Dans le voisinage, à quelque miles d'ici, il existe des chamans qui vous proposent des hallucinations fulgurantes et qui convoquent pour vous, avec méthode, les fantômes de votre passé ou les numéros gagnants du prochain loto.
À présent sur la berge d'une rivière, je vois détaler de monstrueux chiens ivres et tout un bestiaire fantastique qui court sur les terres arides de la petite île. J'assemble des mottes de terre, comme des histoires de crapauds-léopards dotés d'une intelligence supérieure, pour en faire mon terrier. Les fureteurs qui passent ici l'hiver en motoneige, ne pourront pas comme ça me retrouver. Je suis un fugitif qui a réussi à trouver un moyen pour voyager dans la quatrième dimension.
Au fur et à mesure qu'il pleut des cordes, il me semble que le monument érigé en terre va se liquéfier totalement. Il y a comme un présage funeste dans les parages.
Autrefois, sur les pentes de ce volcan géant, j'entendais les gémissements des couples qui forniquaient non loin des geysers effrayants et l'orage qui grondait ne les dérangeait pas du tout. Maintenant un silence absolu me signale que je suis le seul maître des lieux.
Cette solitude n'est pas de ce genre larmoyant que les romantiques aiment user et abuser. Au contraire elle m'inspire des souvenirs aussi imaginaires que cette vie insulaire.
On pourrait juger cette nature inhospitalière, cette séparation avec le monde cruelle ; en vérité il n'en est rien. J'ai bel et bien quitté cette civilisation souillée par trop de principes moraux absurdes et maintenant je me balade à poil, en tâtant mon zgeg de temps en temps, affranchi, libéré de cette illusoire pudeur qui limite les pauvres gens civilisés.
J'ai aussi établi avec les locaux de l'île voisine un commerce bien plus rentable que la traite des noirs d'autrefois. En effet, ces vilains aborigènes raffolent de ces œufs d'écureuil qui pullulent sur mon îlot ; en les récoltant et en les troquant contre service, je peux assouvir mon unique passion dans la vie : la masturbation.
Ainsi ils me laissent, après le troc, traverser la petite étendue d'eau qui sépare les deux îles et rejoindre la seule hutte qui reçoit les émissions hertziennes. Là, dans un hamac avec ce gros sac de chef ventru, je regarde le journal du hard sur Canal + ainsi que le film X qui suit.
Une fois cependant, alors que le tremblotement des étoiles saupoudrait la ligne d'horizon et que j'étais bien installé pour mater les fesses de l'actrice porno qui allait être troussée comme il se doit, un inopportun changement de programme télé est apparu sur l'écran : c'était la semaine du développement personnel et, pour fêter l'événement, Canal + avait décidé de diffuser à la place l'intégralité d'un reportage sur David Tatoche, coach en bien-être et en analyse amoureuse tue-mouches...
À suivre !
En gobant des casses-dalles grunge, j'ai quitté l'auberge de jeunesse (Yellows Submarine à Brisbane) hier soir pour un voilier voguant sur les flots. Ai découvert un îlot abandonné. En traînant mes guêtres sur cet îlot aussi isolé qu'une caverne enchantée de gnomes, j'ai exploré la faune et la flore encore vierge, les routes en lacets qui montent jusqu'au pic des fournaises et, pour me reposer un peu de cette marche haletante, ai été happé par un roman d'Hemingway en assistant à l'éclosion du jour.
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le coach David Tatoche risque de mal prendre cette attaque et de balancer à nos trousses, ses hordes de zombies personnellement augmentés.
Il me semble aussi avoir furtivement croisé Muscadet en vacances à Lanzarote dans cet épisode.
https://www.youtube.com/watch?v=KBmK4MZAS3U
j'aime bien et je pense qu'il faut ajouter à cette litterature de l'utilité autre que le divertissement afin de parfaire, mais c'est un point de vu.
Il y a vraiment quelque chose de bon dans cette écriture, les mots sont à leur place, la syntaxe est percutante et les images originales. Je ne rejoins pas pour autant Nova sur la question du divertissement. A l'instar de Pascal, je crois qu'il n'existe de toutes façons rien d'autre dans ce plan de réalité.