Barbie de Nike possédait l'ardente imagination et l'intelligence du grand Albert E. C'était une des cosmologistes les plus brillantes et les plus originales de son siècle (le XXIVème). En plus, ses guibolles étaient mieux galbées que celles d'Einstein.
Barbie était une fille à Papa qui descendait d'une lignée de marchand de chaussures qui avait établi leur fortune en exploitant les esclaves des pays en voie de développement du bon vieux XXème siècle et du suivant aussi. Soyons sport, Barbie n'y était pour rien. Génialement douée, cette créature blonde, preuve que la tonalité de la capillarité d'un individu n'entre pas en ligne de compte avec sa souplesse cognitive, avait décroché le Prix Bonel en Helvétie-Libre en confirmant que la matière noire était bien composé de neutralinos. Cette question restait en suspend depuis trois cent ans. Malgré ces remarquables résultats, Barbie était financièrement placée sous la responsabilité de sa vieille tante, la Duchesse de Nike. Dans son milieu, la plus élémentaire des sagesses consistait à ne rien foutre en claquant le fric qui se multipliait de lui-même.
Barbie était une fille à Papa qui descendait d'une lignée de marchand de chaussures qui avait établi leur fortune en exploitant les esclaves des pays en voie de développement du bon vieux XXème siècle et du suivant aussi. Soyons sport, Barbie n'y était pour rien. Génialement douée, cette créature blonde, preuve que la tonalité de la capillarité d'un individu n'entre pas en ligne de compte avec sa souplesse cognitive, avait décroché le Prix Bonel en Helvétie-Libre en confirmant que la matière noire était bien composé de neutralinos. Cette question restait en suspend depuis trois cent ans. Malgré ces remarquables résultats, Barbie était financièrement placée sous la responsabilité de sa vieille tante, la Duchesse de Nike. Dans son milieu, la plus élémentaire des sagesses consistait à ne rien foutre en claquant le fric qui se multipliait de lui-même.
Le manoir de la famille Nike était très laid mais fort gros. Il était fixé, comme une espèce de nid de guêpe maçonne, à la paroi d'un abrupt piton granitique des monts Retezat, au coeur des Alpes de Transylvanie. Un peu plus bas, les eaux jaune citron acide du lac Bucura luisait au milieu d'une désolation morne dépourvue d'arbres mais infestés de roches grises, de buissons bas vert caca d'oie, de hordes d'hommes-sauvages craintifs, maigres, difformes.
L'architecte responsable de la construction de l'horreur néo-gothique avait eu l'idée de placer le chef d'oeuvre juste en face du lac. C'était un inconditionnel du panorama. Conséquence de cette inspiration, le château se tenait à 2500 mètres d'altitude, placé sur un versant orienté plein-nord en plein dans un couloir de vent puissant autant que glacial.
Barbie buvait une bière verte assise sur son siège favori installée sous l'énorme linteau de pierre qui décorait la grande cheminée de la gigantesque salle de séjour. Fixé au centre du linteau un blason de marbre représentait les armoiries de la famille, une chaussure courante azur sur champ de gueule ainsi que la devise qui l'accompagnait : JUST DO IT !
La Duchesse Bianca de Nike tressaillit en entrant dans la salle. Sa nièce était encore nippée d'une horrible combinaison bleue pleine de tâches qu'affectionnaient les créatures humaines des castes inférieures qui officiaient dans les quelques astroports encore en activité ! D'ordinaire, ces hominidés avaient des outils graisseux dans les poches, berk ! Mais, le pis ne résidait pas dans cet accoutrement.
« Qu'as-tu fais à ton front ? Il est énorme ! Tu ressembles à un de ces poissons de jadis qui sautaient dans les cercles !
Barbie porta la main à son crâne et rétorqua avec simplicité :
C'est ma sur-cervelle formée à la mécanique quantique que j'ai achetée en solde ! Ça fait au moins cinq fois que je te le répète ! J'ai toujours besoin d'un max de mémoire de stockage. Au fait, les bestioles dont tu parles s'appelaient des dauphins, de plus, c'étaient des mammifères marins...
La Duchesse n'écoutait pas. Elle avait besoin de se remonter. Ce qui semble normal à l'âge de cent-trois ans lorsqu'on éprouve un grand choc. Elle s'empara de la petite cuiller de platine qui pendait au bout d'une chaine autour de son cou, ouvrit la boite qui ne la quittait jamais, plongea la cuiller dedans et enfila une bonne dose de coke dans l'orifice de son tarin aristocratique.
Merveilleux ! fit-elle en s'asseyant en face de Barbie. Je ne parle pas de ta nouvelle coiffure... mais comment vas-tu faire pour te trouver un beau milliardaire superficiel à grosse pine avec une telle face ? s'inquiéta la tantine.
Bof ! Pour ça, j'ai Paul Newman, Pratt Bit et Sean Connery... ils me suffissent amplement ! Une fois les conduits ramonés, hop ! Dans leurs sarcophages !
C'est la meilleure part de l'homme ! Ton système présente des avantages. Cependant, ce n'est pas naturel de se passer de la compagnie des vrais mâles ! Ton habitude de fricoter exclusivement avec des machinakus est une perversion provenant du côté Monsanto de la famille. Je me souviens du vieil oncle Fluide et de ses penchants excessifs pour les naines à trois jambes et les géants oranges d'Ukraine ... c'était fort embarrassant ! Surtout lors des soirées, lorsqu'il était ivre !Il ne pouvait plus retenir les flatulences sonores qui s'échappaient de son anus distendu. Crois-moi, il te faut un beau mari organique. Nous avons toutes besoins d'être flattées, protégées, adulées, comme les entités terrestres supérieures que nous sommes. Je veux dire, nous, les aristocrates. Il est tellement agréable d'avoir à sa botte des hommes dignes, forts, virils, qui rampent à nos pieds comme des serpents. L'homme est un chien fidèle stupide. Mais attention, dès que sa maitresse lui tourne le dos, il ira se rouler dans le premier colombin qui croisera sa route. Aucun androïde ne sera jamais capable de se comporter de cette façon !
Barbie restait silencieuse. La Duchesse étant une spécialiste du non-sens.
Et ton haïssable abomination ? Je n'ai pas encore entendu le son de ses pieds plats claquant de cette manière si particulière et si détestable sur mon carrelage ? Tu es enfin guérie de ton Oedipe synthétique ?
Bianca De Nike voulait parler de Igor, le majordome personnel de Barbie. Igor était un andro Hazzardien* de classe Nestor programmé pour servir et veiller sur les humains. Ses conformités physiques étaient originales. Il possédait une très belle bosse, des jambes arquées et maigres, de long bras qui trainaient presque par terre, des mains cadavériques ornées de griffes noires ébréchées. Sa physionomie était remarquable. L'avorton synthétique était décoré d'une paire d'yeux blancs aussi ronds que des balles de tennis de table nipponne, d'un très long nez crochu pourvu d'une pustule (sans poil), de dents vacillantes et d'un menton en galoche. Igor était presque chauve mais avait des pellicules. Gontran, le frère de Bianca, le mauvais plaisant de la famille, en avait fait cadeau à sa soeur lors d'un noël, cinquante ans auparavant. C'est la petite Barbie qui l'avait re-découvert dans une vieille malle du grenier. Depuis, impossible de séparer ce couple improbable. Barbie était quelqu'un qui pouvait être extrêmement têtue. Niveau disque dur, un truc merdait chez cet androïde. Impossible de lui télécharger le moindre tutoriel scientifique. Même les tables de multiplications ! Heureusement, il compensait ce handicap par des talents gastronomiques qui auraient fait se tordre de jalousie le cuisinier antique Cyril Lignac. Ce qui tombait fort bien. Barbie aimait manger avant de se taper ses androïdes ! En plus, c'était un vrai champion niveau flipper ! Barbie et lui se mesuraient souvent sur des vieilles machines antiques et crépitantes. Ce salopard gagnait tout le temps !
C'est justement pour ça que je viens te voir, Tantine, figure-toi qu'Igor s'est fait kidnapper et je me sens toute chose !
Merveilleux ! C'est une très bonne nouvelle ! Cet oenuque castré ne manquera à personne...
Barbie laissa filer le pléonasme et se lança dans le vif du sujet.
Je veux dire que j'ai besoin de dix petits millions de crédits pour le récupérer...
Quoi ? C'est le prix de mes nouveaux implants mammaires en uranium appauvris ! A propos, trouves-tu que je fais mes vingt-six ans ?
Mais Barbie n'était pas décidée à jouer à ce jeu. Elle sortit sa botte secrète.
Oh Tata, à propos ... j'avais pensé à toi en revenant de l'observatoire de San Pedro Martyr. Je t'avais rapporté un petit kilogramme de cocaïne mexicaine, mais, c'est con, je ne sais plus où je l'ai foutu...
Merveilleux ! J'adore priser ce tonique innocent ! Cette attention me touche au plus profond du coeur ! J'ai même remarquée son action stimulante lorsque je m'en poudre la vulve et le clitoris ... tu as besoin de combien pour ton chèque ?
Situé à un jet de pierre de l'antique ville de Budva, l'ile de Stevi Stefan abritait un très vieux complexe hôtelier composé de constructions blanches aux toits roses ombragés par quelques cyprès noirs séculaires et superbes. Autour de l'ile, la mer Adriatique lançait ses reflets bleus, le soleil était
à sa place et la plage idéale, c'est à dire, quasiment désertée de gros cons. Ce qui semble normal après deux guerres atomiques mondiale... et qui confirme la règle que la plupart du temps, même les plus gros malheurs peuvent présentés des avantages indéniables.
Barbie mangeait des roubignoles rôties de sanglier-mutant accompagné d'asperges sauvage dans la grande salle du restaurant pendant que Sean Connery, Prat Bit et Paul Newman tenaient compagnie à leur maitresse. Malheureusement, ces poupées synthétiques dites «de plaisirs » n'avaient pas le même libre-arbitre surréaliste que le butler de la belle cosmologiste. La conversation manquait de rebondissements.
« Jamais Igor n'aurait fait cuire ces roustons comme ça. déclara Barbie qui trouvait la bidoche trop cuite.
My name is Bond ! déclara Connery qui était vêtu d'un magnifique smoking bleu pétrole et qui portait son PKK chargé sous l'aisselle gauche.
Passe-moi la sauce*! ajouta Newman d'un air impénétrable.
Koll ! termina Pratt Bit qui souriait sans arrêt, ce qui était agréable mais agaçant au bout d'un certain temps.
Les gars, on peut dire que vous avez de la conversation … leur répondit Barbie après avoir tiré la langue au grand, élégant, beau et riche hindou qui n'arrêtait pas de reluquer discrètement ses guibolles et qui était un des rares clients de l'hôtel … sommelier ! Une autre bouteille de Zongola rouge ! commanda Barbie en s'allumant une clope. Les ravisseurs d'Igor vont rapidement me contacter. Sean, allume tes mouchards et ouvre l'oeil...
Bond, James Bond.
La mallette pleine de crédits reposait sur les genoux de l'andro, reliée à son poignet poilu et robuste par une chaine maousse. Connery était un ancien androïde de la Police Hazzardienne. Barbie l'avait acheté à très bon prix car son disque-dur s'était mangé une rafale de laser. conséquence, il radotait. Cependant, son équipement d'infiltration était opérationnel. Ceci, à tous les sens du terme.
Allons nous pieutez ... déclara finalement Barbie une fois la bouteille terminée en se levant de la table en chancelant.
La chambre donnait sur la mer qui dansait le long du golfe clair. Elle était simple quoique vaste. Murs blanchies à la chaux, sol recouvert de dalles d'onyx noires comme la fourrure d'un fauve souple et griffu. Sur le grand lit drapé de soie que Barbie n'avait pas encore eu envie de tester avec une, voire deux ou trois machinakus, reposait un gros talkie-walkie recouvert de peinture kaki.
Connery dégaina son automatique délicieusement vintage et se dirigea à pas de loup vers la porte-fenêtre entrouverte qui donnait sur une petite terrasse située au troisième étage. Rien à l'horizon.
Barbie tourna le commutateur de l'engin de communication qui se mit à grésiller. Elle appuya sur le bouton rouge et déclara :
« Allo ! A vous !
Demain quatorze heures sur le port avec l'argent. fit une voix suave à l'accent indéfinissable--
- Ne coupez pas ! J'apporterai l'argent si j'ai l'assurance qu'Igor est encore en état de fonctionner ! déclara rapidement Barbie qui sentait son coeur battre la chamade derrière la barrière de chair de son sein idéal.
Mistress ! Mistress ! C'est Igor ! fit Igor qui possédait une voix à la hauteur de son physique.
Igor ! Que je suis heureuse d'entendre ta voix rassurante ! Tiens bon, nous allons rapidement te récupérer !
Il le faut, Mistress ! C'est affreux et je souffre le martyre ! Ces gens sont des barbares ! Ils utilisent plusieurs fois l'huile pour les frites ! Je suis en manque de flipper et...
Malheureusement, un odieux ravisseur coupa la conversation. Barbie n'eut pas d'autres informations concernant l'horrible calvaire qu'endurait son délicat domestique synthétique. La
transmission n'avait pas duré assez longtemps pour que Sean Connery détecte la position de l'origine de l'onde radio. Barbie pesta. Elle nourrissait l'espoir de récupérer Igor sans avoir a cracher au bassinet. Elle comptait se servir des dix bâtons de la rançon pour se payer un accélérateur de particules Tesla® d'occasion qui l'aiderait à avancer dans ses recherches cosmologiques basées sur le modèle du multivers inflationnaire de Andreï Linde. Au combat, Connery valait facile une escouade lourde de Gurkhas galactiques de la NDB (nouvelle dictature bouddhiste), Barbie comptait sur ses compétentes létales. Cependant, il n'était pas question de risquer l'intégrité d'Igor dans une tentative périlleuse de récupération.
« Bon, au dodo maintenant ! » déclara Barbie en plongeant dans le paddock sans même se laver les dents car elle était encore un peu pompette.
Prat Bit et Paul Newman regagnèrent docilement leurs sarcophages avec leurs bites sous le bras. Ce n'était pas tous les quatre matins qu'un truc pareil arrivait. Connery se mit en mode «surveillance » assis devant la porte-fenêtre, cheville droite en appui sur le genoux gauche, pétard à la main, cigarette turque dans le bec, mallette en vue.
Juste avant de s'endormir, la belle macrocéphale se fit la réflexion qu'elle n'avait pas utilisé ses machines depuis la disparition d'Igor. Ceci ne lui ressemblait pas. Ses besoins en la matière étant très développés.
« Je suis en train de devenir frigide à cause de cette vieille tourniquette … je n'ai pas eue le moindre orgasme depuis au moins deux jours ... puis, elle ronfla.
Au Monténégro, les hommes et les femmes se côtoient simplement pour échanger quelques moments courts mais agréables. Au sens strictement organique du terme. Ils ne partagent jamais les aléas et les joies du quotidien. Ceci étant considéré comme une horrible perversion. Les notions de famille, de couple ont totalement disparues. Ces moeurs s'expliquent par de la pénurie d'hommes conséquentes à de très longues périodes de guerres. Ces mœurs s'expliquent aussi parce que les gens en ont plein le cul - au sens figuré du terme- de se supporter.
Pour tirer sa crampe, au Monténégro, il faut attendre le jour adéquat. On s'équipe d'une fleur que l'on place à sa boutonnière ou à son chemisier. Signe de reconnaissance signifiant : suis disponible, c'est quand tu veux baby ! Accessoirement, ces rapprochements servent aussi à perpétrer l'espèce. Cette habitude semble être ancré très profondément dans les gènes du Sapiens mais elle est heureusement tempérée par des résultats chaotiques provenant des radiations atomiques résultant des conflits précités.
Barbie et Sean traversèrent le parking déserté de l'hôtel et passèrent devant le vieux space-car délabré dont Barbie se servaient pour ses déplacements. Comme le port était à deux pas, ils s'y rendirent pédibus et traversèrent la jetée de pierre qui menait à la petite localité de Budva. Barbie portait une de ses éternelles combinaisons de travail percée de trous, Sean, son smoking impec agrémenté d'un oeillet rouge à peine éclos. Ils passèrent devant des terrasses d'estaminets sur lesquelles des hommes peignés et bien lavés arboraient eux aussi des fleurs à leurs boutonnières. C'était au tour des femmes de choisir leurs candidats. Ils arrivèrent sur la jetée du port et contemplèrent un moment les petits voiliers qui revenaient de la pêche. Un triporteur à moteur conduit par un vieillard très maigre stoppa sa course pétaradante devant eux. Le conducteur ouvrit le grand panier d'osier fixé au guidon de l'engin qui fonctionnait avec des déjections.
« Envoyez le flouze ! déclara le vieux qui portait une longue barbiche blanche.
Et mon cul, c'est du poulet ! lui rétorqua Barbie qui n'avait pas la langue dans sa poche. T'auras le fric lorsque j'aurai Igor devant moi !
Le vieux écarquilla les yeux. Visiblement, il ne s'attendait pas à cette répartie. Il dégaina un gros fulgurant fabriqué en Helvétie-Libre et braqua la poupée et son gigolo qui arborait un sourire cruel et vindicatif.
J'ai dit, la mallette, les partouzeurs !
James Bond. répondit Sean en montrant au vieillard que l'engin était fixé à sa personne par
une chaine.
Dépêche ou ça va sentir la bidoche cramée ! »
Le vieux commença à descendre de son engin mais un tas de femmes excitées tombèrent sur l'androïde à la fleur rouge qui n'avait pas vu le danger arriver et qui s'étala sur le sol.
Ne tue pas ces femmes en chaleurs innocentes ! cria Barbie avant que Sean ne fasse une connerie.
Il se tapait complètement des lois de la robotique de Tonton Asimov.
Les gonzesses avaient rarement vu un mâle aussi viril ! Elles mouillaient et tiraient dessus dans tous les azimuts. Très rapidement, le tuxedo d'alpaga fut réduit en charpie. Le vieux, aussi vif et agile que le serpent, plongea dans la mêlée et coupa la chaine de la mallette d'un claquement de son dentier qui possédait des ratiches à tranchants monomoléculaire. Quelqu'un de pesant venait de s'asseoir sur le visage de Sean qui restait stoïque malgré son envie de descendre tout le monde.
« Je le tiens ! Il est pris au piège ! Lèche-moi le trou de balle !
Non ! C'est mon mâle ! » hurla une dame qui ressemblait à la fiancé de Popeye et qui le tenait par une cheville.
Barbie tenta de plaquer le vieux qui ressortait de la mêlée la mallette sous le bras. Ce dernier exécuta un rapide crochet sautillant et lança une bonne beigne dans le visage de la cosmologiste qui tomba sur les fesses. Le vieux grimpa sur son engin et démarra à toute vitesse environné d'un nuage qui ne sentait pas le diesel mais bien pis que cela. Par bonheur, les engins à moteurs étaient devenus fort rares.
« Il se taille avec le fric ! A moi, Sean ! »
Sean se détendit comme un sexe turgescent sortant d'un slip kangourou. Il tourbillonna comme une toupie. Il se débarrassa facilement des harpies qui se dispersèrent dans toutes les directions.
« Vite ! Elles vont revenir à l'attaque ! Tu les rends folles de désirs ! »
Ils coururent derrière le triporteur qui n'était pas très rapide mais beaucoup plus que des bipèdes ordinaires. Sean passa en surmultiplié et remonta le retard. Sa vitesse de pointe étant de soixante-kilomètres à l'heure, il avait toutes ses chances de rejoindre l'engin à trois roue avant qu'il n'aborde la route qui lui permettrait d'aller à fond. Deux types en noir coiffé de cagoules très pointues sortirent d'un gros tas de filets de pêcheurs. Ils étaient armées de fusils de chasse à poudre noire à canons-sciées. Connery se laissa tomber sur le sol et roula en avant tandis que deux décharges de plombs brulants passèrent comme des guêpes au dessus de sa tête. Rétablissement sur un genou. Le PKK aboya deux fois. Paf ! Paf ! Terminé.
Malheureusement, le vioque venait de rejoindre la route. Adios Berthe !
« My name... »
Une magnifique bagnole grise dotée d'un toit transparent audacieux stoppa devant l 'androïde qui n'eut pas le temps de terminer sa répartie. Tant pis pour nous. Barbie ouvrit la portière passager et Sean grimpa sur ses genoux. Un jeune hindou portant un ruban lesté d'un rubis gros comme une boule de pétanque tenait le grand volant de bois précieux du véhicule britannique.
« Rolls-Royce Silver Wraith Perspex Toop Saloon 1956 ayant servi au film les Félins de René Clement en 1964. » déclara Sean Connery avec à propos.
L'action lui stimulait l'intellect.
L'hindou était enchanté. Il venait de négocier une séance Tagada avec Barbie. Si, toutefois, il parvenait à rejoindre un vieil homme monté sur un engin poussif. Il répliqua après avoir agité son cou transversalement de la manière charmante et caractéristique à son peuple.
« Tout à fait vrai ! C'est remarquable ! Honoré de prendre dans mon véhicule un cinéphile distingué ! Mon nom est Monshipour Méoutamilabanana.
Bond, James Bond.
Vous vous ferez des pipes plus tard, les gars ! Le temps presse ! pesta Barbie qui tenait dans son poing le petit derringer laser que son parrain Cruel Monsanto lui avait acheté pour fêter ses
sept ans avec l'espoir qu'elle descende sa tante ou au moins, un domestique ou deux, histoire de commencer la vie sur des bases saines.
Monshipour démarra sur des chapeaux de roue. La caisse les propulsa sur la vieille route poussiéreuse pleines de fissures et de trous à la vitesse du juggernaut de Krishna. Cette bande d'asphalte était entretenue à la nouvelle mode, c'est à dire, n'importe comment. De toute façon, seul quelques richards se pointaient dans ce patelin et encore, en space-car. Les originaux qui choisissaient de s'ennuyer avec des bagnoles à l'ancienne étant des recordmans du snobisme.
En tous cas, la dame de fer cartonnait et gagnait sur le triporteur qui était en train de négocier les premiers lacets d'un route qui sinuait sur un promontoire planté de sombres résineux.
« Maggy n'aime pas ce genre de route ! Elle déteste la négociation ! » pesta le conducteur. Ce qui était drôle car il râlait en gardant le sourire.
Sur une inspiration, Sean décida de monter sur le capot de la bagnole. Il glissa sur le long museau et cala son entrejambe contre la statuette art-déco qui portait le nom terriblement poétique de : Spirit of ecstasy. L'andro colla un nouveau chargeur dans la crosse de son Walther 9MM.
« Cet être est courageux ! fit Monshipour qui était bien content de partager seul sa banquette avec la belle poule. Saviez-vous qu'un adepte de quatorzième niveau de yoga tantrique est capable de ré-aspirer sa semence par l'urètre, une fois l'acte consommée ? Avez-vous déjà gouté à la transmutation super orgasmique ?
Toi, tu perds pas le nord, mon coco... lui répondit Barbie en haussant un sourcil. Tu aspireras ce que tu voudras si on retrouve Igor sain et sauf !
Voilà qui est motivant ! »
Ils arrivèrent au sommet de la colline et la caisse se retrouva environnée d'une nuée de décharges-lasers et d'une pluie de projectiles en plombs classiques mais tout aussi mortels.
Monshipur pila en catastrophe et dérapa en brulant du caoutchouc. Pendant que l'énorme carrosse au toit de plexiglas se balançait sur ses suspensions, les deux passagers ouvrirent une portière et plongèrent dans un fossé rempli d'eau claire.
Sean Connery avait sauté du véhicule dès qu'il s'était rendu compte que la route était barrée par un gros space-car environné d'un tas de types à capuches pointues qui tenaient des flingues dans les pognes. Il remonta transversalement la route à la vitesse d'un cerf en rut traversant un sous-bois et chargea dans le tas. Stratégie basique mais souvent payante lorsqu'on possède l'initiative et aussi, la puissance d'un andro de combat.
« Pif-paf-pouf ! »
Les premiers cagoulés tombèrent comme des mouches. Sean rechargea mais une rafale de fulgurant percuta son flingue vintage tandis qu'une série de bastos blindée .45 Magnum lui traversèrent la poitrine. En trois longues enjambées, l'ex-androïde d'infiltration fondit sur le paletot du tireur. Sean l'empoigna par le bras, le fit tournoyer comme une espèce de marteau humain et le balança dans le second type qui tripotait sa mitraillette enrayée. Sean se fit un rapide auto-contrôle technique. Aucuns processeurs importants n'avaient morflés. Il était paré pour reprendre son activité favorite. Ce qu'il fit.
Pendant ce temps, Barbie et Monshipour rampait dans les buissons en direction du space-car. Barbie était certaine qu'Igor se trouvait à l'intérieur du véhicule. Il n'était plus question de récupérer le fric. Elle ne pensait qu'à sauver son compagnon synthétique. Mais, il lui semblait que les ravisseurs étaient énervés. La situation partait en eau de boudin. La campagne résonnait de chuintements de laser, de détonations diverses, de hurlements variés.
« La situation vient de partir en eau de boudin ! dit-elle à celui qui la suivait en reluquant son postérieur et en se frottant sur le sol. Et ça serait sympa d'arrêter de reluquer mon postérieur, il faut se concentrer !
A vos ordres !
Sean est en train de découper tous ces connards en rondelles ! Je vais en profitez pour m'approcher du space-car. Avez-vous des notions de combat rapproché ?
C'est à dire, je suis végétalien et non-violent...
Alors, vous compterez les points. »
Sean massacra rapidement une douzaine de types qui ne faisaient pas le poids. Il avançait à découvert droit sur le space-car tenant dans ses mains un fusil-galactique capable de stopper un blindé. Le vieux au triporteur l'attendait de pied ferme en haut de l'éminence. Il portait une arme similaire à celle de l'andro et était accompagné d'un triclope de trois cent kilos à la peau mauve, sans front et mono-sourcil, en plus. L'espèce de mutant tenait Igor devant lui et le maintenait par ses épaules en bouteilles de limonade. Le pauvre butler semblait encore plus petit qu' à son habitude. Sean esquissa un sourire carnassier amusé en contemplant le tableau.
« Plus un geste ! dit le vieux. Ou Monsieur Kougol décapsulera la tête de cet horrible androïde bossu !
Bond...(pas la peine de se répéter)
Enchanté, Monsieur Bond. Veuillez lâcher votre arme. Dans trois secondes, j'exécute l'otage.
Pas touche à Igor, vieux crabe ! déclara Barbie en sortant d'un fourrée. Je t'ai lâché l'argent, rends-le moi tout de suite !
Mistress ! aboya Igor comme une espèce de vieux chien désespéré. Viens me délivrer ! Il m'oblige à faire de la cuisine avec de la nourriture de seconde catégorie !
Je compte...
Connery leva son arme. A cette distance, il lui roussissait les cils les doigts dans le nez.
Non Sean !ordonna Barbie.
Sean abaissa le laser d'assaut.
Que Monsieur daigne lâcher son arme, si vous tenez à votre serviteur. fit le vieux très content de lui.
Il la lâchera lorsque Igor sera avec nous.
Pas question, poupée, je garde le fric et aussi l'androïde !
Mais enfin, pourquoi ? demanda Méoutamilabanana très décontracté et sur un ton de conversation mondaine. Cet être synthétique est un vrai cauchemar.
C'est vrai ! Je pue et je ne suis même pas sexué ! ajouta Igor avec objectivité.
Le vieux se mit à rire puis déclara avec sérieux et nostalgie.
Voici la raison pour laquelle il n'est pas question que je restitue Igor. Cet androïde prépare les brocolis exactement comme ceux de Maman. Cela fait 78 ans que j'espérais retrouver de pareilles flaveurs...
A la recherche du temps perdu, Marcel Proust, Editions Grasset et NRF 1913 dans la version originale. stipula Sean Connery avec à propos.
Cette littérature française est très ardue. Je n'arrive jamais à terminer le premier volume... ajouta Monsieur Kougol qui jusque là était resté silencieux.
Le coup des brocolis de maman assomma Barbie. Elle ne savait plus quoi faire. Ses deux cervelles fonctionnaient pourtant à une vitesse faramineuse. En vain. Il s'agissait avant tout de gagner du temps.
« Laisse tomber ton arme, Sean, ce vieux snoque à la main. »
Sean obtempéra et tout le monde se mit en ligne côte à côte en suivant les instructions du vieillard.
« Ne craignez rien, je ne vais pas trainer ici longtemps. Tout le monde rentrera vivant dans ses pénates. Kougol, vérifie la batterie du space-car et place Igor dans le coffre. »
Ce coup-ci, la coupe était pleine pour le domestique-cuisinier de Barbie qui avait la frousse dans le noir !
Igor fit volte-face comme Nicolas Cage. Il cracha dans la figure du géant mauve qui recula de dégoût devant cette botte secrète perfide et gluante. Igor rugit : « BONSAI* !!! » et fit basculer le triclope qui s'essuyait le visage au dessus de sa hanche maigre. Le coup de sumo était parfait. Igor s'était téléchargé une application de lutte nippone afin de s'en servir pour protéger sa maitresse pour le cas où. Le géant tomba et commença à rouler dans la pente pleine de caillasses, de rochers, de figuiers de barbarie. Sean esquissa un geste TRES rapide et s'empara du turban de Monshipur.
L'andro de combat déroula le turban et lança un truc rouge qui traversa le ciel bleu et limpide à la vitesse d'une comète dans le vide (qui n'est pas vide).
« PAF ! » Le rubis éclata le citron du vieux brigand qui coula sur le sol comme une espèce de sorbet.
« L'OEIL DE KALI ! IL A LANCE L'OEIL DE KALI ! SHIVA VA COMMENCER SA DANSE DESTRUCTRICE SUR LE DEMON DE L'IGNORANCE ! » hurla Monshipur qui était chauve comme un oeuf et qui venait de perdre sa décontraction orientale.
Barbie sortit de la chambre de Monshipur. Ces histoires d'orgasmes tantriques tourbillonnants à la noix de coco étaient surestimés. Pour la bagatelle, rien ne valait une belle zigounette d'androïde bien entretenu avec une gueule d'acteur antique !
Barbie s'élança à toutes vitesses dans les couloirs de l'hôtel. Elle dévala les escaliers en survolant les degrés de marbre avec l'agilité et l'élégance de la chèvre des montagnes. Barbie traversa le hall et poussa de toutes ses forces la double porte de service qui donnait dans les cuisines.
IL était là.
Dressé sur un tabouret à hauteur des fourneaux, rayonnant comme un astre divin dans l'obscurité du cosmos, préparant avec amour un repas idéal composé d'une tête de vache lunaire et d'un Paris-Brest caramélisé à la broche.
Igor touillait le fond d'une casserole de cuivre.
Des larmes d'amours coulèrent dans les grands yeux de Barbie.
C'était si bon d'avoir son homme près de soi!
L'architecte responsable de la construction de l'horreur néo-gothique avait eu l'idée de placer le chef d'oeuvre juste en face du lac. C'était un inconditionnel du panorama. Conséquence de cette inspiration, le château se tenait à 2500 mètres d'altitude, placé sur un versant orienté plein-nord en plein dans un couloir de vent puissant autant que glacial.
Barbie buvait une bière verte assise sur son siège favori installée sous l'énorme linteau de pierre qui décorait la grande cheminée de la gigantesque salle de séjour. Fixé au centre du linteau un blason de marbre représentait les armoiries de la famille, une chaussure courante azur sur champ de gueule ainsi que la devise qui l'accompagnait : JUST DO IT !
La Duchesse Bianca de Nike tressaillit en entrant dans la salle. Sa nièce était encore nippée d'une horrible combinaison bleue pleine de tâches qu'affectionnaient les créatures humaines des castes inférieures qui officiaient dans les quelques astroports encore en activité ! D'ordinaire, ces hominidés avaient des outils graisseux dans les poches, berk ! Mais, le pis ne résidait pas dans cet accoutrement.
« Qu'as-tu fais à ton front ? Il est énorme ! Tu ressembles à un de ces poissons de jadis qui sautaient dans les cercles !
Barbie porta la main à son crâne et rétorqua avec simplicité :
C'est ma sur-cervelle formée à la mécanique quantique que j'ai achetée en solde ! Ça fait au moins cinq fois que je te le répète ! J'ai toujours besoin d'un max de mémoire de stockage. Au fait, les bestioles dont tu parles s'appelaient des dauphins, de plus, c'étaient des mammifères marins...
La Duchesse n'écoutait pas. Elle avait besoin de se remonter. Ce qui semble normal à l'âge de cent-trois ans lorsqu'on éprouve un grand choc. Elle s'empara de la petite cuiller de platine qui pendait au bout d'une chaine autour de son cou, ouvrit la boite qui ne la quittait jamais, plongea la cuiller dedans et enfila une bonne dose de coke dans l'orifice de son tarin aristocratique.
Merveilleux ! fit-elle en s'asseyant en face de Barbie. Je ne parle pas de ta nouvelle coiffure... mais comment vas-tu faire pour te trouver un beau milliardaire superficiel à grosse pine avec une telle face ? s'inquiéta la tantine.
Bof ! Pour ça, j'ai Paul Newman, Pratt Bit et Sean Connery... ils me suffissent amplement ! Une fois les conduits ramonés, hop ! Dans leurs sarcophages !
C'est la meilleure part de l'homme ! Ton système présente des avantages. Cependant, ce n'est pas naturel de se passer de la compagnie des vrais mâles ! Ton habitude de fricoter exclusivement avec des machinakus est une perversion provenant du côté Monsanto de la famille. Je me souviens du vieil oncle Fluide et de ses penchants excessifs pour les naines à trois jambes et les géants oranges d'Ukraine ... c'était fort embarrassant ! Surtout lors des soirées, lorsqu'il était ivre !Il ne pouvait plus retenir les flatulences sonores qui s'échappaient de son anus distendu. Crois-moi, il te faut un beau mari organique. Nous avons toutes besoins d'être flattées, protégées, adulées, comme les entités terrestres supérieures que nous sommes. Je veux dire, nous, les aristocrates. Il est tellement agréable d'avoir à sa botte des hommes dignes, forts, virils, qui rampent à nos pieds comme des serpents. L'homme est un chien fidèle stupide. Mais attention, dès que sa maitresse lui tourne le dos, il ira se rouler dans le premier colombin qui croisera sa route. Aucun androïde ne sera jamais capable de se comporter de cette façon !
Barbie restait silencieuse. La Duchesse étant une spécialiste du non-sens.
Et ton haïssable abomination ? Je n'ai pas encore entendu le son de ses pieds plats claquant de cette manière si particulière et si détestable sur mon carrelage ? Tu es enfin guérie de ton Oedipe synthétique ?
Bianca De Nike voulait parler de Igor, le majordome personnel de Barbie. Igor était un andro Hazzardien* de classe Nestor programmé pour servir et veiller sur les humains. Ses conformités physiques étaient originales. Il possédait une très belle bosse, des jambes arquées et maigres, de long bras qui trainaient presque par terre, des mains cadavériques ornées de griffes noires ébréchées. Sa physionomie était remarquable. L'avorton synthétique était décoré d'une paire d'yeux blancs aussi ronds que des balles de tennis de table nipponne, d'un très long nez crochu pourvu d'une pustule (sans poil), de dents vacillantes et d'un menton en galoche. Igor était presque chauve mais avait des pellicules. Gontran, le frère de Bianca, le mauvais plaisant de la famille, en avait fait cadeau à sa soeur lors d'un noël, cinquante ans auparavant. C'est la petite Barbie qui l'avait re-découvert dans une vieille malle du grenier. Depuis, impossible de séparer ce couple improbable. Barbie était quelqu'un qui pouvait être extrêmement têtue. Niveau disque dur, un truc merdait chez cet androïde. Impossible de lui télécharger le moindre tutoriel scientifique. Même les tables de multiplications ! Heureusement, il compensait ce handicap par des talents gastronomiques qui auraient fait se tordre de jalousie le cuisinier antique Cyril Lignac. Ce qui tombait fort bien. Barbie aimait manger avant de se taper ses androïdes ! En plus, c'était un vrai champion niveau flipper ! Barbie et lui se mesuraient souvent sur des vieilles machines antiques et crépitantes. Ce salopard gagnait tout le temps !
C'est justement pour ça que je viens te voir, Tantine, figure-toi qu'Igor s'est fait kidnapper et je me sens toute chose !
Merveilleux ! C'est une très bonne nouvelle ! Cet oenuque castré ne manquera à personne...
Barbie laissa filer le pléonasme et se lança dans le vif du sujet.
Je veux dire que j'ai besoin de dix petits millions de crédits pour le récupérer...
Quoi ? C'est le prix de mes nouveaux implants mammaires en uranium appauvris ! A propos, trouves-tu que je fais mes vingt-six ans ?
Mais Barbie n'était pas décidée à jouer à ce jeu. Elle sortit sa botte secrète.
Oh Tata, à propos ... j'avais pensé à toi en revenant de l'observatoire de San Pedro Martyr. Je t'avais rapporté un petit kilogramme de cocaïne mexicaine, mais, c'est con, je ne sais plus où je l'ai foutu...
Merveilleux ! J'adore priser ce tonique innocent ! Cette attention me touche au plus profond du coeur ! J'ai même remarquée son action stimulante lorsque je m'en poudre la vulve et le clitoris ... tu as besoin de combien pour ton chèque ?
Situé à un jet de pierre de l'antique ville de Budva, l'ile de Stevi Stefan abritait un très vieux complexe hôtelier composé de constructions blanches aux toits roses ombragés par quelques cyprès noirs séculaires et superbes. Autour de l'ile, la mer Adriatique lançait ses reflets bleus, le soleil était
à sa place et la plage idéale, c'est à dire, quasiment désertée de gros cons. Ce qui semble normal après deux guerres atomiques mondiale... et qui confirme la règle que la plupart du temps, même les plus gros malheurs peuvent présentés des avantages indéniables.
Barbie mangeait des roubignoles rôties de sanglier-mutant accompagné d'asperges sauvage dans la grande salle du restaurant pendant que Sean Connery, Prat Bit et Paul Newman tenaient compagnie à leur maitresse. Malheureusement, ces poupées synthétiques dites «de plaisirs » n'avaient pas le même libre-arbitre surréaliste que le butler de la belle cosmologiste. La conversation manquait de rebondissements.
« Jamais Igor n'aurait fait cuire ces roustons comme ça. déclara Barbie qui trouvait la bidoche trop cuite.
My name is Bond ! déclara Connery qui était vêtu d'un magnifique smoking bleu pétrole et qui portait son PKK chargé sous l'aisselle gauche.
Passe-moi la sauce*! ajouta Newman d'un air impénétrable.
Koll ! termina Pratt Bit qui souriait sans arrêt, ce qui était agréable mais agaçant au bout d'un certain temps.
Les gars, on peut dire que vous avez de la conversation … leur répondit Barbie après avoir tiré la langue au grand, élégant, beau et riche hindou qui n'arrêtait pas de reluquer discrètement ses guibolles et qui était un des rares clients de l'hôtel … sommelier ! Une autre bouteille de Zongola rouge ! commanda Barbie en s'allumant une clope. Les ravisseurs d'Igor vont rapidement me contacter. Sean, allume tes mouchards et ouvre l'oeil...
Bond, James Bond.
La mallette pleine de crédits reposait sur les genoux de l'andro, reliée à son poignet poilu et robuste par une chaine maousse. Connery était un ancien androïde de la Police Hazzardienne. Barbie l'avait acheté à très bon prix car son disque-dur s'était mangé une rafale de laser. conséquence, il radotait. Cependant, son équipement d'infiltration était opérationnel. Ceci, à tous les sens du terme.
Allons nous pieutez ... déclara finalement Barbie une fois la bouteille terminée en se levant de la table en chancelant.
La chambre donnait sur la mer qui dansait le long du golfe clair. Elle était simple quoique vaste. Murs blanchies à la chaux, sol recouvert de dalles d'onyx noires comme la fourrure d'un fauve souple et griffu. Sur le grand lit drapé de soie que Barbie n'avait pas encore eu envie de tester avec une, voire deux ou trois machinakus, reposait un gros talkie-walkie recouvert de peinture kaki.
Connery dégaina son automatique délicieusement vintage et se dirigea à pas de loup vers la porte-fenêtre entrouverte qui donnait sur une petite terrasse située au troisième étage. Rien à l'horizon.
Barbie tourna le commutateur de l'engin de communication qui se mit à grésiller. Elle appuya sur le bouton rouge et déclara :
« Allo ! A vous !
Demain quatorze heures sur le port avec l'argent. fit une voix suave à l'accent indéfinissable--
- Ne coupez pas ! J'apporterai l'argent si j'ai l'assurance qu'Igor est encore en état de fonctionner ! déclara rapidement Barbie qui sentait son coeur battre la chamade derrière la barrière de chair de son sein idéal.
Mistress ! Mistress ! C'est Igor ! fit Igor qui possédait une voix à la hauteur de son physique.
Igor ! Que je suis heureuse d'entendre ta voix rassurante ! Tiens bon, nous allons rapidement te récupérer !
Il le faut, Mistress ! C'est affreux et je souffre le martyre ! Ces gens sont des barbares ! Ils utilisent plusieurs fois l'huile pour les frites ! Je suis en manque de flipper et...
Malheureusement, un odieux ravisseur coupa la conversation. Barbie n'eut pas d'autres informations concernant l'horrible calvaire qu'endurait son délicat domestique synthétique. La
transmission n'avait pas duré assez longtemps pour que Sean Connery détecte la position de l'origine de l'onde radio. Barbie pesta. Elle nourrissait l'espoir de récupérer Igor sans avoir a cracher au bassinet. Elle comptait se servir des dix bâtons de la rançon pour se payer un accélérateur de particules Tesla® d'occasion qui l'aiderait à avancer dans ses recherches cosmologiques basées sur le modèle du multivers inflationnaire de Andreï Linde. Au combat, Connery valait facile une escouade lourde de Gurkhas galactiques de la NDB (nouvelle dictature bouddhiste), Barbie comptait sur ses compétentes létales. Cependant, il n'était pas question de risquer l'intégrité d'Igor dans une tentative périlleuse de récupération.
« Bon, au dodo maintenant ! » déclara Barbie en plongeant dans le paddock sans même se laver les dents car elle était encore un peu pompette.
Prat Bit et Paul Newman regagnèrent docilement leurs sarcophages avec leurs bites sous le bras. Ce n'était pas tous les quatre matins qu'un truc pareil arrivait. Connery se mit en mode «surveillance » assis devant la porte-fenêtre, cheville droite en appui sur le genoux gauche, pétard à la main, cigarette turque dans le bec, mallette en vue.
Juste avant de s'endormir, la belle macrocéphale se fit la réflexion qu'elle n'avait pas utilisé ses machines depuis la disparition d'Igor. Ceci ne lui ressemblait pas. Ses besoins en la matière étant très développés.
« Je suis en train de devenir frigide à cause de cette vieille tourniquette … je n'ai pas eue le moindre orgasme depuis au moins deux jours ... puis, elle ronfla.
Au Monténégro, les hommes et les femmes se côtoient simplement pour échanger quelques moments courts mais agréables. Au sens strictement organique du terme. Ils ne partagent jamais les aléas et les joies du quotidien. Ceci étant considéré comme une horrible perversion. Les notions de famille, de couple ont totalement disparues. Ces moeurs s'expliquent par de la pénurie d'hommes conséquentes à de très longues périodes de guerres. Ces mœurs s'expliquent aussi parce que les gens en ont plein le cul - au sens figuré du terme- de se supporter.
Pour tirer sa crampe, au Monténégro, il faut attendre le jour adéquat. On s'équipe d'une fleur que l'on place à sa boutonnière ou à son chemisier. Signe de reconnaissance signifiant : suis disponible, c'est quand tu veux baby ! Accessoirement, ces rapprochements servent aussi à perpétrer l'espèce. Cette habitude semble être ancré très profondément dans les gènes du Sapiens mais elle est heureusement tempérée par des résultats chaotiques provenant des radiations atomiques résultant des conflits précités.
Barbie et Sean traversèrent le parking déserté de l'hôtel et passèrent devant le vieux space-car délabré dont Barbie se servaient pour ses déplacements. Comme le port était à deux pas, ils s'y rendirent pédibus et traversèrent la jetée de pierre qui menait à la petite localité de Budva. Barbie portait une de ses éternelles combinaisons de travail percée de trous, Sean, son smoking impec agrémenté d'un oeillet rouge à peine éclos. Ils passèrent devant des terrasses d'estaminets sur lesquelles des hommes peignés et bien lavés arboraient eux aussi des fleurs à leurs boutonnières. C'était au tour des femmes de choisir leurs candidats. Ils arrivèrent sur la jetée du port et contemplèrent un moment les petits voiliers qui revenaient de la pêche. Un triporteur à moteur conduit par un vieillard très maigre stoppa sa course pétaradante devant eux. Le conducteur ouvrit le grand panier d'osier fixé au guidon de l'engin qui fonctionnait avec des déjections.
« Envoyez le flouze ! déclara le vieux qui portait une longue barbiche blanche.
Et mon cul, c'est du poulet ! lui rétorqua Barbie qui n'avait pas la langue dans sa poche. T'auras le fric lorsque j'aurai Igor devant moi !
Le vieux écarquilla les yeux. Visiblement, il ne s'attendait pas à cette répartie. Il dégaina un gros fulgurant fabriqué en Helvétie-Libre et braqua la poupée et son gigolo qui arborait un sourire cruel et vindicatif.
J'ai dit, la mallette, les partouzeurs !
James Bond. répondit Sean en montrant au vieillard que l'engin était fixé à sa personne par
une chaine.
Dépêche ou ça va sentir la bidoche cramée ! »
Le vieux commença à descendre de son engin mais un tas de femmes excitées tombèrent sur l'androïde à la fleur rouge qui n'avait pas vu le danger arriver et qui s'étala sur le sol.
Ne tue pas ces femmes en chaleurs innocentes ! cria Barbie avant que Sean ne fasse une connerie.
Il se tapait complètement des lois de la robotique de Tonton Asimov.
Les gonzesses avaient rarement vu un mâle aussi viril ! Elles mouillaient et tiraient dessus dans tous les azimuts. Très rapidement, le tuxedo d'alpaga fut réduit en charpie. Le vieux, aussi vif et agile que le serpent, plongea dans la mêlée et coupa la chaine de la mallette d'un claquement de son dentier qui possédait des ratiches à tranchants monomoléculaire. Quelqu'un de pesant venait de s'asseoir sur le visage de Sean qui restait stoïque malgré son envie de descendre tout le monde.
« Je le tiens ! Il est pris au piège ! Lèche-moi le trou de balle !
Non ! C'est mon mâle ! » hurla une dame qui ressemblait à la fiancé de Popeye et qui le tenait par une cheville.
Barbie tenta de plaquer le vieux qui ressortait de la mêlée la mallette sous le bras. Ce dernier exécuta un rapide crochet sautillant et lança une bonne beigne dans le visage de la cosmologiste qui tomba sur les fesses. Le vieux grimpa sur son engin et démarra à toute vitesse environné d'un nuage qui ne sentait pas le diesel mais bien pis que cela. Par bonheur, les engins à moteurs étaient devenus fort rares.
« Il se taille avec le fric ! A moi, Sean ! »
Sean se détendit comme un sexe turgescent sortant d'un slip kangourou. Il tourbillonna comme une toupie. Il se débarrassa facilement des harpies qui se dispersèrent dans toutes les directions.
« Vite ! Elles vont revenir à l'attaque ! Tu les rends folles de désirs ! »
Ils coururent derrière le triporteur qui n'était pas très rapide mais beaucoup plus que des bipèdes ordinaires. Sean passa en surmultiplié et remonta le retard. Sa vitesse de pointe étant de soixante-kilomètres à l'heure, il avait toutes ses chances de rejoindre l'engin à trois roue avant qu'il n'aborde la route qui lui permettrait d'aller à fond. Deux types en noir coiffé de cagoules très pointues sortirent d'un gros tas de filets de pêcheurs. Ils étaient armées de fusils de chasse à poudre noire à canons-sciées. Connery se laissa tomber sur le sol et roula en avant tandis que deux décharges de plombs brulants passèrent comme des guêpes au dessus de sa tête. Rétablissement sur un genou. Le PKK aboya deux fois. Paf ! Paf ! Terminé.
Malheureusement, le vioque venait de rejoindre la route. Adios Berthe !
« My name... »
Une magnifique bagnole grise dotée d'un toit transparent audacieux stoppa devant l 'androïde qui n'eut pas le temps de terminer sa répartie. Tant pis pour nous. Barbie ouvrit la portière passager et Sean grimpa sur ses genoux. Un jeune hindou portant un ruban lesté d'un rubis gros comme une boule de pétanque tenait le grand volant de bois précieux du véhicule britannique.
« Rolls-Royce Silver Wraith Perspex Toop Saloon 1956 ayant servi au film les Félins de René Clement en 1964. » déclara Sean Connery avec à propos.
L'action lui stimulait l'intellect.
L'hindou était enchanté. Il venait de négocier une séance Tagada avec Barbie. Si, toutefois, il parvenait à rejoindre un vieil homme monté sur un engin poussif. Il répliqua après avoir agité son cou transversalement de la manière charmante et caractéristique à son peuple.
« Tout à fait vrai ! C'est remarquable ! Honoré de prendre dans mon véhicule un cinéphile distingué ! Mon nom est Monshipour Méoutamilabanana.
Bond, James Bond.
Vous vous ferez des pipes plus tard, les gars ! Le temps presse ! pesta Barbie qui tenait dans son poing le petit derringer laser que son parrain Cruel Monsanto lui avait acheté pour fêter ses
sept ans avec l'espoir qu'elle descende sa tante ou au moins, un domestique ou deux, histoire de commencer la vie sur des bases saines.
Monshipour démarra sur des chapeaux de roue. La caisse les propulsa sur la vieille route poussiéreuse pleines de fissures et de trous à la vitesse du juggernaut de Krishna. Cette bande d'asphalte était entretenue à la nouvelle mode, c'est à dire, n'importe comment. De toute façon, seul quelques richards se pointaient dans ce patelin et encore, en space-car. Les originaux qui choisissaient de s'ennuyer avec des bagnoles à l'ancienne étant des recordmans du snobisme.
En tous cas, la dame de fer cartonnait et gagnait sur le triporteur qui était en train de négocier les premiers lacets d'un route qui sinuait sur un promontoire planté de sombres résineux.
« Maggy n'aime pas ce genre de route ! Elle déteste la négociation ! » pesta le conducteur. Ce qui était drôle car il râlait en gardant le sourire.
Sur une inspiration, Sean décida de monter sur le capot de la bagnole. Il glissa sur le long museau et cala son entrejambe contre la statuette art-déco qui portait le nom terriblement poétique de : Spirit of ecstasy. L'andro colla un nouveau chargeur dans la crosse de son Walther 9MM.
« Cet être est courageux ! fit Monshipour qui était bien content de partager seul sa banquette avec la belle poule. Saviez-vous qu'un adepte de quatorzième niveau de yoga tantrique est capable de ré-aspirer sa semence par l'urètre, une fois l'acte consommée ? Avez-vous déjà gouté à la transmutation super orgasmique ?
Toi, tu perds pas le nord, mon coco... lui répondit Barbie en haussant un sourcil. Tu aspireras ce que tu voudras si on retrouve Igor sain et sauf !
Voilà qui est motivant ! »
Ils arrivèrent au sommet de la colline et la caisse se retrouva environnée d'une nuée de décharges-lasers et d'une pluie de projectiles en plombs classiques mais tout aussi mortels.
Monshipur pila en catastrophe et dérapa en brulant du caoutchouc. Pendant que l'énorme carrosse au toit de plexiglas se balançait sur ses suspensions, les deux passagers ouvrirent une portière et plongèrent dans un fossé rempli d'eau claire.
Sean Connery avait sauté du véhicule dès qu'il s'était rendu compte que la route était barrée par un gros space-car environné d'un tas de types à capuches pointues qui tenaient des flingues dans les pognes. Il remonta transversalement la route à la vitesse d'un cerf en rut traversant un sous-bois et chargea dans le tas. Stratégie basique mais souvent payante lorsqu'on possède l'initiative et aussi, la puissance d'un andro de combat.
« Pif-paf-pouf ! »
Les premiers cagoulés tombèrent comme des mouches. Sean rechargea mais une rafale de fulgurant percuta son flingue vintage tandis qu'une série de bastos blindée .45 Magnum lui traversèrent la poitrine. En trois longues enjambées, l'ex-androïde d'infiltration fondit sur le paletot du tireur. Sean l'empoigna par le bras, le fit tournoyer comme une espèce de marteau humain et le balança dans le second type qui tripotait sa mitraillette enrayée. Sean se fit un rapide auto-contrôle technique. Aucuns processeurs importants n'avaient morflés. Il était paré pour reprendre son activité favorite. Ce qu'il fit.
Pendant ce temps, Barbie et Monshipour rampait dans les buissons en direction du space-car. Barbie était certaine qu'Igor se trouvait à l'intérieur du véhicule. Il n'était plus question de récupérer le fric. Elle ne pensait qu'à sauver son compagnon synthétique. Mais, il lui semblait que les ravisseurs étaient énervés. La situation partait en eau de boudin. La campagne résonnait de chuintements de laser, de détonations diverses, de hurlements variés.
« La situation vient de partir en eau de boudin ! dit-elle à celui qui la suivait en reluquant son postérieur et en se frottant sur le sol. Et ça serait sympa d'arrêter de reluquer mon postérieur, il faut se concentrer !
A vos ordres !
Sean est en train de découper tous ces connards en rondelles ! Je vais en profitez pour m'approcher du space-car. Avez-vous des notions de combat rapproché ?
C'est à dire, je suis végétalien et non-violent...
Alors, vous compterez les points. »
Sean massacra rapidement une douzaine de types qui ne faisaient pas le poids. Il avançait à découvert droit sur le space-car tenant dans ses mains un fusil-galactique capable de stopper un blindé. Le vieux au triporteur l'attendait de pied ferme en haut de l'éminence. Il portait une arme similaire à celle de l'andro et était accompagné d'un triclope de trois cent kilos à la peau mauve, sans front et mono-sourcil, en plus. L'espèce de mutant tenait Igor devant lui et le maintenait par ses épaules en bouteilles de limonade. Le pauvre butler semblait encore plus petit qu' à son habitude. Sean esquissa un sourire carnassier amusé en contemplant le tableau.
« Plus un geste ! dit le vieux. Ou Monsieur Kougol décapsulera la tête de cet horrible androïde bossu !
Bond...(pas la peine de se répéter)
Enchanté, Monsieur Bond. Veuillez lâcher votre arme. Dans trois secondes, j'exécute l'otage.
Pas touche à Igor, vieux crabe ! déclara Barbie en sortant d'un fourrée. Je t'ai lâché l'argent, rends-le moi tout de suite !
Mistress ! aboya Igor comme une espèce de vieux chien désespéré. Viens me délivrer ! Il m'oblige à faire de la cuisine avec de la nourriture de seconde catégorie !
Je compte...
Connery leva son arme. A cette distance, il lui roussissait les cils les doigts dans le nez.
Non Sean !ordonna Barbie.
Sean abaissa le laser d'assaut.
Que Monsieur daigne lâcher son arme, si vous tenez à votre serviteur. fit le vieux très content de lui.
Il la lâchera lorsque Igor sera avec nous.
Pas question, poupée, je garde le fric et aussi l'androïde !
Mais enfin, pourquoi ? demanda Méoutamilabanana très décontracté et sur un ton de conversation mondaine. Cet être synthétique est un vrai cauchemar.
C'est vrai ! Je pue et je ne suis même pas sexué ! ajouta Igor avec objectivité.
Le vieux se mit à rire puis déclara avec sérieux et nostalgie.
Voici la raison pour laquelle il n'est pas question que je restitue Igor. Cet androïde prépare les brocolis exactement comme ceux de Maman. Cela fait 78 ans que j'espérais retrouver de pareilles flaveurs...
A la recherche du temps perdu, Marcel Proust, Editions Grasset et NRF 1913 dans la version originale. stipula Sean Connery avec à propos.
Cette littérature française est très ardue. Je n'arrive jamais à terminer le premier volume... ajouta Monsieur Kougol qui jusque là était resté silencieux.
Le coup des brocolis de maman assomma Barbie. Elle ne savait plus quoi faire. Ses deux cervelles fonctionnaient pourtant à une vitesse faramineuse. En vain. Il s'agissait avant tout de gagner du temps.
« Laisse tomber ton arme, Sean, ce vieux snoque à la main. »
Sean obtempéra et tout le monde se mit en ligne côte à côte en suivant les instructions du vieillard.
« Ne craignez rien, je ne vais pas trainer ici longtemps. Tout le monde rentrera vivant dans ses pénates. Kougol, vérifie la batterie du space-car et place Igor dans le coffre. »
Ce coup-ci, la coupe était pleine pour le domestique-cuisinier de Barbie qui avait la frousse dans le noir !
Igor fit volte-face comme Nicolas Cage. Il cracha dans la figure du géant mauve qui recula de dégoût devant cette botte secrète perfide et gluante. Igor rugit : « BONSAI* !!! » et fit basculer le triclope qui s'essuyait le visage au dessus de sa hanche maigre. Le coup de sumo était parfait. Igor s'était téléchargé une application de lutte nippone afin de s'en servir pour protéger sa maitresse pour le cas où. Le géant tomba et commença à rouler dans la pente pleine de caillasses, de rochers, de figuiers de barbarie. Sean esquissa un geste TRES rapide et s'empara du turban de Monshipur.
L'andro de combat déroula le turban et lança un truc rouge qui traversa le ciel bleu et limpide à la vitesse d'une comète dans le vide (qui n'est pas vide).
« PAF ! » Le rubis éclata le citron du vieux brigand qui coula sur le sol comme une espèce de sorbet.
« L'OEIL DE KALI ! IL A LANCE L'OEIL DE KALI ! SHIVA VA COMMENCER SA DANSE DESTRUCTRICE SUR LE DEMON DE L'IGNORANCE ! » hurla Monshipur qui était chauve comme un oeuf et qui venait de perdre sa décontraction orientale.
Barbie sortit de la chambre de Monshipur. Ces histoires d'orgasmes tantriques tourbillonnants à la noix de coco étaient surestimés. Pour la bagatelle, rien ne valait une belle zigounette d'androïde bien entretenu avec une gueule d'acteur antique !
Barbie s'élança à toutes vitesses dans les couloirs de l'hôtel. Elle dévala les escaliers en survolant les degrés de marbre avec l'agilité et l'élégance de la chèvre des montagnes. Barbie traversa le hall et poussa de toutes ses forces la double porte de service qui donnait dans les cuisines.
IL était là.
Dressé sur un tabouret à hauteur des fourneaux, rayonnant comme un astre divin dans l'obscurité du cosmos, préparant avec amour un repas idéal composé d'une tête de vache lunaire et d'un Paris-Brest caramélisé à la broche.
Igor touillait le fond d'une casserole de cuivre.
Des larmes d'amours coulèrent dans les grands yeux de Barbie.
C'était si bon d'avoir son homme près de soi!