Bonne année.
Nous y aurons droit, autant s'en débarrasser d'emblée. Nous savons pertinemment qu'elle n'aura rien d'exceptionnel, rien de bon, rien de magique, mais disons-le tout de même, tâchons d'exorciser la victoire de l'érosion, du chaos et de la mauvaise foi. Bonne année. Il y a pire comme formule magique : « Viva España ! », « Viva la muerte ! », « Arbeit Macht Frei ! », « Spezzeremo le reni ! », « Boia chi molla ! », « All lives matter ! », « On est chez nous ! » et j'en passe, arrêtons le tir, j'ai la nausée.
Nous y aurons droit, autant s'en débarrasser d'emblée. Nous savons pertinemment qu'elle n'aura rien d'exceptionnel, rien de bon, rien de magique, mais disons-le tout de même, tâchons d'exorciser la victoire de l'érosion, du chaos et de la mauvaise foi. Bonne année. Il y a pire comme formule magique : « Viva España ! », « Viva la muerte ! », « Arbeit Macht Frei ! », « Spezzeremo le reni ! », « Boia chi molla ! », « All lives matter ! », « On est chez nous ! » et j'en passe, arrêtons le tir, j'ai la nausée.
Bonne année.
Quelle drôle d'expression. Il me semble que j'étais déjà adolescent depuis un bout de temps quand elle s'est imposée à moi, une rentrée de janvier. Déjà qu'on se soumet plus ou moins délibérément à ce rite de passage qui consiste à saluer d'une bise en arrivant au bahut... Et là, pif, tu t'y colles et on te dit :
« Non mais hé, tu souhaites pas la bonne année ? »
La quoi ?
Non mais attends, on se connaît pas vraiment. On est que l'équivalent de collègues ramenés au niveau de l'acnéique fumeur de pétards occasionnel, adepte du rap de NTM ou du punk rock des Bérus. Et tu veux qu'on se balance un truc aussi intime que « bonne année », cette interjection doucereuse que je réserve, non sans réticence, à mes parents, frères et sœurs, cousins, cousines et diverses grands-mères ou tantes habituées du bigoudi et du fond de teint ?
A l'approche de la cinquantaine, je me vois diminué par les épreuves de la vie, la montée de l'extrême-droite dans les résultats électoraux et dans le système politico-médiatique, la trahison musicale de Philippe Katerine devenu clown institutionnel validé par l'intelligentsia, et ces foutues morts par milliers qui s'entassent très, très loin, au-delà de l'horizon, dont je devrais me foutre royalement mais faut croire qu'il me manque la volonté et l'obstination. Alors tant pis, je renonce. Je ne me battrai plus contre les « meilleurs vœux » hypocrites et les « bonne année » parasites, les embrassades du mois de janvier, les bons sentiments affichés. Allez y, profitez-en, il reste un peu de fois gras, Mayotte, c'est loin, Gaza est une légende urbaine et tout va pour le mieux dans le meilleurs des mondes alors bonne année.
De toute façon, Bayrou nous sauvera tous.
Sans parler du fait qu'il est si bien entouré que nous sommes d'ores et déjà sur une pente ascendante. Bien entendu, ceux qui s'en sortiront le mieux sont blancs et raisonnablement riches, mais il serait pour le moins égoïste de la part de ceux qui ne correspondent pas à ces critères de leur refuser un meilleur train de vie au prétexte qu'ils ne sont pas directement concernés. Les pauvres manquent d'altruisme. Les Noirs, les Arabes, les « pas d'ici » manquent de générosité. C'est tout de même incroyable, après tout ce que la France a fait pour eux hein...
Heureusement, nous avons hérité de grands communiquants pour expliquer à toutes ces populations en quoi elles ont tort de s'accrocher à leurs privilèges de damnés : Retailleau, Darmanin, Valls, Borne, la fine équipe du 49-3, douée d'une profonde connaissance de la psychologie humaine, l'incarnation même du dialogue, de la pondération et de l'empathie. Répétons-le encore : nous sommes sauvés.
En réalité, je pense que Bayrou nous sauvera tous parce que depuis sa nomination, je peux me laisser aller à croire en la magie de Noël. Ce petit enfant à la diction étrange, manifestement peu favorisé par la nature, que les Guignols appelaient « le chef des Neuneus », si mes souvenirs sont bons (ce dont je doute ardemment), ce gentil crétin devenu vieux en ne foutant rien dans des institutions républicaines qui lui valent des salaires et traitements tout à fait honorables directement piochés dans la poche de nos concitoyens (je suis pauvre, je ne paye pas d'impôt, ce qui me fait un point commun avec les ultra-riches, mais pas pour les mêmes raisons), eh bien, il y a cru toute sa vie. Chaque année, il postait sa petite lettre, et chaque année il retrouvait, au pied de son sapin, ma foi, un poste à la con, un truc sympa, certes, mais pas vraiment ce qu'il avait écrit sur sa liste. Un peu comme quand tu demandes une boîte de Lego et qu'on te refile l'équivalent par Ali Express.
M'enfin, c'était juste une histoire de patience. Et Bayrou a su se montrer patient.
Et compétent hein, on ne le soulignera jamais assez.
Ca doit être ça, la méritocratie. Bayrou a attendu, il a su vieillir sans passer l'arme à gauche et sans choper trop d'aphtes à force de lécher les culs de Macron et consorts. Et maintenant, il est évident qu'il nous sauvera tous.
Je m'en vais d'ailleurs imprimer des t-shirts le proclamant à la face du monde. J'essaierai de les vendre aux macronistes, s'il en reste assez, avec un peu de chance je me dégage un RSA.
Sur ce, bonne année aux zonards. Et ça, c'est sincère.
Quelle drôle d'expression. Il me semble que j'étais déjà adolescent depuis un bout de temps quand elle s'est imposée à moi, une rentrée de janvier. Déjà qu'on se soumet plus ou moins délibérément à ce rite de passage qui consiste à saluer d'une bise en arrivant au bahut... Et là, pif, tu t'y colles et on te dit :
« Non mais hé, tu souhaites pas la bonne année ? »
La quoi ?
Non mais attends, on se connaît pas vraiment. On est que l'équivalent de collègues ramenés au niveau de l'acnéique fumeur de pétards occasionnel, adepte du rap de NTM ou du punk rock des Bérus. Et tu veux qu'on se balance un truc aussi intime que « bonne année », cette interjection doucereuse que je réserve, non sans réticence, à mes parents, frères et sœurs, cousins, cousines et diverses grands-mères ou tantes habituées du bigoudi et du fond de teint ?
A l'approche de la cinquantaine, je me vois diminué par les épreuves de la vie, la montée de l'extrême-droite dans les résultats électoraux et dans le système politico-médiatique, la trahison musicale de Philippe Katerine devenu clown institutionnel validé par l'intelligentsia, et ces foutues morts par milliers qui s'entassent très, très loin, au-delà de l'horizon, dont je devrais me foutre royalement mais faut croire qu'il me manque la volonté et l'obstination. Alors tant pis, je renonce. Je ne me battrai plus contre les « meilleurs vœux » hypocrites et les « bonne année » parasites, les embrassades du mois de janvier, les bons sentiments affichés. Allez y, profitez-en, il reste un peu de fois gras, Mayotte, c'est loin, Gaza est une légende urbaine et tout va pour le mieux dans le meilleurs des mondes alors bonne année.
De toute façon, Bayrou nous sauvera tous.
Sans parler du fait qu'il est si bien entouré que nous sommes d'ores et déjà sur une pente ascendante. Bien entendu, ceux qui s'en sortiront le mieux sont blancs et raisonnablement riches, mais il serait pour le moins égoïste de la part de ceux qui ne correspondent pas à ces critères de leur refuser un meilleur train de vie au prétexte qu'ils ne sont pas directement concernés. Les pauvres manquent d'altruisme. Les Noirs, les Arabes, les « pas d'ici » manquent de générosité. C'est tout de même incroyable, après tout ce que la France a fait pour eux hein...
Heureusement, nous avons hérité de grands communiquants pour expliquer à toutes ces populations en quoi elles ont tort de s'accrocher à leurs privilèges de damnés : Retailleau, Darmanin, Valls, Borne, la fine équipe du 49-3, douée d'une profonde connaissance de la psychologie humaine, l'incarnation même du dialogue, de la pondération et de l'empathie. Répétons-le encore : nous sommes sauvés.
En réalité, je pense que Bayrou nous sauvera tous parce que depuis sa nomination, je peux me laisser aller à croire en la magie de Noël. Ce petit enfant à la diction étrange, manifestement peu favorisé par la nature, que les Guignols appelaient « le chef des Neuneus », si mes souvenirs sont bons (ce dont je doute ardemment), ce gentil crétin devenu vieux en ne foutant rien dans des institutions républicaines qui lui valent des salaires et traitements tout à fait honorables directement piochés dans la poche de nos concitoyens (je suis pauvre, je ne paye pas d'impôt, ce qui me fait un point commun avec les ultra-riches, mais pas pour les mêmes raisons), eh bien, il y a cru toute sa vie. Chaque année, il postait sa petite lettre, et chaque année il retrouvait, au pied de son sapin, ma foi, un poste à la con, un truc sympa, certes, mais pas vraiment ce qu'il avait écrit sur sa liste. Un peu comme quand tu demandes une boîte de Lego et qu'on te refile l'équivalent par Ali Express.
M'enfin, c'était juste une histoire de patience. Et Bayrou a su se montrer patient.
Et compétent hein, on ne le soulignera jamais assez.
Ca doit être ça, la méritocratie. Bayrou a attendu, il a su vieillir sans passer l'arme à gauche et sans choper trop d'aphtes à force de lécher les culs de Macron et consorts. Et maintenant, il est évident qu'il nous sauvera tous.
Je m'en vais d'ailleurs imprimer des t-shirts le proclamant à la face du monde. J'essaierai de les vendre aux macronistes, s'il en reste assez, avec un peu de chance je me dégage un RSA.
Sur ce, bonne année aux zonards. Et ça, c'est sincère.