Journal d'un monde qui s'accroche comme il peut (3)

Vous n'êtes rien ni personne, une bulle spéculative qui gonfle depuis plusieurs décennies sous l'inaction des fous qui nous gouvernent sans se préoccuper un instant des conséquences de leurs actes ou, au contraire, de leur inaction. J'en reviens donc à Macron 1er. Il voulait l'extrême-droite, il a cru que les urnes la lui avancerait sur un plateau électoral, démocratique, respectueux des institutions. C'était compter sans l'émergence du peuple. Vous savez, ces cons dont tout le monde se fout et qui, pour la moitié d'entre eux, refuse généralement de perdre son temps à jouer avec les bulletins de vote. Pour ce que ça sert, disent-ils, pour la plupart. On vient justement de leur donner raison. Car ne vous trompez pas, c'est l'extrême-droite qui gouverne désormais ce pays.

La gauche jouissait d'une avance relative, faible, fragile, mais une avance incontestable par rapport aux autres formations politiques. Livrée à elle-même la droite classique compte pour du beurre. Les macronistes ne sont qu'une pustule dans un océan de points noirs. Que faire des députés RN ? On ne peut pas nier que les fafs ont su rassembler, jouer sur les glandes, la peur, les plus noirs aspects de l'âme humaine. Sans parler des outils médiatiques, Cnews, Praud, Hanouna, Valeurs Actuelles, et encore une fois, la complaisance affichée du camp présidentiel. Macron voulait l'extrême-droite parce que les intérêts qu'il représente, les capitaines d'industrie, les ultra-riches, ces fortunes immenses qu'il a directement contribué à grossir, tous ces maudits crocheteurs, fumistes, parasites sociaux s'accommodent parfaitement de la perspective d'un pouvoir fort, autoritaire, soucieux de faire plier l'échine des pauvres afin d'engraisser l'infime minorité de cloportes en charge des affaires courantes.

C'est l'heure de la curée. Pour nous, les gueux, les rien du tout, les barreaux situés en bas de l'échelle. Nous sommes de plus en plus nombreux à cet étage : les classes moyennes se paupérisent et les miséreux se demandent encore quel repas ils vont pouvoir sauter sans crever une fois pour toute de faim, de maladie, d'épuisement. Le gouvernement en place astique ses matraques et recharge ses flashballs, au sens propre comme au figuré. Les lois liberticides sont déjà là, il suffit de les appliquer, voire de les retoquer au passage, pour honorer une dette de cœur envers les pires représentants de l'espèce humaine qui soient : les électeurs du RN, leurs élus, ceux qu'ils auraient aimé élire, leurs propagandistes, mentors, théoriciens.

Nous nous sommes exprimés dans les urnes, nous dit-on. Nous n'avons pas été entendus. Notre refus général du projet économique de Macron et consorts, notre rejet viscéral d'une politique de haine, d'exclusion et de communautarisme ont été déniés, piétinés, jetés aux orties. Les chiens, c'est eux qui les nourrissent, qui les dressent, qui les tiennent. Ils ne vont pas tarder à les lâcher.

Faites le dos rond, trouvez une cachette, un réseau, des appuis, parce que l'année qui vient sera brutale ou ne sera pas.

Alors, lâchez-les, vos chiens. Lâchez vos flics analphabètes abonnés à Minute et à Valeurs Actuelles. Lâchez vos milices de cons psychopathes pour appliquer vos lois iniques et instiller votre haine de l'autre. Certains d'entre nous n'ont rien à perdre et vous le feront bientôt savoir.