-même et avait permis au cancer d’établir sa domination, de croître et de progresser.
De mes membres se détachaient peu à peu des lambeaux jaunâtres de peau morte. Des plaques de peinture craquelée glissaient des murs dans des nuages de poussière blanche.
Mon teint se ternissait petit à petit et je me faisais l’impression de devenir une antique momie grisâtre et fragile. Le bois des lambris noircissait rapidement, le béton se froissait, s’effritait chaque jour un peu plus vite.
La maladie était en train de me dévorer de l’intérieur, de ronger mes forces et je n’avais plus le courage de lutter, seulement de me laisser glisser dans l’amollissement des chairs et l’abandon de mes articulations arthritiques. Dans les corbeilles de fruits frais un lit de pourriture filandreuse naissait en quelques heures.
Tout se désagrégeait trop vite.
Quelque temps plus tôt, mais je n’aurais su dire quand avec exactitude, on avait emmené mon voisin de lit, qui avait sombré dans le coma, pour l’opérer. J’avais vu, le cœur serré, cette carcasse vidée aux membres amaigris, portée sur le brancard par des aide-soignantes sans identité propre. Il ne revint jamais. Comme ces rumeurs étranges qui naissent parfois spontanément au sein du silence abruti des masses, le bruit courut que rien n’avait même été tenté pour le sauver. Qu’il n’y avait de toutes façons aucun médecin, aucun chirurgien dans les lieux, pas de locaux médicaux ou de matériel de chirurgie. Le service des cancéreux n’était qu’un mouroir hanté par l’hideuse présence des infirmières et par les légions de comateux. Un simple assemblage infernal de chambres immenses, reliées par le dédale inextricable de couloirs sans issue. Il n’y avait aucun espoir. Je fermai les yeux, laissant glisser sur moi les insidieuses rumeurs comme l’eau sur les roches.
Parfois je la sentais croître en moi comme un fœtus dans le sein de sa mère et plus aucun doute ne subsistait dans mon esprit. Alors mon regard se fermait. La tumeur était en moi, au creux de mes entrailles, rêvant sans doute en secret d’une accélération de sa métastase anarchique. Rien ne pourrait plus jamais l’arrêter et sûrement pas ces vagues de produits chimiques qu’on m’injectait pour me faire oublier, me faire disparaître, m’effacer peu à peu des listes. Des neuroleptiques pour les cancéreux…
Un jour Louise ne vint pas au rendez-vous. Je ne la revis jamais.
Qu’est-ce que j’avais espéré au juste ? Une solution que nous aurions inventée tous les deux ? Trouver une sortie ou tout au moins une raison à cet hôpital prédateur qui contaminait la ville ? A quoi bon ?
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Sans que personne ne soit venu m’examiner, il fut décidé du jour au lendemain d’exposer ma tumeur aux rayons X pour enrayer sa progression anarchique. Tous les matins, une infirmière m’emmenait dans une salle carrelée et me poussait, nu, devant un appareil monstrueux et antique dont j’étais incapable de comprendre le fonctionnement.
J’avais lu quelque part dans une revue que la radiothérapie était utilisée en remplacement de la chirurgie et cet état de fait me révoltait. On ne m’opérerait pas. On avait décidé pour moi sans me consulter, une sorte d’autorité diffuse et sans conscience avait donné son feu vert sans que personne ne cherche à comprendre ou à remettre en cause ce décret quasi-divin. Comme tous les autres patients, j’en étais venu à considérer la chirurgie comme une certaine forme de rédemption, l’intervention humaine remplaçant la main de Dieu pour réparer notre organisme déficient. C’était pour nous comme une forme de métamorphose mystique qui nous rendrait neuf à la société des gens de l’extérieur.
Illusion, pure illusion. Personne ici n’avait jamais été opéré, c’était une évidence qui m’apparaissait clairement aujourd’hui.
Tout le matériel médical était en panne hormis les fameuses perfusions. La télé ne marchait plus depuis longtemps, nous privant de son artificielle mais rassurante présence, les néons à la lumière glacée clignotaient où s’étaient éteints. Des spasmes de faiblesse et de fièvre nous plongeaient dans des abîmes de noirceur mentale.
Partout les gravats s’accumulaient et le carrelage se lacérait. Des murs effondrés naissaient des contorsions de poutrelles métalliques rouillées, le squelette du bâtiment tentaculaire se convulsait pour s’ébrouer de sa gangue de béton. Les couloirs immenses se labouraient de tranchées qu’on comblait à la va-vite de planches et de passerelles pendant que nous nous tordions sur nos lits de moribonds misérables.
Des meubles, minés de l’intérieur par une usure anormale s’effondraient, les lignes des murs se gauchissaient. Et nous gémissions de douleur, pas de cette souffrance brutale qui explose comme un incendie incontrôlable, nous gémissions de la douleur larvée qui auréolait notre existence entière. Ce malaise permanent, glacial qui nous tourmentait sans fin, comme un bruit de fond lancinant insupportable que rien ne saurait arrêter. L’âme de l’agonie.
J’avais nettement pris conscience de ma maladie, elle devenait chaque jour plus concrète, ses contours s’affinaient, sa présence se renforçait, je la sentais là, toute proche, en moi.
La présence des infirmières ne servait qu’à nous laisser accepter la mort et l’abandon avec le sourire. Avec dignité, comme on disait.
Selon un incompréhensible processus organique, mon esprit s’aiguisait et ma pensée s’affirmait. C’était comme si l’affaiblissement constant de mes membres et de mes sens renforçait l’acuité de mon raisonnement et je me mis à m’imaginer que la tumeur entrait d’une manière ou d’une autre en résonance avec mon cerveau pour me faire pénétrer dans un autre champ de conscience. Je comprenais réellement ce qui m’arrivait, ce que j’étais, les mécanismes bizarres qui régissaient mon environnement, avant de tout oublier de ces révélations extatiques lors de la phase de sommeil qui suivait inévitablement.
La seule image qui restait gravée en moi, comme un rêve dont on ne peut se débarrasser au réveil, était celle de mes entrailles s’effondrant sur elle-mêmes autour d’un noyau de cellules cancéreuses.
A force de ne pas manger, d’être nourri par voie intraveineuse, mes glandes salivaires qui ne fonctionnaient plus avaient fini par s’infecter, m’affublant d’un goitre ridicule dont la présence me faisait geindre de souffrance. Les infirmières s’étaient contentées de me laisser quelques quartiers de citron à sucer pour me faire saliver, et avait placé une perfusion dans mon ventre, pour les antibiotiques.
L’idée me traversa que l’on cherchait à nous faire disparaître, nous les cancéreux, à éradiquer la maladie en exterminant tous ses représentants. Nous étions une nouvelle race d’hommes, faibles physiquement, mais la force de notre esprit décuplée par la conscience de nous-mêmes faisait de nous des êtres supérieurs. Les agents de l’ordre et de la normalité avaient voulu empêcher cette déviance.
Le cancer était une déviation qui ne s’arrêtait pas uniquement aux organes malades mais modifiait notre individualité même. Je pensais alors aux greffes, au dons d’organes qui disséminaient probablement notre différence dans l’ensemble du genre humain.
J’imaginais des légions grandissantes de cancéreux s‘enfermant dans leur service, prenant les médecins en otage et dictant leurs volontés aux autres humains.
Je ricanai. Tout cela n’avait aucun sens. Là était la vérité. Je devenais fou.
Je ricanai des heures durant.
___
Et tous les jours j’émergeais des caveaux aux proportions de cathédrales où des légions de dormeurs s’alignaient en rangs torpides. Rejoindre des couloirs où déjà plus personne n’errait, hormis les présences suspectes, fantomatiques des infirmières, qui ne me prêtaient plus aucune attention. Comme si je n’existais pas. Comme si je n’avais jamais existé.
J’avais de plus en plus de mal à m’orienter, je perdais mes repères, il me semblait que la conformation des lieux se modifiait insensiblement à chaque escapade. Les couloirs ne s’articulaient jamais comme dans mon souvenir, j’avais essayé de laisser des marques à des endroits stratégiques mais je ne les retrouvais jamais.
Les couloirs en ruines me paraissaient chaque jour plus longs, on n’en voyait plus le bout. J’avais l’impression de devoir marcher des heures, tournant en rond et me perdant sans arrêt pour retrouver un endroit connu. Chaque jour je découvrais de nouvelles pièces en friche, des escaliers barrés ou effondrés que je n’avais encore jamais vu. L’hôpital avait les proportions d’une ville, structure concentrationnaire tentaculaire, et il s’étendait chaque jour un peu plus.
Un jour je tombai sur la morgue. Le lieu était immense comme les autres et dans un piètre état. La porte frigorifique pendait lamentablement en travers des ses gonds arrachés des murs. L’appareil de climatisation datait probablement de la guerre et avait rendu l’âme depuis longtemps, monstre mort antédiluvien, épave noircie échouée au fond de la pénombre. Les rangées de tiroirs étaient effrayantes dans leur immensité, je n’arrivais pas à apercevoir le fond la pièce. Les portes métalliques carrées, complètement rouillées s’alignaient sur des dizaines de mètres en longueur et sur quatre mètres en hauteur. Je m’approchai craintivement de la première porte, caressai son revêtement oxydé du bout des doigts. En frémissant, j’essayai de tourner la grosse poignée. Celle-ci me resta entre les mains. Surpris, je me rapprochai de la porte et vis qu’elle était soudée au mur. Il n’y avait pas de tiroir derrière. Je m’approchai d’une autre case, et sa porte était également factice. Elles l’étaient toutes. Le mur où étaient sensées être creusées les niches pour les cadavres était plein, on avait mis en place ce camouflage idiot dans un but qui m’échappait totalement. Aucun défunt n’avait jamais reposé ici. Qu’est-ce qu’il se passait au juste dans cet hôpital ?
J’essayai de bloquer les perfusions en les pinçant avec une épingle. Je me cachais des jours entiers pour me soustraire aux rayons X dont on m’inondait tous les matins, ou au contraire je retournais plusieurs fois en salle d’irradiation. Les infirmières, ces machines imbéciles étaient proprement incapables de me reconnaître, elles n’étaient que des robots dont le programme s’arrêtait au moindre obstacle inconnu ou s’enrayait sans discernement. Je fis semblant d’avaler les pilules qu’elles me jetaient, puis je les stockais. Après quelques jours je les avalais toutes d’un coup. Aucune de ces expériences ne changea quoi que ce soit, ni en mal ni en pire à mon état.
Du bout du bras je poussai le meuble qui soutenait l’électrocardiographe. L’énorme appareil, éteint depuis longtemps déjà, bascula et se fracassa contre le sol sans même éveiller le moindre sursaut chez mes voisins de lit. Mon autre bras s’étendit, fit tomber le pied à perfusion. Les aiguilles fichées dans les veines de mon bras et dans mon ventre s’arrachèrent brutalement, mais je ne sentais rien. Les poches éclatèrent contre le carrelage et leur liquide délaya une effrayante couche de poussière et de scories.
Personne ne vint voir ce qu’il se passait.
Le lendemain, à mon réveil, alors que la lumière sinistre du petit jour rampait convulsivement vers mon lit, le pied à perfusion avait été redressé et les aiguilles replacées dans les veines de mon bras et dans mon ventre. L’électrocardiographe était toujours fracassé à terre, et les éclats noirs de ses écrans antiques étaient restés sur le couvre-lit, sur moi.
___
Tout commençait par une sorte de malaise, comme une fièvre qui me tordait brutalement les entrailles, me tirait de la stupide inconscience du sommeil perpétuel où je me vautrais confortablement. Comme des coups de boutoir en moi, tout mon intérieur se rebellait. Des feux de détresse organique s’allumaient dans mon ventre, et rien dans mon aspect ne pouvait laisser deviner le drame interne qui se jouait en moi. Quand il faisait noir, que seule la silhouette bizarre de mes mains surgissait de la pénombre, je ne pouvais plus me raccrocher qu’à ces stimulus incendiaires qui m’éventraient consciencieusement. Il n’y avait rien, il n’existait rien d’autre que la souffrance, j’étais perdu au cœur du vide, mon identité même se délitait et se fondait avec celle de ce prédateur invisible qui me rongeait. Nous ne formions plus qu’un, moi et le cancer. Ce n’était plus un élément externe, un ennemi m’agressant pour me détruire, mais une partie même de moi, un constituant à part entière de mon individu, devenu prédominant. Il était moi, et j’étais lui, nous étions la même personne et c’était sa parole autant que la mienne qui s’exprimait lorsque j’élevais la voix pour parler à mon propre organisme.
Il n’y avait aucune réponse. Pas de raison fondamentale qui expliquait tout ça. Les choses étaient telles qu’elles étaient, il n’y avait rien d’autre à dire. Je n’étais plus un être humain, je n’étais plus qu’un cancéreux agonisant au fin-fond d’une morgue-machine à demi en ruine et je n’existais plus aux yeux du monde. On m’avait enfermé là avec des milliers d’autres moribonds dont on s’efforçait d’oublier l’existence.
Le monde extérieur n’existait plus depuis longtemps, l’Hôpital-prison avait recouvert le monde, l’avait colonisé et rien d’autre n’existait que cette structure titanesque où les humains ne savaient plus que s’éteindre en silence.
Au hasard d’une de mes habituelles déambulations sans but, je vis deux infirmières-machines tirer un brancard hors d’une chambre. Le corps était entièrement recouvert d’un drap blanc. Je m’approchai peu à peu pendant que les choses déprogrammées s’activaient autour du mort pour débrancher ses perfusions avec des gestes maladroits et visiblement inappropriés. L’une des machines continua par exemple à refaire encore et encore le geste de retirer l’aiguille du bras du cadavre pendant plusieurs minutes après qu’il n’y eut plus rien à retirer. J’étais maintenant à coté de ce convoi infernal mais les infirmières n’avaient aucune conscience de ma présence, et je devais faire des pas de coté ou en arrière pour éviter leurs mouvements désordonnés autour du corps.
Quelque chose finit par se déclencher dans leur programme obsolète et elles se décidèrent enfin à emmener le brancard.
Je les suivis. Par je ne sais quel incompréhensible détour à l’intérieur du labyrinthe nous nous retrouvâmes devant l’entrée défoncée de la fausse morgue. Dans le couloir régnait une odeur écœurante, désagréable et indéfinissable. Je surmontai ma répulsion et rejoignis le cortège imbécile.
Les infirmières firent mine dans le vide d’ouvrir une porte qui reposait hors de ses gonds et butèrent plusieurs minutes contre l’encadrement déformé avant de réussir à faire passer le brancard.
Dans la fausse morgue, deux autres machines blanches attendaient dans une posture bizarre, et elles ne se déclenchèrent qu’à l’approche du brancard. L’une d’elles tira le drap de travers, sans parvenir à l’enlever totalement, tandis que l’autre ramenait un chariot dont les roues grinçantes se bloquaient dans les amas de gravats du sol. Le chariot avait servi à porter des instruments de chirurgie, mais les allers et retours successifs orchestrés par ces machines humaines imbéciles avaient fait tomber tout autres instruments qu’une scie à articulations au tranchant rouillé, une paire de gros ciseaux à bout rond et un scalpel.
Bientôt les deux machines se livrèrent à une danse cauchemardesque, manège répété sans conscience. Mais les instruments requis par le programme n’étaient plus à leur place et les choses mimaient l’autopsie les mains vides.
Submergé par l’horreur de la scène, je me retirai lorsque le scalpel atterrit finalement dans la main d’une des deux machines. Je ne pouvais en supporter plus et m’effondrai en haletant dans le couloir à proximité de l’ancienne chambre frigorifique, ma manche devant le nez pour échapper à l’insupportable odeur de décomposition.
Après quelques dizaines de minutes, le brancard réapparut, poussé par les deux premières machines selon un trajet préétabli qui ne tenait aucun compte du parcours modifié par l’effondrement des murs. Sur le brancard il n’y avait plus qu’un grand sac noir.
Brinquebalant, le cortège s’engouffra dans une pièce du même couloir un peu plus loin que je n’avais pas remarqué lors de ma visite précédente. En arrière de quelques mètres, je m’avançai jusqu’à l’ouverture et y jetai un œil. Ici l’odeur de mort était terrible, quasiment insupportable et je dus me battre contre moi-même pour ne pas m’évanouir et regarder ce qui se passait.
La salle était grande, peu endommagée par la déformation-extension convulsive du bâtiment et recelait des équipements de toutes sortes dont je ne devinai pas l’usage. Au fond de la pièce, il y avait un énorme four crématoire noir alimenté par des canalisations de gaz.
Le brancard était devant la porte du four et les deux fausses infirmières tentaient désespérément d’enfourner le sac noir dans l’ouverture qui débordait déjà de nombreux sacs du même type. D’autres sacs jonchaient le sol, en amas, autour du four. Celui-ci était visiblement éteint ou était tombé en panne depuis des semaines. Ce qui n’empêchait pas les machines blanches de tenter de pousser le sac dedans, comme l’Hôpital-usine les avait programmé pour le faire.
Je m’enfuis.
Il y avait de moins en moins de patients. Dans ma chambre, tous les autres étaient partis, j’étais seul. On avait enlevé leurs lits pour les mettre dans d’autres chambres. La pièce, qui se ruinait peu à peu, était désormais totalement vide, hormis mon lit et les quelques appareils médicaux hors d’âge qui m’entouraient. Autour de moi, les murs subissaient des déformations bizarres, ils ne s’effondraient plus uniquement à cause d’une érosion excessivement rapide, c’était plutôt comme s’ils enflaient de l’intérieur, s’épaississaient sous le coup d’une étrange et anarchique croissance. Vivants et proliférants. La surface de ces monstruosités inorganiques en plein développement glissait peu à peu à terre en gravats sans que la paroi elle-même se creuse.
Ce processus souterrain de contamination-extinction ne pourrait plus être arrêté. L’Hôpital-prison géant était un monstre qui se nourrissait de la vie des humains pour s’étendre. Personne n’était à sa tête, personne ne le dirigeait, c’était une structure administrative inepte qui fonctionnait depuis des lustres en vase-clos. Mécanisme ancien et poussiéreux. Le système s’auto-alimentait sans apport externe et se déformait peu à peu. Il n’avait même plus besoin de la présence des infirmières, désormais pour la plupart prostrées dans les pièces vides, pour grossir comme une tumeur hideuse.
Au fur et à mesure que les cellules cancéreuses se développaient en moi, l’Hôpital mimait ma maladie en enflant spasmodiquement. Je le sentais presque physiquement partir à l’assaut des immeubles qui l’entouraient encore, métastase blanchâtre. Toutes les pièces pourrissaient depuis le sous-sol contaminé, peu à peu elles se tapissaient de carreaux, des rails de métal naissaient des parois et se lançaient comme des ponts d’un mur à l’autre. Leur plancher changeait de revêtement, rez-de-chaussée. Rigoles creusées dans le béton par terre avec la bonde pour recueillir le sang, premier étage. Des plans de travail en verre se dressaient, supportant du matériel médical, des instruments de chirurgie, deuxième étage. Les appartements privés se transformaient, des coffres à jouets avalés par le béton et recyclés en systèmes de réfrigération, des canalisations qui naissaient des murs. Les structures métalliques qui se déformaient par à-coups répétés. Des lits changés peu à peu en tables d’opérations. Des armoires en vestiaires métalliques, des bureaux en étals avec leurs stylos-couteaux.
La porte de ma chambre avait été laissée ouverte, mais je ne voyais ni n’entendais plus aucun signe de la moindre activité à l’extérieur. On m’avait abandonné là.
___
Je caressais ma tumeur qui, loin sous la peau, roulait comme un soleil noir dans un ciel de viscères. Je la scrutais, cherchait des signes tangibles de sa progression, sans les trouver. Mais je la savais là, bien présente, elle était une partie de moi comme j’étais une partie d’elle, elle était moi et j’étais elle. Je n’ignorais pas que c’était mes propres cellules qui avaient dégénéré et s’étaient mises à proliférer de manière anarchique. C’était moi. Un moi déformé, absurdement vivant dans ma carcasse agonisante, mais moi quand même. Comme une âme en trop, elle me parlait et notre obscur dialogue abyssal se répercutait dans le silence d’abri antiatomique de la chambre. Souvent, lorsque je parlais, c’est elle qui parlait à ma place. Je ne pensais plus, c’est elle qui pensait pour moi.
Un jour, abruti de médicaments mais entraîné par l’atavisme de mes errances sans but, pris dans l’effroyable dédale déserté qu’était devenu l’Hôpital-prison, je tombais sur un escalier accessible. Sans que la moindre émotion vienne même traverser mon mental désagrégé par la douce présence de ma maladie, je l’empruntais. Je m’aperçus dès les premières marches vers le bas que j’étais ridiculement près de la sortie de cet enfer carcéral pour mourants. Que ma chambre était ridiculement près de la sortie de ce pseudo-cimetière titanesque. Que j’avais toujours été à quelques pas de mon point d’entrée dans ce monde en extension chaotique, mon monde.
Sans que cette constatation ne soulève la moindre réaction en moi, je débouchai dans ce qui avait été le hall d’accueil et qui n’était plus qu’un entrepôt vide, sans lumière, aux murs effondrés. Les voies d’accès aux autres escaliers et aux ascenseurs, vers le fond du hall, étaient obstruées par d’énormes gravats provenant de l’étage du dessus, partiellement écroulé.
Je m’approchai lentement de l’entrée à proprement parler, sans tenir le moindre compte des éclats de verre qui se fichaient dans la plante de mes pieds et observai l’extérieur. Le parking était tel que je me le rappelai, mais il n’y avait aucune voiture stationnée. Les ailes noires et les structures tordues de l’Hôpital s’étendaient maintenant à la place de ce qui avait été la ville, dans tout mon champ de vision, et jusqu’à l’horizon crépusculaire. J’apercevais même des mouvements, des bâtiments qui grandissaient démesurément et se rejoignaient peu à peu, bouchant les espaces vides entre eux. Les humains n’existaient même plus ici. Après plusieurs minutes, je reculai, pas à pas, en direction de l’escalier qui me ramènerait chez moi.
___
J’étais définitivement cloué au lit, et je sentais ma fin approcher. A la merci de la monstrueuse machine-usine qui centralisait les perfusions et les appareils de contrôle. Mes yeux s’étaient asséchés par je ne sais quel mécanisme pathologique, je devenais aveugle et mes paupières restaient maintenant fermées en permanence, ce qui bizarrement ne m’empêchait pas de voir quoi que ce soit. Je rêvais des tentacules monstrueux de l’Hôpital qui rampaient sur le monde et le contaminaient. Je voyais ses bâtiments empiler des étages vides sur des étages vides et rejoindre les cieux dans une obscure folie de croissance et d’annexion absurde. Je voyais ses sous-sols creuser et démolir les fondations de la terre pour s’étendre encore et encore.
Il avait déjà vaincu. Le monde était à l’agonie et avait plié.
Brutalement la tumeur, mon autre âme, ma sœur et compagne de toujours s’éveilla en moi et se redressa comme une déité avide de gloire et de reconnaissance. Englobant tout le reste de ma personnalité, elle me montra mon propre organisme fonctionnant de plus en plus lentement, mes cycles naturels se ralentissant. Mes cellules cessaient de s’éparpiller aux quatre vents et mourraient en restant agglomérées, micro-hécatombe absurde. J’étais un charnier à moi tout seul. Je me vis me fossiliser, m’éteindre pendant que la tumeur dansait sur mon corps en le saccageant.
Je la vis s’étendre par à-coups brutaux dans mes organes, métastaser à une vitesse effrayante et phagocyter tout ce qui avait jadis été moi. Je la vis s’échapper hors même des limites de mon corps, ramper autour de moi, coloniser les murs qui subirent une brutale accélération de leur croissance bizarre, s’incruster profondément au cœur même du béton vivant qui m’entourait. La chambre se refermait comme un piège sur moi, les murs enflaient à vue d’œil, par spasmes, s’auto-vomissaient dans ma direction, il se refermaient sur moi comme des mâchoires de béton. Et je les contaminait de ma simple présence, tout-puissant dans mon agonie rayonnante, je déversais mon amour cancérigène sur ce monde en voie d’extinction, j’éclaircissais de ma gloire la nuit sifflante des morts.
J’étais le cancer, je n’étais plus que ça et plus rien d’autre que ça n’existait. J’étais le cancer et l’Hôpital-prison m’appartiendrait sous peu, il ne serait bientôt qu’un simple annexe de moi.
Mon âme s’éleva dans toute sa gloire, auréolée de sainteté irradiée et répandit des déferlantes de paix radioactive sur mon monde mort.
Je souris pendant que les parois explosaient en série autour de moi.
Et les fantômes des cancéreux se logeaient en moi comme autant de balles perdues, greffes ratées. Comme une armée de mannequins désarticulés sans visage qui me tombaient dessus en même temps et entraient en moi.
Et ils s’éteignaient à nouveau en me chargeant de mille présences mortes, insupportable poids imaginaire. Et renaissaient chaque jour que Dieu faisait, leur nombre me changeant en horde écumante et hurlante. Je me convulsais sous leurs incompréhensibles ruades.
Prières à l’envers, concert asynchrone d’âmes déchues qui glapissaient dans ma tête, l’os et le cartilage qui se fondaient dans la même attente douloureuse j’étais seul j’étais seul j’étais seul. Tous mes vaisseaux, rues désertes d’une ville morte qui soudain explosaient d’elles-mêmes sous la poussée interne. Des bruits de chantiers de construction à l’intérieur de moi, chant des sirènes à l’agonie, vagues de terreur aveugle inondation globale hurlement somnambule. Fumée de cierges éteints et vrombissements souterrains, dérive de continents organiques et fractures ouvertes du béton, des points de suture qui s’alignaient frénétiquement le long de mes membres.
...
Je suis là, au fond de cet hôpital, un lit blanc baigné de soleil, et j’attends qu’on vienne s’occuper de moi, empli de sérénité, les yeux qui brûlent... Aux portes du sommeil, j’attends qu’on vienne remplacer ma perfusion depuis longtemps. On est si bien ici, loin de la folie de l’extérieur, dans ce silence inondé de lumière blanche et de vide, derrière des murs sans porte, dans cette chambre aux dimensions d’un hall de gare. Je ne veux pas me lever, glisser le long des rangées de carrelage immaculé qui s’étendent à perte de vue.
Ma perfusion.
J’attends depuis une éternité maintenant qu’on vienne remplacer ma perfusion. Personne ne vient. Personne n’est jamais venu.
...
Et je n’existe plus.
LA ZONE -
Du plus loin que je me souvienne - mais les images se délitent sitôt exprimées en mots - il y avait cet immense comptoir trônant en plein centre du hall d’accueil entièrement carrelé de blanc.
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Je précise qu'outre Hypocondria, on retrouve des relents de Showtime (Arka et moi) et de Survivance (LC), et aussi de l'Ignoré de Bentley Little (l'excellent bouquin que je lis en ce moment).
Leurs auteurs voudront bien m'excuser ces abusifs repompages ou alors ils iront se faire foutre.
j'aime bien ce theme
comme je passe tous mes dimanches à l'hopital je reconnais ... plein de choses
Tu as étudié sur le terrain Nihil ?
Texte à lire maintenant que nous sommes en bonne santé bientot il sera trop tard et nous serons des heros (de nouvelles)
Mon grand-père a eu un peu ce genre d'histoire avant de crever, ouais. Faut dire qu'avec de la morphine dosée n'importe comment qui coule dans ton bras, t'en viens rapidement à avoir des hallucinations.
Mais bon par exemple les quartiers de citron c'est véridique.
Tiens... les vieux thèmes de prédilection de nihil... ça commençait à manquer sur ce site de merde...
Bon c'est quand même super long tout ça. Ceci dit, ça se laisse lire plutôt agréablement, enfin désagréablement je devrais dire parce que c'est encore bien sombre et que certains passages foutent carrément mal à l'aise mais c'est justement ça qui est assez trippant.
C'est vrai que c'est assez proche d'Hypocondria mais ça m'a pas foutu non plus une baffe aussi intense dans la tronche. En y réfléchissant, avec Hypocondria, y avait un certain effet de surprise du fait qu'à l'époque, c'était vraiment le premier texte dans ce style que je lisais alors que depuis, j'ai pris l'habitude...
(Arka, après "ostentatoire" et "surnuméraire", pense à rajouter "antédiluvien" dans la liste des mots obsessionnels de nihil stp, ça fait plusieurs textes que je le repère celui-là)
Bon sinon, bien sûr, j'ai encore pas compris la fin mais j'ai l'habitude c'est pas grave, je trouverai bien quelqu'un pour me l'expliquer discrètement sans que je passe encore pour une conne devant tout le monde...
Euh...
Le cancer, c'est vraiment le jouet du moment... à quand le capricorne ?
C'est bien vu, ça me rappelle pas mal de choses... sans doute pour ça que ça me met mal à l'aise.
T'as eu un cancer toi ?
La carte vitale c'est super pratique pour se faire des lignes (de texte, de coke...)
c'est tellement beau que çà donne envie d'être vieux prématurément.
sinon fé chié y a peut près la même chute qu'avec mon prochain texte (à deux trois grammes près)
On a qu'à organiser un match, c'est la mode en ce moment, après Freddy contre Jason, Alien versus Prédator, à quand Cancerman versus ComaMan ?
commentaire édité par Lapinchien le 2003-11-4 14:2:47
Putain Arka m'a dit la même chose, elle aussi ça se passe dans un hôpital avec un comateux. Sortez de ma tête tas de ploucs.
Commentaire édité par nihil.
Ouais ben si elle a dit la même chose c'est ptète parce qu'elle est dans ma tête aussi... nihil ne serait-tu pas par hasard une gigantesque poupée russe ?
Aargh me dis pas des choses comme ça, cette simple idée me glace le sang, me dis pas des trucs comme ça, ça se fait pas de raconter ce genre de conneries à quelqu'un en pleine descente de Canard WC
t'inquiète même après avoir pris conscience de sa poupéerussité il y a toujours des vies alternatives qui s'ouvrent à nous... c'est pas la fin de tout... on va ptete penser à nous prostituer sur la croisette ?
au fait ... une poupée russe ... c'est au bout de quelle iteration qu'on arrive au cerveau ?
Moi aussi j'ai ete dans la tete a Nihil pendant un temps... or moi je sais que j'ai qu'un neurone, donc l'iteration cervelesque est qq part avant moi.
Au moins, on sait que c'est une suite convergente... (J'adore ce mot, c'est comme "dubitative" et "concupiscent"...)
Globalement, à part l'endroit où se situe l'intrigue, je vois pas bien le rapport avec Hypocondria, mais c'est une appréciation toute personnelle. Je trouve l'article bien plus hyper agréable à lire en plus, j'ai même eu l'impression que l'écriture devenait de plus en plus fluide sur la fin. Y'a juste encore quelques répétitions malencontreuses qui viennent troubler la concentration, mais rien de bien grave. Même certaines phrases résonnent de façon hyper plaisante, c'est trop jouissif ("Comme ces rumeurs étranges qui naissent parfois spontanément au sein du silence abruti des masses" ou "Je caressais ma tumeur qui, loin sous la peau, roulait comme un soleil noir dans un ciel de viscères")
J'ai été bien dans l'histoire, à part pour le coup des tiroirs murés de la morgue, là j'ai pas bien saisi, j'attendais vraiment une explication, je me disais que finalement il n'était pas question d'un délire hallucinatoire paranoïaque mais qu'il se tramait bel et bien quelque chose, et plouf ! terminé, ça m'a trop frustré. L'omniprésence du cancer est vraiment hyper pesante, les cellules du vieux, l'hôpital cancer de l'humain, et enfin l'être cancer du monde, j'ai trouvé ça génial, j'avais comme des images de la fin d'Akira dans la tête.
Bon, j'arrête, on va encore me soupçonner d'être payée pour faire les commentaires.
(PS : Lapinchien !!! Au rapport !!! Tu crois que je t'ai pas vu ? Deux fois déjà que tu utilises impunément l'expression "la fin de tout" !!! 'ttention hein, j't'ai à l'oeil !)
Tiens c'est marrant, la phrase "Je caressais ma tumeur qui, loin sous la peau, roulait comme un soleil noir dans un ciel de viscères" je l'avais avant l'article, c'est à partir de cette phrase que j'ai eu l'idée du texte... Bien vu.
Je me demande si je vais pas retravailler ce texte à l'occase, j'en suis pas tout à fait satisfait. A voir.
Ouais bah si tu modifies, avertis, à moins que tu ne lances cette idée dans le seul but que tous tes fidèles aillent relire ce texte tous les jours pour s'assurer qu'aucune virgule n'a été modifiée, bien sûr.
La fin de tout...La fin de tout...La fin de tout...La fin de tout...La fin de tout...La fin de tout...La fin de tout...La fin de tout...La fin de tout...La fin de tout...La fin de tout...La fin de tout...La fin de tout...La fin de tout...La fin de tout...La fin de tout...La fin de tout...La fin de tout...La fin de tout...La fin de tout...La fin de tout...La fin de tout...La fin de tout...La fin de tout...La fin de tout...La fin de tout...La fin de tout...La fin de tout...La fin de tout...La fin de tout...La fin de tout...La fin de tout...La fin de tout...La fin de tout...La fin de tout...La fin de tout...La fin de tout...La fin de tout...La fin de tout...La fin de tout...La fin de tout...
çà se voit à ce point que le jury est corrompu ? çà fera 300 euros SVP
Bon je m'y colle...
Le problème c'est que je suis complètement d'accord avec le commentaire d'Arka en fait.
La déclinaison de l'environnement et l'amplification de la maladie sont décries de manières beaucoup plus subtiles que d'habitude. On ressent vraiment l'angoisse du personnage face à l'évolution de sa maladie d'une part. Quant aux détails de l'environnement qui se dégrade tout en s'étendant, on a beau être complètement dans l'iréalité, on le lit et on y accroche sans problème.
Le texte se lit facilement et, contrairement à ce que tu nous avais annoncé, on se fait pas chier une seconde.
Par contre, j'ai comme une sensation d'inachevé et je trouve aussi que ça serait bien que tu retravailles ce texte.
Tout d'abord en ce qui concerne l'idée de "faux hôpital" qui serait en fait une pseudo couverture pour laisser crever les cancéreux. Tu en parles à un moment et on le ressent bien dès le début avec la description du hall présenté comme un décor. On a un peu l'impression que tu vas creuser ça avec le passage sur la fausse morgue mais tu ne le fais jamais.
Pareil pour la notion de sélection naturelle que tu esquisses à un moment sans approfondir.
Et enfin idem pour la conclusion que je n'ai comprise qu'en parlant avec toi. Tu la présentes comme un "accès de lucidité" de la part d'un personnage qui n'en manque pas depuis le début, alors qu'en fait d'après toi il accède à un autre état de conscience, ce qui n'est pas la même chose.
Dans la même logique, on ne comprend pas la partie en italique (du moins, je ne l'ai pas comprise plutot).
Et je finis ma partie critique en signalant que tu te perds à nouveau dans la répétition de certaines descriptions ou de certains mots.
Tu as à mon gout de quoi faire un de tes meilleurs textes. Du moins les éléments que tu traites le plus y sont, accompagnés d'éléments novateurs. Le retravailler pour mettre ceux-ci en avant me semble vraiment indispensable parce que sinon tu vas vraiment nous faire passer à coté, non pas d'un bon texte, mais d'un texte excellent.
Désolé de rebalancer ce texte à la une, mais avec sa correction il me semble suffisamment différent pour en réclamer une seconde lecture. J'y tient désormais comme à la prunelle de mes yeux et j'espère que vous aurez le courage de le relire et de le recommenter.
Pour les feignasses, j'ai pas modifié grand-chose dans la première moitié du texte, j'ai simplement rajouté deux paragraphes, par contre la deuxième moitié est remodelée, plusieurs parapgraphes ont été modifiés, d'autres ont été rajoutés (et certains très importants parmi les rajoutés), bref c'est un peu différent même si c'est quand même la même histoire bien sûr.
Que ceux qui ont relu me disent si ils préfèrent ou non et ce qu'ils en pensent désormais.
Je l'imprime je le relierais demain dans le tramway... (La zone fournisseur officiel de littérature de gare (à ta gueule) )
Pour ce qui me concerne, il s'agit d'une première lecture, puisque je n'avais pas lu le premier jet.
Putain, quelle claque ! Le style est chiadé et l'atmosphère devient de plus en plus oppressante.
Jusqu'au bout, je me suis demandé si le type vivait un mauvais trip à cause de la morphine (léger doute quand sa fille vient le voir...) ou si réellement l'hopital était un cancer vivant.
En tous cas, cette idée du malade qui projette sa maladie sur l'environnement extérieur (dégradation, modification, expansion...) est tout bonnement géniale.
Sinon, j'ai vu que d'autres avaient percuté avant moi, mais tant pis, ça vaut le coup d'y revenir. Voilà exactement le genre de phrase qui fait dire "Putain, l'enfoiré ! J'aurais bien voulu l'écrire, celle-là !" : "Je caressais ma tumeur qui, loin sous la peau, roulait comme un soleil noir dans un ciel de viscères".
Excellent texte, vraiment...
Au fait, vous faites souvent des stages en hôpital, Arkanya et toi ?
Pas vraiment, mais je bosse dans la recherche médicale, alors on en apprend un peu plus sur les rouages du truc forcément. Mon dernier boulot il s'agissait de trouver des médicaments contre les maladies nosocomiales, les maladies que tu chopes à l'hôpital et qui sont aux dernières nouvelles la deuxième cause de mortalité en France.
Et puis mon grand-père a passé plusieurs mois à l'hosto l'année dernière avec un cancer, il était sous morphine et avait des hallucinations super bizarres, tout ça ça aide à faire réaliste, si tant est qu'on puisse parler de réalisme dans ce cas...
Moi j'y suis pour un "séjour de plaisance" depuis une petite dizaine... d'années...
Bzzzzzzzz
Bon, OK, là super claque... pourtant j'avais deja lu la premiere version mais je suis quand meme restee accrochée jusqu'au bout... J'ai meme tellement pas decroché que j'en ai bu ma Guinness chaude...
Les nouveaux paragraphes permettent vraiment de mieux se placer dans la peau du vieux, et de comprendre se qui se passe dans sa tete. Il y a plusieurs passages ou tu colles ensemble la decrepitude du batiment et du corps en mélangeant tout ensemble, et ça ça passe vraiment bien. Je sais pas si c'est le meilleurs texte de la Zone car je dois reconnaitre que j'ai pas encore tout lu, mais en tout cas, il est dans les meilleurs, ça c'est sur...
Chapeau bas.
c'est scotchant.. style impec... finalement c'est quant meme pas mal les descriptions ... jusqu'à present j'ai toujours pensé que c'etait des conneries que les écrivains alignaient pour diluer leurs idées dans de l'inutile (je lis pas bq aussi alors j'ai pas mal d'aprioris) mais enfin de compte ta nouvelle version démontre le contraire...
sinon c'est toujours un très beau témoignage. C'est vraiment con d'être l'ion spectacteur de la réaction conduisant à sa propre détérioration
"décrepitude" ! Pourquoi j'y ai pas pensé plus tôt à ce mot-là merde ?? Bon faut que je fasse une troisième version il manque un mot.
En plus, tu peux mettre en relation "décrépitude" et "crépis", histoire de travailler sur une métaphore de...
Nan en fait c'est nul.
T'as relu l'article toi ?
Quand j'étais petite, ma mère me disait souvent : "Parfois, tu gagnerais à fermer ta gueule, et rends-moi mon god espèce de sale petite pute !"
Tu sais ce qu'il te reste à faire... Me le rendre, j'y tiens c'est une pièce unique faite main 17 e siècle en viande de phoque, merci d'avance
Que dire... Tout ce qui me déplaisait dans la dernière version a été corrigé. J'ai plus qu'à fermer ma gueule, tirer mon chapeau et dire merci pour ce grand moment de lecture.
Mais quand même, ce n'est pas, pour moi, le meilleur texte que tu as publié ici.
Le truc c'est que maintenant, y aura lynchage sur ses textes moins bons...
Alors là chapeau, pour le coup effectivement c'est hyper bluffant comme nouvelle. Bon, on va commencer par les trucs qui marquent :
"Je comprenais réellement ce qui m’arrivait, ce que j’étais, les mécanismes bizarres qui régissaient mon environnement, avant de tout oublier de ces révélations extatiques lors de la phase de sommeil qui suivait inévitablement." Ce passage me résonne tout particulièrement dans la tête comme réminiscence du vécu de certains délires provoqués par des substances euh... ouais enfin bref, la drogue c'est mal, etc... enfin, tout ça pour dire que c'est ces petits moments où l'esprit s'envole jusqu'à des prises de conscience révolutionnaires que naturellement on est incapable de retrouver par la suite, cela dit c'est peut-être une expérience toute personnelle...
"la lumière sinistre du petit jour rampait convulsivement vers mon lit", "Brutalement la tumeur, mon autre âme, ma sœur et compagne de toujours s’éveilla en moi et se redressa comme une déité avide de gloire et de reconnaissance. Englobant tout le reste de ma personnalité, elle me montra mon propre organisme fonctionnant de plus en plus lentement, mes cycles naturels se ralentissant. Mes cellules cessaient de s’éparpiller aux quatre vents et mourraient en restant agglomérées, micro-hécatombe absurde. J’étais un charnier à moi tout seul. Je me vis me fossiliser, m’éteindre pendant que la tumeur dansait sur mon corps en le saccageant." je me souviens pas si ces phrases étaient déjà dans la première version mais je les trouve géniales aussi, c'est tout.
La fin je cite même pas, sinon ça reviendrait à retranscrire tout le texte, mais c'est franchement jouissif cette envolée dans le délire, un pur moment de bonheur.
Bon, comme une suis quand même une sale pute casse-couille et un petit peu psychorigide, quand même deux-trois objections. On sent quand même un tout petit peu la révision du texte après coup, à certains endroits du coup les rectifications se calquent et ça manque un peu d'uniformité, cela dit c'est peut-être le fait de savoir que ça a été modifié qui rend attentif à ce genre de détails.
Un bémol néanmoins : "Au fur et à mesure que les cellules cancéreuses se développaient en moi, l’Hôpital mimait ma maladie en enflant spasmodiquement" je trouve ça trop trop dommage que là tu expliques ce que tout le monde avait compris, j'ai l'impression que ça dézingue la métaphore dans l'élan, mais bon, c'est mon avis hein.
Super article, t'as raison d'en être fier.
Un extrait de mail de Nagash à propos de ce texte :
"J'ai lu Arch-nemesis hier,excellent.Des images bien puissantes comme je les aime,surtout à la fin quand le vieux bascule totalement dans un autre état de conscience,quand il devient lui même le cancer.Délire hallucinatoire et pourtant lucide(je vais peut être chercher un peu loin,enfin ca reste l'une des multiples interprétations possibles, j'ai l'impression qu'il se rend alors compte que la civilisation elle même est un cancer, représenté par l'Hôpital-prison cf:"J'apercevais même les mouvements des bâtiments qui grandissaient démesurément et se rejoignaient peu à peu,bouchant les espaces vides entre eux" "Je voyais ces bâtiments empiler des étages vides sur des étages vides et rejoindre les cieux dans une obscure folie de croissance et d'annexion absurde,je voyais ses sous-sols creuser et démolir les fondations de la terre pour s'étendre encore et encore") .Il étend son cancer à son environnement,entre dans sa tumeur pour transposer son inéluctable extension et fonctionnement à ce qui l'entoure comme si il était lui même dans son propre corps,compréhension de l'évolution d'une tumeur sur plusieurs échelles.Il atteint alors la lucidité sur le fontionnement cancéreux de toute forme de vie à l'échelle miscrocopique et macroscopique.Mais bon on pourrait aussi dire qu'il a juste péter les boulons et qu'il hallucine complet à cause de l'approche de la mort et de l'enfermement,point.Ou encore que tout est vraiment en train de se délabrer.A chacun sa vision.
Il y a que le "Et je n'existe plus" final qui me dérange un peu,je trouve ça trop explicite, ca casse l'effet.Pour moi les trois points de suspension étaient largement suffisants pour le sous entendre.Enfin bon à part ça ouais en effet, super texte."
Wow excellent
bon ben y'a
plein de passages que j'aurais relevé mais ça a déjà été fait et pis il est tard j'ai un peu la flemme...
Ca sent assez fort le Kafka, me trompe-je? tous les passages sur l'organisation administrative et puis au bout d'un moment les infirmières qui deviennent des robots ça c'est excellent
mais ça me fait penser au premier point qui pourrait être améliorer selon moi : le récit passe de l'étouffement, l'oppression de l'hôpital (tiens au fait le passage de l'acenseur ça m'a fait penser à l'armée des 12 singes...) à l'identification avec l'hôpital
je pense que pour améliorer le parallèle avec l'évolution de sa tumeur, si un jour tu envisages d'autres remodelages, il faudrait insister sur la manière dont l'esprit de l'hôpital pénètre en lui progressivement et s'empare de son esprit comme la tumeur de son corps, avant de devenir cet hôpital comme il devient sa tumeur.
excellent le passage sur l'invasion du monde par les cancéreux et le ricanement qui s'en suit... jouissif en plus à ce moment j'ai vraiment imaginé que l'histoire allait continuer dans cette direction
sinon comme ça a été dit il y a quelques répitions malencontreuses par endroits et surtout quand je lis le texte j'ai l'impression que le délitement de l'hôpital n'est pas constemment progressif, ou linéaire pour parler comme un scientifique de merde que je suis, mais subit des pauses-arrêt et des retours arrière comme dans les mangas où c'est que les héros y font du sport et sautent 17 fois pour attraper la balle avant de se figer en l'air. Bon je sais pas si vous m'avez compris mais bon j'ai enchaîné pas mal d'heures de défonce et puis il se fait tard.
putain j'avais pensé à plein de trucs et j'ai tout oublié
faut vraiment que j'aille me coucher, là
ouais ppour la sensation de malaise, putain ben y'a des bons passages bien insupportables comme à la morgue et au four crématoire
c'est vrai que tu démarres sur le trip administratif et le système qui marche tout seul sans réfléchir et qui fait n'importe quoi avec un zeste de lueur de complot systémique contre les vieux, mais ce truc-là ne débouche sur rien
alors je me suis dit : soit il imagine tout il devient parano et ça explique la moisissure du décor soit y'a vraiment un complot mais il n'arrive pas à le déjouer pask'il est trop défoncé et qu'il ne peut plus rien comprendre que sa tumeur. Ou bien en fait finalement on sait pas comme dans total recall mais à ce moment faut tenir le doute jusqu'à la fin.
voilà voilà vite fait je passerai peut-être une seconde couche quand je serai dans un meilleur état
un texte mené de main de maître
à part quelques menues erreurs aisément éliminables, il est impressionnant de par son style, sa lucidité, sa précision, tant en ce qui concerne les descriptions des lieux et de l'atmosphère que sur le plan de l'analyse psychologique du personnage. Par endroits, les phrases relèvent presque de la poésie. Il soulève également des questions intéressantes sur la mort et il m'a fait penser que je me suiciderai plutôt que de me laisser lamentablement devenir une gigantesque tumeur léthargique dont on ne sait que faire. C'est dommage par contre que l'énigme ne trouve pas de solution, pour ne pas dire : qu'elle soit abandonnée.
Je trouve qu'il y a de plus en plus de critiques littéraires et de moins en moins d'auteurs sur ce site...
les choses devinrent complexes lorsqu'apparurent les critiqueurs de critiques
Le style est tout de même très mauvais...
Quel bel argumentaire, tu l'as élaboré toi-même ou on te l'a soufflé ?
De la prose boursouflée, au romantisme lycéen. Tu t'habilles en noir et allume des bougies parfumées, avant d'écrire ?
hou toi tu vas prendre cher
Ouais c'est à peu près ça. Je t'incite puissamment à m'apprendre la vie en m'expliquant correctement ce que ça a de si mauvais, où cela pêche, où c'est pénible. Donne moi un putain de leçon d'humilité en m'énonçant la Vérité vraie et remets moi dans le droit chemin à coups de pompe dans le cul. Ou mieux encore, démontre-moi par l'exemple à quel point je suis mauvais en nous montrant ta prose.
Un mec qui va aussi loin dans le suce-boulisme c'est rare
et dire que je m'inquietait pour moi, là j'ai trouvé mon maitre
Ouais bon, y a plus grand-monde à partir du moment où on réclame plus d'une ligne et demi. C'est con, je demandais qu'à apprendre moi. Puisqu'ekalmasharti n'est plus là pour me guider vers la lumière, je crois que je vais devoir continuer comme avant.
ouais mais moi au moins je serai l'employé du moi. comme quoi, on n'est jamais mieux servi que par soi-même.
Excuse-moi, je ne passe pas ma vie devant ma bécane...
- Tu dégrossis l'ensemble.
- Tu renonces à l'attrait du beau mot systématique.
- Tu prends la peine d'imaginer qu'un cancéreux bourré de médicaments n'a peut-être pas la possibilité ou l'envie de se la jouer Lagarde & Michard.
- Tu supprimes le gros problème narratif qui fait que la fin est désamorcée puisque le personnage raconte (c'est qu'il est vivant / s'il est mort ce qui précède n'est donc pas grave puisqu'il continue de penser) et ça devrait fonctionner mieux...
Je pense qu'on a pas besoin de dictateurs de l'esprit, on a deja un normalizer dans les archives
Ah ouais, pas con !
Ou alors, encore mieux, je fais rien du tout et je laisse comme ça en me disant que puisqu'il me plaît tel qu'il est, il ne peut pas être meilleur.
Non ?
1. marre des connards qui viennent faire des critiques aussi sérieuses qu'insipides mais qui n'osent pas montrer le moindre petit poil de couille. Pisse-nous un texte et rabas ton claque-merde.
2. la Zone, c'est le coin des loosers alors si tu trouves les textes vraiment trop à chier tu te casses et c'est tout t'as rien à faire avec nous
3. si tu restes tu seras la mascotte temporaire de la Zone,on va s'amuser avec toi. on en voit des dizaines comme toi, constamment.
Merci de ton avis quand même hein, mais ça changera pas grand-chose. Tu sais quoi ? Tu ne détiens ni la Vérité ultime, ni le secret de la littérature parfaite. Toi pas plus qu'un autre. Alors je n'ai aucune raison de t'écouter. Mon texte est probablement mauvais en terme de littérature telle qu'elle est comprise par au choix les vénérables de l'Académie / les branchés intellos rive gauche / le jury du prix Renaudot / les classicistes frénétiques / les étudiants en lettres / les avaleurs de S. King... Mais il est parfait à mes yeux. Alors pourquoi le modifier.
Encore une fois, montre-moi qu'on peut faire mieux et fais moi lire un de tes textes.
Stop , trop de commentaires tuent les commentaires .
[edit par nihil]C'est pas ici que paraissent les textes. Ton texte sera lu et paraîtra comme les autres ou on pourra le commenter à notre aise. Puisque c'est un cas particulier, je le ferai paraitre très rapidement[/edit]
Commentaire édité par nihil.
ah ben voilà qui a l'air impressionnant
Nihil, t'es beau quans tu fais ton chef et que tu recrutes malgré eux des auteurs réfractaires.
Ouais t'as vu, je le fais bien hein ? Un peu de bravade facile pour exciter la testostérone et les petites velléités de duel du sujet, et hop, un texte de plus... Je suis en train de lire ce puissant chef d'oeuvre de la littérature contemporaine et je le poste juste après si c'est zonard bien sûr. Sinon, direction le forum.
Tu invalides mon pseudo ? Ok. Tu ne peux publier mon texte, il a déjà été publié. C'était simplement pour répondre à Tyler D qui se paluche en s'écoutant gueuler. Effectivement, Nihil, soit tu n'en as rien à foutre de tes textes, soit tu acceptes les remarques.
Ekalmasharti
Il est obligé d'avoir un pseudo inprononlisible lui ?
Au fait, tu suces ?
Désolé pour le pseudo, c'était un petit souci technique. Ca doit être réglé et tu peux le réutiliser. Bien noté pour la parution. Je vais donc le transbahuter sur le forum à cette adresse :
http://zone.apinc.org/forum/index.php?board=10;action=display;threadid=610
Il faudra s'inscrire sur le forum pour participer. Je donnerai mon avis en toute sincérité.
Il va bientôt réclamer des droits d'auteur, ce branleur. Allez Nihil, publie son texte, un boulet de plus dans la fosse aux lions !
Je crois que le sympathique Ekalmasharti n'a pas compris que s'il s'enregistrait comme auteur il devait se connecter avant de poster des commentaires sous son pseudo.
Cela fait des décennies que des médiocres ironisent sur les Lagarde & Michard. Les médiocres, eux, n'ont pas laissé de traces.
Eh,eh, Kiruna, franchement courageux ! Avec Tyler D, vous vous mettez à combien pour moucher un nouveau J'ose pas dire que je vais vous tourner le dos pour vous faciliter la tâche, ça pourrait vous donner des idées...
Et Smerdiakov, maintenant ! Amigo, j'espère franchement pour toi que c'est un pseudo...
je crois que mon insulte publicitaire, mon traitage de Normalizer, est passé complètement inapperçu
Oh ! Désolée ! Je t'ai effrayé peut être ? Tu m'en vois confondue... (oui oui, y a un jeu de mot). T'aimes pas ça d'avoir plein de gens qui s'occupent de toi comme ça ? Tu sais mon petit coeur, si t'as compris que t'es là pour être démoli, va falloir un peu prendre la température du lieu avant de continuer...
Donc tu suces. Et t'avales aussi ?
Lapinchien, lève une pancarte 'jeux de mot : applaudissez' la prochaine fois.
Très honorable Ekalmasharti, j'essayais d'aider dans la première moitié de mon intervention, et je défendais une collection d'anthologie dans la seconde. En ce qui concerne le pseudo, vous en êtes un autre, monsieur.
Au fait Nihil, ça te déranges pas qu'on s'installe chez toi avec le nouveau Lego ?
Ah, Kirunaa, prendre la température, , c'est à peu près tout ce qui doit rentrer en toi, mmmmmmmmm ?
Ah bah voilà, en avant les blagues sur la sexualité pour appuyer son point de vue.
Si justement ça me dérange un peu, j'ai créé un topic sur le forum exprès si vous, ainsi que l'honorable El MacCarthy veulent bien le rejoindre... Rappelons l'adresse :
http://zone.apinc.org/forum/index.php?board=10;action=display;threadid=610
L'étudiante en lettres ne trouve pas le texte mauvais en terme de littérature (cf message de nihil pour les neuneux qui ne suivent pas).
Par contre l'étudiante en lettres trouve assez incongru qu'on puisse dire qu'un texte est "mauvais" en donnant un autre texte comme exemple. Je trouve même que ça va à l'encontre de toute notion de "littérature", d'"art" ou encore d'"écriture". Par rapport à quel échelle de valeur peut-on juger un texte mauvais ? En lisant la série de critique, ça a l'air d'être le réalisme cette échelle. Je me trompe peut-être. J'essaye juste de comprendre.
Au final, l'étudiante en lettres que je suis est déçue une fois de plus de voir qu'elle évolue dans une sphère de pseudo artistes imbus de leur personne et étouffés d'idées préconçues et martelées. Tout ce que ne devrait pas être l'écriture, tout ce qui ne représente pas la créativité en quelques sortes. Mais encore une fois, je ne cherche qu'à comprendre...
D'ailleurs, juste pour comprendre sincèrement, l'auteur pourrait-il nous expliquer pourquoi son texte est "meilleur" stylistiquement. Je ne l'ai pas encore lu j'avoue, mais c'est vraiment pour essayer de cerner le truc.
Etudiante en lettre, je crois qu'au fond on (mon dieu, un hiatus) se branle respectueusement de ce que devrait être ou ne pas être l'écriture ou la chromolithographie sino-toltèque car, comme chacun sait, ce sont toujours ceux qui en parlent le plus qui en créent le moins.
Exactement, tout à fait d'accord. Moi aussi je t'aime.
Dis t'as pas plus de 40 ans parce que là tu m'excites ?
C'est bien, il faut s'aimer les uns les autres. A n'importe quel âge. Pour le reste, ça passera.
Aka, en première année vous étudiez les voyelles ou les consonnes ?
Bah nan connard, juste le A. En visant le doctorat, j'aurai peut-être des chances d'aller jusqu'au H. C'est important le H dans la vie.
le début me semblait décevant, mais ce n'était que pour mieux préparer la progressive descente aux enfers.
La progression de la psychose est impeccable et l'écriture de même ; ici encore l'imaginaire tourne à plein tubes dans ce récit fourmillant d'images marquantes et de séquences choc.
C'est un excellent texte qui mériterait d'être publié, impressionnant par la façon dont le thème est traité et fascinant dans sa description organique et mécanique du lieu et de la maladie
un seul dernier mot : bravo.
En un seul mot, vu que ce que je voulais dire a déjà été énoncé avant:
Excellent.
La progression vers la folie, la description de la maladie sont très bien traitées. J'ai adoré l'image des choses mécaniques pour les infirmières.
Y'a un paragraphe que j'ai dû relire vers la fin parce que j'ai décroché mais le reste se lit d'une seule traite.
Bon et le reste, voir commentaires plus haut.
Putain, j'ai fait un long mot qui comporte même des espaces et de la ponctuation. Je vous prends tous en même temps au scrabble moi.
Ah ouais, un autre truc. Le "je n'existe plus" est bizarre par rapport au reste du texte. C'est peut être un effet voulu dû à la séparation entre la vie et la mort mais ça casse totalement le rythme.
Excellent texte. Le style m'a encore une fois emballé. Y a un côté Lovecraft qui me fait frissonner de plaisir à chaque fois. Concernant l'histoire, ça m'a évoqué la tumeur d'un vieux pote - paix à ses cendres -, le cancer d'une amie -idem -, celui de ma mère -non, elle, ça va - et pas mal d'autres personnes de mon entourage aux prises avec cette merde. Bien que de nature plutôt fantastique, le texte m'a paru très juste, très réaliste, sur tout ce qui tourne autrour du crabe. Enfin, le thème de l'hosto kafkaïen, délabré, labyrinthique m'interpelle toujours beaucoup.
Pourquoi il me sort Lovecraft à chaque coup ce mec ? J'avoue, j'ai adoré la nouvelle 'la couleur tombée du ciel' que j'ai lu en flippant quand j'avais douze ans, et c'est sûrement une énorme influence sur tout ce que j'écris, mais les autres trucs de ce mec m'ont plutôt fait rigoler (paye tes tentacules). Alors ?
A cause du love.
Le prend pas mal, nihil. Quand je lis un de tes textes, j'ai toujours l'impression que Lovecraft n'est pas loin. Mais c'est normal qu'on ressente les influences des uns ou des autres dans ce qu'on écrit. Et surtout, pour moi, c'est un compliment.
Par ailleurs, je ne dis pas non plus que tu pompes Lovecraft, que tu le plagies ou quoi. Nononon. Simple évocation.
J'aimerais commenter ce texte mais "A l'Aube du Sixième Jour" vient d'être hosté sur Stage6 alors non.
Je l'ai lu il y a déjà deux ans, ce truc, et je me souviens de l'ambiance, de l'histoire, comme si c'était hier.
Il y a très peu de textes sur la Zone qui m'ont marqué comme celui-là. Pas la peine de détailler pourquoi, tout a déjà été disséqué par d'autres... À part un détail :
Contrairement aux textes de nihil, parfois besogneux (même les très bons), celui-là semble être écrit d'une main foutûment ferme. À la fin, on se retrouve vraiment à la fin de l'Univers glacé et déliquescent, seul. Et c'est le "coup de latte Zone DTCS".
"Besogneux : Qui travaille avec application mais mal."
Cool.
Te vexe pas, et range ton clic sur le premier résultat de Google. Tu voulais peut-être aussi que je te mange le gland ?
J'ai taillé dans le vif pour ne pas avoir l'air de me branler le neurone en levant le petit doigt, mais si tu insistes...
Pas trouvé mieux comme terme, l'idée c'était que tu mets énormément de travail dans tes textes, et que parfois ça transparaît. Mais "laborieux", c'était pas tout à fait ça non plus.
Non mais y a pas de souci hein, surtout que là je suis assez d'accord. Je crois pas avoir de talent naturel, juste de l'entrainement. Et oui, je fignole comme un neuneu parce que ça sort jamais comme je voudrais du premier coup. Mais ce qui m'étonne, c'est ça : "parfois ça transparaît". Mais dans quel commentaire de quel texte t'as mentionné ça ? Parce que là j'en ai aucun souvenir. Les commentaires sont exprès faits pour ce genre de critiques, et c'est ça qui pourrait me permettre de progresser. C'est en ne me l'indiquant pas sur les textes où tu sentais ça que tu me mangeais le gland.
Parce que moi je veux bien des exemples maintenant.
Piscine en capsule, mais d'accord, t'aura des noms dans pas trop longtemps - même si j'ai du mal à croire que tu me demandes ça sincèrement.
Si je l'ai mentionné dans aucun commentaire, c'est probablement que j'avais rien d'autre à dire d'intéressant (ça arrive souvent, d'où mon doute sus-mentionné).
Mais ça aussi ça doit être une question d'entraînement.