Je sais quel est mon devoir. J’ai conscience de mon appartenance à cette race malade qu’est devenue l’humanité. Depuis toujours je sais. Il fallait simplement qu’un déclic lance le processus de réflexion qui aboutit directement à la conclusion logique. Je suis damnée. Ce corps étendu devant moi me le dit, me le crie. Le sang qui ruisselle de son crâne, les vêtements déchirés, l’odeur de la peur et de la mort… l’odeur âcre et rance de sa terreur et de sa déchéance. Il m’avait provoquée. Il avait cherché, lui, pauvre âme mortelle et misérable, à m’emmener dans sa direction, vers ces chimères blafardes que sont le bien et l’amour absolus. Je n’y ai jamais cru. Jamais. A quoi bon ? Ma race est maudite. Mes semblables ne cherchent qu’à se détruire. Depuis la nuit des temps. Et il en sera ainsi pour l’éternité. Cette éternité que je passerai à voir le Mal ronger les hommes comme une gangrène lépreuse. Les hommes. Pauvres fous. Pauvres organismes sous développés, incapables de voir leur propre malheur. Cherchant à construire, cherchant à posséder. Toujours plus , toujours plus grand, toujours plus beau. A quoi bon. Je suis damnée. Nous sommes tous damnés. Je le sais, je le vois. Cette prescience qui m’est donnée par la mort, qui me fait réaliser à quel point j’ai moi aussi été aveugle. Pauvre folle. Croire en ça. Croire en lui. Croire en l’amour. Le voilà, le bel amour. Étendu sur le dos, au milieu d’une cour crasseuse, son sang coulant entre les pavés jusqu’à la bouche d’égout où il se mélange aux déchets générés par la vie de ses semblables. Eaux usées et vermine. Voilà la belle sépulture dans laquelle toutes les belles pensées de l’humanité t’auront menées. Pauvre fou. Que croyais-tu donc ? Qu’en m’emmenant ici tu aurais le pouvoir, loin de tes semblables, de me soumettre à ta volonté ? Pauvre fou. Pauvre sous-conscience. Croyais-tu vraiment que la force saurait obtenir ce que ta douceur n’avait pas pu avoir ? Croyais-tu vraiment que toi tu pourrait avoir ce que tant d’autres n’avaient pas eus ? Jamais mon intégrité ne sera ébréchée. Je me dois de rester pure car ma damnation en dépend. Afin de voir et de savoir. Parce qu’il doit en être ainsi. Je distingue encore des morceaux de ton visage. Un œil repose près de mon pied. Un œil qui me regarde et cherche désespérément une réponse. Un œil empli de terreur et d’incompréhension. Pauvre fou. Lentement je lève un pied. Je le pose sur l’œil qui me dévisage, masquant ainsi le regard d’horreur. Lentement, je laisse le poids de ma jambe se reporter dessus. Je ressens d’abord comme une légère résistance, juste à l’endroit où se trouve l’œil. J’accentue la pression. Je ne pensais pas qu’un œil serait aussi résistant. Et soudain, un frisson de plaisir me parcourt toute entière. Je viens de sentir le globe éclater sous mon poids. Un bruit mou, humide, accompagne l’agréable sensation. Et soudain, je ressens le désir de parfaire le schéma. De compléter le tableau. Le corps est trop reconnaissable. Trop humain, trop entier. Sortant de ma poche le couteau qui y reste toujours, je lacère le corps de dizaines de coups. Je plante la lame, qui pénètre lascivement dans la chair, après avoir vaincu la résistance inutile de la mince bande de peau, puis je tire vers moi, la pointe légèrement en avant, jusqu’à être bloquée par un os. Alors je ressors la lame sanglante et la replonge. Et ressors, et replonge, et ressors, et replonge… Des ondes de plaisir me parcourent le corps. Je sais que ce que je fais est ce que je devais faire. Poussant un gémissement de jouissance, je lâche le couteau de venu inutile et je plonge les main dans les viscères encore chaudes de celui que je considérai comme mon plus grand amour. Mais l’amour n’est qu’une chimère. Entre mes doigts, je sens s’enrouler les entrailles de l’homme. Je lève les mains et les sens glisser entre mes doigts. Arrachant ce qui reste de mon pull, je replonge avec délices dans la matière tiède, et saisissant des entrailles imbibées d’alcool, dégoulinantes de sang charriant des millilitres de toxiques variés, je m’en recouvre en m’en réchauffe. M’allongeant sur le sol glacé, je sens alors sur ma joue les picotements gelés des premiers flocons de neige. Je me sens soudain si fatiguée ! Je ferme les yeux un instant. Je me rappelle alors que dans sa lutte contre la mort, il avait réussi à appuyer sur la gâchette se son revolver. Celui-là même dont la crosse m ‘avait permis de lui fracasser le crâne. Je m’aperçois alors que mon propre ventre est transpercé de part en part. Lentement, la main glacée de la mort se referme sur mon cœur. Je sens ma vie s’envoler, lentement d’abord puis de plus en plus vite. Mon regard aveugle se tourne vers Elle.
Je suis donc damnée. Il m’est étrange de constater que je l’ai toujours su.
LA ZONE -
Ainsi donc je suis damnée ? Il m’est étrange de constater que je l’ai toujours su. Non que j’aie perpétuellement été attirée par le Mal, je n’ai simplement jamais eu peur de lui. Je sais où est le bien, je sais où est le devoir.
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J'aime bien ce genre de textes dans le trip féminin mégalo, j'ai tendance à faire pareil des fois sauf qu'il y a une petite chose que vous semblez ignorer les filles (ça s'adresse aussi à Nephtys qui a essayé de se la jouer sur le même plan y a pas longtemps), celle qui va bientôt dominer l'univers, c'est MOI... pas vous !
Le processus est déjà en marche et plus rien ne pourra désormais l'arrêter. Et en attendant, je vais retourner dans mon antre mystique pour avoir des visions de ma domination perverse et sanglante sur l'ensemble de l'humanité.
Aucune envie de dominer l'univers moi ! C'est bien trop de boulot !
J'aime bien l'article, mais je trouve qu'il manque un truc, un "chais po quoi", dans la psychologie du personnage peut-être, qui m'empêche d'être emportée dans l'histoire. Et puis la balle dans le ventre à la fin, ça fait un peu rattrappage aux branches je trouve.
c'est vrai qu'une partie de Yu-Gi-oh à très vite fait de dégénérer....
Cette histoire est invraisemblable, on appuie sur la détente sinon la meuf ça lui troue pas le bide dans lequel il y a des viscères CHAUDS, pfff
Dommage, au début j'ai failli y croire à cette jolie fabulette.
Ouais bon petit texte.
Je trouve que c'est quand-même assez floue pour une bonne partie du récit. La fin est un peu tirée par les cheveux et fait cul-cul mais bon on à déjà vu pire.
La première moitié est plutôt chiante j'avais l'impression d'écouter une nana camisolée à l'HP qui me racontait ses délires sous valium en bougeant le buste frénétiquement d'avant en arrière.
Arrivé à l'écrasement de globe oculaire le rythme s'accélère est le style change. C'est marrant, enfin moi j'ai bien aimé.
Sinon, finalement mention à la faute suprême que même moi je n'aurais pus faire :"je lâche le couteau de venu inutile"
C'est bô.
Ah ouais j'ai failli oublier ! L'image est super cool !