J’ouvre les yeux. Je me réveille fatigué. Mon corps est toujours là, mais uniquement comme une conscience lointaine. Aucune douleur. Je pense que j’ai déjà eu ma dose de morphine. Ils ont dû l’augmenter, car ces derniers jours le dosage n’était plus assez fort.. Tout est noir autour de moi, il doit être tard. Les drogues m’ont fait depuis longtemps perdre toute notion du temps. Les sons me parviennent étouffés. Les conversations des infirmières dans le couloir, les bips, chuintements, raclements, sifflements des machines qui répandent dans mes veines les produits qui me maintiennent encore en vie et réduisent un tant soit peu la douleur. Cette douleur avec laquelle je vis depuis des semaines. Une impression générale de mal être, de souffrance localisée dans mes bras, rendus raides par les trocarts des perfusions, dans mes poumons, que chaque bouffée d’air insufflée par le respirateur irrite et déchire, dans mon ventre, rongé, lentement désagrégé par la maladie. Je sais que mon cœur est devenu mon pire ennemi. A chacun de ses battements, il répand le poison mortel plus loin dans toutes mes cellules. Quel ironie pour un oncologue de mourir par l’ennemi qu’il a toujours combattu. Je suis pas à pas l’évolution du traitement , en déduisant mon état. Je sais maintenant que ma fin est très proche.
Soudain, une lumière aveuglante m’éblouie. Le soleil rentre à flots par la fenêtre. Ce n’était donc pas la nuit ? J’observe intensément la chambre autour de moi. Les murs d’un jaune pastel, les rideaux et leur motif montagnard représentant un berger et ses moutons, la télévision, muette mais toujours allumée. Je perçois aussi parfaitement tous les sons qui m’entourent, du rythme calme du respirateur au vrombissement de la tondeuse dans les jardins. Une mouche sur la fenêtre. Je ressens parfaitement tout mon corps. Je le perçois. La douleur est partie. Je me sens bien. Les aiguilles ne me gênent plus, je respire tranquillement… Ah ! non tiens, je ne respire plus. Ce n’est pas grave, cela ne me dérange pas. Pas plus que l’alarme de l’électrocardiographe. J’en prends note, sans plus. Comme je me sens bien !
Les infirmières se ruent dans ma chambres, s’affairent autour de moi, crient. Je les regarde par dessus mon masque. Je vois mon cadavre se refléter dans les lunettes de celle qui se tient juste à mon chevet, penchée sur moi. « Ne vous inquiétez pas, nous allons vous en sortir. »
M’en sortir… mais je suis condamné depuis des mois ! Je souffrais inutilement, je vous suppliais de me laisser mourir ! Et enfin l’heure est arrivée.
Dans ses lunettes, les yeux de mon cadavre me sourient.
Enfin.
Soudain, une lumière aveuglante m’éblouie. Le soleil rentre à flots par la fenêtre. Ce n’était donc pas la nuit ? J’observe intensément la chambre autour de moi. Les murs d’un jaune pastel, les rideaux et leur motif montagnard représentant un berger et ses moutons, la télévision, muette mais toujours allumée. Je perçois aussi parfaitement tous les sons qui m’entourent, du rythme calme du respirateur au vrombissement de la tondeuse dans les jardins. Une mouche sur la fenêtre. Je ressens parfaitement tout mon corps. Je le perçois. La douleur est partie. Je me sens bien. Les aiguilles ne me gênent plus, je respire tranquillement… Ah ! non tiens, je ne respire plus. Ce n’est pas grave, cela ne me dérange pas. Pas plus que l’alarme de l’électrocardiographe. J’en prends note, sans plus. Comme je me sens bien !
Les infirmières se ruent dans ma chambres, s’affairent autour de moi, crient. Je les regarde par dessus mon masque. Je vois mon cadavre se refléter dans les lunettes de celle qui se tient juste à mon chevet, penchée sur moi. « Ne vous inquiétez pas, nous allons vous en sortir. »
M’en sortir… mais je suis condamné depuis des mois ! Je souffrais inutilement, je vous suppliais de me laisser mourir ! Et enfin l’heure est arrivée.
Dans ses lunettes, les yeux de mon cadavre me sourient.
Enfin.
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Un "corps", "comme une conscience lointaine" ? Abomination ! Tu n'as pas voulu dire ça ?
Ouais moi j'aurais pas dit ça comme ça non plus, j'aurais plutôt comparé le corps à un clapier, un pot de chambre, une enveloppe inutile et laide, une boîte à outils, un paradigme ou un shazam !
Les oncologues j'aime pas trop beaucoup ça !
Alors un de plus un de moins, ça me défrise pas les poils du cul.
Par contre le coup du berger et ses moutons, c'est bien trouvé, je m'attendais pas du tout.
Et cette mouche, hein que c'est géant pour la symbolique de l'asticot bouffeur de cadavre chaud...
Du grand art, bravo !
donc is j'ai bien compris à la fin l'oncologue (c'est pas un grso mot hein ?) ben il se retrouve au paradis c'est çà ? pasque je suis pas trop sûr, çà ressemble comme deux goutes d'eau au pys des Teletubbies et la tu me fous carrément les chocotes à donf...
Nan, le paradis c'est juste un truc inventé pour les breves de comptoir, tout le monde sait que ca existe pas.
Quand tu debranches ton pc, ça charge pas le site des ttb que je sache ? T'as juste un vide chiant sur ton ecran. Ben là c'est pareil. Tu debranches, tu vois les electrons qui se rassemblent un faisant un point lumineux au mileu de l'ecran, pi plus rien !
Parfois il suffirait d'une petite phrase en plus, pour que paf, j'aime un texte.
Par exemple là, "Je me sens bien. Les aiguilles ne me gênent plus, je respire tranquillement… Ah ! non tiens, je ne respire plus. Ce n’est pas grave, cela ne me dérange pas. Pas plus que l’alarme de l’électrocardiographe. Pas plus que mes sphincters qui se relachent mollement dans un soupir liquide, ni que ma vessie qui se vide dans mon falzar, ni que le râle idiot qui s'échappe de mon arrière-gorge en emportant deux trois glaires à moitié pourries avec lui, et mon haleine putride", ça aurait fait plus chouette.
Bref, c'est trop propre sur soi et rêveur pour que ça me plaise.
C'est une antiquité, aussi. J'aime bien lire les antiquités de la Zone.