La grande maison bleue en ardoise où il vivait était située tout en haut du bourg, entourée d'une fine pelouse et de petits buissons anciens, qui formaient des étranges dessins si on les regardait du haut des hautes fenêtres du premier étage. La maison était depuis longtemps vide, et comme les habitants du village diminuaient de nombre chaque année, les vieux mourant, et les jeunes allant vivre en ville, personne ne savait plus qui y avait habité avant, et qui avait vendu la propriété à l'étranger. Les jours passaient, personne ne remarquait rien de changé dans la vie commune en haut de la montagne.
Un enfant avait pris pourtant l'habitude de jouer avec son petit tracteur sur la pelouse. Chaque jour, avec la pluie et le soleil, l'enfant passait du temps au tour de la maison bleue, et ses parents, occupés par leur travail et leurs nombreux enfants qui étaient encore plus petits, ne remarquaient pas les nouvelles habitudes de l'ainé.
Un jour l'étranger appela l'enfant, et il l'invita à rentrer. L'enfant entra en courant, son petit tracteur sous le bras. L'entrée de la maison était imposante, le salon encore plus, mais l'enfant trouva rapidement sa place. Assis sur un fauteuil géant en soie rouge couvert de coussins noirs et dorés, il était tout petit, mais, avec son petit tracteur à coté, il regardait l'étranger sans gêne droit dans les yeux.
Les visites se répétèrent, l'enfant jouait désormais sur les tapis du salon de l'étranger tous les jours, avec son petit tracteur. Des fois l'enfant posait sur son tracteur une figurine en porcelaine, une de celles qui étaient posées sur une étagère entre plein d'autres. L'étranger ne parlait pas beaucoup, il ne parlait pratiquement pas, sauf pour offrir des biscuits à l'enfant, une fois par jour. L'enfant ne parlait jamais non plus, il écoutait la musique, que l'étranger laissait résonner dans la maison en permanence. Souvent l'étranger était lui même assis au piano, et jouait au même temps que la musique du disque, à l'unisson, ce qui rendait la musique encore plus marquante aux oreilles du petit.
Les nouvelles habitudes de l'enfant furent au bout d'un moment remarquées par ses parents, qui s'inquiétèrent. Ils allèrent sonner à la porte de la grande maison bleue, la mère avec les plus petit de ses gosses dans les bras. Ils échangèrent quelque mot avec l'étranger, les deux hommes se donnèrent la main, les parents partirent avec un sens d'étonnement dans le coeur, mais l'étranger affirmait n'être nullement dérangé par l'enfant, qui au contraire lui tenait bonne compagnie. Et vu que l'enfant allait bien, en corps et en esprit, et qu'il avait même l'air de recevoir une éducation, il n'eut pas d'autres remarques. Un jour l'enfant rentra chez sa famille avec un pair de lunettes sur le nez. Ses parents lui posèrent des questions. Il répondit que l'étranger lui avait montré un grand armoire en bois plein d'objets, pour en choisir un, un seul. Il y avait des jouets, des chapeaux, des habits, un candélabre, des pierres, des billes, toute sorte d'objet. Et l'objet qui lui avait le plus parlé c'était ce pair de lunettes à l'étrange monture en os de tortue, à travers les quelles il voyait beaucoup mieux.
L'enfant portait désormais ses lunettes tous les jours. Les années passèrent. Maintenant l'étranger lisait des livres à l'enfant, et ceci pendants des heures. Ils prirent aussi à se promener ensemble de plus en plus souvent, l'enfant avait désormais 16 ans.
C'était l'automne, la montagne était peinte en jaune et en rouge comme dans les contes, tout en marchant les deux hommes rentrèrent à l'intérieur d'un nuages, dans une épaisse brume. Ce fut là dedans que le jeune eut sa première vision: le terrain devant ses pieds s'ouvrit en profond précipice. Tout en bas, ses yeux arrivaient à voir dans la profondeur de ces abysses. Là au fond il y avait plein des gens, petits comme des figurines en porcelaine, il y avait des visages que le jeune homme connaissait bien, ils étaient tous morts. Mais ils allaient bien, ils étaient souriants, ils étaient passés dans un autre monde plus proche d'eux. Il eut alors une vision des sphères de mondes multiples, changeants, mais inexorablement hiérarchiques. Sans éprouver de tristesse, le jeune rentra chez lui, pour apprendre que ses parents étaient morts le jour même, ses frères et soeurs aussi.
Il alla chercher l'étranger à la maison bleue. L'étranger ne répondit pas, le jeune poussa la porte et avança dans la maison déserte, il ferma la porte derrière lui. Il savait qu'il n'aurait plus revu l'étranger, il savait qu'il devait prendre possession de la maison à sa place, il savait avoir une mission. Il se regarda dans le miroir posé sur la cheminée, ôta ses lunettes en os de tortue, et il su à cet instant qu'il avait accompli son apprentissage, et que toutes les connaissances de l'étranger étaient désormais rentrées en lui de façon stable, vu que ses yeux avaient changé de couleur, et ils étaient devenu bleus comme ceux de l'étranger, bleus comme la mer. Il sentait que quelque chose d'important avait changé dans tout son corps, il était plus simple, plus primitif, plus résistent.
Seul dans la grande maison, il lu les livres de l'immense bibliothèque à une vitesse extraordinaire, il les pénétrait un par un avec le regard. Il passa seulement un an à lire, pourtant il connaissait maintenant tous les milliers de volumes qu'il possédait, et ainsi son travail pouvait commencer, l'intervention sur le passé et le future, l'envoi des messages par les ondes sonores, la mise à point du regard pour guérir ou tuer, accomplir en entier sa propre vision du monde. Il su à l'instant tout ce qu'il avait à faire, et il partit.
Les années passèrent vite, Il avait fait le tour du monde plusieurs fois, et il était un homme adulte. Il alla s'installer à nouveau dans un petit village, dans une grande maison bleue en ardoise en haut du bourg, où il fit transporter tous ses avoirs.
Un jour il remarqua qu'un enfant avait pris l'habitude de jouer sur la pelouse devant la maison.
LA ZONE -
Un homme venu de loin alla s'installer dans un village de montagne, situé au milieu d'une région très pauvre. Il aménagea rapidement à l'aide d'un gros camion qui transportait ses affaires. C'était un homme riche, et surtout très silencieux, il ne parlait jamais à personne. Personne ne savait d'où il venait, et s'il avait une famille quelque part, et vu son aspect noble, personne n'osait lui poser des questions. Il avait des yeux très bleus, bleus comme la mer.
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Je suis sûre que je vais me faire engueuler par LC car l'illustration ne correspond à la ligne éditoriale du site...Mais bon, elle fait flipper grave cette image.
si seulement ce n'était que l'illustration
http://forum.lazone.org/index.php?topic=2136.0
Ouais j'ai eu un peu de mal aussi. Mais la déchetterie tout de même...
Je la trouve très bien l'image. Par contre, à titre personnel, cette histoire je la trouve très bien. Un texte d'ambiance et donc le début, la fin, le milieu, on s'en fiche un peu. Les repères narratifs traditionnels ici servent de jalons pour moduler l'intensité de l'angoisse.
Je vous jure que la description de la maison m'a foutu les jetons. Genre en mode cauchemars de ouf
en fait le français bancal c'est peut être le seul élément qui donne un côté un peu mystérieux au texte mais j'ai préféré Là-Haut
Hey mais j'ai le copyright sur le titre !
et j'en ai fait un film d'ailleurs...
oui ça ferait un bon film, la zone s'occupe du copyright?
l’étranger a 40 ans
encore une fois, à titre personnel, j'ai bien aimé ce texte d'ambiance. ça me rappelle des épisodes de Twilight Zone, celui des origines, la 4eme dimension en noir et blanc, qui découlait des Pulps, et donc de Weird Tales et donc de Lovecraft. Pour moi, la filiation est évidente.
la relève zonarde est assez facétieuse. Il faut bien que jeunesse se fasse.
Oh, une plongée dans le hall du souvenir et les mondes astraux. Très agréable à lire sans forcer.
Je vais aller me coucher avec des paillettes plein les yeux.
bien plus agréable que d'avoir quelques grains de sable dans la raie... mais je m'égare.
et continuant les facéties, la nouvelle n'est pas si importante, mais c'est bien de préciser qu'il n'y a pas de copinage, LC me connait à peine, et bien qu'il y a une estime réciproque qui s'est crée dans le temps, je ne crois pas qu'il me défende pour quelque raison obscure; dommage que ce ne soit pas un concours de nouvelles Thomas Bernhard, car j'aurais pu dire que quand j'ai lu le ton de la présentation et des premiers commentaires, j'ai pensé d'être tombée dans un groupe de branleurs, et que quand j'ai compris que ça vient plutôt des filles, des racistes analphabètes; merci pour l'accueil, de cœur, merci.
Non mais WTF ?!?
L'obscure raison c'est que j'aime bien le texte. Mais je commente ici non pas en tant qu'admin lambda mais lecteur beta.
groupe de branleurs : probablement mais obsessionnels et compulsifs, il faudrait le préciser. Je ne crois pas que l'idée de groupe soit pertinente cependant, je dirais plutôt nuée.
filles racistes et analphabètes : personnellement j'aurai juré que Marco Polo avait importé la Pizza de ses voyages en Chine.
Suite à la crise diplomatique entre la Zone et l'Italie, provoquée par Cuddle, je conseille vivement à nihil dernièrement géolocalisé à Rome, de demander au plus vite l'asile politique au Vatican.
sinon je ne trouve pas choquant le fait d'aborder la xénophobie dans les commentaires d'un texte qui fait de l'étranger une source de fantasme et d'angoisse.
C'est vrai que l'attaque sur la pizza c'est bas, très bas. Il faut cependant reconnaître que les Italiennes ont un caractère de merde.
Le conte obscur est charmant. J'ai imaginé une douce voix féminine (avec accent toscan siouplait) me le susurrant à l'oreille, puis bah je me suis endormi.
et d'ailleurs les écrits de Lovecraft reflètent la xénophobie maladive de ses personnages.
Joli conte. Je ne me suis pas vraiment senti angoissé, ni inquiet en le lisant, mais c'était plutôt pas désagréable.
C'est fou ce que je parle de moi, n'est-ce pas ?
Mais ça m'a pas non plus retourné les boules.
Ouais non mais là, parler de "xénophobie" et compagnie je pense qu'il faut se calmer tout de suite et redescendre un peu. Il ne s'agissait que d'humour, de l'humour de merde certes plein de clichouilles mais pas de violence ou de crise diplomatique de je ne sais quoi. Donc qu'on vienne pas me casser les couilles avec des commentaires du type "raciste" et "analphabète" qui sont très forts comparés à une simple allusion à la pizza et complètement cons.
Donc je vous emmerde.
Merci pour ce moment.
(note : à déplacer peut-être dans la catégorie bac à sable ou fight de merde).
je cherchais bien à relativiser ton intervention. J'ai trouvé plus raccord avec Lovecraft le fait de parler de xénophobie dans les commentaires, hein, pas dans le descriptif, mais j'avais aussi pensé à dire qu'en réalité t'étais une tortue ninja. Quoi qu'il en soit je parle en tant que lecteur, j'ai pas de leçon de morale à donner à un autre admin.
Et par Lovecraft bien sûr je voulais dire Pangolin et licornes puisque tu as décidé en ton âme et conscience de classer ce texte dans cette catégorie.
moui encore beaucoup de bruit pour rien, tu peux changer la catégorie si tu veux. RAB
non. Je n'en ferais rien. ça fait partie de ta fonction de faire des choix. Et en tant que lecteur, je pense que t'es pizzaphobe en vérité.
Pour rien au monde, mais je ne pense pas que le fond du problème soit vraiment la pizza.
https://www.youtube.com/watch?v=4FJeSXjVnZs
T'imagines pas comme c'est un sujet sensible.
tu parles de Sausage Party ? Désolé, fallait que je détourne l'attention.
eh ben, oui je me suis énervée pour rien, oui je pense aussi que c'est pour la pizza, ça baisse fort le niveau, et ..pas vraiment un caractère de merde mais bien passionné et passionnel, merci de m'avoir publiée surtout, j'aime la zone
C'est où qu'on doit s'inscrire, pour gagner la part de pizza ?
l'autre fois c’était le 50e du psy, cette fois ci la pizza, je fais faillite avec vous
Un demi-doigt ça me suffit. Juste un demi doigt bien placé.
en fait la Zone , n'est pas vraiment une revue littéraire, encore moins une maison d'édition bien sûr, pour un auteur c'est tout de même plus proche de la guerre du Vietnam.
oui on a eu la guérilla les bombes et les demi-doigts, mais maintenant bonnes fêtes
et l'huile de napalm dans le nutella
Attention tu viens de faire un calembour.
non. c'est un message de désinformation du ministère de la Santé.
Je manque beaucoup de sérotonine, c'est pour ça que je ne suis pas drole. Vous voilà prévenus.
Néanmoins, je crois qu'on devrait faire une opération spéciale pour la fin de l'année.
Quelque chose comme la St Nicolas-Burroughs.
Mais en fait y aurait que deux participants. Haikulysse et moi-même. Pascal dans doigt, à la limite. Nan, oubliez.
Vous avez vu que Ridley Scott a posté un message ? Et moi qui le croyait en plein tournage d'Alien Covenant, quel branleur !
Alors comme ça on fait des blagues racistes sur les pizzas, et ensuite on m'insulte ouvertement sur ce site de pisseux apprentis sorciers ? Tu vas avoir des problèmes toi, j'ai des amis au FBI, par contre antonella, tu es tellement passionné passionnel patiente pastèque à l'image de ton peuple, ta grande nation, marrie-moi et j'achète les droits de ton texte pour une adaptation au cinéma avec russel crowe dans le rôle de la maison. batiras-tu une civilisation capable de résister au passage du temps ?