« Rien n'a d'importance,
J'ai le cœur qui danse
avec toi
Et quoiqu'il arrive,
Il faut que l'on vive
Toi et moi, ah ah ah»
L'autoradio grésillait comme un fantôme dans la nuit de la petite île de ******, dérivant mollement sur les eaux du Pacifique. De face, les deux ailes blanches venaient faucher la vie des moustiques, stagnant dans les champs humides, de dos, deux yeux rouges vifs s'éloignaient mortellement de leurs victimes. Une centrale de traitement des eaux traînait là, sa masse couchée sur la terre sableuse, en lançant un petit sifflement discret. Vers la plage, des touffes d'herbes résistaient fièrement face au vent, tandis que les arbres pandanus semblaient comme toujours sur le point de quitter l'île à pied. Sur le parking, les freins crissèrent. Les phares et le moteur furent éteints. Liliane descendit de la voiture. La porte claqua. Paul-Patrice « PP », assis sur la plage, face aux vagues, sirotant un Martini Dry « freezie », bien qu'il n'y ait aucun bar visible dans les environs, semblait admirer un tableau futuriste. Elle ne voyait que son dos large. Bonsoir PP. Tu as vu comme le soleil a fait briller l'île, tout à l'heure. La lune aussi éclaire comme un spot de plateau télévisé, ce soir. Les contours de PP étaient effectivement recouverts d'une fine couche de poussière lumineuse blanche. Tout luisait. C'était magnifique, Liliane. Il lui souriait de sa manière mélancolique habituelle. Des mouettes vinrent leur caresser les oreilles, perçant le silence. Un jus de papaye, ça te dis ?
Elle fut aussitôt servie dans un verre allongé. Le barman avait ajouté une pointe de cardamone et du gingembre. Bon, bon, bon, et frais, et doux. Paul et Lili étaient affalés dans des coquilles en osier recouvertes de coussins blancs. Des torches crépitaient tout autour d'eux. Plus loin, la pleine lune éclairait toujours l'île de sa lumière laiteuse. La terrasse en bois dominait une baie, la forêt y déboulait en à-pic vers la mer. Une voile traversait la baie doucement. Que font les gens ce soir PP ? Ils vont faire la fête dans les blockhaus. Une guitare espagnole posa quelques accords derrière eux, jouant des arabesques. Tu écoutais quelque chose d'étrange dans ta voiture. Moi, je préfère ce genre de musique. Liliane rajouta une dose de rhum dans son verre. C'est une musique de l'extérieur. Elle n'avait jamais était jouée ici jusqu'à présent, dit-elle. PP tourna sa tête blonde ou châtain vers Lili. Il aimait les nouveautés, cela excitait sa curiosité et cette jeune femme était nouvelle sur l'île. Je veux t'embrasser. Au profit d'une ombre il retira son sweat à capuche. Il était torse nu. Il s'approcha de Lili sur la pointe des bras, attrapa sa peau tendre avec sa bouche, puis remonta par petites vagues de baisers pour embrasser Lili sur les lèvres. Sa langue était fraîche, aussi fraîche qu'un Martini Dry « freezie ». Il caressait ses seins par-dessus la toile de sa robe. Elle appuya ses mains sur son torse, puis sur son ventre tendu par les muscles. Soit nu. Il fut nu. Elle défit sa fine robe d'été qui vint heurter tout doucement le sol en teck. PP s'allongea doucement sur Lili. Ils s'envolèrent lentement vers le sommet de l'île. Et ainsi de suite.
« A portée de bras,
A portée de toi,
tu m'ouvres ton lit,
je m'évade en toi
Ou-hou, toutes les nuits,
toute la vie
Ouh-ouhouhou toutes les nuits,
toute la vie »
De loin, les blockhaus ressemblaient à une carcasse de dragon récurée par le vent. Il y avait de grands feux autour du cadavre. Les petits points noirs qui dansaient ou se rassemblaient en petits groupes étaient les gens de l'île. De tendres effluves de viande et de légumes grillés aux épices remontaient dans l'air. Lili avait faim. Ils s'approchèrent des broches. Une femme à la chevelure blonde, à la peau grillée par le soleil, leur découpa une lamelle d'agneau. La carne fumée avait un léger goût de miel, puis elle devenait tendre et salée sur la fin. Toi ? PP déclina, il venait d'entamer un régime végétarien, dit-il, en s'enfilant une tranche de poivron bien huileuse dans la bouche. Lili semblait fascinée par la viande suintant au-dessus du feu. Elle coupa de longs filaments afin de remplir une assiette qu'elle distribua dans l'assemblée. La lame de son couteau perçait tranquillement la matière molle, elle détachait les tranches fines avec ses doigts imbibés de jus. Ha ha ! Lili la bouchère ! Elle se retourna vers PP. Regarde ça. Elle fit tourner le couteau autour de sa main droite, puis fit de même avec sa main gauche. Bientôt elle prit deux couteaux et les fit tournoyer des deux mains plus rapidement, levant et baissant les bras, intervertissant les deux ustensiles tranchant d'une manière quasi imperceptible à l’œil nu. Une petite foule de curieux se rassembla autour d'elle pour admirer ses jongles. PP continuait à sourire sans détourner le regard. Tu as fait quel métier avant ? Vendeuse de sous-vêtements, répondit-elle.
La musique sortait de la bouche du dragon, les écailles et les yeux du monstre recouvraient la surface du béton. Quel artiste ! PP sourit. Le graf' est une de mes passions. L'antre avala leurs corps. La lumière qui éclairait les festifs étaient discontinues, saccadant leurs mouvement. Quant à la musique qui assaillait leurs oreilles, elle semblait lointaine et partout à la fois. Un homme monté sur des échasses, qui devaient être des talons aiguilles, vint à leur rencontre. Son corps était enveloppé d'une longue robe fendue tombant très bas, ses épaules étaient assez dénudées pour révéler un torse poilu. Il avait l'air immense ainsi. Il se pencha vers eux. Chérie chérie ! Qu'est-ce que tu prends ce soir ? Elle ne voulait rien, l'effet de l'alcool serait suffisant. PP était déjà sous taz' depuis l'épisode des couteaux. Ok, je vois. Appelez-moi si vous changez d'avis, je serai làààààààààààààààààààààààààààààààààààààààààààààààààààààààààààààààààààààààààààààààà. Son corps s'allongea comme un ressort pour se poser au milieu d'un groupe d'autres travestis aux robes bariolées, au fond de la salle noire. Tu veux danser ? PP tapait dans ses mains en suivant le rythme du fond sonore. Lili commença par quelques pas de bachata assez vivaces. PP faisait des mouvements plus secs, c'était un mélange de crunk et de capoeira. Très vite, un autre danseur tourna autour de Lili, les deux hommes s'affrontèrent dans un impitoyable combat de hip-hop. Mais rien à faire, PP ne pouvait pas être défait sur ce terrain là. Il avait la force tranquille d'un lion et l'agilité prudente d'un serpent lorsqu'il défaisait ses membres en cadence. Il termina l'adversaire en sautant par-dessus son épaule, puis en repassant sous ses jambes dans un habile mouvement de hanche qui le fit remonter vers Lili. Elle se laissa embrasser en riant. Alors qu'ils entamaient une danse à deux particulièrement osée, inspirée des rites de fertilité depuis longtemps oubliés d'une tribu du sud de l'Amérique, une femme d'âge mûr, aux cheveux noirs coupés courts, vint les aborder. J'ai vu votre petit jeu avec les couteaux, tout à l'heure. Impressionnant. Personne n'avait jamais fait ça sur l'île avant vous. Venez, je veux vous montrer quelque chose. Lili, amusée, se tourna vers Paul-Patrice. PP ? Il acquiesça, le regard perdu quelque part derrière Lili. De toute façon, je vois déjà des volcans de partout autour de nous, bientôt ce sera un véritable feu d'artifice. Elle comprit qu'il était parti dans un trip onirique et qu'il ne se démènerait pas pour la suivre. Allons-y.
Appelez-moi Ondine, mon prénom c'est Ondine.
Le béton marbré s'étalait en long sous le soleil. Un peu de terre rissolée éclatait en croûtes sur le bas-côté. Les palmiers faisaient une belle allée figée autour de la route. Des petites rafales de brise fraîche vinrent caresser les joues de Liliane lorsqu'une trouée révéla l'océan sur sa gauche. Un beau balcon longeait la côte qu'elle remontait à toute allure. Le coucher du soleil vint imbiber d'or et de feu le paysage. Les verres de ses lunettes aviator virèrent à un orange surréaliste. La Toyata 4x4 brilla, la chevelure de Liliane brilla, le monde entier brilla pendant quelques secondes.
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Ondine à la fin c'est une recherche sur Youporn ?
You'll know at the next chapter.
tu nous fais un feuilleton bohème chic ? probablement des objets vintage chinés au prochain numéro
J'ai dû m'accrocher, parce qu'en l'état c'est pas très intéressant. Mais j'attends la suite. Peut-être qu'Ondine va sortir un Carapuce de son sexe et que Liliane se servira de P.P. encore sous taz en guise de pokémon pour faire un duel ?
Salut,
Panda ? anus ? J'ai résumé ma lecture avec ce mot noir et blanc essentialiste : j'ai reconnu sous ses airs de soap opéra un véritable pamphlet pro-chevènementiste, comme s'il pouvait en exister d'autres de véritable... nan sérieux, j'ai cru que ça allait partir en live avec l'épisode de la danse des couteaux, genre comme-c'est-trop-choupi-je-vous-dégomme-tous-à-l'épluche-légumes, mais non, même pas, si ça se trouve va falloir s'enfiler des litres de diabolo Gambetta du même gabarit acabit. Mais bon, c'est délire aussi comme ça, même sans surfeurs.
Pas compris ce qu'il fallait comprendre s'il y a quelque-chose à comprendre, mais le style est impressionnant, chapeau.
Coucou.
Ah que coucou.
ouais !
5. Euros pour venir chez vous pour le week-end de chez ma grand-mère et je vous souhaite une très bonne après-midi bisous à bientôt Amigo merci cordialement bonne soirée à toi et aux éditions baudelairiennes
Des éléphants se trouvent et se retrouvent dans le métro à Garibaldi pour bouffer des textes sauvages en les précipitant dans le véritable 56.0 et authentique chocolat chaud bien crémeux et bien frappé en vodka tequila à l'entrée du bar de la terrasse de ce midi édenté exposé
Dernière séance pour demain après-midi si tu veux bisous à vous deux bisous à bientôt peut-être bonne soirée !