Kali est l’une des habitantes de Liliboot, cette étudiante sans histoire à l’esprit occupé durant toute la matinée. Malgré un cours intéressant sur les galaxies post-solaire, elle ne peut s’empêcher de penser à son mémoire sur les légendes folkloriques. Il ne lui reste que peu de temps avant son oral et Joshué, son binôme, ne lui a toujours pas donné de nouvelles depuis quelques jours. Elle s’inquiète désormais car ce n’est pas dans son habitude d’être si distant.
- Mademoiselle ? Répondez à la question je vous prie.
Le professeur vient de la prendre en flagrant délit de rêverie. Elle se met à rougir et, comme les grenouilles, sa peau bleutée prend une teinte cramoisie. Elle balbutie péniblement et le professeur semble exaspéré par son comportement car il passe vite à autre chose. La journée se déroule difficilement mais arrive enfin à son terme. À la sortie des cours, Mathias, un homme-chat, lui fait des signes pour qu’il la rejoigne. Ce dernier minaude à sa venue et la questionne sur sa journée, elle lui fait rapidement part de ses inquiétudes quant à la disparition de Joshué.
- Nous devrions aller voir Mme Pietland, elle aura peut-être eu des nouvelles.
Mme Pietland est leur tuteur de mémoire, ce professeur de Lettres Archéo-Antiques est un androïde de type I, l’un des premiers robots enseignants mis en circulation à Liliboot. Cette première génération d’androïde a été conçue dans le but d’instruire la civilisation à partir des nombreuses recherches effectuées communément par des chercheurs et explorateurs. Leur savoir dépasse celui des êtres vivants et leur place dans la société est proche du sacré. Lorsque les deux amis arrivent devant le bureau du professeur, Kali sent son cœur battre la chamade, elle déteste venir voir Mme Pietland car elle lui donne l’impression d’être une idiote finie. Mathias frappe à la porte de manière nonchalante, la situation semble beaucoup l’amuser.
- Entrez. La voix rocailleuse du professeur retentit derrière la porte.
Les deux amis rentrent dans la pièce à tour de rôle. Le bureau est un capharnaüm sans nom. Malgré des bibliothèques pleines d’ouvrages, l’endroit est envahi par des montagnes de livres qui jonchent le sol, à la fois recouvert de journaux, feuillets et boules de papiers de toutes les couleurs. Des manuscrits anciens sont posés sur des portes livres alors que des sculptures étranges sont posées ici et là sur des étagères remplit de bibelots de toutes sortes. Les rideaux sont tirés et la seule lumière provient d’un vidéoprojecteur qui projette des images de symboles archaïques sur le mur. L’atmosphère en est d’autant plus étouffante qu’une vieille odeur de tabac froid mêlée à celle du café remonte à leurs narines. Assise sur un fauteuil peu confortable, l’androïde se tourne vers eux avec un sourire mécanique et écrase une énième cigarette dans un cendrier :
- Que me vaut cette visite si tardive ?
- Bonsoir, Mme Pietland, désolé de vous déranger mais nous aurions voulu savoir si vous aviez eu récemment des nouvelles de Joshué ?
L’androïde fait rouler ses orbites positroïque et marque une pause, elle réfléchit. Au fond de ses yeux rubis, une petite lumière étincelante s’intensifie davantage, elle passe en revue les dernières informations de la semaine. Brusquement, la machine d’acier reprend vie :
- Effectivement, j’ai reçu un télémail mardi dernier. Un message assez curieux auquel je n’ai pas prêté plus d’attention que cela, je vous le projette si vous le souhaitez.
Le regard de l’androïde se pose alors sur le mur et le message y apparaît comme par magie. Kali fronce les sourcils, le message est incompréhensible car en langue morte, des symboles anciens mêlant l’hindouisme et l’égyptien sont représentés dans un billet de trois lignes. Les mots semblent courir sur le mur de manière irrationnelle, seule la signature de Joshué est reconnaissable.
- Je vous l’envoie sur votre téléphone.
- Madame, cela fait plusieurs jours que je n’ai plus de nouvelles de Joshué.
L’androïde ne semble pas prendre part à l’inquiétude de Kali.
- C’est bien curieux, n’est-ce pas ? Vous devriez passer chez lui, peut-être qu’un rhume solaire l’aura cloué au lit. N’oubliez pas que nous sommes en saison dangereuse, nous n’avons jamais été aussi près du soleil qu’en cette période. Tenez-moi au courant dès que vous aurez des nouvelles car votre oral est programmé à la fin du mois.
Les deux amis quittent le bureau du professeur sans véritablement de réponse, ils décident donc de passer le soir même à l’appartement de Joshué.
Au sein du Quartier Végétal, la chaleur est suffocante. Dans cette partie de la ville la végétation est luxuriante. Les branches d’arbres tombent du ciel et s’agrippent aux bâtiments pour atteindre le sol liquide. Les feuilles géantes ne laissent plus de place au soleil si bien que l’humidité et la température sont presque invivables. Mathias ne peut s’empêcher de râler, il se lèche le bras et enlève une touffe de poils qui semblait le gêner. Cette chaleur le fait suer immédiatement.
- Comment peut-on vivre ici ?!
- Moi je le trouve sympa cet endroit.
- Normal pour ceux qui ont des gènes de batracien.
Kali le fusille du regard et décide d’oublier la moquerie. Ils décident de se remettre en marche et arrivent bientôt devant un immeuble en verre entièrement recouvert de lierre. À l’intérieur du bâtiment, la chaleur est encore plus intense, la montée des marches s’avère plus difficile que prévu. Dans ce coin de la ville, la technologie est restreinte et de nombreuses installations sont interdites comme les ascenseurs-téléporteurs et les Transports Grande Vitesse. Arrivés au dernier étage, Kali est surprise de voir la porte de l’appartement de Joshué ouverte. Les deux amis pénètrent à l’intérieur et restent sans voix. L’endroit est sans dessus-dessous, les meubles sont renversés, les livres déchirés au sol, le canapé éventré. Mathias a perdu son sourire et se met à tourner en rond, les oreilles tendues, aux aguets. Kali, elle, est sous le choc, elle décide de s’asseoir sur le canapé, désespérée. Ses yeux embués de larmes se posent sur le sol et elle se met à sangloter. Mathias vient à ses côtés et tente de la rassurer, quand soudain, elle se crispe.
- Regarde !
Sur le sol, des feuillets de son mémoire et des pages de livres qu’elle n’a jamais lu. Elle en ramasse quelques unes et un frisson lui parcourt la colonne vertébrale. La légende folklorique de Jézabel, le marchand de sable mais dans une version étrange. Une gravure représente l’homme de sable encapuchonné au-dessus d’une mare noire où Joshué a fait des annotations : « la crypte des cauchemars - aux confins du territoire de Liliboot dans le désert oublié à 23h30 ».
- Qu’est-ce que c’est que ça ? Questionne Mathias incrédule.
- Des réécritures du mythe du marchand de sable, mais je n’ai jamais vu ces notes. Je ne comprends pas…ces annotations sont trop…personnelles.
- On dirait qu’il était sur une piste pourtant, regarde.
Mathias lui indique un autre feuillet représentant la carte de Liliboot.
- Joshué a entouré ce lieu comme étant la localisation de la crypte. Que crois-tu qu’il cherche là-bas ?
- Peut-être des réponses à ses questions. La dernière fois que je l’ai vu il tenait des propos incompréhensibles, il semblait persuadé que le mythe avait une véritable origine à Liliboot. Il me demandait souvent si les robots avaient la possibilité de rêver…d’où notre association pour la réalisation de ce mémoire.
- Les robots ? Rêver ? C’est bien la chose seule qu’ils ne peuvent pas faire…Mathias reste songeur. Que veux-tu qu’on fasse ?
Kali reste silencieuse. Elle regarde une fois de plus l’état de l’appartement et se retourne vers Mathias, décidée.
- Nous allons partir à sa recherche, ramasse ce que tu peux et filons d’ici.
Les deux amis quittent les lieux à la va-vite et prennent la direction du Quartier Pluvieux. Une fois à destination, ils s’arrêtent dans un bar et mettent les choses au point.
Dans le monde étrange de Liliboot, les êtres vivants côtoient les androïdes au sein d’une planète imaginaire où les mers et les océans remplacent le ciel et inversement. Les Empires affrontent des royaumes dans une guerre sans merci mais des havres de paix subsistent aux confins des territoires les plus éloignés. Les villes sont immenses et multiples, immergées et suspendues, à la fois faites d’acier et de végétaux. Rien n’a vraiment de sens à Liliboot…
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Je préfère être franc, plutôt que de virer bisounours stérile.
D'accord d'accord, j'arrête de m'éparpiller. A retravailler donc, mea culpa.
Je t'interdis de faire ce que je préconise.
L'inversion du ciel et du sol est une idée marrante à la base. Du coup j'avais pensé à une sorte de terre creuse avec une sorte d'antigravité qui colle le monde et les gens sur le pourtour d'une grosse boule. Du coup je n'ai pas compris après quand tu parles de soleil. théoriquement tout ce beau monde devrait vivre en huis-clos sans apercevoir l'espace. à moins qu'il y ait des trous dans certaines parties du globe. Ce qui pose problème ce sont quand même les dialogues aussi qui collent cependant bien à l'univers enfantin aussi comme je dis dans l'intro, si ça se trouve tu vas nous prendre à contrepied dans le second épisode et ce serait superbe par contre de faire sombrer ce superbe monde de bisounours dans un cauchemardesque enfer dantesque. C'est aussi ce que je dis dans le descriptif en aucun cas je ne t'encourage à abandonner cette série mais à nous surprendre dans le prochain épisode. Et puis ce n'est que mon avis alors on s'en fout.
Non mais c'est vrai qu'en ce moment ça fourmille d'idées donc je me tâte un peu de partout (humhum). Pour les Sept de toute façon, je compte faire un duo avant le final twist, j'ai déjà trouvé les deux démons et le lieu. J'avais pensé à Sodome, ça donne déjà l'envers du décor.
Il est vrai que pour ce texte, j'avais fait le choix déjà d'utiliser le présent de l'indicatif, ce que je ne fais jamais et que je ne referais plus car assez bizarre. Ensuite, je me suis rendue compte après l'avoir posté que ça manquait un peu de zone là-dedans.
"Je vous l’envoie sur votre téléphone."
C'est le putain de futur, envoie ça directement dans sa puce intra-craniène sub-dégénérante 6.0.
Sinon, style très ado et un univers trop propre. T'as vu la gueule du présent ? Si le futur est comme ça, la réalité s'est télé-transportée dans un épisode de Code Quantum.
je n'ai jamais dit que c'était notre futur à nous. Et ouais mec.
Comme quoi je suis capable du meilleur comme du PIRE mouaarfmouarfmouarf
c'est loin d'être le pire et à la limite si un jour t'as envie d'être publiée par des éditions de genre jeunesse, ce texte a plus de chances d'être publié que Les Septs et son spin off malheureusement.
en fait je me suis même dit en te lisant : tiens Cuddle a décidé d'être publié et a switché en mode conventionnel.
NooOOooOOoooOOOnn je suis meurtrie.
D'après le titre je m'attendais à une sorte de remix entre Swift et Georges Perrec, avec des liliputes d'anticipation version Gattaca.
Et puis finalement non.
Georges Perec j'y avais pensé aussi mais j'ai pas trouvé d'angle gentil pour présenter le texte, si ce n'est parler de la disparition de l'inventivité légendaire de Cuddle dans ce texte. Puis je me suis rappelé que j'étais sur la Zone et qu'il fallait faire semblant de ne pas être gentil.
D'ailleurs tu n'aurais pas du publier cette bouse.
poubelle où à retravailler ultérieurement. D'ailleurs, il devrait y avoir des possibilités pour améliorer ses textes suite aux critiques. Un genre d'onglet avant/après. A méditer.
(j'ai d'ailleurs remarqué que les textes merdiques avaient plus de chance d'être commentés. Que ce monde est cruel.)
Le meilleur des défis pour toi c'est de jouer le contre-pied complet dès le prochain épisode.