LA ZONE -

Deux poètes

Le 16/11/2016
par AntonellaPorcelluzzi
[illustration] Conversation au téléphone:

- Philippe je t'annonce que dans trois jours j'ai rendez-vous avec Jack Lang, pour une série d'expositions, c'est nécessaire que tu m'accompagnes.
-Thierry, au nom de notre amitié, pourquoi tu appuis toujours sur le côté diplomatique et des relations politiques ?
- Parce que tu es mon ami et j'ai besoin de toi pour construire, la culture, l'art, on ne peut pas juste les subir, même si subir dans ce cas signifie créer, il faut créer aussi au tour de nous un espace publique de réception, creuser, comme nous on creuse le temps dans notre travail, pour l'agrandir, agrandir l'espace culturel dans l'explosion de nos interventions.
- Tu sais que je ne partage pas cette pensée Thierry, ce n'est pas moi.
- Tu devras grandir un jour mon cher. Rester dans ton bel endroit sombre pour montrer ce que tu détestes, ce n'est pas une méthode pour un artiste de relief, ta pulsion de mort n'a pas trouvé encore sa sublimation dans ton art, il faut te secouer, et c'est possible qu'il te manque un rapport concret et quotidien avec ceux qui te diffuseront, notre amitié fera le reste, je suis gardien dans la culture, Philippe, regarde moi bien, car tu es mon successeur. Mon père est Roland Barthes, je le reconnais comme tel, il est le gay qui a plus d'enfants en France (rire). Ton père par contre c'est moi, et ce n'est pas la même chose, nous jouissons d'une amitié personnelle, tandis que je n'ai pas connu Barthes.
Je veux te montrer par la vitrine publique tout ce que tu dois laisser se révéler, laisser signifier, surtout en cinema, l'art dynamique. Tu le sais que ton père c'est moi, car tu n'as pas de famille autre que moi.
Année suivante, Thierry meurt.

La presse assiège Philippe, il est le benjamin de la culture. Il est gentil, il se soumet, il aime les gens même s'il est extrêmement introverti. Difficile de l'entendre, même quand il a un micro dans les mains. Mais tout le monde l'applaudit, pendu à ses lèvres intelligentes, et son travail reçoit des subventions, argent et contacts s'accumulent. Il sort des films, avec son regard obsessionné. La peur de la mémoire et la peur de la mort qui manquaient dans le travail de Thierry, sautent aux yeux dans le travail de Philippe. La mort, qui était toujours à côté de Thierry pendant qu'il tournait ses films, ainsi produisant la magie de ses résultats, apparaissait par contre trop directement dans l'image de Philippe, et la rendait malsaine. Tous remarquaient la montée de la parabole, le publique fut forcé par les articles de presse et la grandissante renommée à regarder des spectacles ignobles, qui n'arrivaient pas à convaincre sur la présence de quelque signification ou valeur.

Quatre mandats présidentiels suivirent. Aux élections qui se tiennent après vingt ans de la mort de Thierry, les élus à la culture changent, tout l'establishment se convertit à des nouvelles fois. Les financements à Philippe se réduisent brusquement, il n'y a que quelque producteurs de province qui restent avec lui, encore quelqu'un qui avait connu Thierry en vie.

Philippe subit soudainement une rupture d'anévrisme.

Cet événement a lieu par hasard à l'intérieur d'un hôpital de Paris. Philippe y allait faire une simple radiographie de la cheville qu'il avait cassé cinq ans auparavant, un contrôle, car il avait mal. Philippe enlevait juste sa chaussure, assis sur l'étroit lit d'observation, quand le technicien radiologiste l'attrape à temps avant qu'il ne tombe, et donne l'alarme. Philippe resta immobilisé pendants trois mois dans un autre service du même hôpital, au quatrième étage, dans une chambre lumineuse. Le corps percuté par la lumière d'hiver, par le blanc de la neige, alors que sa vie planait ailleurs, ses pensées, il avait l'air vide et fatiguée, il était si pale qu'on l'aurait dit souffrant et mourant, son pouls était faible. La chambre s'était peu à peu vidée des visiteurs, il n'y avait plus personne pour veiller sur lui. Il se réveilla un jour, il était le printemps et Philippe riait. Les médecins allèrent le voir pour vérifier ses conditions, surpris, contents, ils ne savaient plus qui c'était ce Philippe alors, mais ils se congratulèrent fort, tous, un par un, pour la résolution absolue qu'il avait donné au mal, pour cette guérison miraculeuse.. Les signes vitaux de Philippe étaient excellents.

Philippe avait été prévenu par une infirmière qui l'aimait bien, que quelque journaliste l'attendait dehors, avec des cameras. Il s'habilla, elle l'accompagna le long des infinis couloirs vert dentifrice du sous-sol de l'hôpital, pour arriver à sortir par la porte de service. Elle lui met dans la main un morceau de papier avec une adresse. Un taxi l'attend, il l'amène à travers la verdure naissante aux verts clairs et tendres, dans un minuscule village à 80Km. Là bas, Philippe s'installa sous un faux nom dans l'ancien auberge. C'était un endroit qu'il avait déjà visité autrefois, presque le seul qui s'imposait à sa memoire à la sortie de l'hôpital.

Sa memoire revint au galop pendant la longue traversée en voiture. Il prit la même chambre avec la grande terrasse donnant sur les bois. Philippe s'était arrêté sur la route pour acheter du papier, il le posa sur le bureau, positionné vers le sud. Et commença à écrire.

= commentaires =

Lapinchien

tw
Pute : 8
à mort
    le 16/11/2016 à 12:21:02
La présentation n'engage que moi et ce que j'ai cru comprendre du texte. Vous avez probablement d'autres avis et d'ailleurs celui de l'auteur serait le bienvenu ici.
antonella
    le 16/11/2016 à 13:47:04
ce texte est si facetté que en effet il n'est pas simple de le regarder, mais considéré que je te l'ai proposé comme une "science-fiction" je dirais que tu as sorti pas mal d’éléments noirs et sensibles...
je reviens pour continuer, les commentaires sont bienvenus
Lapinchien

tw
Pute : 8
à mort
    le 16/11/2016 à 13:51:45
oui j'ai dit que c'était de la fiction dans la présentation. J'ai pas mis science-fiction parce je ne vois pas le coté anticipation mais c'est peut être une uchronie alors ?
antonella
    le 16/11/2016 à 14:22:18
tu as raison, science-fiction est parfaitement faux, je jouais au cache-cache, il y a un mélange de styles
Lapinchien

tw
Pute : 8
à mort
    le 16/11/2016 à 14:35:12
en même temps en présentation je ne pense pas avoir une lecture politique du texte. Quand je parle de cooptation par filiation, héritage intellectuel, je le mets cela en opposition à la filiation et l'héritage biologique. après c'est un modèle comme un autre de réseautage avec des avantages et inconvéniants. Personnellement je n'ai jamais recherché des pairs, des influences, à m'insérer dans un mouvement. Je ne sais pas trop si ça existe encore d'ailleurs.

Commentaire édité par Lapinchien.
antonella
    le 16/11/2016 à 15:20:23
oui la culture bouge par clans, encore, et à la base mon sujet est politique, mais je l'ai traité de la manière la plus subjective possible
LePouiIleux
    le 16/11/2016 à 17:53:08
Jackou, l'hydre de la culture putassière. Cependant, j'aime bien la fête de la musique qui est une charmante occasion pour se murger la gueule en public à l'orée de l'été.
Clacker

Pute : 4
    le 16/11/2016 à 18:01:27
Je crois que je ne comprends pas. En fait j'en suis sûr. D'ailleurs je n'ai rien compris au premier texte de l'auteur sur lazone non plus. Je ne fais pas les liens entre les paragraphes, les phrases me semblent syntaxiquement aléatoires et je peine à voir le fond.

J'ai finalement réussi à baiser mon cerveau ?
LePouiIleux
    le 16/11/2016 à 18:19:17
Pour moi c'est la confrontation entre le connard mondain et l'artiste simple et contemplatif. Pour le reste, Antonella ne doit être francophone de naissance.
Clacker

Pute : 4
    le 16/11/2016 à 18:31:39
Ah ! Je me suis souvent suspecté stupide. Ca fait un début de réponse.
Lapinchien

tw
Pute : 8
à mort
    le 16/11/2016 à 20:07:38
tu cherches la petite bête, Clacker. Les enjeux et les problématiques soulevées dans les textes d'Antonella sont clairs, le style t'aurait moins gêné et tu l'aurais trouvé charmant si t'avais eu à faire à un speech d' Umberto Eco parlant français ?
Clacker

Pute : 4
    le 16/11/2016 à 20:34:58
Je suis pourtant tout à fait sérieux. Je commence à comprendre que le problème ne concerne pas le texte mais mon état d'esprit. Je suis incapable de me concentrer, parce que psychiquement cramé, donc incapable de rentrer dans l'oeuvre. Mea Culpa. J'ai fait comme les centaines de millions d'internautes qui commentent quelque chose sans le comprendre. Sauf que j'ai eu l'honnêteté de dire que je ne comprends pas. Mais à vrai dire on s'en tape puisque je n'ai rien de constructif à ajouter.
Lapinchien

tw
Pute : 8
à mort
    le 16/11/2016 à 21:00:44
Quand les Zonards lisent le nom "Jack", ils passent en mode confusion mentale. My bad.
antonella
    le 16/11/2016 à 21:45:16
entre mes qualités il y a en effet de savoir cramer les cerveaux, j'aime la complexité; après, je crois que celui qui n'a rien compris est souvent plus proche du sens que celui qui a tout compris, et merci de cœur pour les commentaires
Cuddle

fb
Pute : -3
    le 17/11/2016 à 07:51:35
Moi j'aime bien le style d'écriture, je trouve ça soigné. Après il manque un petit grain de zone la dedans.
Lapinchien

tw
Pute : 8
à mort
    le 17/11/2016 à 09:30:15
en même temps, la Zone même si elle a une ligne éditoriale, n'est pas non plus une machine à formater les auteurs. Donc ça tombe bien.
Cuddle

fb
Pute : -3
    le 17/11/2016 à 12:25:51
Moui
antonella
    le 17/11/2016 à 23:04:51
ça manque de zone et puis ça manque pas, j’omets quelque chose

je parle des gens réelle, et j'interviens en fiction sur la vie de Philippe qui est vivant

je trouve pas classe de dire leur noms mais on peut y arriver

mais enfin, je pourrais les dire, ou non Patrick? qu'en penses tu?
Lapinchien

tw
Pute : 8
à mort
    le 17/11/2016 à 23:27:03
je ne vois pas trop l’intérêt. L'important c'est l'histoire, non ?
antonella
    le 18/11/2016 à 01:55:34
la roue de fortune
Cuddle

fb
Pute : -3
    le 21/11/2016 à 12:15:47
des "gens" réelle, c'est pas un nom masculin ?

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