J’allais demain encaisser mon chèque, prendre le train à trois cent vingt à l'heure et rejoindre l’océan. L’océan ne bavardait pas pour rien dire, ne serrait pas des mains dans les marchés d’un air hypocrite, l’océan lui ne promettait rien. J’avais enfin trouvé un objectif.
Pourtant, depuis quelques jours, j’avais beaucoup de mal à me hisser hors de mon lit : encore en pleine après-midi dans les draps, j’avais été prévenu par un vieux compte Facebook de l’arrivée imminente de la Saint-Con.
Il y avait aussi une odeur de transpiration qui me décourageait, dans cette chambre aux volets toujours fermés pour ne pas voir ce ciel printanier, vernis comme ces trous du cul encensés de lazone.org. A l’heure nocturne où même les plus nuisibles dormaient ou baillaient aux corneilles, je reprenais courage pour me lever, l’historique de mon ordinateur peu avant contenant des formes néolithiques de tweets rageurs.
Ainsi, à trois heure du matin, le débat étant déjà en train de générer des haut-le-coeur parmi les respectives communautés, les clans d’ici ou d’ailleurs, les clivages à la con, etc. je pensais à cette fille apprenant la technique des noeuds coulants pour mieux atteindre l’orgasme. Comme aimanté par le vide sidéral de cette vie politique narcissique, moi-aussi j’avais envie de me pendre.
L’oeil poisseux j’en étais où dans ma vie ? Entortillé dans mes draps, j’avais tendu des fils à linge en travers, sur lesquels des notes imaginaires sur ma vie tout aussi factice étaient accrochées.
Extérieurement tout allait bien pour les candidats à la présidentielle 2017 ; cependant ils avaient du mauvais sang à se faire : personne n'avait remarqué ce candidat inconnu, mal ou pratiquement pas filmé par les caméras de TF1, jamais mis en examen, seul représentant de l'Ordre Occulte sur le plateau télévisé où d'immenses univers de vie inconnue ruisselaient pourtant. Son embryogenèse jadis avait déjà prédis les tenants et aboutissants de ce soi-disant « grand débat. »
Il détenait la clé pour séduire les foules en liesses - il était en permanence branché à tout un système d'appareils scintillants qui lui donnait le « sens de la marche inéluctable de l'Histoire » - mais seul son charisme allait bien sûr suffire pour remporter l'élection. Même si on ne le voyait pas, sa silhouette se détachait nettement de la lumière blafarde des néons quand la ville dormait à poings fermés ; obéissant à l'Ancienne Tradition - cette Théologie du Feu qui scellait tous les karmas des sombres connards chaque dix avril - on pouvait l'appeler Monsieur Saint Con.
Pourquoi le célèbre Saint Con avait-il quitté son terrier encrassé et couvert de toile d'araignée ? De toute évidence pour se venger et achever l'oeuvre sacrée : le bûcher pour ces mouches à merde lilliputiennes qui foisonnaient sur La Zone, ce site fossilifère complètement favoritiste, la flambée pour ces politiciens véreux et vérolés qui ne nourrissaient que le je-m'en-foutisme sauvage du pays.
Il allait tous les brûler vifs en prenant enfin son pied ; un an qu'il attendait ça !
Les idées de ce débat du 20 mars 2017 alors que Là-Dessous ça s’agitait en cachette, avaient tout simplement disparus - télévision éteinte à coups de barre de fer et ainsi la fièvre de ce mardi soir s’était évanouie.
Les éléments disparates de cette télévision, où l’on voyait sur l’écran des candidats s’époumoner inutilement, gisaient à présent un peu partout dans le salon. J’avais fini le poste à coups de tatane ; les crépuscules suivants avec leurs teintes imaginaires d'espoir et de désir maléfique allaient enfin connaitre ce repos bien mérité, faire la nique à ce cafouillage médiatique qui recommençait sans cesse.
Les éléments disparates de cette télévision, où l’on voyait sur l’écran des candidats s’époumoner inutilement, gisaient à présent un peu partout dans le salon. J’avais fini le poste à coups de tatane ; les crépuscules suivants avec leurs teintes imaginaires d'espoir et de désir maléfique allaient enfin connaitre ce repos bien mérité, faire la nique à ce cafouillage médiatique qui recommençait sans cesse.
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pour l'instant mon texte favori. Si ça se veut polémique c'est raté par contre. Je pense que tous les zonards sont d'accord avec ce que tu/ton narrateur dit/dites. Brûlons les Zonards ! Brûlons la Zone ! En premier, d'ailleurs, et c'est là que réside le seul favoritisme dénoncé ici.
en fait je n'ai rien contre lazone.org et les zonards en particulier : je tente juste de retrouver mes sous bloqués dans l'horodateur pour avoir une place de parking à l'oeil
depuis le temps que la Zone est intubée dans le coma, va bien falloir se résigner à la foutre à l'incinérateur.
"trous du cul encensés de lazone.org." mais de qui parle-t-il ?
le siège qu'il manquait lors du grand débat c'était plutôt celui de Monsieur Abstention. Avec 30% des intentions de votes dans les sondages, il devrait même être au second tour arrivant largement en tête du premier rien que sur les inscrits aux listes électorales.
sachant qu'il y a 9,5M de non inscrits si on rajoute les 30% d’abstentionnistes et votes blanc, soit 14,1M de personnes, ça nous donne 23,6/56.5 soit 40% au second tour contre qui que ce soit de base et bien plus contre n'importe qui en particulier. Plus que jamais cette élection est donc antidémocratique.
D'ailleurs pour que l'élection soit vraiment démocratique, elle devrait se dérouler en N-1 tours (où N est le nombres de candidats) soit cette fois 11 tours (si on compte l'abstention comme un candidat) avec élimination d'un candidat à chaque tour et obligation de voter à partir du tour où l'abstention est éliminée.
Pas très inspiré. Je ne saisis pas le sens du mélange entre attaque poussive contre la Zone et récriminations contre les candidats à la présidentielle. La corruption ? Bof. En fait, je ne saisis pas grand chose.
Néanmoins, pour le moment, mon texte favori de cette Saint-Con.
En dépit de tout sens de l'honneur et de la solidarité entre admins, j'oserai aussi reprocher à l'admin qui a publié le texte de révéler dans la description la conclusion du texte (que c'est Monsieur Saint Con qui brûle les zonards et les politiciens) - si foireuse soit-elle, c'est une question de principe.
c'est plus un texte d'ambiance qu'un texte à twist cependant, non ?
Ce n'est pas un texte à Saint-Tropez, certes, et je ne dis pas qu'il y a ici grand mal, mais c'était une protestation de principe, pour déboucher l'endroit par où passent les principes.
Ce n'est pas la première Saint Con où un concurrent brûle la Zone ou les zonards. Je n'ai pas le souvenir que quelqu'un l'ait fait à sec avec gravier avant cependant. C'est peut être l'originalité et le véritable rebondissement de ce texte ?
Comme d'hab' bien écrit mais insupportable, coincé entre pleurniche et aigreur d'adulescent. Si seulement ça se passait sur un autre registre ça pourrait être intéressant, mais il semble qu'il n'y a plus d'espoir de ce côté là.
"embryogenèse" : voilà, c'est le seul truc intéressant que j'ai réussi à tirer de là, outre le côté un peu demi-mollesque et déstructuré et bref, je ne saurais pas m'étaler davantage tant c'est creux, on remarquera que c'est une constante sur les quelques textes parus pour cette Saint-con.