À ce moment, je voudrais m'étendre sur le lit et rêver d'un enlacement tangible avec une femme mais, de ce moment, ne naît qu'une douce angoisse. Et le CD-ROM, qui forme un cercle foudroyant avec le temps dehors, lance maintenant le plain-chant d'une cascade en explorant mes modes de pensée, mes schémas mentaux.
Les deux imbéciles qui étaient pendus têtes-bêches au-dessus de mon balcon viennent de se décrocher et s'harnachent à présent, dans une position tout aussi transversale, au flanc de cette cascade jouée par la piste 4 du CD-ROM. Deux imbéciles qui grappillent les miettes de pain que j'avais laissé aux pigeons.
Ensuite la piste 5 me guide au fond d'une étrange vallée, plus claire à son médian et sur ses sommets que le long de ses pentes ; et, alors que je reçois un message sur mon smartphone de couleur havane, je me retrouve au milieu d'une palette de végétation kilométrique qui pousse comme de la mauvaise herbe. Le message m'apprend que les deux imbéciles se sont fait la malle et les cieux s'illuminent soudain de fils électriques dénudés, balayés par le vent.
J'ai envie de porter mes lèvres vers l'eau de cette cascade disparue mais la piste 6 n'émet que le son mollasson d'une vieille harpe banlieusarde ; cette fois c'est le décor entièrement qui vacille en chancelant jusqu'aux confins les plus éloignés de la demeure de Satan. Je m'aperçois, après ce chambardement, que se cachait une brochette de gnomes sauvages sous les meubles.
Je remets alors la piste 4 et le plain-chant de la cascade, lancé dans la vallée lugubre comme une veuve affligée, recommence à pleurer leur cité solitaire, jusqu'à là bien planquée sous les lourdes armoires de la chambre à coucher.
Ici et là, après avoir mis sur pause le lecteur cd, il reste l'âme de ces récits de fiction que j'ai commencé et n'ai jamais fini. L'âme s'incarne en différents personnages : Constance, les gnomes et cette paire de fous qui ont aujourd'hui monopolisé mon attention, ainsi que d'autres créatures traquées comme des animaux que l'on chasse.
La méditation était à chier ce matin, alors je rejoins dans les draps la minette de Constance qui est et restera éternellement dessapée jusqu'au dernier chapitre.
Au-dessus de mon balcon, deux hommes pendus têtes-bêches alors que je viens de me lever. Puis, en allumant la cafetière, un CD-ROM de méditation débite dans le salon des souvenirs de vie, tantôt flous, tantôt définis. Et, alors que je bois mon café qui libère ses arômes équatoriaux, l'obscurité soudain perçue qui tombe au hasard sur la ville.
Une obscurité qui a le défaut de me faire vaciller en chancelant jusqu'à mon lit.
Une obscurité qui a le défaut de me faire vaciller en chancelant jusqu'à mon lit.
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L'intro du texte ressemble beaucoup à l'intro de la chanson l'été indien de Joe Dassin. Vite une version songified autotuned du texte !
J'aimerais coller des stickers comme chez Facebook. Une image vaut mieux qu'un simple mot.
https://scontent-cdg2-1.xx.fbcdn.net/v/t39.1997-6/p320x320/10574689_823256194360025_2036272989_n.png?oh=8019c1881aa4826c5b8d6e029b92b931&oe=59B23271
à noter que la première partie n'était pas un #TDM : faut-il en déduire un truc ?
oui que c'est cho.