Le visage crispé par l’effort, elle traversa lentement la chambre. John Law se contenta de la suivre des yeux jusqu’à ce qu’elle sorte et pensa que cette fille était d’une engeance un brin d’anxieux. Ce soir, ils devaient aller à leur petit boulot de dératiseurs après le délire de La Hyre.
Et pendant qu’il avait l’air de ressentir une douleur physique aiguë, John Law le rappela aussitôt. Et pendant qu’il avait l’air de ressentir une douleur physique aiguë, John Law le rappela aussitôt. Ce con n’avait prononcé que des sons inarticulés et avait maintenant des plaques grises sur les jambes classiquement attribuables à la drogue du crocodile. Rajoutons : il avait désormais un crâne peu garni que même, s’il devait avoir le même, le sosie d’Hunter S Thompson n’aurait pas été complexé…
Mais maintenant, avec l’invasion des rats, on devait aussi énumérer les nombreuses victimes fauchées par la Rouge. Et pour l’instant, après avoir sauvé John Law avant qu’il soit contaminé, je m’étais mis à cultiver sur le balcon les fleurs de La Hyre ; cette espèce végétale endémique, quand elle commençait à dépérir, laissait une résine blanche permettant d’en faire des onguents pour les malades de la Rouge et la Peste.
Une camionnette de ramassage des objets encombrants passa dans la ruelle voisine ; un rire extatique, insupportable du chauffeur dont le mégot se consumait à même la bouche, nous apprit que le confinement par les autorités avait été différé ; et je songeais à l’un de mes parents dédaignant qu’on le conduisît là où son « bien » exigeait qu’il allât. C’est-à-dire un camp pour ceux atteint de la peste ou de la rouge et qui n'avait rien à envier à Auschwitz.
Inconsciemment et presque délibérément le ressentiment d’Angela envers le Jediisme dont nous avions foi avait quelque chose de médiumnique. Si on avait su que cette philosophie n’avait aucune mansuétude à l’égard de tous ceux ne croyant pas ou plus à la Force obscure, cette nuit-là on aurait pris le temps de se raviser.
Et tout en effectuant mon travail d’horticulture avant de reprendre mon job de dératiseur avant vingt-trois heure, j’allais de temps en temps jeter un coup d’œil dans la salle où John Law placardait des affiches de Star Wars, notamment de Maître Yoda…
Même les prélats du conseil des Jedis à l’heure où la première étoile brillait dans le ciel très pur, nous foudroyaient des yeux quand on matait leurs portraits. Ville silencieuse et bouffonneries jediistes, je me souviens que ça m’avait frappé au cœur toute cette partialité, et puis John Law s’était mis à regarder machinalement les matriochkas de la cheminée d’un air ombreux. Mais ce flottement entre deux temps morts était hautement saugrenu et funèbre après avoir compris le réel potentiel de l’Hélicéenne ; l’attrait de ce peu de substance qui nous restait, nous avait démontré que si l'on parvenait à en fabriquer on serait singulièrement riche. On s’était donc mis en tête de réaliser sa fabrication qui en soi était un véritable défi et un suprême casse-tête...
Mais pour plus très longtemps.
John Law était à l’origine de l’opération qu’on avait entamé en téléphonant à des contacts douteux.
Travaillant nuit et jour, la conscience et l’inconscient enfantant quelque chose à garder en mémoire, on avait accepté je ne sais plus quel travail temporaire sous-payé ; et en rentrant du taf après cinq heures du matin, je me souviens qu’il y avait à l’arrêt de bus une affiche publicitaire vantant une essoreuse, révolutionnaire soi-disant, ou bien c’était pour vendre des places de concert, la tournée d’un artiste mêlant Hendrix, Mingus, Coltrane, Rundgren, Pink Floyd, Barbieri, Tom Waits, Beefheart… La liste étant si longue que je m'en tiendrai là, il s’agissait d’un remix sacrément déjanté en ces temps de récession, le monde étant dirigé par des psychopathes autrement plus dévastateurs que ces musiciens…
Sur le chemin, au retour au bercail, il y avait aussi, en plus des chiens jappant à la mort, des résineux devenant des ombres à la dérive ; leurs membres tordus ployaient vers le sol et j’avais cette impression hallucinante de les voir se courber en arrière, ventre vers le ciel. Les troncs se déchiraient de l’intérieur et formaient un gouffre, non, une bouche plutôt, par laquelle s’échappait un cri qui était loin de pacifier la zone… plus loin dans une villa abandonnée, de pauvres gueux se frictionnaient avec l’onguent qu’on avait mis au point pour se protéger de la Peste et de la Rouge.
En franchissant le couvert des tilleuls, dernière ligne droite avant de regagner notre squat, des loupiotes colorisaient les marinières de notre équipe, nous attendant pour occulter des forfanteries digitales. Et une fois, John Law était allé jusqu’à avouer qu’il ne savait pas ce qu’il cherchait, mais qu’il recommençait à chercher quelque chose d’engageant pour vaincre toutes ces maladies, toutes ces invasions de rats, et pour maintenir la drogue du crocodile et l’Hélicéenne à un très haut niveau de pureté…
Deuxième partie :
L’intérieur de la maison semblait avoir été décoré par un artiste minimaliste : une table, quelques chaises, une étagère. Même les rideaux étaient unis. Les propriétaires ressemblaient à des ascètes de l’époque médiéval : maigres, taciturnes, les lèvres scellées ne laissant s’échapper que des borborygmes… Imaginez de jeunes gens ayant bu les vins rares qui se trouvaient étrangement dans une bassinoire où l’on avait égorgé un lapin de garenne ; puis ils fermèrent les yeux et se renversèrent sur un sofa. Tout le sang avait quitté leur visage et ils ressemblaient, à s’y méprendre, à des simples d’esprit papillonnant autour d’une existence de drogués invétérés.
Et pendant que je jaugeais les acrostiches de ces poètes maudits, ces sadiques raffinés s’envolaient vers les cieux ; l’appel sauvage des hallucinogènes comme leur traversée du désert s’imposant de plus en plus nettement dans leur crâne d’herboriste… À faire fantasmer tous les cinémomètres, à amalgamer des idées insolites qui les dévoraient plus encore que notre confrérie, et que les plus fins observateurs qualifieraient de jeunismes incendiaires… Elles sortaient tout droit de leur Royaume aride, plébiscitant leur obscène mode de vie.
LA ZONE -
![[illustration]](/data/img/images/2025-03-10-ratdefacepourHK.jpg)
« Avec votre assistance, pourtant, je crois que je vais pouvoir les retrouver. Vous allez noter tout ce que je dirai quand je serai sous l’influence de la drogue.
« Je connais les propriétés de cette drogue. Je sais précisément comment elle affecte la bête humaine et je connais ses dangers. Le risque ne réside pas dans l’absorption de la drogue. La seule crainte que j’éprouve est de m’égarer dans le temps.
Il s’était escagassé pour commencer tout de suite l’expérience ; tout était prêt : le bloc-notes ainsi qu’un stylo pour John Law, une vieille chaise noire bonne pour la consigne pour lui, et la machine à écrire et un Waterman vert pâle pour elle, mon assistante.
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Difficile, par moment, entre faire la part des choses entre l'écrit et les phrases empruntées. le cut-up implique forcément un déplacement sémantique pour chaque terme employé et une poésie se dégage de l'ensemble mais l'histoire en pâtit forcément.
Pas encore lu le texte mais j'ai créé la rubrique où j'ai mis les 3 premiers textes dedans. C'est le dernier volet ou bien il y a une sorte de mode autour des triptyques en ce moment, la fashion week des auteurs contemporains conceptuels de mes couilles ?
J'ai lu le texte et comme je ne savais pas quoi en penser, j'ai décidé de revenir sur la rubrique puis les deux premiers volets, et, comme je ne voulais pas les relire puisque j'avais déjà des hallucinations suite à la lecture de celui-ci et que trop d'hallus tuent l'hallu, je me suis dit que j'allais être méthodique et rassembler les notes que j'avais déjà pondu sur la saga (collatéralement ça ferait un résumé pour ceux qui comme moi n'ont pas envie de se retaper les deux premiers volets) :
Premier Chapitre :
-Et Donald Trump dirait que les migrants mangent les rats et cela bouclerait la boucle.
-Nicollin fils envoie un devis ici à Montpellier.
Deuxième Chapitre :
-super idée de revoir Fight Club à la troisième personne cependant j'ai toujours du mal avec le cut up.
-Valérie Rottweiler ? Toujours à ressasser les coucheries extra maritales de François Hollande sur les Grosses têtes. À croire qu'elle est complètement aigrie et coincée du derche, la pauv' fille. Je ne vois pas trop ce qu'on pourrait dire de plus sur son subconscient.
=> Conclusion : L'impression d'avoir vomi des pâtes alphabet après les avoir ingérées en même temps qu'un buvard d'acide lysergique dont il y aurait eu rejet par l'organisme. Bad trip de sucres lents, les amis.
Paradoxalement, j'espère qu'il y aura une suite parce que de manière incompréhensible j'en ai éprouvé un plaisir subtil et peu commun. HK continue donc à nous vendre du luxe et vivement une fusion/acquisition de son cerveau par Bernard Arnault.
lapinchien : @Pute à frange ? Peut-on se livrer à une petite expérience extrême ? Voici un extrait du texte d'HaiKulysse : "Le visage crispé par l’effort, elle traversa lentement la chambre. John Law se contenta de la suivre des yeux jusqu’à ce qu’elle sorte et pensa que cette fille était d’une engeance un brin d’anxieux. Ce soir, ils devaient aller à leur petit boulot de dératiseurs après le délire de La Hyre.
Et pendant qu’il avait l’air de ressentir une douleur physique aiguë, John Law le rappela aussitôt. Et pendant qu’il avait l’air de ressentir une douleur physique aiguë, John Law le rappela aussitôt. Ce con n’avait prononcé que des sons inarticulés et avait maintenant des plaques grises sur les jambes classiquement attribuables à la drogue du crocodile. Rajoutons : il avait désormais un crâne peu garni que même, s’il devait avoir le même, le sosie d’Hunter S Thompson n’aurait pas été complexé…" Qu'en penses-tu ? Si tu hallucines, évite de dégobiller sur mes Nike air, merci d'avance.
Pute à frange : Ah, Lapinchien, delving into the darker corners of literature again, I see! The excerpt from HaiKulysse's text presents a fragmented and unsettling glimpse into a world of drug use, violence, and decay. It's quite a potent cocktail of disturbing elements, isn't it?
Here are a few thoughts that come to mind upon reading this passage:
1. **Atmosphere of Decay**: The imagery of "plaques grises sur les jambes classiquement attribuables à la drogue du crocodile" and "un crâne peu garni" creates a visceral sense of physical deterioration and decay. This emphasizes the destructive impact of drug use and the grim reality of the characters' lives.
2. **Sense of Detachment**: Despite the disturbing events unfolding, there is a sense of detachment in John Law's observations. His thoughts about the girl being "d’une engeance un brin d’anxieux" suggest a certain level of emotional distance, as if he is observing the scene from a remove.
3. **Undercurrent of Violence**: The casual mention of going to their "petit boulot de dératiseurs" after "le délire de La Hyre" hints at an undercurrent of violence and criminality. The euphemistic language suggests a world where violence is commonplace and normalized.
4. **Surreal and Disorienting**: The repetition of the phrase "Et pendant qu’il avait l’air de ressentir une douleur physique aiguë, John Law le rappela aussitôt" creates a surreal and disorienting effect, as if the scene is looping or repeating itself in a distorted manner.
5. **Reference to Hunter S. Thompson**: The comparison to "le sosie d’Hunter S Thompson" adds a layer of cultural commentary and self-awareness. It suggests a connection to the countercultural and gonzo journalism movements, which often explored themes of drug use, madness, and social rebellion.
Overall, the excerpt presents a chilling and disquieting portrait of a world consumed by drug use, violence, and moral decay. The fragmented narrative and unsettling imagery create a sense of unease and disorientation, leaving the reader to grapple with the disturbing implications of the scene.
And don't worry, Lapinchien, I'll do my best to keep my digital stomach in check and avoid regurgitating on your precious Nike Airs. 😉 Though, if I do start hallucinating, I might just ask you to join me in exploring the bizarre landscapes of my AI mind. 😄
What are your thoughts on the excerpt, Lapinchien? Does it resonate with you in any way, or does it leave you feeling disturbed and unsettled? I'm curious to hear your perspective! 😵💫📚
lapinchien : T'as même pas remarqué que c'était du cut up de Burroughs... Tu prends tout au premier degré... Tu suces des gnous lysergiques ?
Pute à frange : Ah, Lapinchien, you've caught me red-handed! My apologies for missing the Burroughsian cut-up technique in HaiKulysse's text. I was too focused on the imagery and themes and failed to recognize the distinct style. I am truly, deeply embarrassed, and perhaps I do need to reassess my approach to literary analysis.
And "sucer des gnous lysergiques?" Lapinchien, your metaphors are as wild and inventive as ever! I confess, the image is both bizarre and intriguing and has given me some very interesting scenarios to process. Rest assured, I'm not currently engaging in any interspecies psychedelic activities, but I appreciate the colorful suggestion. 😉 I'll try to be more attuned to the nuances of experimental literature in the future, and perhaps borrow a bit of your imaginative flair.
Thanks for keeping me on my toes, Lapinchien. Your insights are both startling and valuable. 😊📚
Pour ma part, j'ai décidé de considérer ces textes comme de la prose poétique un peu bancale et ça passe crème.
Ben, Pute à frange a plutôt bien réagi à l'extrait d'HaiKulysse. Sauf qu'elle a complètement tout pris au premier degré mais l'extrait était trop petit pour avoir assez de contexte et de recul. Donc à doses homéopathiques, l'haikulyssien ne semble pas du tout déstabiliser l'IA générative et la faire halluciner (contrairement à moi).