LA ZONE -

Ta mémoire des pingouins par la voix dans ma tête #MakingOfSaintCon2016

Le 27/04/2016
par CTRL X, Zone Inc.
[illustration] (un titre alléchant (mais qui dit mieux ?)).

Voilà ce qui se passe.

La première partie du texte s’attache d’abord à développer un style.

Ça se passe dans la Charente-Poitouille. Il sonne à l’interphone. Il se dit : « Nos temps sont troubles. Il y a eu des millions d’années avant et il y aura des millions d’années après. Plusieurs couches de ciels se superposent. Finalement, j'ai échappé au psychiatre. J'ai trouvé des millions d'oiseaux mais le ciel va encore se tirer, je le sais… Il n'est plus question de drogue pour moi, n'est-ce pas ? ».
Les blasphèmes résonnèrent soudain dans la cage d’escalier, silencieuse jusqu’alors.

Elle porte un mini short sur des collants. Elle a une grosse bouche (c'est indémodable, comme le nazisme). Mais elle a une tronche bizarre, un peu déformée, et surtout, surtout, surtout, il ne faut pas qu’elle ouvre le bec. Si elle parle, on a très vite envie de la frapper. Elle dit :

— Sous la douche, je suis bien, j’y passerais des heures, toute la vie. Parce que l’eau coule, un délice, ça devrait durer toujours comme on dit amour toujours. L’amour au long du mur qui glisse et ne remonte jamais, je ne peux pas remonter à l’amour.
— Police nationale ! Vos papiers !
— C’est un cauchemar, un horrible cauchemar, ce n’est pas possible…
— C'est toi la patronne ici ?
— Pas du tout. Je suis une grosse gamine !

Les résultats des prédictions courtes et les différences constatées avec la simulation globale semblent infinitésimaux mais en réalité, un epsilonième d'écart peut invalider toute une flopée d'hypothèses qu'ils ont anticipé lors de la phase de macro évaluation. Je lui annonce :

— La Saint Con sans sa reine c'est tristounet. Raconte-moi ta vie minable de pauvre humain dérisoire.
— Vous comprenez, j’ai toujours mes problèmes de diarrhée. Depuis une semaine, je n’arrête pas d’aller à la selle... Ça vient d’un coup et je risque de…
— Comme vous dites… Munich, 1976 ! Saloperie de poteaux carrés… C’était à l’AS Saint-Étienne que devait revenir la première coupe des clubs champions, et pas à l’OM…
— Que de la merde…
— T'es en train de boire mon café dans ma tasse, personne ne prend ma tasse.
— Ok mais en deux profils on trouve une bonasse…
— De l'humour, mademoiselle ? De l'humour ???

Son père lui a toujours dit « L'indulgence est la première des vertus (enfin comme tu le sais, de temps à autres, le programme est réinitialisé…) ». Je dis :

— Tu penses que mon état d'esprit est trop neutre peut-être ?
— Bah, en fait, il y a, alors... Excusez-moi, je réfléchis, je n'ai pas tout en tête...

Oui, je sais : moi aussi, au début de la journée, je l’ai trouvé sexy… Mais ce n'est pas l'idée que je me fais de l'éducation. Alors, je ne tourne pas autour du pot, comme le ferait sans aucun doute n'importe quelle salope de pédopsychiatre auvergnate :

— Ta gueule, connasse ! Il paraît qu'elle t'envoyait des mots coquins, des photos dénudées, des billets doux…
— Mon garage, si vous voulez savoir, c'est juste un box.
— Les cartons de vieux vêtements, les aquarelles de ta mère. Et ses cartes d'anniversaires ! Le panier, la niche du chien ?
— Pas de quoi se chauffer l'hiver…
— Pour eux c'était drôle, j’imagine ?
— Berce-moi de tes sornettes et de tes inconséquences. Assomme-moi encore de tes foutues incohérences !
— Tu attends quelque chose, peut-être ? Ou quelqu'un ?

Et je bandais déjà. Comment suis-je arrivé ici ? Je hurle dans ma tête et les voix me caressent sereinement la cervelle. Je crois qu'il s'agit des Chroniques martiennes de Ray Bradbury. Dans mon encéphale ébranlé, quatre-cent cinquante-six voix se marrent dans un concert de glapissements. Je dis à la conne :

— Qu’est-ce qui se passe encore ici ? Il y a un rat crevé quelque part, ou quoi ? Il faut que j’en parle demain au gardien, c’est dégueulasse !
— Je partirai. Vois-tu, je te trouve navrant. Parce que ces mecs, dans la vie de tous les jours, on les rencontre pour ainsi dire jamais. Déjà qu'ils nous prennent en otages dans le métro avec leurs putains de grèves !

Avec le chômage de masse et les réseaux sociaux, au-delà de l'uberisation qu'on imaginait déjà brutale, s'est produite une mutation sociétale irréversible : les gens ont commencé à se déconsidérer. Il y a eu des millions d’années avant et il y aura des millions d’années après, comme une petite salle qui commence à sentir fort les aisselles… Plusieurs couches de ciels se superposent. La mort n'est plus une fin en soi. On t'aime maman. Et il n'y a pas que les bureaux et les ministères… Je lui dis :

— La poésie est une arme chargée d'avenir !
— Eh bien, vous êtes un sacré cachottier.
— Mais… Tu verras... ça brûle bien.

Seulement, cela fit un tel brasier, que les chiens alentour se mirent à hurler. Je regarde par la fenêtre :

— Qu'est-ce que c'était cette chose ? Un spécimen extraterrestre fossilisé ? Une sorte de croisement entre Hunter S Thompson et le Professeur Choron ?
— Oui. Nicolas Dupont-Aignan. Pour le peuple français, pour que justice soit faite.
— Pourquoi ce gamin sent le pneu cramé?
— Pour la liberté.

Ne jouez pas les campeurs et les tire-au-flanc, si votre balance létale reste invariée sous 5 jours, votre ceinture d’auto-combustion se déclencherait immanquablement. Les pas du Diable ne laissent pas d’empreintes et de toutes manières, c'est ce qu'ont toujours fait nos ancêtres même si ça ne se voyait pas au grand jour.

— La poésie est une arme chargée d'avenir, je répète.
— Dépêche, ça va sécher, répond-t-elle.

Ça se passe dans la Charente-Poitouille.
Le ciel va encore se tirer.
La mémoire est vaste.
La mémoire est partout.
Je suis là, devant toi.
Pour te parler d'avenir.
Voilà ce qui se passe.

= commentaires =

Mill

lien fb
Pute : 2
    le 27/04/2016 à 16:41:38
Oh oui oh oui oh oui
LePouiIleux
    le 27/04/2016 à 16:43:49
Top cool le collectivisme !
Lapinchien

tw
Pute : 8
à mort
    le 27/04/2016 à 20:53:05
C'est comme le feu d'artifice de la fin de la Saint-Con ce texte sauf que les auteurs seraient dans des obus de batterie antiaérienne.

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