On lui colle un magnétotronc sur le dos, avec sangles et cables et tout le reste. Le petit morceau de chair et de plastique mêlés s'aplatit entre ses omoplates nues, tandis que les masques de dragon chargés de préparer Cassandre en profitent pour la peloter au passage. Elle se crispe par à-coups sous les doigts gantés, torse nu chair de poule et seulement vêtue d'un pantalon de cuir, baignée par le regard superviseur du sergent Poppers.
- Rappelez-vous. Ne lui laissez pas le temps de vous déshabiller, sinon il repérera les fils en moins de deux, dit-il.
Les fils de la marionnette, songe Cassandre. Elle se contente d'un mouvement du menton pour acquiescer, frissonnante.
-Questionnez-le naïvement. Faites-lui dire ce que nous voulons entendre.
-Et s'il ne lache rien ?
-Faites-en sorte de le mettre en confiance. Vous savez y faire, non ?
L'hybride morse esquisse un sourire pervers presque imperceptible. On termine d'équiper la séminale, puis on lui tend son maillot de corps. Elle l'enfile en prenant soin de ne pas débrancher les conducteurs.
-Encore une chose, reprend le morse en la regardant d'un air sévère. Vous devriez vous faire une injection avant le rendez-vous. Vous n'avez pas bonne mine, et nous ne voulons pas qu'une crise de nerfs vienne tout gâcher.
Cassandre tend une paume tremblante vers l'hybride. Une paume qui semblerait presque implorante si la jeune fille n'arborait pas un curieux air de fierté.
"... scène sanglante près du marché, et qui ressemble vraisemblablement à un règlement de comptes entre trafiquants. Même sujet maintenant, mais plus rassurant. On nous informe que la Brigade du Frelon, la célèbre et pourtant très discrète unité d'intervention privée contre les narcotrafiquants, a opéré un raid hier dans un débit de boissons de la ville basse, dans le quartier rouge. Il s'agirait d'un établissement où circulent régulièrement d'importantes quantités de drogue de toutes sortes. Selon nos sources, l'opération se serait passée sans heurt, s'achevant sur plusieurs incarcérations pour possession de narcotiques.
(Le présentateur prend le temps de réajuster ses fiches tandis que le portrait de Parsifal Van Dyck apparaît dans le coin supérieur droit de l'écran)
-Une déclaration, enfin, du sulfureux magnat de l'immobilier et recemment candidat au poste de maire Parsifal Van Dyck, sur l'affaire de l'ocytocine de nécrovore. Il avait gardé le silence depuis le début des accusations, mais affirme aujourd'hui dans un communiqué, je cite :
"Il est évident qu'on cherche à me discréditer. Cette grossière attaque, basée, je vous le rappelle, sur un ou deux prétendus témoignages, ne vise qu'à faire stagner l'état de torpeur dans lequel baigne Mandeville depuis le début du mandat de notre maire actuel. Je ferai ce qu'il faut pour me défendre comme il se doit."
Carnaval remonte d'un pas vif la perspective Lenina Crown. Il rumine les actes qu'il a commis ces deux derniers jours, mais ne réussit pas à trouver de suite logique dans les évènements. C'est comme s'il se laissait aller à une fièvre étrange, une maladie tropicale qui le place à côté de son corps, spectateur de ses mouvements. Une fièvre jaune. L'alcool, peut-être, n'arrange rien, songe-t-il. Avait-il vraiment égorgé un homme de sang froid, dans une sordide ruelle des bas-fonds ? Il se repasse les images, confus. Il lui semble qu'il observe la scène de l'extérieur, qu'il est témoins de la lutte. Pourtant, il se voit, de loin, exécuter l'homme chauve et malingre. C'est bien lui. Et il avait bien dû briser la moitié de la dentition de cette petite conne de chatte avec son lancer de verre à whisky. Bon sang, qu'est-ce qui lui arrive ? Il ne sait même pas où il va. Rentrait-il chez lui ? Pourtant, il a bifurqué avant la Fontaine aux Hormones, et suivit sans s'en apercevoir le chemin des quais. Il approche du ponton du Point du Jour qui donne sur le lac Pontchartrain et, de fait, sur la passerelle brisée. Il s'avance sur l'armature de bois, va jusqu'aux rambardes du fond dans une marche lente et pleine d'inertie. Le soleil se couche, et le ciel cotonneux s'imprègne de la luminosité vert-absinthe caractéristique de la fin de journée. Il sort sa flasque de liqueur et s'en envoie une gorgée, les yeux fixés sur le pont et ses deux bras qui ne se rejoignent plus. Un simple accident, et plus rien ne circule comme avant. Il passe un moment là, à regarder le soleil se coucher en buvant et en divagant au gré de sa fièvre.
Puis il se retrouve dans la ville basse de nouveau, marchant tout près du portail Laminoir et du quartier interlope. Encore une fois, il ne sait pas ce qu'il fait ni où il va, mais il lui semble reconnaître la rue dans laquelle il s'est rendu. Oui, il en est sûr. Le pâté de maisons où habite la protistuée, celle-là qui lui a brisé le coeur. Il était passé la voir, après leurs premiers ébats chez lui, parce qu'il pensait ressentir quelque chose de particulier pour elle. Mais tout ça pour finalement se rendre compte qu'elle n'était rien d'autre qu'une pute complètement possédée par la drogue. Il passe encore un coin de rue, et sans trop savoir pourquoi, se met en tête d'aller chez elle. Il s'apprête à traverser la route quand il voit une voiture noire avec chauffeur s'arrêter juste devant l'appartement de Cassandre. Il se fige et observe.
Cassandre termine tout juste de se confectionner des yeux de panda à coups d'ombre à paupières, face à son rétroviseur, qu'on frappe à la porte. Des coups secs, décidés, bien reconnaissables. Elle glisse à mi-voix, pour le dispositif dans son dos :
-Il est à la porte.
Elle enfile en vitesse un col roulé bien opaque ainsi que des talons hauts, inspire un grand coup et vient se poster dans l'entrée. Elle attend quelques secondes face au judas. Une goutte de sueur lui glisse de la nuque jusqu'au dos, et termine son chemin entre les omoplates, stoppée par le magnétotronc fixé là. L'objet étranger lui pèse comme un implant en plomb. Elle ouvre.
Van Dyck, en complet croisé sur le seuil, tête de bouc sévère et impatiente, lui lance de but en blanc :
-T'as intérêt de te démener comme jamais, ma petite. C'est risqué pour moi de me déplacer jusque ton taudis, avec cette affaire que j'ai sur les bras. Les journaleux sont à l'affût. Et qui d'autre, va savoir...
Il entre sans attendre de réponse, en bousculant presque la séminale, qui referme la porte derrière lui.
-Bon sang, ça sent la mort ici, dit-il d'un ton bizarrement enjoué.
-Tu sais, j'ai plus un rond, et ça fait bien deux jours que j'ai rien pris... embraye Cassandre, hésitante.
-C'est comme ça que ça marche. Tu donnes de ton corps, je donne de mon porte-monnaie. Allez, retire-moi ce pull horrible.
Cassandre ne bouge pas, elle se gratte nerveusement le cuir chevelu sans affronter le regard de Van Dyck. Elle finit par reprendre :
-...t'aurais pas un plan, des fois ? Je veux dire, celui que je vois me refile que de la merde trop coupée... comme je sais que... enfin j'imagine que t'as des contacts sérieux... Vu que...
-Qu'est-ce que tu me baragouines ? T'es sacrément dans les choux gamine, sans blague. T'es complètement en manque, t'as le cerveau qui te fait des misères, dit-il en s'approchant avec un sourire amusé. Il la saisit lentement par les cheveux et lui bascule la tête vers le plafond, puis il lui dénude le cou en tirant sur son col et plante ses lèvres dans sa gorge fine.
Cassandre s'écarte comme elle peut en grimaçant, tentant de placer quelques mots :
-Nan, vraiment, faut que tu me trouves quelqu'un...
L'homme-bouc la tire à nouveau vers lui, avec rudesse cette fois, et lui coupe la parole :
-Mais tu vas commencer par prendre ta pétée, et après on discute, putain !
C'est à ce moment précis que la porte de l'appartement s'ouvre en grand, brutalement. Carnaval, avec un regard fou et toutes voiles à l'impérméable, entre et se jette de tout son long sur Van Dyck, qui, de surprise, relâche Cassandre. Il tombe à la renverse et se retrouve écrasé par le corbeau, qui n'attend pas un instant pour lui asséner des coups brutaux en plein dans la face ; il frappe tantôt du poing, tantôt du coude, et tente même de lui percer les yeux à coups de bec. Cassandre s'écarte de plusieurs pas, main sur la bouche, ses grands yeux de panda fixés sur le pugilat. Le bouc n'a même pas le temps de riposter, il encaisse tout dans la machoire, mais il réussit cependant à rouler sur le côté et grâce à son poids à éjecter Carnaval. Mais ce n'est qu'un bref instant de répit, le volatile enragé revient à la charge et attrape Van Dyck à la gorge, en positionnant son genou contre sa cage thoracique. Il se met à serrer de ses deux mains le cou épais du bouc, qui, progressivement, perd en résistance. Les pauvres mains de ce dernier battent l'air et frappent le parquet avec des bruit mats, sourds.
-Pourquoi est-ce qu'ils ne viennent pas... pourquoi est-ce qu'ils ne viennent pas ?! s'écrit Cassandre, en assistant aux derniers râles du bouc.
Carnaval écume de rage, il éructe des sons inarticulés, il force tant que la nuque de Van Dyck se brise, et un soubresaut parcourt le corps meurtri. Un simple accident, et plus rien ne circule comme avant.
Un silence pesant s'installe dans l'appartement. La jeune fille se laisse glisser contre le mur, et finit par s'asseoir à même le sol, tandis que Carnaval s'écarte tout doucement du cadavre, sonné.
Le gros barman à la chair grise s'accroupit pour attraper une nouvelle bouteille de bourbon sous le comptoir d'ivoire. A l'endroit où le dos perd son nom, on lui voit une monumentale raie touffue de poils, abyssale et noire comme du charbon.
A se demander ce qui pourrait en sortir, pense Carnaval.
Le corbeau n'a pas bonne mine. Son plumage est encore en partie taché du sang de la veille, et on pourrait croire qu'il fait sa mue tant il est échevelé. Il frotte d'un ongle une tache suspecte sur la manche de son imperméable.
-Ces sacrés orages vont me rendre fou, ça cogne depuis six heures ce matin, et il est midi ! baragouine le patron en resservant un verre à l'hybride. Carnaval se contente d'hocher la tête, et le type embraye, regard fixe et bouteille encore en main :
-On dirait que vous sortez d'une sale matinée.
-On dirait que les sales matinées s'enchaînent. L'hybride s'enfile une rasade de bourbon et se tourne vers une fenêtre brouillée de pluie et de condensation.
Le bar est quasiment vide, à l'exception du corbeau et d'un homme-termite à l'air mesquin, fourré sur une banquette du fond et qui attaque sa table en bois chaque fois que le patron lui tourne le dos. L'endroit ressemble à une cave tant l'humidité y est présente, palpable, et sur les murs noirs de sueur sont accrochées des photographies représentant des habitués du lieu. Des hommes et des hybrides aux gueules de truands de différentes générations.
Bercé par l'alcool et les lamentations d'un vieux chanteur de prosodie du siècle dernier, Carnaval ne remarque pas tout de suite le groupe de traine-savates qui entre dans l'établissement.
Les trois jeunes, dont une hybride chatte trempée avec trois fois rien sur le dos, s'installent au comptoir, non loin du corbeau. Ils se mettent à pérorer sans se soucier de personne.
-Pas touche..! Miaule avec un sourire la chatte alors que l'un d'eux tente de lui caresser le minou. Celui qui a les mains libres fait signe au barman :
-Tu nous sers trois absinthes, chef.
La chatte continue de flirter avec son comparse, ronronne et joue l'effarouchée dans le même temps. Bruits de verres qui s'entrechoquent, tonnerre qui éclate au dehors, pluies acides qui tambourinent aux vitres, mastication de copeaux de bois, tout se mélange dans le crâne de Carnaval, qui s'enténèbre progressivement. Il serre le poing sur son verre et le finit d'une traite.
-Eh, le volatile. T'as pris une chasse ou quoi ?
Le visage hilare et jaune du jeune peloteur provoque une vive aversion chez le corbeau. Il ignore la question.
-T'es con, toi, tu vois bien qu'il a pas d'oreille. Peut pas t'entendre, se moque la chatte en chaleur.
-C'est toi qu'est écervelée, ils ont des oreilles les piafs. Elles sont sous les plumes. C'est des petits trous à la con. Des petits trous de cul.
Le barman se marre comme une baleine tout en s'éclipsant à la réserve. Carnaval, lui, se maîtrise du mieux qu'il peut pour rester stoïque. Il se concentre sur la petite tache de sang sur son imperméable, mais les jeunes idiots continuent de lui lancer des regards goguenards.
Tout doucement, la chatte se penche par dessus le comptoir pour faire face à l'oiseau et écarte les deux pans de sa petite veste, laissant apparaître ses deux mamelons poilus. Elle s'apprête à dire quelque chose, mais le corbeau se redresse d'un coup et dans un même temps attrape son verre et le projette avec force en plein dans le museau du félin. Une gerbe de sang s'élance en l'air et retombe en un bruit mat sur le comptoir tandis que le chat se retrouve projeté à un mètre de son tabouret en emportant son comparse peloteur dans sa chute. Carnaval se lève lentement, boutonne son imperméable, et sort, sur seul fond de prosodie et sous les regards ahuris des trois traine-savates.
A se demander ce qui pourrait en sortir, pense Carnaval.
Le corbeau n'a pas bonne mine. Son plumage est encore en partie taché du sang de la veille, et on pourrait croire qu'il fait sa mue tant il est échevelé. Il frotte d'un ongle une tache suspecte sur la manche de son imperméable.
-Ces sacrés orages vont me rendre fou, ça cogne depuis six heures ce matin, et il est midi ! baragouine le patron en resservant un verre à l'hybride. Carnaval se contente d'hocher la tête, et le type embraye, regard fixe et bouteille encore en main :
-On dirait que vous sortez d'une sale matinée.
-On dirait que les sales matinées s'enchaînent. L'hybride s'enfile une rasade de bourbon et se tourne vers une fenêtre brouillée de pluie et de condensation.
Le bar est quasiment vide, à l'exception du corbeau et d'un homme-termite à l'air mesquin, fourré sur une banquette du fond et qui attaque sa table en bois chaque fois que le patron lui tourne le dos. L'endroit ressemble à une cave tant l'humidité y est présente, palpable, et sur les murs noirs de sueur sont accrochées des photographies représentant des habitués du lieu. Des hommes et des hybrides aux gueules de truands de différentes générations.
Bercé par l'alcool et les lamentations d'un vieux chanteur de prosodie du siècle dernier, Carnaval ne remarque pas tout de suite le groupe de traine-savates qui entre dans l'établissement.
Les trois jeunes, dont une hybride chatte trempée avec trois fois rien sur le dos, s'installent au comptoir, non loin du corbeau. Ils se mettent à pérorer sans se soucier de personne.
-Pas touche..! Miaule avec un sourire la chatte alors que l'un d'eux tente de lui caresser le minou. Celui qui a les mains libres fait signe au barman :
-Tu nous sers trois absinthes, chef.
La chatte continue de flirter avec son comparse, ronronne et joue l'effarouchée dans le même temps. Bruits de verres qui s'entrechoquent, tonnerre qui éclate au dehors, pluies acides qui tambourinent aux vitres, mastication de copeaux de bois, tout se mélange dans le crâne de Carnaval, qui s'enténèbre progressivement. Il serre le poing sur son verre et le finit d'une traite.
-Eh, le volatile. T'as pris une chasse ou quoi ?
Le visage hilare et jaune du jeune peloteur provoque une vive aversion chez le corbeau. Il ignore la question.
-T'es con, toi, tu vois bien qu'il a pas d'oreille. Peut pas t'entendre, se moque la chatte en chaleur.
-C'est toi qu'est écervelée, ils ont des oreilles les piafs. Elles sont sous les plumes. C'est des petits trous à la con. Des petits trous de cul.
Le barman se marre comme une baleine tout en s'éclipsant à la réserve. Carnaval, lui, se maîtrise du mieux qu'il peut pour rester stoïque. Il se concentre sur la petite tache de sang sur son imperméable, mais les jeunes idiots continuent de lui lancer des regards goguenards.
Tout doucement, la chatte se penche par dessus le comptoir pour faire face à l'oiseau et écarte les deux pans de sa petite veste, laissant apparaître ses deux mamelons poilus. Elle s'apprête à dire quelque chose, mais le corbeau se redresse d'un coup et dans un même temps attrape son verre et le projette avec force en plein dans le museau du félin. Une gerbe de sang s'élance en l'air et retombe en un bruit mat sur le comptoir tandis que le chat se retrouve projeté à un mètre de son tabouret en emportant son comparse peloteur dans sa chute. Carnaval se lève lentement, boutonne son imperméable, et sort, sur seul fond de prosodie et sous les regards ahuris des trois traine-savates.
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J'aime quand soudain tout converge, à condition toutefois que soit pour mieux diverger ensuite.
J'avoue, ce texte c'est de la bombe ! J'aime vraiment la façon de raconter, de dire une histoire, d'être en suspens, d'attendre impatiemment la suite.
La Zone c'est le petit laboratoire de blue meth de White dans le van de Pinkman, appliqué au storytelling. La Zone est d'ailleurs affiliée au cartel de Medellin et si les investisseurs financiers français n'étaient pas complètement à coté de la plaque, et que les zonards étaient des FDP capitalistes, la Zone serait déjà le Netflix francophone et on aurait déjà uberisé les intermittents du spectacle, de la pige, niqué la SACEM et le CNC jusqu'à l'hypophyse en passant par les trous de nez. Au lieu de ça, notre âme est sauve et on reste dans le van de Pinkman.
J'espère que ce n'est ni le morse Lino Ventura ni le corbeau Bruce Willis parce que j'ai de l'affection pour le morse et le corbeau.
J'arrive.
Carnaval est une merveille
Ah, voilà. Bon, très bien. J'ai craint pour mon corbeau quand même.
J'ai un doute sur la capacité d'un jet de verre à faire voltiger une chatte hybride, mais il s'agit sans doute d'une nouvelle mutation de notre ami à plumes puisque l'accent est mis sur son changement non seulement psychologique mais aussi physiologique. Je me trompe peut-être.
Le dialogue du bouc et de la séminale, comme la scène de combat finale, sont assez convenus cinématographiquement, mais ce n'est pas si grave au fond.
Je pense que son prénom est Nessus