Demain, j’achèterai un fusil. Demain c’est demain, mais aujourd’hui, j’ai envie. J’ai ma petite liste, longue comme le bras. On a fait des films, écrit des livres sur mon cas. Certainement pas unique. Un jour, je périrai, mais pas sans avoir fait périr. Sans haine ni rancoeur, guidé par aucune vision : juste moi, la voix et mon petit tromblon. Pas un truc joli, mais un truc juste pour ça, faire des trous dans des troncs.
Et j’aurai tout gâché, l’espace d’un instant, pour mieux rejoindre les lignes des histoires banales.
Quand ça rime, ça va. Mais me voilà las, encore, et demain n'est plus si loin. Alors j’écris. Avant, on disait gratter, l’abrasif, le sordide, ce qui colle et qu’on gratte et qui colle à nouveau. Moi, ma peau, elle sent bon, elle est douce, elle sent bon le chimique. Bien peigné, tout sourire, je génocide tout bas, dans ma tête, en silence.
Je bats des records dans mon coin. Je brandis des pancartes, me rebiffe. J’attends mon tour pour gueuler. Sur le trottoir, je récupère ce qu’on me laisse de mots. Puis avec confectionne le début d’une potence. Potence que jamais je ne finirai, car les plus durs m’ont été confisqué. Et le jour s’abat sur la nuit et j’y crois, j’attends mon tour pour parler. J’envoie les restes de la potence en l’air, ils retombent dans les flaques et n’éclaboussent plus. Je trie mes souvenirs. Je vis en accéléré pour mieux freiner et penser que c’est comme ça qu’il faut faire. Sur le trottoir, désormais, plus rien. Il fallait s’en douter, mais au fond j’aime ça, car la forme a tout pris, et le fond n’est plus sale, ou trop joli; même pas creux ou tendancieux, érotique ou martial.
J’ai fait un rêve cette nuit, c’est l’autre qui me l'a dit. Mais cette histoire, je la connais, il l’a tient d’un autre, un autre qui m’a tout dit.
Mourir, c’est sympathique, il faut faire ça gentiment.
Mon succès est certain dans cette entreprise à la dérive.
Le reflet me ment.
Mais aujourd’hui c’est aujourd’hui, et demain, je n’aurai peut être plus envie.
LA ZONE -
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On a frôlé l'incident diplomatique. Le titre du texte, en français, aurait pu être : "éponyme". Cela dit, j'ai étrangement bien aimé cette lecture.
J'ai tartiné ça rapidement cette nuit, ce qui ne veut rien dire, bien entendu, ou n'excuse rien. Il en était de même pour le texte de St Con d'ailleurs. Sauf que là, c'était sur un bateau.
J'ai voulu tenter autre chose, sortir de l'étiquette "débile" qu'on m'accole constamment, mais faut croire que les gens n'aiment pas quand vous ne correspondez plus à l'idée qu'ils se font de vous. Ou alors, je ne sais pas faire autre chose.
Après, il faut effectivement mieux l'entendre récité que le lire.
D'abords, je ne pense pas être représentatif des gens et si je l'étais ce serait à l'insu de mon plein gré. Par ailleurs, je n'ai jamais dit que c'était débile. Il s'agit plutôt d'un goût personnel que je n'ai pas pour la poésie en prose. Je trouve ça en général trop artificiel, construit. De plus ton narrateur évoque être lui-même dans un exercice où il cherche à se détacher du fond pour s'intéresser à la forme. à doses homéopathiques comme ici, je trouve ça tolérable. Ceux qui font carrière la dedans finissent probablement dans des cellules capitonnées. J'aurais trouvé intéressant que l'auteur mette le narrateur dans l’embarra alors qu'il déclare être dans la posture justement en l'inscrivant dans un récit où le fond finit malgré lui par reprendre la main. Tu fais le choix de demeurer dans l'esthétique pure au final. C'est très bien. Je suis sûr que ça en enthousiasmera plus d'un, et c'est d'ailleurs dans toutes les associations que je connais ce qui enthousiasme plus la majorité des personnes qui s'intéressent à la littérature blanche, à la poésie et dénigrent la littérature de genre. J'imagine que tu ne peux qu'aller dans le bon sens. à titre exceptionnel , je dis aussi avoir étrangement aimé la lecture d'un tel texte. Je ne sais pas si une polémique sur la forme est bien utile ceci étant.
de plus j'ai classé le texte dans la catégorie : "Thèmes / Obscur / Psychopathologique" et si j'avais trouvé ça débile je l'aurais mis dans "absurde / Faux obscur" Ceci dit je ne sous-estime pas ta capacité à taper dans le second degré (a priori ce n'est pas le cas mais j'avoue que tes arguments rigolos te font un peu basculer du coté trollesque de la force), ce qui est tout à fait indiqué dans un lieu comme la Zone. Par exemple, dans ton texte, "le dernier des enculés" me concernant a priori, je n'ai pas pris le propos au premier degré. à quoi bon ?
Pas de polémique et ou de remise en cause de l'admin, je pense que j'ai d'abord écrit ce commentaire pour moi-même.
Et puis je mis perds, avec ces 1er degrés qui sont en fait des seconds (et vice et versaaaaaa).
Bref, pour en revenir à des considérations plus productives, je cherche quelqu'un pour collaborer sur un grand feuilleton de l'été. Un truc léger hein, de saison, zonard et tout.
si seulement Muscadet, CTRL X et toi pouviez vous lancer dans un projet commun...