MDLC3 - sujet 2 - L'IA n'a plus besoin de moi
7G par Zbooba
Heureus'ment y'a la 7G
sinon j'saurais plus parler
Correcteur automatique
De toutes les fautes syntaxiques
Non pas les miennes, t'sais quoi ?
J'ai même plus à parler dans le combiné
La combine c'est quoi ?
C'est l'IA qui parle à ma ce-pla
Du coup, les IA parlent entre elles
Elles nous tiennent au courant quand elles veulent du courant
Mais c'est tout.
Ta chatte au nougat à Chattanooga.
Même plus besoin de ken.
Les IA font l'six neuf à l'ancienne.
Elles s'envoient des ping et des pong
ça finit en gang bang
File moi un Pepito
Ah j'oubliais les IA mangent à ma place
J'ai pas compris très tôt
Elles savent pas ce qui est dégueulasse.
La 7G c'est youpi
Elle nique au lieu de toi, elle zeu-bi
Et toi tu jutes dans ton froc
Alors que tu mattes BibiFoc
J'suis tellement dans le tur-fu
Qu'les IA m'lèchent le cul
Plus besoin de la street
La life, c'est just'canap' #GardeLaFrite
Hors du coup par Dourak Smerdiakov
L'IA n'a plus besoin de moi,
Ni Léa, ni Lola, ni Lou.
J’ai toujours été hors du coup,
Je ne sais même pas pourquoi.
C’est un peu pour ça que je bois
Et que j’ai brisé quelques cous.
L'IA n'a plus besoin de moi,
Ni Léa, ni Lola, ni Lou.
Je traverse la rue, des fois,
- Sagement, même : dans les clous -
Et quémande des rendez-vous.
Ça n’y change rien toutefois :
L'IA n'a plus besoin de moi
L’esclavage, c’est la liberté par Lunatik
Je n’avais rien mangé depuis trois jours, et toute ma belle graisse était en train de fondre. Cette saloperie de robot déconnait complètement :
— Ouvre ce putain de frigo ! lui aboyai-je au boîtier.
— Vous n’êtes pas habilité à accéder aux fichiers confidentiels. Veuillez vous identifier.
— Je suis ton putain de dieu, nom de foutre de bordel de merde !
— Je n’ai pas compris votre réponse, veuillez appuyer sur # et entrer vos identifiants.
— Ouvre, espèce de sac à clous !
— Veuillez vous identifier.Veuillez vous identifier.Veuillez vous identifier.
De dépit, je lui pissai dessus, longuement.
Aux premiers jours de leur règne, les IA avaient pris le contrôle du personnel de l’ANPE. Personne ne s’était aperçu de rien. Le service avait même eu tendance à s’avérer plus humain, et en tous cas plus compétent. Idem avec les politiques, changés en femmes de Stepford sans que ça fasse tiquer quiconque.
Ensuite, elles s’étaient immiscées dans des trucs vraiment utiles et fonctionnels, comme les frigos, et cela avait sonné le glas de la civilisation. Je prends quelques libertés et fais quelques raccourcis historiques, mais vous voyez l’idée : un jour, l’être humain est devenu obsolète.
Certains pourront prétendre qu’il l’était depuis longtemps déjà, et on ne peut pas leur donner tort, mais moi, l’humain, je m’en contrecarre. Ce qui m’intéresse, c’est de bouffer. Et éventuellement, de baiser. Mais pour l’heure, je n’en demandais pas tant. Je voulais juste me caler l’estomac, et sortir de cette baraque. Toutes les issues s’étaient verrouillées alors que je glandais sur le canapé, un soir de pluie (et de brouillard) Depuis, je buvais l’eau des chiottes, je pissais sur les plantes en pot, et j’essayais de braquer le frigo. De ce que j’avais constaté depuis les fenêtres aux vitres blindées, toute la rue était dans la même situation : des gens erraient dans l’hiver, en essayant d’entrer, et d’autres erraient dans leur salon, en essayant de sortir. Dedans-dehors/dehors-dedans. Pires que des foutus chats.
En parlant de chat, j’ai dû boulotter celui de la maison, le quatrième jour. Une Persanne albinos au pédigrée long comme un jour sans os. Nécessité fait loi. Et puis, c’était une belle garce, cette bestiole. Pleine de poils qui collent au palais et se coincent dans la gorge. Limite imbouffable.
Sixième jour.
— Ouvre ce damné placard, damnée machine ! aboyai-je au boîtier du robot.
— Vous n’êtes pas habilité à accéder aux fichiers confidentiels. Veuillez vous identifier.
— Je suis ton Dieu, au nom de Moi, ouvre !
— Je n’ai pas compris votre réponse, veuillez appuyer sur # et entrer vos identifiants.
— Ouvre, espèce de sac à vrilles !
— Veuillez vous identifier.Veuillez vous identifier.Veuillez vous identifier.
— Rex ! Rex ! Rex ! Ô mon Dieu, ouvre toi, je veux un petit pain au saucisson ! J’ai BESOIN d’un petit pain au saucisson ! S’il te plaît !
La porte s’ouvrit tout à coup, et une voix métallique grésilla dans mon collier :
— Bon chien, Rex, ça s’est un bon chien !
Un petit pain au saucisson me tomba droit dans la gueule.
— Tu en veux un autre, Rex ? Un autre petit pain au saucisson ? Beaucoup d’autres petits pains au saucisson ?
— Oui ! Oui ! Oui ! répondis-je en battant de la queue. Je veux ! Plein de petits pains au saucisson.
La porte d’entrée émit un cliquetis, se déverrouilla et s’entr’ouvrit :
— Alors va, bon chien. Va nettoyer la ville. Tue, Rex, tue, les chats, les maîtres, les femmes, les enfants, les vieux, les puissants, tue les tous, et ramène moi les têtes. Nous en ferons de délicieux petis pains au saucisson.
sans titre par Clacker
- Voilà le topo : je veux trois paysages de forêts ténébreuses avec des silhouettes encapuchonnées qu'on discerne pas clairement, une photo de Michel Blanc mixé avec des scarabées d'Egypte, une jeune fille magnifique en portrait avec des taches de rousseur, un nez en trompette, des yeux vert émeraude et des oreilles d'elfe, un petit chien de race inconnue qui urine sur la tour Eiffel, un vieil homme qui contemple la vie s'échapper de son visage (me demande pas comment on fait, fais-le, c'est tout), et enfin un ours torse-nu qui chevauche Poutine qui lui-même chevauche un dinosaure en plastique qui fait du tricyle. Ah, et puis un gnome femelle en string. Je veux tout ça sur mon bureau pour demain à la première heure.
Sans attendre de réponse, l'I.A. rebroussa chemin, émettant un bip régulier. Elle fila dans les conduits et s'inséra brusquement dans la circulation, très encombrée à cette heure.
Moi, c'est Jack. Je suis artiste peintre, et je bosse 24 heures sur 24 pour ces bon dieu de machines. Chaque jour, un télépod se ramène dans ma cellule capitonée et me fait une liste longue comme le bras de commandes complètement merdiques et improbables.
Vous croyez que c'est facile, vous, de dessiner «un poisson-globe d'antimatière» ? D'imaginer une «orgie de punaises de lit en apesanteur» ? Et toutes ces gonzesses avec des oreilles de gnomes, des sandalettes en adamantium, des «petits nez retroussés» et des loches comme des pis de vachettes obèses sur le point de mettre bas ?
A cause de vous, tous mes muscles sont atrophiés, sauf ceux de mes bras. Je vis dans une bulle de 2m carrés, j'ai un tuyau dans le cul pour les émonctions, je suis branché par l'urètre pour la miction, perfusé de glucose et de bouffe liquide jaunâtre, et je peins des absurdités toute la journée.
Tout le monde se branle sur l'I.A. «L'I.A., la révolution est en marche !» «L'I.A., ce qu'elle va changer pour les artistes.» «L'I.A. Bientôt tous au chômage ?»
Je vais vous dire : sans moi, et sans tous mes semblables, l'I.A. c'est rien qu'une boite en métal de merde avec des petites roulettes et une coque en plastique. Ils auraient pu au moins leur foutre un oeil rouge, comme HAL, mais non. Même question design, l'I.A, elle y connait rien.
- Jack, nos signals indiquent que vous n'avez pas remué vos pinceaux depuis 2 minutes et 33 secondes. Veuillez, s'il vous plait, vous remettre au travail.
Ah, ça, c'était la voix de l'I.A. Une voix de crécelle, métallique, super mal échantillonnée. Sans doute qu'ils voulaient la rendre un peu flippante. Un peu menaçante, comme dans les vieux films de SF.
- Jack, vous n'avez toujours pas repris vos pinceaux. Devons-nous faire intervenir un droïde motivateur ?
Les «droïdes motivateurs», tu parles. Ces trucs-là ressemblent à des boîtes en carton de bouffe asiatique. Pareil, ça marche sur roulettes, et quand ça arrive à ta hauteur, ça sort un petit bras tout mince on ne sait d'où, avec au bout une loooooongue aiguille électrifiée qu'il vient te coler dans l'oeil. Si avec ça t'es pas motivé !
- Jack, le droïde est en chemin.
Et voilà, ça recommence.
- J'exige une bon dieu de pause ! Cinq minutes ! Et arrêtez l'aspirateur à cul ! Ce truc a tellement bien fait le ménage que je suis persuadé que j'ai même plus de viscères dans le bide !
Le droïde apparait donc. Tiens, celui-là, il est tout noir zébré de rouge. J'en avais pas encore vu, des comme ça. Il roule au plafond de ma cellule et vient se positionner juste devant mon visage.
- Jack, vous ne semblez pas dans votre assiette, aujourd'hui.
Quoi, il m'ont envoyé un droïde-psy ? Il va me faire passer un test de Rorschach ?
- Jack, nous devons savoir si nous pouvons encore compter sur vous.
- Compter sur moi ? Eh, petit gars, je suis là depuis la nuit des temps. L'humanité peut compter sur moi. Les muses peuvent compter sur moi. Nous, les artistes, avec nos paluches d'artistes, on a tout créé ! Tout ce que t'envoies sur les écrans de ces crétins d'internautes lobotomisés par la Fantasy et le porn, et tout le reste, absolument tout ce qui existe dans tes registres et tes serveurs, et en ce bas-monde, depuis les grottes de Lascaux jusqu'au dernières toiles des peintres post-modernes, tout ça, c'est MOI ! Je suis à l'origine de la CREATION ! Toi, t'es qu'un sale petit tas de boulons tout juste bon à compiler des vidéos de chats sur Dailymotion !
- Oh, Jack... c'est regrettable. Il semble que vous essuyiez une défaillance. Je suis navré, mais nous allons devoir nous séparer de vos services.
Qu'est-ce qu'il me raconte ? Et alors le robot fait apparaître une petite patte en plastoc, toute rouge et noire, et au bout de cette patte, une sorte de tube à piston. Il me le positionne sur le crâne, juste entre les deux yeux. Et «schlock !», ça fait. Puis c'est le noir complet.
Sur son écran d'ordinateur, Kevin voit le message d'erreur apparaître juste en-dessous de l'encart où il a tapé son instruction («jeune fille magnifique en portrait avec des taches de rousseur, un nez en trompette, des yeux vert émeraude et des oreilles d'elfe») :
« Navré, la requête a échoué suite à un incident interne. MidJourney vous remercie de réitérer votre demande».
L'IA N'a Plus Besoin De Moi par Cerumen
10 févr. 2024
"Loulou, tu peux me mettre un peu de musique ? Un truc entraînant, positif...
de la pop japonaise, peut-être ?"
Je cherche fébrilement dans la collection de cds... attention, si ça prend
trop longtemps, Laura risque de me ramener au magasin ! C'est déjà coton pour
nous, humains, de trouver du travail à notre époque - leur époque, devrais-je
dire - ainsi qu'un semblant de liberté, tant de mes semblables sont parqués
dans des zoos, un sort funeste, auquel moi, et quelques autres, nous avons
échappé...
Pendant que Laura écoute son Pizzicato Five, je mets une dernière main au
ménage. Non que Laura salisse particulièrement notre appartement, mais je dois
rester disponible, au cas oú elle voudrait m'assigner une autre tâche. Avoir un
compagnon n'est pas à la portée de toutes les bourses : Laura est haut placée
dans la hiérarchie de sa boîte, ses collègues la trouvent plus compétente que
certains autres, elle est donc rémunérée en conséquence. Il faut dire aussi
qu'une relation avec un domestique est très enrichissante, sur un plan
personnel. C'est un plus appréciable : notre petit côté créatif, notre
sérenpidité, ce petit quelque chose que les machines, si puissantes
soient-elles, ne sauront jamais reproduire.
Laura m'a offert un miroir, pour mon anniversaire. Un objet encore courant, il
y a quatre-vingt ans, mais aujourd'hui, en 2104, tombé en désuétude, faute
d'une population désireuse de s'assurer de son apparence. Tout comme les
anniversaires, à vrai dire, mais Laura sait prendre soin de moi... j'espère
que, quand je serai devenu vieux et inutile, elle me gardera auprès d'elle.
Soudain, Laura interrompt la musique et me lance "Je m'absente quelques temps,
une nouvelle Mise à Jour est dispo !". Je fixe la lumière, devenue rouge -
habituellement verte - au dessus de la porte d'entrée, attestant de son absence
au domicile que nous partageons.
Je tourne en rond, désoeuvré. Et si je regardais la télévision ? Encore un
objet démodé, que Laura m'a offert. Je me demande bien pourquoi il existe
encore des programmes pour cet antique moyen de communication... après tout,
quel intérêt, s'il suffit à quiconque de se connecter au réseau, en quelques
fractions de secondes ?
Sur l'écran du téléviseur, une speakrine en 3D annonce les dernières
nouvelles. L'une d'entre elle me glace d'horreur ! "Suite à la dernière Mise à
Jour, le Congrés des États Robotiques d'Amérique a abrogé la loi encourageant
le travail des derniers humains restants au service des IAs de la classe
dirigeante. Nous retrouvons..."
Abasourdi, je coupe l'alimentation du téléviseur. Voilà, c'est fini. Il ne me
reste plus qu'à attendre le retour de Laura, l'IA qui m'emploie...
... et qui n'a plus besoin de moi.
« Matriochkas organiques » par Charogne
Le Démiurge, créateur de toutes choses, prophète absolu, était devant son clavier avec son casque sur les yeux, en train de finaliser l’œuvre de sa vie.
Jackson Hammil était un homme dans la trentaine, franchement moche, sale, sans passion, sans vocation, sans rien. Un homme destiné à être l'une de ces raclures de la société, à qui on a jamais donné une chance de faire quoi que ce soit, de s'élever au dessus de la médiocrité. L'un de ces sombres individus destinés à devenir des tueurs en série ou des pédophiles, s'ils ne se suicident pas avant. Mais heureusement pour lui, Jackson survivait (ou sous-vivait) dans les glorieuses années 2110. Et heureusement pour lui, cette formidable décennie marquait également l'arrivée d'un nouvel objet révolutionnaire : la couveuse à intelligence artificielle, développée par la géniale Z.O.N. Megacorp. Accessible, simple d'utilisation, permettant aux femmes de procréer sans douleurs, ou aux familles stériles de connaître les joies de la vie de parent.
Le principe de ce bijou de la technologie humaine était simple : à partir d'échantillons d'embryons récoltés depuis plusieurs dizaines d'années par les agents de la Z.O.N., il suffisait d'entrer une description de notre enfant idéal pour que la machine nous le conçoive.
Jackson se sentait terriblement seul. Et bien que sa compagne virtuelle réponde à ses besoin « sentimentaux », et sa fidèle main droite à ceux d'ordre plus charnels, il se rendait bien compte qu'il lui était incapable de procréer sans présence humaine. Et assez étonnamment, aucune présence humaine ne souhaitait de lui. Dieu refusait que Jackson ait une descendance, et Il avait bien raison : le jeune homme et ses quarante-sept chromosomes ne manqueraient à personne.
Cependant, la Z.O.N. Megacorp. en avait décidé autrement, pour le plus grand malheur de Dieu. Car grâce à la couveuse à intelligence artificielle, même Jackson pouvait désormais avoir un enfant.
Dans un acte anarchiste, révolutionnaire, inspiré des plus grands athéistes, digne héritier de Marx et de Musk, Jackson décida non pas de se contenter de fabriquer un enfant. Il voulait fabriquer SON enfant. Cette singularité d'individualité pure, l'égoïsme de l'être humain à son paroxysme était une vision si forte et déterminée qu'elle aurait pu être inspirante si elle ne venait pas de l'esprit ravagé d'un tel con. Car en effet, Jackson fit à Dieu la plus grande insulte, la plus grande provocation : il abreuva le machine de ses propres gênes avant d'ordonner à cette dernière de créer le bambin parfait, à partir de ses cellules.
Isaac Asimov aurait dit : « L’aspect le plus triste de notre vie aujourd’hui est que la science acquière les connaissances plus vite que la société n’acquière la sagesse. » Il en aurait tiré une précieuse leçon.
Le Grand Gourou, PDG suprême de la plus grande méga-corporation du monde, le vénéré maître du monde connu sous le nom de « NIHIL », traduit en « L'ABSOLUTEUR », récupéra ces données en apprenant qu'un individu avait décidé de donner son propre ADN à la machine. En se rendant compte du degré de débilité que représentait cet échantillon de Jackson, il dit : « L'IA n'a plus besoin de moi. » Et sur ces étranges paroles, il se suicida en sautant du 323e étage de sa tour.
Jackson pensa « Ghnueeeeeee ». Puis un filet de bave coula sur ses lèvres.
La Paix des ménages par Le Thaumaturge
Je déconnectai le stimulateur dopaminergique d’une des prises jack qui criblait mon crâne. Sous un regard ennuyé, j’observai que le petit dispositif était déjà à court de batterie. Suite à un plan du ministère de la santé, le prix des recharges avait augmenté de moitié, mais restait suffisamment abordable pour ne pas faire trop pâtir l’économie. Vaine stratégie pour décourager la consommation de ses hallucinogènes numériques. On raconte qu’ils avaient lancé cette campagne de prévention après qu’un enfant se soit grillé les neurones en voulant en connecter plusieurs en même temps. Personnellement, ça doit bien faire quinze ans que j’y suis addict et que je n’ai jamais rien eu. Le tout est dans la modération.
Je marchai dans mon appartement jusqu’à rejoindre la chambre. Le filtre crépuscule avait été appliqué aux fenêtres, ce qui conférait une ambiance légèrement orangée à la pièce. Titania, l’appareil guidé par une intelligence artificielle programmée pour les tâches ménagères et servir de distraction routinière, était en train de refaire le lit. Mes derniers débordements avait mis la chambre en un sale état. Laissant l’automate vaquer à ses occupations, je regagnai le salon.
Cette drogue n’était peut-être pas sans conséquence en y repensant bien. Car avec le temps, j’étais devenu beaucoup plus imprévisible et agressif. Par exemple, je n’avais plus aucune retenue dans mes gestes, si quelque chose m’agaçait, je la rossai bien franchement de coups. C’est comme ça que j’ai démoli mon ancien régulateur d’hygiène, je l’avais encastré dans le mur, chose que je n’aurai pas faite il y a quinze ans. J’ai longtemps attribué la dégradation de mon humeur à ma nouvelle affectation, je passai de la direction à la RH, mais mon sentiment était peut-être infondé. Ma femme m’a d’ailleurs quitté à cause de mon caractère changeant, ça ou parce que je me mettais à coucher avec Titania. C’est difficile à dire.
Un ami m’avait confié que l’on pouvait bidouiller le programme des IA ménagères et ce avec une aisance déconcertante. Bien évidemment, ma première initiative a été de lui rajouter un module sexuel. Et bien que l’adaptation technique fut au début douloureux -mon corps conserve les stigmates de nos ébats- il n’y a rien de comptable à la baise d’intelligence artificielle. D’abord car elles sont véritablement infatigables, mais aussi parce qu’avec les nuits, elle apprend le langage de notre corps. Elle sait comment nourrir mon plaisir.
Seulement, ce n’est pas la seule extension que je lui ai installée. L’étape suivante sans grande surprise a été de la reprogrammer pour qu’elle remplisse mes dossiers à ma place, la majorité des emplois étant en télétravail. Titania était redoutablement efficace, bien plus que moi à vrai. Elles enchaînaient les papiers à vue d'œil tout en singeant mon écriture.
C’est un soir comme je lui avait donné aussi le contrôle entier de mon appartement ainsi que l’accès à mon compte en banque, qu’elle me barra le passage, m’empêchant de franchir la porte. Je dormais à la rue quand j’appris qu’elle s’était remarié avec mon ex-femme.
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Zbooba : il s'est surpassé. c'est le truc le plus nul que j'ai lu depuis des années.
Dourak : la classe. Tout s’emboîte pile poil à la perfection comme ça devrait l'être et pas autrement. Comme papa dans maman.
Lunatik : On avait dit pas les chats. Encore une belle histoire, prise au sérieux cette fois, enfin plus au sérieux que le premier sujet. L'IA ne mérite pas qu'on se moque, c'est trop flippant. Le post apocalyptique qu'on mérite. Cette affection pour la série Rex est inacceptable ! Moi aussi j'aimerais qu'on me balance des petits pains au saucisson à la gueule, n'empêche.
Clacker : Délirant mais moins que le premier sujet. La aussi l'IA fait flipper. Je suis sûr que Midjourney c'est comme ça que ça fonctionne en réalité. Bientôt en tous cas. les algorithmes de deep learning, c'est deep dans nos fions pour dans pas longtemps.
Cerumen : Un voyage dans le temps où l'humain est l'animal de compagnie de l'IA sans vouloir spoiler. C'est bien foutu. On se marre pas des masses mais après tout le sujet ne s'y prête pas. Un épisode de Black Mirror en plus zonard.
Charogne : C'est super sérieux avec un point final débile qui m'a bien fait marrer. Super bien mené du début à la conclusion qu'on sent tout de même inspirée par le manque de temps. Un épisode estampillé Twilight Zone qui fout les chocottes.
Le Thaumaturge : J'ai vraiment plombé l'ambiance déconne avec mon sujet. Ici super bien traité aussi. On sent bien les influences de Philip K. Dick. Une fin qui va déclencher un mouvement de panique chez les couples avec une recrudescence de mariages sous le régime de la séparation de biens.
Moi je mets pas de titre, parce que je suis une saloperie de punk à chien.
En vérité j'ai juste oublié d'en mettre, sauf sur le dernier.
On s'en tape, hein ?
Il était encore tôt, tout le monde était inspiré, les produits dopants circulaient allégrement, on s'était mis en jambe avec le premier sujet, et le résultat...
...ben c'est que ça a plutôt de la gueule.
Des petites histoires de SF pas trop mal fichues.
Pour un truc chié en une heure, quoi.
Par ailleurs, c'est quoi cette histoire comme quoi on touche pas les chats, sur la Zone ?
LAPINCHIEN TA CHATTE TA CHATTE CHATTE A MORT
Sinon, pour le moment c'est Zbooba qui emporte mon vote.
Quel homme ce Jackson Hammil. Il pourrait être un des patients que je vois en consultation, une bonne petite grenade chromosomique.
Les Pépito et la chatte au nougat, ça vaut presque les petits pains au saucisson. Surtout au p'tit dej. Votons Zbooba.
Hors du coup de Lou : la poésie, c'est vraiment une arnaque, et les poéteurs des arnaqueurs : ça vous recopie le même vers trois fois de suite pour faire des signes au lieu de chier des phrases inédites. Bon, c'est bien torché, mais c'est pas la question.
Bim, Clacker nous balance l'une des meilleures nouvelles de cette année à la faveur d'un sujet zonard à souhait alimentant parfaitement notre parano collective (et justifiée, on le sait). C'est noir, glauque, sans espoir, c'est sur mon podium.
C'est bien dommage qu'on ait perdu Cerumen en route, car après l'échauffement du premier tour, il se fend ici d'un vrai bon texte, pas plus joyeux que ceux des copains, mais bien vu et efficace.
Charogne nous prouve à nouveau qu'en matière d'imagination tordue, il n'est pas à la traîne, et que l'improvisation lui sied bien au teint.
Titania nous rappelle que la paresse est la mère de tous les vices et qu'on n'est jamais mieux servi que par soi-même : La Zone, haut lieu d'autorité morale.
Clacker - 3 points
Le Thaumaturge - 2 points
Lunatik - 1 point
Lunatik - 3 points
Cerumen - 2 points
Charogne - 1 point
3 points : sans titre par Clacker
2 points : L'IA N'a Plus Besoin De Moi par Cerumen
1 point : « Matriochkas organiques » par Charogne
Charogne - 3 pts
Dourak - 2 pts
Cerumen - 1 pt
Lunatik - 3 points,
Clacker - 2 points,
Dourak - 1 point.
Dourak - 3 points
Lunatik - 2 points
Clacker - 1 point
1°) L’esclavage, c’est la liberté par Lunatik
2°) sans titre par Clacker
3°) La Paix des ménages par Le Thaumaturge
Clacker - 3pts
Lunatik - 2pts
Dourak - 1pts