Et toujours au-dessus de la boite à gant, des papiers comprenant des zéros et des uns, mais aussi ses pieds nus, ainsi que des bestioles aux museaux qu’on ne voyait que dans les cirques, veillaient par leur douce chaleur à harmoniser le lieu… une description parfaite du monde surréaliste où nous vivions, non ?
Et sur les arêtes des chapiteaux de tous ces cirques où elles s’étaient échappées, j’imaginais, maintenant libre de toute interprétation avant la Saint-Con, que les bûchers léchaient par leurs flammes naissantes les pieds de tout ce monde repartant à la chasse et véhiculant, tout en brûlant, les plus belles crémations et les plus prudentes combustions de ce moteur à l’arrêt.
Et, cette ruine avec son moteur fabriquée par la Main Noire (c’est à dire un groupuscule occulte, en fait) émettait donc, branchée en bluetooth au Tamagotchi de Nausicaa, des sons parvenant de ces cirques, des échos interrompus par la rumeur incessante de ces enregistrements de pluies diluviennes, ou même les silences entre deux messages que les bêtes étranges aux museaux cherchant à l’avance les parfums de muscade, rendaient fous, aliénés, partant en vadrouille...
Nous étions au Viêt-Nam qu’on disait peuplé par des foules qui stoppaient notre parcours, qui arrêtaient l’horloge noire maintenant dans un état de torpeur les forêts et les routes que nous empruntions ; un aigrelet et désagréable coucou antique, même si il était barricadé et enfermé à triple tour dans notre horloge noire, à l’intérieur de son mécanisme…
Et alors le muscadet coulait à flots, son Tamagotchi, comme ce « coucou antique au museau pareil à ces animaux qui gisaient autour de notre guimbarde, hibernant au beau milieu de cette végétation sylvestre… »
Nos dialogues, très courts, étaient alternés par de longs moments silencieux. Nausicaa fit un mouvement pour allumer une clope, me dévoilant un étrange tatouage qui représentait un scarabée sur son épaule. Je mis le contact, et la Buick démarra au quart de tour. J’aurais pu rouler un millier de kilomètres comme ça, sans m’arrêter… Mais, vers midi, Nausicaa me signala qu’elle avait faim.
Tout avait commencé comme ça : il y avait l’icône de cette horloge noire au beau milieu de ces sales troupeaux qui, une fois imaginée et représentée sur le cadran de la vieille automobile, inlassablement, se retrouvait aussi sur cet aigrelet et désagréable mur végétal et qui n’était rien d’autre que la représentation des plantes confuses, lactescentes et presque entièrement fumées jusqu’au bout…
Et, tout de suite après, je me retrouvais avec Angela, Nausicaa et Lucky Pierre dans une immense église vide et obscure avec des colonnes bizarres. Juste une double rangée de piliers noirs enracinés dans le sol, à l’infini. J’avais la sensation que mes pas brisaient un silence millénaire, un calme de tombeau. Je remarquais alors cette sorte de végétation morbide qui serpentait autour des colonnes, un lierre gris, minéral, qui enserrait les piliers. Le ciel de la cathédrale-forêt était mort, j’avais l’impression que les nuages refluaient à l’envers.
Et à l’envers aussi était le défilée des majorettes dans cette cathédrale-forêt, furieusement inversée et qui passait devant nous alors que nous étions ahuris, le sang dans nos veines ne s’écoulant plus malgré la colère digne des dieux au thermomètre dans le cul, nous agitant : cette colère enfin digne de ce bestiaire exotique qui nous servait de main d’oeuvre quand les nuages étaient inspirés et expirés par leur museau virtualisé et scanné dans le Tamagotchi de Nausicaa…
A suivre !
Moteur à l’arrêt, ses pieds nus au-dessus de la boite à gant, Nausicaa contemplait la pluie s’abattre sur la carcasse de la voiture. Parvenant aussi de la boite à gant et jusqu’à s’interrompre lors de nos jeux comme le nain jaune, on n’entendait presque pas le ronronnement pré-enregistré du Tamagotchi de la sœur d’Angela...
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A suivre comme une boussole qui t'indique le nord magnétique des éruptions solaires.
À vous de trouver : un copier coller d'un auteur sur la zone a été introduit dans ce texte, c'est un auteur que j'aime bien et j'aimerais bien lire plus souvent sur lazone.org
il s'agit de toi-même ?
"A suivre !" m'a effectivement rappelé quelque chose.
https://www.lazone.org/articles/728.html
tu n'as plus que deux voeux.