CLACKER : Holà, du calme William Seward Bis, j’ai pas encore posé de question. On va essayer de faire ça correctement, et… mais, c’est quoi ce truc que tu viens de mettre dans ton nez ? Mettons que j’ai rien vu. Le protocole, Clacker, applique le protocole. Bon, avec pas moins de cent cinquante trois textes publiés sur la Zone (et il y en a encore à venir), on ne peut plus vraiment parler de productivité. Alors, question simple, Monsieur Kulysse : êtes-vous atteint de graphomanie ?
HAIKULYSSE : Si, depuis que j’ai commencé une genèse psychanalytique et pas uniquement sur La Zone, je m’en rappelle c’était un beau soir, juste avant la nuit d’une énième veillée d’armes, je me suis dit « pourquoi pas moi aussi écrire à tout-va et à vitesse d’écriture automatique largement agrémentée de copier-coller. » Mais mon travail de scribouillard doit une bonne part à l’éthologie, la science des animaux, mon agent appréciant que mes ébauches graphomanes soient étrangement liées avec la psyché des porcs et des Pokémons, et de de tous ces autres animaux. Ces intrusions, dans les inconscients aussi bien du bétail que des humanoïdes robotisés, codent en cunéiforme…
CLACKER : En cunéiforme, dites-vous. Hum. Oui, jusque là, je vous suis. Quelque part dans les entrailles du site, vous racontez votre rencontre avec Bernard Arnault. Comment était-il ? Je veux bien entendu parler de ce sandwich au saucisson mangé sur le pouce dans un jardin zen.
HAIKULYSSE : Je sais pas, un clochard britannique m’a taxé mon seul repas, l’unique sandwich de la semaine. Mais comme Harry Potter quand il va récupérer son oseille caché dans les coffres de la banque des Gobelins, cet autre anglais flegmatique ne devine pas encore l’influence malicieuse que son argent, durement épargné par feu ses géniteurs, pourrait lui payer autre chose qu’une cuisse de rosse. Et qu’il pourrait aussi se permettre de parier sur les champs de courses sur cette dernière, pour lui éviter de finir en bâton de surimi avalé à la hâte dans un centre-commercial de Caen…
CLACKER : Je comprends bien, vous crevez la dalle, comme tous les artistes incompris. Il me semble évident que vous êtes totalement rétro-post-moderne, dans votre approche de la littérature. A ce sujet, comment vivez-vous le processus d’écriture ?
HAIKULYSSE : Avant de collaborer avec Marie-Ève, j’avais commencé sur la zone à publier mon premier texte décrivant une célèbre faille de sécurité menée par des alternatives sur le site en question ; cependant les arrivistes lesbiennes des salons branchés et parisiens, bien avant moi et à l’instar de Lapinchien, avaient déjà découvert le pouvoir de cette drogue qu’il recherchait tant, l’Hélicéenne, afin de leur donner de l’inspiration et pendant que je vous cause, je me rend compte qu’il me faudra un effort prométhéen pour enfiler mes pantoufles de velours et pour ne pas me cogner les pieds dans ce piano ne jouant que la nuit et encore à partir de minuit comme Lautréamont dans sa chambre de bonne, et pour achever virtuellement ou réellement ce recueil de poésie qui traîne depuis des lustres.
CLACKER : Vous pouvez arrêter de me tapoter la cuisse ? Je ne suis pas un piano, merci. Ah, et vous saignez du nez. Tenez, un mouchoir usagé. J’ai bien l’impression que vous vous en mettez plein la glotte, mon salaud. Dites-nous tout : vous écrivez sous emprise ? Pensez-vous que les états de conscience modifiés vous inspirent ?
HAIKULYSSE : Je dois dire qu’après des kyrielles de prises d’adrénochromes et de bonnes vodkas bien tassées, les états modifiés de conscience me permettent de tout gérer, le ménage, la promenade des chiens et même tout ce qu’il reste en fermentant dans mes tiroirs, c’est-à-dire tout ce que je consacre à l’étude des différentes techniques liées aux cuts-ups (je ne sais pas si ça s’écrit comme ça ou si c’est la faute du correcteur orthographique).
CLACKER : Il faut être bien parti dans sa tête pour employer le mot « kyrielle », pas de doute là-dessus. Puisque je vous ai sous le coude, j’ai une question capitale à vous poser. Je sais de source sûre que vous êtes le principal actionnaire de la Corporation Burroughs. Or, personne ne sait vraiment ce qu’ils fabriquent, dans cet espèce de grand bâtiment délabré. Alors, que cache réellement cette corporation ?
HAIKULYSSE : Pour l’instant la Corporation Burroughs cache ce qui est pour l’instant plongé dans les ténèbres c’est à dire tous ces politiciens répudiant les vieilles croyances tout comme les philosophies de comptoir mais je sais de source sûre que les membres de la Corporation Burroughs à qui j’ai légué des clés pour ouvrir la ceinture de chasteté de ces reines utilisant déjà ça depuis Interville, ont tendance à verser dans l’obscurantisme…
CLACKER : Ah, Interville, un sujet qui revient souvent sous la plume de Kerouac. Quand on vous lit, l’héritage des écrivains de la Beat Generation saute aux yeux. Quelles sont vos autres influences littéraires (et artistiques en général), en dehors d’Hunter S. Thompson et Tokapi ?
HAIKULYSSE : En vérité, je ne voue et ne vénère que ces livres et ces grimoires du dix-neuvième siècle et cette littérature imposée en cours de fac de lettres modernes et dont j’ai fait partie, ce qui vous étonnera peut-être étant donné que j’aime les fautes d’orthographe des rappeurs comme Booba. Et par flemme, je ne lis à présent que Crime et châtiment de Dosto, le plus grand écrivain depuis le dix-neuvième siècle, mais seulement quand il n’y a plus rien pour étancher ma soif de vodka-javel…
CLACKER : Je précise pour nos lecteurs : si vous ressentez des symptômes neurotoxiques, c’est absolument normal. Passons à un sujet plus personnel, et plus dramatique, aussi. Vous sortez tout juste d’un interrogatoire mené par la brigade des moeurs du centre commercial de Caen. Ils vous ont convoqué pour témoigner dans la tristement célèbre affaire du Tueur Flou. Comment avez-vous réagi en apprenant que le Tueur Flou était en fait votre voisin ?
HAIKULYSSE : J’ai réagi plutôt positivement, je me souviens que je n’ai pas du tout quand j’ai appris la nouvelle : j’étais le seul survivant comme dans Scream et dans les ténèbres, attendant dehors sous une pluie battante comme dans le Premier Matrix quand l’héroïne va lui enlever le mouchard, je me suis souvenu de ce flashback quand il m’avait dit qu’il était un simple fondamentaliste et ça m’a rassuré…
CLACKER : Bien, je rappelle à nos lecteurs que ces propos n’engagent que vous. Ah, j’ai une question dans le public… Lumière, je vous prie. Alors… Je ne vous vois pas… parlez dans le micro, s’il vous plait. Plus près de la bouche. Non, inutile de le lécher goulument.
SIMPLE FONDAMENTALISTE DANS LE PUBLIC : Monsieur Kulysse, qui a dit : « un poème, c’est comme un camion poubelle, il récupère toutes les ordures qui sont délaissées sur la route » ?
HAIKULYSSE : Des connaissances encyclopédiques, des données d’ethnologues grimpant sur des camions-poubelles, m’indiquent que cette phrase et ses combinaisons binaires, ont été la première fois rapporté par des archéologues littéraires et qui ont révélé comme m’appartenant. Je laisse les droits de copyright à quiconque veut s’en inspirer, à condition que Twitter/X redevienne comme au début ; c’est à dire à l’époque où ce n’était pas juste de la propagande pour Musk et Trump, et aussi à condition qu’ils n’ont pas supprimé ou pire mis au fond des limbes algorithmiques cette phrase (qui était en fait un tweet mettant en parfaite adéquation ce que j’avais écrit pour lazone.org avec les tweets précédents des astronautes russes et dont on n’a pas prévenu que leurs phrases ne devaient faire que 140 caractères environ.)
CLACKER : Débrouillez-vous avec ça. Une autre question ? Oui, le monsieur avec le vélocipède.
ARCHEOLOGUE LITTERAIRE : Qui a inventé le verbe « Haikuler », et pourquoi ?
HAIKULYSSE : En vérité, je ne sais pas quel est le pseudo qui a inventé ça, mais cela démontre que les films hollywoodiens peuvent contenir des scènes de pénis en érection comme dans le film Fight Club, car il y aura toujours des jeunes filles novatrices pour écrire HaiKuler dans leurs carnets intimes…
ARCHEOLOGUE LITTERAIRE : Mon chien vous aime beaucoup, je ne me l’explique pas.
HAIKULYSSE : C’est parce que tous les canidés me taxent généreusement de Canigou, ceci ne pouvant se faire qu’en début de mois et à condition de payer avec toutes mes économies toutes les annuités de ce gouffre financier qu’on appelle les éditions Baudelaire. Et donc avant l’autoédition il faut se demander si votre chien ou un autre chien vous considère comme l’élu qui le protège et doit l’aimer uniquement pour de sombres rapports sexuels, et si votre chien est aussi médium que moi, il vous dira si vos chances de succès avec l’auto édition découlent de la boule rouge comme dans Minority Report, ou dans Pretty Woman.
CLACKER : Vous voulez bien..? Lâchez le micro, espèce de dément ! Je reprends les rennes de cet interview, ça vire dans le grand guignolesque. Où sont mes fiches ? Là. Donc… Hum, elle est bien naze, cette question. Allons-y. Si vous n’étiez pas écrivain, que seriez-vous ?
HAIKULYSSE : Je l’entends déjà vagir, ma mère, si elle m’avait vu devenir un bagnard plutôt qu’un scribouillard…
CLACKER : Je vous trouve bien dur avec les bagnards. Lapinchien a un jour affirmé que vous aviez un « style fractal ». Qu’en pensez vous ?
HAIKULYSSE : C’est parce qu’avant chaque nuit blanche à écrire, je fais connerie sur connerie comme de louer ou d’acheter en VOD Les rivières pourpres ainsi que la VOD des films pornos, tout ça pour obtenir un peu plus d’inspiration mais aussi pour le style fractal ou facial avant la copulation ou la masturbation.
CLACKER : Qu’est-ce que vous fabriquez avec cette cravate à motifs hawaïens ? Vous allez vous étrangler. Non, vraiment, j'insiste. Enfin, faites comme vous voulez. En parlant de ça, si vous deviez vous suicider, comment vous y prendriez-vous ?
HAiKULYSSE : Pour se suicider malin, comme dirait Mill, il faut passer de cruels séjours en hôpital psychiatrique afin que Néo, le jeune pirate informatique, programme dans votre inconscient le planning, l’ultimatum de votre mise à mort tout juste bonne à se décharger de sa fonction d’Élu.
CLACKER : Puisque vous parlez de programmation de façon tout à fait pertinente, j’ai une anecdote sous le coude qui m’offre une transition parfaite. Dourak Smerdiakov a un jour affirmé, je cite : « HK est un algorithme, il n’a aucune intention. » Vos écrits, ils ont une intention ?
HAIKULYSSE : Durant ma mise à jour, j’ai également pu faire durer en cuisson, dans les disques durs de mes différents serveurs, les algorithmes afin que mes différentes expériences de médiumnité physique, comme des objets qui volent à travers ma chambre, n’aient aucune intention, comme mes textes….
CLACKER : J’ai ouï dire que vous aviez des origines irlandaises. Aimez-vous les leprechauns ? Si oui, pourquoi ?
HAIKULYSSE : À 10 ans, j’étais fan du Japon et des mangas où les leprechauns envahissaient toutes les bulles de cette bande dessinée. Et oui, je les aimais, car si je voulais faire comme ces personnages qui s’entraînaient avec un maître pour affiner leurs perceptions et augmenter leur énergie, tel un muscle qu’on renforce, la désagrégation des leprechauns avait débuté sur un présage qui m’affectionnait, étant très sentimentale.
CLACKER : Entre nous, la dépression, vous connaissez ?
HAIKULYSSE : Avant de collaborer avec Marie-Ève, mon entraînement à la dépression la plus profonde, la plus grave, avait atteint son big-bang : à cette époque là je devinais ce qu’il y avait sous les robes de couture ainsi que les formes des matrones sortant tout droit d’Orange Mécanique, au mental complexe et intimidant…
CLACKER : Il est en train de tourner de l’œil. Eh bien, je dois dire que je m’attendais tout à fait à ça. Voilà… posez-le sur la civière, là… Fidèle à sa réputation, HaiKulysse, dit le « Tératopoupon », m’a dit avant l’interview - tout en me suçant le lobe d’oreille - qu’il avait encore trois cents cinquante huit textes à proposer à la publication sur la Zone. Courage, chers lecteurs, et prenez soin de retourner vous terrer dans vos tanières respectives, en attendant la nuit, lorsque tous les chats sont gris comme les tuiles translucides de l’Hélicéenne et le teint cireux de notre invité de ce soir, qui est une sorte de provocateur, en somme.
A vous les studios.
Collaboration avec Marie-Ève dans le centre commercial de Caen
Le 10/10/2024par HaiKulysse, Clacker
HAIKULYSSE : Voici donc le questionnaire dont j’ai répondu à ma manière cette nuit, c’est-à-dire sous la substance d’une substance hallucinogène, probablement de la colle d’écolier ; ce qui donnerait raison à ma voyante me présageant que ma consommation pour plus tard me poserait problème, comme quoi la demi-mesure n’est qu’un leurre pour ces anglais flegmatiques.
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Si l'adrénochrome est conçu à partir d'extrait d'hypophyse de nourrisson alors HaiKulysse est responsable du plus grand babygénocide de tous les temps et probablement tue-t-il en provoquant des AVC à la lecture de ses textes.
Et maintenant que Clacker t'a interviewé, nihil va te baiser.
Tant de n'importe quoi débité au kilomètre, ça m'émeut. J'écrase une larme furtive. On y évoque même feue "Il faut se suicider malin". C'est beau comme un attentat à la boule puante à Matignon.
Et il y a des tas de mots.
J'aime bien quand il y a des tas de mots.
Moi je note le conseil de faire durer en cuisson. Ça s'applique à tout dans la vie, c'est l'astuce ultime.
Je l'ai appliqué à mon conseiller Frankreich Travail Patrie, et nos conversations sont plus fluides, désormais.