Les fonctions de vigilance anéanties par le manque repos chronique de l'organisme suivaient difficillement l'espèce d'automatisme quotidien qui poussaient les membres à se mouvoir.
Les territoires de peau exposés aux vrilles de vent glacial se cyanosaient doucement, les capillaires se refermaient peu à peu et les fibres nerveuses superficielles ne transmettaient déjà plus la moindre sensation au cerveau. Les mécanismes de thermorégulation avaient du mal à compenser le froid qui s'engouffrait sous le tissu trop léger.
Un signal d'alerte hormonal brûlant de douleur courut le long des nerfs lorsque la cage thoracique se déforma brutalement. Les côtes perdirent leur positionnement habituel, certaines volèrent même en éclats qui vinrent se loger jusque dans les poumons à la paroi si fragile. La clavicule gauche partit en lambeaux durs, l'articulation de l'épaule gauche se décrocha, arrachant les tendons au passage tandis que biceps et humérus se trouvaient placés dans une impossible position. Un monstre de métal s'imposa dans l'organisme, réduisant toute résistance organique à néant.
Le diaphragme, membrane fragile qui aidait à maintenir une pression correcte dans le thorax, était bousillé et des flots d'air s'engouffraient par ses brèches en écrasant ce qui restait des poumons.
Le foie explosé se mêlait aux intestins qui fuyaient leur niche chaude et imémoriale. Epanchement de sang dans le péritoine et éventration.
Des hurlements d'adrénaline relarguée par les glandes surrénales, machines brusquement mises en surchauffe mirent à genoux la sérénité des fonctions centrales, tandis que le cablâge nerveux rendait l'âme.
Comme un disjoncteur qui saute, le cerveau s'éteignit tandis que l'organisme sombrait dans l'inconscience. Le coeur en folie pompait dans le vide des flots de sang qui se répandaient au lieu d'être canalisés par le réseau artériel détruit. L'apport en oxygène des tissus périphériques était réduit à néant et ce qui restait du système nerveux autonome, mécanisme sans conscience, s'emballa, ordonnant des convulsions désordonnées, détresse terminale, dans les dernières articulations valides.
Tout le sang se retira des iris tandis que le regard se faisait fixe.
La pression sanguine dans les artères ramenée à la nullité, le sang privé d'oxygène s'assombrissait et coagulait, tandis que les derniers soubresauts du coeur en détresse se répercutaient encore dans la cage thoracique ouverte. Les circuits nerveux déclarèrent forfait et la tension musculaire s'annula alors que toute la machinerie bouillonnante de vie et d'activité s'enrayait et s'arrêtait peu à peu.
...
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Les fibres musculaires durcis de rigidité cadavérique se dégradaient déjà tandis que toute fonction vitale était retombée dans le silence et l'obscurité terminale. La chair allait s'anéantir peu à peu, se nécroser et partir en poussière, les os en miettes, la peau se décrocher peu à peu.
Pesez par vous-mêmes ce que c'est réellement que d'être un Etre Humain. Pas une conscience pure et éternelle au delà du matériel, juste une machinerie de viande bancale et fragile à la merci du moindre dysfonctionnement.
LA ZONE -
La paroi interne de l'oesophage était encore endolorie d'une inondation de café brûlant et des flots de caféine s'introduisaient peu à peu dans les grosses artères centrales, puis jusqu'aux vaisseaux du cerveau, stimulant vaguement le système nerveux central. Les articulations, encore engourdies de l'immobilité du sommeil jouaient difficiellement.
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C'est vrai que c'est marrant de savoir qu'on possède une mécanique interne aussi bien fichue (à quelques détails près) mais qui peut partir aussi facilement et complètement en couilles en l'espace de quelques instants.
Quant à la conscience, si j'ai bien suivi, elle est générée et contrôlée par le cerveau donc si celui-ci ne fonctionne plus, comment la conscience le pourrait-elle encore ? Alors de là à quitter l'enveloppe charnelle et s'élever vers on ne sait trop où, ça relève carrément de la science-fiction.
Merci à Moïse, Jésus et Mahomet d'avoir été les premiers auteurs SF de l'humanité.
Mais après tout, certains se sont bien mis à croire au mythe des Grands Anciens (Cthulhu, Yog-Sothoth, Shub-Niggurath... trop fort, je viens même de trouver un site qui explique comment les invoquer : http://perso.wanadoo.fr/kadath/incant.htm) après avoir lu Lovecraft, alors pourquoi pas croire en Dieu et en l'éternité de l'âme...
Non ben je vais plutôt retourner m'abreuver dans la cuvette des chiottes pour m'assurer le salut de mon âme.
J'aurais pu aller encore plus loin en donnant des prénoms aux organes et en leur faisant vivre tout plein d'aventures physiologiques... Mais bon chuis pas Lapinchien quand même !
A ce propos, Péritoine, c'est qui ? Il habite où ? Qu'est-ce qu'il fait dans la vie ?
Sur le fond, j'adore cette vision des choses, ça fait tout de suite relativiser un paquet de trucs qui semblent essentiels sur le moment. Finalement c'est aussi flippant que ça fout un bon coup de pied au cul de s'entendre dire qu'on est rien d'autre qu'un amas de cellules savamment disposées, qu'on est pas très différents les uns des autres, et qu'en tout cas, ça sert pas à grand'chose de se la péter, on finira dans le même état de décomposition que tout le monde.
Sur la forme, la personnification des organes qui résonne comme une description minutieuse et chirurgicale laisse tout de suite les images se coller au cerveau, on a l'impression de voyager dans le corps en même temps que tout part en couilles. Juste je trouve dommage les répétitions qui gênent la lecture, et peut-être qu'un présent aurait été encore plus frappant.
Putain maintenant que j'y pense, je l'ai même pas relu une seule fois, une fois écrit, ce texte... Faudrait que je jette un oeil voir de quoi ça parle quand même, vu l'état quand je l'ai écrit... Pardonnez les répétitions, du coup...
on dirait un reportage médical
Nan, nan, nihil, pas d'excuses à la con, t'es privé de chaise électrique et pis c'est tout !
C'est un peu plus que du simple biologique Daria, c'est de la prise de conscience qu'on est jamais que du biologique et rien de plus bordel de merde
commentaire édité par nihil
Bien triste pour toi si tu penses vraiment ça
Ouais ben vas-y biquette, fais-nous part de ta pensée profonde, explique-nous pourquoi c'est triste d'avoir conscience des réalités sans se voiler la face avec un tas d'idéaux à la con. Après tout on est bien là pour confronter nos idées, non ?
ouais ok mais roland magdane a fait mieux et en plus rigolo !
ceci dit sans animosité aucune envers nihil qui reste très con quand même.
faut dire que là je revient de la grève et justement ça te prenait aux tripes des boyaux de la tête.
les bisounours ont bien ri et pourtant question rigolade c'est pas ça tous les jours là bas...
putain ça fait trop du bien des textes comme ça, même chez frandidac on trouve pas !
Je savais bien qu'un jour ou l'autre çà finirait mal pour ce con de JackAss ! Tiens il a pas reussi à arreter un semi remorque en pleine course avec la capilosité de son torse ? C'est con c'etait quand meme une sacree experience scientifique hyper utile au bien etre futur de l'humanité... tant pis ainsi s'acheve une brillante cariere sur MTV... s'il avait tenu une semaine de plus, on aurait eu la description interne d'un plongeon dans un mixeur en vitesse de croisiere 1000 tours/minute...
On dirait un très mauvais cauchemar de chirurgien que les multiples opérations, dans lesquels il a plongé ses mains où il a senti la chair vivante à l'air libre sous ses doigts, ont rendu psychotique !
Ouais t'as raison ! les vrais professionnels sont ceux qui s'impliquent jusqu'au bout dans la resolution de les petits tracas que procurent leur metier au quotidien, et ce sans relache, jusque la hantise, l'autoharcellement moral et le sacrifice de son soi profond en faisant du zèle par la pensée en cachette, lechebotisme qui ne se revelera jamais au grand jour... comme c'est beau... Moi par exemple je suis dans l'informatique, et par exemple l'autre jour apres avoir vu Matrique rechargée et ben j'ai rêvé que je débuguais mon dernier jeu à grand coups de karaté... j'ai une tite larme.. la conscience professionnel est une valeur qui tombe en desuetude et pourtant c'est que du bonheur intrasequement...
Au début du texte, je me suis demandé de quoi tu parlais. Mais dès que ça s'est déclenché, j'en ai plus rien eu à foutre.
C'est superbement bien fait. Sobre, froid, précis, juste assez.
Par contre, la phrase de conclusion, je sais pas. Du moment que le texte fonctionne, pas besoin d'une moralité à la La Fontaine.
L'idée est intéressante. Mais je n'ai absolument rien ressenti en lisant ça. Il ne se passe rien.
Pas mal du tout, c'est une vision des choses des plus rationnel, mais à laquelle j'hadère. C'est vrais que le ton froid donne beaucoup au texte, et le fait qu'il y ai beaucoup de description nous fait oublier que cette action ce passe très vite.
ca meriterait d'etre reecrit.
Après toi, je t'en prie.
Je plussoie Glaüx. La dernière phrase fait un peu skyblog, c'est un peu comme un sous-titre en-dessous de "ich bin ein berliner" : ça sert à rien et surtout ça fait tache à côté d'un putain de bloc historique. Le reste est très efficace et tout est déjà dit ou très habilement suggéré.
Moi je trouve que trouve que la sentence finale lui rajoute un petit charme désuet.
une note à peine plus détaillée, totalement inutile, à partir de " Pesez par vous-mêmes ce que c'est réellement que d'être un Etre Humain. Pas une conscience pure et éternelle au delà du matériel, juste une machinerie de viande bancale et fragile à la merci du moindre dysfonctionnement.
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Pesez par vous-mêmes ce que c'est réellement que d'être un Etre Humain.
Ce qu'il s'est attribué d'images et de concepts le caractérisant, sous le besoin aliéné échapper à l'angoissante réalité qu'il n'est qu'un objet, un assemblage d'atomes qui n'ont pas plus de prétention et d'esprit qu'un grain de sable.
L'intelligence humaine n'est pas un don particulier et divin, ne place l'homme au dessus d'aucune espèce animale, végétale ou minérale. Elle ne résulte que d'une mécanique organique et chimique.
Un fragment de matière animé par la bio-électricité et un système nerveux
Imperceptible dans le grand vide froid et silencieux d'un Univers qui n'existe que pour lui.
Oubliez ces conneries de conscience pure et éternelle au delà du matériel, la culture, le savoir et l'art.
Oubliez l'amour, l'amitié et la haine, le désir et la frustration.
Oubliez l'espoir et le désespoir, la souffrance et le plaisir.
Pesez par vous-mêmes ce que c'est réellement que d'être un Etre Humain.
Juste une machinerie de viande bancale et fragile, à la merci du moindre dysfonctionnement, du moindre accident, dans sa marche obstinée de pantin de chair et d'os, vers une désagrégation constante et inévitable.
[Nuance du Propos, Pour Les Optimistes, les Joyeux, les Rêveurs, les Humanistes & CES CONNARDS DE ROMANTIQUES ET D'ARTISTES]
Sachant cela, il est néanmoins incontestable l'on puisse vivre guidé par les émotions, celles ci étant générées par le cerveau, ce dernier régulant nos états psychiques, nos perceptions, nos actes et nos paroles. Il est donc possible d'être "heureux", ou l'inverse, selon un mode de réaction et un système de pensée basées sur les expériences personnelles de l'individu.
Maintenant ta gueule et inducte en silence.
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voila repompage que j'aimerai bien caler dans une dissert de philo, merci,
Les profs de philo doivent avoir envie de chier sur la tombe du con qui a décidé qu'ils devraient enseigner la philosophie à des gens de 17 ans. Ils doivent en lire de toutes les couleurs.
J'ai 18 ans, responsable légal de ma propre connerie et je sais aussi lecher mon coude à l'occasion, ne sois pas réducteur.
Mais je parlais pas spécifiquement de toi, attention-whore.
AH, autant pour moi.
ô taon pour mois, bordel !
Othon, bourre-moi.
Au tambour : moi.