On construit des métropoles grouillantes de suif et d'os entremêlés, mais tout ça n'est qu'illusion.
On s'effondre dans la surconsommation, la frénésie médiatique et le trop-plein intellectuel et émotionnel mais nous ne sommes qu'une étincelle de folie dans un vide infini.
On répand notre civilisation sur le monde mais nous ne sommes qu'un voile de poussière à la surface d'une monstrueuse boule compacte lancée à toute vitesse dans le néant - un souffle de vent et tout s'en va. Et nos monstreux paquebots massifs comme des mastodontes ne sont que des coquilles d'oeuf poreuses oscillant au dessus de lourds abîmes liquides insupportables de noirceur.
J'ai froid. J'ai si froid.
N'est-ce pas incroyablement joussif de se sentir acculé aux dernières extrêmités, de caresser du doigt le doux piège à loups qui nous mord les entrailles ? Sourir à celui qui nous assassine et implorer le pardon de celui qui nous a fait du mal. Et s'administrer toutes les substances de cette terre pour mieux ressentir la souffrance du manque. Et flotter dans une infinie mer de sérénité. Et s'enfoncer.
J'ai comme envie de me mordre les doigts jusqu'au sang
Comme envie de me masturber avec des ciseaux, de lécher des lames de rasoir
J'ai comme envie de me taire et de fermer les yeux, mais j'ai les yeux grands ouverts
Comme envie de basculer, maintenant
J'ai comme envie
J'ai comme envie
La douce musique du vide m'appelle.
On fabrique une réalité pour nous, je ne comprends pas ce que j'ai de si important qu'on se doive d'appliquer devant mon regard ces décors de carton-pâte et ces figurants pitoyables de mauvais jeu.
Qu'est-ce qu'on cherche à nous cacher sous ce masque de banalité ? Que ce passe-t-il qu'on ne veut pas que nous sachions ? Et qu'ont tous ces gens à chercher à toute force à s'aliéner eux-mêmes ?
La télé, les magazines nous assènent tous les jours des images trafiquées sous l'angle d'un réalisme qui ne trompe plus personne. On nous répète à l'envi des concepts mous pour cacher, de plus en plus mal que la fin s'approche. On nous intoxique de normalité jusqu'à nous faire plier la nuque, tout ça pour alimenter un Système dicté par une Histoire chargée d'obscurité.
Il n'y a plus de solution valable, on ne peut que se laisser aller, s'abandonner à cette tension lancinante, à peine palpable qui nous force à rejoindre le troupeau, à rentrer dans le rang du bétail redirigé vers l'équarrissage. Une enfance amère chargée de médiocrité, quelques conflits d'adolescence, des études, un boulot qui nous éreinte et nous vide l'esprit sans qu'on puisse en voir le bout, une petite maison, une femme dont l'image s'éloigne déjà dans le néant, des enfants qui nous ressemblent tant, un chien, une retraite inutile qui nous pousse vers la fin. Nous sommes tous déjà morts, nous le savons bien, mais l'attente est si longue. Que font ces obstacles au milieu de cette pente qui nous conduit au gouffre ? Que cherche-t-on à nous faire croire au juste, qu'il n'y a pas de gouffre, et que cette vertigineuse pente qui nous offre le meilleur des aperçus sur l'abîme n'est qu'un paisible chemin bien droit ?
L'autodestruction est le dernier des refuges.
Fermer les yeux pour oublier la mort ne la fait pas disparaître et elle est toujours là, derrière nous, et nous enserre de ses griffes froides. On ne peut qu'ouvrir grand les yeux, se retourner et se blottir dans ses bras immenses. On ne peut apprendre qu'à aimer sa propre mort, tout le reste n'est qu'illusion, des images sans relief déjà dépassées.
Nous devons cesser de tenter de remplir artificiellement le vide de hurlements et de cavalcades de vie, dépouillons-nous de ces oripeaux de chaleur, de mouvement et de souvenirs pour nous plonger nus dans le grand océan obscur où est notre place.
Mais la façade se craquèle déjà et nous attendons, comme des fidèles attentifs priant pour la fin, qu'elle se répande en gravats et en scories. Pour mieux nous rendre compte qu'il n'y a rien derrière ces murailles.
Et s'endormir...
Ouais chuis un inadapté, mais pourquoi voudrais-je m'adapter ? A quoi et à qui ? A cette pitoyable ébauche de société animale qu'on étend sous mes yeux ? Il n'y a vraiment pas de quoi se forcer, et je ne suis pas sur qu'il vaille le coup d'oublier son individualité pour complaire à ces mannequins qui m'entourent, aucun d'eux ne vaudra jamais un millième des paysages sereins et sombres qui se développent en moi. Continuez à essayer de me casser, vos assertions, tentative misérables de manipulation préhistorique, glissent sur moi comme de l'eau. Je ne vous vois même pas. Je n'ai besoin de rien et de personne. Mais ne me bousculez pas trop, sinon l'envie de mettre le feu à ce décor pourrait me reprendre.
Des images d'émeutes mal filmées qui s'enroulent autour d'immeubles ruinés depuis des années, des torrents de feu de flammes, des lignes obscures de CRS qui chargent zapping des enfants qui souffrent et meurent de faim et de zapping pétroliers qui sombrent dans des vagues noires zapping hurlements zapping des militaires qui exécutent sommairement des civils en Afrique zapping encore j'en veux encore
Coudre ses paupières l'une à l'autre, dériver ses propres artères, poser des broches pour relier des articulations qui n'ont rien à faire ensemble, dériver l'irrigation des membres dans un autre sens, échanger les places de masses de muscles, déchirer des trucs au passage, changer les organes de place, couper des ligaments, remodeler les amas adipeux n'importe comment, coudre la peau à la peau, ouvrir des brèches au scalpel qui ne devront plus se refermer, fondre ses doigts les uns aux autres, se réorganiser en totalité.
Pourquoi ? Il n'y a pas de réponse à cette question.
Des torrents mécaniques qui se répandent autour de moi en hurlant leur litanie de rouille malmenée, repétitive, si répétitive... Des fantômes de machines abandonnées qui s'enfoncent dans l'ombre en crachant des vagues de scories abrasives, et envahissent mon intérieur de parasites gris. Un truc qui se développe en moi, de plus en plus en plus vite, et menace de s'échapper en me laissant, carcasse vide, dans la nostalgie d'un trop-plein divin. J'essaie de m'inventer une enfance qui n'aurait pu être que sereine, et des images figées frelatées, assemblages trafiqués de souvenirs ternes s'agrippent à moi mais peu à peu des traces mécaniques se font jour dans ma mémoire, les membres et les mains de ma mère souriante penchée au dessus de mon lit se parcouraient de câbles noircis, se ternissaient et se mettaient à perdre une sueur poussiéreuse. Et sa respiration évoquée se muait en tremblement inhumain mêlée de spasmes de vrombissements industriels. Regard doux perdu peu à peu dans des méandres oxydés. Et des serpents de tuyaux entremêlés aux câbles glissaient sur mon couvre-lit, émanant des main de ma Maman. Contamination d'une lenteur absolue, mais sensible, progression à la manière d'amibe monstrueuse rétraction gonflement rétraction gonflement ou comme une flaque étonnement grouillante de vie artificielle qui s'écoule lentement et s'auto-dévore pour avancer plus loin. Comme un soleil qui éclate, comme un amas qui se boursoufle et gonfle.
Et sa respiration s'accélérait progressivement, souffle de forge anémié chargé de distorsions insupportables. Des mastodontes de métal décimaient le paysage vert à ma fenêtre.
J'oublierai tout
J'oublierai ma vie et la portée de mes actes
J'oublierai tous ces instants qui n'existent plus
J'oublierai ce que je crois savoir
Je veux oublier que j'ai jamais existé
...
= ajouter un commentaire =
Les commentaires sont réservés aux utilisateurs connectés.
= commentaires =
.
.
.
.
.
.
.
comme a chaque fois, a la fin de chaque bible, mes yeux cherchent desepérement des lignes imaginaires ou se formeraient des mots, les mots de nihil et qui continueraient ses phrases....
j'en veux encore.... abreuve moi de tes paroles nihil....
je t'aiiiiiiiiiiimeee!!!
(encore un chef d'oeuvre, bravo)
comme a chaque fois, a la fin de chaque commentaire, mes yeux cherchent desepérement des lignes imaginaires ou se formeraient des mots, les mots d'ocus et qui continueraient ses phrases....
j'en veux encore.... abreuve moi de tes paroles ocus....
je t'aiiiiiiiiiiimeee!!!
(encore un chef d'oeuvre, bravo)
Je vais construire un temple en l'honneur de nihil afin de le vénérer comme il se doit.
Ocus, tu veux m'aider ?
Euh, nan, moi là je cherche plutôt ma vie, euh là... même pas mal...
Je crois qu'on va tous finir dans une clairière du Jura... nos corps seront disposés en pentagramme quand les gras indigènes les decouvriront calcinés... un bout de métal aura été logé dans nos tronches quelques heures plus tot, par les bons soins de MC nihil et son saint gloc 9mm, il nous aura aspergé de kérozen avant que lui meme ne se repende la gueule et qu'il ne se jete dans le feu de joie qu'il aura allumé pour St Con du millenium !
Ashes to ashes, dust to dust, Beep bop a loola be my baby !
vive cette souche dormante de la secte du temple solaire qu'on appelle la zone...
Quand y en a marre, ya malabar ? je m'en vais de suite leur soumettre l'idee qu'il collent des bouts de la bible du neant dans leur chewing gum à la place des BD comiques à la con qui nous génèrent des legions d'optimistes...
Glups mais n'empeche j'ai bien aimé... j'entends comme un appel d'air...
Comment nihil aura-t-il peut sauter dans le feu de joie si au prealable il s'est fait sauter la gueule ? Ah les mystères de la relecture...
je sens encore les restes de frisson sur ma peau....
Parfait....c'est exactement cela !