Ton cri de haine, tu le voulais construit, lucide et détaché. Tu t'imaginais froid et impassible, assez du moins pour maquiller ton coup de sang en simple argumentaire, mais tu sais qu'au-delà des apparences, ta bile de cafardeux, tu l'as giclée comme une coulée de lave. Tu as évité les cris et le ton revêche des moralistes de circonstance, et tes interlocuteurs saluent tes efforts avec cette condescendance ignoble, celle que tu sentais venir comme on attend le retour de morve en crachant contre le vent. Tu t'es rêvé objectif dans ta visée et ferme dans ton intention. Ton regard, tes mots, tu les crois dotés d'une portée universelle, généreux dans leur mansuétude accablée, aiguisés, tranchants dans leur ambition obscène : prêcher le réel, exhaler la vérité, atteindre l'essence même de ce monde creux qui t'emprisonne.
Vois donc, continue d'observer les traits tirés autour de ta petite personne, les yeux qui pendent et les oreilles qui saignent à l'écoute de ton nombril. Tu as éjecté ta rogne comme on accouche d'un étron, déclenchant sans le savoir le grand ballet des moqueries silencieuses et des dos tournés. Tu ne seras pas jugé en place publique. Nul jury, ici ou ailleurs, pour condamner ton verbe et ce qui se cache derrière. Il ne s'agit pas de justice, de balance et de déesse aux yeux bandés. Je te parle de petitesse et d'esprits étroits. Je te parle de l'âme mesquine qui s'empare de chacun lorsqu'un autre joue de la voix pour évoquer l'horreur, l'erreur ou la veulerie ordinaire de nos glandes obstruées. Je te parle de ce qui, chez nous autres, humains trop humains, prend le pas sur le reste et nous rappelle sans espoir de rédemption à notre condition animale issue de la boue, de la poussière et de la merde.
Peut-être ton discours dénonçait-il un fait concret, une avalanche d'événements que d'aucuns déplorent la mine basse et la bouche clouée. Peut-être ton laïus de quidam nourri d'images et de lectures a-t-il tapé dans le mille. Pour dire les choses simplement, peut-être avais-tu raison, ou du moins n'avais-tu pas tort lorsque tu t'es dressé comme un coq pour caqueter ta fureur, ton agacement, ton désarroi. Tu ne le sauras jamais car autour de toi s'organisent les forces de l'entropie, l'armée des magistrats qui n'en portent ni la coiffe ni le nom.
Regarde encore, imprègne-toi de leur gestuelle. Tu ne le sais pas encore mais tu n'existes déjà plus. Tu n'es plus la voix de l'homme qui souhaitait exprimer une émotion, une opinion, un ras-le-bol ou une joie. Ta substance a changé et l'essence même de ton esprit se confond avec le ton d'un autre qui n'est déjà plus toi.
Au fond de toi, pourtant, tu couves un reste d'espoir, un vœu pieux, dira-t-on du bout des lèvres pour ne point t'enfoncer. L'espoir d'avoir touché un cœur, une âme ou un esprit et de n'être pas la moitié de l'étiquette dont tu te vois affublé.
Ca aussi, tu ne le sauras jamais.
LA ZONE -
Tu as vomi ta tirade et maintenant, tu reprends ton souffle.
Observe autour de toi. Regarde. Vois, l’œil amusé qui te scrute, la narine renifleuse, le coin de sourire qui se tasse après s'être attardé longtemps, trop sans doute, sur ces lèvres trop molles, taillées pour l'ennui, la médisance et le baiser dans le vide.
Observe, contemple et frémis.
Observe autour de toi. Regarde. Vois, l’œil amusé qui te scrute, la narine renifleuse, le coin de sourire qui se tasse après s'être attardé longtemps, trop sans doute, sur ces lèvres trop molles, taillées pour l'ennui, la médisance et le baiser dans le vide.
Observe, contemple et frémis.
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Il serait temps de remettre les pendules à l'heure. Ceci n'est pas plus un billet d'humeur qu'un élan de poésie. Le descriptif proposé en présentation du texte me paraît trop élogieux, à la limite du lèche-bottisme et du suçage de pine entre admins. Ceci n'est pas de la grande littérature. Ceci n'est pas un texte. Ceci ne raconte rien. L'auteur s'écoute écrire et se masturbe le nombril en espérant éjaculer de l'encre.
AU FEU !
tu dis ça parce que t'es en colère
Tu m'ôtes les mots de la bouche.
C'est pas que c'est mal écrit mais les monologues-tutoiyeurs ala Tyler Durden-Seul Contre Tous, c'est tellement vu et revu et resucé que mon gland pèle.
On est tous passé par là, les écriveurs, moi le premier.
C'est le discours du mec qu'est contre mais qui n'est jamais que ça, qui n'existe quand gueulant à la face du monde qu'il est con de rouler comme il roule, mais le monde, il s'en fout comme jamais, ses couilles sont déjà tellement bleues au monde, qu'une énième pichenette de Jean-Michel Nihiliste, ça le chatouille (et ça putain de rime).
Pars sur de la fiction, mets en scène la tourbe qui macère dans ta tête. Mets y de la couleur, des épices, arrête de penser que tu viens de découvrir une nouvelle planète parce que tu écris comme tu penses mais tu penses comme écrit ton écrivain préféré.
Y'a 400 ans, des mecs, qui devaient sûrement culbuter de la bougresse à l'endroit même où tu chies ou fais tes courses ou culbutes de la bougresse, possédaient des flingues et des armures et tout un tas d'armement low tech pas Charlie pour rentrer dans le concret et la chair et qu'à cette époque on allait au bout des choses, on n'égratignait pas la page avant d'aller dormir pour mieux se plaindre et re-égratigner le lendemain, et le bout des choses c'est maroufler le maroufleur qui maroufle avant qu'il ne te maroufle. Pas d'équation, juste des additions et des soustractions et c'était marre, regarde moi aussi je recopie ce que mon cervelet dégueule et je vais sûrement aller me faire une tarte, là tout de suite maintenant, une foutue tarte de derrière les fagots, avec des genres de fruits pas spécialement exotiques, du style des pommes. Des pommes avec des baies, c'est pas la saison mais on s'en putain de fout.
Commentaire édité par Lourdes Phalanges le 2016-05-10 22:31:26.
Pas d'accord du tout.
Sur rien.
Mais je retiens ce qui reste, à mon avis le plus important dans ton exposé : "on s'en fout". Je pense effectivement que ce texte n'interpelle pas les lecteurs de la Zone et qu'il faut que nous nous posions la question de la pertinence de leur publication - qui plus est frénétique.
Et quand je dis "nous", je m'adresse bien entendu à Lapinchien.
Pas du tout d'accord sur ce que dit Lourdes Phalanges et mon commentaire se trouve en présentation de texte.