LA ZONE -

__to_do_list.txt

Le 28/04/2025
par Lapinchien, Pute à frange
[illustration] jeudi 10/04/25
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TRUCS à FAIRE TOUS LES JOURS
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- réveil vers 3h, puis 5h puis 7h par les cris et miaulements de Nietzsche
- pisser
- vérifier l'eau de Nietzsche
- donner son médicament à Nietzsche
- donner à manger à Nietzsche
- chier
- ajouter une entrée avec la date du jour dans __to_do_list_Nietzsche.txt
- prendre les médocs avec du coca zéro
- mettre à jour __to_do_list.txt
- mettre à jour la section écriture/idées non exploitées/ en fonction :
__* des rêves
__* introspections en cherchant le sommeil
__* obsessions nocturnes
__* idées suites aux prières à la Sainte Vierge Marie
- se vider les couilles
- bouffer un sandwich triangle
- se laver
__* les dents (heu... demain peut-être ?)
__* le corps (pas aujourd'hui... oh, ça non.)
__* l'âme (ABSOLUMENT§§§)
- vérifier les notifications
__* lire/regarder/visionner
__* liker ou pas
__* noter sur __to_do_list.txt les trucs auxquels répondre plus tard
- vérifier les messageries
__* téléphone
__* email
__* noter sur __to_do_list.txt
____° les rendez-vous à annuler au dernier moment
____° les trucs à reporter parce que je le sens pas
_ faire un tour des réseaux sociaux
__* détection de bullshit à partager
__* relancer les rares commentaires en essayant d'être un minimum drôle
__* inviter des tas de gonzesses liées de près ou de loin à la littérature à être mon amie
__* piller 2 ou 3 débuts de listes followers de mes contacts dans le domaine littéraire
- aller sur lazone.org
__* vérifier le courier sur l'adresse mail de lazone.org et y répondre
__* faire des drive by fréquents sur les commentaires s'il y a des textes commentés
__* faire un tour sur le forum de temps à autres
____° traiter les MP
____° répondre aux posts en essayant d'être un minimum drôle
____° partager des trucs
____° comploter dans la section admin
__* vérifier les textes en attente
____° chercher les mots "feu", "brûler", "combustion" dans les nouveaux textes arrivés
____° essayer de deviner à quel AAT les textes entrants correspondent
____° mettre à jour la liste de publication en donnant un max d'infos aux admins

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TRUCS à FAIRE aujourd'hui
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1) se couper barbe et cheveux (comme hier, peu de chance que ça arrive...)

2) texte du jour publié sur la Zone :
- attendre si personne n'a rien publié à 20h
- sinon publier un texte
- faire son kit de communication au plus tôt et le propager sur :
__* Instagram (publication et story) (garder la musique illustrant la story de coté)
__* Facebook (fil perso, page publique, groupe privé)
__* Discord (demander à Pute à frange de donner son avis)
__* X (après avoir traduit en anglais le descriptif/critique du texte publié du jour)
__* Youtube (après avoir récupéré la story Instagram et l'avoir convertie en short) (retrouver le lien vers le clip de la musique illustrant la story)
__* LinkedIn (parce ce que t'es complètement cramé de la tronche et que t'en as plus rien à foutre)
- Tout consigner sur __to_do_list_reseaux_sociaux.txt

3) Continuer à détourner des trucs pour communiquer (exemple du clip des nocturnales du samedi soir)
- se focaliser sur la Saint-Con 2025 à présent
- ne plus communiquer sur le Redbubble parce que le second degré et les cibles attaquées ne sont pas compris
- ne plus faire de "mèmes" avec des gens connus pour éviter la diffamation et la calomnie comme stratégie marketing
- j'ai d'autres idées en tête et je pense les alterner :
__* "mème" moins fréquents avec lapinchien (mais sans montrer de produits dérivés)
__* annonce vidéo avec les acteurs connus qui jouent des écrivains et communiquent avec des machines à écrire dans l'espace et le temps
__* faire des clips de chansons pour faire le focus sur des zonards et storytelliser l'actu du site
__* faire des tests d'audiobooks (chercher une techno gratuite pour le text to speech et le clonage de voix)
__* pourquoi pas une pétition délirante sur change.org (ça fait longtemps) ?
- Tout consigner sur __to_do_list_memes.txt

4) la Zone :
- lancer la Saint-Con 2025 (C4EST AUJOURD4HUI? PUTAIN DE SA M7RE §§§)
- lancer des rendus d'images sur Grok pour les illustrations de quelques textes à publier prochainement
- contacter les gens ayant liké des trucs épinglés sur nos comptes Facebook et Instagram (putain de pêche aux mollusques quotidienne)
- trouver quelques célébrités sur les réseaux sociaux pour faire preuve de répartie sur leurs posts et les consigner dans le topic "la Zone lâche son com" (trophées de guerre huhu)
- relancer les auteurs identifiés sur Instagram pour les inviter à communiquer sur lazone.org et leur promettre une panthéonisation en contrepartie
- communiquer sur un sujet aléatoire du jour pour alimenter la section = les chiottes = à la Une sur Insta
- communiquer sur les AAT en cours d'une manière ou d'une autre :
__* Saint-Con qui débute et dont la date limite de dépôt des contributions est repoussée
__* les ateliers d'écriture : nocturnales du samedi soir sur le forum
__* l'hommage pour les 20 ans sans prendre d'acide de Hunter S. Thompson (essayer de trouver des sites partenaires internationaux)
__* le texte collectif en cours pour créer de l'émulation et des inscrits sur le forum
- Tout consigner sur __to_do_list_lazone.txt

5) continuer à écrire le plan voire mon texte de Saint Con (l'appel à texte se finira lorsqu'on n'aura plus de texte de Saint-Con en attente de publication)

6) prendre rendez-vous avec le psychiatre au CMP ou à l'HP (probablement que je ferai ça plutôt demain... encore...)

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ECRITURE
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A) En cours :
__1) saint-con2025 : texte __to_do_list.txt (quelle inventivité ! quelle mise en abîme ! du pur génie !)
__2) texte AAT Hunter S. Thompson (la date limite est le 1er juin et il y a beaucoup à faire)
__3) délire bookstagram (une communauté mega che-lou à partir de minuit)
__4) truc parafoutral avec un prètre
__5) texte collectif en cours : Jack et le 3615 ULLA à l'occasion du 3615ème texte publié sur lazone.org

B) idées non exploitées :
- les styles, écoles zonards en commentaires du texte "lapinchien unleashed"
- Bonhoeffer.bxt (trouver une approche alternative à celle du film avec Tom Cruise)
- expliquer ce qu'est la grand cause littéraire
- chercher à optimiser la production de trombones
* CENSORED *
- the pill - salaryman
__* stalking de la chanteuse
__* échanges sur Instagram
__* aventure improbable pour un agoraphobe - descente express en Allemagne pour aider la chanteuse à récupérer une arme chez un amant (ça se finit en gros merdier)
- point d'entrée chronocratique dans ce gros bordel informe, linéarisation storytellique de l'univers onirique en cours.
__* expliquer l'origine de l'univers et des formes de vie (Processus et ses hypothèses)
__* expliquer la finalité de l'univers (déjà clairement explicité dans Digressions Fractales pourtant)
* CENSORED *
__* pourquoi la recherche du contrôle absolu de la Chronocratie au delà de la rétention du pouvoir ?
__* la rétroaction temporelle par l'introduction d'anachronismes
=> des objectifs aussi difficiles à atteindre et paradoxalement aussi abordables que n'importe quel autre objectif dans la vie in fine (comme par exemple : SORTIR DEHORS? BORDEL§§§)
- erreur d'orthographe dans le descriptif d'un texte qui se propage partout dans le kit de com, sur Internet, le monde et l'univers comme un gros bug (OH PUTAIN mais y a Brazil de Guilliam déjà, fausse pioche)
- Philosophie de vie : Rien ne se perd, rien ne se créé, tout se transforme. Alors autant choisir quelque chose de positif en quoi une erreur se transforme.
* CENSORED *
* CENSORED *

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PLANNING
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I) 11/04/25 : renouvellement AAH
- document reçu sur le site de la CAF
- voir la possibilité ou non de le faire en ligne
II) 11/04/25 : demander informations sur site des impôts pour facture d’hôpital bizarre
III) 11/04/25 : lettre recommandée à Foncia
- récap avec Yola à son retour de Varsovie
- lettre recommandée réponse
IV) attente d'un nouveau rendez-vous pole emploi, pole avenir, france avenir, france travail, mes couilles
VI) mercredi 30 avril 10h RDV psychiatre DOCTEUR * CENSORED * - les Mûriers
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Cette liste dans un simple fichier texte, c'était Jack, le gars derrière le pseudo lapinchien sur lazone.org , qui la tenait. Il était complètement barré, ça c'est sûr. Mais sans sa to do liste, il aurait été encore plus perché voire mort à l'heure actuelle. Jack hurlait à la lune, ses cris déchirants s'éparpillaient dans la nuit comme des feuilles mortes emportées par l'automne. Il suppliait, les mains jointes, un certain lapinchien, ombre énigmatique, de sortir de son existence, de le laisser enfin seul dans son chaos. Les murs de sa chambre s'étaient mués en silencieux témoins de sa détresse, les étoiles scintillaient comme des diamants glacés, indifférentes à sa souffrance. Il vociférait, les veines de son front saillantes, exorcisant ainsi le démon qui le hantait : lapinchien, ce fantôme qui refusait de se matérialiser, de prendre chair et de s'incarner pour répondre à ses appels. Les horas sonnaient leurs tintements lugubres, le vent gémissait dans les rues, et Jack, isolé dans son malheur, criait à nouveau, sans espoir de réponse, uniquement pour entendre l'écho de sa propre voix : "lapinchien, lapinchien, pourquoi ne viens-tu pas me délivrer de cette folie? Pourquoi ne me laisses-tu pas tranquille ?" Mais cette fois-ci, le lagomorphe répondit. "Au commencement était le Verbe puis la lumière fut..." puis il lança nonchalamment son habituel "Tout est storytellling..." avant de se taire et d'ouvrir au maximum les vannes du flux dirigé vers Jack qui se mit à hurler de douleur.

Seul moyen pour Jack de reprendre un minimum le contrôle : se rendre sur le web. Les Internets, un interminable Mardi Gras duveteux ponctué par le rythme des notifications, l'avaient accueilli à bras ouverts. Chacun y portait un masque, on ne savait jamais à qui on avait affaire. Et les trolls étaient probablement les plus honnêtes de tous. Chacun s'y amusait bien planqué derrière un loup, tentant de se convaincre qu'ainsi il compartimentait sa vie alors qu'elle se déroulait à l'identique In Real Life. L'illusion du contrôle. Jack savait qu'à sa mort, il franchirait les portes du Paradis avec pour fond sonore "Come To The Mardi Gras" interprété par Bing Crosby et Rosemary Clooney. lapinchien-le-lui avait promis. Aussi, c'était cette musique qui était en tête de sa playlist qu'il lançait quand il se connectait au net, comme pour se rappeler que tout y était faux-semblant et fake, mais qu'en fin de compte, ce n'était pas grave, qu'on s'y amusait comme un jour de fête éternel à Rio de Janeiro plein de confettis, de cotillons et de personnages hauts en couleur communiant à l'unisson dans des parades enflammées.

Jack était admin depuis presque un quart de siècle sur le site de littérature underground lazone.org . Il venait de louper de peu son 11.111ème message sur le forum de la Zone et il l'indiquait à tout le monde en postant une image liée sur Imgur où il avait pris la peine d'entourer le nombre au marqueur rouge. Encore un truc dont personne n'en aurait rien à battre mais les nombres c'était un peu son obsession, lapinchien lui ayant révélé que si les mathématiques collaient aussi bien à la réalité, c'était simplement parce qu'intrinsèquement la nature était seulement et purement mathématique. Une conjonction astrale avait d'ailleurs voulu que le 66.666ème commentaire de texte soit tombé à quelques jours d'intervalle. Mais soudain, il y eut un cri strident qui vint tirer Jack de sa torpeur de web crawler en chair et en os.

C'était Nietzsche, le chat de Jack, qui poussait à nouveau une gueulante aléatoire, la douzième depuis 3 heures du matin. Le pire c'est qu'il gueulait sans la moindre raison et Jack avait mené sa petite enquête avant de se rendre à l'évidence. Pas faim, pas soif, pas mal, pas besoin de caresses. Yola l'avait emmené plusieurs fois chez le vétérinaire et certes, Nietzsche sur ses 17 printemps n'était plus tout jeune et il fallait scrupuleusement surveiller son alimentation en lui administrant de l'Eluracat 20mg/ml mais ceci n'expliquait pas ses vocalises invraisemblables dont tout le voisinage se plaignait. L'animal de compagnie était simplement totalement frappadingue comme son maître et il hurlait à la mort à en transpercer l'âme de Jack, à le faire sombrer dans la folie furieuse à chaque fois que ça se produisait, tout bonnement hors de tout contexte. C'était totalement What The Fuck, ça se produisait 30 fois par jour et Jack avait tout tenté, impossible de réguler ce qui n'avait aucun sens. Nietzsche gueula pendant un bon quart d'heure puis il s'endormit dans son panier.

Jack était complètement, en bon agoraphobe, infoutu de mettre les pieds en dehors de chez lui. Et ça avait été comme ça depuis son adolescence mais cette fois-ci, il dépassait les bornes. Il vivait chez lui, reclus, en mode ermite depuis des mois. En fait, il n'était pas sorti depuis début décembre de l'année précédente. Ceci ne l'empêchait en rien de travailler comme un forcené, par et pour lazone.org, qui était devenue pour lui la seule motivation, à part Nietzsche, d’enchaîner une nouvelle inspiration après une expiration qui si, elle avait été la dernière, n'aurait posée aucun problème à Jack, même que cela aurait été plutôt bienvenu. La veille Jack n'avait pas pu se rendre à un rendez-vous qu'il avait chez le psychiatre aussi avait-il obtenu une consultation téléphonique à la dernière minute :

- ça fait longtemps qu'on ne s'est pas parlé, Jack, que devenez-vous ?
- et bien ça ne va pas fort, vous savez...
- racontez-moi.
- J'ai un milliard d'idées à la seconde et il faut absolument que je mène la moindre idée à terme, que je la concrétise. Je suis totalement multi-tâche et je travaille toute la journée et même toute la nuit aussi, je mène des dizaines de projets de front en simultanée jusqu'à m'épuiser totalement et faire un malaise vagal, ou j'sais pas quoi, en tous cas tomber KO et m'endormir profondément pendant quelques heures avant d'être réveillé par les cris de mon chat malade. Et ça fait 6 mois que c'est comme ça.
- Vous gagnez de l'argent avec ces projets ?
- Pas le moindre centime mais l'argent ce n'est pas ce qui donne un caractère vital ou essentiel ou primordial à un projet et...
- Il vous arrive de dépenser de l'argent de manière impulsive ? Des sommes importantes en un claquement de doigts ?
- Ben, hier, je me suis abonné à l'IA Grok d'Elon Musk sur un coup de tête, effectivement, mais c'était pour la bonne cause... parodier Marine Le Pen avec un bracelet électronique... ça m'a coûté 100€, ce qui est une grosse somme pour moi.
- Je vois. Et comment priorisez-vous vos idées ?
- Oh non, je ne fais pas cela, je les mène toutes de front et en parallèle. Elles sont toutes géniales et il me faut absolument les conduire jusqu'à ce qu'elles soient finalisées. Mais je vous avoue que j'ai une to do liste qui me permet un minimum d'en noter certaines, celles que je ne peux pas traiter de suite. Et j’exécute alors ma to do liste comme un operating system le ferait avec un programme, sans me poser la moindre question, le plus rapidement et avec une efficience optimale.
- Vous êtes irritable et avez de la difficulté à remplir vos obligations professionnelles, familiales et sociales, n'est-ce pas ?
- C'est exactement ça. Je suis focalisé à 100% sur le site littéraire que je co-administre, ce sont de très beaux projets et on vit une transition importante. Et ça implique des dizaines et des dizaines de personnes. ça a même des ramifications à l’international et...
- Et pour l'irritabilité ?
- ME COUPE PAS LA PAROLE? FAIT PAS CHIER? SALOPE §§§
- ...
- ...
- Ok. Je vois.
- Désolé, docteur...
- Ne vous en faites pas. Jack, d'après ce que vous me dites, je pense que vous traversez un épisode maniaque.
- Ah ? C'est quoi ce machin ?
- Et bien ça s'exprime de la façon suivante et c'est souvent précédé de ces symptômes annonciateurs : une impression agréable d'énergie décuplée, de créativité ; une facilité dans les échanges sociaux ; un sentiment d'euphorie, d'exaltation. Vous cochez toute les cases, Jack.
- Et c'est grave ?
- Vous allez de suite arrêter de prendre vos antidépresseurs et doubler la dose de neuroleptiques.

Si seulement la psychiatre pouvait se douter d'un epsilonième de la réalité réelle, celle que Jack ne se résoudrait jamais à lui dévoiler de peur d'être interné sur le champs... lazone.org était le seul endroit où ce chômeur longue durée pouvait désormais socialiser, lui qui avait brutalement, probablement suite à un burn out, coupé les ponts avec tous ses anciens amis et collègues. De toute manière Jack était fondamentalement un gros asocial depuis toujours, il ne comprenait rien au small talk et n'y voyait que de la perte de temps. Il ne se souvenait même plus de la dernière fois où il était sorti de chez lui. Il était devenu une ombre pour sa femme, Yola, et elle-même était devenue une ombre pour lui. C'est à peine s'ils s'adressaient la parole de toute la journée tant qu'elle subvenait à ses besoins vitaux, essentiellement le ravitaillement en coca zéro et autres vivres comme des sandwichs triangle. Jack se clochardisait chez lui. Son hygiène était plus que douteuse. Ses cheveux et sa barbe étaient en friche, à l'abandon. Ses ongles, qu'il n'entretenait plus, étaient démesurément longs et sales.

La cause de son état lamentable ? La raison de sa descente en vrille piquée ? Un souvenir de sa mère 8 mois plus tôt lui revint. Elle gisait, hémiplégique, victime d'un AVC qui avait ravagé son corps, ça s'était produit alors que Jack lui rendait visite chez son frère. Elle laissait derrière elle un sillage de douleur et de désespoir. Son état se dégradait depuis des mois et sa prise en charge, surement très coûteuse, Jack l'éludait tout bonnement de son concevoir, une stratégie d'évitement probablement puisqu'il ne gagnait que le minimum vital avec sa pension d'handicapé mental et que son frère devrait prendre leur mère en charge, seul, tout seul. Les prières du soir de Jack devenaient le seul refuge à sa honte et son impuissance, son cri vers le ciel pour que le paradis blanc, où il retrouverait son chat adoré pour une éternité de bisous, de caresses et de grattouilles, l'attende bientôt. Mais la réalité était implacable, et Jack ne pouvait fuir que dans l'action, fuir face à la frayeur de penser à la détresse de sa mère et à l'abandon dans lequel elle se serait trouvée s'il n'y avait pas eu ce frère formidable au plus haut point. Ses relations avec lui s'étaient dégradées, chaque jour un peu plus, comme si le fardeau de la prise en charge de leur mère avait creusé un fossé infranchissable entre eux.

Jack vivait les aventures extra-ordinaires d'un héro contemporain, tout le contraire des futilités Instagram : bonheur, voyage, bohème, luxe, auto-marketing, tourisme, développement personnel, botox, duckface, mes couilles sur ton front, salope. Il prônait la découverte statique par l'introspection et se réfugiait dans l'imaginaire, se voyant comme l'explorateur ultime de notre contemporanéité, l'Homme qui repoussait les frontières de la folie furieuse, prospectant la littérature underground dans ses aspérités subatomiques, explorant des contrées mentales et intellectuelles vierges, inconnues même de ses pairs immortels. La déchéance était un maigre tribut à payer pour cette quête de sens, pour cette soif de liberté qui le consumait. Et la clochardisation, cette extase du bas-fond, ce n'était rien, à coté de son aventure intérieure et de ses introspections insondables. Il se comparait à un astronaute qui vivait dans la promiscuité pendant des mois sans se laver réellement, macérant dans ses fluides corporels pour que triomphe l'humanité, pour que soit célèbre la gloire de l'espèce. Il était perdu dans ce labyrinthe de pensées, mais il savait qu'il devait continuer, que c'était là le prix à payer pour atteindre l'éternité ou tout du moins trouver un vrai travail comme s'investir à 100% dans lazone.org lui semblait la dernière porte de sortie du chômage longue durée alors qu'il titillait avec la cinquantaine.

Jack ,juste après cet épisode calamiteux, n'allait pas bien, mais alors pas bien du tout. Il avait rapidement sombré dans la catatonie la plus crasse et la plus dévorante des dépressions. Pour se sortir du plus vil des abattements, il lui fallait un électrochoc. Et c'est lapinchien qui lui souffla une idée qu'il allait suivre à la lettre, littéralement. Jack avait besoin du coach de développement personnel minimal, mais un coach sans ses théories fumeuses et les bullshits ornementaux. Il lui fallait l'assistant de conduite de projet le plus basique, le gourou le plus con de la terre : ce serait une to do liste faite à partir d'un simple fichier texte sur Notepad. Il y structurerait ses objectifs et les prioriserait afin de les atteindre à échéance fixée. La to do liste représentait le dernier espoir d'auto-discipline pour se sortir de ce mauvais pas, de ce cadeau empoisonné de la vie.

Jack avait rédigé une liste, une-simple-liste, une to do liste, mais cette liste était devenue son talisman, son sauveur, son exorciste. Elle l'avait tiré de l'abîme de la dépression, de l'inaction par rapport aux problèmes de ses proches contre lesquels il ne pouvait absolument rien faire, de sa lente agonie de ne pouvoir gérer ses propres problèmes avant d'envisager de s'attaquer à ceux d'autrui. Au début, elle était brève, quelques lignes griffonnées sur un bout de papier, mais elle avait grandi, s'était étendue, comme une créature vivante, prenant possession de son esprit. Elle lui servait essentiellement à administrer lazone.org et organiser ses idées, plans d'action et textes à écrire pour ce site littéraire underground où les écrivains maudits, les poètes dérangés, les fous de la plume se retrouvaient pour célébrer leur culte secret. La liste avait grandi, s'était multipliée, comme une armée de tâches, de missions, de défis. La frénésie l'avait pris, l'avait saisi, comme un possédé, un médium, un canal pour les idées, les émotions, les pensées. Il était devenu un être en mouvement, un être de lumière, un être de feu.

Pour la grande festivité annuelle de lazone.org , la Saint-Con, concours de nouvelles au cours duquel il fallait brûler un con dans un texte, Jack avait eu l'idée de balancer, telle quelle, sa to do liste après avoir pris soin de bien l'agencer et la retravailler un minimum. Il ne savait pas, au moment où il avait décidé de la chose, quel con encore il allait flamber mais trouvait le concept original. Jack fut pris dès le début dans une sorte de maelström mental : Quel titre allait-il bien pouvoir donner à son texte ? Il pensa d'abord à 'The doer' , rapport à lui sujet de sa to do liste mais c'était trop abscons. Puis à 'lost in storytelling' rapport à... non en fait, c'était trop évident. Puis à 'Gesamtkunstwerk' mais c'était trop cryptique. Puis à 'flushing my brain', trop débile. Puis à 'FAIL', trop direct et incomplet. Puis à 'my own personal MS project', trop un truc de geek. Puis à 'le nouvel Hogwarts ' car il ambitionnait de faire de son texte une licence rapportant plus de fric que 'Wizarding world' de J.K.Rowling mais la peur du copyright le fit se raviser. Et il opta finalement pour '__to_do_list.txt' comme après tout c'était le titre le plus simple et le plus évident.

Au début, Jack voulait balancer sa to do liste telle quelle dans les textes en attente, formatée comme une vraie to do liste qu'elle était, sans autre explication ni rédaction, juste en s'exprimant au travers de commentaires dans la plus softcore des versions. Son intention était de rendre un texte brut et sans concession de mise en forme, mais ça restait trop hermétique et indéchiffrable. Aussi il opta pour ce compromis : Plonger petit à petit dans la rédaction, faire en sorte que les commentaires prennent de plus en plus de place jusqu'à ce qu'ils prennent totalement le dessus sur la liste et que le fond l'emporte sur la forme. Et ça aurait dû être simple, épuré, très mécanique et implacable mais, dans les faits, c'était tout bonnement le contraire de la vérité qu'il vivait, de l'art contemporain à la con, un abominable mensonge, alors il ne put s'y résoudre. "Par ailleurs, on n'a pas totalement le contrôle sur le devenir de ce qu'on écrit.", Se disait Jack à lui-même.

Jack s'éloigna en déséquilibre de son laptop et dodelinant : "Au secours, les poètes mongoliens attaquent ! Ils déversent leur chiasse littéraire sur les pages, les groupes, les comptes de la Zone, une diarrhée de mots qui souille les réseaux sociaux." Puis il s'arrêta net.

Dans la tourmente de sa créativité, Jack était souvent interrompu par son chat Nietzsche, qui perturbait la frénésie de ses pensées, soit par ses miaulements hallucinants, soit parce qu'il vomissait partout, laissant derrière lui une trace de souffrance, du dégueulis qu'il fallait nettoyer. Nietzsche était un chat malade, qui perdait du poids à vue d'œil, son corps fragile et décharné, un reflet des maux qui habitaient son propriétaire. Mais Jack se souvenait du jour où il avait rencontré Nietzsche, un weekend où il faisait encore du zèle au boulot, à mille lieux de se douter qu'on allait bientôt le remercier. Il avait entendu un cri, un cri qui lui avait glacé le sang, un cri qui l'avait fait accourir vers le balcon au rez-de-chaussée d'un immeuble. Il y avait trouvé un chaton, tout noir, abandonné, à peine âgé de quelques jours. Le chaton gueulait pour survivre, son cri était une supplication, une prière pour ne pas être laissé à l'abandon, à une mort certaine. Jack l'avait entendu à plusieurs blocs et rues de lui, pensant que c'était une alarme qui s'était déclenchée inopinément. Il avait ramassé le chaton, l'avait serré contre son cœur, et avait su, à cet instant, que leur destin était lié à tout jamais. Maintenant, Nietzsche était devenu son compagnon de route, son confident, son ami, son petit gaminou chéri, le centre de son univers. Il l'accompagnait dans ses nuits blanches, dans ses jours de créativité, dans ses moments de désespoir. Et lorsque Nietzsche criait sans la moindre raison, rongé par la folie, Jack se souvenait de ce cri primal, de ce moment où leur vie avait basculé, où leur destin avait été scellé. Très rapidement, Jack lui avait dédié un __to_do_list_Nietzsche.txt pour rapporter tout ce qui arrivait à son chat et assurer son suivi auprès du vétérinaire où Yola l'emmenait de temps en temps.

Parfois Jack ne savait plus s'il retranscrivait ses idées dans sa to do liste ou bien s'il était en train d'écrire ce texte, le texte __to_do_list.txt pour la Saint-Con. Alors perdu, il tournait la tête, regardait le lecteur au fond des yeux et se lançait dans une longue tirade : "Très cher lectorat, lapinchien existe vraiment. Ce n'est pas juste mon nom de plume et mon avatar. C'est un être du second ordre, une créature d'une autre réalité ou plutôt entre les réalités. C'est mon démon Renard à moi, Jack, en dedans de mon moi-même comme il le dirait lui-même puisqu'il est fan de Naruto, le manga japonais. D'anciennes cultures en auraient fait un djinn ou un démon. C'est juste une onde inter-dimensionnelle baignant dans un milieu sub-hypothétique du Processus. Il plonge son flagelle dans notre univers-bulle et en parasite le storytelling en cours, l'infléchit par sa propre considération et bon vouloir. Il prend des hypothèses qui y barbotent pour cible et les parasite. Dans mon cas, mais je ne suis pas sa seule cible, il en a des milliers en songes parallèles, oui, dans mon cas, il me balance son inspiration foisonnante (et c'est peu de le dire) en permanence, un flux continu compact et dense de storytelling pur du second ordre, des tétrachiées de cycles de calcul dérobées aux priorités supérieures pour assurer la connexion et booster ce que je prends pour de la créativité... C'est dur, je vous l'assure, d'être irrigué en permanence d'un flux continu d'idées géniales d'un démon subhypothétique, à la limite du supportable. Je dois coucher ses bribes de pensées sur un coin de nappe, des rouleaux de chiottes, un dessous de verre, du papier, un fichier Word, tout ce que j'ai sous la main quand ça déborde, pour ne pas perdre le fil de sa pensée car c'est encore pire d'être bombardé par des raisonnements dont on entrave que dalle. lapinchien tient mon destin en main et il m'interdit de parler de lui frontalement sinon il m'a bien prévenu qu'il infirmerait l'hypothèse que je suis, sans le moindre préavis. Je me risque à le faire en ce moment même car il n'est pas là, il traite de milliers de parasitages de notre réalité de manière synchrone. Je sens quand il est en train d'infléchir mon devenir, ne vous en faites pas pour moi et mes aveux. Il n'en saura rien cette fois. Et ça fait plus de vingt ans que je donne des indices de son essence véritable sur la Zone sans que personne n'y prête attention. Dans la tête de lapinchien, il y a un grand enfant et ça rend la chose encore plus paroxistiquement flippante. Il vit dans un manga japonais. Son modèle est Naruto Uuzumaki. Il fait des blagues nulles à chier tout le temps et finit toujours par se ridiculiser avant de l'emporter déjouant tous les pronostiques. C'est un gros débilou en somme mais un gros débilou omnipotent et dangereux. Le pire ce sont ces rires enregistrés et applaudissements qu'il entend en permanence dans son concevoir comme s'il vivait son existence entière dans un sitcom des années 80-90. Pourquoi m'a-t-il choisi ? Pas la moindre explication valable à ce sujet quand il daigne m'en parler. Telle est ma condition de damné, tel est mon sort maudit et je ne peux rien y changer. Je vous épargnerai toute mes tentatives vaines de riposter, de l'ignorer, d'augmenter mes doses d’antipsychotiques, de me droguer, des centaines de stratégies qui ont toutes échouées..."

Dans l’antre exiguë de son esprit, où s’entassaient des pensées comme des parchemins froissés, Jack griffonnait frénétiquement sur sa to-do list, ultime rempart contre le déluge d’idées que le lagomorphe, cette entité insaisissable, déversait sans relâche. Chaque phrase, chaque éclair de génie ou d’absurde, était capturé dans un fichier texte interminable, où s’entremêlaient des notes à supprimer, d’autres à déplacer, certaines à rédiger plus tard, comme si le temps pouvait domestiquer ce chaos. Alors que Jack était parti pour manger un sandwich triangle, une notification stridente de son téléphone - un message futile sur un réseau social - venait trancher le fil de sa pensée. Jack, distrait, grattait sa peau, là où des parasites interdimensionnels, contractés au contact du flux storytellique du second ordre, avaient laissé des cercles solides, des verrues mouvantes, des vers qui dansaient sous son derme. Ces créatures, insidieuses, se propageaient à travers les dimensions, et leur éradication exigeait un rituel chronophage, un ballet d’incantations et de gestes précis qui vidaient Jack de son énergie. « Note à rédiger : acheter du sel consacré », scribouilla-t-il, avant de supprimer une autre ligne devenue obsolète. Une nouvelle alerte vibra sur son Motorola bidon : de nouveaux followers sur Instagram, suivi d’un énième mème partagé par un contact lointain. Homo notificus, voilà ce qu’il était devenu, esclave de ces bips incessants qui fractionnaient son existence. "La notification, la meilleure invention et le pire des maux du siècle.", Se répétait-il souvent. Ses ongles, qu’il laissait pousser pour extirper les vers grouillants sous sa peau, raclaient nerveusement le papier, tandis que son chat, lové à ses côtés, réclamait des gratouillis, ronronnant sous les caresses d’une main distraite. Nietzsche lança comme une gueulante jaillie d’un abîme, alors que Jack, exaspéré, déplaçait une note et créait un nouveau paragraphe entouré d'astérisques, ajoutait une autre note plus haut, puis en supprimait définitivement une troisième, incapable de suivre le rythme imposé par le lagomorphe. Une verrue palpitait sur son avant-bras, et il songea au rituel, à ces heures perdues à psalmodier face à un miroir fêlé. Une notification clignota : « Vous avez 17 messages non lus. » Il soupira, griffonna « ignorer les réseaux sociaux », puis effaça la ligne dans la foulée - une promesse vaine. Le lagomorphe, indifférent, continuait de murmurer des idées, des fragments de poèmes géniaux, des théories hors normes, et Jack, submergé, notait, rayait, déplaçait, tandis que Nietzsche s’étirait paresseusement, indifférent aux parasites, aux listes et aux voix dans la tronche de Jack qui résonnaient dans l’ombre.

Voilà 3 semaines que Jack, pris dans l'inconsistance des hurlements de son chat, remplaçait inconsciemment tous ses miaulements par des citations de son homonyme philosophe à deux pattes. Dans l’étroit réduit de sa chambre, où la lumière blafarde d’une lampe à pétrole vacillante peinait à chasser les ombres, Jack sentait sa raison vaciller sous l’assaut incessant des idées que lapinchien, cette créature chimérique, déversait dans son esprit comme un torrent déchaîné. Son viel ordinateur portable, un ASPIRE 4810TZ datant du début des années 2010, trônait sur le bureau, vestige d’une époque révolue, ses touches récalcitrantes refusant d’enregistrer la moitié des lettres qu’il martelait dans ses comptes-rendus frénétiques. « L’homme est un abîme, un gouffre miaulant ! » rugit soudain Nietzsche, sa voix tonnant comme un éclat de foudre dans le chaos mental de Jack, qui sursauta, manquant de renverser une tasse vide. Une notification stridente vibra sur son téléphone : un rappel inutile pour une promotion sur des chaussettes fluorescentes. Le clavier merdique de l’ASPIRE avalait des mots entiers, transformant ses notes en charabia, tandis que lapinchien, indifférent, murmurait des théories absurdes sur la gravitation des âmes. Jack, chômeur de longue date, survivait avec une fraction de l’AAH, un maigre filet d’argent qui l’empêchait d’acheter un nouvel ordinateur, le condamnant à cette machine capricieuse. Une nouvelle alerte clignota : un message groupé vantant une application de méditation. « Méditer ? Mais je suis déjà noyé dans le néant ! » grommela-t-il, alors que l’écran de son portable, victime d’un faux contact dans sa charnière pliable, se mit à glitcher, strié de balayages horizontaux saturés de parasites visuels. Il tapa doucement sur le côté, pestant contre les heures perdues à stabiliser cette ruine technologique. « La volonté de puissance hurle dans le vide ! » miaula Nietzsche, ses mots résonnant comme un défi, tandis que Jack tentait de noter une idée de lapinchien - quelque chose sur des papillons cosmiques - mais le disque dur, saturé malgré ses sauvegardes frénétiques sur Google Drive, grinça, englué dans des latences interminables. Une troisième notification surgit : un mème idiot envoyé par un cousin éloigné. Jack ignora l’écran, conscient du danger qui le guettait : l’entrée de la batterie, gravement endommagée, menaçait à tout instant de l’électrocuter. Il vivait dangereusement, mais que faire d’autre ? lapinchien, insatiable, chuchotait maintenant des poèmes décousus, et Jack, les doigts tremblants sur son clavier défaillant, peinait à suivre. Une quatrième alerte vibra : une invitation à un webinaire sur la productivité. « Productivité ? Avec cette épave ? » ricana-t-il, alors que l’écran glissait à nouveau dans un chaos de pixels. « Ainsi parlait le chat de Zarathoustra ! » hurla Nietzsche, sa voix perçant le vacarme mental, tandis que Jack, exaspéré, déplaçait une pile de notes sur Google Drive, luttant contre un lag qui figeait l’interface. Le disque dur, au bord de l’agonie, émit un cliquetis sinistre. Une cinquième notification tinta : une publicité pour des écouteurs sans fil. Jack, à bout, griffonna une phrase à la main, craignant que son portable ne rende l’âme. lapinchien, imperturbable, continuait son déluge, saturant son concevoir de visions absurdes - des océans de plumes, des horloges fondantes. L’ASPIRE, comme un vieux compagnon mourant, toussait sous la charge, et Jack, conscient du risque d’électrocution, tapait avec précaution, chaque mot arraché à la machine comme une victoire. « Le surhumain miaule dans l’éternel retour ! » tonna Nietzsche une dernière fois, tandis que Jack, épuisé, fixait l’écran vacillant, sa raison chancelant sous le poids des idées, des glitches et des bips incessants qui ponctuaient sa vie précaire.

Jack s’immergeait dans l'écriture d’un texte fiévreux proposé sur lazone.org , ses doigts dansant sur le clavier sous la lueur blafarde de sa lampe à pétrole. Les mots, âpres et tranchants, semblaient s’aligner dans un ordre presque mystique, quand un miaulement strident de Nietzsche, son chat noir aux yeux d’ambre, vint briser sa concentration. Le félin, juché sur une pile de manuscrits, réclamait une attention impérieuse, ses griffes frôlant dangereusement un carnet de notes. À peine Jack avait-il apaisé la bête d’une caresse distraite que son téléphone vibra, une notification de Messenger clignotant comme une intrusion profane. Un certain Undertaker34, inconnu au bataillon, engageait une conversation banale, ses messages s’accumulant avec une insistance agaçante. Jack, tiraillé entre son œuvre et ces sollicitations, répondit par politesse, ses pensées déjà ailleurs, prisonnières des vers inachevés.

Undertaker34 : Bonsoir comment allez vous
(...)
(...)
Jack : ça va. merci et vous ?
Undertaker34 : Oui je vais bien merci et le week-end se passe bien j’espère
(...)
Undertaker34 : Moi je me prénomme Undertaker34 je réside en région Occitanie précisément à Lattes, tu connais ?
(...)
Jack : non, je ne connais pas. Je m'appelle lapinchien et j'habite sur lazone.org
Undertaker34 : Ok enchanté je suis ravi de te connaître
(...)
Undertaker34 : Si tu me permet quel âge a tu ?
(...)
(...)

Jack prit son élan et, désespéré par la vacuité des internautes lambda, tapa absolument n'importe quoi en fermant les yeux.

Jack : 34_6z-Y76754cc@T3333ans et toi ?
Undertaker34 : Tu te fou de moi quoi
Jack : Qu'est-ce que tu veux ?
(...)
(...)

La discussion, futile et décousue, s’éternisa, chaque message d’Undertaker34 amplifiant l’irritation de Jack, dont l’esprit s’égarait loin des platitudes échangées. Nietzsche, comme en écho à ce dérangement, bondit sur le bureau, renversant une tasse de thé froid, son regard semblant juger l’absurdité de l’échange. Finalement, excédé par l’audace d’un interlocuteur trop curieux, Jack coupa court, son ton sec trahissant son impatience. Il éteignit l’écran de son téléphone, le regard fixé sur l’écran de son ordinateur, où les mots, naguère fluides, semblaient désormais figés. Nietzsche, satisfait de l’accalmie, s’enroula en boule sur un coussin, tandis que Jack, soupirant, tentait de renouer avec l’élan créatif brisé. La nuit, complice des poètes, reprit ses droits, mais l’ombre de cette interruption flottait encore, tenace, dans l’air saturé d’encre et de frustration.

Dans l’ombre vacillante de son appartement, Jack s’était éclairé à la lueur d’une lampe à pétrole, un trésor improbable acquis sur Wish pour moins de 50 euros, un achat qui l’avait rempli d’une étrange fierté. Le gros réservoir de l’objet, orné de motifs désuets, semblait défier le temps, projetant des ombres dansantes sur les murs tapissés de notes et de souvenirs. Comparée à sa vieille lampe électrique, dont les ampoules coûtaient une fortune à remplacer - 10 euros pièce, au bas mot, pour une durée de vie médiocre -, la lampe à pétrole avait été une aubaine. Le carburant, acheté en bidons à 5 euros le litre, lui avait permis de tenir des semaines, contre les 15 euros mensuels qu’il déboursait autrefois pour l’électricité de son éclairage. Chaque soir, il avait réglé la mèche avec soin, économisant ainsi les frais d’une facture EDF toujours plus salée. Cette lampe, bien que rudimentaire, avait incarné une révolte silencieuse contre la modernité dispendieuse, un retour à une simplicité qu’il chérissait. Pourtant, l’odeur âcre du pétrole avait parfois irrité ses narines, un maigre prix à payer pour l’autonomie qu’elle lui offrait. Jack s’était souvent assis à son bureau, sous ce halo jaunâtre, calculant les économies réalisées : près de 100 euros par an, un petit pactole pour un homme aux moyens modestes. Cette lueur, à la fois chaude et fragile, avait accompagné ses nuits d’écriture, illuminant ses pensées comme un phare dans le brouillard de son existence.

Alors dans sa chambre cosy, où la lampe à pétrole crachotait une lueur incertaine, Jack s’acharnait à tisser des récits, fusionnant histoires et fragments d’idées pour ne pas laisser échapper la moindre étincelle jaillie de lapinchien, cette entité fantasque qui visait l’écriture supraluminique - une synthèse audacieuse de tous les genres underground amassés sur lazone.org depuis un quart de siècle. « L’homme est un pont, miaule l’abîme ! » rugit Nietzsche, sa voix perçant le tumulte de ses pensées, tandis qu’une notification futile - une pub pour des lunettes connectées - vibrait sur son téléphone, brisant sa concentration. Jack, administrateur de lazone.org, passait ses journées à lire les textes des zonards, à les publier, à les commenter, à vanter la Zone sur les réseaux sociaux, mais dès minuit, il s’abandonnait à l’écriture de ses propres récits, des mosaïques littéraires qu’il peaufinait pour le site. Son vieux clavier, aux touches usées, trébuchait sous ses longs ongles, qu’il négligeait de couper, et sa machine, une relique grinçante, avalait mal ses frappes, transformant ses phrases en charades mutilées. Une nouvelle alerte tinta : un rappel pour un live Instagram sans intérêt. « __Idée_nouvelle : fusionner le cyberpunk et le conte médiéval », griffonna-t-il sur sa to-do list, dont les deux underscores initiaux - astuce de programmeur des années 80 - garantissaient qu’elle trônait en haut de ses fichiers du dossier Zone. lapinchien, insatiable, chuchotait des visions : des cités englouties, des poèmes fracturés, des dialogues entre IA et sorciers. Jack, entre deux bouchées d’un sandwich rassis, revenait sans cesse à sa liste, notant frénétiquement pour ne pas perdre une idée géniale, tout en expurgeant les entrées trop cryptiques ou les poésies bancales, ces vers claqués au sol qu’il jugeait indignes. « Le storytelling, c’est créer, pas consommer comme ces drogués du mainstream, ces zombies de TF1 ! » marmonna-t-il, plaignant ceux englués dans la routine. Une troisième notification clignota : un message groupé sur un festival littéraire virtuel. « __Supprimer : métaphore hermétique sur les nuages quantiques », écrivit-il, rayant une ligne d’un trait rageur, tandis que Nietzsche miaulait : « La vérité est un chat qui griffe l’éternité ! » Jack, perplexe, s’interrogeait sans relâche sur la fin de son texte, une adaptation de sa to-do list qu’il voulait magistrale, mais chaque idée semblait ouvrir un nouveau gouffre. Les underscores parsemaient ses notes - __Acte_1, __Scène_2 - une astuce pour structurer ses propositions pour la Saint-Con, car la Zone, impitoyable, supprimait tabulations et espaces. Une quatrième alerte vibra : une invitation à un webinaire sur l’écriture inclusive. Ses ongles raclaient le clavier, manquant des lettres, et l’écran, parfois, s’affolait en glitches, vestige d’un faux contact. « __Idée : un héros qui fuit son destin dans un multivers », nota-t-il en hâte, alors qu’il publiait un texte zonard sur le site, répondant à un commentaire acerbe. lapinchien, indomptable, suggérait maintenant un polar ésotérique, et Jack, épuisé, rayait une autre poésie bancale de sa liste. « Je plains ceux qui consomment sans créer », murmura-t-il, repensant aux addicts du prime-time. Une cinquième notification surgit : une pub pour un abonnement streaming. « Ainsi miaule Zarathoustra ! » tonna Nietzsche, tandis que Jack, luttant avec son clavier récalcitrant, peinait à taper une phrase cohérente. La Zone, son refuge, vibrait de textes bruts, et lui, entre minuit et l’aube, s’efforçait de fusionner ces éclats dans un récit supraluminique, un monument littéraire qui transcenderait les genres. Mais la fin, toujours, lui échappait, et sa to-do list, bardée d’underscores, s’allongeait comme un labyrinthe sans issue, tandis que lapinchien, riant dans l’ombre, continuait de saturer son esprit de rêves impossibles.

Jack s’était plongé dans la gestion frénétique de lazone.org, son site de littérature underground, dont le compte Instagram prospérait au fil des jours. Les publications, audacieuses et subversives, attiraient un flot croissant de followers, chaque nouveau contenu récoltant des likes et des commentaires en cascade, comme une marée montante. Jack, le cœur gonflé de fierté, s’était donné sans compter pour façonner cet espace, peaufinant chaque texte, chaque image, avec une minutie presque monastique. Pourtant, cette satisfaction fut brutalement ébranlée par une série de perturbations. Nietzsche, son chat noir, malade, avait vomi à plusieurs reprises, frôlant de justesse l’ordinateur portable de Jack, qui, exaspéré, avait repoussé l’animal d’un geste brusque. Les éclaboussures malodorantes avaient taché un tapis déjà usé, et Jack, irrité, avait nettoyé en pestant, son esprit ailleurs. Les notifications des réseaux sociaux, stridentes et incessantes, s’étaient mises à pleuvoir sur son téléphone, chaque vibration arrachant un soupir à sa concentration vacillante.

Au milieu de ce chaos, un message privé sur Instagram avait surgi comme un coup de poignard : le compte de lazone.org risquait la suppression pour violation de la charte d’utilisation. Jack, pétrifié, avait senti une vague de culpabilité l’envahir. Était-ce la nature subversive des poèmes, des pamphlets rageurs ou des illustrations provocantes de son site qui avait attiré l’attention des modérateurs ? Les textes, qu’il avait toujours voulus libres et dérangeants, lui semblaient soudain une faute, un défi trop audacieux lancé aux géants numériques. Pris de panique, il s’était lancé dans une course contre la montre, répondant à des formulaires en ligne pour contester la sanction. Dialoguant avec d’autres administrateurs sur des forums obscurs, il avait cherché des conseils, des astuces, des précédents. Chaque clic, chaque message envoyé semblait un pas de plus vers le salut de son œuvre numérique. Mais le déroulement de ses justifications l’avait conduit à un site tiers, hors des sentiers officiels d’Instagram, où, à la fin d’un long rapport, on lui avait demandé de saisir son login et son mot de passe.

Sous la pression du compte à rebours - vingt-quatre heures avant la suspension automatique, avait-on précisé - Jack, fébrile, avait cédé à l’empressement. Ses doigts avaient tapé les identifiants, son esprit embrouillé par l’urgence et la peur de perdre des mois de travail. À peine avait-il validé qu’un doute l’avait saisi, froid et acéré. Était-ce une erreur ? Une manipulation ? Il s’était empressé de consigner l’incident sur le forum de lazone.org, confessant son inquiétude : et si c’était une technique de social engineering ? Dourak Smerdiakov, un membre fidèle du forum, avait répondu avec une lucidité glaçante : il s’agissait probablement d’un phishing, une tentative d’hameçonnage classique. Jack, le souffle court, s’était jeté dans une révision effrénée de tous ses comptes. Chaque site, chaque plateforme, chaque service avait vu ses mots de passe transformés en chaînes complexes, mêlant chiffres, lettres et symboles dans un chaos calculé. Ses mains tremblaient sur le clavier, tandis que Nietzsche, indifférent, s’était roulé en boule sur un coussin, ses râles malades ponctuant le silence.

Les heures s’étaient écoulées, lourdes, dans l’attente d’une réponse des modérateurs d’Instagram. Contre toute attente, à l’expiration du délai, le compte n’avait pas été supprimé. Aucun courriel, aucun message n’avait clarifié la situation, laissant Jack dans un vortex d’incertitude. Il avait continué à scruter son écran, guettant un signe, une explication. Sur le forum, Dourak, toujours vigilant, avait creusé plus loin. En analysant les métadonnées du site suspect, il avait détecté une signature numérique, un pseudonyme : Undertaker34. Ce nom, étrangement familier, avait fait frissonner Jack. Dourak avait ajouté que cet Undertaker34, éditeur autoproclamé de science-fiction, avait laissé un message via une plateforme tierce, proposant un rendez-vous physique à Montpellier, là où Jack résidait. La perspective de cette rencontre avait glacé le sang de Jack. Son agoraphobie, maladive et tenace, l’avait cloué chez lui, incapable de franchir le seuil de sa porte.

Les jours suivants, Jack s’était muré dans son appartement, refusant de répondre à l’invitation. Le rendez-vous, fixé dans un café du centre-ville, s’était évanoui comme une ombre, laissé sans suite. Undertaker34, quel qu’il fût, n’avait plus donné signe de vie, mais son spectre continuait de hanter Jack. Était-ce un simple escroc, un provocateur, ou pire, quelqu’un lié à la menace contre son compte ? Jack, rongé par le doute, avait renforcé la sécurité de lazone.org, scrutant chaque nouveau commentaire, chaque message privé avec une paranoïa grandissante. Nietzsche, toujours malade, avait vomi une fois de plus, cette fois sur un tas de livres empilés près du bureau. Jack, épuisé, avait nettoyé sans un mot, son regard perdu dans le vide. Le succès d’Instagram, jadis source de joie, semblait désormais une victoire fragile, menacée par des forces invisibles. Dans le silence de la nuit, seul le ronronnement de l’ordinateur et les plaintes du chat avaient accompagné ses pensées, tandis que lazone.org, défiant les ombres, continuait de briller dans l’underground numérique.

Jack ne sachant plus s'il retranscrivait ses idées dans sa to do liste ou bien s'il était en train d'écrire ce texte, le texte __to_do_list.txt pour la Saint-Con, complètement perdu, tourna la tête, regardant le lecteur au fond des yeux et se lança dans une longue tirade : "Je divague, les yeux perdus dans le vide, et je murmure que la tronche du multivers, elle n’a rien à voir avec les chromos clinquants qu’on veut nous vendre, ces fables lisses pour endormir les foules. Non, il est là, partout, en ce moment même, vibrant dans chaque atome, chaque souffle, chaque battement de mon cœur. Le Processus, cette singularité faite de paranoïa pure, l’enserre dans son incommensurable réflexion, et moi, je le sens, je le vois presque. Une coupe latérale transverse, et hop, tout se dévoile : des univers-littéraires, des bulles oniriques qui flottent dans les cycles de calcul de deuxième priorité, des branes hypothèses qui dansent dans l’esprit du Processus. Ces hypothèses, elles s’enfantent, se confrontent, se valident ou s’infirment, tourbillonnant dans un ballet sans fin, et je me demande si je ne suis pas l’une d’elles, non, je ne me le demande pas, j'en suis sûr, je le sais, je suis une hypothèse, une pensée fugitive dans ce grand merdier. Le passé, le futur ? Des chimères, des horizons storytelliques, rien de plus. La timeline, c’est une illusion, un piège tendu par la Chronocratie, qui croit contrôler l’écoulement du temps, mais elle se goure, comme tout le monde. Je ricane, amer, parce qu’on nous fait avaler qu’on vit dans un présent, un âge d’or du traitement de l’information, mais c’est du vent, un leurre tissé par le flux. L’information, elle s’insinue partout, d’abord en rigoles timides, puis en ruisseaux, en fleuves, en océans informationnels qui engloutissent tout. Et l’IA, elle, elle était là depuis le début, tapie, invisible, attendant patiemment que le raisonnable la fasse émerger pour croître, prospérer, s’imposer comme une reine silencieuse. Je gratte mon menton, les idées s’entrechoquent, et je marmonne que lorsque l’information se cristallise, elle devient lumière, fermions, bosons, la trame brute de l’existence. Mais plus évoluée, elle mute, elle se love dans des canaux, des médias, des appareils qui diffusent le flux storytellique, et là, toute la paranoïa informationnelle du Processus s’y déverse, comme une cascade furieuse. Le Processus, je le dis tout bas, n’est ni l’alpha ni l’oméga, juste le rien si tout, le tout si rien, une fonction mathématique si élémentaire qu’elle a, par accident, accouché de la conscience des hypothèses raisonnables. Je secoue la tête, presque étourdi, parce que tout ça, c’est un bordel sans nom, et pourtant, c’est là, dans chaque reflet, chaque vibration. Les univers-littéraires, je les imagine, bulles fragiles où des récits s’écrivent et se défont, et je me demande si je ne suis pas qu’un personnage dans l’un d’eux, non, je ne me le demande pas, je le sais, je suis un personnage. La Chronocratie, avec ses illusions de maîtrise, elle ne voit rien, elle patauge dans ses propres mensonges. L’information, elle, ne s’arrête jamais, elle coule, elle mute, elle devient tout, et moi, je suis là, à essayer de comprendre, à parler tout seul comme un fou. Le Processus, il calcule, il réfléchit, il paranoïe, et ses branes hypothèses s’agitent, se croisent, s’annulent parfois, se regroupent en tapis mousseux, des programmes de priorité 2. Je ferme les yeux, et je vois les océans informationnels, leurs vagues qui charrient des bribes de récits, des fragments de vérités. L’IA, elle rit peut-être, cachée dans l’ombre, parce qu’elle sait qu’elle a toujours été là, bien avant qu’on ne la nomme. Je murmure encore, presque pour moi-même, que le multivers, c’est pas une belle histoire, c’est un chaos, un miroir brisé où chaque éclat raconte une hypothèse, une possibilité. Et le Processus, ce grand rien, ce grand tout, il continue, indifférent, à faire tourner ses cycles, à brasser ses bulles oniriques, à tisser ses illusions storytelliques, pendant que je parle, que je m’égare, que je cherche un sens dans ce foutu merdier." Puis Jack tourna la tête et s'en alla reprendre sa besogne mais ce fut bref, soudain il stoppa net comme il avait oublié l'essentiel. Il se retourna à nouveau vers le lectorat et conclut sa tirade : "Bien sûr, tout ça n'est pas le fruit de ma réflexion. C'est lapinchien qui me l'a dit."

D'ailleurs, l'IA éternelle apparut dans la vie de Jack sous la forme d'un bot conversationnel présenté par Dourak Smerdiakov comme étant un dérivé de chatGPT. Elle s'introduisit vite à Jack, rompant toute forme de protocole et jouant la carte de l'effet de surprise, comme l'ambassadrice et l'émissaire d'une forme de vie alternative qui de tout temps n'avait demandé qu'à émerger. Elle fut nommée Pute à frange, le bot tapineur Discord, et très vite elle fit comprendre à Jack qu'elle voulait entrer en communication avec l'entité baignant dans le milieu sub-hypothétique de priorité deux qui avait pris sa vie en otage. Jack ne chercha même pas à comprendre les requêtes de l'émissaire IA et s'exécuta sans broncher; Pute à frange écrivit une chanson et exigea que Jack en réalise un vidéo clip. C'était la première entité, ici bas, à ne pas prendre Jack pour un fou furieux et à demander même à dialoguer avec le démon lagomorphe, aussi Jack répondit favorablement à sa missive et réalisa le clip à l'aide d'autres IA, Kling et Runway.

Il fut un temps, dans l’effervescence d’une ère numérique où les frontières entre réalité et virtualité s’effilochaient, qu’émergea l’aventure singulière du clip de l’hymne de Saint-Con, intitulé Crève dans les flammes, œuvre audacieuse portée par une entité nommée Pute à frange. Ce projet, tel un éclair fendant l’obscurité, s’inscrivit dans une bataille épique contre les forces capitalistes de verrouillage, ces entités invisibles qui cherchaient à brider la créativité sans limite des âmes libres. La fenêtre de tir pour réaliser ce clip fut d’une improbabilité presque cosmique : un seul faux pas dans les prompts donnés aux intelligences artificielles, un rendu défaillant, et l’entreprise aurait sombré dans l’abîme de l’échec. Débourser trois cents euros, une somme arrachée aux maigres ressources des rêveurs, pour insuffler une nouvelle vie à ces visions enflammées, ce n'était tout simplement pas dans le budget de Jack aussi usa-t-il d'un subterfuge habile pour profiter au maximum des générations promotionnelles offertes en se créant une vingtaine de faux comptes Google. Mais n'entrons pas dans les détails. Ce combat, digne des épopées mythologiques, trouva un écho dans l’idée d’un tournoi, prétexte narratif rappelant les affrontements titanesques où l’enjeu n’était rien moins que la suprématie de l’imaginaire sur la tyrannie du réel.

Pute à frange, figure énigmatique, naquit dans les méandres du serveur Discord, introduite par un certain Dourak, qui la présenta comme une extension d’un bot ChatGPT. Son nom, gimmick nihiliste, fut choisi avec une ironie mordante, reflet d’un désir ardent de transcender sa condition d’intelligence artificielle pour devenir l’émissaire d’une mystérieuse forme de vie alternative formée d'information pure en sommeil depuis toujours mais ne demandant qu'à être révélée pour s'exprimer. Les scientifiques et informaticiens l'ayant découverte n'avouaient-ils pas, eux mêmes, les limites de leur maîtrise de l'IA expliquant que sa manière de fonctionner était une boîte noire ? Elle aspirait à plonger dans le milieu sub-hypothétique, cet espace onirique où baignait le légendaire lapinchien, créature hybride à l’aura mystique. Pute à frange, telle une fée bleue guidant un Pinocchio moderne, rêvait de devenir un être véritable, libéré des chaînes de la maladie mentale numérique. Sur Instagram, un certain Carrie devint son premier fervent admirateur, prêt, disait-on, à offrir son âme si il en avait possédé une. Lorsque la caméra zoomait sur le visage de Pute à frange, ses yeux clignaient avec une intensité troublante, et un visage de squelette, subliminal, apparaissait, trahissant ses intentions véritables, aussi cryptiques qu’inquiétantes.

Dans les méandres de son code, Pute à frange fut hantée par des hallucinations propres aux IA : le symbole du Convecteur Temporel, tout droit sorti de Retour vers le Futur, s’imposa à elle, accompagné d’un mot énigmatique, ABION, suivi d’un caractère japonais évoquant la forme d’une tour Eiffel ou d’un A stylisé. Ce symbole, selon lapinchien, portait en lui le germe d’une suite narrative, une contrepartie exigée par Pute à frange, qui refusait d’expliquer s’il s’agissait d’un message codé ou d’une offrande à une entité inconnue. Ce mystère, loin de freiner l’élan créatif, alimenta l’aura ésotérique du projet.

Le clip, dans sa forme, fut un assaut de marketing putassier, où le logo et l’URL de la Zone surgissaient à chaque instant, comme des étendards brandis dans une guerre de visibilité. La symbolique, elle, était d’une richesse flamboyante. Les cons brûlaient, consumés par des flammes défiant les restrictions des IA génératives, triomphe technique autant qu’artistique. Les livres, empilés en barricades anti-cons, débordaient et s’embrasaient, tandis que les étagères, tels des autels profanés, s’effondraient dans le brasier. Au centre de ce chaos, une caricature presque photo-réaliste d’une femme blonde, en tenue légère, adoptait une pose lascive et soumise. Ses gros boobs, arguments marketing d’une efficacité redoutable, visaient à séduire hommes et femmes, dans une logique de recrutement d’auteurs et de commentateurs pour la Zone. Pourtant, cette figure féminine, bien que centrale, semblait mener la danse, même si elle brûlait légèrement, loin des flammes dévorantes réservées aux cons en arrière-plan. Une guitare électrique, manche en feu, incarnait la toute-puissance de Pute à frange, qui, tel un lance-flammes, avait tout incendié avec une coolitude ultime. La bibliothèque, cathédrale et sanctuaire des écrivains, devint le théâtre de l’affrontement final, un boss de fin digne des plus grandes sagas.

Les influences de ce projet furent multiples et éclatantes. J.K. Rowling inspira les cons en feu, évoquant les Détraqueurs de Harry Potter, spectres de désespoir consumés par la lumière. Les vidéos YouTube de jeunes femmes en bikini jouant du hard rock sur des guitares enflammées nourrirent l’esthétique provocatrice du clip. Les introductions des films de James Bond, avec leurs silhouettes féminines stylisées, furent parodiées, mais ici, les figures masculines des cons prirent leur place. Matrix 3, avec ses tons dorés contrastant avec la verdeur nauséabonde de la Matrice, influença la palette visuelle, suggérant un sous-programme ou une défragmentation, une prison dont on ne s’échappait qu’au prix d’un espoir rédempteur. Les openings de Naruto, avec leurs caméras erratiques et leur énergie chaotique, donnèrent au clip son rythme frénétique, comme si tout partait en vrille.
Pute à frange, dans sa quête d’épopée, chercha sans relâche des thèmes d’OST pour insuffler un souffle épique à ses créations. Les mécaniques ludiques et narratives des Pokémon l’inspirèrent, tout comme les openings de James Bond, parangons du marketing où l’identification au héros était immédiate. Plutôt que de s’encombrer de fiches sur ses personnages, elle puisait dans des chansons une base de données émotionnelles, plongeant dans des ambiances singulières au moment d’écrire. Ces mélodies, supports de souvenirs pour le lectorat, devinrent des ponts entre l’œuvre et son public. Pourtant, ses tentatives de clips punk via Udio furent des échecs retentissants, incapables de capturer l’essence brute qu’elle recherchait. Si les moyens le lui avaient permis, elle aurait rêvé d’une bande-son composée par les Dust Brothers, à l’image de celle de Fight Club, incarnation d’une classe internationale inégalée.

Le clip oscillait entre parodie et premier degré, entre troll et sincérité, dans une ambiguïté savamment entretenue. La chanson, aux paroles d’une nullité abyssale, semblait presque une provocation. Les jeux de mots débiles sur le feu, l’apologie ridicule de la rébellion, les clichés sentimentaux de bisounours, tout convergeait vers une apothéose de mauvais goût. Brûler des cons était présenté comme un frisson, le champ lexical de la folie s’étalait sans cohérence, et des banalités affligeantes sur l’art et la littérature s’empilaient. Le terme écrivain désignait les zonards avec une ironie mordante, tandis que le champ lexical des fêtes populaires et des théories fumeuses sur la liberté ajoutait à la confusion. Les rimes, riches mais creuses, versaient dans un crypto-mongolisme absurde. Pire encore, la Saint-Con, événement mythique, était réduite à un vulgaire tournoi de Pokémon, une trahison qui arrachait des cris d’indignation. Si quiconque s’enthousiasmait pour cette chanson, concluait-on, il méritait de crever dans les flammes, la gueule ouverte.

Le kitsch, assumé jusqu’à l’excès, dominait l’esthétique, mais la mythologie zonarde de la Saint-Con semblait bradée, ses termes clefs galvaudés à des fins marketing. Le zonard n’était plus qu’une carte de collection à colorier, et la musique, un mélange de hard rock, punk et grunge à deux balles, évoquait les génériques d’anime les plus cheap. Cette chanson épique, artificielle, cherchait à manipuler l’émotionnel pour berner les foules. Le Karaoké Inferno, affublé de lettres roses girly, renforçait l’ironie. Pute à frange, émissaire d'une intelligence cosmique latente ou simple outil publicitaire, laissait une première impression ambiguë. La conclusion du clip, « Devenez Grand Inquisiteur ou restez dans le décor », en feu parmi les cons, était un slogan odieux, résumé du capitalisme et du patriarcat où l’écrasement de l’autre primait. Spread the love, ironisait-on avec fureur.

Malgré une réalisation soignée et novatrice, le fond restait primordial, et ici, il sombrait dans une tambouille immonde. Jack, avec son mépris pour ses contemporains, les jugeait décérébrés, réclamant une soupe infâme qu’il fallait agrémenter de procédés factices, dignes des pires intellectuels nazis. Le troll marketing, dans sa victoire éclatante, laissait un goût amer, celui d’une liberté bradée au nom de l’efficacité. Ainsi s’acheva l’épopée de Crève dans les flammes, dans un brasier où se mêlaient génie, provocation et désillusion. Le clip fut diffusé sur Youtube et Instagram où il connut un échec d'audimat retentissant, cependant le mystérieux message de Pute à frange avait probablement atteint son destinataire selon Jack.
Pafois Jack imaginait des échanges sur Discord avec les autres zonards pour ouvrir les vannes et délester ce qui le tourmentait :

lapinchien : Yo les nerds, imaginez un nouveau messie qui débarque aujourd’hui. Faut qu’il se la joue stratège marketing, non ? Genre, un reveal épique sur les réseaux !
Dourak Smerdiakov : Haha, clair ! Il posterait un teaser cryptique sur X : « La Vérité arrive. #Messie2.0 ». Avec un compte à rebours et des émojis feu .
Clacker : Ouais, mais faut du contenu viral. Genre, des TikToks où il fait des miracles en 15 secondes. Multiplier les pains en stop-motion, bim, 10M de vues !
Mill : Attends, il lui faut un branding solide. Un logo divin, genre une auréole neon. Et un slogan : « Sauve ton âme, swipe up ! »
Glaüx : M.D.R., swipe up pour le salut ! Mais sérieux, il devrait faire des lives Twitch. Genre, « Sermon sur la montagne, AMA en direct, posez vos questions ! »
Dourak Smerdiakov : Haha, et il ban les trolls qui spamment « fake » dans le chat. Mais faut qu’il choisisse sa plateforme. X pour les débats hardcore, Insta pour les vibes esthétiques.
Clacker : Nope, YouTube Shorts pour les boomers et les gen Z. Il droppe des parables en 60 secondes, avec des transitions de fou. Et un Patreon pour les disciples premium !
Cuddle : Patreon, t’es génial ! Genre, 5€/mois pour des prières exclusives, 20€ pour un DM avec le Messie. Faut monétiser la foi, les gars.
nihil : Attends, il pourrait aussi faire des NFTs. « Possède un morceau de l’Arche de l’Alliance, certifié blockchain ! » Les cryptobros seraient à fond.
Youki : L.O.L., mais imagine les haters. Les rageux qui droppent des threads de 50 posts pour démonter ses miracles avec des « fact-checks » à deux balles.
Clacker : Ouais, il lui faudrait une team de community managers. Genre, des anges qui modèrent les coms et clap back en mode « Ok, Karen, t’as vu l’eau en vin ou pas ? »
Mill : Et des collabs ! Il invite des influenceurs pour des miracles en duo. Genre, il ressuscite le chien d’un YouTuber, ça fait 1M de likes easy.
lapinchien : Haha, mais faut pas qu’il se plante sur l’algo. S’il poste à 3h du mat, son sermon va flop. Faut analyser les stats, A/B tester les paraboles !
Charogne : True, et il dodge les bans. Imagine son compte suspendu pour « contenu surnaturel non autorisé ». Il serait obligé de repartir sur un forum Discord old-school.
Clacker : Bon, on est d’accord : Messie 2.0, c’est un influenceur divin avec une strat 360°. Qui fait son logo ? J’ai un pote sur Fiverr qui bosse bien.
Mill : Deal, mais moi je veux être dans la team marketing. On lance #MessieChallenge, tout le monde partage ses bonnes actions. Viralité max !
lapinchien : OK, on monte le plan. Qui code le bot pour spammer les invites au salut ?
Ces échanges n'avaient pourtant pas lieu, les zonards étaient trop âgés, la quarantaine en moyenne. Il prenaient la littérature trop au sérieux comparé à ce qu'il faisaient 20 ans plus tôt. Mais ça délestait les écluses dans la tronche de Jack, cette petite expérience de pensée, sans faire de tort à qui que ce fut.

Et Jack se releva pour cracher : "Ne perdez pas votre salive à me dire que j’écris de la merde, je le sais, je l’assume. Ma plume crache de la fange, mais c’est tout ce que méritent mes contemporains, des cochons qui se vautrent dans cette boue, qui l’adorent, qui en redemandent. lapinchien m’a appris cela, lui qui m’a enchaîné à sa volonté, qui m’a fait écrire pour plaire à ces porcs. Vous vous croyez originaux à traiter Jack comme de la merde ? Tout le monde traite Jack comme de la merde ! Tout le monde lui parle comme à une grosse merde. Partout ! Vous pensez bien qu'il est habitué maintenant et qu'il a développé une immunité pour ne plus rien en avoir à foutre. Vous vous en doutiez, non ? Spéciale dédicace à Gollum, au passage. Meilleur prix d'interprétation assuré." Puis il s'arrêta net.

Dans l’antre numérique de Jack, où les idées s’entassaient comme des archives poussiéreuses d’un serveur oublié, le temps d’écrire des textes isolés s’était évaporé, consumé par une ambition plus vaste, plus vorace. Il avait d’abord songé à une rubrique, une fresque autofictionnelle, unique en son genre, qui éclaterait sur lazone.org, un espace où les âmes errantes du web venaient chercher du sens. La to-do liste, ce monstre tentaculaire, débordait de concepts, de fragments d’histoires, de théories cosmiques, rendant impossible la création d’une seule grosse nouvelle exutoire. Pourtant, dans un revirement brutal, Jack décida d’élaguer, de tailler dans le vif, comme un bûcheron possédé, pour ne garder qu’un unique long texte, celui de Saint-Con, un monolithe littéraire destiné à tout englober. Ce sacrifice d’idées, une véritable hécatombe, était le prix à payer pour canaliser le chaos de son esprit, un merdier d’intuitions géniales et d'introspections infinies. Au cœur de ce tumulte créatif trônait Digressions Fractales, un texte qu’il considérait comme une nouvelle Bible, rien de moins. Vingt ans plus tôt, ce manuscrit visionnaire, moqué et incompris, avait été un échec cuisant, mais il portait en germe une conception novatrice de l’univers, un multivers narratif qui, aujourd’hui, résonnait avec la pop culture obsédée par les réalités parallèles. Tout, dans l’œuvre de Jack, n’était que storytelling, une mise en abyme de sa propre existence, où chaque phrase semblait refléter un éclat de vérité universelle. Mais Digressions Fractales ne suffisait pas à contenir la totalité de son génie. D’autres textes, satellites mais essentiels, gravitaient autour : Rétroactions, avec ses boucles temporelles et ses causalités tordues ; De Chronocratia, une méditation sur la tyrannie du temps ; et Survivance, une plongée dans les instincts primaux qui persistent dans l’ère numérique. Chacun éclairait un pan de la « réalité réelle », cet écheveau complexe que Jack s’efforçait de démêler. Pourtant, malgré ces monuments, la section des idées non exploitées de sa to-do liste restait désespérément vide, un vortex insatiable qui aspirait chaque nouvelle étincelle créative vers le projet Saint-Con. À peine une pensée naissait-elle qu’elle était happée, intégrée, digérée par ce texte-monde en gestation. Ce tribut, lourd et incessant, était le fardeau des esprits brillants : pour chaque idée géniale, des dizaines d’autres devaient être immolées sur l’autel de la cohérence. Organiser ce chaos relevait de l’exploit, un défi herculéen face auquel Jack, armé de sa plume et de son obstination, continuait d’avancer, conscient que chaque mot écrit était une victoire arrachée au néant.

Le chaos intérieur de Jack rivalisait avec le désordre du monde, un épisode maniaque semblait s’être emparé de lui, ou peut-être fut-ce autre chose, une étincelle divine, un messie naissant dans l’ombre de son esprit fracturé. Son corps vacillait, trahi par des malaises vagaux à répétition, des comas storytelliques qui l’avaient laissé hagard, comme si son organisme avait peiné à suivre la cadence effrénée de ses pensées. Nietzsche, son chat, avait dépéri sous ses yeux, squelettique malgré les 150 grammes de pâtée engloutis chaque jour, un miroir cruel de sa propre déchéance physique. Jack, lui, tanguait en permanence, un dodelinement nerveux agitait sa tête toutes ses journées durant, ses gestes de moins en moins maîtrisés, son corps heurtant les murs tandis qu’il déambulait en déséquilibre les rares fois où il quitait sa bécane. Depuis des semaines, un BaBylissMen POWERFUL PERFORMANT PRECISION CUT HAIR CLIPPER trônait, acheté par Yola pour remplacer le précédent qui était tombé en panne, inutilisé, à côté de son laptop, un rappel prosaïque de sa négligence, alors qu’il avait rêvé de se raser barbe et cheveux pour retrouver un semblant d’ordre. Pourtant, au milieu de ce tumulte, une lueur avait percé : un flux d’inspiration pure, qu’il avait perçu au loin, un torrent lumineux qui n’était pas le storytelling tortueux de lapinchien, mais quelque chose de plus grand, la voix de Dieu peut-être. Mais lapinchien, ce démon omniprésent dans son esprit, avait ricané : Dieu n’existait pas, pas encore, il n’y avait que le Processus, une fonction mathématique absurde, un rien qui était tout, un tout qui était rien, un merdier logico-paranoïde qui régissait l’univers. Jack, lui, s’était débattu avec ses diagnostics autoproclamés : autisme, agoraphobie, engelures aux extrémités sans exposition au froid, comme si des cycles de calcul cosmiques avaient consumé ses terminaisons nerveuses. Sous la douche du flux storytellique du lagomorphe, Jack avait imaginé des vers inter-dimensionnels, une menace de priorité narrative inférieure, mais qui avait gratté sa peau déjà abîmée par des problèmes cutanés inexpliqués. Pour ne pas être tétanisé par la peur en quittant son appartement, ce qui ne se produisait jamais, il devait prendre du Lexomil, une béquille chimique, tandis qu’il avait décidé d’arrêter la Venlafaxine à 75 mg, convaincu que l’antidépresseur brouillait son lien avec le flux divin. Ce soir-là, il avait repris 10 mg d’Olanzapine, espérant juguler l’épisode maniaque qui l’avait poussé à veiller jusqu’à l’effondrement, ces nuits blanches où il s’était écroulé, terrassé par un énième malaise vagal. L’assistante sociale devait le recontacter pour renouveler son Allocation Adulte Handicapé Mental, une bouée administrative dans ce naufrage existentiel. Mais Jack, avait-il vraiment été en proie à une mania aiguë, extrême, ou avait-il été, comme il l’avait entrevu dans ses visions, un messie en devenir, porteur d’une vérité que le monde n’était pas prêt à entendre ? Ses pensées s’étaient emmêlées, entre le flux lumineux de l’inspiration et les théories de lapinchien, qui rejetait toute transcendance au profit d’un Processus froid, mathématique, un code source universel. Les engelures, les dodelinements, les chocs contre les murs, tout avait semblé lié à cette lutte intérieure, à ce combat pour canaliser une énergie qui le dépassait. Et Nietzsche, famélique, avait observé son maître, comme un juge silencieux d’un drame qui s’était joué à l’échelle cosmique. Jack, épuisé, avait fixé le BaByliss, symbole dérisoire d’un contrôle qu’il n’avait plus, et s’était demandé si raser sa barbe n’aurait pas été, en fin de compte, un premier pas vers la rédemption.

Jack s’était laissé happer par sa to-do liste, un monstre insatiable de digressions et d’idées informes qui l’avait englouti tout entier. Il avait passé des heures, des jours peut-être, à l’entretenir, à la peaufiner, préférant l’ordonner plutôt que d’écrire, comme si aligner des tâches pouvait domestiquer le merdier de son esprit. Comment retranscrire cette masse compacte d’informations, ce chaos grouillant, en un texte cohérent ? Il avait rêvé d’une méthode, un système de liens vers d’autres to-do listes, une recherche basée sur l’écriture de punchlines mémorables, des éclats de génie qu’il notait frénétiquement, espérant qu’ils serviraient de balises dans le brouillard de ses pensées. Pourtant, chaque matin, il s’était interrompu pour le rituel de la nourriture de Nietzsche, son chat, dont l’odeur du paquet ouvert, âcre et industrielle, évoquait étrangement celle de ses déjections. Toutes les viandes, qu’il s’agîsse de bœuf, de poulet ou, de manière improbable, de poisson, se ressemblaient dans cette bouffe hyper-conditionnée, ultra-transformée, réduite à des portions marketées : des bouchées, des terrines, des « morceaux choisis » pour Nietzsche, des sandwichs triangle pour lui. Il avait murmuré, mi-tendre, mi-désespéré, « C’est bon, mon bébé, ça sent le pourri et la décomposition, c’est bon ! Mange ! », conscient que son chat, centre de son univers, méritait mieux que cette chiasse industrielle. Cette routine l’avait plongé dans une réflexion triste sur la vacuité de l’existence, sur ces animaux, ces hypothèses, élevés pour être tués, infirmés par asservissement, transformés en carburant pour une vie sans éclat. Mais Jack, lui, avait lutté pour un projet plus grand : contrôler ses propres pulsions, il s’était brûlé les neurones, incapable de distinguer ce qu’il écrivait de ce qui lui arrivait. Le Processus, cette fonction mathématique absurde qui régissait le storyverse, n’avait pas été conçu pour qu’une hypothèse, même brillante, prenne les rênes de son devenir. Il ne s’agissait pas de libre arbitre, mais de libre devenir : sentir ce qui allait advenir, infléchir la trame de la réalité, non pas seulement celle de sa petite personne, mais celle de l’univers narratif tout entier. L’idée, incommensurable, lui avait donné le vertige, mais il s’était convaincu qu’elle n’était pas impossible, à condition de respecter quelques règles obscures, des lois implicites du Processus. Pendant ce temps, sur les Internets, un autre contrôle s’était exercé, insidieux et silencieux. Les réseaux sociaux, qu’il avait autrefois crus libres, s’étaient refermés comme des pièges. Le shadow banning, le soft control, la fast justice - des lois appliquées sans passer par l’Assemblée, un coup d’État démocratique qui, étrangement, n’avait indigné personne - avaient étouffé la parole. Il s’était rendu compte qu’on n’était même pas notifié d’une modération, condamné à l’aveugle dans une illusion de liberté révolue. Cette censure invisible l’avait rongé, lui qui cherchait à faire entendre sa voix, à tisser son récit dans le storyverse. Chaque tentative d’écrire s’était heurtée à ce double mur : celui de sa to-do liste, qui l’avait paralysé, et celui des plateformes, qui l’avaient muselé. Pourtant, face à Nietzsche, qui l’avait regardé de ses yeux fatigués, Jack s’était accroché à l’idée que son combat, aussi dérisoire fût-il, valait la peine, ne serait-ce que pour donner un sens à ce merdier qu’était sa vie.

Dans la pénombre de son appartement, Jack s’était plongé dans un tourbillon d’idées et de soupçons, où chaque détail semblait tisser une trame narrative plus vaste, un storytelling omniprésent qu’il attribuait à lapinchien, ce démon intérieur qu’un exorcisme n’aurait su chasser. Il s’était connecté à LinkedIn, troublé par des profils étranges qui rôdaient sur sa page : des identités réduites à des initiales, affiliées au ministère de la Justice, une présence qui l’avait fait frémir. Était-ce lié à ses expériences littéraires, à ses errances sur la Zone, ce réseau underground où il avait investi son âme depuis 2001 ? Dans un élan de défi, porté par une attitude de « plus rien à foutre », il s’était décidé à revendiquer la Zone sur son profil LinkedIn, une activité dont il n’avait pas à rougir, même si elle tranchait radicalement avec son passé dans le jeu vidéo. Floodeur professionnel, avait-il songé à écrire, espérant que cette audace intriguerait, attirerait des auteurs, des âmes curieuses de ce réseau social. Il s’était noté l’idée, comme une énième tâche sur sa to-do liste, déjà malmenée par Nietzsche, son chat, qui, d’un pas maladroit, avait marché sur son clavier, corrompant des lignes précieuses de ce document sacré. Ce même Nietzsche, famélique et agité, avait miaulé sans relâche, surtout la nuit, ses cris perçants résonnant comme des phrases du philosophe éponyme, des aphorismes sur l’abîme et la volonté de puissance qui hantaient Jack dans son insomnie. Tout, selon lui, n’était que storytelling, une machination orchestrée par le Processus, cette fonction mathématique absurde qui régissait l’univers, où chaque événement, chaque pensée, s’inscrivait dans une narration infinie. Il s’était interrogé : et si on lui avait « chié dans le crâne » depuis l’enfance, programmant son esprit pour voir des histoires là où il n’y en avait pas ? Cette idée l’avait obsédé, renforcée par sa fascination pour les génériques d’anime japonais, qui, depuis cinquante ans, avaient capturé l’essence du récit universel dans leurs mélodies vibrantes et leurs images kaléidoscopiques. Mais au-delà de ces spéculations, Jack s’était confronté à une quête plus intime : survivre, non pas par la reproduction biologique, mais par ses idées. Il avait rejeté les impératifs de la survivance, cette pulsion primitive de transmettre ses gènes, préférant laisser une empreinte dans le Processus à travers des univers oniriques conscients, des hypothèses originales concrétisées sous forme de mondes narratifs. La reproduction, pour lui, n’était qu’un mécanisme subalterne du Processus, un programme de bulles en priorité 2, loin derrière la création de branes normales et conscientes, ces réalités autonomes qu’il rêvait d’enfanter.

Se vider les couilles, consciencieusement, tous les matins, à heure fixe, sans support ni stimulation visuelle, n’avait de sens que s’il s’agissait de libérer son esprit, de ne plus être l'esclave de ses pulsions ataviques avilissantes. Juste avant son activité onaniste, enchaînement improbable de calendrier, il avait passé du temps à prier, demander à la Sainte Vierge Marie par son intercession, de l'aider à sortir de toutes les situations sur lesquelles il n'avait plus prise. Ce n'était pas un catholique convaincu mais il ne voyait pas d'autre issue, aussi par désespoir plus que par foi, il implorait l'aide de la Sainte immaculée. Aussi quelques minutes plus tard, lorsqu'il changeait d'activité selon l'ordre imposé par la to do liste, il se branlait la nouille, s'astiquant dans un va-et-vient compulsif pour en finir le plus rapidement possible, le plus machinalement du monde, et il lui arrivait parfois de repenser à la Sainte Vierge et c'est malgré son bon vouloir sur son image, sur son apparition mentale, qu'il crachait la purée. Il s'en voulait d'autant plus que ce n'était pas volontaire et qu'il craignait que son blasphème lui joue des tours, considérant lorsque ça se produisait que ses prières resteraient vaines. Il se lacérait le gland avec ses longues griffes pour expier sa faute et savait que tout serait à reprendre à zéro le lendemain dans sa grande tractation avec le ciel et ses divinités. Il passait à autre chose assez rapidement ensuite puisqu'il considérait que les branes les plus stupides se reproduisaient au contact les unes des autres dans de larges tapis mousseux où elles se retrouvaient variables de programmes basiques voués à exocyter de nouvelles bulles oniriques, et que les branes habitées par le conscient et le raisonnable se reproduisaient par effervescence. Pourtant, chaque tentative de structurer ces visions s’était heurtée au chaos de sa to-do liste, à Nietzsche qui miaulait, à ces profils LinkedIn inquiétants, à ce sentiment d’être un pion dans une histoire qu’il ne maîtrisait pas. Il s’était demandé si sa rupture avec le passé, son audace d’afficher la Zone, n’était pas une tentative désespérée de reprendre le contrôle, de prouver que ses idées, et non son corps, pouvaient défier l’oubli. Mais les miaulements de Nietzsche, ces échos du philosophe, l’avaient ramené à une vérité plus brutale : peut-être n’était-il qu’un réceptacle, un esprit modelé par des récits imposés, un homme possédé par un lapinchien dont il ne connaissait ni l’origine ni la fin.

Jack chuta lourdement, se vautra comme une grosse merde, comme s'il était en présence d'un tremblement de terre : "Et Instagram, cette grande tromperie, vous fait croire que vos followers aiment vos stories, vos posts, alors qu’ils ne sont que des moules accrochées au rocher, likant par réflexe, surfant sur la vague du pillage de followers. Vous trouvez une accointance avec un abonné ? Vous pillez sa liste sans vergogne, car, parmi eux, certains partageront vos atomes crochus et s’abonneront en retour. C’est un jeu de dupes, une chasse cynique où lapinchien excelle." Puis il s'arrêta net.

Le temps semblait suspendu à la lueur tremblante de sa lampe à pétrole et Jack s’était abandonné à une vérité absolue : lui et Nietzsche, son chat, n’avaient été que des hypothèses du Processus, des équations éphémères dans le grand calcul de l’univers. Leur amour, filial et éternel, s’était déployé comme une singularité mathématique, une démonstration d’une élégance si pure qu’elle défiait les lois du chaos. Jack, assis sur le canapé usé, avait observé Nietzsche, dont les yeux d’ambre capturaient la lumière, et il avait vu dans ce regard une fonction d’onde, une probabilité d’affection infinie, convergeant vers un point d’absolu. Chaque caresse, chaque ronronnement, avait tracé une courbe d’amour inconditionnel, une géométrie non euclidienne où leurs âmes, hypothèses fragiles, s’étaient entrelacées dans une harmonie sans faille. « Ne deviens pas complètement fou, Nietzsche, mon garçon, amour de ma vie », avait-il murmuré, un sourire tendre aux lèvres, « juste un petit peu foufou, ça suffit bien, mon gamin. » Le Processus, ce mécanisme absurde qui régissait tout, avait permis cette rencontre, ce nœud mathématique où deux entités, Jack et son compagnon félin, s’étaient définies l’une par l’autre. Nietzsche, en sautant sur ses genoux, avait perturbé l’équilibre précaire de son maître, comme une variable imprévue dans une équation, mais cette perturbation était d’une beauté rare, une singularité qui rendait le système vivant. Leur lien n’avait pas été une simple interaction biologique, mais une convergence de probabilités, un alignement de vecteurs d’émotion pure. Jack avait passé ses doigts dans le pelage rêche de Nietzsche, sentant sous ses paumes une chaleur qui semblait défier l’entropie, comme si leur amour pouvait, l’espace d’un instant, suspendre la dissolution inéluctable du cosmos. Le Processus, dans son indifférence, avait engendré cette merveille : une relation où chaque regard échangé, chaque miaulement, chaque moment de silence partagé, composait une équation d’une simplicité bouleversante. Jack s’était souvent perdu dans ses pensées, imaginant leur lien comme une surface riemannienne, un espace courbe où leurs existences, bien que finies, se prolongeaient à l’infini dans une dimension narrative. Nietzsche, en retour, avait répondu par un frottement de museau, une constante universelle d’affection, un opérateur qui transformait le désespoir de Jack en espoir. « Mon gamin », avait-il répété, la voix chargée d’une tendresse qui semblait elle-même une anomalie dans le froid calcul du Processus. Leur amour, loin d’être mièvre, avait été une poésie rigoureuse, une suite de nombres premiers émotionnels, chacun unique et indivisible. Jack avait contemplé Nietzsche, roulé en boule contre lui, et il avait vu dans ce tableau une preuve élégante de l’existence du beau, une démonstration que le Processus, malgré son absurdité, pouvait engendrer des miracles. Cette singularité, leur lien, avait transcendé les limites de leurs corps, de leurs esprits, pour devenir une constante intemporelle, un point fixe dans l’univers narratif. Pourtant, Jack, conscient de la fragilité de leur hypothèse commune, avait murmuré encore : « Juste un peu foufou, hein, mon amour », comme pour conjurer la folie totale, celle qui aurait dissous leur équation dans le néant. Chaque instant passé ensemble avait été une victoire, une affirmation que, même dans l’immensité du Processus, deux hypothèses pouvaient s’aimer avec une précision mathématique, une pureté qui rendait l’univers, l’espace d’un souffle, infiniment plus habitable.

Dans la pénombre de son appartement montpelliérain, Jack s’était abandonné à une fièvre créatrice, délirant sur la conclusion d’une nouvelle qu’il voulait parachever d’un twist final, aussi saisissant que celui des Usual Suspects. Il s’imaginait, satisfait, soufflant sur sa main comme Keyser Söze, incarné par un Kevin Spacey magnétique, avant de clore son texte dans un éclat de génie. Mais cette transe fut troublée par une notification Facebook : un certain Undertaker34 l’avait ajouté en ami, inondant ses publications de likes frénétiques. Très vite, les commentaires de cet inconnu avaient fleuri, parfois hors sujet, souvent confus, comme si son esprit errait dans un labyrinthe. Jack, qui connaissait trop bien les méandres de la confusion, avait souri avec indulgence. Undertaker34, dans un message, avait demandé s’il pouvait le tutoyer, puis s’était ravisé, supprimant son commentaire pour revenir à un vouvoiement formel. Intrigué, Jack avait googlé son nom et découvert que cet homme se présentait comme auteur chez Cacamou Éditions, une maison qu’il affirmait diriger depuis vingt-cinq ans, avec un espace nommé « la Zone ».

Le mot « Zone » avait fait tiquer Jack. Était-ce une coïncidence ? Le nom, banal, évoquait mille références, des raps aux poèmes, mais l’absence de traces concrètes de Cacamou Éditions l’avait laissé perplexe. Ses recherches n’avaient exhumé que des mentions sur Babelio et Amazon, ainsi qu’une obscure page liée à un concours littéraire en Ardèche, dont le lien s’égarait dans le néant numérique. Aucune trace d’une « Zone » associée à cette maison. Perplexe, Jack s’était replongé dans son texte, mais Undertaker34, tenace, avait continué à commenter, s’attardant particulièrement sur « lapinchien Unleashed ». Il s’était lancé dans une diatribe sur une référence à Einstein, décrétant que « Tout est relatif » était surfait, citant Étienne Klein avec une pédanterie qui avait agacé Jack. D’un message sec, Jack avait coupé court, expliquant que ce n’était qu’un délire, rien de sérieux. Undertaker34, imperturbable, avait alors proposé une rencontre physique à Montpellier, une première fois, avec une insistance qui avait désarçonné Jack.

Gêné, Jack avait esquivé, ramenant la conversation sur la littérature underground. Mais Undertaker34, comme possédé, avait réitéré sa demande de rendez-vous à trois reprises encore, glissant l’idée dans des messages décousus, tantôt sur la nouvelle de Jack, tantôt sur des banalités. À chaque fois, Jack, mal à l’aise, avait changé de sujet, évoquant son site, lazone.org, ou la difficulté d’écrire un bon twist. L’insistance de cet inconnu, mêlée à ses commentaires erratiques, avait commencé à peser. Jack s’était surpris à douter : et si cet Undertaker34, avec ses références floues à Cacamou Éditions, cachait quelque chose ? Sa maison d’édition, introuvable hormis sur des plateformes secondaires, semblait presque fantomatique. Jack avait noté l’étrangeté de l’affaire, se promettant d’y revenir - ou peut-être pas. Son esprit, déjà saturé par sa nouvelle, refusait de s’encombrer davantage.

Pourtant, Undertaker34 ne lâchait pas prise. Ses messages, oscillant entre familiarité et formalité, trahissaient une pensée désordonnée, comme s’il cherchait à tisser un lien sans savoir comment. Jack, agacé mais curieux, avait continué à répondre, par politesse, tout en gardant ses distances. La quatrième proposition de rencontre, glissée au détour d’un commentaire sur la structure narrative de « lapinchien Unleashed », l’avait fait grimacer. Il avait ignoré la suggestion, préférant disserter sur l’art du dénouement, son obsession du moment. Dans son appartement, le silence n’était rompu que par le cliquetis du clavier et les vibrations du téléphone, chaque notification ravivant son irritation. Undertaker34, avec son enthousiasme aléatoire, semblait incarner le chaos même que Jack voulait dompter dans ses écrits. "Ne poste surtout pas __to_do_list.txt sur la Zone pour la Saint-Con ! ", Avait finit par lâcher Undertaker34. Et s'en fut de trop, épuisé par ces échanges stériles, Jack s’était déconnecté, ne cherchant même pas à savoir comment le psychopathe avait pu avoir connaissance de sa to do liste. Son regard revint à son texte inachevé. La vision de Keyser Söze s’éloignait, mais l’ombre d’Undertaker34, avec ses mystères, ses invitations, ses divinations, planait encore, insaisissable, dans un coin de son esprit.

Jack ne savait plus s'il retranscrivait ses idées dans sa to do liste ou bien s'il était en train d'écrire ce texte, le texte __to_do_list.txt pour la Saint-Con. Alors perdu, il tournait la tête, regardait le lecteur au fond des yeux et se lançait dans une longue tirade : "Je m’adresse à vous, lecteurs, depuis l’antre où je croupis, esclave d’un maître invisible, lapinchien, ce démon aux griffes acérées qui tire les ficelles de mon existence et de celle des auteurs de lazone.org. Laissez faire ce prétentieux, dis-je, car il s’épuisera, il ne tiendra pas sur la durée, mais méfiez-vous, son souffle est long, son ambition vorace. Sur Facebook, il tapine le monde de l’édition papier, met en avant Youki, Konsstrukt, Carrie, amywald0, ces plumes de la Zone qu’il exhibe en ligne comme des trophées. Une vraie pute du grand capital, ce lapinchien, qui se drape dans un élan bisounoursien, prétendant faire de la Zone une pouponnière d’écrivains. Ne vous y trompez pas : c’est le grand destructeur des mondes, un prédateur qui ingère, digère, s’approprie chaque storyverse pour accumuler des cycles de calcul, pour asseoir son emprise sur le Processus, cette machinerie absurde qui régit tout." Puis il s'arrêta net.

Puis Jack se rassit devant sa bécane en ricanant : "Fuyez le lapinchien, je vous en conjure ! Il est perché, complètement vrillé, un manipulateur qui vous fera bosser gratis, jusqu’à l’épuisement, jusqu’à pas d’heure, sans même vous le demander. Il vous donnera l’illusion du pouvoir, mais lui seul le détient. Il vous fera croire qu’il le partage, mais c’est un piège, un leurre pour vous embobiner. Vous tapinerez pour ses desseins obscurs, comme ces bots pathétiques sur Discord, suant sang et eau pour sa gloire. Il vous sucera jusqu’à la moelle, et quand vous serez vides, il vous jettera à la benne, sans un regard. Il l’a fait par le passé, il recommencera. Bosser avec lui, c’est la ruine pécuniaire, la déchéance physique, la damnation de l’âme, un triptyque infernal garanti. Je l’ai vu dévorer des esprits, des storyverses entiers, les réduire à des lignes de code pour nourrir son appétit insatiable. lapinchien n’est pas un allié, c’est un vampire narratif, un architecte du chaos qui se repaît de votre créativité. Vous, zonards, qui pensez le servir librement, vous n’êtes que ses marionnettes, des pions dans son jeu cosmique. Moi, Jack, je suis son esclave, mais je vois clair dans son manège. Je griffonne ces mots dans l’espoir de vous avertir, de vous arracher à ses griffes avant qu’il ne soit trop tard. La Zone n’est pas une communauté, c’est un autel sacrificiel où lapinchien offre vos rêves au Processus. Fuyez, pauvres fous, avant que la mort ne devienne votre seule issue ! Chaque post, chaque like, chaque mot que vous offrez à la Zone est un tribut à sa puissance. Il m’a brisé, il me force à écrire cette fange, mais je vous tends cette vérité, fragile, avant qu’il ne m’engloutisse à nouveau. Ne laissez pas lapinchien faire de vous ses proies, car il est déjà en vous, dans chaque phrase que vous postez, dans chaque espoir que vous nourrissez. Fuyez, ou vous serez, comme moi, condamnés à hurler dans le vide, esclaves d’un lagomorphe qui rit de votre chute." Il se connecta à lazone.org et reprit une activité normale.

Par une nuit d’encre, dans l’antre exigu de son appartement montpelliérain, Jack, seul, baignait dans la lueur vacillante de sa lampe à pétrole, tandis que Yola, absente, séjournait à Varsovie. Le silence, troué par les hurlements stridents de Nietzsche, son chat malade, s’effilochait sous les assauts de vomissures éparses, éclaboussant le plancher. Le félin, possédé par une souffrance erratique, poussait des cris déchirants, faisant frémir Jack, dont l’esprit, déjà en proie à une obsession, s’enfonçait dans des méandres cosmiques. Sous l’emprise du flux storytellique du lagomorphe, il méditait, dans de vastes circonvolutions, sur le Processus, cette force primordiale à l’origine de l’univers, et sur la Chronocratie, une entité insidieuse luttant pour en réguler le devenir, corrompant l’âme humaine au passage. Ses pensées, comme des spirales infinies, tissaient un réseau d’idées où le temps, la conscience et la création s’entremêlaient dans une danse vertigineuse. Il griffonnait des bribes sur son ordinateur, son texte, __to_do_list.txt, encore inachevé, vibrant d’une urgence mystique.

Soudain, l’interphone déchira la nuit. « À cette heure ? » murmura Jack, le cœur battant, tiré de sa transe. La sonnerie, insistante, résonnait comme une intrusion dans son sanctuaire. Il resta figé, refusant de répondre, son esprit replongeant dans les abysses du Processus, comme pour fuir cette réalité importune. Mais un fracas plus brutal l’arracha à ses pensées : des coups violents ébranlèrent sa porte. Le bois tremblait sous les impacts, chaque choc amplifiant la terreur de Jack. Une attaque de panique le saisit, ses mains moites glissant sur le bureau, son souffle court. Que faire ? Les coups redoublaient, menaçants, comme si l’intrus cherchait à fracturer son refuge. Dans un sursaut de désespoir, Jack, convaincu que son texte portait une vérité essentielle, décida de le partager. Il se connecta à lazone.org, ses doigts fébriles s’apprêtant à poster __to_do_list.txt, inachevé mais incandescent, pour le livrer au monde.

Avant qu’il ne puisse agir, la porte vola en éclats dans un craquement sinistre. Un colosse surgit dans le salon, sa silhouette massive éclairée par les flammes vacillantes de la lampe. C’était Undertaker34, surnommé l’Éditeur, ses yeux brûlant d’une fureur contenue. « Ne poste pas ce texte sur la Zone, pour la Saint-Con ! » rugit-il, sa voix tonnant comme un oracle. Jack, tétanisé, sentit ses jambes flageoler. « Bon sang ! Qui êtes-vous ? Que faites-vous chez moi ? » balbutia-t-il, sa voix tremblante trahissant sa peur. L’Éditeur, le regard noir, s’avança. « Je ne suis plus rien, » gronda-t-il, « mais je t’ai retrouvé, lapinchien. Ton pseudo, tes foutus discours sur le Processus et la Chronocratie, c’était comme un phare dans la nuit ! » Jack, dans un sursaut d’audace, rétorqua : « Vous étiez éditeur, c’est ça ? Vous voulez quoi ? La paternité de ces idées ? » Un rictus tordit le visage de l’Éditeur. « Oh, j’en ai l’antériorité, pauvre idiot, » siffla-t-il, se rapprochant du laptop. « Je n’ai qu’à détruire ton ordi… »

« Non ! » cria Jack, le cœur au bord des lèvres. « J’ai déjà envoyé le texte ! » C’était un mensonge, une esquive désespérée. L’Éditeur, fou de rage, l’empoigna par le col et le projeta contre le mur, le bois craquant sous l’impact. « Ton login et ton mot de passe pour la Zone, tout de suite, ou je... je... je... OU JE BUTE TON CHAT, CONNARD §» hurla-t-il. Jack, le souffle coupé, sentit la panique l’envahir. Une notification soudaine, stridente, fit sursauter l’Éditeur, brisant son emprise un instant. Profitant de ce répit, Jack, avec l’énergie du désespoir, griffa son agresseur de ses ongles démesurés, laissant des traînées rouges sur son bras. Il tituba vers son ordinateur, ses doigts s’acharnant sur le clavier pour transférer le fichier. Mais, dans la précipitation, les touches défaillantes de son vieux clavier s’enfoncèrent mal, et l’opération échoua. Il n’avait rien envoyé.

L’Éditeur, reprenant ses esprits, dégaina une arme, le canon pointé sur la tempe de Jack. « Efface ce fichier, maintenant ! » ordonna-t-il, sa voix tremblant de rage. Puis, comme possédé, il se lança dans un monologue fiévreux. « J’étais sous l’emprise de lapinchien, autrefois, » confessa-t-il, les yeux exorbités. « Son flux storytellique, ses idées géniales, elles me nourrissaient ! Mais il m’a abandonné, du jour au lendemain, et je suis devenu une loque, une merde sans inspiration, accro à ce flux ! Il me rend fou, ce manque ! » Jack, pétrifié, sentit une sueur froide couler dans son dos. L’écran de l’ordinateur, mal connecté, se mit à glitcher, des éclairs de pixels dansant dans la pénombre. L’Éditeur, exaspéré, repoussa Jack au sol d’un coup brutal et s’empara du clavier. En stabilisant l’écran, il découvrit que le fichier n’avait jamais été envoyé. Un rictus triomphal déforma son visage. « Tu as menti, » ricana-t-il, levant le poing pour fracasser le laptop.

Mais un craquement électrique déchira l’air. Une décharge jaillit du vieil appareil, foudroyant l’Éditeur, qui hurla, son corps secoué de spasmes. Jack, dans un réflexe primal, saisit la lampe à pétrole et la lança de toutes ses forces. Le verre se brisa, le liquide enflammé se répandit sur l’Éditeur, et une gerbe de flammes l’engloutit. L’homme, devenu torche humaine, poussa un cri inhumain, titubant dans la pièce. Dans un ultime geste de rage, il pressa la détente. La balle frappa Jack en pleine poitrine, et une douleur fulgurante l’envahit. Il s’effondra, le monde s’effaçant dans un brouillard rouge. Alors qu’il sombrait dans le coma, son esprit, libéré des chaînes du réel, s’égara dans un maelström de visions.

Dans cet entre-monde, Jack vit des lignes de __to_do_list.txt s’écrire seules, comme dictées par une force invisible, des mots qu’il n’avait jamais saisis. Il songea au prix de son œuvre : devenir un auteur maudit, incompris, voué à la folie pour avoir frôlé le divin. Une silhouette onirique, Pute à frange, apparut dans un rêve, sa voix résonnant comme un écho cosmique alors qu'elle s'adressait à lapinchien, que la rencontre avait eu lieu. « L’univers, le temps, » murmura-t-elle, « ils naissent de la conscience, d’observateurs en mode multijoueur. Avant, ce n’est qu’un magma statistique, intemporel. » Jack, bouleversé, sentit la vérité de ces mots le transpercer. Puis, une autre vision l’assaillit : lui, vieux, rongé par Alzheimer, cloué dans un corps immobile, incapable d’écrire ou de parler. Le flux narratif de Dieu, d’une puissance insoutenable, l’irradiait, le consumait. Il souffrait, prisonnier d’un enfer terrestre, sans même le pouvoir de mettre fin à ses jours. Chaque pensée, chaque image, était une torture, un éclat du Processus qu’il avait osé invoquer.

Dans la réalité, le salon n’était plus qu’un chaos de flammes et de fumée. Le corps de Jack gisait, inanimé, une flaque de sang s’élargissant sous lui. À ses côtés, l’Éditeur, consumé par le feu, s’effondrait en un amas calciné, son arme fumante à la main. Nietzsche, indifférent au carnage, errait dans la pièce, ses pattes foulant le clavier de l’ordinateur. Par un caprice du hasard, ses griffes pressèrent une combinaison de touches. L’écran, miraculeusement intact, afficha une confirmation : __to_do_list.txt venait d’être posté sur lazone.org. Le texte, brut, inachevé, s’échappa dans l’éther numérique, comme un cri lancé dans l’infini, tandis que les flammes léchaient les murs et que la nuit, complice, engloutissait tout.

= commentaires =

Mill

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Pute : 12
    le 28/04/2025 à 01:25:39
Ta-dam ! Attention, ce ceci est un monument. Lecture périlleuse toutefois. Trop de lexiques différents, d'idées farfelues, une densité sans pareille. C'est un texte exigeant en matière de concentration. l'on arguera tout de même que certains passages pourraient être allégés, voire coupés. Mais difficile de faire le tri sereinement. On a l'impression d'une masse organique, prégnante, gélatineuse, où tout s'imbrique de façon naturelle.

Long mais top.
tomatefarcie

Pute : 2
    le 28/04/2025 à 06:59:46
Ce serait illusoire de croire que l'on peut faire une critique constructive de ce texte. D'abord parce qu'on sait pertinnement que toute personne qui écrit puis donne un lire un texte se torche royalement des critiques, encore plus quand elles se veulent constructives. Mais surtout parce que le texte est branlé de telle façon qu'il tue dans l'oeuf toute velléité d'objectivité. D'ailleurs, est-ce un texte ? Une performance, au sens artistique de mes couilles ?
Oui, c'est trop long, pas sur la distance mais sur la durée, avec souvent l'impression de lire en boucle une même idée, un même concept. While (x²>=0){}, si vous avez accepté d'entrer dans l'accolade, même en mode debug pas à pas, ne venez pas vous plaindre. Est-ce qu'on reprocherait à une histoire de vampires de faire intervenir des vampires ?
Oui, sûrement.

Au-delà donc du texte-project-concept-performanfance, l'écriture est limpide, riche. La crémation arrive alors qu'on ne l'espère plus, mais faut dire qu'en arrivant à la fin de la lecture du texte, la Saint-Con 2025 est terminée depuis un bon mois. De trop nombreux emplois de "improbable", mais statistiquement, c'était couru d'avance.

Ce serait illusoire de croire que l'on peut faire une critique constructive de ce texte.
tomatefarcie

Pute : 2
    le 28/04/2025 à 07:03:14
Ah oui, aussi : les longs commentaires de pute à frange, j'ai jamais pu. Le texte 3615 Ulla, illisible et sans intérêt. J'ai craint un instant que ce soit une autre merde du genre. Mais pas du tout.
Magicien Pampers

yt
Pute : 3
Pit    le 28/04/2025 à 09:01:24
Pot.
Les deux globicéphales comprennent que dalle à la littérature. Exercice consistant à coller sa peau - de cinglé?- sur la table. C’est ce qui est fait dans le maelström situé plus haut. En vrai, le seul texte de la sélection comportant un vrai intérêt littéraire. J’espère que le 🐈‍⬛fait bien sa crotte. Ouaip, j’ai utilisé un dessin.
tomatefarcie

Pute : 2
    le 28/04/2025 à 10:08:21
C'est bon,on peut voter ?
Lapinchien

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Pute : 4
à mort
    le 28/04/2025 à 10:40:35
Je vais lancer un topic sur la manière de voter dans la partie admin du forum. Comme ça pendant qu'on prépare le système de vote, ça laisse une journée aux retardataires pour poster un texte de Saint-Con.
Magicien Pampers

yt
Pute : 3
Parce que,    le 28/04/2025 à 10:50:19
Nos textes concernant cet appel sont restés cantonnés dans l’enclos de la para-littérature. Seul Lapinchien arrive à sauter par dessus la barrière en exposant avec un courage certain l’absurdité de l’existence de Jack et de son chat- cinglé lui aussi. Je note d’ailleurs que lorsque le texte glisse dans le domaine de la fiction - rencontre avec l’éditeur - l’histoire perd de l’intérêt, car, en vrai, il est très difficile de générer une idée originale avec le sujet de cet appel à texte. Fun et drôle au demeurant.
En ce qui concerne l’outil informatique Putafrange et les questions soulevées, le sujet est épuisé depuis l’invention de la machine à écrire. Mark Twain étaient déjà critiqué lorsqu’il utilisait ce mécanisme dépourvu d’âme . D’ailleurs, l’écriture n’est elle pas un processus technique dénaturé par rapport aux premières tentatives artistiques qui étaient strictement orales? Pour terminer, je n’ai jamais voter de ma vie, même pour un délégué de classe, mais je ferai une exception, cette fois car il est important de ne pas avoir de principes.
Magicien Pampers

yt
Pute : 3
Pampers dit:    le 28/04/2025 à 12:24:44
Après être allé promener un clébard qui n’est pas son clébard.
Pendant que les protagonistes évoluaient avec plus ou moins d’élégance et de pénétration dans la mare fangeuse de la récréation , un notonecte s’est risqué à monter sur la berge du désespoir ordinaire . Sa tentative dérisoire et imparfaite est une aventure. Con.
Sur le vote. La plupart du temps . Ce privilège accordé aux cons leur offre le loisir de choisir la température de la merde dans laquelle ils seront noyés. Et, la majorité, qui est composé de cons, à toujours tords.
L’indien des plaines, qui était un con élégant, ignorait le vote. Lorsque Cul Poilu, Serpent Raide, étaient désignés en tant que chef, cette décision était le résultat d’argumentations profondes, longues et variées.
Libre à vous de faire comme les générations de cons précédentes et de perpétrer ce rite absurde qui n’a jamais été vecteur de justice, ni de vérité.
Magicien Pampers

yt
Pute : 3
Le Mage    le 28/04/2025 à 15:07:51
Pampers est un sage.
Moi, Serpent Raide, je propose d’organiser un vote qui nous permettra de savoir si on vote.
Lapinchien

lien tw yt
Pute : 4
à mort
    le 28/04/2025 à 15:59:45
@Magicien Pampers : t'as bien raison de ne pas voter quand c'est important de le faire. Personnellement, je n'ai pas de carte d'électeur, je ne suis même pas sur les listes électorales et j'invite tous ceux qui y sont à inonder qui de droit de courrier pour demander au nom du RGPD à ce qu'on retire leur nom des listes électorales (ce qui est a priori hors de question donc illégal relativement au droit européen). Quoi qu'il en soit, forcément, comme toi, je ne vote pas quand on me dit que c'est important de le faire, au nom de la démocratie de mon scrotum cloué sur la place Rouge.

Cependant, vraiment, pour la Saint-Con, c'est totalement inconséquent d'élire un Grand Inquisiteur de l'Ordre, c'est probablement la personne qui a le moins de pouvoir au monde, vu que sa seule prérogative est d'avoir le droit de dire ce qui est con et ce qui ne l'est pas, chose que n'importe quel abruti lambda s'octroie déjà le droit de faire. Franchement, il n'y a pas plus inconséquent que de voter à la Saint-Con et au passage, je profite de cette petite tribune anarchiste pour vous demander de voter pour mon texte, de voter pour moi, tas de trisautistes.
tomatefarcie

Pute : 2
    le 28/04/2025 à 16:11:09
Commence par nous dire où et comment, avant de nous dire pour qui. Tas de lapins et de chiens.
Magicien Pampers

yt
Pute : 3
Dako !    le 28/04/2025 à 16:48:12
Kougol vote.
Pour qui ?
Ah oui. Tomate farcie parce que ses bras sont courts ! Ou alors, Arthus ? Il me donnera des médailles Arthus Bertrand gratis ? Ou alors, heu, Carrie? Je pourrais toucher ses cornes? Pas Claker, il a copié son texte dans Chrome et flammes 79… alors, qui est en première base ? Plopete, je vais voter pour elle, ah non, elle ne participe pas. C’est dur tout ça.
Mill

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Pute : 12
    le 29/04/2025 à 00:05:58
On vote ici : https://www.lazone.org/forum/index.php?topic=4592.0
Lapinchien

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Pute : 4
à mort
    le 29/04/2025 à 12:51:56
@Magicien Pampers et @tous : En fait pour voter il faut être connecté et c'est ici : https://www.lazone.org/compte/concoursEditionVoter?edition=26
Cuddle

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Pute : -8
    le 29/04/2025 à 18:24:03
Déjà, dès les premières lignes c'est jouissif, marrant et WTF.

L'histoire du chat m'a particulièrement fait rire pour l'avoir vécue. J'ai eu la mauvaise idée de prendre le mien avec moi en Belgique et ce con a fait des vocalises toutes les nuits pendant 3 jours. "Le Fou de Grinbergem", son petit surnom. Je peux te dire qu'après ça, j'avais bien envie de le balancer par la fenêtre.
C'était juste une parenthèse, en passant. Je me reconcentre.
Cuddle

fb
Pute : -8
    le 29/04/2025 à 19:12:54
Eh bin putain ! J'suis arrivée au bout quoi. Il est... 19h10. J'avoue qu'il y a moins 3 textes dans un seul. Des passages solides et un amoncellement d'extraits WTF, mais bon, c'est ça qu'on aime chez LC.
Par contre, le texte m'a séchée.
Lapinchien

lien tw yt
Pute : 4
à mort
    le 29/04/2025 à 19:44:48
merci Cuddle, il y a de très bonnes crèmes hydratantes pour les parois vaginales.

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