Sa nudité ancrée dans la rétine des gens qui ne la voyaient pas de toute façon et que je retrouvais au fond d’un grand rift, à la fin d’une république sans histoire, ne la gênait visiblement pas.
À présent, elle gisait, nue et dénudée à la fois (doublement, triplement dévêtue) couverte de mèches de cheveux sombres, entourée d'anguilles noires et luisantes autogénérées par les algorithmes de mon étrange ordinateur. Et qui me rendaient, à la vue du bonbon de cette putain, mélancolique.
Le bonbon de la putain ? Un imaginaire coton parfumé que cette danseuse de Saint-Louis m’avait jadis jeté lors d’un strip ; et même nue alors qu’un fortifiant vertige tentateur me possédait tout entier, ce n’était que pour intervertir sa sensualité lancinante avec ce désir fougueux qu’elle provoquait chez moi : une invitation muette qui hésitait entre l'obscurité des rizières surnaturelles où elle était née et la luminosité de l’écran détaillant ce rêve infaillible.
Elle en avait à revendre ces siècles de lucidité divine ou ces neuropathologies qui jablaient leur quartaut où s’étaient calfeutrés les anguilles et les serpents noirs de ses cheveux. La Cora-Hummer était donc un monstre qui prévoyait, dans un autre synopsis, de lui infliger le supplice de la corde avant de la voir couchée définitivement sur le sol de son sanctuaire matriciel. Un édifice, croulant sous les millénaires, installé parmi les ruines.
Avant même qu’elle soit malade - ce mal des anguilles et des serpents noirs - quand s’élèveraient en moi des idées luxueusement révolutionnaires de Kama-Sutra... Et qui ajouterait à ce fantasque visionnage par webcam, une sorte de pornographie me scotchant une bonne fois pour toute devant l’énigmatique ordinateur.
Puis plus rien. Peut-être que ses circuits électroniques et sa carte mère avaient grillé sans oser aller plus loin. Plus rien ne bougeait dans mon orbite mais sa pupille ténébreuse, tout aussi nue que cette étoffe de coton retrouvée dans les rizières surnaturelles, commençait à chauffer malgré cette providentielle panne informatique. Tout du moins dans mon imagination, elle aussi jaillissante du sol de ce sanctuaire matriciel...
Je m’approchais de cet alambic qui servait à fournir l’énergie nécessaire pour faire fonctionner le système de la Cora-Hummer 7, dans l’espoir de ranimer cette vieille machine pas belle. Avec cette féroce envie aussi de la culbuter cette nymphette sur la pelouse des universités américaines où Steve Jobs ou Kurt Cobain se livrait à la pire des débauches.
N’arrivant pas à la redémarrer, je tombai sur le manuel qui était censé vulgariser les procédures hermétiques permettant de la réinitialiser. Cette tâche ingrate ayant été exécutée sans doute par des samouraïs informatiques.
D’ordinaire, ces notices se contentaient d’expliquer le fonctionnement de l’appareil mais sur celle-ci étaient annotées dans la marge de sanguines écritures... après plusieurs tentatives, je les déchiffrais et il apparût qu’elles étaient capables d’invoquer le secret emplacement de l’Oasis ce jeu virtuel qui vous promettait de gagner le bonbon de la putain. La Katchina suivait avec assiduité l’évolution de tous ces joueurs.
Une furieuse raison pour brûler cet auteur qui sans-façon avait souillé l’ouvrage avec ses pattes de mouches ; je prononçai à l’envers et d’une voix incantatoire ces invocations magiques et aussitôt me retrouvai au pied d’un bûcher et j’aperçus alors le corps de ce connard, Burroughs le Seigneur des ténèbres, s’embraser.
Et je compris enfin que ce que l’alambic avait distillé la nuit d’avant n’était que les quintessences d’une Saint-Con programmée, jalousant la beauté, les prochains et fantasmagoriques bonbons d’une autre putain !
Tout avait commencé ainsi : sur l’écran de l’ordinateur, s’était arrêté l’image surnaturelle d’une femme agenouillée.
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Avant de le lire... Est-ce que c'est du Cut-Up ?
Ben c'est du HaiKulysse donc forcément.
*Balance un grumeau*
Cette fois HaiKulysse crame quand même Burroughs en personne. Espérons que ça annonce qu'il abandonne le cut-up.
Mais jamais il va abandonner le cut-up, c'est trop facile comme méthode. On écrit de la merde, et on la mixe avec une autre merde, et on a l'impression que ça donne quelque chose de lisible. C'est juste tout pourri et aliénant.
Putain, bande de cons qui lisez ces foutaises en espérant. Vous espérez quoi ? Qu'HaiKulysse soit inspiré ? Vous allez crever avant d'avoir une réponse.
Que ce doux commentaire plein d'allégresse ne t'empêche pas de voter pour mon texte, HaiKu.