J'ai toujours su que les journalistes craignaient pour leur carrière s'ils dénonçaient les malhonnêtetés des puissants mais jusqu'alors ça restait plutôt discret, il suffisait d'inonder le mainstream de conneries pour faire taire par le brouhaha les voix insignifiantes des lanceurs d'alerte et des dissidents. Mais là, on avait franchi un cap. La séparation des pouvoirs, le socle de nos institutions, la garantie de l'équité du système, venait tout bonnement de sauter.
Aujourd'hui, en boucle sur les chaînes d'information continue, s'affichent au grand jour des connivences qui autrefois étaient plus subtilement évoquées quand elles n'étaient pas tout bonnement escamotées voire complètement occultées. Depuis qu'est née la paradoxale théorie du complot qui discrédite les plus virulents d'entre nous, les puissants, quel que soit leur pouvoir ( financier, législatif, exécutif, judiciaire voire médiatique ) se sentent décomplexés, totalement immunisés, et n'hésitent pas à afficher leurs hautes trahisons au grand jour et s'en vantent même comme si leur filsdeputeries émanaient de l'esprit de fins stratèges, de génies aux fulgurances occasionnelles mais totalement disruptives sur leur contemporanéité. Il est de notoriété publique : les complots, les conjurations, n'ont jamais existé, n'ont jamais constitué les leviers principaux des coups d'états, les catalyseurs de guerres et des mutations civilisationnelles et sociétales. D'ailleurs, Jules César est mort du tétanos en faisant la vaisselle et uniquement parce qu'il était hémophile. Que celui qui proclame le contraire soit marqué à vie du sceau de l'infamie ! N'hésitons pas à le huer et à le comparer à tous ces geeks pré-pubères qui font des liens entre tout et n'importe quoi après deux ou trois recherches sur Google puisqu'il existe d'étonnantes similitudes et corrélations entre plusieurs événements aléatoires sur Wikipédia.
La dictature du capitalisme et de la haute finance triomphants , petit à petit, dévoile son vrai visage. C'est tout juste le début. Bientôt elle exhibera les plus horribles de ses travers et ça ne choquera personne. Après l'état d'urgence, auquel on s'accoutume, viendront la loi martiale et d'autres restrictions de nos libertés. La plus importante d'entre elle d'ailleurs, la liberté d'expression sera bridée. Cela s'accompagnera d'opportunistes suppressions d'acquis sociaux. Les puissants utiliseront les artifices les plus grossiers pour déformer les faits, les décontextualiser à leur avantage, puisqu'on a la chance de vivre à une époque où, comme disait je ne sais plus quel bâtard, "plus c'est gros, plus ça passe." Ils ne vont pas se gêner pour nous ghettoïser, pour nous communautariser, pour démultiplier le nombre des classes et des castes sociales. Après tout, il faut "diviser pour mieux régner" comme me le répétait la plus médiocre des merdes humaines qu'il m'ait été donné de croiser en ce bas monde. Aujourd'hui l'endoctrinement, le lavage de cerveau est accepté sciemment par tous et sans problème car les bonnes gens préfèrent l'ordre à l'équité, et pour que leurs intérêts, aussi petits fussent-ils, ne soient pas mis en péril, ils préfèrent fermer les yeux, devenir des serfs et passer dans le camps des collabos. Ils lisent très clairement la trame du storytelling mais ils se disent qu'ils sont bien au dessus de cela, que ça ne les affecte pas puisqu'ils sont déjà acquis à la cause. Et puis à quoi bon s'attirer des emmerdes à nager contre le courant ? Il faut raconter de belles histoires à la populace, des mensonges arc-en-ciels avec des paillettes magiques et des licornes. Les gueux, faut les embobiner, parce qu'ils sont méchants, violents et dangereux. Surtout, n'empêche, parce que malheureusement ils sont en surnombre. Jamais autrement ils n'accepteront l'idée qu'il n'y a jamais eut d'autre modèle que la loi du plus fort en ce bas monde, que les trente glorieuses étaient une parenthèse de l'Histoire et que la férocité de la mondialisation aura raison du modèle socialiste à la Française.
Et si jusqu'à présent les maquisards sont de ridicules zadistes, on sent toutefois l'âme des résistants bouillonner d'impatience face à l'escalade fascisante qui vient de tout bord politique. Les mêmes acteurs, les mêmes rôles, les mêmes postures, les mêmes actions et réactions, les mêmes ingrédients narratifs, les mêmes arguments, les mêmes contre-arguments, d'autres clivages cependant parce qu'il faut bien innover pour galvaniser les foules blasées. Tout semble réuni, là, prêt pour une grande réaction en chaîne. Tout comme à l'époque de la dernière grande occupation de ce pays. Et c'est sans doute ce raisonnement fallacieux qui me fait le plus douter : Ne vivons nous pas sous l'occupation d'un quelconque ennemi tapi dans l'ombre ? Ne nous élève-t-il pas comme du bétail pour tirer profit du moindre de nos efforts, du moindre de nos talents ? Ce vampire ne va-t-il pas nous exsanguer jusqu'à ce qu'il ne reste plus la moindre goûte de passion vitale en nous ? Et pour en finir, lorsque nous ne serviront plus à rien, qu'il aura pris tout ce qu'il y a à prendre en nous, ne nous enverra-t-il pas à l'abattoir pour spéculer une dernière fois sur la fluctuation du prix de nos carcasses ?
Probable autofiction dans une improbable dystopie - 00 - état des lieux
Le 27/06/2016par Lapinchien
00 - état des lieux
La vérité étant un concept relatif, autant l'explorer dans le plus absurde des référentiels. Et puisque la réalité est une illusion, observons la avec scepticisme au travers du prisme de la confusion mentale.
En découvrant ces dernières années que j'étais un justiciable au rabais, qu'il n'y avait pas (comme on l'entend souvent) une justice à deux vitesses mais bien en coexistence, une justice pour les pauvres entre eux, une justice pour les riches entre eux et, enfin, une justice pour que les riches ne soient jamais embêtés par les pauvres au nom du fameux principe de l'intérêt général, je me suis rendu compte que contrairement à tout ce qu'on me racontait depuis ma prime jeunesse, on ne vivait pas du tout en démocratie mais bel et bien dans la plus infâme des dictatures capitaliste de tous les temps. Les concussionnaires sont totalement convaincus qu'il existe un intérêt général au dessus des lois. Cette intime conviction, seule, fait d'eux d'honnêtes personnes éloignées du moindre soupçon. Cette croyance bienveillante efface en eux le sentiment d'être souillés ou corrompus et l'idée qu'ils puissent faire le mal ne leur traversera jamais l'esprit. Cette foi inébranlable leur évitera d'envisager qu'ils sont embrigadés dans une confrérie sectaire où l'échange de bon procédés entre membres est une politesse à des millions d'années lumières du crime organisé et de l'association de malfaiteurs. Leur bonne conscience leur permettra de dormir sur leurs deux oreilles.
La vérité étant un concept relatif, autant l'explorer dans le plus absurde des référentiels. Et puisque la réalité est une illusion, observons la avec scepticisme au travers du prisme de la confusion mentale.
En découvrant ces dernières années que j'étais un justiciable au rabais, qu'il n'y avait pas (comme on l'entend souvent) une justice à deux vitesses mais bien en coexistence, une justice pour les pauvres entre eux, une justice pour les riches entre eux et, enfin, une justice pour que les riches ne soient jamais embêtés par les pauvres au nom du fameux principe de l'intérêt général, je me suis rendu compte que contrairement à tout ce qu'on me racontait depuis ma prime jeunesse, on ne vivait pas du tout en démocratie mais bel et bien dans la plus infâme des dictatures capitaliste de tous les temps. Les concussionnaires sont totalement convaincus qu'il existe un intérêt général au dessus des lois. Cette intime conviction, seule, fait d'eux d'honnêtes personnes éloignées du moindre soupçon. Cette croyance bienveillante efface en eux le sentiment d'être souillés ou corrompus et l'idée qu'ils puissent faire le mal ne leur traversera jamais l'esprit. Cette foi inébranlable leur évitera d'envisager qu'ils sont embrigadés dans une confrérie sectaire où l'échange de bon procédés entre membres est une politesse à des millions d'années lumières du crime organisé et de l'association de malfaiteurs. Leur bonne conscience leur permettra de dormir sur leurs deux oreilles.
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L'écriture est solide, mais le fond est téléphoné comme jamais.
La frustration/lassitude est cependant palpable et sincère, ce qui peut donner de belles choses par la suite.
Ça ressemble un peu au testament politique de la zone sur ces quinze dernières années. Et je dis pas "testament" parce que la zone à autant de vivacité qu'un obèse tétraplégique en ce moment, hein.
Ça m'a aussi fait penser au testament politique d'un rampage killer ou d'un terroriste, un désespéré tout du moins, ce qui est pas vraiment contradictoire à ma première partie de commentaire. On sent le pétage de plomb qui attend au coin de la ligne.