C'était un après-midi, donc, que je suis entré dans le monde de «Dark Terrelya». J'ai tapé dans le moteur de recherche « Comment passer un après-midi quand on a rien à faire ? » puis, en cliquant sur le troisième lien apparaissant dans la liste des sites, sur « Ces jeux qui vous feront passer le temps sans que vous ne vous en rendiez compte ». C'était ce qu'il me fallait. C'était pas le jeu le plus évident à choisir dans la liste disponible mais c'était celui qui me rappelait le plus ce à quoi j'avais joué étant gosse sur le pc familial : un graphisme crade et plutôt sombre typique de l'univers dark fantasy. Le jeu n'a pas été trop long à télécharger. Au moment où je le lançais le soleil était rasant. L'ombre des arbres du parc en bas de chez moi avait commencé à s'allonger pour venir tapisser le mur de mon salon telles les doigts d'un dieu géant. La tracklist est passée à « Hyperspace Jumps.mp3 », un morceaux beaucoup plus expérimental de Kashi Soīchisawa. C'était l'album qu'elle avait produit suite au décès de sa mère, je crois. Tout semblait à sa place. Cela me mis dans un état de bien-être dont je me souviens encore. C'est ainsi que je créais « Mayonnaise78 » mon alter ego virtuel. Une sorte de magicien elfique (quoiqu'on dise sur eux, je kiffe les Elfes, ils sont calmes et respectueux des autres espèces et non pas hautains et snobs comme certains rageux se plaisent à dire - bref), nez allongé, visage étroit, yeux bleus clairs, peau grise pâle, cheveux châtains/rouges. Je n'étais pas peu fier de ma créature.
Cinématique d'introduction. J'apprends que selon une prophétie Mayonnaise78 est une sorte d'élu chargé de rétablir l'équilibre du monde qui sombre peu à peu dans le chaos et la folie parce qu'un dieu rebelle maléfique, Enkili, a trahi les Grands Anciens qui se partageaient la gouvernance du Cosmos. Un matin à l'aube, le village natal de Mayonnaise78 est pillé et incendié par un roi cupide et humain (pléonasme) à la botte d'Enkili. Mayonnaise78 est le seul survivant du massacre. Il réussit à s'enfuir mais est rapidement capturé par des marchands d'esclaves sudiques (une espèce de gobelin petit et rouge, vicieux comme tout). Mayonnaise78 se réveille dans une cellule miteuse qui pue la merde de rat, armé de son seul slip en peau de bœuf. Fin de la cinématique.
Réveil dans une étrange cellule, évasion
Vue à la première personne. Le bruit de l'eau qui coule de la paroi fait un « flic-floc » continu, similaire à des bruits de pas réguliers. Où suis-je ? Je me rappelle de l'horreur des cris, des visages apeurés, de l'odeur de la chair calcinée ; des soldats harnachés d'armures sombres, le reflet d'acier de leurs épées, les bannières arborant le dragon rouge du roi Arsinos... Le traître ! Mais que ou qui cherchait-t-il dans notre paisible village ? Je ne comprends pas. Une douleur m'assaille le haut du crâne en même temps que me revient le souvenir d'une longue course dans la forêt, puis de ce sale gobelin vicieux qui sort de derrière une souche morte massue à la main, me plongeant dans un long brouillard. Trêve de poésie. Il me faut sortir d'ici. La prison fait trois mètres sur quatre. Je peux sauter, marcher et courir. Je peux aussi donner des coups de points mais ça n'a pas l'air très efficace contre un ennemi conventionnel. Dans mon inventaire : [3] piastre(s), et [1] pagne(s) en peau de bœuf. J'y vais avec ma bite et sans couteau pour ainsi dire. Après trois minutes d'inspection en me collant aux parois, je repère grâce à ma vision nocturne elfique un petit interstice, comme une faille dans la matrice. J’interagis avec le mur à cet endroit. Un nuage de pixel s'écroule au sol, accompagné du bruit d'une pelle qu'on racle sur le gravier. Insupportable. Un couloir sombre s'offre à moi. J'y avance prudemment. Au fond, un interrupteur à même le sol. Je monte dessus. Une cinématique me montre la porte de la cellule s'ouvrant à l'autre bout. Je retourne donc en arrière, mais un bruit sec m'indique que la porte vient de se refermer. Lorsque je reviens dans la cellule, il s'avère qu'effectivement la porte est à présent close. Il me faut seulement quelques secondes pour trouver un caillou issu du pan de mur qui vient de s'écrouler. Je l'ajoute à mon inventaire. Une idée illumine soudain mon esprit. Je retourne au fond de la galerie et pose la pierre en guise de poids sur l'interrupteur. Le mécanisme bloqué, la porte reste ouverte et je peux à présent l'emprunter. Je sors de la cellule avec la bizarre sensation d'être un rat de laboratoire sous l’œil bienveillant des Grands Anciens - Bénis soient leurs Saints Noms à tout jamais, paix, respect et fraternité mutuelle sur leur Divin Esprit.
Les horreurs de la prison sudique de Sylfitryte
Bénis soient leurs Saints Noms et qu'ils me préservent des horreurs de la vicissitude gobeline. Le reste de la prison est décoré de ce qui ressemble à des corps elfiques décomposés et sanguinolents. La faiblesse des graphismes rend la désélfication encore plus prégnante. Des formules rituelles de la grande prêtresse Agnarendt me viennent en tête. Seule ma consistance non-biologique m'empêche de pleurer ces vies immortelles abrégées (les Elfes ont une vision nocturne ET ils ne vieillissent pas). De manière totalement anodine je trouve un fémur de belle taille au sol. Je m'en équipe et me voici armé. Je peux donner des coups latéraux et verticaux. Je tape plusieurs fois dans le vide avec joie. J'emprunte le couloir suivant. Le script fait apparaître un rat aux mouvements hémiplégiques devant moi. Le rat, chair à canon des niveaux primitifs dans les rpg. Victimes sacrifiées sur l'autel de la quête d'xp. Ce sera ma première victime. Lorsque je le frappe ça fait une nuage de pixels rouges et il effectue des mouvements aléatoires avant/arrière assez amusant. Les couinements sont plutôt réalistes par rapport aux effets sonores que j'ai entendu jusque là. En fouillant son cadavre j'obtiens [1] peau(x) de rat et, de manière moins explicable, [1] piastre(s). C'est le début de la fortune et de l'accumulation des richesses. Peut-être l'empire immobilier d'ici quelques années. Je monte ensuite un escalier étroit qui mène dans une pièce plus éclairée. Un gobelin trapu garde le passage de l'autre côté. Je décide de redescendre et de taper encore quelques créatures pour augmenter mes skills. Dix minutes plus tard, je remonte pour lui tambouriner la face avec mon os. J'en obtiens [1] bâton(s), [1] cotte(s) de maille de mauvaise qualité, et [3] piastre(s). Mais surtout je trouve sur une table [1] clé(s) de la prison. La sortie est barrée par une lourde grille infranchissable. Je dois m'engouffrer dans la rivière souterraine pour ne pas rester bloqué ici.
Premier combat important
Un peu plus tard, après avoir exterminé un groupe de blattes géantes (il y a de vrais problèmes d'hygiène dans ces prisons sudiques), je tombe au détour de la rivière souterraine sur une cavité étrange. Sur la roche est gravé une rune en haut-elfique « Smÿjnoldiyr ». Cela signifie « doigts du feu ». J'ai apprit le haut-elfique enfant, je sais donc lire le haut-elfique. J'étais dans une école de magie privée. J'intègre cette première formule à mon parchemin des sorts. Mes doigts peuvent produire des petites flammes qui enflamment les bêtes à poil de petite taille et les blattes (les rampants sont la lie de l'humanité). Inefficace sur les autres créatures. Je teste avec un petit poil de sadisme mes skills en magie sur une quinzaine de blattes avant de me décider à bouger d'ici. Le décor a prit une légère teinte sauvage, les galeries sont à peine taillées pour me laisser passer et des sortes de champignons fluorescents poussent un peu partout sur les parois. Des débris anthropoïdes jonchent le sol pour accroître l'angoisse du lieu. L'atmosphère touche plutôt au romantisme glauque. Dhentê, le barde Sozoride (une espèce d'homme-lézard) aurait sans doute écrit ses plus beaux vers en visitant cet « enfer ». Mon premier combat difficile à lieu lorsque je retombe enfin sur une petite garnison sudique en m'introduisant traîtreusement dans une sorte de salle de garde par une trappe au sol. Au niveau arme, j'ai tout de même réussit à récupérer [1] rapière(s) dans un coffre en bois planté en plein milieu d'une galerie. Du point de vue matériel, les Grands Anciens - Bénis soient leurs Saints Noms à tout jamais, paix, respect et fraternité mutuelle sur leur Divin Esprit - sont inexplicablement généreux avec moi. Avec « Smÿjnoldiyr » je réussis à faire cramer un tonneau remplit de poix qui traîne là, ce qui met hors-service trois de ces gus. Ça fait un peu bugger le fichier son. Il en reste cinq. J'essaye d'en aggro' un à la fois en utilisant une tactique particulièrement lâche et vicieuse : j'arrive à protéger mon corps de leur coup en descendant dans la trappe, puis je sors pour frapper l'ennemi. J'alterne ainsi comme une sorte de taupe sachant se servir d'une rapière. Le loot est à la hauteur de mes espérances. Pour la première fois mon inventaire déborde. Je décide de m'offrir la tenue complète : [1] plaque(s) de cuivre, [1] paire(s) de jambières en fer, [1] casque(s) en fer, [1] paire(s) de bottes en peau de renard blanc [+1 discrétion]. Je trouve aussi [1] arc(s) et [3] flèche(s) sur l'un des gobelins.
Rencontre avec Roberto mon pnj-nimal de compagnie
Dans une cellule je trouve un pnj qui s'appelle Roberto. Il est vêtu d'une tunique marron sale, a une grosse tête chauve qui ressemble à un caillou et qui brille dans le noir. Il a l'air dépressif. C'est un humain dont j'ai un peu de mal à saisir l'histoire parce que son dialogue est bien trop long. En gros, toute sa famille s'est faite défoncée par le feu noir d'Enkili et il veut se venger. Un truc dans le genre. Si je le libère il me promet sa reconnaissance éternelle et qu'il me mènera à la cour du prince Shiurjiy, maître des Exaltés du Gemme Ardent, un autre pnj qui lâche pas mal d'items intéressants. Je sais pas si j'accepte. Les humains sont des sortes de gobelins en plus intelligents. Fourbes et brillants. J'ai aussi entendu dire que leur odeur peut être incommodante. Je décide d'accepter sa proposition lorsque je découvre la possibilité de lui faire porter mes objets dans son propre inventaire. De plus, je pourrais m'en servir comme appât lorsqu'on tombera sur ces nids d'araignées géantes qui pullulent dans la plupart des sous-sols de Terralya. C'est ainsi qu'il devient mon pnj-nimal de compagnie. Je lui donne [1] arc(s) et [3] flèche(s), [1] petit(s) coutelas et [1] bonnet(s) en cuir pour couvrir son immonde crâne qui risquerait de nous faire repérer dans la pénombre des galeries. Une sorte d'animation étrange lui fait remuer la tête lorsque je dépose quelque chose dans son inventaire. Je ne peux pas m'empêcher de penser que c'est le genre de mec à ne pas laisser traîner près d'une école.
Errements dans les souterrains, attaque de la colonie de fourmis géantes, fuite
Pendant quelques temps nous traînons dans les couloirs à la recherche d'une issue de secours à ces immenses prisons sudiques qui n'en finissent pas. Nous revenons plusieurs fois sur nos pas, montons et descendons plusieurs niveaux, annihilant quantité de blattes et de rats, affrontant un contingent entier de gobelins (permettant à Roberto de faire le plein de flèches). Je me demande s'il existe des niveaux en plein air dans cet univers. Les galeries de l'immense prison gobeline s'entrecroisent avec celles creusées par une race de fourmis géantes que nous n'avons pas encore rencontrée. Parfois nous entendons ces créatures produire un bruit semblable à celui d'une souris (encore un bruit fort désagréable) mais sans pouvoir les apercevoir. Nous tombons sur une vieille cité naine abandonnée. J'y récolte la rune « Mhânïrfarjlôg », lorsqu'on la prononce en enclenchant [1] gemme(s) en diamantine elle provoque une impulsion électrique dans l'atmosphère. Quand nous tombons sur le nid des fourmis géantes, au fond d'un puits profond, ce puissant sort me permet d'annihiler leur reine en moins d'une minute. Ça rame sévère quand elle se désagrège. Il nous faut ensuite utiliser masse de nos potions de santé pour nous sortir vivant de là. Car en tuant son leader nous avons déclenché une sorte d'intifada fourmi sur nos têtes. Pendant de longues minutes nous entendons le bruit étrange d'un millier de leurs mandibules dans notre dos. Finalement, je réussis à créer une barrière de flammes entre elles et nous grâce à « Marmôn-Sojâr », un feu grégeois qui imprègne n'importe quelle surface. Lorsqu'elles brûlent le fichier son qu'elles déclenchent ressemble un peu au bruit que font les pâtes quand on touille avec la fourchette, en plus strident. Je récompense Roberto de sa loyauté en lui offrant [1] crâne(s) de la reine-fourmis [+1 résistance poison] en guise de casque. Ça lui donne un air absolument con et j'aime ça.
Visite dans l'inframonde
Peu après la cité naine nous découvrons une sorte de glitch qui nous permet d'accéder à une dimension de la map normalement inaccessible. Il nous suffit de rentrer dans un mur qui devrait arrêter l'amas de pixels qui nous sert de corps. De l'autre côté de ce mur nous tombons sur quelques mètres avant d'atterrir sur une surface invisible. Nous semblons avancer dans un vide cosmique pendant un bon moment. Roberto s'arrête. Il secoue la tête comme lorsque je lui donne un objet. Puis, son corps s'envole dans le vide. Je le vois monter longtemps dans les airs avant qu'il ne disparaisse de ma vue. Je poursuis donc seul. Au loin, j'aperçois une torche qui illumine ce qui semble être une surface rocheuse. Je poursuis encore longtemps avant d'atteindre la source lumineuse. Il s'agit en fait d'une portion de mur en bonne et dû forme. Je tente de passer à travers. Rien ne se produit. Je saute sur place, tente des mouvements inédits. Toujours rien. Je longe la portion de paroi sur plusieurs mètres. Mon corps tombe enfin dans un trou invisible. Je me retrouve dans un couloir tout ce qu'il y a de plus banal, la map conventionnelle de Terrelya. Roberto apparaît derrière moi comme s'il ne m'avait jamais quitté, alors que j'ai cru qu'il avait été enlevé par les Grands Anciens - Bénis soient leurs Saints Noms à tout jamais, paix, respect et fraternité mutuelle sur leur Divin Esprit. Il me regarde toujours en secouant sa tête tel un benêt. Une fenêtre de dialogue s'ouvre. « Hello traveller. Welcome in my castle ! ». Je crois que ce voyage dans l'inframonde l'a rendu encore plus givré qu'avant.
Continuation de nos aventures, nous découvrons un culte inédit parmi les gobelins sudiques
Le reste de l'aventure est un peu plus flou. À un moment je sais que nous traversons d'immenses failles souterraines sur des ponts de cordes. Une voûte céleste constituée de milliers d'yeux nous observe. Des grappes d'araignées se projettent avec leur toile par-dessus le vide pour tenter de nous assaillir. Je déclenche un déluge de feu et de glace pour les arrêter. Plus tard, nous affrontons un troll hargneux qui protège dans sa grotte l'accès à un artefact haut-elfique valant au moins [4000] piastre(s). Nous affrontons encore une phalange naine qui se déplace en tortue, et qui nous semble inexpugnable. Une nouvelle espèce apparaît lorsque nous traversons un champs d’œufs fluorescents. Il s'agit des Vipérines : des femmes-serpents très puissantes et magiciennes qui vivent exclusivement auprès de leur progéniture. Le géant Gradj'aik, un pnj charmant qui échange de la nourriture contre des peaux de rat et des antennes de cafard, nous apprend qu'un preux chevalier humain nous poursuit à travers le monde de Terrelya pour tenter de nous défier en combat singulier. Enfin, nous découvrons que les gobelins sudiques ont abandonné leurs prisons. Ils vivent désormais reclus dans les galeries les plus perdues de leur ancienne cité, vouant un véritable culte au Dieu-fléau Maïnez' et à sa Reine-fourmi Robr'. Un jour nous découvrons des offrandes au pied de nos deux portraits faits à la cire chaude dans un petit autel entouré de bougies odorantes. Lorsque nous nous approchons d'un groupe de gobelins cela déclenche une animation inédite. Ils s'agenouillent en entamant une sorte de prière. Nous décidons tout de même de les massacrer, seule manière de récupérer les piastres qu'ils ont sur eux. « Les flèches de feux sont plus efficaces sur les créatures à fourrure» commente Roberto.
Duel avec le héros humain, mort héroïque de Roberto
Nous rencontrons le héros humain sur un large pont qui traverse la cité d'Hordalia, des ruines magnifiques qui scintillent de mille feux grâce aux gemmes incrustées dans les parois. L'atmosphère est chargée de magie. Sa première attaque m'enlève un quart de mes points de vie. Il faut absolument que je m'éloigne de sa terrible épée légendaire en os de dragon. J'arme Roberto d'[1] hallebarde(s) elfique fort acceptable et d'[1] armure(s) en fer gobeline pour le corps-à-corps en lui boostant ses points de défense. « Les nains sont des personnages très intéressants lorsqu'il s'agit de faire des affaires ». Putain Roberto, c'est pas le moment de déconner. Voici, que le chevalier invoque un spectre-ours pour nous ravager encore plus. De mon côté, je tente d'actionner ma nouvelle rune « Sarulfarjkyôt ». Un truc surpuissant mais qui met du temps à se déclencher. Il faudrait que Roberto tienne le coup pendant au moins une minute. Une boule bleue et jaune apparaît entre mes mains, grossissant à chaque instant. C'est la plus belle animation que j'ai vu sur Terralya jusqu'à présent. Les graphismes ne sont pas dégueulasses. On aperçoit même les effets de chaleur tout autour. Lorsqu'elle remplit presque entièrement mon champs de vision je me décide à la lancer. Au moment où le héros lève son épée enflammée sur Roberto un énorme magma d'énergie l'envoie valdinguer dans le décor, son corps va taper contre une paroi à une centaine de pas de là. Il va falloir trotter un peu pour le looter. L'explosion déclenche de petites impulsions électriques incurvant le décor ça et là, ouvrant des brèches à travers les textures. J'aperçois des créatures au corps gigantesque et illisible. Au bout d'un moment tout revient à la normale. Sur le sol il y a une longue trainée rouge avec des morceaux de chair. Au bout : un crâne de fourmi. C'est tout ce qu'il reste de Roberto, mon fidèle pnj-nimal de compagnie.
Voyage au bord de la folie, découverte de nouvelles possibilités
La solitude dans ces souterrains est pesante. Tout être que je rencontre est un ennemi à brûler, désintégrer, percer de part en part ou looter. Je navigue dans tout les recoins de la map au bord de la folie. Nulle trace d'Enkili, nulle trace de son armée noire. Où est passée ma vengeance ? J'ai aménagé un recoin de la prison souterraine à ma guise en coupant l'accès aux galeries grâce à des sorts puissants. Je pratique à présent la méditation. En me concentrant suffisamment j'arrive à incurver la texture des murs qui m'entourent. Certaines runes magiques que j'ai accouplé entre elles me permettent de dévier légèrement les lignes de code. Je deviens peu à peu plus qu'un simple jouet aux mains d'un dieu invisible, je deviens moi-même un dieu du monde de Terrelya.
Rencontre avec les Grands Anciens - Bénis soient leurs Saints Noms à tout jamais, paix, respect et fraternité mutuelle sur leur Divin Esprit
En déclenchant un glitch j'ai réussit à atteindre le centre source de Terrelya. J'y dialogue avec les Grands Anciens qui sont en fait des sortes d'impulsions électroniques presque immatérielles, une forme de pur-savoir ou de pure-information toujours en mouvement. J'apprends qu'Enkili est une invention des humains destinée à établir un nouvel ordre économique et religieux sur Terrelya dans lequel ils seraient les nouveaux maîtres. Ils me proposent d'intégrer leur panthéon magique en devenant le Dieu-source de la vengeance divine. J'obtiens la souveraineté sur les esprits gobelins, sur le feu nucléaire et les armes bio-chimiques. J'apprends encore à soulever la terre comme un tapis pour déloger les immondes nids humains. Retour à la réalité.
J'étais plongé dans mon écran, les écouteurs sur les oreilles. « I wanna born again.mp3 ». C'était un morceaux que Kashi Soīchisawa avait imaginé en soutien à la cause animale dans son pays. Sur le mur de mon salon s'étalait une vive lumière orangée. La panique me gagna. Dehors, le parc et sa flore étaient en train de brûler. De la fumée noire s'échappait des immeubles d'habitation. La terre était secouée d'intenses spasmes. Le pire était sans doute ce mélange de cris de détresse humains et ces sirènes stridentes de partout dans la ville. Quelque part je savais qu'il était trop tard. Le béton, le fer et le sang humain seraient éparpillés aux quatre coins de la planète en gros amas de merde. Au loin, dans la pénombre nocturne, là où les lumières de la ville n'éclairaient plus, j'aperçus une créature gigantesque au corps enchevêtré et remuant.
Il me sembla qu'elle avait les mêmes yeux que Mayonnaise78.
C'était un après-midi d'automne, au moment où le soleil commençait à se coucher. J'écoutais un album de Kashi Soīchisawa, un genre de musique électronique d'ambiance avec des sons de la nature. Par exemple, la piste « Ocean life.mp3 » était constituée essentiellement de chants de baleine saupoudrés du bruit des vagues, « Lost in the Wood of my Childhood.mp3 » était une piste qui mixait le bruit particulier des arbres au vent (n'étant pas sans éveiller certains souvenirs de mon enfance) avec des chants d'oiseaux. Cette piste se terminait avec le bruit équivoque d'un jeune renardeau (ou du moins ce que j'identifiais comme tel). Qui est réellement Kashi Soīchisawa ? Sa musique a bercé la plupart de mes moments de solitude et pourtant je ne sais pas grand-chose d'elle. Sur la toile je n'avais réussit à glaner que ces quelques informations : c'était une femme née en 1987, elle résidait, ou avait résidé, à Sagamihara dans la banlieue de Tokyo. J'aime énormément cette artiste. À l'époque, je venais de me faire larguer par ma petite amie. Bref.
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ça donne envie de trouver les cheatcodes de la gravité et de hacker l'électromagnétisme
Super texte, bien drôle quand on a tâté de n'importe quel RPG. Agréable à lire, fluide...
Oh..! Excusez-moi, je dois changer de pantalon.
Il faudrait trouver une polémique sympa pour attirer les lecteurs.
Voyez ce texte comme une critique de l'IVG.
un truc du genre : la technologie des pixels est issue d'un vieux rite vaudou, ceci expliquant le grand succès des jeux vidéo, en particulier des RPG, voire MMORPG, très chronophages, sur une jeunesse en perte de repères, fuyant la réalité et la confusion grandissante en l'esprit de nos populations entre virtualité et concrètitude... AH MAIS BORDEL, EMMANUEL MACRON, S4EXPRIME EN CE MOMENT ET IL A R2UNI PLUS DE 15KILOPERSONNES§
WESH? VOUS ALLEZ BIEN § WESH§ VOUS AVEZ PEUR ?
Les jeux-vidéo ça rend scHiz0PhrËne ! Et addict. Et ça exploite les honnêtes travailleurs de dieu sait où qui plongent au centre de la terre pour récolter les matériaux de base des composants de votre saleté de PS4.
L'IVG c'est très bien. D'ailleurs, les jeux video c'est une sorte d'IVG post natale en vérité, des parents qui se dédoinent de leur réponsabilité d'endoctrinement de leurs bambins qui se perdent dans les limbes de la confusion mentale de ce qui en réalité est une drogue numérique.
Perso si on retrouve la liberté d'un Fallout, la féerie des Zelda, et la profondeur scénaristique d'un Planescape Torment ça me va comme drogue numérique.
ah j'ai cru que ton histoire se déroulait au moyen âge et que les incursions dans notre époque et les monstres pouvaient s'expliquer par l'ergot de seigle.
En fait non, mais on pourrait imaginer un texte réciproque où l'ergot de seigle viendrait remplacer les bonus.
ça me fait penser qu'il faudrait créer des jeux pour les consommateurs de drogues récréatives et des béquilles numériques pour les consommateurs de drogues handicapantes permettant de modifier le monde via des casques virtuels.
ou des sèches cheveux à micro-ondes
L'idée est vraiment originale, j'ai apprécié la lecture, le lexique jouissif et les aventures du personnage (surtout quand il se gave d'items).
Ça m'a fait penser à une nouvelle SF de Bordage où les joueurs vivent leur vraie vie à l'intérieur du jeu vidéo, ils sont bloqués dans un autre espace temps et se choisissent une identité à chaque connexion.
'fin vraiment un super texte. Maintenant, je sors et je vais jouer à Diablo.
RIP Roberto.
oui effectivement. RIP Roberto, et puis un PNJ portugais dans un RPG c'est assez rare pour être signalé
J’ai longtemps tergiversé avant d’attaquer ce texte de Le Pouilleux, car lorsqu’on possède comme moi un poil long et soyeux, on le soigne, on l’entretient, on hésite à s’approcher de gens fiers d’abriter en leur sein, ou leur slip, une faune de pediculus humanus.
Et puis, soyons honnête, il est foutrement long, ce texte, pour une feignasse de mon grade.
Mais je ne regrette pas la balade. Univers bien campé, idée sympa, qui me rappelle Videorreur de Mitton (ainsi qu’un vieux bouquin de SF dont le titre et l’auteur m’échappent depuis une bonne demi heure, ce qui est éminemment frustrant et va me faire bruxer toute la nuit, à n’en pas douter), bien développée, l’auteur prend son temps sans ennuyer le lecteur. Moins gamer que moi, tu meurs, et pourtant, je n’ai pas décroché une seule fois.
J’ai trouvé ça tellement bien foutu qu’exceptionnellement je ne râlerai pas à propos de l’orthographe, qui m’a parfois un peu piqué les yeux (quand même)
Néanmoins, parce qu’il faut bien un bémol à cette critique dithyrambique, je suis perplexité face à ça :
"Le reste de la prison est décoré de ce qui ressemble à des corps elfiques décomposés et sanguinolents. La faiblesse des graphismes rend la désélfication encore plus prégnante. Des formules rituelles de la grande prêtresse Agnarendt me viennent en tête. Seule ma consistance non-biologique m'empêche de pleurer ces vies immortelles abrégées (les Elfes ont une vision nocturne ET ils ne vieillissent pas)"
Alors alors :
Primo, si les corps sont décomposés, je ne vois pas comment ils peuvent être sanguinolents. Faites l’expérience en oubliant un steak au frigo ou, pour un résultat plus rapide, derrière votre canapé : au bout de quelques jours, il pue la charogne, devient brunâtre, visqueux, et est totalement exsangue.
Deuxio, comment une vie immortelle peut-elle diantre être abrégée ?? Ne pas confondre jeunesse éternelle et immortalité. La logique voudrait que les elfes décalqués contre le mur, s’ils sont immortels, soient encore en vie (les vampires, par exemple, sont de foutus imposteurs : ils ne sont pas plus immortels que vous et moi, juste plus difficiles à tuer, mais mettez les sur une plage du sud à midi sans leur écran total, et pouf, ils crament comme des cons alors que vous n’écoperez de rien de pire qu’un coup de soleil)
Et sinon, les passages que j’ai particulièrement kiffés :
"Dans mon inventaire : [3] piastre(s), et [1] pagne(s) en peau de bœuf. J'y vais avec ma bite et sans couteau pour ainsi dire."
(j’émets cependant quelques réserves sur le bien fondé du slaïpe en peau de bœuf, parfaitement dégoûtant)
"Lorsque je le frappe ça fait une nuage de pixels rouges et il effectue des mouvements aléatoires avant/arrière assez amusant. Les couinements sont plutôt réalistes par rapport aux effets sonores que j'ai entendu jusque là. En fouillant son cadavre j'obtiens [1] peau(x) de rat et, de manière moins explicable, [1] piastre(s). C'est le début de la fortune et de l'accumulation des richesses. Peut-être l'empire immobilier d'ici quelques années."
(une description absolument délicieuse, aiguisée, imagée, drôle)
"Dix minutes plus tard, je remonte pour lui tambouriner la face avec mon os."
(ça m'a inexplicablement fait rire, et hors contexte c'est encore plus marrant)
"Lorsqu'elles brûlent le fichier son qu'elles déclenchent ressemble un peu au bruit que font les pâtes quand on touille avec la fourchette, en plus strident. Je récompense Roberto de sa loyauté en lui offrant [1] crâne(s) de la reine-fourmis [+1 résistance poison] en guise de casque. Ça lui donne un air absolument con et j'aime ça."
(mes pâtes ne font pas de bruit quand je les touille, sauf si elles sont mal cuites, mais je suppose que Le Pouilleux est de ces barbares qui font crisser leur fourchette au fond de l'assiette quand ils enroulent leurs spaghettis...)
Paix, respect et fraternité mutuelle sur LePouilleux.
Dans la phrase "L'ombre des arbres du parc en bas de chez moi avait commencé à s'allonger pour venir tapisser le mur de mon salon telles les doigts...", le mot "telles" ne peut pas être au pluriel.
Et pis brûler les blattes, c'est très vilain. Il vaut mieux que des blattes errent.
Le coup de la taupe, un classique.
Merci à Lunatik- et à Castortillon pour leurs remarques et corrections !