Comme un véritable artiste du siècle dernier, j'avais installé une machine à écrire sur le coffre qui me servait de table basse. Erika. C'était son nom à elle. Ça sonnait bien, Erika. Un peu dessinateur de BD.
J'étais là, courbé sur Erika, qui me fixait de tous ses yeux en touches de clavier. J'ai pensé au film de Cronenberg, Le Festin Nu, et je me suis dit que ça me plairait, qu'Erika se change en insecte parlant, qu'on taille une bavette.
Mais elle ne disait rien, et je ne tapais rien.
Devant ma porte vitrée, deux affreux cabots copulaient. L'un portait un nom de fruit, l'autre, c'était une histoire d'arbre.
Il y allait, le fruit, il pistonnait comme un dingue, avec sa gueule à déterrer des explosifs. La femelle restait stoïque. Elle acceptait ce qu'on lui donnait, nonchalante.
Après l'acte, ils se sont assis sagement, comme font les chiens, contemplant la campagne tels deux randonneurs amants.
Dix secondes.
Avec sa bite, il est revenu tout gâcher.
Il attaque. Blitzkrieg. Putain de Berger Allemand. C'est ta mère, que tu empales. Oedipe, on aurait dû t'appeler.
On était en plein Sturm und Drang.
Dans ma boite aux lettres, une relance des finances publiques. Mise en demeure de payer. Bientôt la citation à comparaître.
Ils viendront me chercher, comme en quarante.
J'ai décidé de sortir. Prendre l'air, descendre de ma montagne, humer la senteur des sapins. Bonne idée, je me disais. Marcher, ça active le neurone. Tu trouveras un nom. Et même si ce n'est pas le cas, ça te fera du bien.
Grossière erreur.
Mon fétichisme de la machine à écrire était insensé. Le papier, qui ça intéresse ?
Certains pensent qu'un livre peut modifier l'état du monde.
Foutaises. Avant, peut-être. La propagande ne s'imprime plus sur le papier. Elle virevolte d'un cerveau à l'autre, sans entrave matérielle, propulsée par les ailes du numérique.
Se laver les mains, voilà ce qui a sauvé le monde. Et plus personne ne le fait. On se serre la pogne après s'être branlés. Tout le monde vous la serre pour vous tenir par les couilles.
Oui, c'est par une poignée de main que tout a commencé.
Il m'agrippait le bras comme un politicien. Mon voisin.
— ALORS, ON SE BALADE ?
Non, je construis une maquette de train.
— On prend l'air.
— COMME ÇA ON NE SENT PAS LE RENFERME.
— Tout juste.
Il ne voulait pas lâcher. Il me secouait comme une saloperie de requin blanc.
— DITES, VOUS ECRIVEZ, VOUS.
Funeste demie vérité.
— Ça m'arrive.
— J'AI VU LA MACHINE DANS VOTRE SALON EN ALLANT CHERCHER DU BOIS.
Il va bientôt me demander si je connais Maxime Chattam ou Danielle Steel, et m'arracher le bras.
— VOUS SAVEZ, J'ECRIS, MOI AUSSI.
Je ne pouvais pas imaginer pire affirmation.
— Vraiment ?
— DE L'AUTOFICTION. VOUS CONNAISSEZ ?
Je ne sentais plus rien, jusqu'à l'épaule.
— Ça me parle.
— VOUS LISEZ PANAYOTIS PASCOT ?
J'avais fait l'erreur de feuilleter son torchon. Une sinistre confession sur la difficulté d'être pédé quand on est une star de Canal + et qu'on a un père qui vous oblige à finir votre verre de lait et qu'on a des morpions plein le cul. Tout ça dans un style très collégien anorexique.
— Jamais entendu parler.
— C'EST FORMIDABLE. CE GARÇON A BEAUCOUP DE TALENT. IL M'INSPIRE POUR ECRIRE.
— Je note.
Il m'a enfin libéré. J'ai soupiré comme un rescapé de la bande de Gaza.
— VOUS NE CONNAITRIEZ PAS UN EDITEUR ?
Dans un mouvement étrange, syncopé, il m'a de nouveau tendu la main. Il voulait recommencer, le forcené.
— Navré. Personne ne veut de ma prose, j'ai dit en m'écartant, prêt à fuir en courant.
— IL FAUT PERSEVERER. C'EST LA CLEF.
— Absolument, absolument.
J'ai emprunté le chemin de randonnée qui passait à côté de chez moi, jetant des regards par-dessus mon épaule.
Cet homme, c'est aussi votre voisin. Ou votre oncle. Votre vieux pote de lycée. Tous sont persuadés, grâce à quelques poignées de communicants et de publicitaires cocaïnés, qu'ils peuvent écrire. Et c'est vrai. Tout le monde peut écrire. Mais tout le monde n'est pas doué pour rédiger de la fiction. Non seulement ils croient en toute bonne foi que c'est à leur portée, mais on pousse le vice jusqu'à leur faire miroiter la possibilité d'un contrat d'édition chez Flammarion, Albin Michel ou Grasset.
Panayotis putain de Pascot n'a été édité chez Stock que parce qu'il a ses entrées dans le petit monde branché de la bourgeoisie Parisienne. Mon requin blanc de voisin, domicilié dans l'Ardèche, éleveur de chèvres et grand consommateur de Côtes-du-Rhône, peut bien arracher des bras à la capitale, il ne décrochera rien de plus qu'un procès verbal pour harcèlement ou meurtre.
Mais vous ne pouvez pas vous exprimer de cette façon. Il vous faut prendre part à la mascarade, faire semblant de croire en la chance. Admettre l'impensable. Encaisser les regards plein de pitié contenue de vos proches.
Voilà la réalité d'un écrivain.
Si vous comptez gagner de l'argent en noircissant du papier, vous êtes un dément.
Grand bien vous fasse.
Le monde ne manque pas de cinglés, et quand j'ai reçu une notification m'apprenant que mon colis était arrivé au Super U du coin (deux paires de slips à quatre euros commandés sur Amazon, et je ne veux pas savoir quel enfant les a tricotés, n'insistez pas), j'ai su que j'allais encore devoir frayer avec la société des maboules.
Je descendais de la montagne, sans cheval, en faisant travailler les quadris, métabolisant autant de vitamine D que possible. Dans le fond, j'allais presque bien. Le truc, c'est de ne croiser personne.
J'ai croisé quelqu'un.
Un type avec trois gros chiens. Pas de laisse. Aucun contrôle sur ses clébards.
— ILS SONT GENTILS.
Il n'empêche que les molosses s'étaient arrêtés, me fixant comme un jarret de soixante-quinze kilos, tous crocs dehors.
— ILS VEULENT JOUER.
Pas la moindre étincelle de malice dans les yeux des carnivores.
— Vous pouvez les rappeler ? j'ai demandé, voyant défiler ma vie misérable devant mes yeux.
Le film s'attardait sur un épisode en particulier. Moi, à dix ans, en train de me masturber dans le salon, devant la famille au complet, médusée.
C'est ça, un écrivain.
— LEUR ACUITE VISUELLE EST BASEE SUR LE MOUVEMENT. JE SUIS COMPORTEMENTALISTE CANIN, N'AYEZ PAS PEUR. ET SURTOUT NE BOUGEZ PAS.
Je n'ai pas bougé.
— VOUS VOUS EN SORTEZ TRES BIEN.
Il a tenté d'attraper l'un des chiens par le gras du cou, un Dogue Allemand sans collier. Le monstre a refermé la mâchoire tout près de sa main en un claquement sec. De toute évidence, il maîtrisait la situation. Le chien, pas le maître.
— IL SUFFIT DE LEUR EXPLIQUER QUE VOUS NE REPRESENTEZ PAS UNE MENACE.
Le comportementaliste s'est mis à grogner et souffler en se déhanchant.
Aucune réaction chez les corniauds. Ils avaient l'air bien décidés à me boulotter, borborygmes ou pas.
— JE VAIS CONTINUER A MARCHER VERS VOUS, ET JE VAIS VOUS SERRER LA MAIN. DE CETTE MANIERE, ILS COMPRENDRONT QUE NOUS SOMMES AMIS.
Et voilà, on en revient toujours à la poignée de main. Qu'est-ce qu'une bande de hyènes affamées entravait aux conventions humaines ?
Toujours est-il qu'il est venu me secouer la pince, et ça a fonctionné. Du moins, je n'ai pas cassé ma pipe ce jour-là. Les chiens se sont remis à faire des trucs de chiens, comme renifler le fond du caniveau.
— J'ECRIS DES LIVRES.
Non, non. Je ne voulais pas savoir. J'avais échappé à une mort certaine. Tout ce que je souhaitais, c'était continuer ma route jusqu'au Super U. Récupérer mes slips, et rentrer chez moi.
— SUR LES CHIENS. CE SONT DES ANIMAUX ABSOLUMENT FASCINANTS. SURTOUT QUAND ON LES COMPREND.
Il me regardait comme un roquet abandonné sur une aire d'autoroute. Il crevait d'envie de me parler de sa passion. Pourquoi fallait-il toujours que ça me tombe dessus ?
— Ah, vraiment ? j'ai dit, résigné.
Le Dogue est venu me sniffer le cul, à grands coups de museau. J'étais très peu détendu.
— IL EST EN TRAIN DE PRENDRE VOTRE ODEUR. DE CETTE FAÇON, IL VOUS RECONNAITRA, LES PROCHAINES FOIS.
Il n'y aura pas de prochaines fois. Plus jamais je ne sortirai de mon salon.
— DANS MES LIVRES, J'EXPLIQUE QU'IL NE FAUT JAMAIS HAUSSER LE TON EN PRESENCE D'UN CHIEN. C'EST STRESSANT, POUR EUX, VOUS SAVEZ.
C'est stressant pour les humains, également. Tout le règne animal devait être horriblement stressé en présence de ce comportementaliste canin.
— DANS MES LIVRES, ON APPREND QUE LA VIE SANS CHIEN EST COMME UN GÂTEAU A LA CREME SANS CERISE. LE CHIEN, C'EST LA CERISE.
Son Dogue Allemand lui pissait sur les chaussures.
— DANS MES LIVRES, J'ECRIS QUE L'HOMME FERAIT BIEN DE GERER CHAQUE SITUATION COMME UN CHIEN. SI VOUS NE POUVEZ PAS MANGER UNE CHOSE OU JOUER AVEC, FAITES PIPI DESSUS ET PARTEZ.
J'avais bien envie de lui faire pipi dessus, moi aussi, à défaut de pouvoir partir.
— Vous êtes publié chez qui ? j'ai demandé, suivant du regard les grosses bestioles.
Elles se désintéressaient de nous. J'allais bientôt être sauvé.
— SIX CENT SOIXANTE-SIX MILLIONS DE PETITS AMIS POILUS.
Curieuse référence sataniste. Quel rapport entre Lucifer et les chiens ? Bien sûr, le nombre de la Bête.
— Vous êtes franc-maçon ?
C'était ma question joker pour me sortir des mauvaises passes. La plupart des gens déteste parler de franc-maçonnerie. Parce qu'ils n'y comprennent rien. En revanche, c'est risqué, puisqu'une toute petite minorité de personnes est absolument obsédée par ce sujet. Il faut bien analyser son interlocuteur. Faire de la lecture à froid, comme disent les mentalistes.
— PAS DU TOUT. JE SUIS FONDAMENTALISTE CHRETIEN.
Mauvaise pioche.
— LES FRANCS-MAÇONS SONT EN TRAIN DE BÂTIR UNE DICTATURE MONDIALE ET GLOBALISEE SUR LA BASE DU COMMERCE DEREGULE. CE SONT LES DESCENDANTS DES BÂTISSEURS DE CATHEDRALES, ET AVANT ÇA, ILS CONSTRUISAIENT LES PYRAMIDES. ILS PRATIQUENT DES RITUELS SACRIFICIELS INSPIRES DES CULTES A MYSTERES DE L'ANTIQUITE DANS LE BUT DE FRACTIONNER LA CONSCIENCE DE LEURS FIDELES. AINSI, ILS CREENT UN ETAT DE DISSOCIATION MENTALE LEUR PERMETTANT DE PRENDRE LE CONTROLE TOTAL DE LA PERSONNALITE DE LA VICTIME, QUI DEVIENT UNE MARIONNETTE PROPRE A REALISER TOUTES SORTES D'EXACTIONS DICTEES PAR LA SECTE. CETTE PROGRAMMATION MENTALE SERT PAR EXEMPLE A CONDITIONNER UNE JEUNE STAR DE LA MUSIQUE POP POUR EN FAIRE UN ESCLAVE SEXUEL QU'ILS SE PARTAGENT LORS DE GRANDES ORGIES DANS DES CHATEAUX EN ESPAGNE. PUIS ILS PRATIQUENT LE CHANTAGE SUR TOUS LES HOMMES DE POUVOIR QUI NE SONT PAS ENCORE ACQUIS A LEUR CAUSE, EN LES FILMANT EN TRAIN DE FAIRE DES CHOSES HORRIBLES, COMME BOIRE DU SANG ET MANGER DES BEBES.
Très mauvaise pioche.
— IL FAUT BIEN COMPRENDRE QUE LES FRANCS-MAÇONS SONT COMME DES JOUEURS D'ECHECS. ILS PLANIFIENT LA MODIFICATION DU MONDE PLUSIEURS CENTAINES D'ANNEES A L'AVANCE. TOUT CE QUI ARRIVE AUJOURD'HUI, TOUS LES GRANDS RECITS HISTORIQUES ET LES DATES IMPORTANTES, LES CONFLITS MAJEURS ET LES ACCORDS INTERNATIONAUX SONT IMPUTABLES AUX FRANCS-MAÇONS. ILS N'ONT JAMAIS ETE SI PRESENTS ET NOMBREUX QU'A NOTRE EPOQUE, PARCE QU'INTERNET, QU'ILS ONT DEVELOPPE EUX-MÊME EN USANT D'UNE FORME TRES SUBTILE DE MAGIE NOIRE, LEUR PERMET D'ESSAIMER PARTOUT DANS LE MONDE ET DE REPANDRE LEUR RELIGION SANS NOM A UNE VITESSE PROCHE DE CELLE DE LA LUMIERE. POMPIDOU ETAIT FRANC-MAÇON. RENE COTI ETAIT FRANC-MAÇON. MYLENE FARMER EST FRANC-MAÇONNE.
Aucun doute en ce qui concernait Mylène Farmer.
Les chiens étant loin, la voie était libre.
— C'est révoltant, je vais de ce pas en informer le commissariat de Balazuc...
— NON, N'Y ALLEZ PAS, ILS SONT DE LEUR CÔTE.
Dieu sait que je ne suis pas sportif, mais j'ai couru.
— ATTENDEZ, VOUS AVEZ FAIT TOMBER VOTRE...
''J'ai couru jusqu'à sentir tous mes muscles brûler, jusqu'à sentir dans mes veines de l'acide sulfurique à la place du sang. Puis, j'ai couru encore.''
C'est tout à fait ça, Chuck. Sauf qu'après, je n'ai pas fait sauter les Century Plaza Towers de Los Angeles. Je me suis contenté de m'effondrer sur la place centrale de Balazuc.
— Vous allez bien ?
Une voix de femme. J'avais le soleil dans les yeux, je ne voyais que sa silhouette noire, échevelée. Etendu, les bras en croix, en pleine crise d'arythmie cardiaque, je me suis demandé si j'avais affaire à un ange.
— Je suis descendu de la montagne. Sans cheval. En courant.
— On dirait que vous avez un peu trop forcé. Vous voulez de l'eau ?
Elle m'a tendu une bouteille. Je me suis redressé et j'ai bu un coup.
C'était une jeune, dans la vingtaine. Elle serrait contre sa poitrine un gros livre broché.
Enfin. Une simple lectrice. Statistiquement, je ne pouvais pas tomber sur trois écrivains dans la même journée.
— Vous lisez quoi ? j'ai demandé.
— MON LIVRE.
Enfer et damnation.
— C'EST DE LA ROMANTASY. LE TITRE, C'EST LE CHÊNE ET LE GLAND. ELEANORÏA EST UNE FILLE LAMBDA A LAQUELLE ON PEUT S'IDENTIFIER FACILEMENT. AU DEBUT, ELLE N'EST QU'UNE SIMPLE BOULANGERE EN ALTERNANCE ET VIT SA VIE TRES BANALE QUAND LE SEIGNEUR DU ROYAUME DE COLÖCONSTIPIÄH, DRAKENFÄNG LE SORDÏDE, DETRUIT SON VILLAGE ET ASSASSINE TOUTE SA FAMILLE. IL EPARGNE ELEANÖRIA PARCE QU'IL LA TROUVE JOLIE, BIEN QU'UN PEU FADE, DISONS D'UNE BEAUTE TRES COMMUNE, ET DECIDE D'EN FAIRE SON ESCLAVE. IL L'ENFERME DANS UNE CAGE DOREE ET LUI EXPLIQUE QUE, DORENAVANT, ELLE SERA SA PREFEREE. CAR DRAKËNFANG LE SÖRDIDE FAIT L'AMOUR AVEC TOUTES SES SERVANTES QUOTIDIENNEMENT, DISONS PENDANT UNE BONNE MOITIE DE LA JOURNEE. DONC A PARTIR DE LA, IL Y A BEAUCOUP DE SCENES SEXUELLES QUI SE DEROULENT SOUS LES YEUX D'ELËANORIA, PARCE QU'ON A INSTALLE SA CAGE DANS LA CHAMBRE A COUCHER. ELLE EST TERRIBLEMENT EXCITEE, PARCE QUE DRÄKËNFÄNG LE SÖRDÏDË NE LA TOUCHE JAMAIS, IL FAIT L'AMOUR UNIQUEMENT AVEC LES AUTRES, DISONS PENDANT LES TROIS QUARTS DU LIVRE. VOILA POUR LE SYNOPSYS. VOUS VOULEZ L'ACHETER ? JE SUIS EDITEE CHEZ UNE PETITE MAISON D'EDITION QUI DEBUTE. LES CONTES DE LA LÜXÜRE, ÇA S'APPELLE. CE SERAIT BIEN DE LEUR DONNER UN COUP DE POUCE, PARCE QUE POUR L'INSTANT JE SUIS LEUR SEULE AUTRICE LOL. EN PLUS J'AI DU ENTAMER MON COMPTE EPARGNE PARCE QUE DANS LE CONTRAT, J'AVAIS PAS VU, MAIS JE ME DEVAIS D'ACHETER CENT CINQUANTE EXEMPLAIRES DE MON LIVRE. BON VOILA, C'EST LE MONDE DE L'EDITION, ÇA MARCHE COMME ÇA LOL.
Sur son T-Shirt, un slogan équivoque : «délivrez-nous du mâle».
Le degré de dissonance cognitive chez cette personne atteignait des sommets. Et on était en Ardèche. Les sommets, on connaissait.
— Navré, ce n'est pas trop mon type de littérature.
— D'ACCORD, JE COMPRENDS. CE N'EST PAS GRAVE. MAIS JE VOUS AI DONNE DE L'EAU, QUAND MÊME. LA MOINDRE DES CHOSES SERAIT DE S'ENTRAIDER, VOUS NE CROYEZ PAS ?
Du chantage. Je ne m'y attendais pas. Et voilà que ses yeux s'embuaient.
— C'EST SEULEMENT DIX HUIT EUROS.
Je ne voulais pas faire pleurer cette jeune femme. Elle avait réalisé son rêve en auto-publiant son fantasme ultime, bien plus sordide d'ailleurs que son seigneur priapique. C'est ce que font les écrivains. Elle avait du mérite. J'ai mis la main à ma poche arrière de pantalon. Pas de portefeuille.
— Mince, je crois que j'ai oublié mes sous.
— C'EST VRAIMENT DOMMAGE. DANS CE CAS JE VOUS INVITE A VOUS RENDRE SUR LE SITE DES CONTES DE LA LÜXÜRE POUR LE COMMANDER. VOUS NE LE REGRETTEREZ PAS.
— J'en suis certain.
Elle gardait la face. Les larmes ruisselaient sur ses joues roses, mais elle souriait. Brave gamine. Tu iras loin, avec ce comportement.
Alors qu'elle s'en allait vendre son bouquin à une mamie ardéchoise déconfite, j'ai repris ma route. Direction : le Super U.
A l'origine, il y avait des arbres, sur le parking du Super U. De grands érables au feuillage dense, créant une ombre rafraichissante et bienvenue. Ils les ont arrachés, puis on construit un dôme de métal couvrant le parking. Le groupe Pigeon, acteur majeur de l'aménagement du territoire et des travaux publics, était responsable de cette merveilleuse entreprise de bûcheronnage.
Cette anecdote est révélatrice de la mentalité humaine.
On avait du beau, du naturel, du vivant, et on décide de tout raser. Juste parce qu'on peut le faire, et qu'on a de la thune à ne plus savoir qu'en foutre. Ce n'est même pas la faute du chef de projet du groupe Pigeon. Lui, c'est son boulot. On lui demande de flinguer des arbres, il y va.
Non. C'est la municipalité de Balazuc qui est en cause. Ils sont blindés, puisque la ville est touristique. Les dotations sont conséquentes, notamment pour l'aménagement urbain.
— IL FAUT FAIRE UN TRUC AVEC NOS DIXAINES DE MILLIERS D'EUROS DE DOTATIONS. AUTREMENT, ILS VONT NOUS COUPER LA CHIQUE, L'AN PROCHAIN.
— ON A NETTOYE CINQ FOIS LA FONTAINE, CE MOIS-CI. ELLE EST TOUTE PONCEE, A FORCE DE FROTTER. LE TOIT DE LA MAIRIE A ETE REFAIT A DEUX REPRISES. ON A CONSTRUIT TROIS NOUVEAUX TERRAINS DE PETANQUE SUR DES ZONES NATURA 2000. JE N'AI PLUS D'IDEE.
— IL Y A ENCORE DES ARBRES SUR LE PARKING DU SUPER U, PAS VRAI ?
Le voilà, le grand dôme de métal, étirant ses pattes sur le paysage comme une araignée de trente mètres d'envergure. Ici, on perpétue le culte de la consommation, dit l'araignée. On n'est pas là pour respirer, les gars. L'oxygène, c'est pour les Papous de Nouvelle Guinée. Nous, on est Français et compétitifs. On étouffe sous les boites de coton-tiges et les mascaras en solde, testés sur des chiens bleus de Russie. On s'en fout, c'est des Russes. Ils méritent ce qui leur arrive.
A tout ça, je réponds : nous aussi, nous méritons ce qui nous arrive.
Il fallait que je récupère mes slips. C'était plutôt capital, parce que j'avais usé jusqu'à la corde tous mes calbars. On frôlait la collection de strings. Contrairement à la municipalité de Balazuc, j'étais incontestablement fauché.
Arrivé au guichet, j'ai attendu un quart d'heure avant qu'une bonne grosse femme se pointe. Ils étaient en sous effectif. Il faut les comprendre.
Je note que, depuis le Covid 19, on prend le temps de comprendre les caissières, mais pas plus les écrivains. Pourtant, d'après les statistiques, un auteur a quinze fois plus de risques de se suicider qu'un employé de chez Orange. Voilà qui remet les choses en perspective. Ou peut-être que tout le monde s'en fout.
— Je viens récupérer un colis au nom de...
— VOUS AVEZ UNE PIECE D'IDENTITE ?
Problème. Pas de portefeuille. D'ailleurs, je n'avais pas réellement songé à ce détail parce qu'il m'arrangeait bien, quand la petite voulait me vendre son pavé de sept cent pages. J'étais sûr de l'avoir pris en partant de chez moi, mais, eh, je suppose que la vie avait décidé de m'administrer une énième fessée déculottée.
— Malheureusement, je crains d'avoir perdu ma carte. Mes cartes. Les bleus, les vertes. On dirait que je suis un homme libre, désormais.
— IL ME FAUT UNE PIECE D'IDENTITE. AUTREMENT, JE NE PEUX PAS VOUS LAISSER LE COLIS.
— Allons, vous me connaissez bien. Je passe moins, depuis quelques temps, parce que j'ai arrêté de boire. Les packs de vins de cuisine. Les couches pour adultes. Vous me remettez ?
— MONSIEUR, JE SUIS NAVREE, J'AI DES CONSIGNES STRICTES. LES ORDRES VIENNENT D'EN HAUT. JE NE SUIS QU'UNE EXECUTANTE.
— C'est aussi ce que disait Rudolf Höss.
— C'EST UN CHANTEUR ?
— Un exécuteur. Ecoutez, donnez-moi mes slips.
Elle a pris un air contrit mais n'a pas bougé. J'ai compris qu'elle ne céderait jamais en m'y prenant de cette façon. Trahir sa hiérarchie représentait un acte impensable, proscrit par son logiciel professionnel. Elle voulait m'aider, mais Sophie de la compta allait la traiter de Judas toute sa carrière. Elle ne pouvait pas tuer Jésus. En ça, je l'ai trouvée touchante.
— Vous écrivez, n'est-ce pas ? Une biographie, peut-être ? j'ai demandé, à brule-pourpoint.
Elle m'a gratifié d'un de ces regards qu'on réserve en général à... je ne sais pas. Alexandre Astier bien coiffé.
— COMMENT LE SAVEZ-VOUS ?
Le monde entier passe son temps à se reluquer le nombril, ma grande. Et puis j'ai compris que les statistiques, c'était pour les cons.
— Je suis éditeur. Les auteurs prometteurs, je les repère instantanément.
— VRAIMENT ? IL SE TROUVE QUE J'ECRIS MES MEMOIRES, EN EFFET. LE TITRE, C'EST : J'EN CONNAIS UN RAYON.
— Très accrocheur. Vous tenez quelque chose.
— VOUS CROYEZ ?
— J'en suis sûr. On va vous tirer à dix mille exemplaires, photo sur la couverture, citations de vos enfants en exergue. Je peux vous avoir une préface du PDG de Super U.
— C'EST IMPENSABLE. VOUS FERIEZ ÇA ?
J'ai attrapé un stylo et commencé à gribouiller sur le coin du comptoir.
— Envoyez votre manuscrit à cette adresse. Ecrivez sur l'enveloppe : «Aux bons soins de Jacques Toubon». C'est mon directeur de collection.
— FORMIDABLE. OH, JE SUIS EMUE.
— Je n'ai pas de mouchoir. Tenez, prenez votre manche. Impeccable. Vous pouvez me donner mes slips, maintenant ?
— D'ACCORD. MAIS ÇA RESTE ENTRE NOUS, a-t-elle dit, de la morve plein le menton.
La transaction. Voilà ce qui régit notre monde humain. Six cent soixante-six.
Pourquoi est-ce qu'il nous reparle du nombre de la Bête ? vous demandez-vous.
«Et nul ne pourra acheter ou vendre,
S'il n'est marqué au nom de la Bête ou au nombre de son nom,
C'est ici qu'il faut de la finesse ! Que l’homme doué d’esprit calcule le nombre de la bête, c’est un nombre d’homme : son nombre, c’est 666.»
Apocalypse, 13:17-18 (Bible de Jérusalem)
Tous les codes barres, mes amis, comportent au début, au milieu et à la fin une double barre fine et rapprochée correspondant au chiffre six. «Je suis l'Alpha et l'Omega, le commencement et la fin», et même le milieu, pour ce qui nous intéresse. Le nombre de la Bête est partout.
Nous formons une société marchande. Le contrat de vente est au coeur de l'intégralité de nos rapports en tant qu'espèce. Si tu m'apportes quelque chose, je te donne autre chose. C'est imprimé, noir sur blanc, dans le premier best-seller qui a jamais existé. On le retrouve désormais sur tous les produits manufacturés de notre société de consommation mondialisée. Oui, les caissières du Super U et de toutes les enseignes possibles et imaginables manipulent quotidiennement des extraits de la bible. La bible n'est qu'un récit. Un vieux bouquin. Tout ce qui compte, c'est qu'on y croit. On ne croit plus en Dieu, très bien. Y a-t-on jamais cru ?
Mais on croit au commerce, et au sacro-saint libéralisme.
C'est notre religion, depuis la nuit des temps. La seule, l'unique. Celle qui écrase toutes les autres.
En tous cas, c'est le récit qu'on nous vend.
Mes slips à la mains, gagnés de haute lutte, arpentant les montagnes d'Ardèche, je réfléchissais à ces considérations. Douze kilomètres à pied de dénivelé, ça n'use pas que les souliers. J'avais le cerveau en ébullition.
J'ai pris conscience du creux à la place de mon coeur. Cette absence, à la densité d'un trou noir supermassif, cette blessure narcissique propre à chaque homme et chaque femme, qu'on cherche à tous prix à combler.
Pourquoi écrire, sinon pour être lu ?
Pourquoi écrire, si personne ne vous lira jamais ?
Votre grand-mère vous lira peut-être. Votre papa et votre maman ; rien n'est moins sûr. Vos enfants ? N'y comptez pas.
Si j'avais un seul conseil à donner, je dirais : faites comme si vous vous adressiez à un chien. Parlez-lui de tout ce qui vous passe par la caboche. Il n'ira rien rapporter à personne. Mais il vous écoutera, en penchant la tête. Le meilleur lecteur que vous aurez jamais reste et restera votre chien. Si vous n'en avez pas, prenez celui du voisin.
Je lui ai dit, au Berger Allemand, violeur de sa maman, ce que je comptais faire pour entrer dans la Légende. Comment j'allais intégrer le grand Récit Historique. Je lui ai tout expliqué, dans les moindres détails.
J'ai compris que les écrivains étaient des gens très peu investis dans la vie de leur commune. Dans la vie en général, même. Ils passent leur temps à penser le monde et s'en exclure, dans une posture plus ou moins consciente de gros bâtards égocentriques.
Il m'est apparu en outre que je n'aurais jamais de succès en tant qu'écrivain.
Voilà, j'avais percé l'abcès colossal que représentait mon égo.
Que font les auteurs qui se découragent de l'écriture ? Ils deviennent critiques, ou bien éditeurs.
C'est faux, la plupart se flingue la santé dans un boulot alimentaire dégradant et éthiquement douteux (quoi que couper des arbres pour concevoir cent cinquante exemplaires de LE CHÊNE ET LE GLAND est aussi éthiquement douteux). Mais, moi, j'allais devenir éditeur.
Ma petite scène d'improvisation au guichet du Super U m'avait conforté dans cette idée. C'était ma vraie vocation.
Quand j'ai reçu l'enveloppe annotée «Au bons soins de Jacques Toubon», je l'ai ouverte avec un couteau de boucher, puis j'ai posé le manuscrit intitulé J'EN CONNAIS UN RAYON sur mon coffre. En bon éditeur, je ne l'ai pas lu. J'ai seulement retiré le post-it contenant les coordonnées de l'auteur.
Je me suis équipé de mon téléphone, et j'ai composé le numéro.
— ALLO ?
— Bonjour, Jacques Toubon à l'appareil. Vous êtes assise ?
— SI JE SUIS ASSISE ?
— Je vous conseille de vous asseoir, ou bien de vous accrocher à vos enfants.
— REGINALD. VIENS ICI MON LAPIN.
— J'ai une grande nouvelle à vous annoncer. Réginald est près de vous ?
— OUI, JE L'AI CEINTURE AVEC MON BRAS LIBRE. CE SERA SUFFISANT ?
— Nous verrons bien. Nous avons décidé de publier votre manuscrit.
Silence au bout du fil.
— Vous êtes toujours là ?
Rien. Pas même un peu de friture sur la ligne. Mais j'avais confiance. Mon filet était en Kevlar.
— Vous allez bien ?
— OUI.
— Sûre ?
— C'EST L'EMOTION. MON FILS EST ASTHMATIQUE. VOUS PENSEZ QUE JE PEUX LE LÂCHER, MAINTENANT ? IL EST TOUT BLEU.
— Vous pouvez lâcher Réginald. Alors, voilà ce qu'on va faire. Vous avez toujours l'adresse de nos locaux ?
— OUI.
— Je vous invite à vous y présenter, munie d'un RIB. Nous discuterons ensemble des éventuelles retouches et corrections à apporter à votre manuscrit.
— D'ACCORD. QUAND DOIS-JE PASSER ?
— Oh... Lundi en huit, en début de soirée, je devrais pouvoir me libérer.
— D'ACCORD. A LUNDI, MONSIEUR TOUBON.
On trouve à peu près tout ce qu'on veut, sur Leboncoin. Quand j'ai tapé «four crématoire» dans la barre de recherche, j'ai quand même été surpris par le nombre indécent de résultats. J'ai arrêté mon choix sur une belle petite machine, toute chromée, de deux mètres de haut. Elle ressemblait à une cabine de douche rétro-futuriste. Cent trente euros. Très peu servi. Le vendeur était un collectionneur d'objets rares de la Seconde Guerre Mondiale.
C'est un hobby respectable.
Mon voisin, par qui toute cette histoire a commencé, a logiquement été le premier à inaugurer ma nouvelle douche. Je lui ai dit que j'allais publier le deuxième livre de Panayotis Pascot. Il n'y tenait plus. Il fallait que je sois son éditeur.
— J'ai particulièrement apprécié le moment où vous coupez du bois. C'est très évocateur, surtout en tenant compte de la structure du récit.
— MERCI. JE PENSE QU'UN ECRIVAIN DOIT SAVOIR DE QUOI IL PARLE. ETRE AU PLUS PRES DE LA VERITE. ET POUR ÇA, IL FAUT METTRE LES MAINS DANS LE CAMBOUIS.
— Vous et moi, nous avons la même vision de la littérature.
Je l'ai conduit à la salle de bain. Il m'aurait suivi jusqu'en Enfer, moi l'éditeur. Ainsi sont les artistes.
— Je vais révéler votre talent au Grand Monde, cher voisin. Mais. On n'entre pas dans le Grand Monde sans bien se récurer derrière les oreilles. Je vous invite à vous laver de votre ancienne vie. Celle où vous n'étiez pas encore un artiste. Cette douche est votre chrysalide. C'est symbolique, bien sûr, vous vous en rendez compte. Tout est symbolique. Les signes et les symboles gouvernent le monde, pas les lois ni les mots.
J'avais parlé avec tant de fièvre qu'il s'était désapé sans émettre une seule objection. Mon écrivain de voisin. Nu dans ma salle de bain. Prêt à prendre une douche au Sans Plomb 95.
Il est entré dans la cabine. J'ai fait coulisser le volet métallique. Cadenas. Nous y sommes. Houston, parés à l'allumage. En prenant mon temps, j'ai rapporté un escabeau. J'avais préalablement retiré la cloison du haut, sur le four.
— JE NE TROUVE PAS LE MITIGEUR, a dit mon voisin, en me voyant apparaître au-dessus de lui, un bidon entre les mains.
— C'est moi, le mitigeur.
Je l'ai copieusement arrosé.
— CE N'EST PAS DE L'EAU.
— En effet. Purification par le feu.
— VOUS PENSEZ QUE J'AURAIS DROIT A LA POSTERITE ?
— J'en doute. Tout le monde oublie la victime au profit de l'assassin.
J'ai craqué une allumette, que j'ai laissée tomber comme on lâche une plume.
Une lueur orangée pulse brièvement avant que le feu s’étire en langues minces, avides, courant sur l'épiderme comme une armée de petits crabes affamés. Les flammes se propagent de façon capricieuse, rampant doucement sur le dos, mais avalant d'un coup toute la chevelure. La peau, d’abord rougie, se boursoufle en cloques translucides, éclatant sous la pression de la combustion, laissant suinter un liquide visqueux qui s’évapore aussitôt. Une odeur âcre de chair brûlée sature l'air. Parfums de cuir roussi et de sang cuit. L’odeur ne se contente pas de monter au nez : elle s’insinue sous la peau, s’accroche à la gorge, tapisse les poumons.
Le plus étrange, c'est qu'il ne crie pas. Il crame en silence, comme un automate victime d'un court-circuit fatal.
Sous la couche calcinée, les tissus plus profonds, riches en graisse, commencent à fondre, exsudant une huile jaunâtre qui alimente l’incendie en crépitant. Par endroits, les flammes percent jusqu’aux os, qui deviennent rouge avant de blanchir. Peu à peu, la structure du corps cède. Et bientôt, mon voisin n'est plus qu'un tas de cendres noires d'où émergent quelques fragments d'os.
J'ai procédé ainsi avec tous mes clients. Le fondamentaliste anti-franc-maçons, qui planquait dans ses tiroirs encore trois volumes inédits traitant de comportementalisme canin. L'auteur de LE CHÊNE ET LE GLAND (je lui ai promis de racheter tous ses exemplaires). Et bien sûr, ma grosse caissière en supermarché, ainsi que son fils, Réginald, huit ans, qu'elle avait inscrit à un atelier d'écriture avec Bernard Werber «DANS LE DOUTE, DES FOIS QUE LE TALENT SOIT HEREDITAIRE».
Ceci est ma confession. Un témoignage qui m'enverra derrière les barreaux pour le reste de ma vie. C'est un écrit précieux. Une archive historique, documentant le quotidien d'un auteur prêt à tout pour accéder à la renommée. L'Histoire se souviendra de moi comme de cet écrivain et faux éditeur qui brûlait vifs ses clients dans sa salle de bain.
Vous croyiez qu'on se débarrassait si facilement d'un égo d'artiste ?
Je suis fier d'affirmer qu'il n'y aura jamais de code-barre sur cette oeuvre.
Mes chers lecteurs, je vous salue. Acceptez de recevoir mon âme dans vos salons ou vos chambre à coucher, confortablement installés dans vos fauteuils ou dans vos lits, en train de scroller l'actualité sur vos smartphones de merde.
Cordialement,
Clacker.
PS : J'ai fini par le dégoter, ce nom de plume qui sonne comme une claque.
![[illustration]](/data/img/images/2025-04-20-ecrivain-big.jpg)
Mais j'ai arrêté de boire depuis quelques mois. C'est délirant de croire qu'on peut écrire quoi que ce soit de valable en se démontant la tête. Un vieux cliché tout racorni, bon pour le cinéma.
Il fallait juste que ça ait l'air d'un nom de pochtron. Mais classe. Un truc vaguement polonais. Ou bien serbo-croate.
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J'ai mis 10/10. ça déchire l'anus à grands coups répétés d'objets contondants, ce texte. C'est comme une grande armée de marteaux-piqueurs, envoyée par Poutine, qui s'acharnerait sur les parties intimes du lectorat jusqu'à ce qu'il désigne son auteur, Grand Inquisiteur de l'Ordre de Saint-Con 2025. Bien joué, fils de pute.
Je l'ai lu comme un putain de bon livre. En plus court alors je l'ai relu.
Mon préféré, et de loin.