Sujet 2 : L’art de l’origami
Chateauneuf du Papier par Glaüx
« JE COMPRENDS PAS PUTAIN y avait écrit pli vallée là, pli vallée, merde, un pli vallée c’est quand tu fais un creux, un pli montagne c’est quand tu fais une pointe, c’est pourtant pas compliqué, MERDE ? JE SUIS PAS CON QUAND MËME et pourtant ça marche pas. Bon. Je déplie. Je *rgnh* ah bordel, ça se laisse pas déplier tout seul, une fois que c’est plié. RgnnN *krk* ah, voilà. Bon, je t’ai encore pété un radius. Et ça devait pas faire de bruit mais du coup ça en fait. CHUT § En rajoute pas en gueulant, j’essaie de t’aider. Donc. Prendre les coins A et B, les rejoindre au centre. Bouge pas. Mgn. Puis saisir délicatement la pointe ainsi formée et l’adoucir en dôme, de manière à rendre le pli souple. Ne BOUGE pas putain. J’adoucis. Bon. Prendre ensuite entre deux doigts la corne C puis ramener les rabats ci-contre nommés 5 et 6 entre les feuillets G et H, au moyen du pouce de la même main. Là, c’est chaud. Ils disent « au moyen de la même main ». C’est là que ça merde à chaque fois. La mienne ou la tienne ? MAIS PUTAIN DE MODE D4EMPLOI JAPONAIS DE MON CUL la main de qui ? Attends j’essaie avec la tienne. Jmggnhr*krrk* MAIS PUTAIN VOIL0? ENCORE CASS2; Bon attends grand-papa, je relis ton truc. Moi je veux bien t’aider à faire ton origami à la con, mais si tu me files un mode d’emploi incompréhensible, ça peut pas marcher. Donc. « Vous aurez besoin d’une surface plane et parfaitement lisse, d’une règle non graduée, de vos deux mains lavées soigneusement et parfaitement sèches (garder une serviette à disposition en cas de sudation), ainsi que, bien sûr, d’un papy de type orig… Attends. J’ai mal lu un mot là.
Attends. »
Origaminable par Koax-Koax
L'origami, c'est vach'ment rigolo.
Tu peux faire tout plein de trucs rien qu'en pliant des feuilles : des canards, des bateaux, des n'avions, des tas de trucs j'te dis.
Mais il ne faut pas prendre l'origami à la légère : cet art (oui, c'est un art, et je défend quiconque d'affirmer le contraire) exige une forte dose de concentration et de créativité. Le pliage de la feuille est un aboutissement, tant personnel que psychique.
N'était-ce point Aristote qui disait, alors qu'il se promenait dans les forêts de cèdres : "Si je plie, je suis libre, libre de plier, libre de détruire la forme pour lui donner vie, une vie nouvelle, bien qu'éphème"?
L'origami est un mode de vie, toute une façon de penser : plier pour créer : créer pour plier.
Tu peux faire des tas de trucs avec une feuille. Une simple feuille. Qui autrefois était la composante vitale d'un majestueux arbre. Un arbre qui t'apporte de l'ombre, de l'oxygène, qui permet à tout un écosystème de vivre.
Un arbre qui abritait peut être des écureuils, ou qui servait de gratte-cul à un sympathique sanglier.
Alors franchement, venir me parler d'un trucs que des connards de japonais ont inventés y'a des siècles, un truc considéré comme art alors qu'il n'est qu'un processus de dissimulation de la destruction des arbres en Amazonie, ET BEN FAUT VRAIMENT ËTRE UN PUTAIN DE M2CR2ANT DE CAPITALISTE EN R2SINE DE C7DRE MOLLE? BORDEL.
(pas de titre ) par Inv
L’origami, c'est-à-dire le pliage du papier, est un art à part entière. Saviez-vous d’ailleurs qu’il existait un Mouvement Français des Plieurs de Français ? Eh bien pas moi.
…
Non vraiment, j’en n’ai rien à foutre de l’origami. Les mots me manquent pour vous décrire l’indifférence que m’inspire l’origami.
Et je dirais même à ces BATARDS de BRANLEURS de plieurs de papier, sûrement des PUTAIN de retraités arthritiques pour la plupart, qu’ils peuvent se plier une PUTAIN DE GRUE EN PAPIER ET SE RENTRER LEUR MERDE AVEC EN PENSANT A THIERRY BECCARO
Merci de votre attention.
Papier sacré plié ou froissé. Par Briac
« Notre Maître va bientôt mourir. Nous devons choisir son successeur parmi nous tous, sans aucune exception, ni même celle liée à l’ancienneté ».
Ce sont les mots entendus ce matin même de la bouche du plus ancien moine du monastère de l’île de Hoïkoduya.
« Il est évident que Cheng Ôxj sera désigné, c’est le plus extraordinaire d’entre nous. Il est brillant en tout, génial dans chaque discipline et en particulier dans celle de plier les papiers sacrés, ceux sur lesquels nous calligraphions nos pensées les plus profondes, depuis la nuit des temps. Comment pourrait-il en être autrement ? Je ne vois personne d’autre pour succéder à notre vénéré Maître Xhu Chô Huey ».
Les jeunes et les plus anciens discutaient sur les diagnostics des uns et des autres.
« Nous avons chacun toute la nuit pour nous départager, nous verrons demain, à l’aube, qui sera désigné. Le terrain réserve parfois des surprises. »
Le jeune chinois Poksong, issu d’une famille cantonaise, illettré à son entrée dans le monastère et au langage souvent grossier, provoqua la réprobation générale. Il était à peine admis parmi les japonais pure souche et originaire des grandes villes du Japon Impérial. Tous issus de grande famille aristocratique ou commerçante.
Chacun se mit au travail. La nuit devait apporter la réponse que chacun attendait. Sept disciplines devaient être pratiquées parfaitement pour être un Maître. Le pliage du papier sacré dans lequel un mot ou une phrase profonde devait être calligraphiée, parmi toutes les disciplines, était celle qui était la plus redoutée. En effet si la forme proposée n’était pas conforme aux idéogrammes, l’échec était cinglant et définitif.
Les premières disciplines furent pratiquées avec beaucoup d’entrain mais peu y résistèrent. D’autant que pour la plupart, dans leur esprit et selon les diagnostics, le brillantissime Cheng Ôxj allait l’emporter haut la main. Le plus grand nombre abandonna avec le sourire et parti se coucher pour se réveiller en forme à l’aube.
Ils restaient pourtant encore quelques compétiteurs sérieux mais au fil du temps, ils ne resta finalement que deux prétendants à la place de Grand Maître du monastère : l’attendu Cheng Ôxj et le malotru chinois Poksong. Ce dernier avait réussi avec beaucoup de chance à passer les épreuves les plus délicates mais il restait la dernière, la terrible épreuve du pliage de papier sacré.
Il était près de cinq heures du matin, une magnifique chose, impressionnante et jonchée sur le mur principal du monastère pour recevoir le levé du Soleil, se dressée, ailes déployées et colorées. Cheng Ôxj avait fini avec une extraordinaire dextérité son pliage de papier sacré en lui donnant une forme immense et savamment incompréhensible pour le moine lambda.
On y voyait calligraphié avec une plume fine et une encre noire presque rouge foncée :
« Nous devons nettoyer chaque jour avec le plus grand soin notre miroir qui est déposé au fond de nous même, afin de recevoir la lumière du soleil chaque matin ».
C’était extraordinaire. Les jeunes et les anciens étaient comme scotchés par l’œuvre pliée.
Le Soleil se levait et sans que personne ne s’en rendit compte, Poksong, le chinois, dressa une feuille de papier sacré sur le mur intérieur du monastère. On pouvait se demander si ce papier sacré avait été plié ou froissé, tellement c’était mal fait.
Poksong cria vers les moines qui entouraient le fabuleux Cheng Ôxj : « lisez ceci ! »
Ils s’approchèrent sans conviction mais ils le devaient par principe. Le Soleil éclairait maintenant la cour et par un jeu de réfraction étonnant, envoya un rayon sur le pan de papier à peine plié mais sacré du chinois Poksong.
Chacun pu alors lire ce qui était calligraphié avec un plumeau pour nettoyer les chambres et une encre noire nauséabonde lorsqu’on s’en approchait :
« Au fond de nous, il n’y a rien. »
(sans titre) par Narak
La lumière blonde annonçant l’heure prochaine du déjeuner semblait chuter depuis le velux sur ses doigts. Une pellicule fine et brillante de sueur s’était formée depuis quelques heures sur son front et glissait irrémédiablement par dessus ses sourcils bruns. La tension dans le corps de cet homme était évidente, mais n’était pas trahie par ses gestes. Seul des yeux, fixes, comme regardants au-delà de la surface du monde et de sa matière, montraient un effort violent en lui-même.
Ses gestes devenaient pourtant fébriles malgré lui. Peu à peu, ses doigts s’étaient mis à glisser et commençaient à mouiller le papier à lettre qu’on lui avait remis voilà bientôt quatre heures. Pourtant l’œuvre se formait peu à peu, émergeant de son aveugle inconscient. Il n’était déjà plus là depuis longtemps d’ailleurs. L’angoissante pesanteur qui l’avait pétrifié dans les premières minutes était oubliée maintenant. Plus que cinq mouvements vifs. Deux.
L’airain sonna, avant sa dernière action sur la feuille.
Il se crispa, tenté par cette dernière retouche qui lui était maintenant interdite, inaccessible bien qu’à portée de pouce. Si proche !
Devant, des silhouettes s’animèrent enfin. Après s’être étiré, un pakistanais, pesant et carré plissa de grasses paupières au dessus de son pupitre, laissant à sa gauche deux vieilles dames très maquillées passer leurs mains sur leurs joues.
« Fini ? » demanda-t’il d’un air beaucoup trop calme.
L’homme n’osa répondre et garda les yeux baissés.
L’examinateur ne s’attarda pas longtemps sur lui, seul l’intéressait la technique.
« Bon, je vais être dur d’attaquer directement là-dessus, mais j’en assez, et j’insiste vraiment là-dessus, que toutes vos propositions restent à ce niveau ! » le ton de sa voix insistait sur la fin de chaque mot. « On préviens toujours les étudiants de second cycle, du danger du figuratif, n’est ce pas ? On vous apprend toujours ça, non ? Non… Attendez je n’ai pas fini. Je ne retiens aucune qualité de votre travail. Navré de vous le dire. Où est l’âme ! Si vous plier un bateau comme ici… c’est bien un bateau n’est-ce pas ? Non ? Une cocotte ? Oui, ben pourquoi pas, le classicisme, pourquoi pas ! Mais quand vous pliez, bon sang, faites-le avec vos tripes ! Alors après, personne de traite de sujets non-figuratifs… c’est dommage. Vraiment ! »
Il soupira.
« Je ne relève même pas que vous n’avez pas fini le pliage de la proue… Votre bateau ne flottera pas. Sans mauvais jeu de mots, vous vous êtes sabordé vous-même, mon petit. Votre passage en quatrième année me semble compromis. » Il se retourna « Marciac ? Votre avis ? Non hein ? Alors ce sera non. Désolé. »
Une heure plus tard, l’étudiant fut retrouvé mort d’overdose sur le parvis de l’école d’origami. Dans un geste de révolte absolue envers l’institution qui le privait de l’art qu’il aimait, il s’était fait dans une feuille d’examen un parachute de MDMA de 12 grammes qui lui avait été fatal, d’autant plus qu’il était resté bloqué dans sa gorge.
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Glaüx : Stand upper avant l'heure. Stand upper case, même. Un final twist qui vous retournera les entrailles.
Koax-Koax : De l'analyse du sujet, de la subtilité en veux-tu en voilà.
Inv : Il origamise son propre texte. Un sujet vite expédié, vite fait bien fait, DTC,s.
Briac : Un gros délire bien développé. Le plus long texte du cru (ceci n'est pas une contrepèterie)
Narak : plié de rire !