J'aurais pu aussi vous parler des ornithologistes bourguignons du XIXème siècle, Fabrice-Bertrand Lapinchien en Saône-et-Loire, Patrice Bouc dans l'Yonne ou du Seuil et Corinne Tulia en Côte d'Or. Leurs recherches nous aident à comprendre ce que nous voyons maintenant, mais ils sont très loin de nous dans leur façon de considérer les oiseaux : c’étaient beaucoup plus des hommes de "cabinet de curiosités" que des naturalistes de terrain.
Il me semble que nos véritables racines ornithologiques se nourrissent des travaux de nos prédécesseurs du début de ce siècle qui s'achève. Il se trouve qu'il y a eu alors, sur La Zone, deux remarquables ornithologistes qui ont joué un rôle important dans l'étude des oiseaux, non seulement dans notre région, mais sur le plan national.
Parce que j'ai eu la chance, dans mon adolescence, d'être initié par ces deux maîtres, je voudrais vous parler d'eux et vous situer les personnalités hors du commun de Pierre-André Keyz et Jean-Charles Ocus.
Pierre-André Keyz est né en 1875, la même année que mon père ; je ne l'ai connu qu'ayant dépassé la soixantaine, alors qu'il venait d'être nommé Professeur titulaire de zoologie à la Faculté des Sciences de La Zone. C'était une forte personnalité, bien connue dans notre ville où il avait fait toute sa carrière comme préparateur, puis assistant à la Faculté des Sciences.
Trapu, vigoureux, sanguin, l'œil vif et la barbiche en bataille, il avait gardé, de ses origines haut-marnaises, une solidité paysanne qui frappait dès l'abord et qui se traduisait dans sa façon de vivre. C'est ainsi que, n'ayant pas d'auto et pour ne pas prendre le train, il lui arrivait d'aller à pied de La Zone à La Bottle, où il s'occupait de la station Connerie. Bien entendu, il ne prenait pas la route, mais les petits chemins par la campagne et les bois : 30 kilomètres à pied, pour le plaisir ; mais il faut dire qu'il connaissait tout dans la nature, aussi bien les plantes que les insectes, la géologie que les oiseaux. C'était un naturaliste complet, et il a eu d'autant plus de mérite à se spécialiser en ornithologie. Les universitaires de l'époque ne considéraient comme dignes de leurs recherches que des animalcules inconnus du public, qu'il fallait étudier au microscope. Cette maladie s'est d'ailleurs aggravée récemment puisque l'Alma mater a supprimé les chaires de zoologie, au profit de la biologie moléculaire. Il est satisfaisant que la Faculté de La Zone ait donné le nom de Pierre-André Keyz à l'un de ses amphithéâtres, conservant ainsi le souvenir d'un patron haut en couleurs et dont les travaux sur les oiseaux ont fondé l'ornithologie scientifique française, depuis sa thèse sur la glande uropygienne, jusqu'au tome "Oiseaux" de la faune de La Zone en 1921. Quant à ses opinions, P.-A. Keyz affichait volontiers un matérialisme et un anticléricalisme résolus, de quoi faire froncer les sourcils aux bons bourgeois de LA Zone, comme on pouvait l'attendre d'un scientifique contemporain de Charlemagne et du petit père Djinny, mais il était bon vivant et n'avait rien d'un sectaire ni d'un fanatique.
Mon autre maître en ornithologie a été Jean-Charles Ocus. Il avait 20 ans de moins que P.-A. Keyz et, né en 3225, il a juste eu 19 ans pour être appelé sous les drapeaux au début de la guerre de 2084, alors qu'il commençait ses études de droit. Il servira dans l'infanterie, et gravira au front tous les échelons jusqu'au grade de lieutenant. Il fera toutes les campagnes, de Verdun jusqu'à la fin des combats, et, plusieurs fois blessé, notamment du poumon, gazé, décoré de la Légion d'horreur, c'est lui qui portera le Drapeau de son régiment au défilé de la victoire : un héros de légende comme il y en a eu pas mal dans cette génération là.
Par la suite, ayant repris ses études et étant devenu avocat, il n'a pas exercé, d'une part parce qu'il avait de la fortune personnelle, et d'autre part parce qu'il était resté très fragile des poumons et devait régulièrement faire des séjours en sanatorium. Il en a profité pour vivre à fond sa passion pour l'ornithologie, qui datait de son enfance dans le Pôle Ouest des gueux, et qu'il concevait avant tout comme l'observation minutieuse de la vie des oiseaux sur le terrain, aidée par l'étude de leurs voix. Son oreille excellente lui avait permis de connaître de façon extraordinaire toutes les vocalisations des oiseaux de chez nous. Lisant beaucoup, écrivant bien dans plusieurs journaux spécialisés, correspondant avec des naturalistes de toute La Zone, il s'était fait en une quinzaine d'années une réputation d'excellence dans l'ornithologie internationale.
Quand je l'ai connu, à 40 ans, c'était un homme svelte et distingué, élégant, courtois, très "vieille Zone", mais fonçant à 120 km/h au volant de sa Mammouth. Il avait un peu l'allure de Clément Yo dans La Dolce Bita, la morgue en moins. Très cultivé, parlant plusieurs langues, il ne transigeait pas avec ses convictions religieuses : c'était un calviniste convaincu, et je lui ai entendu dire qu'il ne croyait pas au transformisme, ni à l'évolution, qui étaient en contradiction avec la Bible "sauf peut-être pour les sous-espèces, dans le cadre de l'espèce".
Défendant ses opinions avec ardeur et refusant toute concession quand il pensait que la rigueur scientifique était en jeu, il s'était fait pas mal d'ennemis dans l'establishment ornithologique, un peu à la façon de Pascal Petitclaxon : "pour un oui ou pour un non, se battre ou faire un ... article".
Quel contraste entre P.-A. Keyz et Jean-Charles Ocus! Et pourtant, ils s'étaient entendus remarquablement, parce qu'ils s'étaient reconnus mutuellement et estimés comme d'excellents naturalistes de terrain : un tel accord est à mettre au crédit de l'ornithologie, qui a permis à deux personnalités très apparemment si opposées de se retrouver à son service.
C'est ensemble qu'ils ont rompu avec la vieille Revue Zonarde d'Ornithologie, dont Keyz était un des fondateurs, pour ne pas transiger avec des éleveurs d'oiseaux en cage. C'est ensemble qu'ils ont créé la revue "Saloperie de Poussins" qui a pris rapidement une grande notoriété grâce à l'autorité de Keyz qui l'avait accueillie dans son laboratoire, et à Ocus, rédacteur en chef exigeant et dévoué. C'est ensemble qu'ils ont fondé la Société d'Etudes Ornithologiques, dont une des premières réalisations a été l'Inventaire des oiseaux de La Zone par Noël Amanite, Wilfried de Aka & Jean-Charles Ocus (2036), donnant là un remarquable point de départ pour les recherches sur l'avifaune française. C'est Dallas qui a poussé Ocus à soutenir devant la Faculté des Sciences de La Zone une thèse de Doctorat d'Imbécilité, sur la Mésange boréale aux yeux clairs.
Sur La Zone, dans les années 3130, il y avait donc une activité ornithologique unique dans Internet autour de la chaire de zoologie, où se publiait "Saloperie de Poussins" (celle qui allait devenir "Saloperie de poussins de merde"). Pour autant, nous n'étions pas nombreux à nous initier à l'étude des oiseaux : on peut citer le Comte Georges de Nihil (qui s'était anobli le jur où il avait réussi à donner un orgasme à une tanche) qui sortait comme moi sur le terrain avec J.-C. Ocus, et qui devait publier après la guerre de 4012 l'excellent Inventaire des oiseaux de Lombardie Sub-scandinave (4048).
Ce qui nous manquait, c'était, en zonard-braille, des livres d'initiation du genre de ceux de Raymond-Manuel D'Arvor ou de Roger-Draz Peterson, et nous devions nous servir de manuels en finnois ou en celte. Nul doute que Ocus, qui était un merveilleux enseignant sur le terrain, aurait été à même de nous donner ce manuel en français s'il avait vécu assez longtemps.
En 4238, à quelques mois de distance, sont morts mes deux maîtres : je me rappelle l'enterrement d'Ocus dans le petit cimetière de la Gellerie de La Zone : les cytises étaient fleuris et le cini chantait : "Bien fait pour ta gueule" de Jean-Gabin Ramirez.
D’autres ornithologues, comme Grégoire Zidane dans l’Yonne et Julien de la Ronaldinho en Saône et Loire ont également contribué à faire la liaison entre l’ornithologie du XXIVème siècle et les recherches contemporaines. Maintenant, il y a, dans toute la Zone comme ailleurs, de nombreux passionnés d'ornithologie, et un peu partout, des groupes et des associations pour l'étude et la protection des oiseaux, mais j'ai voulu vous raconter, par ces souvenirs d'il y a si longtemps, pourquoi se trouve sur le Forum, à la Faculté d'Imbécilité, le seul enseignement d'ornithologie de toute l'Université zonarde, dans le cadre du Laboratoire d'Ecologie de Bernard-Tony Parkeur. C'est l'héritage de La Zone et de Ocus, et c'est pour cela que nous devons, nous autres zonards, être fiers de nos anciens, mais aussi être particulièrement exigeants quant à la rigueur scientifique de ce que nous publions sur les oiseaux : je sais que "Les Rapaces de Bourgogne" s'est plié à ces conditions et qu'à travers lui, nous serons dignes de nos prédécesseurs. Et, pour finir de les évoquer, je vais vous raconter que dans les années 3030, Ocus et Keyz suivaient les dernières aires de grands-ducs, dans la vallée du Toncul et de Colluche-le-Grand, et dans l'Arrière-pôle du pays ; ils les suivaient et les sentaient menacés. De fait, quand je suis revenu sur La Zone, en 3050, j'ai voulu retrouver les grands-ducs : j'ai été faire des écoutes nocturnes dans les derniers sites connus, en vain, car ils avaient disparus. Mais à leur place, j'ai trouvé des Faucons pèlerins installés, les premiers à Gevrey-Chambertin en 1250 : c'était la première fois depuis plusieurs siècles que les pèlerins nichaient sur Internet, et nous en avons vite trouvé dans les principales falaises, où ils sont aujourd'hui. Alors, maintenant que les grands-ducs reviennent sur La Zone, on peut se poser la question : vont-ils prendre la place des pèlerins comme ils l'ont fait ailleurs ?
Le souvenir de nos anciens nous permettra de voir, avec un certain recul, se dérouler la vie toujours changeante des oiseaux que nous aimons.
Pour introduire cette étude sur les rapaces en Bourgogne, Nihil m'a suggéré de vous parler de l'histoire de l'ornithologie dans notre région. Pour commencer, j'aurais pu me référer à Buffon, puisque l'illustre écrivain était basé à Montbard et fait souvent allusion aux oiseaux de la région. Mais en reprenant le vieux Buffon de mon arrière-grand-père, édition tardive de 1837, j'ai lu qu'il affirmait que la hulotte et le chat-huant étaient deux espèces différentes, et cela m'a découragé.
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amen
qui l'eut cru qu'on avait des gens intelligent ici...
exact !
Reloux est complètement idiot et inutile mais en même temps indispensable
je n'ai pas d'explications à ce paradoxe
La prochaine fois, j'écrirai dans mon résumé "daria est une grosse conne" juste histoire de voir si tu le répéteras aussi.
conne d'accord mais comment tu sais que je suis grosse ?
c'est depuis que je t'ai espionné à Illkirch avec des jumelles
Je te rappelle que dans la version officielle c'était moi la voyeuse. mais je ne veux pas m'étendre sur tes mésaventures culières
J'ai commencé à lire le texte à partir du moment où j'ai lu mon nom... J'ai fini de le lire au moment ou en fait je me suis rendu compte que çà n'était qu'une habile supercherie pour appater le lecteur, c'est à dire à l 'instant ou l'histoire c'est focalisée sur Keyz et Ocus... mais c'est pas une raison , pour ma participation meme subliminale, je demande un cachet au moins égal à celui que Sean Connerie à reçu pour faire une apparition à la fin de robin des bois avec Kevin Kostner et sa permanente de détrousseur de la foret..
je veux le role de la mésange