LA ZONE -

Jack Bauer contre les wokistes

Le 17/04/2025
par Mill
[illustration]     « Allô ? Passe-moi ta mère !
    - Pardon, quoi ? Vous êtes qui, d'abord ?
    - Comment ça, je suis qui ? Passe-moi ta mère, bordel de con ! Tu vois bien que c'est moi !
    - Je vais devoir raccrocher, Monsieur. Non seulement je ne vous reconnais pas, mais je n'apprécie pas qu'on m'insulte.
    - QUOI ? NE T'AVISE PAS DE... »

    Clic.
    Jack Bauer oscillait entre sidération, incrédulité et rage écumante. Il lui restait moins de trois heures pour sauver l'Amérique et il devait absolument parler à sa femme, s'excuser platement, lui dire qu'il l'aimait et qu'il s'en voulait d'avoir laissé les choses pourrir entre eux alors que...
    « Jack ? Jack ? Tu me reçois, Jack ?
    Décidément, on n'est jamais tranquille, se dit Jack. C'était son collègue, l'agent Smith. « Aucun rapport avec celui de Matrix », comme il aimait à le rappeler quand il se présentait.
    « Je suis là, Kevin. J'essayais juste de joindre ma femme.
    - Ta femme ? Mais je croyais qu'elle était morte à la fin de la première saison.
    - Merci de me le rappeler », rétorqua Jack de sa voix la plus acide. « C'est évidemment ma huitième épouse. Tu croyais quoi, que j'allais rester avachi dans une cellule afghane à pleurer sur le passé ?
    - Excuse-moi, Jack. C'est juste que... l'heure tourne. Et tu es le seul capable de sauver le Président Trump. »
    L'agacement s'empare de l'agent spécial Jack Bauer. Il a défendu des tas de présidents, sauvé l'Amérique une bonne cinquantaine de fois, et, à chaque fois, il y a laissé des plumes. Sa famille, maintes fois recomposée, en a bavé plus qu'à son tour et, à son âge avancé, il n'est plus aussi sûr de lui, de ses capacités, de son envie d'en découdre. Il est loin, le temps où il logeait des balles dans les genoux des terroristes incarcérés pour gagner du temps pendant l'interrogatoire.
    « Je sais, Kevin. Appelle ma femme, je te prie, et dis-lui que je l'aime et que je m'en veux, et que je n'aurais jamais dû... »
    Une balle siffle à son oreille. Jack se jette à terre et lâche son téléphone au moment où l'agent Smith s'apprête à lui dire qu'il ne connaît pas sa nouvelle épouse, que ça fait bien six saisons qu'il a perdu le compte, et qu'il a autre chose à foutre vu qu'un consortium terroriste d'ultragauche menace les États-Unis à coups d'attentats climato-wokistes, que des gens vont mourir, de bons Américains, rougeauds, joufflus et à chemises à carreaux.
    L'agent spécial Bauer roule sur lui-même, comme un burrito tombé sur le lino d'un diner, se réfugie derrière une Ford Prius, saisit son Glock et tire à l'aveugle. Un cri de douleur lui signale qu'il a fait mouche. Il remercie mentalement le scénariste et se relève précautionneusement, traverse la rue à moitié penché en avant, se dit qu'il ressemble à Don Johnson dans Miami Vice et essuie deux coups de feu inattendus.
    Nouvelle cascade de Jack Bauer, qui parvient à éviter l'un des tirs. L'autre lui ravage la moitié de l'épaule et Jack se met à hurler sa mère. Le tireur en profite pour quitter son refuge et tenter une escapade à découvert. Visiblement, il cherche à atteindre la Dodge garée en double file devant le kebab du coin. Le conducteur a allumé les warnings et le moteur tourne tandis qu'il récupère sa commande, un tacos trois viandes, sauce samouraï et frites à l'intérieur, plus un coca zéro parce que l'été approche et qu'il surveille sa ligne. Manque plus qu'une pancarte « volez-moi » suspendue à la portière.
    Entraîné depuis l'âge de douze ans à supporter les plus vives douleurs par un moine shaolin admirateur de Philippe Douste-Blazy, Jack Bauer sollicite toutes les ressources de son corps sculpté à la dure et prend sur lui comme un homme un vrai. Il appuie sur la gâchette sans remarquer le petit garçon à l'anorak à capuche orange qui arrive comme une fusée sur son skateboard. La tête du gamin explose dans son parka et on entend une voix enfantine s'écrier : « Oh mon Dieu, ils ont tué Kenny ! » et une autre lui répondre : « Espèces d'enfoirés ! »
    N'écoutant que son devoir, Jack Bauer s'empresse de refouler tout sentiment de culpabilité et se jette dans une course à bride rabattue. Son agresseur s'engouffre derrière le volant de la Dodge, jette son arme sur le siège du passager, débloque le frein à main. A quelques mètres, le propriétaire de la voiture pousse un hurlement chargé de crème fromagère :
    « Hé, sale fils de pute ! C'est ma caisse ! »
    Le terroriste manœuvre en moins de deux et s'éloigne en trombe. Le bouffeur de tacos n'essaie même pas de lui courir après et engueule Jack, occupé à vider son chargeur sur le pare-brise arrière.
    « Dis donc, connard, tu veux bien arrêter de démolir ma bagnole ? »
    Dépité, Jack Bauer rappelle l'agent Smith.
    « Kevin ? Ici Bauer...
    - Heu... oui, je sais, c'est un canal sécurisé.
    - … Envoie-moi un hélico et note cette plaque d'immatriculation. Tu mets tout le monde dessus, les flics, les fédéraux, la CIA, la NSA, la CTA, la municipale, la brigade canine, les stups, tout le monde !
    - Oui-oui, t'inquiète, j'y manquerai pas.
    - TOUT LE MONDE ! TU M'ENTENDS, KEVIN ?
    - Oui, Jack, c'est pas la peine de crier, j'ai déjà des acouphènes. Alors la plaque ?
    - La plaque ? Quelle plaque ?
    - La plaque minéralogique, Jack. Tu sais, celle qu'il faut que je mette tout le monde dessus. »
    Jack se liquéfie. Il a oublié. Ah bravo, bordel, se morigène-t-il dans le dedans de sa tête. Sa mémoire n'est plus ce qu'elle était, suite à une série de traumatismes crâniens à répétition dont il écope généreusement depuis pas mal d'années. Peut-être devrait-il renouveler ses méthodes d'intervention ? Plus de jugeote et moins de castagne ? Il envisage quelques secondes de cesser de foncer dans le tas comme un gros bouseux, avant de hausser les épaules et de héler un motocycliste. L'heure tourne et n'est plus à la réflexion.
    D'autant qu'il n'est pas tout à fait sûr de maîtriser correctement l'exercice.
    Alors il agit.
    « Cellule antiterroriste ! » lance-t-il au motard éberlué. « Je réquisitionne votre Triumph ! »
    Comme le type tarde à réagir, Jack Bauer le gifle du revers de la main, celle avec la grosse bague à l'effigie de Ronald Reagan. La puissance du coup déséquilibre le gars, qui tombe de sa moto et s'éclate la tête contre une bouche à incendie qui passait par là.
    « Aaaah, je saigne, je saigne ! » geint-il, « vous m'avez ouvert le crâne ! Appelez les secours, s'il vous plaît ! »
    Extrêmement contrarié par une attitude qu'il juge indigne d'un grand mâle vêtu de cuir, Jack démarre la moto en s'exclamant :
    « Tu n'avais qu'à porter un casque, chochotte sans couilles ! »
    Témoin de la scène, le bouffeur de tacos rassure le type par terre entre deux mastications.
    « T'inquiète, je finis et j'appelle le SAMU. »

    Deux blocs plus loin, la poursuite s'engage sur les chapeaux de roue. Jack fonce sur son bolide, roule sur les trottoirs, défonce les devantures des boutiques véganes, grille les feux rouges et les stops, provoquant de ce fait un certain nombre d'accrochages. Bien entendu, il s'en contrecarre le nœud, Jack, il est en mission pour le Président et peu importe que le QI de celui-ci ne dépasse pas celui d'une moule, la mission prime sur toute autre considération. Y compris sur la poussette sur laquelle il vient de rouler, broyant sous les deux cents kilos de sa monture un nouveau-né blondinet dont Jack se réjouit qu'il appartienne à la communauté WASP, l'exemptant ainsi des accusations de racisme qu'aurait pu lui valoir l'incident.
    La Dodge perd du terrain. Le conducteur a beau s'acharner sur la pédale d'accélération, les proportions de son véhicule limitent son champ d'action. Confiné à la chaussée, sa conduite pour le moins sportive déclenche une série d'accidents mineurs - pour lesquels Jack s'étonne de l'entendre s'excuser - mais parvient à contourner in extremis un camion à grosse remorque occupé à manœuvrer à travers l'avenue. Le passage est bloqué mais pas pour ce bon vieux Jack Bauer. Rompu aux cascades et parfaitement informé des budgets alloués à ces dernières, il actionne le frein et fait basculer la moto sur le côté. Profitant de l'élan, il continue sa course en mode glissade, passe sous la remorque et se redresse dans la foulée. A présent, quelques mètres à peine le séparent de son objectif. C'est alors qu'apparaissent, jaillis de nulle part, deux drones menaçants.
    « Tonnerre de tonnerre ! » songe Jack Bauer, qui a le nez creux, « j'ai été trahi ! ». Kevin ? Non, impossible. Kevin aime son pays et respecte l'autorité et la fonction du Président élu, même s'il semble issu de la rencontre entre une carotte et un étron. Leurs conversations ont-elles été piratées ? Probable, ces gauchistes sont capables de tout et leur habileté maléfique n'a d'égale que leur fourberie proverbiale.
    Jack donnerait tout pour allumer une cigarette. Mais il est interdit de fumer dans la rue et il est hors de question qu'il se rende coupable d'un acte aussi anti-américain.
    Jack frémit en découvrant, sous chacun des deux drones, une protubérance métallique dont la forme évoque un dard. La chose se met à rougir. Se fiant à son instinct, Jack donne un coup de guidon à gauche, puis un autre à droite, évitant ainsi les deux rayons laser émis par les drones assassins. Contraint de rouler en zigzag, Jack voit s'étirer la distance entre les deux véhicules. Ruminant dans sa barbe de trois jours, il décide de contacter l'agent Smith.
    « Kevin ? Tu m'entends, Kevin ?
    - Roger.
    - Non, moi c'est Jack.
    - Je sais, Jack, j'essayais d'employer les termes techniques.
    - Laisse tomber les termes techniques, Kevin, est-ce que tu as un visuel ?
    - Ma foi, des visuels, j'en ai un paquet, Jack. Ça dépend de ta charte graphique.
    - Charte graph-... Mais de quoi tu parles, au nom du Christ ? »
    A l'autre bout de l'oreillette, l'agent Kevin Smith éclate d'un rire chaleureux.
    « Je te charrie, Jack. Tu es conscient, je suppose, que l'expression « avoir un visuel » est ici employée de façon tout à fait impropre d'un point de vue strictement sémantique ? »
    Laissant libre court à sa fureur, Jack vocifère des insultes poivrées impliquant la rencontre inopinée entre une tronçonneuse MS 462 C-M R et l'anus de l'agent Smith, avant de pointer son arme sur les drones. Il explose le premier, rate le second, profite d'un abribus pour échapper au rayon mortifère tout en rechargeant son Glock avec l'un des soixante-trois chargeurs qu'il trimbale en permanence dans ses chaussettes.
    « Kevin, je tente une sortie. Est-ce que tu as la Dodge sur l'un de tes écrans ?
    - Affirmatif, Jack. Je note également qu'il s'agit d'un modèle rare et que tu n'y es pas allé de main morte, brigand que tu es.
    - On n'a pas le temps pour ces conneries, Kevin. Il faut que je détruise le dernier drone.
    - Enfin, Jack, tout de même. La voiture, c'est l'image même de l'Amérique ! »
    S'il s'écoutait, Jack fondrait en larmes devant une telle flopée d'inepties. Mais Jack n'écoute personne. Même pas lui-même.
    « Kevin, par pitié ! La survie du monde libre est en jeu !
    - Ouh là, comme tu y vas... C'est quand même cette vieille quiche de Donald Trump qui est visée.
    - QUOI QU'EST-CE QUE J'ENTENDS ? COMMENT OSES-TU ?
    - Et cet empaffé d'Elon Musk, Jack. On parle de la crème de la crème de ce que l'univers a produit de plus débile en des millions d'années d'évolution, Jack. Tu crois vraiment qu'on défend la démocratie, là ?
    - C'EST DE LA TRAHISON ! JE TE SOMME DE...    
    - Ne dis pas n'importe quoi, Jack. Le gars dans la Dodge, c'est mon beau-frère. Un putain de hippie, ok ouais, et le mec est insortable avec ses sandales et ses pulls à grosses mailles. Je l'invite plus à mes barbecues depuis qu'il s'est ramené avec une liasse de prospectus sur les souffrances animales. Gênant, quoi. Mais je le connais et il ferait pas de mal à une mouche. Je suis sûr qu'il a renversé personne, lui.
    - LE BEBE ETAIT BLANC ! CE N'EST PAS UN CRIME RACISTE !
    - On les connaît vos dommages collatéraux. Tu vas faire quoi, envahir l'Irak ? Dissoudre l'Afghanistan ? Anéantir le Canada au nom de la démocratie américaine ?
    - Agent Smith, par les pouvoirs qui me sont conférés, je te démets officiellement de tes fonctions. Tu es dès à présent en état d'arrestation et je te demande de remettre ton badge au major Simpson, ainsi que ton arme de service et les divers documents secrets dont tu as la charge.
    - Jack-Jack-Jack, tu parles comme un robot.
    - C'est exactement ça, Kevin. Je suis un putain de robot, une machine à tuer, un droïde vengeur...
    - Par pitié, Jack, arrête avec tes poncifs !
    - Tu appelles ça des poncifs, Kevin, mais ce sont des valeurs. Des idéaux !
    - Des conneries, Jack. Tu es un connard de fasciste et tu défends un système répressif, réactionnaire et corrompu tombé aux mains d'une clique de gangsters néonazis opposés à toute idée de progrès. Ces raclures haïssent tout ce qui donne un sens à la vie, Jack, et toi, tu joues les outils rouillés aux ordres du pouvoir.
    - Kevin, je...
    - Tut-tut-tut, le temps qu'on échange nos trois banalités, mon beau-frère a réussi à se carapater avec le détonateur. Il a abandonné sa Dodge devant U Street, non sans glisser une enveloppe remplie de billets verts à destination du propriétaire. Il se dirige actuellement vers la Maison-Blanche à bord d'une trottinette électrique débridée empruntée à David Cobb. Tu la reconnaîtras aisément au sticker Greta Thunberg collé au-dessus du phare avant. Si tu survis au drone, bien sûr.
    - Sale fils de pute !
    - Ça, c'est misogyne, Jack.
    - Enculé de pédale de merde !
    - Et ça, c'est homophobe, Jack - et un poil redondant.
    - ESPECE DE PUNAISE WOKISTE, VEGETARIEN COMMUNISTE DU FOND DE MON CUL !
    - Ok, d'accord, ça c'est de bonne guerre.
    - FERME BIEN TA PUTAIN DE GUEULE DE SUCEUR DE JUIFS ! »
    Malgré l'indiscutable qualité de cet échange, la production décide d'écourter le dialogue afin de ménager les nerfs du protagoniste, qui ne sait plus s'il est Kiefer Sutherland qui rêve qu'il est Bouddha qui rêve qu'il est un papillon se prenant pour Jack Bauer, ou s'il est Jack Bauer qui n'en a juste plus rien à branler de rien.
    D'autant que Jack ne dispose plus que d'une vingtaine de minutes pour désamorcer les explosifs dissimulés dans les appartements de Donald Trump.
    Celui-ci s'est barricadé avec sa famille et ses fidèles dans le sacro-saint bureau ovale, la main plongée dans une bassine pleine de glaçons. En effet, à tant signer de décrets, Donald Trump a vu sa pogne doubler de volume. Il a mal comme si on avait voulu lui inculquer les règles les plus élémentaires de la courtoisie.
    Une part de lui s'en amuse et il sort quelques bons mots sur les dimensions nouvellement acquises de sa paluche, manifestement idéales, dit-il avec un filet de bave dans lequel on distingue un reste de ketchup et de bière, pour les « choper par la chatte ». La vérité, c'est qu'il souffre et un président américain qui souffre, ça tweete, ça exécute, ça envahit.
    A sa cheffe de cabinet, Susie Wiles, il lance :
    « Bombardez Bagdad ! Et allez vous chercher un peigne, vous ne ressemblez à rien ! »
    Effectivement, elle ne ressemble à rien. Trump non plus mais elle n'ose pas lui répondre. Par conséquent, elle hoche la tête en signe d'assentiment et vire des talons en se recoiffant avec les doigts.
    Dans un coin de la salle prestigieuse, Elon Musk s'entraîne à lever le bras droit devant un grand miroir. Il répète son geste à l'identique, modifiant légèrement l'angle d'inclinaison, la taille du sourire, l'expression dans ses yeux, s'interrompt pour noter quelques mots dans un calepin criblé de svastikas griffonnées au stylo-bille, puis reprend son dur labeur.
    « Vous, là ! » éructe Donald Trump à l'intention d'un capitaine des marines affecté à sa protection, « emparez-vous du Groenland ! »
    Il avale une gorgée de cherry coke et ajoute en rotant :
    « Et que ça saute ! »
    Le capitaine Moore déglutit, salue bruyamment en claquant des talonnettes et balance un « aye aye, sir » bien senti avant de courir se planquer dans les toilettes.
    Pendant ce temps, Jack Bauer n'en mène pas large. Sous les assauts incessants du drone restant, l'abribus a fait long feu et Jack s'est vu contraint de recourir à la pratique controversée des boucliers humains. Afin de ne fâcher personne et d'éluder une éventuelle campagne de presse, il s'est efforcé de respecter cette connerie de « diversité culturelle » à laquelle il n'a jamais rien entravé. A ses pieds gisent des morceaux de cadavres appartenant à un panel remarquablement représentatif des divers groupes ethniques composant la population américaine. Il en est à chercher des yeux une femme obèse d'ascendance latino-américaine afin de cocher cette case tout en tirant avantage d'une surface supérieure de protection. Cool, il y en a une devant le Starbuck ! Immense et flasque. Il doit juste l'amener à le rejoindre. Espérant l'appâter, il s'écrie :
    « Madame, madame ! J'ai des coupons de réduction pour Wallmart !
    « Madame, hé, madame ! Vous avez aujourd'hui la possibilité de sauver le gouvernement américain tout en bénéficiant d'un rabais sur le montant de vos courses !
    « Madame ! Pour cinq kilos de bacon achetés, vous gagnez un fusil de chasse à double canon scié ! »
    Jack ne saura jamais si c'est l'appel du bacon ou l'attrait de la carabine qui aura finalement balayé les derniers doutes de la bonne femme d'origine portoricaine, dont le léger surpoids l'oblige à réserver systématiquement trois sièges côte à côte à chaque fois qu'elle prend l'avion. En régie, les producteurs consultent leurs avocats pour déterminer si cette scène leur vaudra des procès en grossophobie.
    Mais Jack Bauer ne s'y trompe pas. Il faut dire qu'il n'est pas né de la dernière pluie et qu'il a plus d'un tour dans son sac, vu qu'il est malin comme un singe.
    Et réciproquement.
    Toujours est-il qu'il bondit sur la bonne femme, l'éventre d'une main sûre et la vide lestement de ses entrailles qu'il dépose soigneusement dans une poubelle réservée aux débris organiques. Une rafale laser manque Jack de peu. Réfugié derrière le cadavre, il entend sa tête exploser dans une gerbe de sang. Jack se glisse alors à l'intérieur du spacieux macchabée, s'improvisant un exosquelette de survie, et ajuste son tir sans se soucier des rafales mortifères qui creusent dans l'épais tas de viande qui lui sert d'armure.
    En régie, les producteurs s'arrachent les cheveux tandis que les avocats se suicident en mangeant le code pénal.
    Le Glock de Jack dégueule deux belles cartouches General Dynamics sur le drone, enfin détruit. L'agent spécial sourit comme un héros de film d'action, serrant la mâchoire de façon à mettre en valeur ses maxillaires. Il se demande où sont les caméras et si sa coiffure est ok, puis il rappelle l'agent Smith.
    « Kevin, sale apatride de merde, tu es toujours en ligne ?
    - Affirmatif, Jack.
    - Prépare-toi à mourir, Kevin, parce que j'arrive. »
    Jack prononce ces mots sur un ton à la fois lugubre, mélodramatique et volontaire. Le comédien en lui essuie une larme furtive tant il se trouve admirable de justesse et de complexité.
    « Maintenant qu'on en parle, Jack, autant te l'annoncer sans détour. Je ne suis pas sur place, Jack. C'est tout l'intérêt de communiquer par radio.
    - T'as toujours été un planqué, Kevin. Un eunuque, une tafiole. Mais ceci ne change rien. Je te retrouverai et je te tuerai. Va, cavale, cours, cache-toi dans un trou au fin-fond de l'Amazonie, Kevin. Parcours le monde, explore. Parce qu'il n'est nul endroit...
    - Je dois te laisser, Jack. J'ai un hélico qui m'attend.
    - Ne raccroche pas, petite fiente ! Ne racc-... »
    Clic !
    Tut-tut-tut...
    Non loin de là, dans le bureau ovale, l'entourage du Président Trump se prépare au pire.
    « Monsieur le Président, d'après nos renseignements, toutes les sorties sont piégées. Il nous est rigoureusement impossible de quitter la Maison-Blanche sans risquer l'explosion.
    - Taisez-vous et bombardez Kaboul !
    - Monsieur le Président, Jack Bauer est en route. Il prétend disposer d'informations susceptibles de nous sauver tous.
    - J'en ai rien à foutre, appelez Macron et dites-lui qu'on l'encule !
    - Monsieur le Président, votre épouse vient de mettre fin à ses jours en avalant une chaise. Sans doute une crise de panique.
    - Qu'elle crève ! Envahissez la Corée du Nord ! »
    Pendant que les services secrets évacuent la première dame manifestement incapable de digérer le bois, l'acier et le plastique, les hauts-gradés des divers corps d'armée se disputent la marche à suivre en s'échangeant des ordres contradictoires. Les Marines se déclarent prêts à intervenir n'importe où dans le monde en moins de deux heures. Les Rangers se marrent et pouffent en leur jetant des peaux de bananes :
    « Nous on le fait en moins d'une heure. »
    Quelques officiers de la Delta Force se fendent la poire et crient à l'amateurisme.
    « Il nous faut pas plus de dix minutes, bande de nazes ! »
    Un général poussiéreux propose de creuser des tranchées dans les jardins de la Maison-Blanche et d'envoyer les Bérets verts anéantir San Francisco, haut-lieu du « wokisme international ». Gagnés par une certaine lassitude morale, les Navy Seals placent des hommes derrière chaque fenêtre afin de dégommer les passants au teint bistre, les Noirs, les Mexicains, les femmes, les altermondialistes et les nostalgiques de Ralph Nader. Derrière leurs lunettes noires et leurs chemises hawaïennes, les agents de la CIA prennent tout ce petit monde en photo en ingurgitant des cocktails aux noms exotiques.
    Dans un angle mort du bureau, Marco Rubio et Lori Chavez-DeRemer, respectivement Secrétaire d'Etat et Secrétaire au Travail, ont entrepris de communier dans la foi en traçant des pentacles et en brûlant de l'encens. Robert Kennedy Junior, l'imbécile de service, leur propose de sacrifier un chevreau.
    « Si Dieu nous a tourné le dos, rien ne nous interdit de pactiser avec l'autre côté.
    - Les Etats-Unis d'Amérique ne négocient pas avec les terroristes ! » hurle ce connard de Pete Hegseth, Secrétaire à la Défense.
    « Techniquement, je ne suis pas persuadé que Satan corresponde à cette dénomination.
    - Déchu ou non, un ange reste un ange.
    - Oui, pis bon, foutus pour foutus. »
    Devant la grille de la demeure présidentielle, Jack Bauer tente de communiquer avec la sentinelle, le sergent-major John H. Barney, véritable tête de con natif du Missouri.
    « Sergent-Major, je suis l'agent spécial Jack Bauer, de la Cellule antiterroriste. Je dois absolument pénétrer dans l'enceinte de la Maison-Blanche et m'entretenir avec le Président.
    - Je suis désolé, je ne vois pas le rapport. »
    Ah la vache, il est fort, se dit Jack.
    « Eh bien, voudriez-vous, je vous prie, me laisser entrer afin que je puisse sauver la Maison-Blanche, l'Amérique, la civilisation et, potentiellement, le monde ?
    - Ouais-ouais, genre tu vas sauver le monde... Et moi je suis Ryan Gosling et j'ai rendez-vous avec Steven Spielberg pour discuter d'un rôle dans son prochain film.
    - Ecoutez, Ryan, je suis très content d'apprendre que vous allez tourner avec le réalisateur d'« Always » et d'« Amistad », mais je dois entrer. Vous faites obstruction à la possible résolution d'une crise majeure qui risque de s'avérer fatale pour la survie du gouvernement et de nos institutions. C'est une question de vie ou de mort.
    - Et moi je vous dis que vous n'entrerez pas.
    - Monsieur Gosling, je suis un grand admirateur de votre travail. Vous étiez merveilleux dans « Drive ». Minéral. Mou et rageux à la fois. Un vrai caillou mais dans une fronde. On n'avait plus vu ça depuis Clint Eastwood dans « Rawhide ». »
    Flatté, le sergent-major se perd dans la contemplation du bout de ses bottes en dodelinant du chef. Une forme d'embarras mêlée de fierté mal placée lui interdit toute pensée rationnelle. Jack Bauer achève son laïus avec toute la flagornerie dont il est capable, illustrant ainsi ce vieil adage qui veut que l'on ne devient pas l'agent secret le mieux payé des Etats-Unis sans savoir sucer des bites.
    « Si j'osais, je vous demanderais un autographe, M. Gosling. Mieux. Une photo dédicacée. »
    L'athlétique sergent-major à gueule de bouledogue se tortille comme une jouvencelle, rouge comme une écrevisse. Il a l'air de ne pas croire à ce qui lui arrive, comme s'il goûtait enfin la douce amertume de la célébrité. Fouillant enfin sa poche de poitrine, il sort un photomaton datant de son service à Bagdad, qu'il signe aussi sec en prenant appui sur la crosse de son M16.
    « Merci infiniment, M. Gosling.
    - Je vous en prie, allons. C'est un plaisir, » répond le sergent-major Barney, de plus en plus rouge.
    « Il vous faudra autre chose ?
    - Eh bien, puisque c'est si gentiment proposé, j'aimerais rencontrer le Président Trump au plus vite. »
    Soudain ramené à la réalité, l'obtuse sentinelle fronce les sourcils.
    « Vous me prenez vraiment pour un crétin ! Vous croyez vraiment que je vais vous laisser passer parce que je ressemble à Ryan Gosling ? »
    C'en est trop pour Jack qui lui explose le caisson d'une balle de revolver. Le crâne su sergent-major Barney s'ouvre comme une pastèque fendue à coups de machette, libérant un jus de cervelle blanchâtre et des rigoles de sang.
    « Je te garantis que tu ressembles plus à rien, » murmure Jack dans un rictus hautain.
    Il entend le rire hystérique de Kevin dans l'oreillette.
    « Arrête de te moquer, raclure démocrate !
    - Mais enlève l'oreillette, imbécile ! »
    Ah oui tiens, c'est pas con.
    Tandis que Jack ôte le micro-émetteur-récepteur logé dans son oreille, le Président Trump essaie de convaincre Marco Rubio de lancer une tête nucléaire sur Pékin.
    « Donald, je vous en prie, soyez raisonnable, rendez-moi mon missel !
    - Allez sucer un chapelet, Rubio ! Vous croyez qu'ils m'ont élu pour que je sois raisonnable ? »
    Howard Lutnick, Sécrétaire au Commerce, l'interpelle de sa voix de milliardaire abonné à Cac 40 magazine.
    « Hey Donnie ! Zuckerberg se plaint de ne pas avoir été convié à nous rejoindre.
    - Mais il est con ou quoi ? Il a toujours pas pigé qu'on était antisémites ? »
    Dans le jardin de la Maison-Blanche, Jack Bauer cherche à établir un contact radio avec le Général John D. Caine, chef d'état-major des armées. Il se souvient alors qu'il n'a pas de radio et qu'il ne dispose pas des compétences nécessaires pour en fabriquer une avec les moyens du bord. A moins de tomber sur deux pots de yaourt et un bout de ficelle...
    Il décide d'entrer par la porte de service des cuisines, celle devant laquelle un cuistot dégingandé enchaîne les cigarettes en jouant à Candy Crush.
    « Salut, Chef ! » dit Jack Bauer en se composant un visage amical.
    L'autre relève la tête en tirant la gueule. Il parle avec un accent français à couper au couteau. Jack commence aussitôt à se gratter. Il est allergique aux Français.
    « Je ne suis pas Chef, Monsieur. Je réchauffe des burgers pour des putain de rednecks.
    - Je croyais que c'était comme ça depuis Clinton.
    - Clinton ne crachait pas sur un plat de ravioles ou des tomates mozza tant que le ketchup restait dans les parages. De toute façon, Hillary relevait le niveau avec ses hors-d’œuvre délicats et ses vins français. D'après les anciens, elle aurait même réclamé un jour une salade de tomates avec coulis de fruits rouges. Clinton a flippé sa race à l'idée qu'elle serait tombée enceinte alors qu'il avait le dos tourné et qu'il vaquait à d'autres orifices. Et puis, il y a eu Obama entre-temps. Dans le genre gourmet...
    - Trop d'infos, mon vieux, trop de mots, j'aurais juste besoin de...
    - Vous savez, moi je suis intérimaire. Ces histoires, je les connais parce qu'il y a des commis de cuisine quasi centenaires. Y en a même un qui prétend avoir connu Nixon, « I am not a crook » et tout ça...
    - Oui, d'accord, super. »
    Je suis l'impatience outragée de Jack, murmure une petite voix à l'oreille de l'agent secret.
    « J'ai juste une requête de rien du tout, une broutille...
    - A propos d'escroc, » reprend le cuistot à la langue pendue, « vous étiez au courant pour Epstein ? »
    Je suis la fureur agacée de Jack, poursuit la petite voix de l'agent spécial.
    Il n'en répond pas moins d'une voix égale :
    « Brian Epstein, le manager pédé des Beatles ? Le MI5 a organisé sa disparition en 1966.
    - Quoi ? Non-non, je parle de Jeffrey Epstein, le milliardaire pervers organisateur de parties fines à destination des élites. Je sais, ça sonne comme un euphémisme mais tout le gotha y assistait. Il paraît que même Michelle Obama y allait parfois de son petit rail dans les narines. Barack, ça lui faisait péter les plombs mais, en, même temps, ça lui donnait l'occasion de fourrer deux trois actrices en loucedé. L'un dans l'autre... Enfin, je veux dire... Oui, non, ça marche aussi...
    - Non mais moi je veux juste entrer, en fait. »
    A l'expression scandalisée de son interlocuteur, Jack comprend qu'il vient de proférer une immonde connerie. Le bavard le dévisage avec des yeux ronds comme des billes, un rictus de dégoût imprimé sur les lèvres. Autour d'eux, plus aucun son, plus aucun bruit. Ni la fine brise dans les feuillages luxuriants des ormes et des magnolias, ni le tapage hostile de la circulation au loin n'osent perturber ce moment de tension dramatique télévisuelle au cours duquel le stagiaire semble avoir malencontreusement oublié de lancer la bande-son, une superbe partition produite sur Suno par un compositeur fatigué.
    Tandis que la vésicule biliaire de Jack tente de dire quelque chose à Jack, le Français casse-couille interrompt le silence :
    « Vous ne pouvez pas entrer, les terroristes de l'ultragauche révolutionnaro-wokiste ont piégé toutes les sorties.
    - Ma foi, ça tombe bien, » répond Jack, « moi je veux entrer. »
    Le visage du chef-cuisinier intérimaire s'éclaire, soulagé.
    « Ah, bon, mais alors heu, il n'y a pas de problème, mon bon monsieur. »    
    Jack Bauer s'engouffre par l'entrée de service, traverse la réserve à pas de loup, entrouvre délicatement la porte coupe-feu de la grande cuisine. Vide, rutilante, fonctionnelle. Il suffit de quelques secondes à l'agent spécial pour atteindre la porte donnant sur la salle de service. Lentement, il pousse le battant, passe la chambranle et croise trois capteurs de mouvement reliés à des détonateurs électroniques, eux-mêmes connectés à environ trois tonnes de plastique disséminées dans la Maison-Blanche.
    La première explosion se déclenche à moins de trois mètres de Jack, dont le corps vole en éclats au grand dam de toute la prod en régie. Sa dernière pensée aura été pour ce sale fils de pute islamo-gauchiste de Kevin.
    Une deuxième explosion retentit ensuite en deux endroits simultanés, détruisant au passage une conduite de gaz dans la cuisine, qui s'enflamme aussitôt. Toujours à l'extérieur, le cuisinier français, projeté à terre par le souffle de l'explosion, regarde alternativement son arrière-cuisine en feu et le buisson dans lequel il vient de lancer un mégot mal-éteint.
    « Par la Sainte-Barbe ! C'est moi qui... »
    Une autre formidable détonation interrompt sa réflexion et c'est la panique qui le précipite toute jambes dehors sur la pelouse en direction de la grille.
    Dans le bureau ovale, c'est la dégringolade. Donald Trump hurle des imprécations et exige que l'on exécute sur-le-champ Kamala Harris, Bernie Sanders, cette salope de Taylor Swift et les deux tapettes de Tenacious D. Le feu s'infiltre dans la célèbre officine, s'empare des moquettes et du mobilier. Le portrait de George Washington, que Trump envisageait de remplacer par une des pages centrales de Hustler, se recroqueville dans son cadre cramoisi et une étouffante fumée grise menace d'aveugler l'assemblée de neuneus.
    « Monsieur le Président, un message du médecin-légiste. Votre femme ne s'est pas suicidée. Manifestement, c'était un accident.
    - En avalant une chaise ? Envahissez le Qatar ! »
    La chaleur accablante contraint les hommes et les femmes politiques à se débarrasser de leurs vêtements, provoquant ainsi une partouze autour de Pam Bondi, Kristi Noem et Tulsi Gabbard. Linda McMahon aimerait bien en avoir un petit peu mais, en hommes, injustes et veules, les membres du gouvernement Trump se contentent de la contourner en crachant par terre.
    Elon Musk s'est enflammé au sens propre, le bras toujours levé devant son miroir. Il hurle d'excitation et de douleur, soucieux de rédiger un dernier tweet conspuant les Juifs et les végétariens, mais comme ses pouces flambent comme des merguez, il doit remettre à plus tard ce dernier petit plaisir.
    Tandis que les membres de son gouvernement prennent feu les uns après les autres, Donald Trump exige de ses gardes du corps qu'ils l'enroulent dans une bande de tissu ignifugé. Malheureusement pour lui, il a fallu sabrer dans les budgets de santé publique, d'éducation, de culture, et de fabrication de tissu ignifugé afin de payer les dividendes de ses copains actionnaires. Le feu, visiblement doté d'une vague conscience de gauche progressiste, enjambe soigneusement son équipe de protection constituée exclusivement d'intermittents du spectacle en rade de cachets, et saute joyeusement dans les cheveux du président. Ceux-ci se mettent alors à flamber comme des bébés gazaouis.
    « Ah merde, fuck ! Putain de chiottes ! » vomit-il en se donnant des tapes sur le crâne. Sa peau rougit mais, au fond, ça ne le change pas beaucoup. Elon Musk, devenu on ne sait comment le premier représentant d'une nouvelle race de zombies morts-vivants, s'empresse de lui proposer de tweeter à deux pour resserrer les liens. Trump lui balance une bonne vieille tatane dans la gueule avant d'entamer un sprint vers la fenêtre.
    Sauf que c'est Trump, 78 ans au compteur, avec son corps de con bouffeur de barbaque, buveur de soda et d'alcool, le tout sans exercice physique autre que le golf avec ses amis riches. Courant donc très lentement à petits pas de vieux, il s'emmêle les pinceaux dans les intestins cuits « à point » de ce crétin de Scott Turner, le seul Afro-américain de son cabinet.
    « Fuck ! Je savais qu'on pouvait pas leur faire confiance! »
    Le feu enflamme et dévore ses vêtements avant de provoquer la formation de grosses cloques sur sa peau orangée. Bientôt, Donald Trump n'est plus qu'une torche au centre d'un dédale de flammes. Torche d'autant plus vivace qu'elle ne cesse de s'auto-alimenter avec les litres de whisky entreposés dans sa carcasse de connard fasciste.
    La Maison-Blanche brûle enfin. Après maintes répétitions inoffensives en carton-pâte ou en images de synthèse, la Maison-Blanche se consume pour toujours et à jamais, éradiquant de la face de la Terre toute une assemblée de débiles profonds que seuls regretteront d'autres vénérables imbéciles.
    Quelque part à l'autre bout du monde, l'agent Smith s'étrangle de rire en mangeant un burrito.

= commentaires =

Mill

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Pute : 9
    le 17/04/2025 à 02:11:32
Je pensais à un truc : Jack Bauer, Jason Bourne, James Bond, JB... Hmm

Coïncidence?

Je ne crois pas.
Lapinchien

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Pute : 5
à mort
    le 17/04/2025 à 02:32:34
Jambon Beurre aussi... encore un coup des Franc-maçons. Sinon je préfère quand tu écris des textes sérieux mais ici tu excelles aussi et comme je te l'ai dit, je me suis fendu la poire du début à la fin.

Seul problème, je n'ai jamais vu un seul épisode de 24h chrono aussi s'il y a des private jokes, elles sont passé au dessus de ma tête. Cependant ça ne m'a pas gêné tant que ça pour bien me bidonner.

La déconne : toujours une valeur sûre pour la Saint-Con. Je reprends, la déconne : toujours une valeur sûre pour la vie tout court.
Mill

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Pute : 9
    le 17/04/2025 à 02:36:59
Il y a quelques références à la série, mais pas tant que ça.
Lapinchien

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Pute : 5
à mort
    le 17/04/2025 à 02:41:11
Le collègue qui a un rôle important dans l'intrigue, il n'est pas tiré de la série ?
Mill

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Pute : 9
    le 17/04/2025 à 02:55:20
Kevin Smith ? Non, c'est une référence au réalisateur de Dogma, Red State, Clerks...
Magicien Pampers

yt
Pute : -2
@Mill    le 17/04/2025 à 09:27:33
En début de texte tu utilises l’imparfait, puis, au paragraphe suivant, tu bascule au présent.
Se sera la seule critique négative que je ferai sur cette nouvelle déconnante, parce que , c’est un style que j’apprécie. Référence discrète à Tom Wolfe ( un homme un vrai), il était logique que cela se termine par un « Bûcher des vanités ». Le « dreadnought organique en grosse dame » est une bonne trouvaille , j’ai bien rigolé aussi avec ce passage. Conclusion. Mission accomplie.
Seule interrogation ?
Qu’est ce que tu trouves à redire à Trump et Ellon? Moi, je trouve qu’ils portent toujours les cravates de la bonne couleur. Gode bless Amerika
tomatefarcie

Pute : 5
    le 17/04/2025 à 10:12:35
Par quoi commencer ? Par le choix du con. Tout le monde se casse la tête pour ne pas tomber dans la facilité en choisissant Trump et son orchestre, et là on a non seulement toute la troupe, mais en plus on nous lit la partition, on nous joue le refrain et tous les couplets, on a droit aux solos, bref, on a tout le concert en mondovision. Génie.
La crémation, comme pour le choix du con : facile et évidente. Génie aussi.
Le style. J'avoue qu'il m'a fallu quelques lignes pour accepter le ton, l'intervention de l'élément "série TV", l'empilage de poncifs, les dialogues teubés, l'empilement de cascades et d'actions grotesques. Mais une fois que je me suis mis dans le bain, putain que c'était bon ! Ca déroule tout seul, à un rythme de malade. Le style est au service de l'histoire et vice-versa. Tous les potars sont tournés au max, tous les lieux communs y passent, tous les cons sont plus cons les uns que les autres. Ça en devient du premier degré, et j'ose même pas imaginer la difficulté à tenir la distance et ne jamais se fourvoyer avec une phrase ou une scène un peu moins crétine.
J'ai même pas un truc à redire, parce que le style et le parti pris de l'auteur font que même la tournure un peu molle ou la facilité sont autorisées. Ce serait mon favori pour le titre d'Inquisiteur si :
- il n'y avait pas mon texte qui est objectivement bien meilleur
- il n'y avait pas l'emploi de l'adjectif "improbable" qui est éliminatoire, même si l'auteur tente de me faire croire que son usage est volontaire.

Je le classerai donc dernier.
Magicien Pampers

yt
Pute : -2
Ah !    le 17/04/2025 à 10:27:26
Marrant ça !
Magicien Pampers

yt
Pute : -2
@Tomatefarcie    le 17/04/2025 à 10:42:55
C’est vrai que l’énumération de la troupe de génies accompagnant Trump alourdit la lecture, j’avais oublié de le noter. Et un autre détail multo importante - un Glock, c’est un pistolet semi automatique, pas un revolver. Enfin, Mill, c’est un peu comme si tu confondais tes couilles avec ta bite. Hunter S Thompson te taperais sur les doigts.
nihil

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Pute : 4
void
    le 17/04/2025 à 12:06:44
Alors bon, moi j'avais capté l'idée du truc à peu près à hauteur de la moitié du titre et jamais au grand jamais le texte ne m'a offert de bonne, ni de mauvaise surprise. C'est exactement ce que ça se proposait d'être, un épisode de South Park sauce Broforce, avec tous les poncifs, la bien-pensance obligatoire et toute la liste de courses. J'ai vécu ça comme une longue agonie. "Trois paragraphes que ça dure et il m'en reste encore douze", et je sais parfaitement bien ce qu'il va se passer, le genre de vannes, le genre de con, tout. Ça m'a épuisé, mais ça m'a donné de l'empathie pour les cancéreux en fin de vie, donc finalement pourquoi pas.
Mill

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Pute : 9
    le 17/04/2025 à 13:42:23
Bon, j'ai supprimé "improbable", qui est employé dans son sens premier mais redondant. En revanche j'ai gardé "revolver" parce que "exploser le caisson d'une balle de pistolet" ou exploser le caisson d'une balle" ne sonnent pas et, dans le rythme de la phrase, je voulais quelque chose après caisson. Ce sera donc une licence poétique.

Pour ce qui est de l'humour gaguesque et relou, c'est totalement assumé mais ça ne veut pas dire que ce texte me satisfait. Je le trouve justement pas fin, quoi. J'aime bien l'idée, soulignée par tomatefarcie, du too much revendiqué, allons-y gaiement, tout, les poncifs, la testotérone, des cons à en pleuvoir, un univers étendu de connerie qui se prélasse à la vue de tous. La conséquence directe en est le ressenti de nihil, dont j'apprécie le texte de présentation parce qu'il a su souligner les bons points sans renier son ennui patent (et auquel je m'attendais connaissant un peu nihil).

Toutefois, l'écrire m'a vraiment énormément amusé. Ca coulait tout seul, puis la ré-écriture au moment de taper le manuscrit s'est faite dans la douceur. J'ai élagué (aussi dinguer que ça paraisse) et réduit.

Et pis j'aime bien l'idée de cramer TOUT le gouvernement Trump.

Petite précision concernant le passage quasi immédiat de l'imparfait au présent de narration : je le fais de plus en plus souvent dans mes textes. C'est très naturel pour moi. Parfois, je rétablis l'ordre des choses, parfois je garde en ajustant. Il y a là comme une évidence, un simple procédé qui vient souligner un aspect de l'histoire. Ici, c'est comme si on entrait dans l'épisode de la série. C'est pour cette raison que je l'ai gardé.
Magicien Pampers

yt
Pute : -2
@nihil    le 17/04/2025 à 13:42:47
S’il est autorisé de dépasser les diverses frontières rébarbatives et ennuyeuses de l’orthodoxie, il faut s’assurer que les aventuriers qui auront eu cette audace, ne soient pas condamnés de cette intrépidité. Ou plutôt non. Pas d’assurances. Ce serait aux risques et périls de chacun.
Ce qui est l’essence même de la littérature. Tu as sans doute une idée, me semble-t-il ?
Magicien Pampers

yt
Pute : -2
@Mill    le 17/04/2025 à 13:54:16
Okay. Le flingue, c’est un détail. Pour les temps, tu devrais pas. Ça sonne pas comme une brisure de rythme chez Deep Purple. Mais peut-être que tu peux faire un bon effet avec ça. Pour l’instant, ça heurte la feuille. Remarque que je ne détiens pas la vérité absolu. Ton texte, on le lis comme une bd, comme tu dis, il n’y avait aucunes prétentions derrière. Après, tout le monde sait ( sauf ses électeurs) que Trump n’est qu’une merde. Chapitre clos depuis longtemps. Le rendre sympathique serait un exercice plus subtil, par exemple, mais, ce n’était pas le sujet de la Saint Con. Peut-être même, que le thème de la ST Con - sans vouloir piétiner cette fête traditionnelle Zonarde- ne permet pas d’aligner des thèmes originaux et réellement dérangeants car, comme évoqué dans le commentaire à Nihil, les frontières de l’orthodoxie sont encombrées de chaussés-trappes.
Magicien Pampers

yt
Pute : -2
Notez    le 17/04/2025 à 13:58:02
Que je comprends que vous vous branliez des absurdités que profère cet abruti de Mage Pampers. ( qui n’est qu’un bleu-bite parmi les vétérans de la Zone…)
nihil

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Pute : 4
void
    le 17/04/2025 à 13:59:37
Ah ouais tiens, ça fait BD. Ca me rappelle presque Edika en fait. Mill, je soupçonne que tu connais peut-être Edika ?
tomatefarcie

Pute : 5
    le 17/04/2025 à 14:01:55
C'est évident qu'en proposant que du gag et du potache, tu prenais un risque. Celui de ne pas être pris au sérieux, au hasard. Mais perso, ça me convient parfaitement. Probablement que si c'était le énième texte potache de suite qu'on lisait, avec autant de fois la bande à Trump, le tien n'aurait été qu'un étage de plus dans le pot de chambre. Mais c'est pas le cas.
Magicien Pampers

yt
Pute : -2
Edika    le 17/04/2025 à 14:15:19
Avec le chat Clark Gable.
Et les préservatifs britannique.
Mill

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Pute : 9
    le 17/04/2025 à 14:16:07
Edika, je l'ai beaucoup lu ado, oui. J'aimais beaucoup et il m'arrive de déflorer un vieux Fluide pour en relire des passages.

Pour ce qui est du passage d'un temps à l'autre, je l'enlève quand ça gène ma lecture. Ce n'est pas le cas ici, je pense parce que ça vient très vite dans le fil du récit. Mais le fait que ça vous dérange devrait m'inciter à revoir ma copie. Matière à réflexion. Je dois attendre quelques mois et relire ce texte avec un regard neuf.

Enfin, tomate, je ne prends pas un gros risque dans la mesure où je suis le premier déçu (bon à moitié, encore une fois, il y a des trucs qui me plaisent dans mon texte, ne serait-ce que les moments passés à l'écrire). j'aime l'ironie, la finesse d'esprit, le ton décalé, le sarcasme assumé derrière lequel un second-degré peu visible cache une vraie profondeur de vue. Rien de tout ça ici, c'est mon seul regret en tant que lecteur. Pour le reste, j'aime que Kenny se chope une balle au passage, j'aime le dialogue sans queue ni tête (mais trop long) avec la sentinelle qui aimerait être Ryan Gosling, j'aime que l'agent Smith s'appelle Kevin et évoque Kevin Smith, personnage que j'apprécie modérément mais tout de même un petit peu parce que geek revendiqué, fan de comics et classé plutôt à gauche, et j'aime ce Trump éructant qui gueule qu'il faut envahir, bombarder, détruire sans prendre le temps de réfléchir. Rédiger ce texte, le laisser reposer longtemps, puis le ré-écrire dans un style plus élégant ne m'aurait pas permis de participer à la St-Con.
Édition par le commentateur : 2025-04-17 14:17:36
tomatefarcie

Pute : 5
    le 17/04/2025 à 14:20:31
Niveau BD, ça m'a surtout fait penser à Bill Baroud ou Rock Mastard (de Boucq).
Magicien Pampers

yt
Pute : -2
@mill    le 17/04/2025 à 14:25:12
Chuis chiant, mais, Gibson, c’est pas Fender. Slip, c’est pas caleçon. Analogique, c’est pas digital. Cravate, n’est pas noeud papillon.
Alors, au lieu de pistolet pour revolver. Ou le contree aire. Tu pouvais utiliser : flingue, feu, puska, gun, soufflant, rigolo, voire, crucifix à ressort, calibre, pétoire … y’en a d’autres.
Note que c’est juste pour le plaisir de la discussion.
Mill

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Pute : 9
    le 17/04/2025 à 14:28:08
Pas dans cette phrase. Ca ne sonne pas. Ici la locution "balle de revolver" fonctionne comme un terme générique.

"C'en est trop pour Jack qui lui explose le caisson d'une balle de revolver"

Remplace "revolver" par n'importe laquelle de tes propositions, prononce la phrase à voix haute (en récitant hein t'es en train de raconter une histoire) et tu verras que celle avec "revolver" coule sur la langue alors que les autres grattent la luette.

Mais j'apprécie la discussion.
Mill

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Pute : 9
    le 17/04/2025 à 14:31:46
Bill Baroud, je m'en souviens, Rock Mastard, je ne l'ai pas lu. Mais en terme d'absurde, on est en effet plus proche de Larcenet et de Boucq que d'Edika, dans la mesure où Edika se permet absolument tout. Y compris bifurquer dans une autre histoire, ne pas proposer de vraie fin, sortir du cadre et rencontrer l'auteur de la BD, etc.

J'avais produit une tentative de me rapprocher d'Edika il y a quelques années, je la pose là : https://www.lazone.org/articles/1766.html

Mais c'est beaucoup trop long et vite saoulant (même si, encore une fois, le temps passé à l'écrire fut synonyme de joie ardente)
Édition par le commentateur : 2025-04-17 14:32:00
tomatefarcie

Pute : 5
    le 17/04/2025 à 14:33:16
je t'ai déjà sucé en public et laissé entendre que tu avais bon goût. Tu voudrais pas non plus m'attacher au lit et me faire une golden shower ?
Magicien Pampers

yt
Pute : -2
@ Mill    le 17/04/2025 à 14:36:24
Okay. « Qui lui explose le caisson ». Tu économise des munitions et des signets.
Mill

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Pute : 9
    le 17/04/2025 à 14:37:08
J'essaie d'effacer cette image mentale de mon cerveau mais je vais boire un litre ou deux d'eau cristalline. On sait jamais.
Mill

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Pute : 9
    le 17/04/2025 à 14:39:33
Non, c'est trop court. j'y ai pensé, mais dans le paragraphe, ça ne sonne pas. Je voulais vraiment quelque chose après "caisson" pour équilibrer la phrase. J'écris en parlant le texte, à voix très basse (parce que, pour le coup, il y avait du monde autour, vu que c'était pendant mes pauses à Ikéa) mais ça me permet de conserver un certain rythme. C'est ce que j'aime dans l'écriture: le rythme.
tomatefarcie

Pute : 5
    le 17/04/2025 à 14:42:29
cadeau : https://tinyurl.com/yazppcnx

et j'ai fait l'effort de mettre une tinyurl pour pas niquer la matrice.
Mill

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Pute : 9
    le 17/04/2025 à 14:45:46
Merci pour cet éclat de rire solitaire mais non dépourvu de jovialité sonore devant mon écran. Ca donne envie et ça me fait penser au trait d'Alexis, l'un des fondateurs de Fluide, grand collaborateur de Gotlib en son temps. C'est sublime.
Magicien Pampers

yt
Pute : -2
Alexis    le 17/04/2025 à 15:16:17
Mort très jeune. La série Time is money.
Était fabuleuse, de mémoire.
Et Poirier, chez Pif, faisait un Supermatou très drôle. Mort jeune aussi. Ne parlons pas de Reiser, le maître absolu. Jeune macchabé, tambien.
Mill

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Pute : 9
    le 17/04/2025 à 17:11:37
Putain, tu connais l'auteur de Supermatou.

Maximum respect.
Magicien Pampers

yt
Pute : -2
@Mill    le 17/04/2025 à 19:55:39
Sa fille Bilitis poirier réédite l’intégrale, elle est sur FB.
Hey ! Suis né en 70!
Mill

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Pute : 9
    le 17/04/2025 à 19:58:34
Il m'en faut ! C'était trop bien !
Magicien Pampers

yt
Pute : -2
@Mill    le 17/04/2025 à 21:17:40
Va, pauvre innocent.
Clacker

Pute : 16
    le 17/04/2025 à 21:26:22
" - Ma foi, des visuels, j'en ai un paquet, Jack. Ça dépend de ta charte graphique."

La phrase la plus drôle que j'ai lue dernièrement.
Humour du tertiaire, sans doute, j'ai pas l'habitude.

Je m'apprêtais à insulter tout le monde, mais j'ai oublié pourquoi. Bah, ça me reviendra.

La parodie, c'est pas ma came. Et c'est casse-gueule, parce qu'on prend le risque d'éjecter une bonne partie des lecteurs, surtout quand on part sur un ton jusqu'au-boutiste, comme ici. Mais au moins on sait où on va. J'apprécie que ça ne se prenne pas au sérieux une seule seconde, et on devine le plaisir régressif qu'a eu l'auteur à écrire son bousin. Plaisir plutôt partagé avec le lecteur qui décide d'accepter le grand n'importe quoi et pose son cerveau sur la lunette des toilettes.

Forcément, certains gags font mouche, vu la quantité. J'ai surtout aimé la justesse des dialogues. Bien plus naturels que sur ton roman dans les grottes, je trouve (ce qui est paradoxal, puisque là tu te libères de tout espèce de réalisme), et il servent l'intrigue, nom de Dieu.

J'ai décroché sur les passages avec l'équipe de Trump, et j'ai pas les refs de toutes les conneries qu'ils font, tous, tout le temps. Le personnage de Kevin Smith est fendard, ses réparties swinguent bien.

Bon, woilà. Un bon vieux texte de Saint-Con complètement déconnant à l'ancienne, ça fait du bien, aussi.
Mill

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Pute : 9
    le 17/04/2025 à 23:53:21
Pour ce qui est de la grotte, quand j'aurai achevé le manuscrit, il y a aura relecture, réécriture, élagage... Là, je me pencherai plus sérieusement sur les dialogues.

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